PRIX LYCÉEN 2019-2020 - DOSSIER DE MÉDIATION - FESTIVAL BD DE COLOMIERS

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PRIX LYCÉEN
2019-2020

                dossier
              de médiation
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Lexique et introduction
   à l'analyse d'ouvrage
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LE LANGAGE DE LA BD
Bande dessinée
Suite de dessins qui raconte une même histoire ou présente un même personnage (Déf. Robert)
Récit en images publié en feuilleton de presse ou en albums. (Déf. Larousse)

Vignette ou case
Image généralement cernée d’un trait et faisant partie d’une planche. La vignette est l’unité minimale de
la BD et la base de son langage.

Bulle ou phylactère ou ballon
Espace délimité par un trait qui renferme les paroles que prononcent les personnages. Espace réservé au
texte à l’intérieur de la case.

Planche
Nom donné à une page BD. Ensemble de vignettes figurant sur la même page.

Planche originale
Feuille sur laquelle a travaillé le dessinateur. Dessin
définitif d’une page de BD à un format presque
toujours plus grand que la parution.

Espace intercase ou gouttière
Espace entre les cases.

Récitant ou narrateur
Espace encadré accueillant un commentaire sur
l’action ou l’intervention du narrateur.

Strip ou bande
Bande horizontale composée d’une ou plusieurs vignettes. Le strip peut être autonome ou composé un
étage de la planche. Ensemble de vignettes figurant sur une même ligne horizontale. Une planche
classique est composée de trois ou quatre strips.

Mise en page ou découpage
Organisation des vignettes sur la surface de la planche.

Onomatopée
Mot dont le son imite celui de l’objet qu’il représente. Assemblage de lettres imitant un son, un bruit.

Idéogramme
Signe représentant une idée. L’idéogramme peut se présenter sous forme de
dessins ou de lettres.
Ex : un nuage transpercé par un éclair pour exprimer la colère, un coeur brisé pour
exprimer le chagrin...

Synopsis
Premier récit qui définit brièvement les personnages, le lieu, l’époque et le fil
conducteur de l’histoire.

Crayonné
Etat de la planche avant encrage. Le dessinateur exécute d’abord ses dessins au
crayon, puis il les repasse à l’encre de Chine. Brouillon détaillé de la page, bien
souvent sur la planche originale.

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Lettrage
Forme de lettres composant le texte placé dans les bulles ou le
récitant. Mise au net manuelle du texte et des onomatopées.

Lettreur
Personnage qui réalise le lettrage, veille à ce que le texte ne couvre
pas l’image et reste visible.

Encrage ou mise à l’encre
Reprise à l’encre de Chine du dessin crayonné.

Encreur
Personne qui cerne les traits du crayonné à l’encre de Chine.

Scénariste
Personne qui imagine l’histoire et fournit au dessinateur le
découpage ainsi que les dialogues. Le dessinateur peut aussi être
son propre scénariste.

Coloriste
Assistant spécialisé dans la couleur. Attention de plus en plus on
voit apparaît un travail de coloriste réalisé par un studio graphique
par infographie.

Cadrage
Choix d’un angle de vue et du plan définissant la grosseur du sujet
dans la case (gros plan, plan moyen, vue en plongée,
contre-plongée…).

Série
Ensemble de bandes dessinées qui ont pour héros le ou les même(s) personnage(s).

Collection
Ensemble de bandes dessinées ou de séries BD réunies sous un même titre de collection et qui présente
la même maquette.

One shot
Histoire se déroulant en un seul album. Pas de suite : le one shot est l’opposé de la série.

Roman graphique (de l'anglais graphic novel)
Le format BD du roman graphique comprend un grand nombre de pages, souvent plus d'une centaine.
Le terme est employé dans un sens large, englobant les œuvres non romanesques et les histoires courtes
liées par la même thématique, ainsi que des récits de fiction à travers un certain nombre de genres.

Fanzine
Contraction de « fanatic » et « magazine ». Journal publié par des amateurs réalisé bénévolement sans
véritable périodicité et à faible diffusion.

BD franco-belge 48CC
Dans le jargon de l'édition, 48CC désigne une bande dessinée de tradition franco-belge, de 48 pages, en
format A4, cartonnée et en couleur.

Fumetti
Nom donné à la BD italienne.

Comics
Nom donné à la BD anglo-saxonne mais principalement de production américaine (notamment
super-héros).

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Manfra
Contraction de « manga » et « français ». BD format
48CC fortement inspiré du graphisme manga mais
aussi BD format manga réalisée par des
dessinateurs français.

Manga
Nom donné à la BD japonaise.

Mangaka
Dessinateur japonais.

Shonen
Signifie « jeune garçon » et désigne un manga dont le public visé est plutôt masculin. Action, combat,
sport sont les domaines les plus courants.

Shojo
Signifie « jeune fille » et désigne un manga généralement romantique dont le public visé est
essentiellement féminin.

Manhwa
Nom donné à la BD coréenne.

Manhua
Nom donné à la BD chinoise.

Ellipse
Procédé grammatical qui consiste à omettre un ou plusieurs éléments en principe nécessaires à
la compréhension du texte, pour produire un effet de raccourci. Elle oblige le récepteur à rétablir
mentalement ce que l’auteur passe sous silence.
La brachylogie est une variante brève de l'ellipse. Une « ellipse narrative » consiste à passer sous silence
une période de temps, c'est-à-dire à ne pas en raconter les événements. Il s'agit donc d'une accélération
du récit.
Dans son incontournable ouvrage sur la bande dessinée « L'art invisible » Scott Mac Cloud attire notre
attention sur ce mécanisme : « Les cases d'une bande dessinée fragmentent à la fois l'espace et le temps,
proposant sur un rythme haché des instants qui ne sont pas enchaînés. Mais notre sens de l'ellipse nous
permet de relier ces instants et de construire mentalement une réalité globale et continue. »

Caricature
Représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par l'exagération et la déformation des
traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique. (Déf. Larousse)

Art séquentiel
Eisner le défini ainsi : « Il allie mots et images dans le but de raconter une histoire ou de dramatiser une
idée. Il est à la fois un moyen d’expression créatif, une discipline distincte, un art et une forme littéraire ».
L’expression d’art séquentiel a été créée et définie par Will Eisner dans son livre « La bande dessinée, art
séquentiel » (1985).

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ÉLéMENTS D'ANALYSE
        1- PRéSENTATION D’INTRODUCTION

LE TITRE
Le titre de la bande dessinée , que nous révèle-t-il ?
Le titre de la série, tomaison de l’album par rapport à la série.
Le nom du personnage principal apparaît-il ?

