RAPPORT SUR LES TENDANCES MISE À JOUR DE MI-ANNÉE2015 - CMF Trends
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
INTRODUCTION Dans le dernier Rapport sur les tendances du Fonds des médias du Canada révélé certains paradoxes. Malgré une diversité de choix sans précédent, la (FMC), intitulé Le défi du grand flou, nous indiquions que la télévision – à durée d’attention des utilisateurs tend à diminuer. La distribution numérique l’instar de la musique, de l’édition et du jeu – devient progressivement un donne accès à un plus grand nombre de marchés internationaux, mais elle a média sur demande en raison de la distribution numérique. Nous y une incidence majeure sur la gestion traditionnelle des droits – une incidence décrivions une tendance de plus en plus lourde vers l’écoute d’une télévision qui se fait sentir au cœur des modèles nationaux de l’industrie de 100 % numérique et un « point de bascule » depuis que, selon des données l’audiovisuel. De plus, nous continuons d’observer une standardisation des américaines, les abonnés à Internet sont maintenant plus nombreux préférences culturelles à mesure que des franchises américaines de premier aux États-Unis que les abonnés à la télévision par câble. Au Canada, des ordre (principalement de la télévision) exercent une influence sur les normes données laissent entrevoir un virage similaire à relativement court terme. mondiales et le goût des auditoires. Enfin, la technologie numérique s’est soldée par l’abaissement des obstacles aux nouvelles formes de concurrence, Selon le rapport Content Economics 2014 d’iDate, l’industrie mondiale de particulièrement en ce qui concerne le contenu généré par l’utilisateur (CGU), l’audiovisuel a généré en 2013 31 % de ses recettes des diverses formes de contribuant ainsi à une démocratisation des médias. Par contre, les grands distribution de contenu vidéo en ligne. PricewaterhouseCoopers prévoit joueurs de l’industrie poursuivent leur consolidation et cherchent à renforcer qu'aux États-Unis, d’ici 2018, les produits vidéo en ligne destinés aux leur position de monopole mondial. consommateurs (c.-à-d. la diffusion vidéo en continu, la vidéo sur demande et les services transactionnels) généreront des recettes de 13,8 milliards de La présente mise à jour a pour but d’affiner les observations et les conclusions dollars, dépassant ainsi les recettes totales générées par l’industrie exposées ci-dessus en déchiffrant les tendances suivantes : cinématographique. L’exercice 2015-2016 serait-il « l’année de la vidéo sur demande par abonnement (VSDA) » au Canada grâce à l’arrivée de Shomi et Les « bulles de filtre » et la dépendance grandissante aux de CraveTV, étant donné qu’un tiers (33 %) des Canadiens sont déjà abonnés recommandations basées sur des algorithmes formulées par les à Netflix? plateformes dominantes; Le virage vers l’écoute d’une télévision 100 % numérique a aussi amplifié La mondialisation du contenu et l’intégration croissante des marchés l’importance de mesurer la consommation de contenu en ligne avec précision. numériques; La décision prise par l’association allemande AGF – qui fournit les cotes d’écoute officielles de la télévision – d’inclure YouTube dans ses données De nouveaux formats de contenu découlant de l’évolution des habitudes d’écoute (une première mondiale) reflète l’étendue de la convergence entre la et des comportements des consommateurs; télévision et le contenu vidéo en ligne. Pourtant, si plus personne ne remet en La divergence des pratiques de consommation médiatique : il demeure question l’importance de la distribution numérique, un grand flou demeure incertain si les auditoires de la prochaine génération retourneront un jour quant aux répercussions de ce virage sur la survie du modèle économique de à des habitudes d’écoute « traditionnelles »; la télévision. L’avènement de « marchés numériques » pour négocier les droits À ce jour, la transition vers le numérique a entrainé une optimisation des cinématographiques et télévisuels; services, une rationalisation des processus, l’accroissement des efficacités organisationnelles et un recours moindre aux intermédiaires. Cependant, L’essor d’alliances stratégiques et de nouveaux concurrents pour faire comme nous le soulignions dans Le défi du grand flou, cette transition a aussi contrepoids au pouvoir de marché des géants du Web. RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 2
1 TOUJOURS CONNECTÉ : Alors que les utilisateurs tendent à accéder au Web par un nombre réduit de plate- formes très populaires, ils sont aussi de plus en plus isolés dans des « bulles de filtre » MISE À JOUR DU RAPPORT PRÉCÉDENT Les utilisateurs doivent s’adapter aux contraintes imposées par les algorithmes. La concentration des points d’accès au contenu, présentée dans le chapitre 1 de Le défi du grand flou, peut résulter en une hyperpersonnalisation du contenu qui limite la découvrabilité, souvent à l’insu de l’utilisateur. Pourtant, une curation intelligente et fiable peut aider les utilisateurs à trouver du contenu pertinent et nouveau. Cette personnalisation se traduit par une diminution de la « découvrabilité » des contenus générés par les créateurs. En fait, il est peu probable qu’un internaute trouve du contenu – à moins de le chercher sciemment - qui ne correspond pas à ses préférences ou à son historique de 40% DES UTILISATEURS DE FACEBOOK NE SAVENT PAS QUE LEUR FIL DE NOUVELLES FILTRE TOUT navigation. De plus, les algorithmes privilégient certains contenus au détriment d’autres. Par exemple, dans le fil de nouvelles de Facebook, seules les vidéos téléversées directement sur la plateforme