REVUE DE PRESSE CRITIQUE EN SANTÉ MENTALE - RRASMQ
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REVUE DE PRESSE CRITIQUE EN SANTÉ MENTALE Articles de journaux et extraits de blogs présentant des points de vue critiques sur diverses questions relatives à la santé mentale : Psychiatrie et médication, jeunes et santé mentale, vision et pratiques alternatives. Textes colligés par Robert Théoret | Juin 2016
Contenu Les biais cognitifs sont humains, les scientifiques aussi, donc… .................................................................. 3 Les diagnostics psychopathologiques sont relatifs ....................................................................................... 4 Ce qu’un Shaman voit dans un hôpital psychiatrique .................................................................................. 6 Dabney Alix on Spirituality, Shamanism and Mental Health ...................................................................... 11 Guérir autrement (1/2) ............................................................................................................................... 13 Guérir autrement (2/2) ............................................................................................................................... 17 Doper le cerveau à l’électricité : vers une humanité augmentée ou altérée ? .......................................... 19 Entendre des voix, le signe d'une pathologie mentale ? ............................................................................ 22 Nous sommes tous des malades mentaux ................................................................................................. 23 Démystifions l’anxiété (Première partie) .................................................................................................... 25 Démystifions l’anxiété (Deuxième partie) .................................................................................................. 29 What is normal? .......................................................................................................................................... 32 Expériences paranormales : difficile d’en parler (1/2) ............................................................................... 35 Expériences paranormales : difficile d’en parler (2/2) ............................................................................... 37 La non-conformité et la libre-pensée considérées comme maladies mentales ......................................... 39 Entre fascination et rigueur scientifique : les dérives des neurosciences .................................................. 40 Recovery: Compromise or Liberation? ....................................................................................................... 43 Facebook va-t-il remplacer Freud ? ............................................................................................................ 46 La vie en ville, un risque pour la santé mentale ? ....................................................................................... 48 Les investissements publics en médecine personnalisée pour les enfants sont de la poudre aux yeux ... 50 La souffrance psychique n'est pas une fatalité ........................................................................................... 52 Non, l'égoportrait n'est pas une maladie mentale ..................................................................................... 54 Les selfies : une addiction qui cacherait une maladie mentale .................................................................. 55 Des scientifiques associent les Selfies au narcissisme ................................................................................ 58 Souffrir d’une maladie mentale est désormais presque « normal » .......................................................... 60 2
http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2016/05/09/biais-cognitifs- humains-scientifiques-aussi-donc Les biais cognitifs sont humains, les scientifiques aussi, donc… Le cerveau à tous les niveaux, le 9 mai 2016 Comme tous les êtres humains, les scientifiques veulent que leur boulot les rende heureux, ce qui signifie bien souvent dans leur cas de publier des résultats qui vont être considérés comme un apport scientifique notable. Mais comme tous les êtres humains, les scientifiques peuvent aussi être l’objet de biais cognitifs importants. Et c’est là que ça peut devenir problématique, quand l’impératif de rigueur scientifique entre en collision avec le biais cognitif inconscient ! C’est ce que met en lumière une étude publiée il y a un mois dans la revue PLoS ONE par Stephanie Coronado-Montoya et ses collègues de l’université Mc Gill, à Montréal. L’article démontre que les expériences sur les effets de la méditation pleine conscience (« mindfulness », en anglais) sur la santé mentale ont tendance à rapporter de façon sélective les résultats positifs au détriment des résultats négatifs. L’équipe de McGill en arrive à cette conclusion après avoir analysé 124 études où des résultats positifs ont été rapportés 60 % plus souvent que ce qui était statistiquement probable. À l’opposé, des 21 autres études considérées qui avait été inscrites dans des banques de données comme ClinicalTrials.gov, 62 % n’avaient tout simplement pas été publiées 30 mois après avoir été terminées, une indication de résultats négatifs, selon Stephanie Coronado- Montoya et son équipe. Cela n’implique pas que ce type de méditation n’ait pas d’effets positifs sur la réduction de stress par exemple, ce qui est confirmé par plusieurs cliniciens comme le psychologue Brett Thombs, auteur sénior de l’article. Mais il plaide pour plus de transparence dans ces études afin de mieux comprendre pour qui cela fonctionne et dans quelles conditions. L’un des problèmes est le faible nombre de participant.es de plusieurs études, un problème classique souvent mis en lumière dans les études d’imagerie cérébrale, par exemple. Plus largement encore, il s’agit aussi sans doute d’un des effets pervers du fameux « publish or perish », la pression de publier des résultats positifs qui s’exercent sur les scientifiques par une certaine tradition de financement de la recherche et par le système d’avancement au sein d’une institution académique. Ce n’est donc pas étonnant de constater à quel point ce biais favorisant la publication de résultats positifs (alors que, scientifiquement parlant, un résultat négatif a autant de valeur) est très répandu dans plusieurs domaines de la recherche médicale, de la psychologie, de la santé mentale, etc. Ces problèmes sont bien connus et maintenant grandement débattus comme je l’ai constaté en découvrant ce long article publié dans la revue Nature en octobre dernier et qui passe en revue plusieurs de ces failles méthodologiques et leurs remèdes potentiels (deuxième lien ci-dessous). L’article de Nature intitulé « How scientists fool themselves – and how they can stop » est aussi, d’une façon générale, particulièrement éclairant sur les inépuisables capacités humaines à l’autotromperie, un exemple typique étant l'effet placebo. Ainsi, en recherche, on rencontre beaucoup de « myopie à nos hypothèses » (ne pas 3
voir les données qui contredisent notre hypothèse de travail), « d’attention asymétrique » (vérifier rigoureusement des résultats inattendus, mais être très laxistes avec les résultats attendus) ou de « just-so storytelling » (inventer une histoire apparemment logique pour rationaliser les résultats obtenus). On peut pourtant développer de bons réflexes critiques pour neutraliser ces mauvaises habitudes et l’article en liste plusieurs, en commençant par leur prise de conscience pure et simple et la considération d’hypothèses alternatives. Un exemple plus spécifique en rapport avec l’étude sur la méditation rapportée plus haut serait ce qu’on appelle les études préenregistrées (« pre-registerring studies », en anglais) où une revue scientifique s’engage à publier une étude avant même que les données ne soient disponibles, uniquement sur la pertinence de son protocole expérimental. De cette façon, que les résultats soient positifs ou négatifs, ils seront publiés. *** Parlant de liste, en voici deux autres, en terminant, qui complètent bien le sujet d’aujourd’hui. Dans la première, Deric Bowns résume un certain nombre d’erreurs psychologiques classiques qui nous affligent (troisième lien ci-dessous) à partir d’un article de Gary Belsky publié en mars dernier dans le New York Times. Encore une fois, bien des processus inconscients nous font croire que nous savons prendre de bonnes décisions dans une situation incertaine, alors que c’est loin d’être toujours le cas. La peur de perdre, l’excès de confiance, la justification a posteriori, le désir de bien paraître, de se donner beau jeu, d’être toujours trop optimiste ou le même biais de confirmation qui afflige tant de scientifiques sont en effet toujours au rendez-vous… Finalement, une dernière liste répertoriée récemment par Bowns à partir d’un autre article du New York Times, celle-ci sur un certain nombre de « clés du bonheur » (dernier lien ci-dessous). On y retrouve plusieurs points déjà soulignés dans ce blogue notamment l’importance de notre réseau social, de nos proches et du temps de qualité passé avec eux. Bonheur, bien-être et santé vont aussi bien entendu de pair, et tout ce qui fait du bien à notre corps-cerveau nous rend aussi plus heureux (exercice, absence de stress, bonne alimentation, stimulation intellectuelle, etc.). Finalement, le point « if all else fails, fake it » ("si tout le reste échoue, faites