LES AUTEURS
Présenter les personnes qui participent à l’élaboration de la bande dessinée :
Scénariste, dessinateur, coloriste, encreur, lettreur, adaptateur, auteur adapté…

éDITEUR ET COLLECTION
Dépôt légal, 1ère édition ou réédition

FORME DE PUBLICATION
1 - One shot
2 - Série (gag d’une ou plusieurs planches, strip, histoire entière, histoire à suivre...)
Couverture + page de garde

        2- TEXTE DANS LA BANDE DESSINÉE

LE RéCITANT
Quelles sont ses caractéristiques ? Forme, couleur, typographie...
Quel est le temps employé ? (passé, futur, présent...)

LE DIALOGUE
Le vocabulaire est-il différent suivant les personnages ?
Que nous apprennent les dialogues des héros ou des personnages secondaires ? (caractère, niveau social,
âge, métier…)
Par quel(s) adjectif(s) caractériseriez-vous le langage utilisé dans cette bande dessinée ?
(précieux, humoristique, dit historique, argotique, pseudo-intellectuel, branché…)

LES ONOMATOPéES
Quels types de sons représentent-ils ? Quel lien avec le scénario ? Quand apparaissent-ils ?

LA TYPOGRAPHIE
Le texte est-il écrit à la main ou dactylographié ? Est-il lisible ? Quelle est sa couleur, son épaisseur... ?

        3– LE GRAPHISME

LE DESSIN
Quelle(s) technique(s) est (sont) utilisée(s) dans cette bande dessinée ?
Encre de chine, gouache, crayons pastel, aquarelle, encre, collage, infographie...
Le dessinateur joue-t-il sur les dessins : trait, point... ?

LA COULEUR
Quelle(s) couleur(s) est (sont) utilisée(s) dans cette bande dessinée ?
Noir et blanc, noir et blanc + effet de gris, une couleur + noir et/ou blanc, deux ou trois couleurs
dominantes, quadrichromie avec ou sans nuances ?
La couleur a-t-elle une fonction symbolique dans la BD ?
La représentation des personnages et des objets est-elle plutôt réaliste, fantastique, stylisée... ?

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LES BULLES
Comment sont-elles représentées ? Formes, couleurs, typographie,…leur signification ?
Quel espace occupent-elles par rapport à l’illustration ?

LES IDÉOGRAMMES
Sont-ils nombreux ? Que signifient-ils ?

       4- LE RYTHME DANS LA BANDE DESSINéE

LE RYTHME GRAPHIQUE
Quelles techniques cinématographiques le dessinateur utilise-t-il le plus souvent ?
Plan panoramique, plan moyen, plan américain, plan rapproché, gros plan, très gros plan, vue en plongée,
vue en contre-plongée, fondu enchaîné, champ-contre-champ.

LE RYTHME DU TEMPS
Comment se déroule la succession des vignettes dans une même planche ?
Mise en page conventionnelle, mise en page décorative, mise en page rhétorique.

       5- COHéRENCE DU RéCIT

COMPRÉHENSION
L’histoire est-elle facile à comprendre ?

Quel genre de récit développe cette BD ? Policier, science-fiction, espionnage, fantastique, humour, satire
intellectuelle, historique, héroïc fantasy, chroniques sociales, historique...
Quelle est son originalité par rapport à des BD de même genre ?

S’il s’agit d'une BD historique : L’auteur s’est-il documenté ? Y-a-t-il des anachronismes, des
invraisemblances ?

LES PERSONNAGES
Les personnages sont-ils nombreux ?
Le héros a-t-il un ou des faire-valoir(s) ?
Les héros sont-ils stéréotypés ?
Dans quel univers évoluent les personnages ? Réaliste, fictif, caricaturé, humoristique, exotique,
historique, fantastique...

REPèRES TEMPORELS
Le récit est-il situé dans l’espace et le temps ? Où, quand, durée du récit.
Les détails sont-ils abondants ? Si oui pourquoi ?

SIGNIFICATION
Si des animaux sont mis en scène, y a-t-il anthropomorphisme ? Quel rôle jouent-ils ?
Y-a-t-il des manifestations de racisme, sexisme ou des intentions politiques ?
Les héroïnes dans la BD : ont-elles un rôle important ? Quelle image de la femme renvoient-elles ?

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La sélection
 2019-2020
L'esprit du scorpion
 APPELEZ-MOI NATHAN
                                               Fernando Llor
  Catherine Castro (Payot)
                                               (Presque Lune)
                      p.15
                                               p.51

        Concerto pour                          Noire : la vie
          main gauche                          méconnue de
            Yann Damezin                       Claudette Colvin
         (La Boîte à bulles)                   émilie Plateau (Dargaud)
                       p.19                    p.55

      des milliards de                         ptsd
               miroirs                         Guillaume Singelin
    Robin Cousin (FLBLB)                       (Ankama)
                     p.23                      p.59

 la langue du diable                           Révolution,
            Andrea Ferraris                    Vol. 1. Liberté
               (Rackham)                       Florent Grouazel et Younn
                      p.27                     Locard (Actes Sud)
                                               p.63

          la traversée                         Sabrina
    Clément Paurd (2024)                       Nick Drnaso
                     p.31                      (Cambourakis)
                                               p.69

      la trêve, chérie
           Thomas Gosselin
                                               Saison des roses
        (l'Employé du Moi)                     Chloé Wary (FLBLB)
                      p.37                     p.75

     le dieu vagabond                          Showtime
                                               Antoine Cossé
   Fabrizio Dori (Sarbacane)
                                               (Les Requins Marteaux)
                         p.41
                                               p.79

     Le livre de Jessie :                      Solitude d'un
journal de guerre d'une                        autre genre
      famille coréenne                         Kabi Nagata
 Park Kun-Woong (Casterman)                    (Pika graphic)
                        p.47                   p.83

                                     xibalba
                                     Simon Roussin
                                     (2024)
                                     p.87

                                13
THÉMATIQUES                         APPORT
                                ABORDÉES                      INTERDISCIPLINAIRE

                                      Le genre
                                                                        SVT
appelez-moi nathan                 L'estime de soi
                                                                        EMC
                                      La famille

                              Le handicap, l'infirmité
concerto pour main                 La musique
                                                                      Histoire
     gauche                         La guerre
                                                                      Musique

                              L'écologie, la théorie de
  des milliards de                l'effondrement                        SVT
      miroirs                            La foi                         EMC
                                       L'espace

                                    La propriété
                                                                 Histoire Géographie
la langue du diable                 La pauvreté
                                                                     Philosophie
                            L'exploration, la découverte

                                L'armée, la guerre
    la traversée                  Le Moyen-Âge                   Histoire Géographie
                              Le théâtre de l'absurde

