Dépistage du cancer de la prostate en France : résultats des enquêtes EDIFICE - Urofrance

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Dépistage du cancer de la prostate en France : résultats des enquêtes EDIFICE - Urofrance
Progrès en urologie (2020) 30, 332—338

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ARTICLE ORIGINAL

Dépistage du cancer de la prostate en
France : résultats des enquêtes EDIFICE
Prostate cancer screening in France: Results from the EDIFICE surveys

                                       J.-F. Morère a,∗, C. Touboul b, C. Lhomel c, M. Rouprêt d

                                       a
                                         Hôpital Paul-Brousse, 12, avenue Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif, France
                                       b
                                         Kantar health, 3, avenue Pierre-Masse, 75014 Paris, France
                                       c
                                         Roche, 30, cours de l’île Seguin, 92650 Boulogne-Billancourt, France
                                       d
                                         GRC no 5, ONCOTYPE-URO, urologie, hôpital Pitié-Salpêtrière, Sorbonne Université, AP—HP,
                                       75013 Paris, France

                                      Reçu le 20 janvier 2020 ; accepté le 6 mars 2020
                                      Disponible sur Internet le 21 avril 2020

     MOTS CLÉS                        Résumé
     Antigène PSA ;                   Introduction. — Le cancer de la prostate (CaP) est le plus fréquent des cancers masculins en
     Cancer de la                     2018 en Europe. La question du dépistage du CaP en population générale a été débattue après la
     prostate ;                       publication d’études internationales européenne (ERSPC) et nord-américaine (PLCO). Il n’existe
     Dépistage précoce du             pas aujourd’hui de dépistage organisé du CaP. L’objectif de cette analyse était d’évaluer la
     cancer ;                         pratique du dépistage du CaP dans la population française sans antécédent de cancer entre
     Dépistage collectif              2005 et 2016.
                                      Méthodes. — Les enquêtes EDIFICE se sont intéressées, depuis 2005, à la connaissance et aux
                                      comportements des Français face au dépistage des cancers. La pratique du dépistage a été
                                      évaluée selon la réponse à la question : « Avez-vous déjà fait un dépistage du CaP ? » Les
                                      réponses ont été analysées en fonction de l’âge, de la catégorie socioprofessionnelle et du
                                      niveau de précarité sociale.
                                      Résultats. — Après une forte augmentation entre 2005 et 2008 (de 36 % à 49 %, p ≤ 0,01), une
                                      baisse significative du taux déclaré de dépistage du CaP a été observée entre 2014 (49 %) et
                                      2016 (42 % ; p = 0,02). Cette baisse se répercute principalement dans les catégories socialement
                                      favorisées et chez les plus jeunes (50—54 ans). Les pratiques de dépistage restent identiques
                                      chez les hommes plus âgés.

 ∗   Auteur correspondant.
     Adresse e-mail : jean-francois.morere@aphp.fr (J.-F. Morère).

https://doi.org/10.1016/j.purol.2020.03.004
1166-7087/© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Dépistage du cancer de la prostate en France : résultats des enquêtes EDIFICE - Urofrance
Dépistage du cancer de la prostate en France                                                                                   333

                                  Conclusion. — La perception de l’efficacité du dépistage du CaP pourrait expliquer les change-
                                  ments de comportement dans la population française. Cette baisse de participation au dépistage
                                  du CaP nécessite une surveillance afin d’éviter une perte de confiance générale dans le dépis-
                                  tage des cancers.
                                  Niveau de preuve.— 3.
                                  © 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

