Restauration des cours d'eau et mesures agricoles sur le bassin du Rupt de Mad
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Restauration des cours d’eau et mesures agricoles sur le bassin du Rupt de Mad par Aurélie TOUSSAINT, Parc naturel régional de Lorraine 1/Description du bassin versant du Rupt de Mad Le Rupt de Mad s’écoule sur un bassin versant rural de 385 km². Il compte environ 7500 habitants pour 9500 Unités Gros Bétail. Le Rupt de Mad prend ses sources au pied des côtes de Meuse. Ce sont alors de très nombreux ruisseaux qui drainent la plaine argileuse de la Woëvre et finissent par constituer un cours d’eau plus conséquent à partir de Bouconville-sur-Madt. Il reçoit encore plusieurs affluents avant d’entailler le plateau calcaire de Haye et de rejoindre la Moselle à Arnaville. Nous avons l’habitude, en caractérisant le Rupt de Mad, de dire que ce cours d’eau fonctionne à l’envers. En effet sur l’amont , sa pente est très faible, il fonctionne alors comme un cours d’eau de plaine. Puis lorsqu’il pénètre sur le calcaire, à mi-parcours, ses eaux s’oxygènent à la faveur de la pente retrouvée et de sources fraîches. Les activités agricoles prépondérantes ont directement ou indirectement façonné le Rupt de Mad. Dans les années 70, rectifications, drainage, recalibrage ont fortement dégradé ce cours d’eau. Le secteur amont s’est trouvé fortement pénalisé du fait de sa faible pente et de ses caractéristiques géologiques. De nombreux ruisseaux on tété transformés en fossés, recevant les eaux des collecteurs de drainage. 2/Enjeux Le bassin versant du Rupt de Mad contribue pour 60% à l’alimentation en eau potable des 200000 habitants de l’agglomération de Metz, au travers du Lac de Madine et du barrage d’Arnaville, d’où l’eau est conduite vers Metz par une conduite souterraine. La modification des ruisseaux et les activités présentes autour de la rivière ont pour conséquence une eau de qualité moyenne et des milieux naturels aquatiques au fonctionnement perturbé. Les acteurs locaux considèrent le Rupt de Mad comme un vecteur du développement local et s’attachent à améliorer sa qualité. C’est pourquoi, sous l’impulsion puis avec l’aide du Parc naturel régional de Lorraine, un contrat de rivière a été mis en place et signé en 1997. 3/ Le contrat de rivière Rupt de Mad Les objectifs du contrat de rivière reposent sur 5 axes : l’amélioration de la qualité de l’eau à travers un programme agricole et un volet assainissement la préservation, la restauration et l’entretien des cours d’eau la valorisation du patrimoine et du paysage la promotion et la communication l’animation et la coordination I/ Le programme agricole Mis en place dès 1995 en partenariat avec les chambres d’agriculture de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle, il repose sur 3 types d’actions : Une opération Ferti-Mieux, qui vise à conseiller les agriculteurs sur la fertilisation azotée et sur l’utilisation raisonnée des produits phytosanitaires Une opération coordonnée de mise aux normes des bâtiments d’élevage 1
Des Mesures Agri-Environnementales (retour à l’herbe de parcelles situées en bord de rivière) II/ Le volet assainissement Il a permis de raccorder 50% de la population du bassin versant à des stations d’épuration dites « rustiques ». III/ Le volet « Milieux naturels » Deux maîtres d’ouvrages intercommunaux assurent la maîtrise d’ouvrage des programmes de restauration et d’entretien du Rupt de Mad et de ses affluents. A ce jour, 54km de cours d’eau ont été restaurés, quatre seuils ont été réhabilités et rendus franchissables par les poissons, des milliers d’arbres et d’arbustes ont été plantés et protégés par des clôtures. IV/ Le volet paysager Il a permis la remise en état et en valeur de 14 lavoirs, l’aménagement paysager et écologique des berges dans les traversées de villages et la création de sentiers pédestres autour des milieux naturels aquatiques. V/ La formation et l’information 6 « Lettres du Mad », destinées à l’information des habitants et des partenaires du contrat de rivière ont été éditées par le PnrL de 1999 à 2006. Des journées de formation des habitants ont été proposées afin de mieux faire comprendre les actions entreprises localement et afin que la population s’approprie les projets menés. Bilan qualitatif : Bonne appropriation locale des projets, liée à l’animation Non aboutissement des projets financièrement trop ambitieux (surévaluation des capacités financières des maîtres d’ouvrage) Changements de pratiques agricoles constatés Résultats sur la qualité physico-chimique de l’eau Sensibilisation des habitants aux problématiques locales liées à l’eau Le contrat de rivière a permis une accélération des travaux de restauration, mais les actions doivent être poursuivies pour observer une amélioration nette de la qualité physique des cours d’eau et physico-chimique de l’eau 4/Les perspectives L’entretien régulier des cours d’eau, associant les acteurs locaux et notamment les agriculteurs La mise en place de tranches de travaux de restauration complémentaires La mise en place d’un SAGE Le projet de reconquête de l’eau de la Communauté de Communes de la Petite Woëvre 2
