QUICHANTE LÀ-BAS? - Cinéma Utopia
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a garanti sans 3D Ciném 5 AVENUE DU DOCTEUR PEZET 34090 MONTPELLIER (TRAM 1 ARRÊT ST ELOI) / TÉLÉPHONE : 04 67 52 32 00 / WWW.CINEMAS-UTOPIA.ORG QUICHANTE LÀ-BAS ? (KO TO TAMO PEVA) de la terre, les habitants des Balkans invasions, des annexions, des alliances, ont depuis des lustres acquis en matière bref : la figuration scolaire et graphique Slobodan ŠIJAN d’humour et de désespoir un savoir-faire d’un foutu bazar balkanique, fruit d’un Yougoslavie 1980 1h25 VOSTF qui confine au professionnalisme. Les gloubi-boulga géopolitique pas piqué avec Pavle Vuisić, Dragan Nikolić, moins jeunes d’entre nous se rappellent des vers. Construit en 1918 sur les Danilo Stojković, Aleksandar Berček… sans doute qu’il a fugacement exis- ruines fumantes de la Grande guerre, Scénario de Dušan Kovačević té au xxe siècle, pas bien loin de chez définitivement démantibulé en 2003, ce nous, un pays appelé la Yougoslavie. patchwork de populations slaves dispa- VERSION RESTAURÉE Les plus attentifs en cours d’histoire- rates aura duré en tout et pour tout 85 géo se souviennent sans doute de ces ans et connu successivement un régime Pour paraphraser Musset, les plus dé- cartes de l’Europe hardiment bariolées, monarchique, l’occupation allemande, sespérées sont les comédies les plus avec des hachures dans un sens, dans une république socialiste emmenée par belles. l’autre, des lignes pointillées frontalières Tito, avant que les tensions nationalistes De par leur histoire tumultueuse, fou- plutôt mouvantes, des flèches pointant ne fassent tout voler en éclats – la guerre traque, sanglante, à l’instar des peuples dans toutes les directions, racontant du Kosovo marquant l’ultime et macabre juif, palestinien, kurde et autres damnés des mouvements de populations, des épisode de cette courte histoire. N°130 du 26 mai au 29 juin 2021, Entrée : 6,50€ / le midi : 4€ / Abonnement : 47€ les dix places
DEUX Filippo MENEGHETTI France 2019 1h38 avec Barbara Sukowa, Martine Chevallier, Léa Drucker, Jérôme Varanfrain… Scénario de Malysone Bovorasmy, Filippo Meneghetti et Florence Vignon César 2021 du meilleur premier film. Ce sont des rêves d’Italie qui bercent les réveils de Madeleine, en même temps que les doux baisers de sa compagne ca- QUI CHANTE LÀ-BAS ? chée, Nina. Aux yeux de tous, cette dernière n’est qu’une voi- sine qui vit sur le même palier. Toujours fourrées l’une chez l’autre, elles se nourrissent d’un amour lumineux qui ne de- mande qu’à s’affirmer au grand jour. Alors, elles manigancent, planifient comment vendre leurs appartements respectifs Si je vous raconte tout ça, c’est que les flèches sur les cartes, pour partir s’installer ensemble dans un quartier de Rome, les tâches de couleurs et les pointillés, ça a des répercus- s’offrir la liberté à laquelle elles ont de tout temps aspiré, loin sions très concrètes sur les individus qui s’efforcent de vivre, des contraintes sociales, du regard des autres. À 70 ans, tous parfois de survivre, aussi simplement et paisiblement que les coups sont permis pour jouir pleinement de la vie ! Il faut possible, et qui se retrouvent plus souvent qu’à leur tour les voir s’enlacer avec une tendresse fougueuse, pleines de charriés comme des galets dans le torrent de l’Histoire. Ça désir, faisant fi des rides, assumant leurs peaux qui ont bien forge le caractère, une philosophie de l’existence, et donc un vécu. Puis virevolter, joyeuses, au gré de leurs chansons pré- humour mâtiné d’un sens du dérisoire peu commun. férées, prêtes à s’échapper hors du cadre, à tout jamais com- plices et complémentaires. Leur passion ne fait pas son âge, Comédie yougoslave aussi drôle et inventive que minima- vivace comme au premier jour. Une connivence qui n’est cer- liste et mélancolique, Qui chante là-bas ? métaphorise le tainement pas née de la dernière pluie. convoyage de populations bigarrées, roulant dans un au- tobus brinquebalant à travers le siècle sur des chemins à peine tracés, vers une destination improbable. À son bord, la liste des passagers tient de l’inventaire à la Prévert : un jeune couple fraîchement et vraisemblablement trop vite marié, un chanteur de charme gominé, un bourgeois réactionnaire mal embouché, un phtisique à l’agonie, un chasseur malchan- ceux, un vétéran décati et décoré (mais, grands dieux, de quelle guerre ?), et deux tziganes musiciens – qui ponctuent le récit au chant, à l’accordéon et à la guimbarde comme le chœur antique de la farce tragique qu’ils accompagnent. La petite troupe hétéroclite est emmenée par un contrôleur ma- tois et âpre au gain, et son fils un peu simplet (mais capable de conduire les yeux bandés !). L’action se passe en 1941, l’invasion allemande en cours est invisible, la Yougoslavie – les voyageurs ne le savent évidemment pas – ne sera bien- tôt plus une monarchie. Ce qui les unit, c’est Belgrade, qu’ils veulent tous pour diverses raisons rejoindre. Le véhicule, qu’on devine d’un rouge éclatant sous son épaisse carapace de poussière, cahote lentement mais sûrement vers son des- tin, promenant au long d’une campagne aride l’imposant pa- nache de fumée noire que dégage la cheminée de son gazo- gène. Son odyssée incertaine lui fera emprunter des chemins de traverse et marquer des arrêts intempestifs qui seront au- tant d’occasions pour ses passagers de révéler leur vrai vi- sage, en définitive rarement aimable – et d’assembler pièce Si l’univers de Nina est spartiate, celui de Madeleine est foi- à pièce le puzzle d’une société déboussolée. sonnant, chargé de souvenirs et de bibelots en tous genres qui témoignent d’une existence classique et bien remplie : il Qui chante là-bas ? est réalisé en 1980, alors que le régime y eut jadis un mari, une vie de famille… Comment dire à ses communiste est à un tournant. Tito vient de disparaître et les propres enfants, élevés dans un milieu si normatif, que tout nationalismes reprennent du poil de la bête. Quarante ans cela n’était qu’un leurre, qu’on est pas celle qu’ils ont cru ? plus tard, le film n’a rien perdu de son