RAPPORT PLANÈTE VIVANTE 2008 - conservation-development.net
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
TABLE DES MATIERES Avant-propos 1 Le WWF EDITEUR EN CHEF WWF INTERNATIONAL est l’une des organisations Chris Hails Avenue du Mont-Blanc indépendantes pour la conservation CH-1196 Gland INTRODUCTION 2 EDITEURS de la nature les plus importantes et Suisse Biodiversité, services fournis par les les plus expérimentées au monde. Sarah Humphrey www.panda.org Elle compte près de 5 millions Jonathan Loh écosystèmes et empreinte de l'humanité 4 d’adhérents et un réseau mondial Steven Goldfinger ZOOLOGICAL SOCIETY OF actif dans plus de 100 pays. La LONDON LES FAITS 6 mission du WWF est de stopper la REDACTEURS Zoological Society of London dégradation de l’environnement WWF Regent’s Park Indice Planète Vivante global 6 naturel de la planète et de construire Sarah Humphrey Londres NW1 4RY, UK Systèmes et biomes 8 un avenir où les humains vivent en Ashok Chapagain www.zoo.cam.ac.uk/ioz/projects/ Les domaines biogéographiques 10 harmonie avec la nature. Greg Bourne indicators_livingplanet.htm Richard Mott Les espèces 12 Judy Oglethorpe GLOBAL FOOTPRINT NETWORK Empreinte écologique des pays 14 ZOOLOGICAL SOCIETY OF Aimee Gonzales 312 Clay Street, Suite 300 LONDON Martin Atkin Oakland, California 94607 Biocapacité 16 Fondée en 1826, la Société Etats-Unis Empreinte eau de consommation 18 Zoologique de Londres (Zoological ZSL www.footprintnetwork.org Empreinte eau de production 20 Society of London-ZSL) est une Jonathan Loh organisation internationale Ben Collen TWENTE WATER CENTRE d’éducation et de protection de la Louise McRae University of Twente INVERSER LA TENDANCE 22 nature. Sa mission est de promouvoir Tharsila T. Carranza 7500 AE Enschede et d’obtenir la protection des animaux Fiona A. Pamplin Pays-Bas La voie de la durabilité 22 Rajan Amin et de leurs habitats à travers le www.water.utwente.nl Le défi énergétique 24 monde. ZSL gère le Zoo de Londres Jonathan E.M. Baillie Démographie et consommation 26 ZSL et le Zoo de Whipsnade ZSL, effectue des recherches scientifiques GFN Commerce mondial 28 à l’Institut de Zoologie et est actif Steven Goldfinger Gérer la biocapacité : mondialement dans le domaine de Mathis Wackernagel la protection de la nature. Meredith Stechbart une approche écosystémique 30 Sarah Rizk Anders Reed Justin Kitzes DONNEES ET TABLEAUX 32 LE GLOBAL FOOTPRINT Audrey Peller NETWORK (GFN) Empreinte écologique, biocapacité, et propose l’Empreinte Ecologique Shiva Niazi Brad Ewing empreinte eau 32 comme outil de mesure de la Alessandro Galli Indice Planète Vivante, empreinte écologique, durabilité afin de promouvoir une Yoshihiko Wada économie durable. Le réseau, en biocapacité et empreinte eau, évolution 40 Dan Moran accord avec ses partenaires, Robert Williams Indice Planète Vivante : nombre d'espèces 40 coordonne la recherche, développe Willy De Backer des standards méthodologiques Indice Planète Vivante : notes techniques 41 et fournit une comptabilité des TWENTE Empreinte écologique : les questions les ressources aux décideurs, afin Arjen Y. Hoekstra plus fréquentes 42 d’aider l’économie humaine à Mesfin Mekonnen opérer dans les limites écologiques de la Terre. Sources et lectures recommandées 44 Remerciements 45
AVA N T- P R O P O S ’économie mondiale va mal. Financièrement, nous vivons biocarburants, et à certains endroits, en raison de la diminution de services fournis par la Terre - nous devons également mieux gérer L au-delà de nos moyens. Mais une récession financière n’est rien en comparaison de la menace d'un resserrement du crédit écologique. l'approvisionnement en eau. Pour la première fois dans l'histoire, l'été dernier a vu la calotte glaciaire arctique entourée par l'eau – ayant littéralement fondu sous l'impact de notre empreinte carbone. les écosystèmes qui fournissent ces services. Pour réussir, nous devons gérer les ressources selon les conditions de la nature et à l'échelle de la nature. Cela signifie que les décisions dans chaque Le resserrement du crédit écologique est un défi mondial. Le secteur, comme l'agriculture ou la pêche, doivent être prises avec Que nous vivions à la lisière de la forêt ou au cœur des villes, nos Rapport Planète Vivante 2008 nous indique que plus des trois une vue sur les conséquences écologiques à plus grande échelle. moyens de subsistance, et donc nos vies, dépendent des services quarts de la population mondiale vit dans des pays qui sont Cela signifie également que nous devons trouver les moyens de les fournis par les systèmes naturels de la Terre. Le Rapport Planète débiteurs écologiques - leur consommation nationale ayant dépassé gérer au-delà de nos propres frontières - les limites de propriété Vivante 2008 nous indique que nous consommons les ressources la biocapacité de leur pays. Ainsi, la plupart d'entre nous fondons comme les frontières politiques – de manière à prendre soin de qui sous-tendent ces services beaucoup trop vite ; plus vite qu'elles notre style de vie, et notre croissance économique, sur l'exploitation l'écosystème dans son ensemble. ne peuvent être reconstituées. Tout comme des dépenses (et de plus en plus la surexploitation) du capital écologique d'autres Il y a près de quatre décennies que les astronautes d'Apollo 8 ont inconsidérées sont à l'origine de la récession, la consommation parties du monde. pris le cliché désormais célèbre du "Lever de Terre", offrant aux inconsidérée épuise le capital naturel mondial à un point tel que La bonne nouvelle est que nous avons les moyens d'inverser cette hommes une vue inédite de la planète Terre. Durant les deux nous mettons en danger notre prospérité future. L'Indice Planète tendance ; il n'est pas trop tard pour prévenir une récession générations suivantes, le monde est passé d'un état de crédit Vivante montre que, au cours des 35 dernières années, les écologique irréversible. Ce Rapport identifie les domaines clés où écologique à celui de déficit écologique. L'espèce humaine jouit populations d'espèces sauvages de la planète ont