                              Le déclin de la biodiversité
                                                                      Français
  la trêve, chérie                  Le fantastique
                                                                        SVT
                                  La faune et la flore

                                Mythologie grecque
      Le dieu                     Trouver sa voie
                                                                       Histoire
     vagabond                        Pop Art
                                                                   Arts Plastiques

                              Le conflit Corée-Japon
   Le livre de Jessie :
                           La seconde guerre mondiale                 Français
  journal de guerre
                                  Journal intime                      Histoire
d'une famille coréenne
                                    L'enfance
                             Guerre de l'ex-Yougoslavie
                                                                     Histoire
L'esprit du scorpion            Dictature politique
                                                                    Géographie
                              Psychothérapie abusive

   noire : la vie                Les droits civiques                  Histoire
   méconnue de                       Le racisme                       Français
 Claudette Colvin               Adaptation littéraire                   EMC
                                Le trouble de stress
                                 post-traumatique                     Histoire
        P.T.S.D.                    L'addication                       EMC
                           La réinsertion dans la société
                               La révolution française
 révolution. Vol 1,                   Noblesse
                                                                 Histoire Géographie
     Liberté                  Le peuple et la politique
                                                                     Philosophie

                                Les réseaux sociaux
                                                                      Français
      sabrina             Les théories du complot, les fake
                                                                        EMC
                                        news
THÉMATIQUES                         APPORT
                            ABORDÉES                      INTERDISCIPLINAIRE

                             L'égalité des sexes
                                                                 Français
 saison des roses                Le football
                                                                   EMC
                                   L'argot
                           La magie, l'art de la
                              prestidigitation                Arts plastiques
    showtime                 Le polar, le thriller               Français
                          Narrations simultanées
                                La sexualité
solitude d'un autre       Le Japon et sa culture
                                                                 Français
      genre              Les troubles alimentaires
                             L'autobiographie

                                  L'aéropostal
                                                                Histoire
     xibalba                  L'Amérique latine
                                                               Géographie
                      Les civilisations pré-hispaniques
appelez-moi
nathan
 Scénario     dessin           éditeur         date de
 catherine   quentin        payot graphic    publication
  castro     zuttion                        septembre 2018

                       17
L’HISTOIRE
Nathan est né Lila, dans un corps de fille. Un corps qui ne lui a jamais convenu, il décide alors de
corriger cette « erreur génétique » avec le soutien indéfectible de sa famille, ses amis, ses profs et, à
seize ans, des injections de testostérone de 0,8 mg par mois. Quitte à devenir quelqu’un, autant que
ce soit vous-même.

   Les AUTEURs
Catherine Castro est journaliste, grand reporter et auteure.
Titulaire d'un master d'histoire à l'Université Panthéon-Sorbonne, elle travaille pour le célèbre magazine
Marie-Claire depuis 1998.
Elle a également suivi une formation en réalisation documentaire aux Ateliers Varan en 2016.

Quentin Zuttion (anciennement surnommé Mr. Q) est un scénariste et dessinateur de bande dessinée.
Il a fait de la photo, de la vidéo, de la performance. Il est diplômé à l'École nationale supérieure d'art de
Dijon.
Après avoir obtenu son diplôme, il fait de l’illustration puis propose ses projets. Très présent sur les
réseaux sociaux et connu notamment pour son blog illustré Les petits mensonges de Mr. Q, il trouve
un premier éditeur.
En 2016, Il publie aux éditions Des ailes sur un tracteur Sous le lit, sous le nom de Mr.Q.
Chromatopsie (Éditions Lapin, 2018) est son deuxième livre autour des corps, des sentiments et des
couleurs.

   AVIS / CRITIQUES
Que se passe-t-il dans le corps de Lila ? Il change.
Pourtant, jamais au grand jamais elle ne s’est sentie
fille, elle est un garçon et veut qu’on l’appelle Nathan !
Son long combat pour changer de sexe et
d’identité est merveilleusement raconté dans
Appelez-moi Nathan, un album bouleversant de
Catherine Castro et Quentin Zuttion.

« C’est quoi cette blague ? »
Un été sur la plage. Lila est dégoutée, ses seins ont
poussé. Finies les baignades torse nu, place aux
vêtements plus amples et aux binders qui
compriment la poitrine. Parce que Lila le sait au plus
profond d’elle, elle n’est pas une fille, c’est un garçon.
Plus jeune, elle a joué toujours avec les garçons et ne
s’est jamais intéressée aux poupées.
L’adolescente vit avec ses parents – Papou un peu
papa poule – et son frère Théo. Au collège, elle entre
en 5e et se retrouve de nouveau avec Faustine, son
amie avec qui elle partage plus que les devoirs : elles
s’aiment. Quoi de plus normal entre un garçon et une
fille. D’ailleurs, c’est elle qui la pousse à s’assumer en
tant qu’homme.

Devenir un garçon
Les séances à la piscine : une galère. L’emprunt du
tee-shirt de Théo : une engueulade. Les serviettes
hygiéniques : un dégoût. Les cheveux longs : une
coupe plus courte et ça change tout.
Alors qu’elle se scarifie, sa mère est convoquée par l’infirmière du collège. Puis un soir, à la maison, un
dialogue avec ses parents :
« – Ma chérie… qu’est-ce qui se passe ? Tu veux devenir un garçon, c’est ça ?

                                                       18
– Mais ta gueule ! Tu ne comprends rien ! Je suis un garçon ! Un garçon !!! Vous m’avez fait des seins
pourris et une voix de merde !!! J’suis pas un fille !!! Vous n’avez pas de fille. » C’est le début du long
parcours du combattant pour changer d’identité et de sexe…

                                              Appelez-moi Nathan : un album coup de poing
                                              Journaliste au magazine Marie-Claire, Catherine Castro a
                                              imaginé Appelez-moi Nathan en s’inspirant de l’histoire
                                              de Lucas, le fils d’un couple qu’elle connait depuis de
                                              nombreuses années. Lucas est né fille et à fait la démarche
                                              de changer de sexe pour être en adéquation avec lui-
                                              même. La scénariste entame alors un dialogue avec le jeune
                                              adolescent et le rencontre plusieurs fois.

                                              Alors qu’il souhaitait rester anonyme, Lucas a fait un grand
                                              pas en acceptant, il y a peu, l’invitation de Yann Barthès
                                              dans l’émission Quotidien ou celle du Magazine de la santé
                                              pour raconter et montrer que cela existe. Parce que oui, il
                                              en faut du courage et de la force pour surmonter tout cela :
                                              les brimades, les violences verbales, les violences physiques,
                                              l’incompréhension des gens qui entourent, de la famille
                                              proche et des démarches administratives. Être transgenre en
                                              France n’est pas simple. On le constate néanmoins, pendant
                                              les interviews : il semble détendu et heureux !