semblant…" d’être heureux !) m’a fait sourire tant il concluait bien le sujet d’aujourd’hui. Renvoyant aux études d’Amy Cuddy, il montre la puissance de l’autotromperie et de l’influence de notre corps sur notre pensée : lever les bras en l’air en signe de victoire nous rend plus confiant et un sourire, même forcé (ou même un peu fatigué à la fin de la rédaction d'un article...), peut nous mettre dans un état d’esprit plus positif ! http://www.lapresse.ca/le-soleil/z/archives/coin-du-psy/201306/29/01-4666354- les-diagnostics-psychopathologiques-sont-relatifs.php Les diagnostics psychopathologiques sont relatifs Publié le 30 juin 2013 | YVES DALPÉ (Québec) Une lectrice m'écrit un courriel pour m'exprimer son désaccord avec ma description du trouble de personnalité histrionique dans une chronique. «J'ai été diagnostiquée comme histrionique par un psychiatre, me confie-t-elle, mais je n'ai jamais trompé mon mari, alors que vous présentez les histrioniques comme infidèles dans votre chronique.» Mais non, les histrioniques ne sont pas toutes infidèles. Ce sont des personnes foncièrement séductrices, mais elles ne succombent pas toutes pour autant 4
à l'infidélité. Cela est une tendance de leur personnalité et non un automatisme. Qui plus est, pour qu'on attribue un diagnostic de trouble de personnalité à une personne, celle-ci doit rencontrer un certain nombre de caractéristiques et non pas toutes celles-ci. Et c'est gradué. On peut être un peu histrionique, comme on peut l'être à l'extrême. C'est comme cela pour tous les troubles de la personnalité. D'ailleurs, la connaissance des divers troubles de la personnalité est très éclairante. C'est pourquoi je me fais un plaisir d'initier mes lecteurs à ce cadre de référence du comportement humain. Cependant, il y a toujours des inconvénients à réduire des personnes à des étiquettes et des diagnostics. Ceux-ci existent bien plus comme des repères utiles que comme des jugements implacables. En psychopathologie tout est une question de degré, et chaque personne est différente. Les diagnostics psychopathologiques en général sont relatifs et nécessitent beaucoup de prudence. Il y a même des approches thérapeutiques qui ont en horreur les étiquettes pathologiques pour plusieurs raisons. C'est le cas de l'approche humaniste existentielle à laquelle j'adhère, qui perçoit chaque personne dans sa globalité avec ses forces et ses faiblesses et qui a de l'aversion pour les catégorisations pathologiques attribuées par une tierce personne. Risque de se déprécier Le grand danger associé aux diagnostics psychopathologiques, c'est d'inoculer une identité négative à un client qui risque de se décourager en se percevant dorénavant comme impuissant dans la vie. Et non seulement le client risque de se déprécier, mais il aura tendance à agir en fonction de cette nouvelle image de lui. On appelle en anglais self-fulfillment prophecy, cette propension que nous avons tous d'agir en fonction de notre idée de nous- mêmes et de ce que les autres nous prédisent si nous y croyons. Un autre inconvénient associé à l'attribution de troubles de la personnalité, c'est de se déresponsabiliser face aux autres. Si je perçois ma conjointe comme une borderline, je peux tout expliquer mes problèmes conjugaux de cette façon en excluant mes propres attitudes en rapport avec elle. Cela m'empêche de chercher activement des solutions à mes insatisfactions. Même chose dans le milieu du travail. Si je perçois mon patron comme «un maudit narcissique», je risque de me déresponsabiliser, d'expliquer mes difficultés relationnelles avec lui par cette conception pathologique de mon patron, et alors de ne pas faire l'effort de trouver des façons créatrices de m'entendre avec lui. Personnellement, j'ai toujours été mal à l'aise avec le terme de maladie mentale, car bien souvent, il ne s'agit pas de «maladie» à proprement parler, mais d'états d'âme transitoires, de mauvaises habitudes, d'attitudes inadéquates et d'idées irrationnelles qui peuvent se corriger par l'entraide humaine, l'éducation ou la psychothérapie et non par des médicaments. Critiques et classification La relativité des diagnostics en psychiatrie est bien illustrée par la tempête médiatique récente autant en Amérique du Nord qu'en Europe soulevée par la parution de la nouvelle édition du DSM (le DSM-5). Le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, qu'on appelle tout simplement «le DSM», est publié par l'Association américaine de psychiatrie qui adopte officiellement cet ouvrage comme instrument officiel des diagnostics en santé mentale. De graves critiques sont adressées actuellement au sujet de cet outil diagnostique. On lui reproche entre autres une médicalisation abusive du vécu normal des gens et on accuse les compagnies pharmaceutiques de s'être immiscées dans le processus de révision de cette «bible des psychiatres». (En 2005, les compagnies pharmaceutiques ont dépensé 7 milliards $ en promotions auprès des médecins, le double de ce qu'elles ont investi en recherche.) 5