régressé d'un tiers. transformer nos modes de vie et nos économies afin de les placer d’un potentiel remarquable d'ingéniosité et de capacité à résoudre Pourtant, nos demandes ne cessent de s'intensifier, tirées par une sur une trajectoire plus durable. les problèmes. Cet esprit qui a permis à l'homme d’aller sur la Lune croissance incessante de la population humaine et de la L'ampleur du défi semble parfois écrasante, raison pour laquelle doit aujourd'hui libérer les générations futures du poids écrasant de consommation individuelle. Notre empreinte écologique mondiale nous avons introduit le concept de "leviers de durabilité" pour lutter la dette écologique. dépasse maintenant la capacité de régénération de la planète contre la surexploitation écologique. Cette analyse par levier nous d'environ 30 pour cent. Si nos demandes se maintiennent à la même permet de décomposer les différents facteurs de surexploitation et cadence, nous aurons besoin, vers le milieu des années 2030, de de proposer des solutions différentes pour chacun. Pour le plus l'équivalent de deux planètes pour maintenir notre mode de vie. Et grand des défis actuels, la « Vision énergétique du WWF pour James P. Leape le Rapport de cette année pointe, pour la première fois, l'impact de 2050 » (WWF Climate Solutions Model) montre ainsi comment on Directeur général du WWF International notre consommation des ressources en eau de la Terre et notre peut répondre à la croissance prévue de la demande mondiale en vulnérabilité à la pénurie d'eau dans de nombreux endroits. services énergétiques d’ici 2050, tout en réalisant d'importantes Ces tendances générales ont des conséquences très concrètes, et réductions des émissions de gaz à effet de serre. nous les avons vues cette année sur les manchettes des quotidiens. Fondamentalement, ce modèle souligne la nécessité de prendre des Les prix mondiaux pour de nombreuses cultures ont atteint des mesures immédiates pour freiner les changements climatiques niveaux records, en grande partie à cause du boom de la demande dangereux. pour les denrées alimentaires, l'alimentation pour le bétail et les En agissant pour réduire notre empreinte - et notre impact sur les RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008 1
INTRODUCTION Nous n'avons qu'une seule planète. Sa capacité de 30% au cours des 35 dernières années s'épuisent et les déchets s'accumulent dans souffrant de pénuries d'eau toute l'année ou de à supporter une diversité d'espèces, humains (Figure 1). Pour la première fois dans ce l'air, la terre et l'eau. La déforestation, la manière saisonnière devrait augmenter en inclus, est grande mais fondamentalement Rapport, le volume des données disponibles pénurie d'eau, le déclin de la biodiversité et le raison du changement climatique. Cela ne peut limitée. Lorsque la demande de l'homme par dans l'Indice Planète Vivante a permis changement climatique qui en résultent qu’avoir que des implications profondes sur la rapport à cette capacité excède ce qui est d'analyser l'évolution des populations mettent de plus en plus en péril le bien-être et santé des écosystèmes, de la production disponible - quand nous dépassons les limites d'espèces par domaine biogéographique, par le développement de toutes les nations. alimentaire et du bien-être de l'humanité. écologiques - nous érodons le capital santé des groupe taxonomique, ainsi que par biome. Les pénuries d'eau sont de plus en plus La pression de l'humanité sur la planète a systèmes vivants de la Terre. En fin de compte, Bien que la perte de biodiversité se soit préoccupantes dans de nombreux pays et plus que doublé au cours des 45 dernières cette perte menace le bien-être de l'humanité. stabilisée dans certaines zones tempérées, régions. La présente édition du Rapport années en raison de la croissance Ce Rapport s'appuie sur deux mesures l'Indice Planète Vivante global continue de comprend donc une troisième mesure, démographique et de l'augmentation de la complémentaires pour étudier l'évolution de la montrer un déclin. Il semble de plus en plus l'empreinte eau, qui reflète la pression sur les consommation individuelle. En 1961, presque biodiversité mondiale et de la consommation improbable d'atteindre l'objectif, pourtant ressources en eau, à l'échelon national, tous les pays du monde avaient plus que humaine. L'Indice Planète Vivante reflète l'état modeste, de la Convention sur la Diversité régional ou mondial, résultant de la suffisamment la capacité de répondre à leur des écosystèmes de la planète tandis que biologique, de réduire l'érosion de la consommation de biens et de services. Bien propre demande. En 2005, la situation a l'empreinte écologique montre l'étendue et le biodiversité mondiale d'ici 2010. que l'eau ne soit pas considérée comme une radicalement changé. Aujourd’hui, de type de pression que l'homme exerce sur ces La demande de l'humanité en ressources ressource rare au niveau mondial, sa nombreux pays ne sont plus en mesure de systèmes. vivantes de la planète, son empreinte répartition et sa disponibilité sont très inégales répondre à leurs besoins que par l'importation L'Indice Planète Vivante de la biodiversité écologique, dépasse maintenant la capacité de tant sur le plan géographique que dans le de ressources provenant d'autres nations et par globale, tel que mesuré ici pour les régénération de la planète d'environ 30% temps. Une cinquantaine de pays sont l’utilisation de l'atmosphère comme une populations de 1686 espèces de vertébrés dans (Figure 2). Cette surexploitation globale actuellement confrontés à un stress hydrique décharge pour le dioxyde de carbone et les toutes les régions du monde, a diminué de près augmente et, par conséquent, les écosystèmes modéré ou grave, et le nombre de personnes autres gaz à effet de serre (Figure 3). Dans un Fig. 1 : INDICE PLANETE VIVANTE, 1970–2005 Fig. 2 : EMPREINTE ECOLOGIQUE DE L’HUMANITE, 1961-2005 1,8 1,8 1,6 1,6 1,4 1,4 Indice Planète Vivante (1970=1) Nombre de planètes Terre 1,2 1,2 Biocapacité mondiale 1,0 1,0 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 1960 1970 1980 1990 2000 05 1960 1970 1980 1990 2000 05 2 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008