démarrent automatiquement. De DES PUBLICATIONS DE LEURS AMIS ET DES PAGES AUXQUELLES ILS SONT ABONNÉS même, les recherches effectuées sur Google accordent une préférence aux (Eslami, M. et coll. 2015. « I always assumed that I wasn’t really that sites Web adaptés aux appareils mobiles. De plus, l’utilisation de filtres facilite close to [her] ». Reasoning about Invisible Algorithms in News Feeds.) la promotion de contenu publicitaire payant. Par conséquent, la portée organique du contenu – ou la découvrabilité exempte de publicités – est diminuée. Sur Facebook, l’affichage de tel contenu a chuté de 35 % en Nombre d’internautes ne savent pas que leur identité numérique détermine le l’espace de seulement un an, tandis que la présentation de publicités contenu qui leur est visible sur plusieurs plateformes et applications Web – payantes a augmenté de 8 %. dont Google, Facebook, Amazon et Netflix. Un profil est dressé en collectant des milliers de données sur un utilisateur : historique de navigation, emplacement géographique, appareils utilisés pour naviguer sur Internet, heures locales et beaucoup plus encore. Des calculs mathématiques complexes (des algorithmes) permettent d’analyser ces données pour ensuite présenter du contenu personnalisé, mais nécessairement incomplet, à chaque utilisateur. Vu leur incidence sur l’expérience et la fidélisation de l’utilisateur, ces algorithmes sont jalousement gardés par les géants du Web. Eli Pariser, un militant d’Internet, qualifie ce phénomène de « bulle de filtre ». RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 3
1 TOUJOURS CONNECTÉ (SUITE) DÉCOUVRABILITÉ DU CONTENU DE MARQUE SUR FACEBOOK (ÉTATS-UNIS) de 50 plateformes et services, comme Netflix, Hulu, iTunes, Amazon et Xbox CONTENU PAYANT c. CONTENU ORGANIQUE Video, qui sont catégorisés en fonction du type de contenu offert. Ici au pays, mentionnons des plateformes telles que Vue sur le Canada, Canada Screens de First Weekend Club et Où regarder vos divertissements favoris au Canada de la MPAA. 150 % Pourtant, les filtres et les recommandations peuvent aussi donner accès à des résultats de recherche pertinents. Une curation intelligente, qui garantit la 8% confidentialité et gagne la confiance des utilisateurs, deviendra une véritable 100 % bouée de sauvetage pour les internautes submergés par une surabondance d’information. Certaines études font valoir que des filtres intelligents devraient pouvoir réagir de façon dynamique à l’évolution des habitudes de 50 % 35 % consommation en tenant compte à la fois de données contextuelles comme l’emplacement, l’heure et le type d’appareil utilisé et de règles commerciales comme les droits obtenus par les plateformes de visionnement et les limites 0% T1 T2 T3 T4 T1 imposées sur la durée de l’accessibilité du contenu. 2014 2014 2014 2014 2015 (Adobe, T1 2014 - T1 2015) « Il existe 33 millions de versions différentes de Netflix. » En réponse à cette hyperpersonnalisation, on constate un mouvement croissant en faveur de la surveillance et de la réglementation des plateformes et des algorithmes afin de protéger le contenu national et d’en faire la promotion. Par exemple, la France étudie la possibilité d’imposer aux - Joris Evers plateformes comme Netflix la présentation d’œuvres produites localement. Directeur des communications corporatives mondiales de Netflix Cela pourrait se faire en modifiant les algorithmes qui déterminent la diffusion de contenu en France ou en insérant une fenêtre dédiée aux œuvres françaises ou européennes dans les recommandations. Aux États-Unis et au Canada, certaines initiatives visent expressément à faire la promotion de contenu national et à accroître sa découvrabilité. En novembre 2014, la Motion Picture Association of America (MPAA) a procédé au lancement de WheretoWatch, un moteur de recherche coopératif qui indique aux internautes où des films sont diffusés en ligne et où ils peuvent être loués ou achetés (sur DVD ou Blu-ray). De plus, WheretoWatch liste près RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 4
2 CONVERGENCE DES ÉCRANS : Mondialisation du contenu et marchés intégrés MISE À JOUR DU RAPPORT PRÉCÉDENT Dans Le défi du grand flou, nous avons abordé la fusion croissante entre la télévision et le contenu en ligne ainsi que l’assouplissement des fenêtres de diffusion. Nous nous sommes également penchés sur l’incidence que ces tendances pourraient avoir sur les droits de diffusion et les investissements dans la création de contenu original. Ces questions demeurent plus pertinentes que jamais étant donné la multiplication des appels en faveur d’une intégration plus poussée des marchés numériques. En mai 2015, la Commission européenne a dévoilé son plan pour mettre en plusieurs réclament un plus grand contrôle sur la distribution du contenu pour place un Marché unique numérique. L’objectif est d’offrir aux consommateurs les plateformes linéaires et en ligne. C’est un sentiment qui a récemment été et aux entreprises un meilleur accès aux biens et services numériques, et ce, à partagé par plusieurs télédiffuseurs canadiens alors qu’ils étaient à Los Angeles l’échelle paneuropéenne. Le plan comprend des mesures touchant l’industrie de pour acheter des séries de réseaux américains. Pour sa part, Netflix – qui prévoit l’audiovisuel : mettre fin au blocage géographique injustifié, moderniser la loi s’implanter dans 200 pays d’ici la fin de 2016 – veut rendre caduque la sur le droit d’auteur et revoir la Directive sur la radiodiffusion par satellite et la fragmentation géographique des marchés. En réaction aux enjeux de la retransmission par câble de l’Union