                                             Le coup de poing reçu lorsque le lecteur suit ce témoignage
                                             fictionnel, est avant tout parce qu’il est surtout surpris par la
                                             violence enfouie et parfois visible de l’adolescent.e. Beaucoup
                                             d’adolescents ne se sentent pas bien dans leur peau à cette
période charnière, si l’on ajoute à cela un corps que l’on rejette et l’on peut comprendre toute la détresse
à faire passer le message.

La grande chance de Nathan, c’est qu’il est né dans une famille aisée, ouverte et très compréhensive.
Même si ses deux parents et son petit frère se posent de nombreuses questions – comme l’adolescent
aussi – ils vont l’accompagner au mieux dans ses démarches chez le psychologue, le médecin de famille
et l’endocrinologue. Mais surtout, il a en face de lui des personnes informées et compétentes; ce n’est
pas toujours le cas dans le milieu médical.

Le lecteur apprécie aussi sa générosité envers ses camarades et ses amis, ainsi que son recul,
indispensable pour relever ce challenge. Il prend le temps de discuter et d’expliquer. Il ne cache rien et
c’est tout à son honneur.

Appelez-moi Nathan n’est pas qu’un album sur le changement de genre, c’est également un récit sur
l’adolescence et la relation aux autres. Cette histoire va faire du bien aux personnes qui se posent des
questions sur la transidentité, l’homosexualité mais aussi à toutes les autres par son message universel
autour de l’amour et du respect. Le récit questionne aussi sur « C’est quoi, un homme ? » dans notre
société actuelle, après le Mariage pour tous mais aussi #metoo.

Ces 140 pages sont magnifiquement mises en image par Quentin Zuttion. Jeune illustrateur pour la
presse (madmoizelle.com) et l’édition, il a déjà publié Chromatopsie, un album aux éditions Lapin. Mr Q
comme il peut se faire appeler lorsqu’il signe ses dessins, livre avec Appelez-moi Nathan, des planches
tout en délicatesse. Ses superbes couleurs à l’aquarelle lui permettent de restituer les ambiances
chaleureuses et parfois violentes de cet merveilleux album. Il y a aussi de la sensualité et de l’émotion
dans ses très belles pages.

Appelez-moi Nathan : un album qui fait du bien à tout le monde, un parcours de vie qui a valeur
d’exemple. Bravo !
                                                                   Damien Canteau pour Comixtrip.fr

                                                       19
L'ÉDITEUR
Les Éditions Payot & Rivages est une maison d'édition française, issue du rapprochement en 1992 des
activités d'édition de la société suisse Payot, créée en 1900, et de la société française Rivages, créée en
1984. Payot & Rivages a fait l'objet d'une prise de participation majoritaire par Actes Sud en janvier 2013.
  www.payot-rivages.fr/payot

                                ZOOMS THéMATIQUES

                 le genre                    l'estime de soi                    la famille

POUR
ALLER
PLUS LOIN
Chronique de Justin qui
met en scène Justine                                                                       La transidentité
une adolescente qui veut                                                               https://bit.ly/2oIcUZH
devenir Justin
https://bit.ly/2oMbCfW
                                                                             Podcast France Culture sur la
Interview de Lucas &                                                                          transidentité
Catherine Castro                                                                      https://bit.ly/2oa7p25
https://bit.ly/2pwBvAR
                                                     18
Concerto pour
main gauche
  Scénario     éditeur          collection     date de
  & dessin     la boîte        contre-jour   publication
yann damezin   à bulles                       mars 2019

                          21
L’HISTOIRE
Inspiré par la biographie du pianiste autrichien Paul Wittgenstein, Concerto pour main gauche nous
transporte dans un univers onirique et poétique, au cœur de la psyché de ce personnage tourmenté,
mélancolique et complexe, que seule la musique semble apaiser.
Blessé lors de la première guerre mondiale, Paul Wittgenstein fut amputé du bras droit mais
poursuivit une carrière de concertiste malgré ce handicap. La fortune laissé par son père lui permit
de commander des œuvres pour la main gauche aux plus grands compositeurs de l’époque. Ainsi,
c’est à sa demande que Maurice Ravel composa le célèbre Concerto pour la main gauche.
Un destin extraordinaire porté par l'élégance et la poésie du dessin de Yann Damezin.
Un premier album magistral, entre David B. et Nancy Peña...

   L'AUTEUR
Né en 1991, Yann Damezin a
intégré l'école Émile Cohl
directement après son bac dans
le but de devenir illustrateur. La
littérature, le livre et l'image sous
toutes leurs formes le
passionnent. Ce Lyonnais aime les
univers étranges et oniriques, et
son travail se nourrit d'influence
très diverses : miniature persane,
primitifs italiens, expressionnisme
etc..

   AVIS / CRITIQUES
Sa mère avait réussi à
l'apprivoiser. Elle lui ouvrait son
cœur ainsi que son esprit et
en échange, il les lui restituait
sous forme d'une composition
mélancolique intime, un discours
harmonique unique et universel.
Ah, le piano. Pour Paul, le rapport
avec cet instrument restera
toujours ambivalent et conflictuel,
particulièrement après la perte de
son bras. À la fois échappatoire et
torture, l'essence même de l'objet
imprégnera et inspirera toute sa
vie.
Pour ne mentionner que la
surdité de Beethoven ou la cécité
de Monet, lorsqu'un artiste a été
meurtri dans sa chair ou dans ses
sens, la force qu'il en tire est
toujours à la base d'un souffle
créateur incroyable et d'une
existence remarquable.
Yann Damezin livre ici un superbe ouvrage s'inspirant de la biographie du musicien autrichien Paul
Wittgenstein. Il est difficile de séparer le fond de la forme, tant l'un influe sur l'autre en procurant dans
leur union, force, sensibilité, poésie et intelligence. La totalité de la destinée de l'homme est relaté, dans
ses moments les plus essentiels. De son enfance à sa mort, en passant par la guerre, son accident et ses
amours, tout est abordé de manière concise et pertinente. Pour cela, le scénariste-dessinateur emplit

                                                      22
ses illustrations d'un symbolisme d'une expressivité et d'une justesse impressionnantes. Il utilise une
sorte de bestiaire fantastique à la Bosch, un peu aztèque, un peu astrologique ; du reste, indéfinissable
mais tellement beau. Les personnages, quant à eux, pourraient sortir d'un tableau de Miro ou, plus
proche du genre, du crayon de David B. L'histoire est dramatique, violente et sombre. Pourtant, le
courage et l'obstination de l'individu, malgré ses faiblesses, suscite le respect, à défaut d'admiration.
L'onirisme des planches presque surréalistes confère à la sobriété et l'acuité de la prose un souffle qui
touche et ensorcelle.