monde surexploité, les pays débiteurs rencontrer les prévisions de 2050 concernant la robustes face à ce qui doit être fait. Si Figure 1 : Indice Planète Vivante. L'indice INTRODUCTION écologiques sont particulièrement en danger de demande en services énergétiques avec l'humanité en a la volonté, elle a les moyens global montre que les populations d'espèces de surexploitation locale et mondiale et sont d'importantes réductions dans les émissions de vivre dans les limites de la planète, tout en vertébrés ont régressé de près de 30% de 1970 menacés de voir se dégrader les services associées de dioxyde de carbone. garantissant le bien-être des hommes et des à 2005. rendus par leurs écosystèmes et dont Le transfert de technologie et le soutien à écosystèmes dont elle dépend. l'humanité dépend. l'innovation locale peuvent aider les économies Figure 2 : Empreinte écologique de Si nous ne faisons rien (scénario "business émergentes à maximiser leur bien-être tout l'humanité. La pression de l'homme sur la as usual"), au début des années 2030 nous évitant les phases de l’industrialisation biosphère a plus que doublé entre 1961 et aurons besoin de deux planètes pour satisfaire gourmandes en énergie. Les villes, qui abritent 2005. la demande en biens et services de l'humanité. actuellement plus de la moitié de la population Mais il existe de nombreux moyens efficaces humaine, peuvent être conçues pour soutenir Figure 3 : Pays créditeurs et débiteurs pour changer de cap. Bien que l'évolution des modes de vie agréables, tout en réduisant écologiques. Les pays débiteurs ont une technologique continuera à jouer un rôle au minimum la pression sur les écosystèmes empreinte écologique supérieure à leur propre important dans le défi de la durabilité, une locaux et mondiaux. L'autonomisation et biocapacité ; les pays créditeurs ont une grande partie de ce qu'il faut faire est déjà l'éducation des femmes, l'accès à la empreinte écologique inférieure à leur propre connu, et les solutions sont disponibles dès planification familiale peuvent ralentir, voire biocapacité. aujourd'hui. Ce Rapport met en avant une inverser la croissance de la population. approche par « leviers de durabilité » pour L'empreinte écologique - mesure de la illustrer le passage à l'énergie propre et à pression de l'homme sur la nature - et l'Indice l'efficacité énergétique. Au départ des Planète Vivante - mesure de la santé globale technologies actuelles, il est possible de de la nature - servent de repères clairs et Fig. 3 : PAYS DEBITEURS ET Dettes écologiques : Empreinte par rapport à la biocapacité Plus de 150 % supérieure De 100 à 150 % supérieure De 50 à 100 % supérieure De 0 à 50 % supérieure CREDITEURS ECOLOGIQUES, Crédits écologiques : Biocapacité par rapport à l empreinte De 0 à 50 % supérieure De 50 à 100 % supérieure De 100 à 150 % supérieure Plus de 150 % supérieure 1961 et 2005 Données insuffisantes 1961 2005 (frontières de 2005) RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008 3
BIODIVERSITÉ, SERVICES FOURNIS PAR LES ÉCOSYSTÈMES ET EMPREINTE D L'Indice Planète Vivante est formel : tout à se régénérer elle-même. C’est la principale de montagne ainsi que dans les écosystèmes ■ des services de régulation du climat et des autour de la planète et dans tous les milieux, menace pour la biodiversité marine. La surpêche côtiers et marins, tels les récifs coralliens. Les crues, de purification de l'eau, de les écosystèmes naturels et les espèces a en effet décimé de nombreux stocks d'espèces impacts futurs sont difficiles à prévoir à l'échelle pollinisation et de régulation des ravageurs sauvages sont mis à rude épreuve. Les commerciales de poissons. La surexploitation locale, mais il est certain que tout écosystème ■ des services culturels (y compris esthétiques, menaces anthropogéniques directes sur la menace aussi de nombreuses espèces terrestres, est sensible au changement des températures ou spirituels, éducatifs et récréatifs) biodiversité sont de 5 ordres : en particulier parmi les mammifères des forêts des conditions météorologiques. ■ disparition, fragmentation ou transformation tropicales chassés pour leur viande. La Toutes ces menaces sont clairement le Chacun de ces services provient en fin de des habitats, consécutivement aux activités surexploitation du bois, notamment du bois de résultat de pressions qui s’exercent à distance et compte d'organismes vivants. Toutefois, ce n'est agricoles chauffage, a également dévasté des forêts de manière indirecte. Ces pressions résultent des pas la diversité biologique en soi qui sous-tend ■ surexploitation des espèces, notamment par entières et leurs populations tant végétales besoins humains en nourriture, eau, énergie et les services de l'écosystème, mais l'abondance les activités de pêche et de chasse qu’animales. matériaux. La population mondiale et l'économie de certaines espèces essentielles à la fourniture ■ pollution des milieux Des espèces introduites, délibérément ou par ne cessant de croître, il en va de même des de ces services. Une diminution critique d’une ■ propagation d’espèces ou de gènes invasifs hasard, dans un milieu différent de leur milieu pressions sur la biosphère. Si toutefois de ces espèces à une échelle locale aura un ■ changement climatique. d’origine prolifèrent et deviennent concurrentes, l’efficience technologique et d'utilisation des impact négatif sur les services des écosystèmes, prédatrices ou parasites des espèces en place. ressources s'améliorent, cette pression peut même si, à l’échelle mondiale, cette espèce n'est Les pressions sur la biosphère résultent de Ces espèces qualifiées d’invasives sont s'alléger. L'empreinte écologique est une mesure pas menacée. l’exploitation et de la consommation de responsables du déclin de nombreuses globale de la pression que notre consommation Le MA a montré que l'érosion de la ressources naturelles pour notre alimentation, populations