En passant, à partir d'octobre 2014, le gouvernement américain n'utilisera plus le DSM comme classification officielle de la santé mentale, mais il adoptera plutôt la classification internationale publiée par l'Organisation mondiale de la santé, que l'on appelle le ICD-10-CM. Cet instrument est accessible gratuitement sur Internet à toute personne intéressée alors que le DSM coûte 200 $. Si vous êtes sage et curieux, profitez de cette aubaine pour vous familiariser particulièrement avec les troubles de personnalité, mais avec l'idée d'améliorer vos attitudes et comportements, sans vous déprécier ni dénigrer votre entourage. http://www.espritsciencemetaphysiques.com/ce-quun- shaman-voit-hopital-psychiatrique.html Ce qu’un Shaman voit dans un hôpital psychiatrique Par Sandra Véringa | 23 septembre 2014 Selon la vision chamanique, les maladies mentales indiquent « la naissance d’un guérisseur », explique Patrice Malidoma Somé. Ainsi, on doit considérer les troubles mentaux comme des urgences et des crises spirituelles pour aider le guérisseur lors de sa naissance. Ce qui est perçu comme « un maladie mentale » dans l’Occident est considéré comme « de bonnes nouvelles de l’autre monde » par le peuple de Dagara. La personne confrontée à la crise a été choisie comme un moyen de communication afin de faire passer un message du monde spirituel à la communauté qui l’entoure. «Les troubles mentaux et toutes les autres sortes de troubles du comportement signalent que deux énergies incompatibles évidentes ont été fusionnées au sein du même concept », explique le Dr Somé. Ces perturbations se produisent lorsque la personne ne reçoit pas d’aide pour faire face à la présence de l’énergie venue du royaume des esprits. Une des choses que Dr Somé a dû affronter lors de son arrivée aux États-Unis en 1980 pour des études supérieures a été de savoir comment ce dernier s’occupe des maladies mentales. Quand l’un de ses collègues a été envoyé dans un hôpital psychiatrique pour « dépression nerveuse », le Dr Somé lui a rendu visite. «J’étais tellement choqué. C’était la première fois que j’étais confronté à de telles mesures faites aux personnes présentant les mêmes symptômes que certains dans mon village ». Ce qui a frappé le shaman, c’était que l’attention accordée à ces symptômes était basée sur la pathologie, sur l’idée que la condition est quelque chose qui doit s’arrêter. Ça allait totalement à l’encontre de sa culture face à une telle situation. C’était en complète opposition avec la façon dont sa culture percevait une telle situation. Pendant qu’il regardait les chambres désolantes des patients, il a vu que certains portaient des camisoles de force, plusieurs étaient drogués aux médicaments et d’autres criaient. A ce moment-là il s’est dit : «Alors c’est de cette façon que les guérisseurs qui tentent de naître sont traités dans cette culture. Quel gâchis! Quelle tristesse de voir une personne qui s’est enfin alignée avec le pouvoir de l’autre monde être en pure perte. » 6
En reformulant au sens de l’esprit occidental, nous qui vivons en Occident ne sommes ni formés ni éduqués pour traiter ou même reconnaître l’existence des phénomènes psychiques « le monde spirituel ». En fait, les capacités psychiques sont dénigrées. Lorsque les énergies du monde spirituel émergent dans une psyché occidentale, l’individu présent est complètement dépourvu pour les intégrer ou même reconnaître ce qui se passe. Le résultat peut être terrifiant. Sans le contexte approprié d’assistance dans le traitement de la percée d’un autre niveau de réalité, à toutes fins pratiques, la personne est « un malade mental ». Le dosage élevé des médicaments antipsychotiques aggrave le problème et empêche l’intégration qui pourrait conduire au développement de l’âme et de la croissance chez la personne qui a reçu ces énergies. Dans le service psychiatrique, le Dr Somé a vu beaucoup d’ «êtres» en présence des patients et des «entités» qui sont invisibles chez la plupart des gens mais que les shamans et les médiums sont capables de voir. « Ils étaient à l’origine de la crise chez ces gens, » dit-il. Il lui semblait que ces êtres essayaient de faire sortir les médicaments et leurs effets hors du corps et tentaient de fusionner avec en augmentant la douleur des patients dans le processus. « Ces êtres agissaient presque comme une sorte de « dragueur » dans le domaine de l’énergie. Ils étaient vraiment féroces à ce sujet. Les gens chez qui ces êtres faisaient cela criaient et hurlaient », a-t-il dit. Il ne pouvait pas rester dans cet environnement et a dû quitter l’établissement. Dans