Recommandations pour la vaccination contre la grippe
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Directives et recommandations Recommandations pour la vaccination contre la grippe Etat: septembre 2011 Office fédéral de la santé publique (OFSP) en collaboration avec le Groupe de travail Influenza (GTI) et la Commission fé- dérale pour les vaccinations (CFV) L’essentiel en bref La grippe (influenza) est une mala- de 40 à 70%. La vaccination anti- L’assurance obligatoire des soins die infectieuse aiguë due aux virus grippale est très sûre. Ses effets prend en charge – sous réserve du influenza, dont les conséquences sont connus et, depuis 1945, plu- montant de la franchise – les frais et les complications sont souvent sieurs milliards de doses ont été ad- de vaccination pour les personnes sous-estimées. Elle présente les ministrées dans le monde entier. avec un risque accru de complica- symptômes les plus divers, qui Tous les vaccins antigrippaux triva- tions graves en cas de grippe. peuvent aller d’une légère infection lents utilisés en Suisse à l’heure ac- respiratoire jusqu’au décès. Chaque tuelle sont inactivés, ils ne contien- La vaccination contre la grippe est hiver, en moyenne, 5 à 10% des nent donc pas de virus infectieux de recommandée aux: adultes et 20 à 30% des enfants nature à provoquer une grippe, mais contractent la grippe en Suisse. uniquement les antigènes de trois A) personnes avec un risque accru Dans certains groupes à risque et, souches de virus de la grippe mo- de complications graves en cas de plus généralement, chez les per- mentanément en circulation (une grippe (pour ces personnes, la vac- sonnes de plus de 65 ans, la grippe souche de chacun des virus A/H1N1, cination est prise en charge par l'as- Septembre 2011 entraîne souvent des complications A/H3N2 et Influenza B). surance obligatoire des soins sous qui en font un important facteur de réserve du montant de la franchise). morbidité et de mortalité. 100 000 Effets indésirables des vaccina- à 250 000 affections grippales né- tions (EIV): L’EIV le plus fréquent Ce sont: cessitent des consultations médi- est, chez 10 à 40% des personnes – les personnes de 65 ans et plus; cales, les complications graves re- vaccinées, une légère réaction lo- – les personnes (dès l'âge de quièrent quelques centaines à 5000 cale au point d’injection, qui s’es- 6 mois) avec l'une des maladies hospitalisations et provoquent jus- tompe au bout de quelques heures chroniques suivantes: maladies qu’à 1500 décès durant une vague à deux jours, sans thérapie. On ob- cardiaques; maladies pulmonaires de grippe. Les virus influenza, en serve des symptômes généraux (p. ex., asthme); troubles méta- particulier le virus de type A, se sans gravité tels que fièvre, nau- boliques affectant les fonctions caractérisent par un changement sées, douleurs musculaires, arti- cardiaque, pulmonaire ou rénale fréquent de leurs antigènes de sur- culaires et céphalées, ainsi que (p. ex., diabète ou obésité mor- bide, IMC ≥ 40); troubles neurolo- recommandations face, de sorte que de nouvelles va- d’autres symptômes grippaux chez riantes virales apparaissent conti- 5 à 10% des personnes vaccinées. giques (p. ex., maladie de Parkin- nuellement et sont à l’origine des Les réactions graves de type aller- son, troubles cérébrovasculaires) Directives et épidémies récurrentes pendant les gique – angio-œdème, asthme, ana- ou de l'appareil locomoteur affec- mois d’hiver. phylaxie – sont très rares (moins de tant les fonctions cardiaque, pul- Le moyen le plus efficace de se pré- 1 pour 10 000) et s’expliquent en monaire ou rénale, hépatopathies, munir contre la maladie et notam- général par une hypersensibilité aux insuffisance rénale, asplénie ou ment ses complications est la vac- protéines de l’œuf de poule. Des trouble fonctionnel de la rate (y cination antigrippale. Si les anti- phénomènes indésirables neuro- compris hémoglobinopathie), im- gènes contenus dans le vaccin cor- logiques, p.ex. un syndrome de munodéficience (p. ex., infection respondent aux virus en circulation, Guillain-Barré (SGB), sont également VIH, cancer, thérapie immunosup- elle offre pour les enfants et les très rares. pressive); adultes en bonne santé une protec- – les femmes enceintes dès le tion efficace contre la maladie dans Recommandations de vaccination: 2e trimestre de grossesse ou 70 à 90% des cas. Pour un certain Etant donné que les virus en circula- ayant accouché au cours des nombre de personnes faisant partie tion changent d’une année à l’autre, 4 semaines précédentes; d’un groupe à risque, et notamment il est nécessaire de renouveler la – les enfants nés prématurément chez les personnes âgées, la vacci- vaccination antigrippale tous les ans. (nés avant la 33e semaine ou bien nation contre la grippe est moins La période la plus propice se situe d'un poids inférieur à 1500 g à la efficace mais permet toutefois de entre la mi-octobre et la mi-no- naissance) dès l'âge de 6 mois réduire la morbidité et la mortalité vembre, la vaccination étant alors pendant les deux premiers hivers grippale dans des proportions allant efficace pendant six mois environ. suivant la naissance; 1