Rarement l'alliance du texte et des dessins n'aura été aussi réussie. Première œuvre, Concerto pour
main gauche : unique, original, poignant et puissant, juste indispensable.
                                                                          L. Moeneclaey pour BDGest.com

  L'ÉDITEUR
La Boîte à Bulles est une maison d’édition qui publie une quinzaine d’ouvrages chaque année. Elle est
fondée en 2003 par Vincent Henry, alors journaliste spécialisé BD et désormais éditeur et scénariste.
Ses publications sont souvent les premiers albums d'auteurs débutants. Cependant elle n'exclut pas les
auteurs plus expérimentés.
Ses publications sont principalement destinées aux adultes.
   www.la-boite-a-bulles.com

                                                  ZOOMS THéMATIQUES

                                       le handicap
POUR                                    l'infirmité
                                                                                         la guerre

ALLER
PLUS LOIN
                                                                la musique
Article France Musique sur le
concerto de Ravel
https://bit.ly/2oE5tm9

Podcast France TV Info
https://bit.ly/2oLiXwk

                                                    21
des milliards
de miroirs
   Scénario        éditeur            collection     date de
   & dessin     éditions flblb         fictions    publication
 robin cousin                                       mars 2019

                                 25
L’HISTOIRE
Le monde est au bord de l’ef­fon­dre­ment, les derniers mammi­fères s’éteignent peu à peu et
l’hu­ma­nité elle-même se résigne à sa propre dispa­ri­tion, quand une décou­verte inat­ten­due
provoque un sursaut mondial.

– Ils les ont trou­vés ! Ils ont trouvé les Céphéens !
– Ce n’est pas possible !
– Tout le monde en parle, à la télé, dans les jour­naux ! Ça veut dire qu’ils vous ont entendu. Ils veulent
que vous arrê­tiez de douter !
– Voyons, Marie-Pierre, c’est sûre­ment un canu­lar…
– Ça vient de l’Agence spatiale euro­péenne ! Depuis le temps qu’ils scrutent l’es­pace, ils auraient pu
nous deman­der, on leur aurait dit où cher­cher…

   L'AUTEUR

Robin Cousin est né en 1984. Enfant, il bidouillait des robots à partir d’al­lu­mettes et de voitures
télé­gui­dées, écri­vait des scéna­rios qu’il décli­nait en pièce radio­pho­nique, en bandes dessi­nées ou en
films avec ses cousins et de la pâte à mode­ler. Tout le monde lui disait qu’il fallait choi­sir une seule de
ces choses pour en faire son métier. Après avoir essayé les arts appliqués et l’ar­chi­tec­ture d’in­té­rieur, il
finit par choi­sir la bande dessi­née. La bande dessi­née c’est très complet : il faut savoir faire un peu de
dessin, un peu de couleurs, un peu d’écri­ture, un peu de mise en scène, un peu de jeu d’ac­teur. Après
cinq années aux Beaux- Arts d’An­gou­lême, il a même écrit son mémoire de master là-dessus. Plus tard,
il monte avec des amis les éditions Les Machines et coor­ga­nise le F.OFF d’An­gou­lême. En 2013, après
une rési­dence à la maison des auteurs d’An­gou­lême, il publie Le Cher­cheur fantôme (qui reçoit le Prix
de la fiction scien­ti­fique en 2015), décla­ra­tion d’amour à la recherche scien­ti­fique et au regard poétique
qu’elle offre sur le monde.

En 2017 sort Le Profil de Jean Melville « un thril­ler palpi­tant qui inter­roge sans mani­chéisme les enjeux
de la tech­no­lo­gie dans la sphère privée. » (Les Inrocks) et reçoit le Prix Révé­la­tion ADAGP / Quai des
Bulles (et fait partie de la sélec­tion offi­cielle du FIBD d’An­gou­lême 2018). Un ordi­na­teur peut-il imiter
un être humain ? Quels pouvoirs sommes-nous prêts à délé­guer aux machines ? Voilà les ques­tions qui
l’em­pêchent de dormir.

                                                        26
AVIS / CRITIQUES

                                                                 Cinq ans, c’est la durée de vie estimée de la
                                                           planète Terre. A court de ressources et foudroyés
                                                                   par le réchauffement climatique, les êtres
                                                                         humains ne se nourrissent plus que
                                                             d’insectes et tentent de préserver ce qu’il reste
                                                              de vie animale. Alors qu’un mystérieux gourou
                                                           nommé Antimaadmi communique par des sons
                                                                  avec des extraterrestres, l’astrophysicienne
                                                               Cécilia Bressler vient de faire une découverte
                                                            qui va peut-être changer à jamais le destin de la
                                                                    Terre : à 45 années-lumières, une planète
                                                           présente des motifs lumineux semblables à ceux
                                                             d’une image satellite qui montrerait une ville la
                                                              nuit. Ailleurs existerait la possibilité d’une vie…

                                                                  Après un thriller scientifique (Le Chercheur
                                                                fantôme) et les implications du Big Data (Le
                                                                  Profil de Jean Melville), le talentueux Robin
                                                            Cousin revient avec une BD d’anticipation entre
                                                               science et écologie, interrogeant la possibilité
                                                             d’une vie extraterrestre sur Gamma Céphée, et
                                                                  ses déclinaisons crépusculaires : ressources
                                                              limitées d’une Terre à l’agonie, faux-semblants
                                                                de la science et manipulations politiciennes,
                                                                 illuminations ou hyper-lucidité d’une bande
                                                               de fervents adeptes… Des milliards de miroirs
                                                              respire l’ambition sur plus de 254 pages. Quels
                                                             choix faire face à un effondrement programmé
                                                                   ? Prudence ou action ? La foi ou la science,
                                                                chacun ira de ses aveuglements ou pensées
                                                                     visionnaires, entre pessimisme réaliste et
                                                                                           optimisme idéaliste.

 Robin Cousin flirte intelligemment avec les caricatures et les dogmatismes pour ses personnages, leur
préférant des archétypes pour mieux nuancer son propos : les « déclinologues » ont autant de poids que
les impénitents enthousiastes et certains sont même prêts à changer d’avis. Sans manichéisme donc et
avec un certain talent pour camper une foule de personnages incarnés – le politicien, le lanceur d’alerte,
  le scientifique dissident, les embrigadés avec une mention spéciale pour cet intrigant gourou capable
    de communiquer avec l’au-delà –, Robin Cousin crée un récit vertigineux dans ses questionnements,
 qui accroche et fait réfléchir, sans sacrifier l’idée d’espoir. On a plus de réserves sur la forme car l’album,
         peut-être par peur d’être incompris, est parfois bavard ou répétitif et l’approche narrative un peu
             scolaire. Côté dessin, peu de décors et de l’épure soulignée par des couleurs douces, dans un
dispositif qui laisse toute sa place aux textes. Très intéressant par son fond avec une documentation très
    fine, peut-être davantage plan plan dans sa forme, Des milliards de miroirs rend toutefois palpitante
   cette quête d’un ailleurs fantasmé. Moins pour ce que l’on peut finalement trouver que la manière d’y
                                       arriver. Une pierre de plus dans l’œuvre stimulante de Robin Cousin.