la tradition Dagara, la communauté aide la personne à réconcilier les énergies des deux mondes « le monde de l’esprit avec qui elle fusionne avec le village et la communauté. » Cette personne peut alors servir de pont entre les deux mondes et contribue à changer la vie de gens en leur procurant la guérison dont ils ont besoin. Ainsi, la crise spirituelle se termine par la naissance d’un autre guérisseur. « La relation de l’autre monde avec notre monde est l’un des commandites», explique le Shaman. « Les connaissances et les compétences qui découlent le plus souvent de ce genre de fusion sont en particulier une connaissance ou une compétence venant directement de l’autre monde». Les êtres qui augmentaient la douleur des internés à l’hôpital psychiatrique avaient effectivement tenté de fusionner avec les internés afin de faire passer des messages dans notre monde. Les gens avec qui ils avaient choisi de fusionner n’obtenaient aucune aide pour apprendre à être un pont entre les deux mondes et les tentatives de fusion des êtres ont échoué. Cela a mené à un maintien du trouble initial énergétique et à l’interruption de la naissance d’un guérisseur. « La culture occidentale a toujours ignoré la naissance des guérisseurs », déclare le Dr Somé. « Par conséquent, il y aura toujours une tendance de l’autre monde à continuer d’essayer de fusionner avec autant de personnes que possible dans le but d’attirer l’attention de quelqu’un. Ils doivent s’efforcer davantage. » Les esprits sont attirés par les personnes dont les sens n’ont pas été anesthésiés. « La sensibilité est perçue comme une invitation à venir » a-t- il fait remarquer. Ceux qui développent des troubles dits mentaux sont ceux qui sont sensibles, ce qu’on considère dans la culture occidentale comme de l’hypersensibilité. Les cultures autochtones ne le voient pas de cette façon et, par conséquent, les personnes sensibles ne savent pas trop qu’elles sont sensibles. Dans l’Ouest, « c’est la surcharge de la culture dans laquelle ils sont qui est responsable de leur démolition», observe le shaman. Le rythme effréné, le principe du bombardement sur les sens et l’énergie violente qui caractérise la culture occidentale peut submerger les personnes sensibles. La schizophrénie et l’énergie spirituelle Avec la schizophrénie il y a une « réceptivité particulière à un flux d’images et d’informations qui ne peut être contrôlée », a déclaré le Dr Somé. «Quand ce genre de particularité se produit à un moment involontaire, en 7
particulier au moment de l’apparence des diffusions mentales effrayantes, la personne concernée va dans une frénésie. » Ce qui est nécessaire dans cette situation, c’est de séparer en premier l’énergie de la personne de l’énergie spirituelle externe en utilisant la pratique chamanique (ce qui est connu sous le nom de ‘balayage’) pour éliminer ce dernier de l’aura de la personne. Avec ce nettoyage énergétique, la personne n’est plus apte à recevoir un flot d’informations et donc n’a plus de raison d’être effrayée ou troublée, explique le shaman . Ensuite, il est possible d’aider la personne à s’aligner avec l’énergie spirituelle tentant de submerger de l’autre monde afin de donner naissance à un guérisseur. Le blocage de cette émergence est la source du problème. « L’énergie d’un guérisseur est une énergie à haute tension », remarque-t-il. «Quand l’énergie est bloquée, ça brûle la personne. C’est comme un court-circuit qui fait sauter des fusibles. C’est pour cela que ceci peut être très effrayant et je comprends pourquoi certaines cultures préfèrent limiter ces personnes. Dans l’occident ils crient, hurlent et on leur met des camisoles de force. C’est une image triste. « Encore une fois, l’approche chamanique est de travailler sur l’alignement des énergies de façon à ce qu’il n’y ait plus aucun blocage sans faire disjoncter les « fusibles » afin que la personne puisse devenir le guérisseur qu’il est censé être. Il convient de noter à ce stade que tous les êtres spirituels qui entrent dans le champ énergétique d’une personne ne sont pas tous là pour promouvoir la guérison. Il y a aussi des énergies négatives qui sont des présences indésirables pour l’aura. Dans ces cas-là, l’approche chamanique est de les retirer de l’aura plutôt que d’aligner ces énergies discordantes. Alex: Fou aux États-Unis, shaman guérisseur en Afrique Pour tester sa conviction sur le point de vue chamanique à propos de la vérité sur les maladies mentales dans le monde occidental ainsi que dans les cultures autochtones, le Dr. Somé a ramené avec lui un patient souffrant de troubles psychiques dans son village en Afrique. « Ma curiosité m’a poussé à savoir s’il y a du vrai dans l’universalité qui lie la maladie mentale à un alignement avec un être d’un autre monde spirituel», dit le Dr Somé. Alex