européenne (UE) de même que ses règles distribution mondiale, le géant du contenu diffusé en continu exige des droits régissant les télécommunications, entre autres. Il appert donc que l’ouverture à mondiaux tout en demeurant propriétaire des émissions qu’il produit lui-même. la révolution numérique en Europe passe par une meilleure intégration des En fait, Netflix et un nombre grandissant de joueurs numériques (YouTube, marchés. Yahoo, AOL, Hulu, etc.) considèrent que la production de contenu original représente une clé pour leurs stratégies de développement et d’expansion. Ces développements font écho à des appels lancés par des intervenants de Cependant, leurs investissements demeurent minimes lorsqu’on les compare à l’industrie, tant traditionnels que numériques. En télévision traditionnelle, ceux de la télévision traditionnelle. INVESTISSEMENTS DANS LA PROGRAMMATION : TÉLÉ TRADITIONNELLE c. PRODUCTEURS DE CONTENU EN LIGNE Canada États-Unis 8 fois 11 fois MOINS MOINS 3,3 G$ 300 M$ 45,3 G$ 5,6 G$ Télé traditionnelle Produceurs de Télé traditionnelle Producteurs de contenu en ligne contenu en ligne (James Bradshaw. « Streaming wars: How disruptors are shaking up the TV Business » dans The Globe and Mail, 15 avril 2015.) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 5
2 CONVERGENCE DES ÉCRANS (SUITE) La convergence des écrans tend à favoriser des marchés uniformément traditionnelle tirent parti de leurs filiales en ligne ou tissent des alliances avec intégrés. Elle fait fi des frontières géographiques et du modèle des sites de diffusion en continu. Hulu Japan, propriété de Nippon TV, a traditionnellement utilisé pour générer des recettes, soit la distribution par déclaré en avril 2015 qu’elle produirait de nouvelles versions originales territoire et par créneau horaire (droits par pays et fenêtres exclusives). d’émissions étrangères en collaboration avec des télédiffuseurs. Son premier Aujourd’hui, les consommateurs exigent un accès immédiat et sans restriction projet est la production d’une version japonaise du drame allemand The Last au contenu à partir du lieu et de l’appareil de leur choix, alors que les Cop. Au Canada, Rogers et Shaw ont conclu un partenariat avec Netflix pour fournisseurs tentent de réduire les coûts d’accès au contenu numérique. Pour la série dramatique Between. Les Canadiens et les Américains peuvent équilibrer ces effets perturbateurs de la révolution numérique (exigence l’écouter sur les ondes de City TV ainsi que sur les plateformes de diffusion en d’accessibilité accrue alliée à la diminution du prix d’entrée aux contenus), les continu Shomi et Netflix. Cependant, ce virage vers la collaboration – ou la professionnels de l’industrie pourraient être appelés à trouver de nouvelles « coopétition » – laisse plusieurs questions importantes sans réponse. Les façons de soutenir la production de contenus originaux. modèles économiques de la production et de la vente de contenu télévisuel demeurent précaires selon plusieurs observateurs. De nouveaux modèles de production et de distribution de contenu original font leur apparition. Au Canada et ailleurs, des joueurs de la télévision MISE À JOUR : VIRAGE DE LA TÉLÉ VERS LA DISTRIBUTION NUMÉRIQUE – PLATEFORMES DE TÉLÉVISION PAR CONTOURNEMENT (TPC) POPULAIRES EN AMÉRIQUE DU NORD PLATEFORMES CRÉÉES AVANT 2015 (CANADA) PLATEFORMES CRÉÉES AVANT 2015 (É.-U.) Tou.tv Club Illico Canal+ Canada Shomi CraveTV Netflix Hulu Amazon WWE Network CBS All Access Ici Radio-Canada Videotron Canal+ Rogers & Shaw Bell (streaming) NBC Unversal Instant Video WWE CBS Janv. 2010 Févr. 2013 Nov. 2013 Nov. 2014 Déc. 2014 Netflix Fox, Disney Amazon Févr. 2014 Oct. 2014 6,99 $ / m. 9,99 $ / m. 7,99 $ / m. 8,99 $ / m. 4 $ / m. Janv. 2007 Mars 2008 Févr. 2011 9,99 $ / m. 5,99 $ / m. 7,99 $ / m. 7,99 $ / m. 8,25 $ / m. NOUVELLES PLATEFORMES (É.-U.) Sling TV Playstation Vue Noggin HBO Now Showtime Apple web TV NBC Dish Network Sony Nickelodeon HBO CBS Apple NBC Universal Févr. 2015 Mars 2015 Mars 2015 Avr. 2015 Juill. 2015 TBA TBA 20 $ / m. 49,99 $ / m. 5,99 $ / m. 14,99 $ / m. 10,99 $ / m. 30-40 $ / m. 2,50-3,50 $ / m. (Source : Les entreprises; sources familiarisées avec les plans d’Apple et de NBC) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 6
3 TRANSMÉDIA : Le visionnement de jeux en ligne, les sports électroniques et l’évolution des habitudes d’écoute en temps réel confirment la montée de nouveaux formats de contenu MISE À JOUR DU RAPPORT PRÉCÉDENT La croissance exponentielle du visionnement de jeux en ligne et des sports électroniques, dont notre dernier rapport faisait état, ne montre aucun signe de ralentissement. D'ailleurs, elle est annonciatrice d’un phénomène encore plus vaste : la popularité grandissante de la diffusion en temps réel de vidéos de longue durée sans montage ou narration. Le visionnement de jeux (c.