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe Editeur © Office fédéral de la santé publique (OFSP) Septembre 2011 Version actuelle disponible sur Internet www.bag.admin.ch/infinfo Pour de plus amples informations Office fédéral de la santé publique Unité de direction Santé publique Division Maladies transmissibles 3003 Berne Téléphone 031 323 87 06 epi@bag.admin.ch Auteurs Office fédéral de la santé publique (OFSP) Division Maladies transmissibles (MT) recommandations Commission fédérale pour les vaccinations (CFV) Membres: C. Aebi, Berne; R. Anderau, Neuchâtel; G. Bachmann, St-Gall; H. Binz, Soleure; P. Diebold, Monthey; M. Gallacchi, Melide; U. Heininger, Bâle; P. Landry, Neuchâtel; A. Marty-Nussbaumer, Lucerne; L. Matter, Bâle; K. Mühlemann, Berne; J. Roffler, Genève; Directives et C.-A. Siegrist, Genève (présidente); S. Stronski Huwiler, Zurich; P. Trefny, Lucerne; B. Vaudaux, Lausanne. Secrétariat de la CFV assuré par l’OFSP, Section programmes de vaccination et mesures de contrôle. Groupe de travail Influenza (GTI) Membres: E. Jandrasits, Zurich; L. Kaiser, Genève; A. Kauffmann, Genève; R. Koch, Berne; J. Kyek, Zoug; E. Masserey, Lausanne; T. S. Meister, Ittigen; K. Mühlemann, Berne; J.-C. Piffaretti, Massagno (président); J. Roffler, Genève; C.A. Siegrist, Genève; U. Thurnherr, Karlsruhe; A. Witschi, Bâle. Secrétariat du GTI assuré par l’OFSP, Division Maladies transmissibles. Mots-clés: Grippe, influenza, Influenza-like-illness, virus influenza, vague de grippe, pneumonie, risque de complications, groupes à risque, gros- sesse, vaccination, efficacité, recommandations de vaccination, professionnels de la santé Suggestion de citation: Office fédéral de la santé publique, Commission fédérale pour les vaccinations (CFV), Groupe de travail Influenza (GTI). Directives et re- commandations. Recommandations pour la vaccination contre la grippe. Berne: Office fédéral de la santé publique, 2011. Cette publication paraît aussi en allemand. Numéro de publication: BAG OeG 11.06 1500 d 1000 f 20EXT0609/20EXT06010 2 Imprimé sur du papier blanchi sans chlore
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe – les résidents des maisons de C) personnes en contact profession- tous les ans, de préférence entre soins et des établissements pour nel avec de la volaille, des oiseaux mi-octobre et mi-novembre. L’admi- patients atteints de maladies chro- sauvages ou de cochons (pour ré- nistration consiste en une injection niques. duire le risque de développement intramusculaire dans la partie supé- d'un nouveau virus par réassorti- rieure du bras (muscle deltoïde) ou B) personnes qui, au sein de leur fa- ment). dans la région antéro-latérale de la mille ou dans le cadre de leurs acti- cuisse chez les petits enfants. vités privées ou professionnelles, Contre-indications et mesures de sont en contact régulier avec: précaution: La vaccination antigrip- La dose d’antigènes pour les sujets – des personnes de la catégorie A pale est contre-indiquée en pré- à partir de 3 ans est de 15 µg pour (voir ci-dessus); sence d’une forme sévère d’allergie chacun des trois composants anti- – des nourrissons de moins de à l’œuf de poule ou d’une hypersen- géniques HA. Les enfants de moins 6 mois (ceux-ci présentent des sibilité grave à l’un des composants de trois ans reçoivent une demi- risques accrus de complications du vaccin (lécithine, formaldéhyde, dose, ce qui correspond à 7,5 µg et ne peuvent être vaccinés en Triton-X, aminoglycosides). La vacci- pour chacun des trois composants raison de leur très jeune âge). nation antigrippale n’est pas recom- HA. Si la vaccination est pratiquée mandée pour les nourrissons de pour la première fois chez des en- La vaccination contre la grippe est moins de 6 mois. Les personnes qui fants de 6 mois à 8 ans (jusqu’à leur recommandée en particulier à tout présentent une forte fièvre ne de- 9e anniversaire), il est recommandé personnel soignant, médical ou pa- vraient être vaccinées qu’après dis- d’administrer deux doses (ou deux ramédical, personnel des crèches, parition des symptômes. demi-doses, suivant l’âge) à un in- des garderies, des établissements tervalle de quatre semaines (on de soins, de retraite ou pour per- Schéma de vaccination, adminis- parle en l’espèce de priming). sonnes âgées, y compris les étu- tration et dosage: La vaccination diants et les stagiaires. contre la grippe doit être renouvelée Septembre 2011 recommandations Directives et 3
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe Sommaire L’essentiel en bref 1 Impressum 2 1. Introduction 5 2. Les virus influenza et leur transmission 5 2.1. Description de l‘agent pathogène 5 Figure 1. Schéma de désignation des virus influenza de type A 5 2.2. Transmission, multiplication du virus et contagiosité 6 3. Clinique 6 3.1. Symptômes, pathophysiologie et évolution clinique 6 3.2. Groupes exposés à un risque accru de complications 7 3.3. Diagnostic 8 4. Epidémiologie 8 4.1. Propagation des virus influenza dans le monde 8 4.2. Surveillance de l’influenza 10 Figure 2. Vue synoptique des saisons d’influenza recensées dans le système de déclaration suisse Sentinella pour la période 1995/1996 à 2010/2011 10 4.3. Fardeau de la grippe saisonnière en Suisse 11 Tableau 1. Chiffres-clés des saisons grippales entre 1995/1696 et 2010/2011 en Suisse 11 5. Vaccination contre la grippe 12 Septembre 2011 5.1. Vaccins et produits autorisés en Suisse 12 5.2. Immunogénicité et efficacité 13 5.3. Effets indésirables des vaccinations (EIV) 14 5.4. Interactions et précautions 15 5.5. Contre-indications 15 5.6. Aspects économiques 15 6. Recommandations 16 6.1. Objectifs de la vaccination et couverture vaccinale en Suisse 16 6.2. Recommandations pour la vaccination contre la grippe 16 6.3. Groupes particuliers 17 recommandations 6.3.1. Enfants 17 6.3.2. Personnes âgées 17 Directives et 6.3.3. Femmes enceintes 18 6.3.4. Personnes immunodéficientes 18 6.3.5. Professionnels de la santé (HCW) 18 6.3.6. Voyageurs 19 6.4. Autres mesures de prévention et thérapie 19 Bibliographie 20 4