charme, ni la fable de Comment leur dire qu’on s’apprête à remiser au placard la son éclat. Au contraire, on découvre avec le recul avec quelle panoplie de la mamie rangée qu’ils pensaient connaître par acuité il préfigure la faillite communiste et l’éclatement iné- cœur ? Le bon sens voudrait que ce soit dit simplement à luctable d’une Yougoslavie fabriquée à la diable au tournant ceux qui, désormais adultes, n’ont manqué de rien, sur- du siècle pour servir les intérêts de ses voisins. tout pas d’affection. Alors pour son anniversaire, Madeleine, Pour la petite histoire, sélectionnée à Cannes dans une sec- bien préparée, coachée par Nina, prend son courage à bras tion parallèle en 1980, cette petite merveille balkanique, aus- le corps, et entame la phrase fatidique : « Je voulais vous si grinçante que les essieux de l’autocar, faillit bien ne jamais dire une chose importante pour moi… », qu’elle ne finira pas sortir sur les écrans français. Il fallut alors tout l’enthousiasme comme prévu… et toute la ténacité de nos camarades du cinéma nîmois Le Sémaphore pour le faire connaître, avec succès : il fut mon- Filippo Meneghetti qualifie son premier long métrage de mé- tré en exclusivité, excusez du peu, à Nîmes, à Avignon (chez lodrame mis en scène comme un thriller de mœurs. Il y a ef- Utopia bien sûr) et dans une unique salle parisienne, le Saint fectivement un peu de tout cela dans Deux et bien plus en- André des Arts. Ce qui ajoute encore au plaisir de vous le core. C’est surtout un magnifique questionnement, tout en faire redécouvrir aujourd’hui. retenue, sur le poids du regard, le nôtre, celui des autres.
SLALOM Charlène FAVIER place ? Ou pour d’autres raisons plus contre toute attente, Lyz va s’accro- France 2020 1h32 personnelles, difficiles à confesser ? Il cher. Décrocher une première victoire. avec Noée Abita, Jérémie Renier, ne fait de cadeau à personne et surtout Ses camarades ne deviendront pas Marie Denarnaud, Catherine pas à Lyz. Lopez par-ci, Lopez par-là, il plus tendres pour autant. Elle passe- Marchal, Muriel Combeau… se garde de l’appeler par son prénom, ra des moqueries à la jalousie, du sta- Scénario de Charlène Favier comme pour marquer la distance, l’exis- tut de nulle à celui de chouchoute de et Marie Talon tence d’un plafond de glace. Il n’hésite l’entraîneur. Même Justine, sa meilleure pas à tenir haut et fort des propos humi- copine, déraillera un peu. Description Elles sont de tous les plans : la pou- liants sur cette nouvelle arrivée si réser- lucide et sans concession de l’ado- dreuse, les montagnes majestueuses et vée, lui attirant quelques railleries bien lescence, prise en tenaille entre le dé- puis Lyz (Noée Abita, formidable, renver- senties de la part de ses camarades. sir de conformisme intégrateur et une sante), avec ses grands yeux candides Ici se joue une lutte perdue d’avance soif inextinguible de rébellion. Le prix qui feraient chavirer toutes les certi- entre classes sociales. Ces ados de 15 à payer pour monter sur le podium se- tudes. Elle est à la croisée des chemins, ans ne partent pas sur un pied d’égali- ra de s’oublier, d’oublier le regard des à cet âge où tout peut basculer, où l’on té, n’abordent pas la vie avec les mêmes autres. N’être plus que muscles ban- slalome à vue, tiraillée entre les conseils armes, les mêmes skis, sans que ce soit dés, se limiter à la recherche d’une pos- raisonnables des adultes et l’envie de surligné. Rien n’est appuyé dans ce ture parfaite. Plus rien ne semblera pou- suivre ses rêves sans plus rien écouter. film subtil qui laisse la part belle à l’in- voir atteindre notre jeune héroïne, prête S’il y a une chose dont Lyz ne doute pas, telligence, à la complexité des person- à défier les lois de la gravité, et celles de c’est son envie de skier, de devenir une nages. Nul n’est blanc comme neige, la prédestination, tendue vers son but championne. Toutefois on ne donne pas nulle âme n’est complètement noire. ultime, proche de se briser. Tout semble cher de sa réussite quand on la voit dé- Sans complaisance, jusqu’au bout, la glisser sur Lyz devenue indifférente aux bouler dans cette prestigieuse section réalisatrice se gardera d’asséner sa véri- mots gratuits, aux maux qui traversent sport-étude de Bourg-Saint-Maurice, té au spectateur, laissant chacun face à ses chairs, prête à tout endurer, jusqu’au plus vulnérable, moins aguerrie que ses la sienne propre, tout comme l’est Lyz à geste fatidique qui la fera basculer dans congénères. À quinze ans, il est temps cet instant précis. une autre réalité… de comprendre que le partage des chances n’est pas équitable. Leur pro- On va suivre l’adolescente à la trace, Les prises de vue filent le tournis tant fesseur et entraîneur ne manque pas de jusqu’à percevoir la plus intime de ses elles sont belles. Sur nos tempes ré- le souligner, sans ménagement. Fred sensations. Elle aurait bien des raisons sonne le tambour d’un cœur, le baiser (Jérémie Renier profond, complexe) de baisser les bras, à force d’entendre glaçant du vent qui s’emballe ou ce- n’est pas du style à mâcher ses mots. qu’elle n’est pas à sa place, qu’elle ne lui trop brûlant d’une promiscuité ma- Pour le bien des jeunes qu’il entraîne ? le sera jamais. À force de sentir qu’elle laisante. Des sensations intenses pour Parce qu’il sait que l’univers sportif qui est pour sa mère la dernière roue du donner à ressentir, nous entraîner loin de les attend ne sera jamais tendre et qu’il carrosse, celle qui empêche d’aimer en nos zones de confort, pour mieux nous leur faut s’endurcir pour s’y faire une rond, qui coûte en sacrifices. Pourtant, amener à réfléchir…