-à-d. regarder d’autres gens jouer en ligne) et la cote auprès d’un nombre croissant d’utilisateurs : le divertissement basé sur l’émergence corollaire des sports électroniques (tournois et matchs en ligne) la captation du « réel », qui présente du contenu sans montage, scénario ou pourraient livrer une robuste concurrence à la télévision pour ce qui est du acteurs. Cette tendance est accélérée par la technologie de pointe, telle que temps consacré au visionnement de contenu, particulièrement au sein de la des appareils mobiles plus puissants et plus rapides qui facilitent le génération du millénaire (par ex., plus de 49 % des utilisateurs de Twitch sont visionnement de contenu vidéo n’importe où et n’importe quand, et les âgés de moins de 35 ans). La popularité du visionnement de jeux en ligne médias sociaux. Au Canada, la consommation de contenu vidéo sur appareil continue de croître : en mars 2015, Minecraft – la franchise de jeu la plus mobile sur une base quasi quotidienne a augmenté de 76 % entre décembre populaire et le deuxième terme le plus recherché sur YouTube – a enregistré 2013 et décembre 2014. un total de 3,9 milliards de visionnements. Le même mois, la plateforme de jeux vidéo en direct Twitch a livré 26 milliards de minutes de contenu vidéo à MONTÉE EN FLÈCHE DU VISIONNEMENT DE JEUX EN LIGNE ET DES 51 millions d’internautes sur la planète. SPORTS ÉLECTRONIQUES : RECETTES GÉNÉRÉES MONDIALEMENT PAR LES SPORTS ÉLECTRONIQUES EN 2015 (ESTIMATION) Les écrans de télévision linéaire et de cinéma ont succombé aux sports (Par région, en M$) électroniques. La finale du tournoi Heroes of the Dorm a été diffusée en direct sur les ondes d’ESPN2 en avril 2015. Un mois plus tard, la Digital Cinema Distribution Coalition a diffusé en continu et en direct la League of Legends AILLEURS Mid-Season Invitational sur 15 écrans Cinemark aux États-Unis. Au Canada, EUROPE 24 $ Cineplex Divertissement commencera à diffuser en direct des tournois de jeux 72 $ à compter d’août 2015. À peine quelques franchises (comme League of TOTAL DE 612 Legends) dominent les marchés du visionnement de jeux et des sports électroniques; en fait, les cinq premières franchises accumulent environ les AMÉRIQUE DU NORD deux tiers des visionnements. Il est prévu que le nombre de fans augmente de 143 $ ASIE-PACIFIQUE M$ près de 60 % au cours des prochaines années, passant de 89 millions en 374 $ 2014 à 145 millions d’ici 2017. Le visionnement de jeux semble marquer l’émergence d’une nouvelle habitude de visionnement et l’arrivée d’un nouveau format de contenu qui a (SuperData Research, eSports Market Brief, 2015) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 7
3 TRANSMÉDIA (SUITE) plus tôt, soit en 2011. En effet, on rapporte que YOUNOW cumule Malgré l’intérêt élevé des consommateurs et un fort potentiel 100 millions de visites par mois et quelque 150 000 diffusions par jour. Au commercial, les sports électroniques sont loin de former une total, 70 % de ses utilisateurs sont âgés de moins de 24 ans. industrie. En 2014, les recettes tirées des sports électroniques à l’échelle planétaire ont totalisé moins de 200 millions de dollars – L’engouement pour le contenu de longue durée et sans montage se traduit ce total comprend les commandites, la publicité, l’octroi de également dans l’univers télévisuel par la popularité grandissante de la licences, la vente de billets et les investissements des éditeurs de télescargot (mieux connue en anglais sous le nom de Slow TV). La télescargot jeux. À titre comparatif, aux États-Unis, la Ligue nationale de a été popularisée en Norvège et a connu un succès immédiat. À peine deux football et le baseball majeur encaissent chacun des revenus bruts d’environ 10 milliards de dollars par année, tandis que les ligues ans plus tard, deux tiers de la population du pays regardaient une émission européennes de soccer professionnel génèrent des revenus annuels d’une durée de 5 jours et demi diffusant en direct un voyage en bateau de frôlant les 21 milliards de dollars. croisière. Ces cotes d’écoute sans précédent ont attiré l’attention de diffuseurs et de spécialistes du marketing du Royaume-Uni et des États-Unis. BBC Four a diffusé quatre émissions de télescargot en mai 2015, la chaîne de La popularité presque spontanée de Meerkat et de Periscope (qui a franchi le restauration rapide américaine Arby’s a diffusé une publicité d’une durée de cap du million d’utilisateurs dix jours après son lancement initial et qui est 13 heures sur une télévision locale du Minnesota et Travel Channel prévoit aujourd’hui la propriété de Twitter) dès leur lancement au début de 2015 diffuser une émission d’une durée de 12 heures. laisse entrevoir – à l’instar du visionnement de jeux – un énorme appétit pour le divertissement en temps réel et tout en longueur. Ces applications, qui Effet de mode ou tendance à surveiller? Il est difficile de statuer pour le permettent aux utilisateurs d’un téléphone intelligent ou d’une tablette moment étant donné le facteur de nouveauté, mais il semble néanmoins électronique de diffuser de la vidéo en temps réel, ont été rapidement important de souligner un point troublant qu’ont en commun le visionnement adoptées à grande échelle. Parmi leurs grands utilisateurs figurent la LNH, la de jeux, la « captation du réel » en direct diffusée en continu et la BBC et l’animateur de télévision Jimmy Fallon. Au Canada, l’émission de télescargot : le récit est remplacé par l’action spontanée filmée en temps réel. téléréalité La Voix a utilisé Periscope pour diffuser le discours du vainqueur de Cette action spontanée déclenche une conversation sociale qui fait ensuite la saison 2015. Adobe a d'ailleurs qualifié la diffusion en temps réel de partie intégrante de l’expérience de visionnement. À court terme, « nouvelle frontière pour les médias sociaux ». Pourtant, une des applications assisterons-nous à la manifestation d’une nouvelle forme de « téléréalité »? de diffusion de contenu en direct les plus populaires a été lancée quatre ans TÉLESCARGOT La télescargot est exempte de piste sonore, de voix hors champ, d’images élaborées ou de montage. Certaines personnes pourraient être tentées de la qualifier d’expérience zen. Les férus d’histoire des médias pourront établir des parallèles avec plusieurs autres initiatives audiovisuelles comme les suivantes : L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat des frères Lumière Sleep d’Andy Warhol Feu de foyer télévisé (La station de télé WPIX de New York a été la première à diffuser un tel marathon en 1966) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 8