d'espèces indigènes. Ce phénomène en ressources fait peser sur les écosystèmes et biodiversité contribue à l'insécurité alimentaire pour la production de l’énergie et des matériaux est particulièrement important sur les îles et dans les espèces. Comprendre les interactions entre la et énergétique, accroît la vulnérabilité aux dont nous avons besoin et de l’élimination des les écosystèmes d'eau douce, où il semble être la diversité biologique, les facteurs à l'origine de catastrophes naturelles comme les inondations déchets associés. Ces pressions sont également principale menace pour les espèces endémiques. l'érosion de cette biodiversité, et l'empreinte de ou les cyclones, affecte la santé, réduit la liées au déplacement des écosystèmes naturels La pollution est une autre cause importante l'humanité est fondamental pour ralentir, enrayer disponibilité et la qualité de l'eau et fragilise le en raison de l’expansion des villes et des de la perte de biodiversité, en particulier dans les et inverser le déclin des écosystèmes et des patrimoine culturel. infrastructures (voir Figure 4). En outre, les flux écosystèmes aquatiques. La charge excessive en populations d'espèces sauvages. La plupart des services (de support, de massifs de biens et de personnes dans le monde nutriments, qui résulte de l'utilisation croissante régulation et culturels) fournis par les sont devenus un vecteur de propagation d'engrais azotés et phosphatés dans l'agriculture, écosystèmes ne sont ni achetés ni vendus d'espèces exotiques et de maladies. favorise la prolifération des végétaux aquatiques SERVICES ÉCOLOGIQUES commercialement et n'ont donc pas de valeur Les habitats naturels disparaissent, sont qui épuisent rapidement l'oxygène dissous dans L'humanité dépend de la bonne santé des marchande. Leur déclin n'envoie donc pas de modifiés ou fragmentés du fait de leur l’eau. C’est le phénomène d’eutrophisation. écosystèmes : ce sont eux qui supportent ou signal d'alerte vers l'économie locale ou conversion à des fins agricoles, d’élevage, Cette pollution peut être renforcée par améliorent notre qualité de vie, et sans eux, la mondiale. Les marchés conduisent à des d’aquaculture ou via leur lotissement industriel l’utilisation de pesticides en agriculture et en Terre serait inhabitable. L’Évaluation des décisions quant à l'utilisation des ressources qui ou urbain. Les cours d'eau sont canalisés et aquaculture ou par les rejets de déchets écosystèmes pour le Millénaire (Millennium maximisent les profits des producteurs et des modifiés pour l'irrigation, l'énergie hydraulique industriels ou miniers. Par ailleurs, ecosystem Assessment) (MA) décrit quatre consommateurs individuels ; décisions qui ou la régulation de leur débit. Même les l'augmentation de la concentration catégories de services fournis par les portent fréquemment atteinte à la biodiversité et écosystèmes marins, en particulier les fonds atmosphérique en dioxyde de carbone provoque écosystèmes, à commencer par les plus aux services des écosystèmes sur lesquels la marins, sont physiquement dégradés par le l'acidification des océans, susceptible d'avoir des fondamentaux : production et la consommation reposent in fine. chalutage, la construction et les industries effets à grande échelle, en particulier sur les ■ des services de soutien tels que le cycle des Quantifier la valeur de la biodiversité pour le extractives. organismes à coquille et les récifs coralliens. nutriments, la formation des sols et la bien-être de l'homme, bien que ce soit La surexploitation des populations d’espèces Dans les décennies à venir, la plus grande production primaire difficilement faisable en termes monétaires, survient quand une population d’espèces menace pour la biodiversité sera certainement le ■ des services d'approvisionnement en pourrait faire la différence entre une planète qui sauvages est exploitée pour l’alimentation, les changement climatique. Les premiers impacts se nourriture, en eau douce, en matières peut supporter son humanité, et une planète qui matériaux ou la médecine au-delà de sa capacité ressentent déjà dans les écosystèmes polaires et premières ou en combustibles ne le peut pas. 4 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008
E L'HUMANITÉ Fig. 4 : EROSION DE LA BIODIVERSITE, PRESSIONS HUMAINES ET EMPREINTE ECOLOGIQUE, relations de cause à effet INTRODUCTION EMPREINTE ECOLOGIQUE / FACTEURS INDIRECTS DE L'EROSION MENACES SECTEURS DE CONSOMMATION DE LA BIODIVERSITE / ACTIVITES HUMAINES PRESSIONS DIRECTES SUR LA BIODIVERSITE OU PRESSIONS Bois, papier et fibres Production de bois, pulpe et papier Perte et fragmentation des forêts, des régions Bois de chauffage Récolte de bois de chauffage boisées et de la mangrove Cultures vivrières, cultures Conversion en terres agricoles Perte et dégradation des prairies et savanes d'oléagineux, cultures de fibres Conversion en pâtures PERTE D'HABITAT Viande, produits laitiers, œufs, peaux Conversion à l'aquaculture Fragmentation des rivières et régulation des cours d'eau Poissons et fruits de mer d'élevage Conversion en zones urbanisées Destruction des récifs coralliens et des habitats côtiers Construction, ciment et construction de routes Construction de barrages Destruction des habitats benthiques Mines et métaux Pêche au chalutier Surpêche Viande, poissons et fruits Pêche à la ligne Prises accessoires SUREXPLOITATION de mer sauvages Chasse de viande de brousse Surexploitation des espèces terrestres et aquatiques Commerce des espèces sauvages Eutrophisation et prolifération d'algues toxiques Emissions d'azote et de soufre Pluies acides Eau à usage domestique Déchets organiques Pesticides et produits chimiques toxiques POLLUTION Transformation industrielle Utilisation dans l'agrochimie Déchets et contamination miniers Déversements d'hydrocarbures Acidification des océans Espèces marines invasives Expédition par bateau ESPECES Transport Commerce Espèces d'eau douce invasives EXOTIQUES Introduction délibérée ou non Tourisme INVASIVES d'espèces exotiques Espèces terrestres invasives, en particulier sur les petites îles Dégradation des milieux arctique et alpin Fonte de la banquise polaire Emissions de dioxyde de CHANGEMENT Utilisation d'énergie Blanchissement et mort des récifs coralliens carbone, méthane et autres CLIMATIQUE Combustion d'énergies fossiles gaz à effet de serre Modification de cycles saisonniers Destruction des forêts due à la sécheresse et désertification Perte de zones humides saisonnières RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008 5