5/Le projet de reconquête de l’eau de la C.C. de la Petite Woëvre En réponse à l’appel à projets du MEDD… La Communauté de communes de la Petite Woëvre a en effet décidé d’aller plus loin puisqu’elle a répondu à un appel à projet du Ministère de l’écologie et du développement rural, relatif aux zones d’érosion, zones humides et aires d’alimentation des aires de captage, et a été sélectionnée en février 2006. Avant tout ; il s’agit sur ce territoire rural situé en amont du bassin versant de reconquérir la qualité de l’eau des captages et des milieux aquatiques, qui font partie intégrante de ses paysages, et de permettre aux agriculteurs de s’impliquer encore d’avantage dans des actions environnementales. L’Agence de l’eau Rhin-Meuse, la ville de Metz, la DDAF et la DIREN, la Région Lorraine, le Conseil général de la Meuse, la chambre d’agriculture et le Parc soutiennent la Communauté de communes dans son projet. Le PnrL et la chambre d’agriculture animeront ensemble le dispositif. I/Le territoire du projet Le territoire proposé au titre de l'appel à projets est celui de la Communauté de Communes de la Petite Woëvre, qui se positionne en tant que porteur du projet (cf. carte, « situation de la zone d'action et enjeux »). Ce territoire englobe le bassin versant amont du Rupt de Mad, représentant une superficie de 173 km² sur 385 km² de bassin versant total. Il est situé à l’est de la Meuse, en limite départementale de la Meurthe-et-Moselle, au cœur de la Région Lorraine. La CODECOM de la Petite Woëvre regroupe 14 communes pour une population de 1940 habitants, soit une densité de population relativement faible de seulement 11 habitants au km². Ses caractéristiques physiques Le territoire concerné est essentiellement situé dans la Plaine de la Woëvre (250 m). Il recouvre également une petite partie des Côtes calcaires de Meuse (380 m), d'où naissent des sources au contact des argiles de la Woëvre. Le Rupt de Mad y prend sa source, ainsi que ses nombreux affluents. Le réseau hydrographique, dense et étalé (environ 115 km), composé de fossés et de ruisseaux, draine la plaine argileuse, parsemée de nombreux étangs à vocation piscicole. Sur sa partie médiane et aval, le Rupt de Mad est plus réduit, parcourant des terrains accidentés et également plus perméables. Le Rupt de Mad a donc un fonctionnement différencié selon le secteur considéré, correspondant à un écoulement de type « torrentiel » sur sa partie médiane et aval, mais « de plaine » sur l'amont. Cette caractéristique se retrouve dans la qualité de l'eau et du milieu. En effet, l'aval du Rupt de Mad présente des qualités morphodynamiques qui révèlent un moindre impact agricole, alors que l'amont a payé un lourd tribu aux nombreuses actions de rectification, de recalibrage et de curage essentiellement liées à l'activité agricole et conditionnées par la nature des sols. La qualité des eaux en aval est fortement influencée par celle des eaux de l'amont, elle-même liée à la qualité physique de ses ruisseaux, actuellement moyenne à médiocre. Les sols de l'amont du Rupt de Mad sont argilo-limoneux, avec une prédominance des argiles par rapport aux limons. Les terres sensibles aux excès d’eau représentent 45% du territoire concerné. Elles sont caractérisées par des parcelles argileuses plus ou moins 3
profondes, difficiles à cultiver, mais avec une réserve utile relativement importante. A la suite de travaux de drainage et aménagements connexes aux remembrements réalisés depuis les années 1970, les cultures se sont étendues rapidement. II/Les objectifs Les objectifs de ce projet vont dans le sens de la recherche du bon état des eaux défini par la DCE (Directive Cadre sur l’Eau). En effet, le projet présenté vise à réduire la fréquence d’apparition des produits phytosanitaires et le taux moyen en nitrates dans les analyses régulières, à limiter le transfert de matières en suspension et à améliorer la qualité physique et biologique des cours d’eau. III/Les mesures et les propositions d’actions Les mesures permettant d’atteindre ces objectifs sont de plusieurs ordres auront des effets croisés (cf