4 LA FORCE DU NOMBRE : La consommation des générations futures sera-t-elle entièrement numérique? MISE À JOUR DU RAPPORT PRÉCÉDENT Nous avions mis en lumière le professionnalisme grandissant qui caractérise le contenu généré par les utilisateurs (CGU). L’émergence d’un nouveau genre de créateur – qui s’occupe lui-même de la production, de la distribution et de la promotion de ses œuvres – est indicatrice d’une nouvelle culture numérique. Maintenant, nous nous penchons sur les auditoires qui consomment et s’identifient à cette culture. Ils sont des millions et des millions à former ces auditoires, principalement des jeunes qui tendent « naturellement » à adopter de nouvelles habitudes de visionnement et de nouveaux formats numériques. Depuis quelques années, les industries du divertissement et de la publicité Les membres de la génération Z passent une grande partie de leur temps à semblent absorbées par la génération du millénaire (jeunes nés entre 1980 et écouter de la télé sur des appareils connectés et considérablement moins de 2000), dont ils tentent encore de décoder les comportements et la temps à écouter de la programmation diffusée en direct. Selon Nielsen, psychologie. S’il est vrai que les milléniaux – du fait de leur proximité aux l’adolescent américain (âgé de 12 à 17 ans) passe en moyenne quatre heures nouveaux outils numériques et leur aisance à les exploiter – marquent un de moins par semaine devant la télévision traditionnelle par rapport à il y a tournant dans les habitudes de consommation générales, surtout en ce qui une décennie. Au Canada, cette tendance est moins prononcée, mais elle concerne la consommation des médias (voir Rapport sur les tendances 1.0 : demeure très réelle : l’écoute hebdomadaire de la télévision parmi les Sommes-nous prêts pour la génération écran?), plusieurs considèrent qu’un adolescents a chuté de près d’une heure et demie entre 2010 et 2012. écart générationnel redéfinit actuellement les auditoires. La cohorte des milléniaux est maintenant gonflée par une génération de nouveaux venus, soit la génération Z. YOUTUBE ATTEINT PLUS DE JEUNES ÂGÉS DE 18 À 34 ANS QUE TOUT RÉSEAU DE CÂBLE AUX É.-U. (Jeunes de 18 à 34 ans, en pourcentages) GÉNÉRATION Z 49 % 45 % 44 % 41 % 40 % 39 % La génération Z désigne la cohorte d’individus nés 38 % 38 % 37 % 36 % après la génération du millénaire. Les dates exactes du début et de la fin de cette génération font encore l’objet de débats, mais la plupart des sources s’accordent pour dire qu’elle « s’étend de 1995 à 2015 ». (Koulopoulos, T. et Keldsen, D. Gen Z Effect: The Six Forces Shaping the Future of Business, 2014) YouTube FX TBSC CMDY AMC USA ESPN FAM MTV TNT (US Statistics et Nielsen, novembre 2013) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 9
4 LA FORCE DU NOMBRE (SUITE) En réponse, les géants du Web se font la lutte pour attirer de plus jeunes Dans le passé, les jeunes finissaient généralement par reproduire les habitudes auditoires. Selon Nielsen, 45 % des ménages américains avec enfants sont de consommation médiatique de leurs parents. Aujourd’hui, plusieurs abonnés à un service de vidéo sur demande (VSDA). Cette tendance se indicateurs suggèrent que la nouvelle génération tout-numérique pourrait manifeste également au Canada. Netflix, Amazon et YouTube ciblent la conserver ses nouvelles habitudes pendant les années à venir sans jamais génération Z via les applications et des milliers d’heures de contenu (acquis et retourner aux plateformes médiatiques traditionnelles. original) destiné aux jeunes auditoires. Netflix a investi dans de nouvelles émissions pour enfants, tandis que Google a lancé l’appli YouTube Kids. Dans tous les cas, le contenu pour enfants domine sur YouTube. Au cours des « La génération du millénaire représente un point de bascule pour la quatre premiers mois de 2015, la chaîne YouTube la plus écoutée dans le télévision, c’est-à-dire une transition entre la diffusion traditionnelle et la monde a été DisneyCollectionBR, qui présente des vidéos de déballage de diffusion en ligne. Cette transition ne fera que s’accélérer alors que les boîtes de jouets (« unboxing »). générations à venir grandissent en ayant accès à du contenu n’importe où, n’importe quand et à partir de l’appareil de leur choix. » PRÈS DE 9 FAMILLES CANADIENNES SUR 10 ÉCOUTENT DES VIDÉOS EN LIGNE Anglophones Francophones – The State of Online Video, 2015 Annual Edition, Limelight Networks 89 % 87 % 78 % 70 % POURCENTAGE D’UTILISATEURS DE YOUTUBE (É.-U.) QUI SE RENDENT SUR LA PLATEFORME AU MOINS UNE FOIS PAR MOIS : 53 % 50 % 43 % 39 % Vidéo en ligne Télé en ligne Vidéo en ligne Télé en ligne Canadiens 18 ans+ Canadiens 18 ans+ avec enfants de GÉNÉRATION Z MILLÉNIAUX GÉNÉRATION X moins de 18 ans à la maison (OTM, enquêtes de l’automne 2013 et du printemps 2014) « Aux yeux des préados et des ados, la télé traditionnelle est morte. Pas mourante, morte. » « La génération Z (personnes nées à compter du milieu des années 1990) exercera une influence beaucoup plus grande que la génération du millénaire. Elle influencera davantage ses pairs et sera beaucoup plus mobile que toute autre génération l’ayant précédée : ces deux caractéristiques seront sans aucun doute d’une importance capitale pour cibler BABY-BOOMERS BABY-BOOMERS ÂGE D’OR de futurs consommateurs de médias. » MOINS ÂGÉS PLUS ÂGÉS (Source: DMR) - Brian Robins d’Awesomeness TV (durant le MIP 2015) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 10