MÈRE ET FILLE (MATER) déjà pas su guérir son regretté ma- ri. Anka n’y va pas par quatre chemins croise des amis d’enfance, et finale- ment prend conscience que pour appor- Écrit et réalisé par Jure PAVLOVIC lorsqu’elle a quelque chose à dire. Pour ter son aide, elle doit laisser le rapport à Croatie 2019 1h37 VOSTF l’instant, elle vit encore chez elle grâce son passé et à cette mère invivable re- avec Daria Lorenci-Flatz, Neva Rošić, au passage d’une aide à domicile dé- prendre une place dans son existence. Vera Zima, Anka Vučković… vouée – à qui elle mène pourtant la vie dure – et la visite de quelques amis. Mais L’excellente idée de mise en scène du Comme toutes celles et ceux partis loin la charge va s’alourdir, il faut trouver des film est de tout nous donner à voir sur faire leurs vies, c’est avec un étrange solutions. Or, comme Jasna l’avait an- le visage de Jasna. Du début à la fin, la sentiment que Jasna a laissé son mari noncé à son mari et ses enfants, le mi- caméra ne la quitte pas, nous laissant et ses deux enfants en Allemagne pour rage de le faire en une semaine s’éloigne suffisamment à voir des scènes ou des rendre visite à sa mère dans son pays rapidement : sa mère refuse à peu près actions en arrière-plan, tout en se foca- d’origine, la Croatie. A l’arrivée, un mé- n’importe quelle forme d’aide et envoie lisant sur l’intériorité du personnage. Et lange d’appréhension et de mélancolie : bouler toute proposition quant à son pour cause : c’est le rapport de Jasna les souvenirs qui remontent et le doute avenir. Mais surtout, ce que Jasna ne d’avoir laissé là quelques itinéraires ina- pensait pas voir surgir, c’est l’implica- au monde qui est déterminant. Sa mère chevés. Bien sûr, il y a d’abord le bon- tion affective qui la concerne. Elle qui est ne changera pas, seule la perception heur de revoir ceux qu’on aime et puis, partie mener une vie prospère à l’étran- qu’en a Jasna pourra modifier leurs rap- très vite, la peur de ne plus savoir com- ger : comment venir aujourd’hui imposer ports. Il faut souligner ici l’exceptionnelle ment partager leurs vies, de s’être irré- son aide alors qu’elle s’est éloignée de performance de l’actrice Daria Lorenci- médiablement éloigné de leur quotidien. la vie de sa mère ? Sait-elle seulement Flatz, dont les moindres expressions ce qui pourrait apaiser les vieux jours nous donnent à ressentir les difficultés Pour Jasna, la situation est particulière- de cette matriarche acariâtre ? Jasna à concilier compassion et colère envers ment plus délicate : sa mère, Anka, est se trouve vite contrainte de passer sur cette vieille dame enfermée dans sa ri- malade et n’a pas le caractère à rendre place un peu plus de temps que prévu, gidité affective. Sans apitoiement ni pa- les choses faciles. Elle est plutôt du juste assez pour faire voler en éclat la thos, Mère et fille saisit avec finesse les genre à refuser de changer ses habi- distance affective qu’elle tentait jusqu’ici chemins qui mènent une femme à faire tudes pour prendre un peu soin d’elle et de maintenir. Elle prend alors en charge la paix avec la mère qu’elle est train de à pester sur les docteurs qui n’avaient les affaires courantes, reçoit la famille, perdre.
UN PRINTEMPS À HONG KONG Écrit et réalisé par Ray YEUNG ment trentaine, un mariage qui fait jaser ré d’un livre de témoignages de gays se- Hong Kong 2020 1h32 VOSTF au vu du jeune âge du prétendant. Hoi niors, observe avec une infinie tendresse avec Tai Bo, Ben Yuen, lui est divorcé et vit – comme c’est sou- et délicatesse les paradoxes de ces deux Patra Au Ga Man, Lo Chun Yip… vent le cas en Chine où les générations personnages, qui doivent conjuguer coexistent sous le même toit – avec son leurs désirs, leurs nouveaux émois avec « La vieillesse, c’est le temps de l’hiver fils, sa belle fille et sa petite fille, et il doit l’attachement réel pour leur famille à qui pour les ignorants, et le temps des mois- subir la bigoterie excessive de son fils il leur semble évidemment impossible sons pour les sages. » (proverbe yiddish qui lui reproche son manque d’entrain d’avouer quoi que soit et qu’ils ne vou- et universel) dans la pratique religieuse. draient pour rien au monde blesser. La construction de la relation entre les deux L’an dernier, on découvrait avec bonheur Il se trouve que Pak et Hoi ont un secret : hommes, au fil de scènes très simples Deux de Felipe Menighetti, un film sub- régulièrement ils fréquentent un jardin comme un repas préparé ensemble (la til qui évoque l’histoire très touchante de public et des toilettes bien particulières, cuisine est en Chine le vecteur de lien la relation interdite entre deux voisines qui sont des lieux de drague bien connus social par excellence), est analysée en septuagénaires, incarnées magnifique- de la communauté gay. Comme beau- toute intelligence. Parallèlement, dans ment par Barbara Sukowa et Martine coup d’homosexuels du « placard », ils une culture où la solidarité avec les aînés Chevallier, une histoire d’amour tenue ont probablement des décennies durant et leur accompagnement est une valeur secrète jusqu’à ce qu’un drame ne la mené une double vie dans un pays où sacrée, on observe le projet mené avec dévoile. l’homosexualité est tolérée mais n’en est courage et détermination par les compa- Un printemps à Hong Kong pourrait pas moins largement l’objet d’opprobre gnons de sauna de Pak et Hoi, qui envi- être son pendant masculin et chinois. de la population. Et ne parlons évidem- sagent de monter une maison de retraite L’histoire de deux hommes de l’ancien ment pas d’un quelconque droit au ma- pour les gays dépendants, un projet qui protectorat britannique au crépuscule riage ! a du mal à trouver un porte-parole, tout de leur vie, une vie qui semble rangée et Au-delà des relations fugaces au cœur le monde redoutant le qu’en dira-t-on. réglée comme du papier à musique. Pak de l’anonymat un peu glauque d’un sau- L’histoire de cette relation intime devient a mené une longue carrière de chauf- na, la relation entre Hoi et Pak va deve- ainsi peu à peu celle d’un combat pour feur de taxi, sillonnant les rues de la mé- nir de plus en plus intime et amoureuse, les droits LGBT, dans un pays-continent tropole 10 heures par jour. Il est père chacun trouvant dans l’autre l’âme sœur où le chemin vers l’acceptation et l’égali- de famille et se débat avec la prépara- qu’ils n’ont pas eue ou qu’ils ont perdue. té est encore bien long pour cette mino- tion du mariage de sa fille déjà large- Le réalisateur Kay Yeung, qui s’est inspi- rité comme pour bien d’autres.