tableau des mesures) : Des mesures dites classiques telles la renaturation des petits cours d’eau (traitement de la végétation, plantations, diversification des écoulements, amélioration des conditions d’abreuvement), sous maîtrise d’ouvrage de la collectivité. Des mesures agro-environnementales incitatives financièrement, dans le cadre des MAE territorialisées pour enherber les berges au-delà des mesures réglementaires, couvrir les sols en hiver, réduire les apports de produits phytosanitaires, limiter la fertilisation sur prairies. Le bassin versant du Rupt de Mad sera proposé comme territoire à enjeu « eau » en 2008. Des mesures basées sur le volontariat des agriculteurs et relevant du changement de pratiques, comme le compostage. Des mesures expérimentales comme l’enherbement des fossés de drainage ou encore la création de zones humides tampons permettant la décantation des eaux de drainage seront mises en place. Leur efficacité attendue en terme notamment de réduction des teneurs en produits phytosanitaires sera vérifiée en partenariat avec l’INRA. III/Les moyens Un comité de pilotage de l’opération rassemble les structures intéressées à la fois techniquement et financièrement. Le projet nécessite une animation partagée entre la Chambre d’agriculture de la Meuse et le Parc naturel régional de Lorraine, équivalent à un mi-temps. Cette animation permettra non seulement de sensibiliser les acteurs mais aussi de réaliser des diagnostics et d’effectuer le suivi des actions mises en œuvre. La maîtrise d’ouvrage des actions sera assurée soit par la collectivité, soit par les agriculteurs, selon les mesures. Le suivi physico-chimique est possible grâce à un point de mesures (RNB) situé à l’aval du bassin versant amont (Essey-et-Maizerais). L’opération est dans une phase de démarrage, l’obtention des subventions pour l’animation a été laborieuse. Toutefois, la phase de diagnostic a débuté et devrait déboucher sur la mise en place d’actions sur les cours d’eau dès l’automne prochain. 4
TABLEAU DES MESURES ET PROPOSITIONS D'ACTIONS RELATIVES MESURES PROPOSITIONS D'ACTIONS 1/ Développer la mise en place des bandes - enquête auprès de 20 agriculteurs ; enherbées - conseil sur la localisation pertinente des bandes enherbées ; - implantation de 20 km de bandes enherbées supplémentaires. 2/ Renaturer les cours d'eau : - diagnostic de l'état des ruisseaux et hiérarchisation des Renaturer 30 km de cours d'eau et reconstituer la interventions ; ripisylve sur 10 km de berges - sensibilisation des riverains ; Améliorer l'abreuvement du bétail - incitation à l’amélioration des conditions d’abreuvement du bétail ; - mise en œuvre des actions. 3/ Enherber les fossés de drainage agricole - cartographie du drainage ; - recherches et conseil sur les mesures de gestion des fossés de drainage ; - réalisation des travaux sur les fossés de drainage ; - suivi des résultats obtenus et valorisation nationale. 4/ Créer des zones humides tampon - étude de localisation pertinente et de dimensionnement des mares tampon ; - création des mares tampon. 5/ Développer le compostage - enquête de motivation ; - formation technique ; - plan de fumure ; - achat d'une composteuse ; - conseil sur la localisation pertinente des dépôts de fumier aux champs. 6/ Développer les CIPAN (cultures - sensibilisation des exploitants ; intermédiaires pièges à nitrates) et renforcer la - aide à l'implantation des CIPAN ; part de l'herbe - finaliser les procédures de DUP sur les 4 captages Contacts : • Aurélie Toussaint, Parc naturel régional de Lorraine, tél : 03 83 84 25 13 • Claudine Aarnink, Communauté de communes de la Petite Woëvre, tél : 08 79 23 49 13 • Philippe Goetghebeur, Agence de l’eau Rhin-Meuse, tél : 03 87 34 47 00 • Patrice Hilaire, chambre d’agriculture de la Meuse, tél : 03 29 76 81 81 5
SITUATION DE LA ZONE D'ACTION ET ENJEUX JARNY VERDUN METZ vers Metz PONT-A-MOUSSON SAINT-MIHIEL Onville # # # Arnaville COMMERCY TOUL NANCY # Thiaucourt-Régnieville Réalisation Programme SIG / Atlas communal (PnrL). Sources : BD Carto® IGN - LSU N° 2001 - CUFX - 092. BD Alti® IGN - LSU N°2001 - CUFX - 093. BD Carthage® AERM N° 1999. Tous droits reservés. Copie et reproduction interdites. Lac de Madine # Essey-et-Maizerais Apremont-la-Forêt # Bassin versant du Rupt de Mad Saint-Agnant-sous-les-Côtes # Communauté de communes de la Petite Woëvre © PnrL. Tous droits réservés. 2004. Bâti Saint-Julien-sous-les-Côtes # Etang Forêt Fréméréville-sous-les-Côtes # Terres arables N Cours d'eau Réseau routier # Captages Eaux Souterraines 0 5 10 Kilomètres Pompage vers Metz
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