I N D I C E P L A N È T E V I VA N T E : G L O B A L L'Indice Planète Vivante (IPV) est un le même poids aux tendances générales des Cette différence marquée entre les tendances Figure 6 : Indice Planète Vivante Tempéré indicateur conçu pour surveiller l'état de la espèces terrestres, d'eau douce ou marines. des populations tempérées et tropicales est L'indice montre une augmentation moyenne de biodiversité dans le monde. Cet indice suit les L'indice tropical est calculé sur base de manifeste pour les trois types d’espèces, 6% entre 1970 et 2005 dans 3309 populations tendances d'un grand nombre de populations populations d'espèces terrestres et d'eau douce terrestres, d'eau douce et marines. Cela ne veut de 1235 espèces*. On attribue des poids égaux d'espèces de la même façon qu'un indice appartenant aux domaines biogéographiques pas dire, toutefois, que la biodiversité tropicale aux tendances générales des espèces terrestres, boursier suit la valeur d'un panier d'actions ou afrotropical, indo-pacifique et néotropical ainsi soit dans un pire état que la biodiversité d'eau douce et marines. qu’un indice des prix reflète le coût du "panier que de populations d'espèces marines de la zone tempérée. Si on pouvait remonter des siècles en de la ménagère". L'IPV se base sur le suivi de située entre les tropiques du Cancer et du arrière pour calculer ces indices plutôt que Figure 7 : Indice Planète Vivante Tropical près de 5000 populations de 1686 espèces de Capricorne. quelques décennies, l’indice tempéré pourrait L'indice montre une diminution générale de 51% mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et L'indice tempéré est établi sur base de bien montrer un déclin égal, sinon plus grand, de 1970 à 2005 pour 1333 populations de 585 poissons autour du globe. Une moyenne de populations d'espèces terrestres et d'eau douce que l’indice tropical. Quoi qu'il en soit, l'indice espèces*. On attribue des poids égaux aux l’évolution des populations de chacune des domaines biogéographiques paléarctique et tropical révèle un recul grave et permanent de la tendances moyennes des espèces terrestres, de ces espèces est ensuite calculée et néarctique ainsi que de populations d'espèces biodiversité dans les écosystèmes tropicaux. d'eau douce et marines. exprimée par rapport à 1970, année de marines au nord ou au sud des tropiques (voir * Note: Certaines espèces se retrouvent à la fois dans les zones référence pour laquelle l'indice a été Figure 8). Figure 5 : Indice Planète Vivante Global tempérées et dans les régions tropicales. arbitrairement fixé à 1,0. L'indice global montre une diminution Le graphique montre une diminution moyenne de Au niveau mondial, l'IPV global est la généralisée de près de 30% entre 1970 à 2005 28% de 1970 à 2005 dans 4642 populations de somme de deux indices auxquels on attribue le (Figure 5). L'indice tropical a chuté d'environ 1686 espèces*. On attribue des poids égaux aux même poids : l’IPV des régions tempérées et 50% alors que celui des régions tempérées ne tendances moyennes tempérée et tropicale. polaires et l'IPV tropical. Dans le calcul des montre que peu de changement sur la même indices tropical et tempéré, on donne également période (Figures 6 et 7). Fig. 5 : INDICE PLANETE VIVANTE GLOBAL, Fig. 6 : INDICE PLANETE VIVANTE TEMPERE, Fig. 7 : INDICE PLANETE VIVANTE TROPICAL, 1970–2005 1970–2005 1970–2005 1,8 1,8 1,8 1,6 1,6 1,6 1,4 1,4 1,4 1,2 1,2 1,2 Indice (1970=1) Indice (1970=1) Indice (1970=1) 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 Indice Global Indice Tempéré Indice Tropical 0,4 0,4 0,4 Intervalle de confiance Intervalle de confiance Intervalle de confiance 0,2 0,2 0,2 0 0 0 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 6 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008
Paléarctique Néarctique Tropique du Cancer Océanien LES FAITS Océanien Indo-Malaisien Tropique du Capricorne Néotropical Afrotropical Australasien Antarctique Fig. 8 : DOMAINES BIOGEOGRAPHIQUES ET BIOMES TERRESTRES Forêts feuillues humides, tropicales et subtropicales Prairies et savanes inondées Forêts feuillues sèches, tropicales et subtropicales Prairies et zones arbustives montagneuses Forêts tropicales et subtropicales de conifères Toundras Forêts tempérées de feuillus et mixtes Forêts, bois et broussailles méditerranéennes Forêts tempérées de conifères Déserts et zones arbustives xérites Forêts boréales / Taïga Mangroves Prairies, savanes et savanes arbustives tropicales et subtropicales Plans d eau Prairies, savanes et savanes arbustives tempérées Rochers et glaces RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008 7
I N D I C E P L A N È T E V I VA N T E : S Y S T È M E S E T B I O M E S Chacun des indices terrestre, d’eau douce ou de la vie marine. Une étude récente montre que également des ressources et des services Figure 9 : Indice Planète Vivante Terrestre marin correspond à la moyenne des deux 40% des océans du globe sont gravement écologiques essentiels au bien-être de l'homme. Cet indice montre une diminution moyenne de indices qui mesurent séparément les tendances touchés par les activités humaines. L'indice eau douce montre que les populations 33% entre 1970 et 2005 dans 2007 populations des populations de vertébrés tropicaux et La surpêche est le principal responsable de d'espèces de ces milieux ont diminué en de 887 espèces terrestres. tempérés. ce changement, la plupart des zones maritimes moyenne de 35% de 1970 à 2005 (Figure 11). L'indice terrestre n'a cessé de régresser de pêches commerciales étant pleinement On estime que la