  KEYWORDS                        Summary
  Prostate-specific                Introduction. — Prostate cancer (PCa) is the most common cancer amongst men in 2018 in
  antigen;                        Europe. The issue of PCa screening in the general population has been debated following the
  Prostatic                       publication of international European (ERSPC) and North American (PLCO) studies. There is
  neoplasms/diagnosis;            currently no organised PCa screening. The objective of this analysis was to evaluate the practice
  Early detection of              of PCa screening in the French population with no history of cancer between 2005 and 2016.
  cancer;                         Methods. — Since 2005, the EDIFICE surveys have focused on the knowledge and behaviour
  Mass screening                  of French people with regard to cancer screening. The practice of screening was evaluated
                                  according to the answer to the question: ‘‘Have you ever done PCa screening?’’ Responses
                                  were analysed according to age, socio-professional category and level of social precariousness.
                                  Results. — After a strong increase between 2005 and 2008 (from 36% to 49%, P ≤ 0.01), a signi-
                                  ficant decrease in the reported PCa screening rate was observed between 2014 (49%) and 2016
                                  (42%; P = 0.02). This decrease was mainly reflected in the socially advantaged categories and in
                                  the youngest age group (50—54 years). Screening practices remain the same in older men.
                                  Conclusion. — The perception of the effectiveness of PCa screening could explain the changes
                                  of behavior in the French population. This decrease in participation in PCa screening requires
                                  monitoring to avoid a general loss of confidence in cancer screening.
                                  Level of evidence.— 3.
                                  © 2020 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Introduction                                                          Les CaP sont généralement d’évolution lente sans provo-
                                                                  quer de symptômes spécifiques. La détection précoce des
Le cancer de la prostate (CaP) est le plus fréquent des can-      CaP repose sur le dosage biologique du PSA (prostate spe-
cers masculins en 2018 en Europe. Avec 449 761 nouveaux           cific antigen) et l’examen par toucher rectal (TR) [7]. Les
cas estimés en 2018, il représente 21,8 % des cas de cancers      tumeurs détectées à la suite d’un test PSA sont plus fré-
chez l’homme. La France se positionne au cinquième rang           quemment localisées que les tumeurs détectées par TR.
des pays européens pour le taux d’incidence standardisé sur       Aujourd’hui, 81 % des CaP sont localisés au moment du
l’âge (144,9 cas/100 000) avec 64 955 nouveaux cas en 2018        diagnostic [5]. L’évolution des pratiques de dépistage et de
[1,2].                                                            détection précoce ont largement affecté l’épidémiologie du
    Un décès sur 10 par cancer est attribué au CaP en Europe      CaP [4,5,7,8].
[1]. La France a compté 9002 décès par CaP en 2018, soit un           La question du dépistage du CaP en population générale
taux de mortalité standardisé sur l’âge de 14,5/100 000 qui       est débattue au sein de la communauté scientifique depuis
place cette pathologie au 3e rang chez l’homme après le           quelques décennies. Les études internationales, euro-
cancer du poumon et le cancer colorectal [1].                     péenne (ERSPC) [9,10] et nord-américaine (PLCO) [11,12],
    L’âge est l’un des principaux facteurs de risque de CaP,      évaluant les bénéfices sur la mortalité spécifique d’un dépis-
pathologie rare avant 50 ans [2,3]. En 2015, l’âge médian         tage systématique sur une population d’homme de 55 et 69
au diagnostic était de 68 ans et l’âge médian des décès par       ans, ont ravivé les débats du fait de leurs résultats contra-
CaP de 83 ans [3]. Par ailleurs, 20 % des cas sont associés       dictoires entre 2009 et 2012. En 2013, la revue Cochrane
à un antécédent familial [4]. Parmi plus d’une centaine de        [13] a conclu qu’un dépistage par dosage PSA était associé à
variants génétiques, les mutations germinales de BRCA1/2 et       peu ou pas d’effet sur la mortalité spécifique et qu’il existait
HOXB13 sont le plus souvent impliquées. Les ascendances           des risques associés aux faux-positifs et au surdiagnostic.
afro-antillaise et afro-américaine sont également évoquées            Aujourd’hui, l’Association française d’urologie (AFU) pré-
comme augmentant le risque de cancer de la prostate [4,5].        conise une stratégie de détection précoce fondée sur
Seulement 0,6 % des CaP sont attribuables à des facteurs de       l’identification de facteurs de risque, le TR et le dosage
risque modifiables [6].                                            PSA [4,14], applicable entre 50 et 75 ans, sans définir
Dépistage du cancer de la prostate en France : résultats des enquêtes EDIFICE - Urofrance
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 Tableau 1 Échantillon principaux et populations interrogées au cours des enquêtes EDIFICE entre 2005 et 2016 et
 populations analysées sur les questions liées au cancer de la prostate [23—25].
                                   EDIFICE 1          EDIFICE 2          EDIFICE 3         EDIFICE 4          EDIFICE 5
 Année de l’enquête                2005               2008               2011              2014               2016
 Échantillon principal             1602               1801               1603              1602               1501
   n (âge)                         (40—74 ans)        (40—85 ans)        (40—75 ans)       (40—75 ans)        (40—75 ans)
 Population 50—74 ans, sans        970                928                946               955                1299
   antécédents de cancer
 Population analysée               475                448                494               481                656
   (hommes, 50—74 ans, sans
   antécédents de cancer)