était un garçon américain de 18 ans qui avait souffert d’une crise psychotique quand il avait 14 ans. Il avait des hallucinations, était suicidaire et traversait des cycles de dépression très graves. Il était dans un hôpital psychiatrique et prenait beaucoup de médicaments mais rien ne l’aidait. «Les parents ont tout fait mais en vain», explique le shaman. « Ils ne savaient plus quoi faire d’autre. » Le Dr. Somé a emmené leur fils en Afrique avec leur permission. « Après huit mois passés là-bas, Alex est devenu tout à fait normal, rapporte-t-il. Il a même pu participer à des guérisons avec les guérisseurs : il était assis avec eux toute la journée et les aidait, les assistait et était impliqué avec la clientèle des guérisseurs. . . . Il a passé quatre ans dans mon village. « Alex est resté par choix et non parce qu’il avait besoin de guérir davantage. Il a estimé qu’il était « beaucoup plus en sécurité dans le village que dans sa ville natale. » Pour aligner son énergie avec celle de l’être du monde spirituel, Alex est passé par un rituel chamanique conçu spécialement pour cela même si ce rituel était légèrement différent de celui utilisé par le peuple Dagara. « Il n’était pas né dans le village donc quelque chose en plus devait être appliqué. Mais le résultat était similaire même si le rituel n’était pas littéralement le même », explique le Dr Somé. Le fait que l’alignement des énergies ait réussi à guérir Alex démontre que la connexion entre les êtres spirituels et la maladie mentale est en fait universelle. Après le rituel, Alex a commencé à partager les messages que l’esprit voulait faire passer à notre monde. Malheureusement, les gens avec qui il communiquait ne parlaient pas anglais (le Dr Somé était absent à ce moment-là). Cependant, l’expérience a conduit Alex à aller à l’université pour étudier la psychologie. Il est 8
retourné aux États-Unis après quatre ans « parce qu’il a réalisé tout ce qu’il avait à faire et il pouvait désormais commencer un nouveau chapitre de sa vie. » La dernière fois que le Dr Somé a eu des nouvelles d’Alex c’était pour l’informer de ses études universitaires en psychologie à Harvard. Personne n’aurait pensé qu’il était capable de réussir des études de premier cycle et encore moins d’avoir un diplôme en études supérieures. Le Dr Somé résume la maladie mentale d’Alex: «Il a fait appel. C’était un appel d’urgence. Son travail fourni était le but d’être un guérisseur et personne ne faisait attention à cela. » Après avoir vu la façon dont l’approche chamanique avait fonctionné sur Alex, le shaman a conclu que les êtres spirituels sont tout autant un problème dans l’occident que dans sa communauté en Afrique. Pourtant la question demeure et la réponse à ce problème doit être trouvée ici au lieu de devoir chercher une solution à l’étranger. Il doit y avoir un moyen au-delà de la pathologie de l’ensemble de cette expérience qui mène à une possibilité de mettre en place un rituel approprié pour aider les gens. Le désir du lien spirituel Le lien commun que le Dr Somé a remarqué dans les troubles « mentaux » en Occident est «une énergie ancestrale très ancienne placée en stase et qui se manifeste chez la personne concernée. » Son travail est alors de remonter la filière pour découvrir l’identité de cet esprit. Dans la plupart des cas l’esprit est relié à la nature et en particulier avec des montagnes ou des grandes rivières, dit-il. Un exemple pour expliquer le phénomène des montagnes, « c’est un esprit de la montagne qui marche à côté de la personne choisie et crée ainsi une distorsion spatio-temporelle qui affecte la personne trouvée sous cette emprise. » Ce qui est nécessaire est une fusion ou un alignement des deux énergies « afin que la personne et l’esprit de la montagne ne fassent qu’un ». Encore une fois, le chaman procède à un rituel spécifique pour placer cet alignement. Le Dr Somé croit qu’il est mis face à cette situation si souvent parce que «la plupart de l’étoffe de ce pays est constituée d’énergie machinale et le résultat de cela est la déconnexion et la rupture avec le passé. Mais personne ne peut échapper au passé ». L’esprit ancestral du monde naturel vient rendre visite. «Ce n’est pas à propos de ce que l’esprit veut ou ce que la personne veut, » dit-il. « L’esprit voit en nous un appel à quelque chose de grand, quelque chose qui va donner un sens à la vie et donc l’esprit répond à cet appel. » Nous oublions que nous faisons cet appel qui reflète « une forte aspiration à une relation profonde, une connexion qui transcende le matérialisme et la possession des choses et se déplace dans une dimension cosmique tangible. La plupart de ces désirs sont inconscients mais pour les esprits, cet appel conscient ou inconscient ne fait aucune différence ». Ils répondent à l’un ou à l’autre. Dans