superficie des zones humides Figure 10: Indice Planète Vivante Marin depuis le milieu des années 1970 (Figure 9). exploitées ou surexploitées. Les océans s’est rétractée de moitié au cours du 20e siècle L'indice des espèces marines montre une De 1970 à 2005 il y a eu, en moyenne, une constituent un écosystème qui fournit des en raison notamment de la surpêche, de diminution moyenne de 14% sur une période diminution de 33% des populations de ressources vitales et des services dont toutes les l’invasion d’espèces exotiques, de la pollution, de 35 ans dans 1175 populations de 341 vertébrés terrestres, essentiellement dans les formes de vie dépendent. Pourtant, les aires de la création de barrages et de la dérivation espèces marines. régions tropicales. Cette diminution s’explique marines protégées ne couvrent actuellement des cours d'eau. en grande partie par l’effet combiné, sous les que moins de 1% des mers du globe. Des Figure 11: Indice Planète Vivante Eau douce tropiques, de la déforestation et d'autres causes évaluations récentes montrent que le déclin des L'indice Eau douce montre une diminution de destruction des habitats comme leur populations marines n'atteint pas que les moyenne de 35% entre 1970 à 2005 dans 1463 conversion à des fins agricoles, la vertébrés. Ainsi, la diminution des populations populations de 458 espèces. surexploitation forestière et la surchasse. de corail liée à l'augmentation de la L'indice marin montre une baisse température des eaux de surface, responsable moyenne globale de 14% entre 1970 et 2005 du blanchissement et de maladies de ces (Figure 10). La hausse de la température des organismes, est de plus en plus préoccupante. mers, les méthodes de pêche destructrices et la Les eaux intérieures abritent une très pollution sont responsables, en partie, du déclin grande diversité d'espèces et fournissent Fig. 9 : INDICE PLANETE VIVANTE TERRESTRE, Fig. 10 : INDICE PLANETE VIVANTE MARIN, Fig. 11 : INDICE PLANETE VIVANTE EAU DOUCE, 1970–2005 1970–2005 1970–2005 1,8 1,8 1,8 1,6 1,6 1,6 1,4 1,4 1,4 1,2 1,2 1,2 Indice (1970=1) Indice (1970=1) Indice (1970=1) 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 Indice Terrestre Indice Marin Indice Eau douce 0,4 0,4 0,4 Intervalle de confiance Intervalle de confiance Intervalle de confiance 0,2 0,2 0,2 0 0 0 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 8 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008
Les indices ci-dessous mettent en lumière le 13). Les terres arides représentent plus de 40% prairies à la fois directement pour l'alimentation Figure 12 : Indice Planète Vivante Forêt déclin des populations d'espèces dans trois types du système terrestre de la planète, comprenant et indirectement par le biais des services fournis tropicale L'indice montre une diminution de milieux soumis à d'intenses pressions à la fois des écosystèmes aussi divers que les déserts, la par ces écosystèmes comme le cycle des moyenne de 62% entre 1970 et 2005 dans 503 locales et mondiales. Si cette dégradation se savane et les forêts tropicales sèches. Les zones éléments nutritifs. Les prairies abritent populations de 186 espèces. poursuit au rythme actuel, la perte des services sèches abritent aussi plus de 2 milliards de également un large éventail de la diversité fournis par ces écosystèmes, comme la personnes, dont la subsistance dépend souvent naturelle qui va des espèces de plantes Figure 13: Indice Planète Vivante Terres arides purification de l'eau ou la régulation du climat, directement des biens et services fournis par endémiques aux mammifères herbivores comme L’indice montre une diminution moyenne de 44% aura de graves répercussions sur le bien-être de l'écosystème local. L'ajout de points d'eau dans les antilopes, dont les populations sont vitales entre 1970 et 2005 dans 476 populations de 149 l'homme et la biodiversité. ces zones a permis d'augmenter le nombre de pour le maintien de nombreuses espèces de espèces. Les forêts tropicales abritent une grande têtes de bétail, avec, à court terme, un bénéfice prédateurs. On observe une diminution de 37% diversité d'espèces et leurs écosystèmes pour les populations humaines. A moyen et long des populations de vertébrés dans les prairies Figure 14: Indice Planète Vivante Prairies fournissent, globalement et localement, termes, cependant, l’impact est plus négatif depuis 1970 (Figure 14). Les prairies sont L’indice montre une diminution moyenne de 37% d'importants services. Cet habitat et les espèces puisqu’on estime que 20% de ces zones arides et maintenues et régénérées par des processus tels entre 1970 et 2005 dans 703 populations de 309 qu'il contient sont menacés par la déforestation, fragiles ont maintenant leurs sols dégradés, au que les incendies artificiels et naturels, le espèces. LES FAITS l'exploitation illégale du bois, les incendies de détriment de la biodiversité. pâturage, les sécheresses et les pluies. Tout cela forêt et le changement climatique. Cela se reflète Les prairies, que l'on trouve sur tous les crée un équilibre subtil entre des influences qui dans l'indice forêt tropicale qui montre une continents à l’exception de l'Antarctique, ont peuvent facilement être perturbées, menant à baisse de plus de 60% pour les populations diminué en qualité et ampleur au cours des l'accélération de processus comme la animales (Figure 12). dernières décennies, en raison notamment de désertification. Les populations des espèces des zones arides leur conversion à des fins agricoles. Les ont diminué d'environ 44% depuis 1970 (Figure populations humaines sont tributaires des Fig. 12 : INDICE PLANETE VIVANTE FORET Fig. 13 : INDICE PLANETE VIVANTE TERRES ARIDES, Fig. 14 : INDICE PLANETE VIVANTE PRAIRIES, TROPICALE, 1970–2005 1970–2005 1970–2005 1,8 1,8 1,8 1,6 1,6 1,6 1,4 1,4 1,4 1,2 1,2 1,2 Indice (1970=1) Indice (1970=1) Indice (1970=1) 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 Indice Forêt tropicale Indice Terres arides Indice Prairies 0,4 0,4 0,4 Intervalle de confiance Intervalle de confiance Intervalle de confiance 0,2 0,2 0,2 0 0 0 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008 9