strictement l’intervalle entre deux procédures (2 à 4 ans).          Les analyses statistiques se sont appuyées sur le test
Par ailleurs, les autorités de santé françaises ont main-        de Student pour les comparaisons entre deux populations,
tenu que les données scientifiques ne permettaient pas de          le test Z et le Chi2 pour des comparaisons de données
conclure sur la mise en place d’un dépistage systématique         catégorielles. Les différences étaient considérées comme
du cancer de la prostate par dosage PSA (Anaes 1998 et            statistiquement significatives lorsque la valeur du p était
2004 ; HAS 2010). Pour autant, l’information à apporter aux       inférieure à 0,05. La méthodologie des enquêtes EDIFICE a
hommes, envisageant la réalisation d’un dépistage indivi-         été décrite en détails précédemment [18].
duel sur les bénéfices et les incertitudes d’une détection            L’objectif de cette analyse était d’évaluer la pratique
précoce, reste primordiale [7].                                   du dépistage du cancer de la prostate dans la population
    Aux États-Unis, l’US Preventive Services Task Force pré-      française sans antécédent de cancer et ses tendances entre
conise un dépistage qui, pour les hommes entre 55 et              2005 et 2016 en fonction de l’âge, de la catégorie sociopro-
69 ans, reste une décision individuelle prise au regard de        fessionnelle et du niveau de précarité.
l’information transmise par les praticiens sur les bénéfices
potentiels et risques du dépistage par dosage PSA [15].
    Dans ce contexte changeant, les enquêtes EDIFICE (Étude
sur le DépIstage des cancers et ses Facteurs de complIanCE)
                                                                  Résultats
se sont intéressées aux pratiques de dépistage des Français.
                                                                  Après une forte augmentation entre 2005 et 2008 (de 36 % à
Les résultats issus des précédentes vagues d’enquêtes
                                                                  49 %, P ≤ 0,01), la proportion de personnes déclarant avoir
avaient montré une augmentation du taux déclaré de dépis-
                                                                  réalisé un examen de dépistage du CaP au moins une fois
tage du CaP entre 2005 et 2008 suivie d’une stabilisation
                                                                  dans leur vie s’est stabilisée. Jusqu’en 2014, environ un
jusqu’en 2014 [16]. Les résultats de la dernière enquête
                                                                  homme sur deux entre 50 et 74 ans déclarait avoir déjà réa-
menée en 2016 sont présentés ici.
                                                                  lisé au moins un test de dépistage du CaP dans sa vie. Une
                                                                  diminution significative (p = 0,02) jusqu’à 42 % a ensuite été
                                                                  observée entre 2014 et 2016 (Fig. 1).
Méthodologie
Les enquêtes EDIFICE, initiées en 2005, ont pour objec-           Impact de l’âge
tif d’améliorer la connaissance des comportements des
Français sur le dépistage des cancers. Les vagues succes-        Les tendances étaient comparables dans la catégorie d’âge
sives, réalisées en 2005, 2008, 2011, 2014 et 2016, ont           des plus jeunes (50—54 ans et 55—59 ans) : depuis
porté sur des échantillons représentatifs de la population        l’augmentation significative en 2008, le taux d’hommes
française (environ 1500 personnes) selon la méthode des          dépistés était en baisse jusqu’en 2016 atteignant 20 % des
quotas ajustés sur le sexe, l’âge, la catégorie socioprofes-      50—54 ans et 36 % des 55—59 ans. Ces tendances n’étaient
sionnelle (CSP), le type d’agglomération (5 catégories) et la     pas retrouvées de façon significative dans les tranches d’âge
région UDA 9. Ces personnes ont été interrogées par télé-         plus élevées, entre 60 et 75 ans (Fig. 2).
phone avec le système CATI (Computed Assisted Telephone
Interview). Sur cette période, un total de 2554 hommes,
âgés de 50 à 75 ans, sans antécédent de cancer, ont été           Impact de la catégorie socioprofessionnelle
interrogés sur leur participation à au moins un dépistage du
                                                                  La proportion d’hommes appartenant aux catégories socio-
CaP au cours de leur vie (Tableau 1). La pratique du dépis-
                                                                  professionnelles supérieures déclarant avoir réalisé au
tage a été évaluée selon la réponse à la question suivante :
                                                                  moins un test de dépistage du CaP dans leur vie était en
« Avez-vous déjà fait un dépistage du CaP ? ». Le statut de
                                                                  baisse significative depuis 2008. Aucune variation signifi-
précarité sociale a été évalué par le score EPICES, construit
                                                                  cative n’a été observée concernant les individus appar-
sur la base des réponses à 11 questions relatives à diffé-
                                                                  tenant aux catégories socioprofessionnelles inférieures
rents aspects sociaux : logement, loisir, relations familiales
                                                                  (Fig. 3).
et amicales, recours à l’aide sociale, entre autres [17].
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Dépistage du cancer de la prostate en France                                                                                            335

Figure 1. Proportions d’individus ayant déclaré avoir réalisé un examen de dépistage du cancer de la prostate au moins une fois dans leur
vie. Populations interrogées lors de cinq enquêtes EDIFICE successives entre 2005 et 2016, individus âgés de 50 à 74 ans sans antécédents
de cancer. * : augmentation statistiquement significative (p < 0,05) par rapport à 2005 ; ** : baisse statistiquement significative (p < 0,05)
par rapport à 2008.