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe 1. Introduction Les virus influenza sont des virus rement) H1N2. On a vu circuler aussi, sphériques ou pléomorphes d’environ entre 1957 et 1968, le sous-type Les virus grippaux des types A, B et C 100 nm de diamètre. Ils possèdent un H2N2. D’autres virus influenza A peu- provoquent une maladie communé- génome d’ARN monocaténaire néga- vent se transmettre de façon spora- ment appelée grippe, ou influenza. tif, segmenté en huit (influenza type A dique de l’animal à l’homme et, par- Cette dernière peut causer des com- et B) ou sept fragments (influenza fois, provoquer des affections sévères plications parfois graves, en particulier type C). Chaque segment est com- à l’instar, entre autres, des sous-types chez les personnes âgées ou fragili- posé d’une séquence des bases qui H5N1, H7N2, H7N3, H7N7, H9N2 et sées par des affections chroniques. code pour des protéines et est asso- H10N7 [10,11]. Parmi les sous-types Cette affection, dont les complications ciée à une ARN-polymérase, cette sé- de type A apparaissent constamment entraînent des consultations médi- quence étant protégée d’une dégrada- de nouvelles variantes du virus, dites cales, des hospitalisations et de l’ab- tion précoce par des nucléoprotéines. «souches», dont la dénomination est sentéisme, engendre chaque hiver Le matériel génomique est entouré indiquée à la figure 1. des coûts considérables à la charge du par une membrane protéique consti- Les virus influenza de type B sont ré- système de santé publique et la com- tuée de protéine de matrice M1 et par pandus chez l’être humain, certains munauté toute entière. Une vaccination une deuxième membrane, lipidique rongeurs et mammifères marins. Ils en temps opportun, durant l’automne, celle-là. Cette enveloppe externe se répartissent entre les deux lignées est le moyen le plus efficace de préve- contient les deux glycoprotéines ma- de souches Victoria et Yamagata. Les nir la grippe saisonnière en hiver. La vac- jeures, à savoir l’hémagglutinine (H) virus influenza de type C infectent cination antigrippale est recommandée et la neuraminidase (N), avec en plus l’être humain, le porc et le chien [9, 12, à toutes les personnes à risque accru pour le type A un canal ionique (pro- 13]. de complications ainsi qu’aux per- téine M2) [3, 4]. Pour le virus influenza Le génome des virus influenza pré- sonnes en contact fréquent avec des de type A, on connaît au total 16 sous- sente un taux de mutation élevé. personnes à risque, notamment tous types différents d’hémagglutinine et Cette variabilité génétique modifie les professionnels de la santé. 9 de neuraminidase, contre un seul constamment la structure de leurs gly- Ce document livre des connaissances sous-type H ou N pour l’influenza de coprotéines de surface, ce qui permet de base sur les virus influenza, la type B; quant au virus influenza de aux virus d’échapper à la réponse im- grippe en tant que maladie, l’épidé- type C, il ne porte qu’une seule glyco- munitaire de l’hôte infecté (l’être hu- Septembre 2011 miologie, la vaccination, ainsi que sur protéine de surface. Pour l’influenza main, p. ex.), car ces glycoprotéines les vaccins disponibles en Suisse et de type A, l’assemblage des sous- de surface variables sont précisément présente les recommandations de vac- types H et N détermine le sous-type la cible du système immunitaire, et no- cination antigrippale. L’ancienne bro- de virus (p. ex. A/H3N2), dont dépend tamment des anticorps neutralisants chure intitulée «Directives et recom- aussi le spectre d’hôtes [5]. [14-16]. mandations pour la vaccination contre Les virus influenza de type A coloni- Les diverses souches d’influenza nais- la grippe» de septembre 2007 a été re- sent fréquemment des mammifères sent de l’action de deux mécanismes vue et complétée après la pandémie tels que le porc, le cheval, le chat, le différents: la dérive antigénique («anti- de 2009, à la lumière de nouvelles ob- chien, certaines espèces de rongeurs genic drift») et la variation antigénique servations scientifiques, de la disponi- et de mammifères marins. Cela dit, le («antigenic shift»). bilité de nouveaux vaccins et d’une réservoir le plus important est consti- Le terme de dérive antigénique dé- mise à jour des recommandations de tué par les oiseaux, en particulier les signe les mutations ponctuelles fré- vaccination. oiseaux aquatiques, qui sont souvent quentes qui surviennent dans le gé- recommandations des porteurs asymptomatiques [6-9]. nome des virus lors de la réplication Chez l’être humain, les épidémies de virale. Elles entraînent de légères mo- grippe influenza de type A sont cau- difications des glycoprotéines de sur- Directives et 2. Les virus de l’influenza sées par des virus à hémagglutinine face (hémagglutinine, neuraminidase) et leur transmission H1, H2 et H3, ainsi qu’à neuramini- et ainsi des propriétés antigéniques dase N1 et N2 [1]. Depuis 1918, les vi- des virus. La pression sélective 2.1. Description de l’agent rus influenza A en circulation sont les qu’exerce le système immunitaire de pathogène sous-types H1N1, H2N2, H3N2, et (ra- l’hôte sur les virus favorise ces muta- Les virus influenza, qui appartiennent à la famille des Orthomyxoviridae, se Figure 1 répartissent en trois types: influenza Les souches de virus influenza de type A sont désignées selon le schéma suivant A, influenza B et influenza C, qui se distinguent par leur nucléoprotéines et Numéro de leur génome [1, 2]. Les épidémies an- souche Sous-type d‘hémagglutinine Type nuelles de grippe saisonnière sont Sous-type de causées par les virus influenza des neuraminidase type A et B, alors que de nouveaux vi- rus de type A peuvent être à l’origine A/Perth/16/2009(H3N2) de pandémies, c’est-à-dire des épidé- mies à l’échelle mondiale. Le virus in- fluenza de type C apparaît de façon Lieu de découverte de la souche Année sporadique, surtout chez les adoles- d’isolement 5 cents et cause une affection légère.