                                                                                        M.Ellis pour BoDoï.info

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L'ÉDITEUR
Fondées en 2002, les éditions FLBLB publient bandes dessi­nées, romans-photos, flip-books, textes
illus­trés, avec un goût prononcé pour le récit (mais pas que), la déri­sion et l’hu­mour (mais pas que),
l’his­toire et le docu­men­taire (mais pas que), en tout cas toujours en lien avec le monde si beau dans
lequel on vit (mais pas que).
On a failli s’ap­pe­ler les éditions Mais pas que, fina­le­ment on a opté pour FLBLB (le bruit que ça fait
quand on tire la langue, « Flebe­leb ! ») vache­ment plus simple à pronon­cer à tous les âges, nour­ris­son,
ado, dans la force de l’âge ou complè­te­ment décré­pit-e.
  www.flblb.com

                                 ZOOMS THéMATIQUES

                   l'écologie
                  la théorie de                   la foi                     l'espace
                l'effondrement

                                                                                                    Théorie de
                                                                                              l'effondrement
                                                                                         https://bit.ly/2o8ZvtE

                                                                                        https://bit.ly/2pxUDhV

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la langue du
diable
  Scénario   éditeur      date de
  & dessin   rackham    publication
   andrea              novembre 2018
  ferraris

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L’HISTOIRE
Le 2 juillet 1831, une éruption volcanique fait émerger une île dans le bras de mer qui sépare la Sicile
de la Tunisie. Sa souveraineté est aussitôt disputée. Dès que la nouvelle se répand, l’Angleterre y
dépêche un bateau et la France y mène une expédition scientifique. Tous veulent être les premiers à
planter leur drapeau sur le point le plus élevé de cette nouvelle terre. Mais, ce jour-là, c’est Salvatore,
humble pêcheur du tout proche port de Sciacca de sortie en mer, qui a assisté à la naissance de l’île.
Quelques jours plus tard, attiré par le spectacle grandiose de l’éruption, il revient sur les lieux et pose
son pied sur la terre brûlante. Il en ramasse machinalement un gros caillou avant de rentrer au port.
La nouvelle de l’exploit de Salvatore s’ébruite et Ferdinand, roi des Deux-Siciles, voyant d’un très
mauvais œil l’intrusion dans ses domaines de deux grandes puissances, fait convoquer Salvatore par
un de ses fidèles : cette terre est sicilienne, un sicilien y a posé le pied en premier et ce caillou en est
la preuve ! On propose donc à Salvatore d’en devenir le gouverneur. C’est une chance inespérée ;
Salvatore n’y voit que la fin de ses peines. Il sera riche, puissant et pourra enfin épouser la belle et
inaccessible Antonia…
S’inspirant d’un fait historique – l’existence éphémère de l’île Ferdinandea –, Andrea Ferraris tisse un
récit où s’entremêlent aventure et roman psychologique. De l’époustouflant coup de crayon de
Ferraris émergent des personnages habités par l’ambition, la passion et la cupidité. Comme un
volcan sorti de la Méditerranée, ils s’agitent, mais demeurent cependant prisonniers de l’ordre et des
conventions sociales qui finiront par les engloutir, tout comme la mer engloutira bientôt l’île
Ferdinandea.

  L'AUTEUR
Andrea Ferraris est né à Gênes en 1966. Il a fréquenté l’école d’illustration et scénographie de Lele
Luzzati et a ensuite travaillé comme scénographe théâtral. Sa passion pour la bande dessinée l’a poussé
à s’installer à Bologne où, comme le dit lui-même, a « eu la chance de rencontrer des maîtres tels
Vittorio Giardino, Andrea Pazienza et Marcello Jori ». En 2011 il a réalisé, avec Giacomo Revelli, une
biographie en bande dessinée d’Ottavio Bottecchia le premier italien à remporter le Tour de France en
1924. Il vit et travaille à Turin.

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AVIS / CRITIQUES
En 1831, une éruption volcanique fait jaillir des flots, au large de la Sicile, une île. L’Angleterre y plante un
drapeau, la France envoie des scientifiques la mesurer et l’étudier. Les grandes puissances maritimes
revendiquent ce bout de caillou fumant au milieu de la Méditerranée. Mais c’est un pêcheur sicilien,
pauvre bougre obsédé par la belle Antonia et une réussite sociale qu’il n’atteindra jamais, qui a posé le
pied le premier sur le volcan et rapporté une pierre, preuve de son exploit. De quoi faire de l’île une
propriété de la Sicile et de son découvreur un gouverneur !

Inspiré d’un fait historique réel, cette Langue du diable est un superbe roman graphique, âpre et
bouleversant, poétique et brûlant, comme un film néo-réaliste italien. D’un crayon épais, noir de lave
et de poussière, Andrea Ferraris sculpte les visages et les corps, ceux de Salvatore surtout, pêcheur qui
s’est un instant vu roi, mais qui n’est qu’un misérable et condamné à le rester. L’auteur de La Cicatrice et
Churubusco brosse avec soin la mer, l’éruption, le volcan, pour rendre les éléments aussi expressifs que
ses personnages. Et il se fait souvent taiseux pour mieux laisser parler les images et entendre souffler
le vent. Métaphore d’un rêve d’ailleurs ou d’une simple élévation sociale, archétype de l’absurdité de la
propriété étatique, La Langue du diable est comme un conte moral dur et amer, qui prend souvent aux
tripes. Audacieux et d’une grande maîtrise.
                                                                           Benjamin Roure pour BoDoï.info

                                                                             L'ÉDITEUR
                                                                        Fondée en 1989 par Alain David et
                                                                        Michel Lablanquie, Rackham compte
                                                                        parmi les plus anciens éditeurs
                                                                        « alternatifs » de bande dessinée
                                                                        encore en activité. Après des débuts
                                                                        marqués par une production nourrie
                                                                        d’affiches, sérigraphies et
                                                                        lithographies, Rackham se lance dans
                                                                        l’édition de bandes dessinées avec
                                                                        une collection qui présente les travaux
                                                                        de jeunes auteurs comme Jean-Pierre
                                                                        Duffour, Lewis Trondheim, Pascal
                                                                        Rabaté, Riff, Kokor… Les livres, de petit
                                                                        format et en noir et blanc, se
                                                                        détachent nettement de la
                                                                        production de l’époque, dominée
                                                                        par les albums cartonnés couleur de
                                                                        48 pages ; l’accueil est mitigé et les
                                                                        ventes très faibles, tant et si bien que
                                                                        Rackham est obligé de suspendre ses
                                                                        activités juste après avoir publié
                                                                        Impasse et rouge de Séra et Sin City
                                                                        de Frank Miller (1994, en co-édition
                                                                        avec Vertige Graphic).