le cadre du rituel de fusionnement avec la montagne et l’énergie humaine, ceux qui reçoivent « l’énergie de la montagne » sont envoyés dans une zone montagneuse de leur choix où ils ramassent une pierre qui leur fait appel. Ils ramènent avec eux cette pierre pour le reste du rituel et la gardent comme compagnon, certains ont même emporté leur pierre partout avec eux. « La présence de la pierre fait beaucoup et accorde la faculté de perception chez la personne », note le shaman. « Ils reçoivent toutes sortes d’informations qu’ils peuvent utiliser, c’est comme une obtention d’orientation tangible venue d’un autre monde sur la façon de vivre leur vie. » Quand il s’agit de « l’énergie de la rivière », ceux qui sont appelés à aller à la rivière, et après avoir parlé à l’esprit de la rivière, trouvent une pierre de l’eau à ramener pour le même genre de rituel que celui avec l’esprit de la montagne. 9
« Les gens pensent qu’une chose extraordinaire doit se faire dans une situation extraordinaire comme celle-ci », dit- il. Ce n’est pas souvent le cas. Parfois le rituel est aussi simple que le fait de transporter une pierre. Une approche de rituel sacré à la maladie mentale Un des cadeaux qu’un shaman peut apporter au monde occidental est d’aider les gens à redécouvrir les rituels, une chose qui est tristement absente dans l’occident. « L’abandon du rituel peut être dévastateur. Du point de vue spirituel, le rituel est inévitable et nécessaire si l’on veut vivre », le Dr Somé écrit dans son livre Ritual: Power, Healing, and Community (des rituels communautaires de guérison). « C’est un euphémisme de dire que les rituels sont nécessaires dans le monde industrialisé. Nous avons vu chez mon peuple qu’il est probablement impossible de vivre une vie saine sans les rituels ». Dr Somé ne pense pas que les rituels traditionnels de son village pourraient simplement être transférés à l’occident donc pendant ces années de travaux chamaniques ici, il a conçu des rituels qui répondent aux besoins larges et différents de cette culture. Bien que les rituels varient en fonction de l’individu ou du groupe concerné, il constate qu’en général certains rituels sont nécessaires. L’un d’eux consiste à aider les gens qui découvrent que leur détresse provient du fait qu’ils sont «appelés par des êtres d’un autre monde à coopérer avec eux afin de faire un travail de guérison ». Le rituel leur permet de sortir de la détresse et d’accepter cet appel. Un autre rituel concerne l’initiation. Dans les cultures autochtones à travers le monde, les jeunes sont initiés à l’âge adulte quand ils atteignent un certain âge. L’absence de cette initiation dans l’Occident fait partie de la crise que les gens traversent ici, dit le Dr Somé. Il encourage aussi les communautés à réunir « les idées créatives des personnes qui ont eu ce genre d’expérience dans le but d’arriver à créer une sorte de rituel alternatif qui permettrait au moins de commencer à faire une brèche dans ce genre de crise ». Un autre rituel consiste à faire un feu de joie en le remplissant « d’éléments symboliques des problèmes envahissants situés à l’intérieur des individus. . . Ça pourrait être des problèmes de colère et de frustration contre un ancêtre qui a laissé un héritage d’assassinat et d’esclavage, un élément lourd à porter pour la descendance », explique-t-il. «Si ceux-ci sont abordés comme des choses qui bloquent l’imagination humaine, le but et l’avis de la personne à propos de la vie peut s’améliorer, alors il est logique de commencer à penser en termes de comment transformer ce blocage dans une manière qui peut conduire à quelque chose de plus créatif et de plus épanouissant ». L’exemple des problèmes engendre un grave dysfonctionnement dans la société occidentale et dans le processus du «déclenchement de l’illumination » chez les participants. Avec une touche ancestrale sur les rituels conçus par le Dr Somé, ces rituels ancestraux visent le dysfonctionnement et la masse à détourner des ancêtres. Certains des esprits qui tentent de venir, comme décrit plus haut, peuvent être « des ancêtres voulant fusionner avec un descendant dans une tentative de guérir ce qu’ils n’étaient pas en mesure de faire pendant qu’ils étaient présents physiquement ». «Si la relation entre les vivants et les morts n’est pas en équilibre, c’est le chaos», dit-il. « Le peuple Dagara croit que si un tel déséquilibre existe, la vie a le devoir de guérir ces ancêtres. Si ces ancêtres ne sont pas guéris, leur énergie malade va hanter les âmes et la psyché de ceux qui doivent les aider ». Les rituels se concentrent sur la guérison de la relation avec nos ancêtres. Les deux problèmes précis d’un ancêtre individuel sont des problèmes culturels importants qui demeurent dans notre passé. Le Dr Somé Shaman a vu des guérisons extraordinaires se produire pendant ces rituels. 10