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe tions ponctuelles. Ceci explique que la ment que les virus de type A. La fré- hèrent aux récepteurs acide N-acétyl- population soit de moins en moins im- quence des mutations des virus in- neuraminique de la cellule hôte et in- mune contre ces virus constamment fluenza de type C est encore plus fectent la cellule par endocytose. Un modifiés («dérivés») et que, en conju- lente. abaissement du pH à l’intérieur de la gaison avec d’autres facteurs, elle soit cellule amène la membrane virale à fu- touchée quasiment chaque hiver par 2.2. Transmission, multiplication sionner avec l’endosome, et les com- une épidémie de grippe saisonnière. du virus et contagiosité plexes ARN-nucléoprotéines ainsi libé- La dérive antigénique implique donc La grippe se transmet de personne rés sont transportés vers le noyau cel- que les vaccins antigrippaux soient à personne, essentiellement par voie lulaire, lieu de la transcription de tous adaptés tous les ans aux propriétés aérienne (aérogène), et plus précisé- les segments du génome. L’assem- des virus en circulation. La dérive s’ob- ment par des gouttelettes sécrétées blage des particules virales nouvelle- serve chez tous les types (A, B et C) par les voies respiratoires de per- ment synthétisées se produit dans la des virus influenza [14-18]. sonnes infectées, qui parviennent membrane cellulaire, et leur libération Quant au phénomène de la variation par la toux, les éternuements ou la de la cellule hôte est commandée par antigénique, il n’est connu à ce jour parole dans les muqueuses buccales, la neuraminidase [2]. que chez les virus influenza de type A. nasales ou oculaires de personnes Contagiosité: En général, un adulte S’il est beaucoup plus rare que celui non infectées. Il s’agit de gouttelettes infecté excrète le virus dès le jour de la dérive antigénique, l’ampleur des macroscopiques d’un diamètre supé- précédant l’apparition des premiers modifications dans le génome est net- rieur à 5 µm, ce qui suppose une dis- symptômes et reste contagieux jus- tement plus importante. En général, la tance d’un mètre au maximum entre qu’au troisième ou cinquième jour population ne présente aucune immu- deux personnes. Une transmission par (maximum septième) suivant cette ap- nité, ou une immunité très réduite, aérosols (particules infectieuses en parition. Chez l’enfant, la phase infec- face à ces nouveaux virus influenza de suspension dans l’air ambiant d’un dia- tieuse débute probablement plus tôt type A, ce qui peut conduire à une épi- mètre inférieur à 5 µm) est également et peut durer jusqu’à 10 jours après démie à l’échelle mondiale, c’est-à-dire possible, notamment en présence l’apparition des symptômes [33]. Les une pandémie [8, 19, 20]. Une modi- d’une hygrométrie assez basse, mais personnes immunodéprimées peu- fication fondamentale de l’une des elle paraît globalement jouer un rôle vent être contagieuses jusqu’à 21 deux glycoprotéines de surface donne secondaire [25-29]. Selon des études, jours après le début de la maladie [8]. Septembre 2011 la plupart du temps naissance à un le virus influenza semble ne pas être Même des personnes infectées ne nouveau sous-type, et ce, en principe, transmis de la mère à l’enfant pendant présentant pas ou peu de symptômes sous l’action de deux mécanismes: 1) la grossesse [30, 31]. peuvent être contagieuses et trans- par une mutation ponctuelle permet- En outre, des personnes peuvent s’in- mettre la maladie par simple éternue- tant une adaptation à une espèce nou- fecter avec les virus influenza par ment. Chez les malades, c’est au dé- velle. On parle alors de franchisse- contact avec des gouttelettes de but de l’affection que le risque de ment de la barrière des espèces, à sécrétion présentes sur une surface contagion (contagiosité) est le plus im- l’exemple de la transmission de l’ani- contaminée. La transmission par portant, particulièrement en présence mal à l’homme, comme ce fut le cas contact direct se fait par les mains, de toux, car la charge virale («viral lors de la pandémie A/H1N1 de 1918; quand deux personnes se serrent la load») dans les voies respiratoires est 2) par réassortiment (échange) de seg- main, p. ex. Il y a transmission indi- très élevée à ce moment-là [34]. Le ments géniques entiers de deux ou recte au contact d’objets tels que poi- potentiel de contagion dépend de la plusieurs souches virales, lors de l’in- gnées de porte, couverts, jouets ou ar- virulence de la souche virale en circu- recommandations fection d’une cellule hôte par diffé- gent liquide (billets, pièces) contami- lation, autrement dit de sa capacité rents virus: la pandémie A/H2N2 de nés par les sécrétions respiratoires à déclencher des symptômes impor- 1957 était imputable à un tel réassorti- d’une personne infectée, suivi d’un tants, telles la toux, chez la personne Directives et ment, et de même en 1968 est apparu contact avec les propres muqueuses infectée [35], ainsi que de l’immunité un nouveau sous-type d’influenza com- buccales, nasales ou oculaires de (acquise par maladie ou vaccination posé du virus A/H2N2 provenant de l’hôte [32, 33]. Les virus influenza antérieure) de la population. Plus le vi- l’homme et d’un sous-type (aviaire), le peuvent rester infectieux plusieurs rus a changé par mutation depuis l’an- virus A/H3, associé à un sous-type N heures sur une surface contaminée, née précédente, moins l’immunité ac- inconnu. Le virus A/H3N2 qui en est surtout lorsque température et hygro- quise par la vaccination ou une mala- résulté fut à l’origine de la «grippe de métrie sont basses [26]: jusqu’à die antérieure est protectrice. Hong Kong». Enfin, le virus de la grippe 48 heures sur une surface dure et pandémique A/H1N1 de 2009 est né lisse, 12 heures sur des textiles et du de la recombinaison de deux souches papier, et environ 5 minutes sur la porcines, d’une souche aviaire et main. Ils sont inactivés par les désin- 3. Clinique d’une souche humaine. Il semble éga- fectants usuels pour les mains; un la- lement possible que des mutations vage minutieux à l’eau et au savon 3.1. Symptômes, pathophysio- ponctuelles dans le gène de l’hémag- peut les éliminer en grande partie de la logie et évolution clinique glutinine ou des réassortiments aient peau. Une grippe évolue toujours de façon lieu directement chez l’être humain et Multiplication du virus: Les virus de aiguë, avec des symptômes qui per- conduisent à une pandémie [21-24]. la grippe pénètrent par inhalation dans sistent de quelques jours à plusieurs Les virus influenza de type B présen- l’arbre respiratoire supérieur, où ils in- semaines. Le temps d’incubation, 6 tent une variété génétique moindre et fectent les cellules ciliées de l’épithé- c’est-à-dire la période qui s’écoule mutent deux ou trois fois plus rare- lium. Grâce à l’hémagglutinine, ils ad- entre l’infection et l’apparition des