Figure 2. Impact de l’âge sur le dépistage du cancer de la prostate. Proportions d’individus ayant déclaré avoir réalisé un examen de
dépistage du cancer de la prostate au moins une fois dans leur vie. Populations interrogées lors de cinq enquêtes EDIFICE successives entre
2005 et 2016, individus âgés de 50 à 74 ans sans antécédents de cancer. * : augmentation statistiquement significative (p < 0,05) par rapport
à 2005 ; ** : augmentation statistiquement significative (p < 0,05) par rapport à 2008.
Dépistage du cancer de la prostate en France : résultats des enquêtes EDIFICE - Urofrance
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Figure 3. Impact de la catégorie socioprofessionnelle sur le dépistage du cancer de la prostate. Proportions d’individus ayant déclaré
avoir réalisé un examen de dépistage du cancer de la prostate au moins une fois dans leur vie. Populations interrogées lors de cinq enquêtes
EDIFICE successives entre 2005 et 2016, individus de catégories socioprofessionnelles élevées (CSP+) ou basses (CSP−). * : augmentation
statistiquement significative (p < 0,05) par rapport à 2005 ; ** : baisse statistiquement significative (p < 0,05) par rapport à 2008.

Impact de la précarité                                                  dépistage « au cours de leur vie », plus élevé que le nombre
                                                                        de dépistages pratiqués « dans l’année ».
Si la précarité n’avait pas d’impact significatif sur le dépis-              Les biais caractéristiques des enquêtes déclaratives
tage du CaP en 2011 (46 % d’individus précaires dépistés                peuvent aussi expliquer des taux déclarés plus hauts que les
contre 52 %, p = 0,47), les individus précaires étaient moins           taux évalués d’après les données de l’Assurance maladie.
dépistés en 2014 (37 % vs. 53 % des non précaires en 2014,              Le taux de dépistage « au moins une fois dans la vie » n’a,
p < 0,01) et en 2016 (34 % vs. 46 % en 2016, p = 0,01). De              par ailleurs, pas la précision temporelle du taux de dépis-
plus, au sein des individus précaires, le taux de dépistés a            tage « dans l’année ». Le comportement des individus plus
significativement baissé entre 2014 et 2016 (Fig. 4).                    jeunes évalué dans EDIFICE reflète probablement mieux un
                                                                        taux de dépistage « dans l’année ».
                                                                            Plus globalement, les données EDIFICE, en accord avec
Discussion                                                              les données de l’Assurance maladie, suggèrent que la par-
                                                                        ticipation au dépistage du CaP a été impactée par le débat
Pour la première fois en 2016, une baisse significative du               autour de l’utilisation du test PSA quand les résultats des
taux déclaré de dépistage du CaP a été observée dans                    études internationales randomisées ont été publiés.
les enquêtes EDIFICE. Cette baisse se répercute principale-                 En France, comme aux États-Unis, les hommes ont remis
ment chez les individus des catégories socioprofessionnelles            en cause le dépistage par test PSA, sauf pour les plus âgés
élevées et chez les personnes non-précaires. On note éga-               d’entre eux [20]. Ce comportement des hommes les plus
lement que la baisse du taux de dépistage chez les plus                 âgés suggère qu’ils devraient être d’avantage sensibilisés
jeunes, qui entrent dans le dépistage, s’est amorcée dès                aux risques et aux avantages du dépistage, notamment en
2011 et s’est poursuivie en 2014 puis en 2016. Les pratiques            abordant la question de l’espérance de vie [21,22].
de dépistage sont restées identiques chez les hommes plus                   Le comportement des sujets les plus jeunes pourrait être
âgés.                                                                   associé à une plus grande sensibilité à la controverse et au
   Les données épidémiologiques nationales rendent                      besoin ressenti d’un test plus fiable. Les enquêtes EDIFICE
compte de variations comparables [19] : la proportion                   suggèrent également que les catégories socialement favori-
d’hommes de 40 ans et plus, sans cancer de la prostate,                 sées ont d’avantage modifié leur comportement vis-à-vis du
ayant réalisé au moins un dépistage dans l’année était                  dépistage.
stable entre 2009 et 2011 (30 %), a diminué en 2014 (26,9 %)                Aujourd’hui, les sociétés savantes, l’Association
puis a augmenté en 2015 (28,9 %). Le taux de dépistage                  Française d’Urologie [4] en accord avec le National
chez les plus de 85 ans restait stable (33 %).                          Comprehensive Cancer Network nord-américain [5], recom-
   Les résultats des enquêtes EDIFICE ont montré des taux               mandent une pratique différenciée et éclairée du test
de dépistage du CaP plus élevés. En effet, ces données                  PSA. Le dépistage cible les sujets âgés de 55 à 69 ans. En
recensent le nombre de personnes ayant réalisé au moins un              présence de facteurs de risque connus — selon l’origine
Dépistage du cancer de la prostate en France : résultats des enquêtes EDIFICE - Urofrance
Dépistage du cancer de la prostate en France                                                                                             337