I N D I C E P L A N È T E V I VA N T E : L E S D O M A I N E S B I O G É O G R A P H I Q U E S La surface de la Terre peut être divisée en néotropical, le nombre de données disponibles moyenne de l’abondance des populations l'antilope saïga (Saiga tatarica), dont les régions ou domaines biogéographiques distincts pour ces populations est proportionnellement d’espèces sauvages a augmenté de 1970 à 2005 populations ont dégringolé suite à la pression de caractérisés par des assemblages d'animaux et plus faible que pour d’autres domaines (Figure 17). La plupart des données disponibles la chasse au cours des 40 dernières années (voir de plantes (Figure 8). Les tendances dans biogéographiques. Par ce fait, la tendance concernent l'Europe occidentale, la partie du ci-contre). l’évolution des populations sauvages sont observée est en grande partie attribuable à une monde la plus touchée par les activités humaines L'indice afrotropical montre une baisse différentes dans chaque région, en fonction de baisse catastrophique d’un certain nombre au cours des 300 dernières années. Plus de 50% moyenne de 19% sur la période concernée la nature, de l'intensité et de l’évolution des d'espèces d'amphibiens, tel le crapaud doré des terres ont été converties à des fins agricoles, (Figure 18). Les tendances positives récemment pressions auxquelles les populations sont (Bufo periglenes) du Costa Rica qui semble de sorte que de nombreux déclins en espèces observées pourraient rendre compte des efforts confrontées. Les chiffres ci-dessous donnent les maintenant éteint. Pareilles régressions se sont susceptibles d'avoir eu lieu avant 1970. La de conservation pour des espèces comme le tendances pour les espèces terrestres et d'eau manifestent également chez d’autres espèces tendance positive observée pour le domaine rhinocéros blanc (Ceratotherium simum). douce dans chaque domaine biogéographique. néotropicales, mais à un rythme moins rapide. paléarctique depuis 1970 peut, en partie, rendre Toutefois, la sous-espèce nordique a disparu de Dans le domaine néarctique, les populations Le domaine néotropical contient 40% de compte du succès des efforts de conservation la majeure partie de son aire historique et est sauvages ont été largement suivies. On dispose toutes les espèces animales et végétales de la résultant de la protection des habitats, de la maintenant en voie d'extinction. Ceci montre donc d’une grande quantité de données planète, la plus grande biodiversité de tous les diminution de la pollution ou d'autres que, même si des progrès ont été accomplis dans permettant d’établir les tendances de ces domaines biogéographiques. La menace améliorations de l'environnement. le rétablissement et la protection de certaines populations. Entre 1970 et 2005, on n’observe principale pour ces espèces est la perte d'habitat. Avec la mondialisation, les pressions sur espèces dans le domaine afrotropical, les aucun changement global (Figure 15). Entre 2000 et 2005, par exemple, la perte nette l'environnement se sont déplacées vers les mesures de conservation dans cette région sont En revanche, l'indice néotropical montre en forêts en Amérique du Sud était d'environ 4,3 tropiques et d'autres régions. Les tendances dans toujours essentielles pour réduire le taux de une forte baisse de 1970 à 2004 (Figure 16). millions d'hectares par an, dépassant celle de l'est du Paléarctique sont moins facilement déclin. Bien que cet indice combine les données de toutes les autres régions. évaluables car peu de données sont disponibles. L'Indice indo-pacifique combine des toutes les classes de vertébrés du domaine Dans le domaine paléarctique, la tendance Un exemple d’espèce préoccupante est données sur les populations sauvages de trois Fig. 15 : INDICE PLANETE VIVANTE NEARCTIQUE, Fig. 16 : INDICE PLANETE VIVANTE NEOTROPICAL, Fig. 17 : INDICE PLANETE VIVANTE PALEARCTIQUE, 1970–2005 1970–2004 1970–2005 1,8 1,8 1,8 1,6 1,6 1,6 1,4 1,4 1,4 1,2 1,2 1,2 Indice (1970=1) Indice (1970=1) Indice (1970=1) 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 Indice Néarctique Indice Néotropical Indice Paléarctique 0,4 0,4 0,4 Intervalle de confiance Intervalle de confiance Intervalle de confiance 0,2 0,2 0,2 0 0 0 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 10 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008
domaines : Indo-Malaisie, Australasie et moyenne de 76% sur plus de 34 ans dans Océanie, car il n'y a pas suffisamment de 202 populations de 144 espèces ANTILOPE SAÏGA RHINOCÉROS BLANC DU NORD données pour produire des résultats pour chacun néotropicales. Le saïga (Saiga tatarica) est une espèce Le rhinocéros blanc du nord (Ceratotherium de ces domaines pris individuellement. L'indice d'antilope des prairies semi-arides de l'Asie simum cottoni) était autrefois abondant dans révèle une baisse moyenne d'environ 35% de Figure 17: L'Indice Planète Vivante centrale. Il a été chassé pour sa viande, ses le nord de l'Afrique centrale. Aujourd'hui, la 1970 à 2005, avec une tendance à la baisse Paléarctique Cet indice montre une cornes et sa peau pendant de nombreux seule population connue se trouve dans la constante depuis la fin des années 1970 (Figure augmentation de 30% sur plus de 35 ans siècles. Ces dernières années, son déclin a République démocratique du Congo, où les 19). La disparition de la forêt tropicale a été plus dans 1167 populations de 363 espèces été aggravé par l'utilisation de ses cornes effectifs ont dégringolé, passant de 500 à 4. marquée dans le domaine indo-pacifique, où une paléarctiques. dans la médecine traditionnelle chinoise. La Ces effectifs très réduits, la répartition géo- chasse est maintenant réglementée dans les graphique restreinte et la pression du bra- grande partie de la forêt primaire a été défrichée pays de l'aire de répartition du saïga. Mais connage mettent cette sous-espèce en dan- pour l'agriculture ou les plantations dans le but Figure 18: L'Indice Planète Vivante le manque de financement et de structures