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe premiers symptômes, varie de un à conjonctivite et à un gonflement péri- ranasales (sinusite), de la trachée (tra- quatre jours (deux jours en moyenne). orbital. chéite, faux croup) et des bronches L’éventail des manifestations pos- Au bout de quelques heures s’ajou- (bronchite). La maladie évolue parfois sibles d’une infection par le virus de la tent des symptômes respiratoires: après quelques jours vers une inflam- grippe est très large. L’infection peut maux de gorge, enrouement, parfois mation du tissu pulmonaire (pneumo- suivre un cours parfaitement asympto- un rhume, et typiquement une toux nie). Ces complications au niveau matique, dont la personne concernée sèche. Les virus influenza infectent des voies respiratoires peuvent être ne s’apercevra pas. Des études séro- tout d’abord les voies respiratoires su- d’origine virale primaire (causées par épidémiologiques ont montré que les périeures (pharynx et nasopharynx), les virus grippaux eux-mêmes) ou bac- infections asymptomatiques sont fré- où ils provoquent une réaction inflam- térienne secondaire (dues à des bacté- quentes pour tous les sous-types matoire des cellules épithéliales respi- ries proliférant dans le tissu lésé d’influenza [34, 36, 37]. L’apparition de ratoires, avec œdème de la muqueuse. [surinfection]). Les pathogènes respon- symptômes, respectivement leur in- Contrairement aux infections par des sables de ces pneumonies bacté- tensité, dépend des propriétés intrin- «virus de refroidissement» habituels, riennes secondaires sont fréquem- sèques du virus ainsi que de l’âge, de les cellules épithéliales respiratoires ment des staphylocoques, Strepto- l’état de santé et du statut immuni- sont détruites en cas d’infection par coccus pneumoniae (pneumocoques) taire de la personne infectée. Une évo- des virus grippaux [39]. Une irritation et Haemophilus influenzae. Au début lution grave de la grippe doublée de du larynx provoque parfois une toux du XXe siècle, on a à tort imputé à ces complications peut conduire à la mort sèche persistante, non productive. derniers, la grippe (virale). Les pneu- et, en particulier chez les personnes Souvent, les voies respiratoires infé- monies virales primaires sont rares âgées, des complications ou l’exacer- rieures (entre larynx et bronches) sont mais, non soignées, elles sont sou- bation d’une pathologie latente peu- atteintes après quelques jours, cau- vent létales [48, 49]. vent se traduire par la perte de leur au- sant une toux productive avec expec- Dans de rares cas, les complications tonomie habituelle. En général, il s’agit torations. Une tachypnée peut appa- de la grippe touchent également toutefois d’une affection aiguë qui se raître à cause de la fièvre et/ou avec d’autres organes. Les atteintes inflam- guérit spontanément. de la dyspnée et des douleurs thora- matoires des muscles (myosite), du S’agissant d’une évolution «clas- ciques lors d’une infection des voies cœur (myocardite ou péricardite) sui- sique» de la grippe, les symptômes respiratoires inférieures [12, 40-44]. vies d’une cardiomyopathie dilatative, Septembre 2011 généralisés peuvent apparaître de Un gonflement des ganglions lympha- d’un infarctus du myocarde ou d’un manière si soudaine que de nom- tiques cervicaux avant tout chez les choc toxique peuvent survenir et se breuses personnes touchées se sou- enfants. Chez les jeunes enfants, des révéler fatales [50, 51]. Parmi les com- viennent du moment précis auquel la symptômes gastro-intestinaux tels plications neurologiques rares mais maladie a débuté. Typiquement, l’in- que douleurs abdominales, nausées, sévères figurent en outre la ménin- fection commence par un accès de vomissements et diarrhées sont par- gite, l’encéphalite, la myélite ainsi que fièvre et des frissons, accompagnés fois au premier plan [45-46]. la polyradiculonévrite de type syn- d’un sentiment de malaise, d’asthé- Le taux de multiplication des virus drome de Guillain-Barré (SGB). Le nie, de céphalées, de douleurs muscu- dans l’organisme atteint son pa- risque relatif de contracter un SGB est laires et articulaires, de vertiges et de roxysme au bout d’environ 48 heures multiplié après une infection grippale, perte d’appétit. Durant les premières et peut persister jusqu’à une semaine. toutefois il est rare et peut avoir pour heures, la fièvre peut rapidement at- Lorsque la grippe évolue sans compli- origine d’autres agents infectieux [52- teindre une température de 38 à 41 °C. cations, les symptômes disparaissent 54]. Les enfants peuvent présenter recommandations [8, 38]. Cette forte fièvre est surtout le plus souvent après 3 à 7 jours, sa- des convulsions fébriles; chez les per- fréquente chez les personnes dont le chant que la phase de convalescence, sonnes âgées, la confusion mentale système immunitaire est exposé à accompagnée de toux et d’un état de n’est pas rare. On compte au nombre Directives et une souche grippale virulente et nou- faiblesse générale, peut durer deux des complications gastro-intestinales velle pour lui, ce qui est souvent le cas semaines ou davantage. La régénéra- relativement rares l’appendicite ou la chez les enfants. Bien que la fièvre ap- tion des cellules épithéliales détruites cholécystite, notamment chez les en- paraisse plus rarement et soit plus commence vers le cinquième jour et