                                                                        L’activité de la maison d’édition
                                                                        reprend en 1999, avec l’arrivée de
                                                                        Latino Imparato – qui auparavant avait
                                                                        co-fondé les éditions Vertige
                                                                        Graphic – qui partage avec Alain David
                                                                        le rôle d’éditeur. Le nouveau départ de
                                                                        Rackham est marqué par la
                                                                        publication de 300 de Frank Miller.

Tournée vers le domaine étranger, et en particulier la bande dessinée américaine, Rackham poursuit
et achève l’édition en français de la série Sin City, tout en publiant des auteurs tels que Joe Sacco,
Daniel Clowes, Peter Bagge, Mike Mignola, Will Eisner, Alberto Breccia, Tony Millionaire, Matt Kindt, Alex
Robinson (prix révélation à Angoulême 2005 pour De mal en pis).

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Parallèlement, Rackham publie des bandes dessinées d’auteurs français (Troubs, Tanitoc, Cren &
Cerqueux, Morvandiau) et élargit son catalogue par la publication d’auteurs italiens et argentins.
Après le départ d’Alain David en 2007, Latino Imparato poursuit seul le développement du catalogue de
Rackham, en y intégrant aussi des auteurs venus d’autres horizons, en particulier l’Espagne et les pays
nordiques. Rackham publie ainsi les auteurs les plus marquants de la nouvelle vague espagnole : Javier
de Isusi, Álvaro Ortiz, David Rubín, Paco Roca, Fermín Solís, Alberto Vázquez… mais aussi les révélations
de la bande dessinée nordique : Kati Kovács, Ville Ranta, Aapo Rapi, Liv Strömquist.
En 2008, en collaboration avec Yvan Alagbé, Rackham crée la collection Le Signe Noir avec l’intention
déclarée d’établir un lien entre passé et avenir de la bande dessinée, entre les ancêtres du récit en
images et les expérimentations qui en annoncent le futur, avec une attention particulière pour ses
formes les plus inattendues. Dans cette collection trouvent ainsi place les rouleaux patua du West
Bengala et les dessins (inédits en français) d’Edward Lear ; au même titre que les strips de Ben Katchor,
la recherche picturale de Kamel Khélif et d’Aude Samama et les récits d’Andrea Bruno, de Carlos Nine ou
de la jeune prodige catalan Conxita Herrero.
Aujourd’hui encore, toujours très attentif à l’évolution du 9e Art, Rackham poursuit sont travail de
découvreur de nouveaux talents, en proposant des auteurs tels Andrea Ferraris, Pietro Scarnera (prix
révélation à Angoulême 2016 pour Une étoile tranquille, portrait sentimental de Primo Levi) et la
polonaise Daria Bogdanska (nominée à Angoulême 2018) tout en continuant à suivre l’œuvre de ses
auteurs « historiques », notamment par l’édition ou la réédition des classiques d’Alberto Breccia.
   www.editions-rackham.com

                                ZOOMS THéMATIQUES

                                                                      l'exploration,
                 la propriété                la pauvreté
                                                                      la découverte

                                                                                         L'île Ferdinandea
                                                                                     https://bit.ly/2nVuDge

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la traversée
  Scénario     éditeur         date de
  & dessin   éditions 2024   publication
  clément                    janvier 2019
   paurd

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L’HISTOIRE
— La Guerre fait de la pâtée des héros et des justiciers.

Le soldat Firmin et son Capitaine arpentent une ligne d’horizon sans fin. Tandis que le Capitaine,
sentencieux et sûr de lui, soliloque sur l’Ennemi à pourfendre, Firmin ironise sur leur situation de
soldats en errance : séparés de leur régiment, ils cherchent à retrouver le front. Mais le chemin n’est
pas tracé, et la bataille semble se jouer toujours un peu plus loin… Faute de fracas et de combats, nos
soldats traversent une nature silencieuse ; pourtant, si la Guerre semble se dérober, ses
stigmates sont tout aussi assourdissants… Un vieillard qui sombre dans la folie, une mère près d’un
bûcher, une auberge pillée : les notes se font dissonantes et viennent ébranler la foi et la raison de
nos deux compères. Firmin, tantôt candide, tantôt piquant, et le Capitaine, que son amour de la
Patrie aveugle souvent, déambulent d’une rencontre à l’autre, comme menés par un invisible joueur
de flûte — et leur voyage devient initiation.

   L'AUTEUR
Clément Paurd, dont la Traversée est la première bande dessinée, partage plus que son immense talent
avec une proportion significative du catalogue 2024 : il est trentenaire, plutôt barbu, plutôt grand et il
est diplômé de l'atelier d'illustration de la HEAR (qu'on appelait encore les Arts décoratifs de Strasbourg).
Ses compagnons de l'époque s'appellent alors Léon Maret, Guillaume Chauchat, Matthias Arégui,
Étienne Chaize… Il fait ainsi partie de la glorieuse aventure Belles Illustrations, classieux fanzine paru
entre 2008 et 2011. Il est aussi, dans cette période, lauréat du concours Jeunes Talents d'Angoulême.
Firmin et son Capitaine, héros de cette Traversée, font d'ailleurs leur première apparition dès le numéro 1
de Belles Illustrations ! Mis en sommeil et repris plusieurs fois, ce livre mûrit ainsi depuis près de dix ans !
Les images de Clément apparaissent ensuite dans Libération, XXI, ou aux éditions Gallimard Jeunesse.
Il accompagne aussi, pendant quelques temps, Jean-Christophe Menu dans l'aventure éditoriale
l'Apocalypse. Le regard tourné vers l’horizon, fort d’une bravoure et d’une curiosité sans borne, il a
bourlingué en mobylette tout autour du monde, vécu à Paris, puis Montréal, puis Paris.
Depuis cette année, il enseigne l’illustration au sein de la HEAD de Genève.