FESTIVALS JAZZ DE L’ETE en partenariat avec l’école du JAM JEUDI 10 JUIN DES 19h 19h : Concert des Hot Jam Stompers (New Orleans) + Présentation des festivals d’été Jazz en Pic St Loup, Jazz à Vauvert et Jazz à Junas. 20h : Projection de Mes Films de voyages de Michel Marre Une proposition de Michel MARRE. 9 séquences de voyages en Afrique, Cuba, Roumanie, Asie, Maghreb, Proche Orient, Sibérie, New York, Inde. « Tantôt ethnomusicologiques, tantôt récits de mes créations, BILLIE ce sont toutes ces rencontres musicales que j’ai eu la chance de vivre tout au long de ma carrière et que je présente à tra- vers les films réunis en un « carnet de notes » dans le cadre de cette projection. » Michel Marre Trompettiste et bugliste, Michel Marre est une figure cen- trale de la scène de jazz à Montpellier et dans le sud de Film documentaire de James ERSKINE GB 2020 1h38 VOSTF la France. S’il est ancré dans cet espace, il a joué avec de avec Billie Holiday, Linda Lipnack Kuehl, Count Basie, nombreux partenaires (Don Cherry, Denis Fournier, Daniel Sarah Vaughan, Charles Mingus, Tony Bennett, Humair, Doudou Gouirand, Gérard Pansanel Archie Shepp, Jimmy Fletcher, Bobby Tucker, Jimmy Rowles, Sylvia Syms… D’après les documents et l’ébauche Louis Sclavis…) tout en multipliant les voyages dans diffé- de biographie de Linda Lipnack Kuehl rents pays armé d’une caméra. Ce beau film évoque la vie de la plus grande voix que le jazz ait jamais connue. « La vie » ? « Les vies » serait plus juste car Billie Holiday fut une femme au destin chaotique, embrassant mille parcours artistiques et amoureux. Dans l’Amérique ségrégationniste, il fallait pour les Noirs ten- ter de survivre avec peu, soit dans les grandes exploitations de coton du Sud, soit dans des quartiers insalubres à la péri- phérie des grandes villes du Nord, avec leur lot de prostitu- tion, de délinquance, de drogues, de violences raciales… Billie, née à Philadelphie en 1915, a connu tout ça à la fois, alors qu’elle n’était qu’une enfant. Tout au long d’une vie dé- chirée et nourrie de drames personnels, elle portera en elle les stigmates, la mémoire et les souffrances de son peuple, qu’elle transformera en un chant bouleversant tout droit sorti de ses entrailles. Un blues envoûtant et majestueux, sculp- té dans les ténèbres, à l’image de son titre le plus connu : Strange fruit, évoquant le corps lynché d’un Noir pendu à un arbre. En clin d’œil à l’histoire du Festival Jazz en Pic St Loup et pour célébrer ses 20 ans, nous tenions à inviter Michel Marre, À la fin des années 1960, 10 ans après la mort de Billie Holiday, musicien incontournable qui a participé à son évolution aux la journaliste new-yorkaise Linda Lipnack Kuehl commence une biographie officielle de l’artiste. Elle recueille 200 heures côtés de son créateur Jacky Azéma. Trompettiste, bugliste, de témoignages incroyables… elle n’achèvera jamais son tubiste, compositeur et grand voyageur, Michel Marre n’en livre (vous découvrirez pourquoi dans le film). reste pas là et nous montre ses talents de réalisateur à tra- Après la disparition tragique de Linda, on perd la trace du manuscrit et des enregistrements… jusqu’à ce que James vers des films réalisés tout au long de sa carrière ; il y est Erskine, poussé par son producteur, les déniche, pieusement question de rencontres musicales bien évidemment. conservés chez un collectionneur du New Jersey. Jazz en Pic St Loup du 9 au 12 juin Le film qu’il tire de ce matériau unique l’est tout autant. Jazz à Vauvert du 2 au 4 juillet S’émancipant de la stricte chronologie des événements, il dé- Jazz à Junas du 20 au 24 juillet roule le fil des chansons – plus ou moins connues, certaines écrites par Billie, d’autres qu’elle a inspirées ou simplement interprétées – et éclaire en croisant les témoignages la per- Plus d’informations et réservation sonnalité complexe de l’artiste. www.jazzajunas.fr ou au 04 66 80 30 27
L L LA PAIX EST LA CHOSE LA PLUS H A DIFFICILE À FABRIQUER CIT Y Au xxie siècle, soutenir un régime nationaliste qui pratique l’apartheid, la colonisation, l’utilisation disproportionnée et systématique de la force et de la violence, pratiquant une politique d’expulsion, de dépossession sans fondement légal et mettant en place une stratégie d’épuration territoriale en coalition avec des partis d’extrême-droite, relève d’un dogmatisme qui ne peut trouver son ancrage que dans la certitude qu’une population, une ethnie, une culture, une société, une confession, est plus essentiel et donc supérieure à une autre… je ne peux personnellement m’y résoudre et je veux dénoncer avec force les tirs visant les civil.e.s, toutes et tous ! Je ne m’exprime pas habituellement sur un conflit qui se déroule à l’étranger, mais puisque les prises de parole des Film documentaire Il n’est bien sûr nul besoin de connaître représentants de la droite et de l’extrême de Frederick WISEMAN par cœur la filmographie de Wiseman droite en France comme en Belgique USA 2020 4h32 (2h05 + 2h27) VOSTF pour s’immerger dans City hall, mais ce convergent vers un soutien aveugle rappel des œuvres passées est là pour à la violence extrême de Tsahal, je Après At Berkeley, après National Gallery, dire à quel point le regard de Wiseman après Ex libris…, Frederick Wiseman s’intéresse à tous les aspects de la vie ne peux rester silencieux et observer nous offre, du haut de ses quatre-vingt- des habitants de la ville, et pour souli- sans réaction des assassinats de dix ans, un nouveau film monumental et gner que chez lui, l’institution est moins civil.e.s (toutes et tous) qui sont le fruit passionnant, en investissant cette fois la un sujet qu’un cadre, un point de vue à d’une politique militarisée qui à force mairie de Boston, capitale et métropole partir duquel se déploie la vaste comé- d’agressions