fants. Ces complications surviennent basse chez les personnes âgées, les s’achève au bout de trois à quatre se- avec un certain retard et sont proba- prématurés et les personnes immuno- maines [40]. blement imputables à un gonflement déficientes, la température corporelle Si des complications sont en principe des ganglions lymphatiques dans le peut se maintenir à un niveau plus possibles chez tout individu lors d’une système lymphatique mésentérique. élevé que la normale pendant plu- affection grippale, leur probabilité aug- L’administration d’acide acétylsalicy- sieurs jours chez ces personnes. La mente toutefois nettement chez les lique en cas d’infection par le virus in- fièvre dure en général trois jours, plus personnes âgées, les nourrissons, les fluenza peut provoquer chez l’enfant rarement jusqu’à huit jours. Une bra- femmes enceintes et les personnes le rare syndrome de Reye [8, 12, 13, dycardie relative, signe d’hypotension, souffrant de maladies chroniques. Le 44, 45, 55, 56]. est une manifestation typique. Cer- taux d’hospitalisation pour ces per- tains patients font état aussi d’une sonnes est de deux à cinq fois plus 3.2. Groupes exposés à un risque gêne oculaire en vision latérale, élevé que pour les jeunes adultes en accru de complications d’éblouissements, de photophobie, de bonne santé [47]. Parmi les complica- Parmi les groupes d’âge avec un risque larmoiements et de sensations de brû- tions les plus fréquentes figurent les accru de complications en cas de lure des yeux. L’examen révèle des inflammations de l’oreille moyenne grippe figurent les nourrissons (sur- 7 yeux brillants, associés parfois à une (otite moyenne aiguë), des cavités pa- tout durant les six premiers mois) et
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe les personnes âgées (avant même Une obésité morbide (IMC ≥ 40) a été réaction en chaîne par polymérase en leur 65e anniversaire). Chez les adultes identifiée dans différentes études, du- temps réel (de l’anglais Real-Time Po- et les enfants atteints d’affections rant la pandémie de 2009, comme lymerase Chain Reaction, RT-PCR), im- chroniques du cœur, des voies respi- étant un facteur de risque de com- munotests directs et indirects (p. ex. ratoires, du métabolisme et du foie, de plications. A cet égard toutefois, la immunofluorescence). Ces méthodes maladies neurologiques et musculo- contribution d’autres facteurs alliés à permettent une sous-typisation du vi- squelettiques, d’insuffisance rénale, un surpoids (maladies cardio-vascu- rus. En outre, toute une série de tests d’hémoglobinopathies, d’asplénie ou laires, diabète et restriction de la fonc- de détection rapide du virus de la de troubles fonctionnels de la rate, la tion pulmonaire) demeure en partie grippe, disponibles dans le commerce grippe est associée à une fréquence floue [75, 76]. Le tabagisme est, en ont été mis au point ces dernières an- accrue de complications. De plus, une raison de l’atteinte chronique de l’épi- nées (résultats en moins de 30 min.). infection par le virus influenza peut thélium respiratoire, un facteur de Leur sensibilité et leur spécificité sont exacerber des problèmes de santé risque indépendant d’évolutions sé- cependant nettement moindres [81]. sous-jacents, en particulier un asthme vères et de mortalité de la grippe [77]. Les tests sérologiques (détermination bronchique, une broncho-pneumopa- du titre des anticorps) ne jouent un thie chronique obstructive (BPCO), un 3.3. Diagnostic rôle que dans le cadre de recherches emphysème pulmonaire, une insuffi- Les symptômes d’une grippe, surtout en vaccination et d’enquêtes épidé- sance cardiaque, une maladie corona- lorsque celle-ci évolue de manière peu miologiques. rienne ou un diabète. En outre, cer- sévère et sans complications, ressem- taines de ces affections chroniques blent souvent aux symptômes déclen- vont de pair avec une diminution – à chés par des virus dits «de refroidis- tout le moins partielle – des défenses sement». C’est ce qui explique que 4. Epidémiologie immunitaires [57, 58]. La fonction du beaucoup de gens confondent les système immunitaire diminue égale- termes de grippe (= influenza) et de 4.1. Propagation des virus ment avec l’âge [59]. Les patients refroidissement, ce dernier pouvant influenza dans le monde souffrant d’une immunodéficience être provoqué par une multitude de L’influenza est largement répandue congénitale ou acquise telle qu’une in- virus. On en dénombre plus de 200 chez de nombreux mammifères et fection au VIH, de maladies malignes types, dont les adénovirus, les corona- chez une grande partie des oiseaux. Septembre 2011 ou soumis à une thérapie immunosup- virus, les virus coxsackie, les échovi- La transmission, de même que des pressive présentent un risque de com- rus, les entérovirus, les métapneumo- infections chroniques concernent de plications sensiblement accru, et les virus, les virus parainfluenza, les rhino- nombreuses espèces aviaires toute symptômes grippaux peuvent persis- virus et les VRS (virus respiratoire l’année. Certains virus franchissent les ter longtemps [60-62]. Cela vaut aussi syncytial). Les VRS apparaissent eux barrières d’espèce de façon spora- pour les prématurés durant leurs aussi sous forme épidémique, surtout dique, constituant ainsi un réservoir deux premières années de vie. à l’automne et au début de l’hiver, et génétique inépuisable, ce qui – conju- Les femmes subissent des transfor- peuvent provoquer chez les nourris- gué à la variabilité génétique – rend mations importantes au niveau hormo- sons des pneumonies parfois sévères. impossible toute élimination ou éradi- nal, physique et immunologique du- Des bactéries telles que Mycoplasma cation. rant la grossesse et les premières se- pneumoniae, les chlamydiae et Legio- Chaque année, de 5 à 20% de la popu- maines qui suivent l’accouchement. nella pneumophila peuvent être à l’ori- lation contracte la grippe. Selon l’Orga- Leurs défenses immunitaires sont lé- gine de syndromes de type grippaux. nisation mondiale de la santé (OMS), recommandations gèrement diminuées, ce qui explique Sans autre indication, le diagnostic 