                                                             AVIS / CRITIQUES
                                                                Un soldat et son capitaine cheminent dans la
                                                                 lande. Ils cherchent à regagner le front. Mais
                                                                  ils ne croisent que des cailloux, des paysans
                                                                        contraints à l’exode, des croque-morts,
                                                                    une caverne interminable, des aubergistes
                                                            revanchards. Un chien, un bouc. Et des cadavres.
                                                                                                             [...]
                                                              La Traversée fait partie des livres qui comptent
                                                             et qui resteront. Petit théâtre acide et absurde à
                                                            la Beckett, inspiré des images du XIXe siècle – ces
                                                               petits soldats de papier à découper pour créer
                                                               un champ de bataille à hauteur d’enfant –, cet
                                                              épais album met ainsi en scène des silhouettes
                                                             dialoguant dans le vide laissé par la guerre. Une
                                                             guerre invisible, lointaine et pourtant si palpable
                                                              dans ses conséquences : terre brûlée, habitants
                                                                         devenus meurtriers ou fous, animaux
                                                                                                    désorientés.
                                                                  Au fur et à mesure de leur route sinueuse, la
                                                           nature du duo officier-trouffion va se transformer.
                                                            De hiérarchiques et humiliants, les rapports vont
                                                            devenir quasi fraternels, car au final, les hommes
                                                            sont tous de la chair à canon et leurs cendres ont
                                                                                          toutes le même goût.

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Économe en mots mais pas avare d’efforts de mise en scène, Clément Paurd trouve très vite le ton et
le rythme justes. En apparence répétitifs, ses dessins sans case sont en réalité d’une grande subtilité. La
ligne fine et souple joue sur les détails mouvants des postures, des détails de l’anatomie ou des
costumes pour suggérer les émotions. Et l’on se laisse embarquer, s’insurgeant, frémissant, riant
(rarement) avec ces deux compères de galère, au destin forcément funeste. Car tout est d’une grande
précision, dans le trait comme dans la mise en page, alternant strips et double-pages, faisant naviguer
les protagonistes dans tous les sens et tourner la tête du lecteur. Qui refermera le livre étourdi,
impressionné et ému aux larmes.
                                                                           Benjamin Roure pour BoDoï.info

   L'ÉDITEUR

Les éditions 2024 voient le jour en 2010 par un jour d’insouciance certain. Si l’on tente de résumer en
quelques propositions intelligibles ce qui les anime encore, on obtient : créer un catalogue de livres
illustrés et de bandes dessinées, accompagner des démarches d’auteurs cohérentes, et soigner la
fabrication des livres. Leur cœur palpite d’abord pour de jeunes autrices et auteurs talentueux, comme
Sophie Guerrive, Simon Roussin, Matthias Picard... mais ils aiment également, de temps à autres,
remettre en lumière quelques chefs d’œuvres du patrimoine dessiné. Ils crééent également de façon
régulière d’étourdissantes expositions prolongeant l’univers de leurs livres.
2019 marque pour eux le début d’une nouvelle aventure, avec la création de notre collection de livres
jeunesse : 4048 !
Et en 2024 ? la Terre explosera sûrement d’ici là et leurs livres — lumineux météores — seront projetés
aux quatre coins de la voie lactée... glorieux destin !
    www.editions2024.com

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COMMENTAIRES DE L'AUTEUR
                                                          « Courage ! Mais obéissance »
                                                          « Firmin et son capitaine semblent égarés sur une
                                                          route. A ce stade du livre — le premier chapitre,
                                                          qui figure l’aube —, on ne connaît ni leur mission,
                                                          ni leur objectif. Ils commencent à parler et à
                                                          donner des bribes d’informations sur qui ils sont
                                                          : un soldat d’infanterie, simple fantassin (Firmin)
                                                          et son supérieur qui, sur cette page, lui donne
                                                          une leçon sur sa couardise. La langue de terre sur
                                                          laquelle ils avancent semble se transformer au fil
                                                          de leur marche, faire corps avec leurs fantasmes ou
                                                          craintes, et accentue leurs émotions. Elle va prendre
                                                          la forme de soldats menaçants… Pour la mise en
                                                          scène, j’ai choisi de répéter les mêmes personnages
                                                          plusieurs fois sur la même ligne ; c’est une astuce
                                                          graphique qui permet de ne pas utiliser les cases,
                                                          ou d’autres codes classiques de la bande dessinée.
                                                          J’ai préféré utiliser la couleur (sombre, un dégradé
                                                          de bleu et rouge sombre) plutôt que le noir et blanc
                                                          pour rendre plus lisible les détails des silhouettes : la
                                                          lanière du fusil, le chapeau…
                                                          J’ai dessiné cette séquence de l’aube il y a dix ans
                                                          — c’est un chapitre que je ne peux plus voir en
                                                          peinture ! Je trouve, maintenant, le trait assez figé.
                                                          La Traversée était au départ une histoire en six
                                                          pages imaginée pour une revue d’étudiants, quand
                                                          j’étais aux Arts Déco de Strasbourg. Un copain
                                                          m’avait conseillé d’en faire un récit au long cours,
                                                          et, pour mon projet de diplôme de fin d’études, j’en
avais réalisé soixante-dix pages. Mes démarches auprès des éditeurs ne menant nulle part, j’avais mis
l’idée de côté. Et puis j’ai fait du dessin de presse, de l’illustration et des travaux pour la jeunesse, j’ai aussi
officié dans l’édition au côté de Jean-Christophe Menu, pour L’Apocalypse, et j’ai vécu à Montréal — où
j’ai terminé le crayonné du livre. En 2015, les éditions 2024 se sont montrées intéressées. »

Dommage collatéral
« Ces deux soldats en quête de guerre vont en voir les
conséquences : la famine, un exil rural, un charnier… et
aussi une maison incendiée. Nous sommes ici au début du
chapitre “zénith” qui, comme son nom l’indique, baigne
dans une lumière zénithale. C’est la séquence de toutes
les rencontres, elle est donc beaucoup plus bavarde. Après
avoir traité mes héros comme des stéréotypes, je tente de
leur insuffler une personnalité plus fine. Ici, les voilà face
à un incendie : une femme veut entrer dans sa maison
en flammes, tandis que son fils essaye de la retenir.
Firmin s’interpose. On comprend qu’il y a eu des victimes,
probablement les enfants de la femme — on verra
ensuite qu’il s’agit d’animaux. Evidemment, La Traversée
est un récit antimilitariste. Ses protagonistes prennent
conscience que leur mission, la guerre, est absurde. Pour
imaginer Firmin et son capitaine, je me suis inspiré d’une
tradition d’images populaires de Wissembourg, en Alsace
: des bataillons de soldats en papier que les enfants
découpaient à la fin du XIXe siècle. Je me suis fixé comme
contrainte un dessin plat, en deux dimensions - que je
joue parfois à déformer un peu. J’ai aussi puisé dans mon
goût pour le théâtre (que j’ai pratiqué en amateur quand
j’étais adolescent et jeune adulte).
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