chroniques révèle et réveille la plus peuplée du Massachusetts, diri- die humaine beckettienne qu’est son gée par le Maire démocrate Martin Walsh œuvre. En témoigne, une fois encore, la les pires haines. qui essaie de mener, dans un esprit par- galerie de portraits, parfois fugaces, qui Je regrette que la propagande de la peur, ticipatif et collaboratif avec les citoyens, ponctue le film et qui donne à voir l’Amé- la bêtise populiste et identitaire aient une politique socialement et écologi- rique d’aujourd’hui, dans toute sa diver- envahi à ce point nos gouvernements quement ambitieuse. Wiseman réalise sité. Ponctué par les grandes fêtes état- ainsi son film le plus explicitement poli- suniennes, (Thanksgiving, Veteran’s Day, pour que tous soutiennent sans faille un tique, une véritable profession de foi en Halloween…), City hall est de fait traver- régime surarmé et suranné qui s’empare l’Amérique et sa démocratie telle que la sé sans cesse par les grands sujets po- avec une brutalité barbare des territoires définissait Abraham Lincoln dans son litiques qui travaillent la société améri- voisins et convoités. discours de Gettysburg : « le gouverne- caine contemporaine. Dans le désordre : ment du peuple, par le peuple et pour mariage homosexuel, légalisation du Si j’ai hésité avant de poster ce texte, le peuple », un contrepoint au cauche- cannabis, coût de la santé, tueries de c’est que je ne suis pas dupe des mar qu’est l’entreprise de démolition de masse, tensions dans les rapports entre propagandes qui rendront ma prise de l’administration Trump, et une proposi- la police et population, discriminations position clivante et donc blessante pour tion, en filmant ce qu’est concrètement des minorités, quelles qu’elles soient, certain.e.s. une politique vertueuse de service pu- présentes comme passées… blic et d’inclusion, d’un contre-modèle : Mais loin d’être circonstanciel, le film Je ne suis pas pour un camp. « Je sais que Boston ne résoudra pas montre avant tout comment une pen- Je suis pour le progrès, seul gage de les problèmes des États-Unis », nuance sée politique se réalise dans ce qu’il y paix. Le progrès des esprits partageurs le maire au milieu du film, « mais il suffit a de plus concret, de plus prosaïque et et des actes partagés. La paix est la d’une ville… » donc de plus noble : la gestion au jour le City hall appartient à la veine des films jour de la vie quotidienne de tout un cha- chose la plus difficile à fabriquer parce territoriaux de Wiseman, qui résument et cun et l’ambition de rendre sa ville meil- qu’elle demande de faire taire la peur et rassemblent presque tous les éléments leure (« Construire un meilleur Boston », de participer volontairement à perdre un de la vie institutionnelle que le cinéaste est-il clairement affiché sur les chantiers peu au profit de tous. Cette générosité ne a explorés et approfondis depuis plus de de la cité). Soit la démocratie en action, peut s’acquérir qu’en acceptant la défaite 50 ans. On s’y préoccupe donc, comme c’est-à-dire avant tout du travail collec- dans Public housing, de loger les plus tif, du débat et du compromis, de l’enga- de la force et en abandonnant l’idée précaires ; on y briefe les policiers dans gement citoyen dans la conduite des af- d’une supériorité quelconque sur quoi un commissariat à la Law and order ; les faires de la part de femmes et d’hommes que ce soit et donc des supposés droits infirmières qui manifestent pour de meil- de bonne volonté, prompts à interpeller supérieurs sur les êtres et les terres. Dans leures conditions de soins sortent tout l’exécutif quand il le faut… droit de Hospital ; on négocie en conseil En 4h30 magnifiques, on voit Frederick l’histoire humaine, les colonisations sous des écoles l’augmentation du nombre Wiseman défendre et illustrer une cer- toutes les formes et à chaque époque, d’élèves que peut accueillir un lycée du taine idée de l’Amérique. Ce qu’on ap- ont été, toujours et sans exception, un type de celui de High school II ; le sort pellera, pour reprendre l’expression uti- crime, une sauvagerie politique imposée des sans-abris renvoie à Welfare ; ce- lisée dans une des réunions montrées par un peuple à un autre peuple, un crime lui des femmes battues à Domestic vio- dans le film : un art civique. lence… (Antoine Guillot, France Culture) source d’innombrables tragédies. Alain Cofino Gomez
CINÉ CAMPUS saison 2020-2021 - Séances proposées et animées par les étudiants de l'Université Paul Valery Montpellier 3, en partenariat avec le Centre Culturel Universitaire et la Bibliothèque Universitaire. Séance unique et rencontre le lundi 7 juin à 18h LES FLEURS Séance unique et rencontre le jeudi 27 mai à 18h DU BITUME Film documentaire écrit et réalisé par Karine MORALES et Caroline PERICARD LA PASSION France/Tunisie 2017 52min VOSTF Pour leur premier documentaire, Karine Morales et Caroline Péricard nous embarquent en Tunisie à la rencontre de trois jeunes artistes militantes. Les Fleurs du bitume nous donne à voir l’éclosion de ces trois Tunisiennes, Chamia la danseuse, VAN GOGH Ouména la graffeuse et Shams la slameuse, au sein d’un lieu dont elles sont traditionnellement exclues : la rue. Elles se cherchent, s’épanouissent et revendiquent leur légiti- mité en exerçant leur art publiquement ; la place publique, voi- là l’endroit de leur lutte, de leur passion et de leur émancipa- tion. Quelle est donc leur place à elles, la place de toutes ces femmes dans cette société tunisienne post Ben Ali ? Écrit et réalisé par Dorota KOBIELA et Hugh WELCHMAN Un triple portrait nous est offert de cette nouvelle généra- GB/Pologne 2016 1h34 tion, consciente et féministe, qui ne demande qu’à s’exprimer. avec les voix de Pierre Niney, S’exprimer par leur voix, leur corps mais surtout par