250 000 à 500 000 personnes meu- que la grippe puisse prendre un carac- clinique est en général difficile à po- rent chaque année des suites de la tère plus sévère, notamment durant ser. La meilleure valeur prédictive po- maladie [82]. Directives et les deuxième et troisième trimestres. sitive (probabilité) d’une affection grip- Sous les tropiques, les virus influenza Les femmes enceintes souffrant d’une pale consiste en une combinaison des circulent toute l’année de manière maladie chronique sous-jacente (dia- symptômes suivants: apparition sou- sporadique ou sous forme de petites bète, insuffisance cardiaque, maladie daine, fièvre de plus de 38 °C et toux, flambées, avec une tendance à la rénale ou pulmonaire, immunosup- en particulier durant une vague de concentration des cas sur la saison la pression, etc.) risquent de voir celle-ci grippe [78-80]. plus fraîche et/ou la période des pluies s’exacerber [30, 63-65]. Au cours des Diagnostic en laboratoire: Seuls des [83]. Dans les régions au climat frais pandémies de grippe de 1918, 1957 et tests en laboratoire permettent de po- ou tempéré, la grippe prend par contre 1968, on a observé une surmortalité ser avec certitude le diagnostic d’in- la forme d’épidémies saisonnières chez les femmes enceintes [66, 67], et fluenza. Toutefois, ils ne se révèlent annuelles pendant les mois d’hiver. les données suggérant qu’elles sont nécessaires que si les patients sont C’est habituellement la règle de dé- nettement plus souvent sujettes à des gravement malades en dehors d’une cembre à mars dans l’hémisphère nord complications quand elles contractent épidémie ou s’ils sont à risque accru et de juin à septembre dans l’hémi- une grippe saisonnière se multiplient de complications. Le prélèvement doit sphère sud [29, 84, 85]. Cela tient à la [68-70]. Même la pandémie de A/H1N1 se faire si possible dans les 48 heures promiscuité, favorisée par la vie en de 2009, pourtant relativement modé- qui suivent l’apparition des symp- commun dans des espaces clos du- rée, a révélé un risque clairement ac- tômes, au moyen d’un frottis nasal ou rant la saison froide, ainsi qu’à la basse cru chez des femmes enceintes en pharyngé. Diverses méthodes sont humidité de l’air qui y prédomine 8 bonne santé [71-75]. utilisées en laboratoire spécialisé: iso- et non seulement assèche les mu- lement du virus par culture cellulaire, queuses buccales et nasales, mais en-
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe core stimule la capacité de survie et la prépondérant dans la propagation de Durant cette pandémie, les taux transmission des virus [25, 29]. Du la maladie. De par leurs contacts d’hospitalisation et de létalité ont at- printemps à l’automne, les affections étroits avec d’autres personnes et leur teint des valeurs un peu inférieures grippales ne surviennent qu’à titre conscience hygiénique encore insuffi- à celles de 1958. En 1977, un virus sporadique [10, 24-26, 86, 87]. En Eu- samment aiguisée, ils connaissent l’in- influenza du sous-type A/H1N1 qui rope, la vague de grippe se propage cidence de la grippe la plus élevée. Et n’était plus en circulation depuis 1957 souvent d’ouest en est, à partir des cela d’autant plus que les enfants, s’est échappé selon toute probabilité métropoles internationales qui sont d’une façon générale, ont eu moins d’un laboratoire chinois pour s’étendre étroitement liés aux pays méridio- souvent l’occasion d’être confrontés rapidement à la planète via la Sibérie. naux, vers les pays de l’Est [88]. La aux virus influenza, d’où une moindre Cette pandémie toucha surtout les mobilité de la population et les moyens possibilité de développer une immu- moins de 20 ans, qui n’étaient pas im- de transport jouent un rôle certain nité partielle. Dans certaines institu- munisés contre ce sous-type, sans dans cette propagation [89]. Le pic de tions collectives, telles que les jardins toutefois causer une surmortalité no- la vague de grippe est franchi la plu- d’enfants, les écoles, les casernes, table [23, 103-106]. Ce virus A/H1N1 part du temps en janvier ou février. Lo- mais aussi les maisons de retraite et de 1977 n’a pas pu non plus supplan- calement, une épidémie dure de 6 à les homes médicalisés, le taux de mor- ter le virus saisonnier A/H3N2, et c’est 12 semaines. bidité peut dépasser 50% [29, 93-95]. ainsi que les deux sous-types ont cir- Elle peut être causée par un (sous-) On parle de pandémie de grippe en culé conjointement pendant 32 ans type unique d’influenza A ou B, ou par cas de transmission d’homme à [23]. Un nouveau virus A/H1N1 parti divers virus grippaux A et B en circula- homme d’un virus influenza nouveau, du Mexique a, lors de la pandémie de tion concomitante [45,90,91]. Durant contre lequel une grande partie de la 2009, évincé et remplacé les anciens certaines saisons, l’épidémie est pro- population n’est pas immunisée et virus de la grippe saisonnière A/H1N1, voquée en Europe par des types ou lorsque ce virus se propage rapide- mais le sous-type A/H3N2 reste en- sous-types et souches différents de ment dans le monde entier, même core en circulation. Une fois de plus, la ceux qui prévalent aux Etats-Unis ou hors de la saison grippale normale. pandémie de 2009 a surtout touché dans l’Est asiatique. Parfois, deux Souvent, mais pas toujours, les an- des personnes jeunes, de moins de vagues se suivent: la première est ciennes souches virales saisonnières 52 ans, et la mortalité globale au sein souvent imputable à un virus influenza sont évincées par le virus pandémique, de la population est restée très basse Septembre 2011 de type A, la seconde à un virus B [90]. qui prend leur place comme nouveau dans la plupart des pays [74]. La question de savoir quel (sous-)type virus saisonnier à la faveur d’une ou de Grippe aviaire chez l’homme: Les ou quelle souche circulera de façon plusieurs vagues [24, 96]. Il y a déjà sous-types H5, H7 et H9 des virus in- épidémique durant le prochain hiver eu, à intervalles irréguliers, des pandé- fluenza A aviaires se sont transmis dépend entre autres des modifications mies dans les siècles passés. La pre- dans certains cas