5 MONÉTISATION : La dématérialisation mènera-t-elle à un marché des droits davantage automatisé et avec moins d’intermédiaires? MISE À JOUR DU RAPPORT PRÉCÉDENT Nous avions déjà examiné plusieurs formes de monétisation désintermédiée comme le financement participatif ou le financement par les fans. Une désintermédiation plus poussée est apparue depuis, et elle risque de perturber le secteur des médias de la même façon que les industries du covoiturage, du taxi et de l’hôtellerie ont été perturbées au cours des dernières années. Le passage au numérique a mené à une optimisation des services, une Des plateformes comme Uber, Airbnb, HomeAway, VRBO et Etsy ont gagné rationalisation des processus, une plus grande efficacité organisationnelle et immensément en pouvoir d’influence. Des centaines de millions de dollars une diminution du rôle des intermédiaires. Par conséquent, nous observons changent de mains directement entre des propriétaires privés et des clients, que la création et la distribution de contenu peuvent se faire de façon plus mais il ne s’agit pas de transactions au détail au sens classique. Les modalités efficace, plus simple et plus rapide. Dans d’autres industries, ce même de ces transactions expriment la logique intrinsèque de l’accès et du droit passage au numérique a entrainé d’importantes perturbations; d’utilisation. En dépit de leur envergure, ces plateformes qui facilitent les l’automatisation et la simplification des processus sont appliquées aux ventes échanges n’ont pas à détenir des inventaires ou des parcs de taxis, de maisons et aux échanges commerciaux standardisés à l’échelle mondiale. L’industrie de de vacances ou de logements partout dans le monde. l’audiovisuel n’est d’aucune façon immunisée contre ces modes avancés de désintermédiation. Des plateformes comme YouTube, Vimeo et Dailymotion font essentiellement la même chose dans le monde audiovisuel. Règle générale, de tels agrégateurs servent à livrer et à distribuer du contenu sans intermédiaire. De MARCHÉS VIRTUELS plus, lorsque cela est possible, ils facilitent la monétisation par des modèles transactionnels, des abonnements ou des publicités. Certaines de ces Les plateformes utilisées pour gérer l’entièreté du processus transactionnel plateformes, comme Vimeo et BitTorrent Bundle, proposent des offres de contribuent à faciliter les relations commerciales en établissant des liens entre partage des revenus très attrayantes aux créateurs qui reçoivent 90% des des clients et un fournisseur, que ce dernier soit une entreprise ou un recettes. particulier. Cela comprend des contrats et des échanges de fonds entre acheteurs (ou locateurs) et vendeurs. En règle générale, ces plateformes Toutefois, l’octroi de droits et la négociation commerciale continuent d’exister génèrent des revenus sur la base d’abonnements mensuels, de frais en amont de cette exploitation en ligne et demeurent au cœur du modèle d’administration ou de commissions sur les transactions qui s’effectuent entre commercial de l’industrie de l’audiovisuel. Les relations entre représentants ou leurs utilisateurs. distributeurs et acheteurs/diffuseurs sont demeurées (jusqu’à maintenant) en bonne mesure inchangées par les processus d’automatisation et de Pour comprendre l’incidence potentielle de ces marchés virtuels, il est possible désintermédiation. d’établir un parallèle avec les économies collaboratives qui permettent aux particuliers et aux groupes de gagner de l’argent à partir d’actifs sous-utilisés. RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 11
5 MONÉTISATION (SUITE) Ce qui pourrait annoncer une automatisation plus avancée des modèles Contrairement aux plateformes d’économie collaborative qui facilitent les d’affaires dans l’industrie audiovisuelle est l’arrivée de plateformes qui transactions entre consommateurs (C2C), les plateformes utilisées pour les regroupent l’information sur les droits, réunissent acheteurs et vendeurs dans échanges de droits reposent (pour l’instant) sur une logique de commerce un marché numérique commun et facilitent les négociations, parfois même en interentreprises (B2B). temps réel, grâce à des outils en ligne et des options de paiement très souples. PLATEFORMES ÉMERGENTES D’ÉCHANGE DE DROITS La firme américaine RIGHTSTRADE a été nommée start-up de l’année au MIP TV en avril 2015. Ce marché interentreprises virtuel automatise la recherche, la négociation et l’octroi de licences afin de permettre aux acheteurs d’entrer plus rapidement en communication avec les propriétaires de contenu en vue d’acquérir les droits cinématographiques et télévisuels ainsi que les droits dans les médias numériques. À l’heure actuelle, RightsTrade n’offre que 2 198 titres directement, mais plus de 6 000 acheteurs sont déjà inscrits, dont 20th Century Fox Home Entertainment, Miramax et The Weinstein Company. Des plateformes comme Asset Rights Clearance (ARC) de FADEL offrent une infrastructure technologique permettant de faciliter les échanges de droits en ligne. ARC propose un ensemble de services Web publics auxquels les systèmes de gestion et de distribution de contenu et les moteurs de recherche peuvent se connecter pour autoriser l’utilisation d’actifs numériques en temps réel. RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 12