leur Art ; Chloé Berthier, Xavier Fagnon, Danièle Douet… un art politique qui témoigne d’un besoin de liberté. Bien qu’au premier abord leur avenir leur paraisse sans is- PRIX DU PUBLIC, FESTIVAL DU sue, il n’en est rien. Tout réside dans cette citation reprise FILM D’ANIMATION D’ANNECY 2017 par Shams : « Ceci ne peut pas être la fin du monde, nous sommes condamnés à l’espoir ». Il s’agit surtout de courage, « Je voudrais montrer par mon travail ce qu’il y a dans le cœur celui de faire changer les choses, celui de semer des graines d’un tel original » : c’est en ces mots que Vincent Van Gogh pour faire éclore les fleurs de demain. se décrivait juste avant sa mort. La Passion Van Gogh est un film d’animation qui porte sur le célèbre artiste et plus pré- cisément sur sa fin. Dessinée comme l’une des œuvres du peintre, cette fiction mélange l’art de la peinture et les procé- dés du numérique. Le film a d’abord été tourné avec de vrais acteurs, et ces images en prise de vue réelle ont été peintes « à la manière de Van Gogh » par 125 animateurs recrutés dans toute l’Europe. Pour chaque plan, les peintres utilisaient le même tableau qu’ils modifiaient imperceptiblement entre chaque prise. Puis l’ensemble était retravaillé sur ordinateur pour assouplir les transitions. Un travail titanesque pour fournir les 64 000 images, certains plans de 3 secondes ayant demandé jusqu’à un mois de travail ! Le résultat est spectaculaire, le spectateur ayant véritable- ment l’impression de voir la peinture prendre vie comme par magie. C’est à une véritable synthèse artistique que nous as- sistons qui magnifie la couleur. Après avoir longtemps tâtonné, le couple de scénaristes s’est concentré sur les dix dernières semaines de la vie de Van Gogh (1853-1890). Une période prolifique durant laquelle, ins- tallé à Auvers-sur-Oise, il peint 70 toiles, avant de mettre fin à ses jours. L’histoire se concentre sur le personnage d’Armand Rolin, chargé par son père (celui qui fut le facteur de Van Gogh) de remettre la dernière lettre du peintre à son frère Théo. De là Armand commencera à enquêter sur le décès mystérieux de Vincent et remettra en question les circonstances de sa mort. Loin d’un travail de copie pure et simple, le film propose une nouvelle interprétation visuelle de ses peintures, au service d’une histoire souvent occultée. Le récit n’est pas celui d’un quelconque biopic : c’est à travers sa détresse et sa dispari- tion que Van Gogh devient vraiment le centre de son monde. Son art est ici dévoilé d’une manière unique.
SÉANCE UNIQUE le jeudi 17 juin à 19h30 en présence de la réalisatrice Maria Ramos Soirée organisée par La Cinémathèque du do- cumentaire en partenariat avec DOC-Cévennes, Cinelatino, Itinérances, Institut Jean Vigo, Cinémathèque de Toulouse et Quai des Docs. O PROCESSO Documentaire écrit et réalisé par Maria Augusta RAMOS Brésil / Allemagne / Pays-Bas 2018 2h19 VOSTF Meilleur long métrage Compétition internationale Visions du réel 2018 Mercredi 23 juin à 20h De mars à mai 2016, la cinéaste a filmé les débats du Congrès qui ont mené à la destitution de Dilma Rousseff, présidente En partenariat avec Le collectif Alternatiba-ANV du Brésil. Déjà primée à Nyon pour le premier volet de sa tri- Cop21 Montpellier. Rencontre après le film. logie sur la justice brésilienne, Maria Augusta Ramos propose ici un thriller politique. DÉSOBÉISSANT.E.S ! Emportés dans un long travelling, on survole la foule de « sup- porters » portant les couleurs des partis qui s’affrontent dans l’imposant palais du Congrès national de Brasília. Le 17 avril 2016, les députés votent la destitution de Dilma Rousseff, ré- élue 2 ans auparavant. Dilma Rousseff, première femme à Écrit et réalisé par Alizée CHIAPPINI et Adèle FLAUX être élue présidente du Brésil, emprisonnée et torturée sous France 2019 1h25 la dictature militaire entre 1970 et 1972, doit alors affronter ce qu’elle dénonce comme un coup d’État. L’ancien allié de la Ils ont moins de 35 ans, sont activistes chez Alternatiba, présidente, Eduardo Cunha, accusé de fraude dans l’affaire ANV-COP21 et Les Amis de La Terre, ils et elles consacrent de la société pétrolière Petrobras, est l’initiateur du proces- beaucoup de temps à leur engagement et ont un objectif : sus de destitution. construire une société soutenable. Elodie, Pauline, Sandy, Gabriel et Elliot ont partagé leur voyage initiatique dans l’en- gagement. Un an et demi d’actions et de rencontres. Au-delà de ces histoires personnelles, c’est le travail de cen- taines de militants qui est mis en lumière. De l’essor des marches pour le climat, au blocage de la République des Pollueurs, en passant par les actions de décrochage de por- traits d’Emmanuel Macron, c’est l’histoire d’un nouvel enga- gement citoyen dépassant les frontières. Le film retrace des liens qui se créent entre luttes et mouvements, par des ac- tions communes avec les Gilets Jaunes en France, Extinction Rébellion en Angleterre, ou dans le désert des mines de char- bon en Allemagne avec Ende Gelände. « On a essayé de comprendre leur engagement pas seule- ment sous l’angle de leur méthodologie d’action, mais aussi des choix de vie qui vont avec cet engagement. Leur enga- gement est un engagement total. Il y a une grande intensité émotionnelle dans ces mouvements, ils partagent beaucoup, ils investissent tous les espaces, ils vont jusqu’à s’exposer à O Processo nous projette dans les coulisses de ce moment la répression. Mon engagement, c’est de raconter leur his- historique. La réalisatrice capte ces événements de manière toire. » explique Adèle Flaux, une des réalisatrices. brute sans les altérer, sans aucune intervention visible. Elle parvient à nous emmener au cœur des réunions stratégiques Été 2018, 3 ans après les accords de Paris, les échéances