des oiseaux aux génétiques (par dérive antigénique) mière à avoir été bien documentée êtres humains, provoquant des mala- survenues par rapport à l’année précé- (sans doute du sous-type A/H3) s’est dies de degrés de gravité divers. Ces dente, de la contagiosité et de la viru- propagée en 1889 de l’Asie au monde virus pourraient être eux aussi à l’ori- lence d’une souche influenza, ainsi entier et a atteint l’Europe via la Rus- gine d’une pandémie si, par une modi- que de l’immunité spécifique à la sie [22]. Au cours du XXe siècle, quatre fication de leur génome, ils étaient ef- souche virale au sein de la population. pandémies de grippe sont apparues: la ficacement transmissibles de l’homme Par ailleurs, il semble que la réponse plus sévère fut, en 1918 et 1919, la à l’homme. A Hong Kong, plusieurs précoce non spécifique du système fameuse grippe espagnole, causée cas de décès humains se sont pro- recommandations immunitaire induise, par réactivité croi- par un virus particulièrement virulent duits en 1997, dont l’origine était un vi- sée, une protection contre une infec- du sous-type A/H1N1 et qui, en trois rus grippal ne touchant jusque-là que tion par d’autres souches grippales. vagues d’envergure mondiale, provo- les oiseaux, à savoir le sous-type Directives et C’est pourquoi, à la fin de l’automne, il qua la mort de 50 à 100 millions de A/H5N1 [107-109]. Depuis, plusieurs existe une espèce de «concurrence» personnes, dont un grand nombre de centaines de personnes sont décé- entre les différentes souches virales, jeunes adultes [24, 97-99]. En Suisse, dées de telles infections, notamment la propagation de l’une pouvant entra- on estime que sur la population totale en Chine, au Vietnam, en Indonésie ver la circulation d’une autre [92]. de l’époque, soit 3,9 millions, 600 000 et en Egypte. Pour l’instant, on n’a L’évolution d’une vague de grippe, à un million de personnes ont observé que quelques cas isolés la proportion des personnes infectées, contracté la maladie et que 20 000 à de transmission directe d’homme à le degré de gravité des symptômes 25 000 en sont mortes [100-102], homme [37]. Le site internet de l’OMS dans les différents groupes d’âge et ce qui correspond à un taux de létalité http://www.who.int/csr/disease/avian le nombre des décès peuvent varier de 2 à 4%. La pandémie A/H2N2 de _influenza/en/ livre des informations considérablement d’une année à 1957/1958 (dite grippe asiatique) a sur les cas de maladie et de décès l’autre, suivant la contagiosité et la vi- touché plus de 20% de la population confirmés par laboratoire. En 2003, rulence des souches influenza en cir- mondiale, 0,9 à 1% des malades ont lors d’une flambée du virus influenza culation, ainsi que l’immunité prédo- dû être hospitalisés, et on estime que A/H7N7 parmi des volailles aux Pays- minant au sein de la population. Du- le taux de létalité a atteint 0,4%. Ce Bas, des dizaines de personnes sont rant une saison grippale, la proportion virus A/H2N2 a été évincé à peine tombées malades, et un vétérinaire des personnes touchées se situe onze ans plus tard, lors de la pandémie impliqué est décédé [110]. En 1999, entre 5 et 10% pour les adultes et de 1968/1969, par un virus A/H3N2 2003 et 2007, un virus H9N2 a causé à entre 20 et 30% pour les enfants. Les (grippe de Hong Kong), sous-type qui Hong Kong des affections grippales 9 enfants d’âge scolaire jouent un rôle circule depuis dans le monde entier. chez des enfants [111, 112].
Office fédéral de la santé publique Recommandations pour la vaccination contre la grippe 4.2. Surveillance de l’influenza tions (SARI) dues à la grippe. Dans la tion de la suspicion d’influenza (en an- L’activité grippale dans le monde est région Europe de l’OMS, pendant la glais influenza-like illness, ILI): une surveillée par l’OMS depuis 1948. Ses saison de la grippe, les Etats membres forte fièvre d’apparition généralement quatre centres de référence de (53, dont la Suisse) annoncent leurs soudaine (>38 °C) accompagnée de l’Influenza d’Atlanta, Londres, Mel- données épidémiologiques et virolo- toux ou de maux de gorge. L’OFSP re- bourne et Tokyo identifient de nou- giques chaque semaine au système çoit ainsi, chaque saison grippale, de velles souches virales et fournissent Europe Influenza Surveillance Euro- 3000 à 10 000 déclarations d’ILI, extra- les virus de référence en vue de la vac- Flu de l’OMS. On peut suivre l’évolu- pole ce chiffre à la population suisse cination contre la grippe. Il existe des tion de la situation grippale en Europe totale et publie les courbes d’influenza Centres Nationaux de Référence de sur le site internet http://www.euro- à un rythme hebdomadaire (cf. figure l’Influenza agréés par l’OMS dans flu.org/. 2). Le début et la fin d’une vague de 83 pays, dont la Suisse, qui, au sein du En Suisse, de 100 à 200 cabinets mé- grippe en Suisse sont définis par le réseau mondial de surveillance virolo- dicaux de premier recours répartis seuil épidémique national, calculé tous gique, échangent leurs connaissances dans tout le pays participent volontai- les ans à partir des données épidémio- et les échantillons viraux qu’ils ont iso- rement au système de déclaration logiques des neuf dernières saisons. lés. Dans de nombreux pays situés Sentinella créé en 1986, qui enre- Les médecins du système Sentinella sous des latitudes fraîches et tempé- gistre le nombre de cas hebdoma- envoient par ailleurs selon un plan rées, on recense avec des systèmes daires de suspicion de grippe et le d’échantillonnage des frottis nasopha- de déclaration sentinelles le nombre nombre total des consultations. Les ryngés prélevés chez des patients extrapolé des consultations médicales médecins qui y sont associés décla- avec suspicion de grippe au Centre (ILI) et, en partie, celui des hospitalisa- rent les patients répondant à la défini- National de Référence de l’Influenza Figure 2 Vue synoptique des saisons d’influenza recensées dans le système de déclaration suisse Sentinella pour la période 1995/1996 à 2010/2011 Septembre 2011 recommandations Directives et 10
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