6 DAVID CONTRE GOLIATH : Comment faire face aux géants? MISE À JOUR DU RAPPORT PRÉCÉDENT Les joueurs américains dominants continuent d’accaparer une part grandissante du marché. Les alliances stratégiques, l’arrivée de nouveaux concurrents et d’audacieuses mesures réglementaires suffiront-elles à inverser cette tendance? Google, Amazon, Netflix, Facebook et Apple sont aujourd’hui des joueurs étoiles ALPHA CONTRE ALPHA bien établis et il devient de plus en plus difficile de faire concurrence à ces mégaplateformes multinationales (comme nous le soulignions dans notre rapport Les efforts déployés par Facebook pour devenir la première plateforme vidéo en précédent). Elles contrôlent à la fois les prix et la découvrabilité. Elles dictent les importance ont tiré la sonnette d’alarme pour YouTube (Google). Avant 2014, formats d’encodage, possèdent des données sur leurs utilisateurs et, ultimement, rarement des vidéos étaient téléversées directement sur Facebook; aujourd’hui, exercent une énorme influence sur les habitudes de consommation. ces vidéos sont visionnées près de quatre milliards de fois chaque jour. À titre comparatif, il a fallu attendre six ans après le lancement de YouTube pour franchir, en 2011, le cap des trois milliards de visionnements par jour. LES REVENUS MÉDIAS DE FACEBOOK C. YOUTUBE NOMBRE DE VIDÉOS ÉCOUTÉES (EN MILLIARDS) SUR ORDINATEUR DÉPASSENT CEUX DES DEUXIEME Sites Google c. Facebook Vidéos écoutées (en milliards) TROISIEME PLUS IMPORTANTS GROUPES MÉDIATIQUES 20 16 COMBINÉS (DISNEY ET COMCAST) 12,3 15,7 (ZenithOptimedia, 2015) 12 Alors qu’ils dominent les marchés mondiaux de contenu et continuent de 11,3 8 bénéficier d’un potentiel de croissance faramineux, les conglomérats se font concurrence entre eux et ils poursuivent avec férocité des alliances 4 0,7 concurrentielles. Parmi les nouveaux défis qui se présentent, mentionnons l’émergence de nouveaux grands marchés comme la Chine et l’Inde ainsi que de nouvelles initiatives réglementaires – principalement dans le marché européen – J J A S O N D J F M A M J J A 2013 2013 2013 2013 2013 2013 2013 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 2014 qui visent à empêcher les conglomérats d’avoir une mainmise sur l’industrie du numérique. (comScore Video Matrix, É.-U., 15 ans et plus) RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 13
6 DAVID CONTRE GOLIATH (SUITE) Un autre défi majeur auquel fait face Google pour conserver sa position d’une première source de revenus tangible pour l’application Snapchat lancée en dominante en matière de publicités en ligne est le partenariat annoncé en mai 2011, qui compterait aujourd’hui 100 millions d’utilisateurs. 2015 entre Facebook, le chef de file des médias sociaux, et IBM, le géant des TI. Ce partenariat a pour objectif de combiner les ressources colossales de Facebook Plutôt que de tenter de déloger YouTube (une stratégie ayant échoué pour des et d’IBM afin de mieux cibler l’offre publicitaire. Le fournisseur de services Internet agrégateurs vidéo comme Dailymotion et Vimeo), Vessel – une plateforme créée AOL (le troisième diffuseur de vidéos sur ordinateur en importance aux États-Unis en mars 2015 par un des fondateurs de Hulu – propose un modèle d’entreprise après Facebook et Google) a aussi décidé d’intervenir. Tim Armstrong, président innovateur : elle permet aux joueurs étoiles de la vidéo ainsi qu’aux Youtubeurs et du conseil d’administration et PDG, a déclaré ceci : « Nous visons à devenir la plus aux jeunes créateurs de mettre du contenu en ligne pendant 72 heures importante société de technologie médiatique sur la planète. » Cette déclaration a exclusivement sur Vessel. Les abonnés profitent de cet « accès en été faite après l’acquisition d’AOL par Verizon, la première entreprise de avant-première » et la plateforme partage les profits 60/40 avec les créateurs. Vice télécommunications aux États-Unis, pour la somme de 4,4 milliards de dollars. s’est également attirée beaucoup d’attention dans les médias dernièrement en concluant des ententes impressionnantes avec plusieurs partenaires dont Rogers Cependant, rien ne garantit le succès des alliances de grande envergure. Comme Communications, A&E Networks et HBO. l’indique Tom Wheeler, président de la FCC (US Federal Communications Commission), « nous observons l’émergence d’un marché de la vidéo en ligne qui En somme, malgré la domination des grandes plateformes médiatiques, des propose de nouveaux modèles d’entreprise et une offre bonifiée aux joueurs progressistes trouvent néanmoins le moyen d’atteindre des publics. consommateurs. » Faisant référence à l’échec de la fusion Comcast-Time Warner, il a aussi affirmé ceci : « La fusion proposée aurait posé un risque inacceptable MARCHÉS ÉMERGENTS pour la concurrence et l’innovation, notamment pour ce qui est de la capacité des fournisseurs de services vidéo en ligne d’atteindre et de servir les Les économies numériques croissantes de la Chine et de l’Inde ont donné lieu à consommateurs. » Entre-temps, la FCC analyse une nouvelle proposition déposée une nouvelle cohorte de gros joueurs domestiques qui pourraient rivaliser avec les par Charter Communications qui souhaite fusionner avec Time Warner Cable. conglomérats américains. La région de l’Asie-Pacifique est aujourd’hui prête à Rien n’indique que le sort réservé à cette nouvelle proposition sera le même que dicter le rythme de croissance de la télévision numérique à l’échelle planétaire. celui qu’ont connu Comcast et Time Warner. C’est de cette région que proviendront les deux tiers des plus de 600 millions de ménages qui s’abonneront à la télé numérique au cours des cinq prochaines années. La Chine comptera quelque 450 millions de ménages numériques d’ici DE NOUVEAUX JOUEURS 2020 (27 % du total mondial) et l’Inde se prépare à ravir la deuxième place aux Il ne s’agit pas nécessairement d’une nouvelle « bulle Internet », mais Le Figaro a