dé- entre avocats et dirigeants politiques qui organisent la dé- crites par le GIEC sont impitoyables : à la fin 2020, si les États fense de Dilma Rousseff. Le film mêle des moments révéla- n’ont pas inversé le cours des choses alors le point de non- teurs provenant aussi bien de la sphère publique, dont cer- retour climatique sera atteint. Une course contre la montre tains sont extraits directement de chaînes télévisées, comme commence. Face à l’urgence et l’ampleur de la tâche, cer- de la sphère privée. tains, comme Élodie et Pauline, ont démissionné d’un poste Maria Ramos remettait déjà en question dans ses précé- confortable pour se consacrer à un combat qu’ils jugent cru- dents films le système judiciaire brésilien. Elle apporte ici une cial. Un QG, La Base, est loué au cœur de Paris pour organi- compréhension de l’affaire différente de celle proposée par ser la lutte. certains médias, et son film nous éclaire sur l’état du Brésil Durant 1 an et demi, caméra sur l’épaule, les réalisatrices vont aujourd’hui, l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, que l’on suivre une poignée de jeunes gens, l’émergence d’une nou- voit se prononcer favorablement à la destitution de Dilma velle génération de militants qui, à leur façon pragmatique, Rousseff, et plus largement sur la montée d’une forme de ouverte et combattive, imaginent un nouvel engagement ci- politique conservatrice et populiste dans le monde entier. O toyen. Entre utopie folle et engagement concret, c’est un Processo permet de prendre conscience des conséquences mouvement de masse qui s’organise et donne naissance à de la destitution de Dilma Rousseff sur le plan politique, social une nouvelle forme de contestation. Une contestation radi- et économique, mais aussi de ce que cela peut représenter cale et non-violente pour pousser les États à respecter les symboliquement : l’effondrement de la démocratie et de ses engagements de la COP21. institutions. (Margaux Bigotte, Doc Cévennes)
AVANT-PREMIÈRE le mercredi 9 juin à 19h30, rencontre avec le réalisateur et des invités. DOUCE FRANCE tés à du droit médiéval, et Europa City leur paraît une aubaine autant qu'en tant que futurs consommateurs et visiteurs que comme potentiels employés dans une département qui accumule les mau- vais chiffres du chômage. On suivra par- ticulièrement Amina, Sami et Jennyfer Geoffrey COUANON comme l'une des plus fertiles de l'hexa- trois jeunes de 17 ans aux rêves plein Documentaire France 2019 1h37 gone. la tête, parfois différents, dont on va Avec Amina, Jennyfer, Sami... On connait l'épilogue provisoire de l'af- suivre progressivement l'évolution au faire puisque dans la foulée de l'aban- fur et à mesure qu'ils vont comprendre Des documentaires sur des luttes éco- don si attendu du projet d'aéroport de les problèmes que posent le projet. Et logiques et paysannes on en a montrés, Notre Dame des Landes, Emmanuel c'est en cela que le film est passionnant des débats on en a organisés dans les Macron sonna de manière inattendue car il pose une question fondamentale Utopia... De Tous Au Larzac de Christian la fin de la récré en novembre dernier, : comment transmet-on des préoccu- Rouaud, à Demain de Cyril Dion en pas- même si Auchan n'a pas dit son dernier pations environnementales et un intérêt sant par le Dernier Continent sur la ZAD mot. pour des questions touchant à l'agricul- de Notre-Dame des Landes, et nous ture paysanne et à la souveraineté ali- pourrions en citer des dizaines d'autres, Douce France n'est pas à proprement mentaire à des jeunes des quartiers po- l'histoire de votre salle chérie s'est faite parler un documentaire sur tout le com- pulaires pour qui cela est naturellement au gré des débats autour de l'environ- bat mené par les écologistes et pay- secondaire, eux qui ont vu leurs parents nement et d'une agriculture socialement sans franciliens depuis quelques an- avant tout confrontés aux difficultés et écologiquement responsable. De par nées. Il prend un angle très différent et économiques parfois insurmontables du notre proximité géographique, il y a un qui s'avère passionnant. Il suit un classe quotidien. Et c'est tout ce cheminement combat qui nous tenait depuis quelques de lycée de Villepinte, une commune qui est touchant et fascinant. Quand années particulièrement à cœur, ce- voisine du 93 qui va être emmenée par Sami le jeune sportif , commence à se lui que menaient certains de nos spec- une de ses enseignantes à s'intéresser passionner pour le métier des paysans tateurs pour la défense du Triangle de au sujet . Villepinte est symbolique de bios de la plaine de France. Ou quand Gonesse contre Europa City, projet déli- ces villes de grands ensembles poussés Jennyfer, pourtant au début du film to- rant du groupe Auchan pour la construc- comme des champignons à la fin des talement séduite par le discours ultra- tion d'un parc d'activités gigantesque années 60 et qui ont forcément regroupé libéral de la députée macroniste de sa mêlant surfaces commerciales, zones les classes les plus populaires d'Ile de circonscription, finit par convaincre sa de divertissement (avec même une piste France. Et quand on découvre ces ado- mère de se rendre à l'AMAP . de ski indoor comme à Dubai). Un pro- lescents nourris au culte de la réussite Et bien au-delà de la question d'Europa jet prévu sur le site de la grande plaine économique, et de la consommation, City, le film pose du coup des questions de France non loin des pistes de Roissy, pour eux , la présentation du projet d'en- fondamentales à toutes celles et ceux, l'une des dernières grandes terres quête semble révéler en eux un intérêt jeunes ou moins jeunes, qui veulent faire d'agriculture proche de Paris, réputée aussi grand que s'ils étaient confron- avancer la cause écologiste.