ger critique d’extinction. Des études de répondre à la demande internationale pour Afrotropical Cet indice montre une diminution de gestion, combiné à un affaiblissement récentes n'ont pas réussi à localiser les des produits tels que l'huile de palme. moyenne de 19% sur plus de 35 ans dans de l'économie rurale, a conduit à la généra- derniers individus. Leurs parents les plus 552 populations de 201 espèces lisation du braconnage. C'est l'explication la proches, le rhinocéros blanc du sud LES FAITS Figure 15: L'Indice Planète Vivante Néarctique afrotropicales. plus probable du grave et persistant déclin (Ceratotherium simum simum), sont eux en TCet indice ne montre aucune tendance des populations de saïgas observé ces nombre croissant. Par ailleurs, des progrès générale dans 1117 populations de 588 Figure 19: L'Indice Planète Vivante dernières années, comme en témoignent les significatifs dans la conservation du espèces néarctiques. Indo-pacifique Cet indice montre une grandes quantités de viande de cette rhinocéros noir (Diceros bicornis), une diminution moyenne de 35% sur plus de 35 antilope en vente sur les marchés du espèce en danger critique d’extinction, sont Figure 16: L'Indice Planète Vivante ans dans 441 populations de 155 espèces Kazakhstan. également à noter. Néotropical Cet indice montre une diminution indo-pacifiques. Fig. 18 : INDICE PLANETE VIVANTE AFROTROPICAL, Fig. 19 : INDICE PLANETE VIVANTE INDO-PACIFIQUE, 1 Nbre d’individus (millions) 1970–2005 1970–2005 1,8 1,8 1,6 1,6 1,4 1,4 1,2 1,2 0 1965 2000 Indice (1970=1) Indice (1970=1) Saïga (Saiga tatarica) 1,0 1,0 5 Nbre d’individus (centaines) 0,8 0,8 0,6 0,6 Indice Afrotropical Indice Indo-Pacifique 0,4 0,4 Intervalle de confiance Intervalle de confiance 0,2 0,2 0 1970 2005 0 0 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 Rhinocéros blanc du nord (Ceratotherium simum cottoni) RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008 11
I N D I C E P L A N È T E V I VA N T E : L E S E S P È C E S Bien que les tendances générales mesurées à L'indice mammifères a chuté d'environ 20% espèces qui en garantissent le bon travers les écosystèmes donnent un aperçu depuis 1997 (Figure 21), principalement en fonctionnement. ÉVOLUTIONS DE QUELQUES DE global de l'évolution des effectifs des régions tropicales. La surexploitation est une des POPULATIONS-ÉCHANTILLONS populations, elles ne révèlent pas l’impact relatif principales menaces qui pèse sur ce groupe, D'ESPÈCES SUIVIES des pressions humaines entre différentes espèces largement victime du commerce de la viande de Figure 20 : L'Indice Planète Vivante Oiseaux La page suivante montre la tendance de ou groupes d’espèces. brousse, notamment en Afrique et en Asie du Cet indice montre une diminution moyenne de l’évolution des populations pour 12 Il existe près de 10 000 espèces d'oiseaux, Sud-Est. 20% entre 1970 et 2005 dans 2185 populations espèces terrestres, marines et d'eau présents dans une grande diversité d'habitats. Selon les espèces, la tendance de leurs de 895 espèces. On donne le même poids aux douce. Ces espèces illustrent le type de Présents partout et intensément étudiés et suivis, populations peut être en augmentation ou en espèces tempérées et tropicales pour données utilisées pour calculer l'Indice les oiseaux fournissent un solide indice oiseaux. diminution selon la région du monde concernée compenser la taille du jeu de données des Planète Vivante. Les exemples présentés La baisse de près de 20% de cet indice (Figure (voir ci-contre). En outre, l'empreinte écologique espèces tempérées. donnent un aperçu des tendances pour 20) masque un déclin plus sérieux encore, croissante de l'humanité n’a pas le même effet des populations animales provenant de évalué à 50%, des populations d'oiseaux sur toutes les espèces. Néanmoins, le tableau Figure 21 : L'Indice Planète Vivante différents endroits mais ne donnent pas tropicaux et marins inclus dans la surveillance. d'ensemble est celui du déclin mondial des Mammifères Cet indice montre une diminution nécessairement la vue d'ensemble pour Les principales menaces auxquelles sont effectifs des espèces sauvages. C’est une perte moyenne de 19% de 1970 à 2005 dans 1161 l'espèce en question. confrontés les oiseaux sont la perte d'habitat, la regrettable en termes de biodiversité globale. populations de 355 espèces. La bonne nouvelle est que les effectifs de compétition avec des espèces exotiques C’est également une réelle menace pour le bien- certaines populations sont stables ou en invasives, la surexploitation et la pollution. être de l’humanité. Les humains dépendent en augmentation et sont le reflet d’autant de Plus de 5400 espèces de mammifères ont été effet, eux aussi, de la bonne santé des succès instructifs, comme la réintro- décrites, dont 20% sont classées dans la Liste écosystèmes et de tous les services qu’ils duction du crécerelle de Maurice. rouge des espèces menacées de l'UICN. rendent et donc de la prospérité des diverses Toutefois, bon nombre des populations étudiées sont en régression et suscitent un Fig. 20 : INDICE PLANETE VIVANTE OISEAUX, Fig. 21 : INDICE PLANETE VIVANTE MAMMIFERES, questionnement quant à leur devenir. 1970–2005 1970–2005 L'une des menaces principales qui pèse 1,8 1,8 sur certaines d’entre elles est la dégradation de l'habitat, comme l'illustre 1,6 1,6 la baisse des effectifs de l'échasse 1,4 blanche. Une autre menace est la 1,4 surexploitation des espèces, soit 1,2 1,2 directement par la chasse, comme pour Indice (1970=1) Indice (1970=1) l'hippopotame en République démo- 1,0 1,0 cratique du Congo et la tortue Malaclemys 0,8 0,8 terrapin, ou indirectement, comme les prises accidentelles liées à certaines 0,6 0,6 pratiques de pêche, comme pour Indice Oiseaux Indice Mammifères l'albatros hurleur et la tortue caouanne du 0,4 0,4 Intervalle de confiance Intervalle de confiance Pacifique. 0,2 0,2 Note : l'axe vertical sur tous les graphiques com- 0 0 mence à zéro. 1970 1980 1990 2000 05 1970 1980 1990 2000 05 12 RAPPORT PLANETE VIVANTE 2008
Vous pouvez aussi lire