Figure 4. Impact de la précarité sociale sur le dépistage du cancer de la prostate. Proportions d’individus ayant déclaré avoir réalisé
un examen de dépistage du cancer de la prostate au moins une fois dans leur vie. Populations interrogées lors de trois enquêtes EDIFICE
successives entre 2011 et 2016, selon le niveau de précarité sociale déterminé par le score EPICES. * : baisse statistiquement significative
(p < 0,05) par rapport à 2014.

ethnique, les antécédents familiaux — un dialogue avec le               Déclaration de liens d’intérêts
patient peut être plus précoce. Et, dans tous les cas, les
risques et bénéfices associés au dépistage devraient être                Jean-François Morère et M. Rouprêt ont reçu des honoraires
présentés et compris par le patient ; la décision de réaliser           de la part de Roche SAS. Christine Lhomel est employée de
un test restant néanmoins personnelle.                                  Roche SAS.

Conclusion                                                              Références
Cette analyse des enquêtes EDIFICE, conduites entre 2005 et              [1] Ferlay J, Shin HR, Bray F, et al. Estimates of worldwide
2016, montre que le dépistage du cancer de la prostate,                      burden of cancer in 2008: GLOBOCAN 2008. Int J Cancer
après une augmentation (jusqu’en 2008) puis une stabilisa-                   2010;127(12):2893—917.
tion (2008—2014), a été moins pratiqué en 2016 parmi les                 [2] International Association of Cancer Registries. c/o Internatio-
hommes français de 50 à 74 ans sans antécédent de can-                      nal Agency for Research on Cancer. GLOBOCAN 2018: estimated
cer. Cette baisse a été constatée dès 2008 chez les plus                     cancer incidence, mortality and prevalence worldwide in 2018.
jeunes (50—54 ans) et touche d’avantage les personnes non-                   Internal agency for research on cancer; 2018 [28 June 2019.
                                                                             Disponible sur : http://gco.iarc.fr/today/home].
précaires et les catégories socioprofessionnelles élevées.
                                                                         [3] Defossez G, Le Guyader-Peyrou S, Uhry Z, Grosclaude P, Remon-
La perception de l’efficacité du dépistage du cancer de la
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prostate dans la population française pourrait expliquer ces                et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre
changements de comportement. La baisse de participation                      1990 et 2018. Étude à partir des registres des cancers du réseau
au dépistage du CaP nécessite une surveillance afin d’éviter                  Francim. Résultats préliminaires. Rapport. Saint-Maurice
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                                                                             https://geodes.santepubliquefrance.fr ; http://lesdonnees
                                                                             .e-cancer.fr/ ; https://www.e-cancer.fr/ ISBN NET : 979-10-
                                                                             289-0535-4 - RÉALISÉ PAR LA DIRECTION DE LA COMMUNICA-
                                                                             TION, SANTÉ PUBLIQUE FRANCE — DÉPÔT LÉGAL : MARS 2019].
Remerciements                                                            [4] Rozet F, Hennequin C, Beauval JB, et al. French ccAFU gui-
                                                                             delines — Update 2018—2020: prostate cancer. Prog Urol
Les enquêtes EDIFICE ont reçu le soutien institutionnel de
                                                                             2018;28(12s):S79—130.
Roche SAS.                                                               [5] Peter R, Carroll JKP, Andriole G, Bahnson RR, Carlsson
   Une aide à la rédaction a été apportée par Potentiel                      S, Castle EP. The NCCN Clinical Practice Guidelines in
d’Action (France), financée par Roche SAS.                                    Oncology (NCCN Guidelines® ) Prostate Cancer Early Detec-
338                                                                                                                             J.-F. Morère et al.

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