IL MIO CORPO Film documentaire té, Stanley est un jeune réfugié nigérien raconter le destin de ceux qui mènent de Michele PENNETTA qui a enfin obtenu son permis de travail. une vie décidée par d’autres. Sous le so- Italie 2020 1h20 VOSTF Stanley a traversé la mer pour échapper leil de plomb sicilien, dans cette lumière à la violence dans son pays, il s’est déjà qui rejaillit dans toutes les images, les Une camionnette qui sillonne à travers libéré de chaînes et collectionne main- corps, les gros plans intenses, la photo- les montagnes de Sicile, stoppe sur tenant les petits boulots pour gagner sa un pont en surplomb d’une décharge : pitance et essayer de vivre dans cette île graphie réussit à rendre à ces deux êtres l’image insiste sur la trajectoire. On suit que Michele Pennetta filme de manière la force qu’il leur reste, malgré la brutali- les lacets et la fatalité de cette route qui si particulière, oscillant entre l’aridité des té et le soleil qui les écrasent. Le réalisa- mène au lieu de la survie économique : paysages désertiques et la beauté des teur parvient à saisir une beauté très par- un terrain vague, pentu, écrasé de so- images si lumineuses et ouvertes. ticulière d’une réalité sicilienne cruelle et leil. C’est ici, là-bas, dans les décharges En apparence, rien de commun entre décadente. Le cinéaste assume sa sub- sauvages, les anciennes mines, qu’Os- ces deux êtres, ces deux univers. Rien, jectivité, fait un pas de côté en déportant car y cherche ce qui fera vivre sa fa- sinon cette impression que les deux ont son documentaire à la limite de la fiction. mille : de la ferraille en tout genre. La lu- été jetés là comme de véritables rebuts Brisant cette frontière, il nous livre un es- mière est partout. L’image, fixe, imprime humains lâchés dans cette décharge à sai d’une grande puissance poétique et le labeur, la solitude et la fatigue. Elle ciel ouvert qu’est le monde, dans lequel s’accroche aux gestes de l’enfant, à sa Stanley, tout comme Oscar, travaille dur, d’une magnifique intensité, métabolisant tristesse et sa beauté. pour presque rien. les émotions de ces deux êtres que rien Oscar rêve. Il rêve d’échapper à l’au- ne relie sauf ce qu’ils racontent de notre torité de son père, de s’échapper de Le cinéaste a choisi le centre de la Sicile société. Celle d’une Europe qui installe sa rude condition de vie. Juste à cô- comme un miroir de l’Europe, pour nous ses réfugiés là où il ne reste plus rien.
MANDIBULES té du Buffet froid de Bertrand Blier, pour s’aventurer sur un terrain plus joyeux, plus léger, voire presque premier de- gré : la « Buddy-comedie ». Et pour peu qu’on soit d’humeur à suspendre tem- porairement la part la plus sévère de son esprit critique, impossible de res- ter de marbre devant les mésaventures de ces deux trentenaires qui raisonnent comme des ados de treize ans, voire parfois comme des gosses, sans que ça provoque jamais le moindre malaise. Dupieux réveille simplement l’enfant qui sommeille en nous, qui s’émerveille de tout et ne s’étonne de rien, puisque tout est possible tant qu’on tient à l’écart le principe de réalité. Écrit & réalisé par Quentin DUPIEUX miques pour enfants de 5 ans, des road- Et ça, Dupieux sait faire, et applique France 2020 1h17 movies sans queue ni tête et des twists cette règle comme personne tant à ses avec Grégoire Ludig, David Marsais, qui se terminent en queue de pois- personnages qu’à son récit. Pourquoi Adèle Exarchopoulos, India Hair, son, bienvenus dans la nouvelle galé- une mouche géante ? Pourquoi vou- Roméo Elvis, Bruno Lochet… jade filmique de Quentin Dupieux ! Nous loir la dresser ? Parce que, c’est tout ! l’avions laissé l’année dernière dans les Personne n’ose aujourd’hui faire des « Un film qui fait mouche ! » brumes crépusculaires des alpages où films aussi libres, aussi ouvertement dé- (L’Almanach Vermot). sévissait un serial-killer affublé d’une pourvus de tout psychologisme, aussi peau de bête, on le retrouve cette année ouvertement absurdes, et aussi souvent Voleur de voiture, c’est un métier qui de- sur la Côte d’Azur dans un film solaire drôles. Alors laissez la logique au pla- mande du doigté, de la jugeote, et sur- à suivre les enfantillages de deux post- card, oubliez votre âge et laissez-vous tout du flair pour repérer la bonne cible. ados montés en graine. Jamais là où on embarquer dans cette histoire rocambo- Or s’il y a bien des qualités qui font dé- l’attend donc, Dupieux tourne le dos à lesque, qui vous fera dire en sortant de faut à ce grand dadais de Manu, c’est l’humour noir caractérisant Au poste et la salle : « Taureau-triomphe » ! (Faut voir bien ces trois-là. Chargé par un type Le Daim, qui lorgnaient pas mal du cô- le film pour comprendre…). particulièrement louche de convoyer un paquet en toute discrétion d’un point A à un point B en prenant garde de ne surtout pas l’ouvrir, il dérobe pour me- ner à bien sa mission la première char- rette venue sans prendre le temps de l’inspecter, et comme c’est un cador, il embarque aussitôt son alter-ego Jean- Gab dans son plan foireux. Bien sûr ça ne loupe pas, la voiture tombe rapide- ment en panne d’essence, et c’est en forçant le coffre arrière dans l’espoir d’y trouver un jerrycan que nos deux champions tombent nez à trompe avec une mouche. Une grosse mouche. Une TRÈS TRÈS grosse mouche. Amis des brachycères dopés aux hor- mones de croissance, des duos co-
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