États-Unis dès 2015. Aujourd’hui, la Chine représente le premier marché de la récemment dressé une liste de 80 entreprises en démarrage qui valent plus de 1 TVIP et du jeu vidéo sur la planète. milliard de dollars. C’est deux fois plus qu’en 2013. Certaines de ces entreprises Les efforts déployés par certains géants américains pour pénétrer les énormes milliardaires sont chinoises et indiennes et nombre d’entre elles sont américaines. marchés asiatiques ont connu des résultats mitigés jusqu’à maintenant. Certains, Des géants de Silicon Valley ont agi rapidement pour acquérir des étoiles dont Fox (qui a récemment annoncé des partenariats avec de grandes plateformes montantes comme Instagram (Facebook), Twitch (Amazon) et Vine (Twitter). de télévision par contournement en Asie), connaissent un certain succès. D’autres Cependant, certains nouveaux joueurs visent maintenant à demeurer ont vécu de grandes difficultés. Pensons notamment à Facebook, que la Chine a indépendants en proposant de nouveaux modèles commerciaux et de nouvelles bannie en 2009 et dont l’initiative Internet.org a fait face à une vive opposition en destinations qui attirent des millions d’internautes. Par exemple, Snapchat a lancé Inde. en janvier 2015 DISCOVER, une nouvelle fonctionnalité de distribution de contenu pour des éditeurs de renom comme CNN, People et ESPN. Il s’agit possiblement RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 14
6 DAVID CONTRE GOLIATH (SUITE) À l’avenir, les conglomérats occidentaux devront composer avec une rude MESURES RÉGLEMENTAIRES RÉGIONALES concurrence livrée par des entreprises de technologie qui sont bien établies en Asie et cherchent à s’étendre dans la région et à l’étranger. Pensons à de Ailleurs, des intervenants revendiquent un meilleur accès et la possibilité véritables géants comme Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi en Chine. d’intégrer le marché. Alors que la France et le Royaume-Uni réclament des règles du jeu équitables pour ce qui est de la TPC, le plan de l’UE pour un Marché unique numérique va encore plus loin. LA MONTÉE DE LA CHINE Naturellement, les industries nationales veulent que leurs entreprises de l’audiovisuel et des télécommunications demeurent concurrentielles. L’hégémonie La Chine compte plus d’abonnés à un service de TVIP (34 millions) que les grandissante des grandes plateformes américaines demeure un enjeu clé. Comme deuxième et troisième marchés de TVIP combinés (la France, avec 15,4 millions, et les États-Unis, avec 13,3 millions). nous l’avons mentionné tout au long du présent rapport, des organismes de réglementation aux quatre coins de la planète – que ce soit en France (CSA), aux Il est estimé que les dépenses liées aux jeux en Chine bondiront de 23 % pour États-Unis (FCC) ou en Grande-Bretagne (OFCOM) – soulèvent nombre de se chiffrer à 22,2 milliards de dollars en 2015 (près d’un quart du total questions et présentent de nouvelles propositions. Alors que l’industrie mondial). Ainsi, la Chine pourrait prendre les devants sur les États-Unis à ce canadienne tente toujours d’établir l’incidence des décisions prises par le CRTC chapitre. À l’échelle mondiale, c’est la société de portefeuille chinoise Tencent dans le cadre de sa consultation « Parlons télé », la Commission européenne a qui génère les recettes liées aux jeux les plus élevées. tout juste de déposé des recommandations concrètes ainsi qu’un plan audacieux pour exercer un contrôle efficace sur les géants d’Internet. LE PLAN EUROPÉEN POUR FAIRE CONCURRENCE À SILICON VALLEY Le Marché unique numérique de la Commission européenne fournirait à ses 28 États membres un cadre uniforme pour les biens, capitaux, contenus et services numériques. Visant à « rétablir l’Europe comme chef de file mondial des technologies de l’information et des communications », la stratégie déployée sur deux ans cherche à renforcer l’avantage concurrentiel d’entreprises locales et à imposer des normes paneuropéennes aux grands joueurs comme Google et Facebook afin de rendre la concurrence équitable. Parmi les buts de cette proposition, mentionnons : Réduire les obstacles aux activités transfrontalières en ligne. L’Europe compte un bassin de 500 millions de clients potentiels (les É-.U. en comptent 300 millions). Pourtant, les entreprises technologiques doivent composer avec 28 régimes législatifs nationaux. En mettant à jour et harmonisant la loi sur le droit d’auteur ainsi qu’en mettant fin au blocage géographique, la Commission cherchera à favoriser la portabilité transfrontière de contenu acquis légalement. Mettre fin à la fragmentation du marché européen des télécommunications et favoriser l’investissement. Alors que les revenus provenant de la vente aux enchères du spectre mobile (tel le réseau 4G) continueraient de bénéficier aux États membres, les conditions d’octroi de licences (par ex., les limites de temps et les exigences en matière de couverture) seraient harmonisées à l’échelle de l’UE. Les règles qui régissent des services comme la messagerie instantanée WhatsApp de Facebook seraient également revues. Des règles du jeu équitables pour l’ensemble des entreprises et des services dans un même marché. La Commission souhaite examiner diverses plateformes – notamment, Google, Facebook, Apple, Uber et Airbnb – en vue de s’attaquer aux conditions et pratiques inéquitables, aux politiques d’établissement des prix opaques, aux résultats de recherche non transparents et à l’utilisation de données privées ou personnelles à des fins de profilage et de publicité ciblée. RAPPORT SUR LES TENDANCES | MISE À JOUR DE MI-ANNÉE 2015 15
Vous pouvez aussi lire