Adopter une approche sacrée au rituel de la maladie mentale plutôt que de considérer la personne comme un cas pathologique, permet à la personne concernée ainsi qu’à la communauté d’ensemble, de commencer à regarder les choses sous un angle différent, ce qui conduit à « une multitude d’opportunités et d’initiatives qui peuvent être fortement bénéfiques pour toutes les personnes présentes », déclare le shaman. Source : Le point de vue chamanique sur les maladies mentales de Stéphanie Marohn et Malidoma Patrice Somé – The Natural Medicine Guide to Schizophrenia, Bi-polar Disorder (pages 178-189) Sandra Véringa https://www.psychologytoday.com/blog/rethinking-mental- health/201604/dabney-alix-spirituality-shamanism-and-mental- health?platform=hootsuite Dabney Alix on Spirituality, Shamanism and Mental Health On the future of mental health Eric R. Maisel Ph.D. Rethinking Mental Health | Posted April 09, 2016 The following interview is part of a “future of mental health” interview series that will be running for 100+ days. This series presents different points of view about what helps a person in distress. I’ve aimed to be ecumenical and included many points of view different from my own. I hope you enjoy it. As with every service and resource in the mental health field, please do your due diligence. If you’d like to learn more about these philosophies, services, and organizations mentioned, follow the links provided. ** Interview with Dabney Alix Eric Maisel: Recently, you launched a project called, Shades of Awakening which looks at the transpersonal concept of spiritual emergency. What is spiritual emergency and why is it important to the future of mental health? Dabney Alix: Spiritual Emergency, a term coined by Stan & Christina Grof, describes a process of deep psych- spiritual transformation in which a person experiences drastic changes to their meaning system (i.e., their unique purposes, goals, values, attitude and beliefs, identity, and focus) typically because of a spontaneous spiritual experience. This may include experiences that would otherwise be perceived by the current mental health paradigm as hallucinatory or delusional. Many who experience extreme spiritual states have been viewed through the lens of psychiatry as psychotic. In 2003, I was hospitalized and medicated after a 10-hour-long meditation that led to a series of ecstatic unity states of consciousness. My personal path of healing from the stigma and trauma by the mental health “treatment” I received began when I started to see my experiences, not as indicators of a broken brain, but as opportunities to transform and heal my 11
own psyche, step into greater purpose and achieve higher states of consciousness. I am lucky to say I have never needed any form of mental health treatment since. I believe that the future of mental health lies in creating strength-based narratives that reinforce and empower an individual in their healing and personal growth, i.e. transpersonal psychology and a greater acknowledgement of spiritual emergence and spiritual emergency as valid non- pathological human experiences. EM: Tell us a bit about Shamanism and how it relates to mental health? DA: Shamanism is an ancient healing practice, actually the oldest form of indigenous medicine, practiced for thousands of years in every part of the globe. It is based in the understanding that there are layers of reality, including spirit realms, to which one can relate to for personal power and community healing. In many traditional shamanic cultures, shamans were “initiated” through a process of sickness, which looks in many ways like what we in the west call to be Madness: delusions, hearing voices, fear and terror, extreme abnormal behavior, etc. It was understood that if an initiated Shaman were not trained and mentored they would become lost in the spirit realms, become sick or even die. I believe that some of our most brilliant naturally born visionary healers and shamans are mis-labeled and medicated instead of being taught to master their abilities. The key here is not in creating a shamanic narrative for others, but simply in validating a variety of cross-cultural and spiritual perspectives on “psychosis” that welcomes people to find meaning that supports their own world-view and helps them heal and grow. In many ways, it’s not so different from the basic principle of freedom of religion. EM: What are your thoughts on the current, dominant paradigm of diagnosing and treating mental disorders and the use of so-called psychiatric medication to treat mental disorders in children, teens and adults? DA: While there are many truly caring people working within the current dominant paradigm, it is important to understand that it was founded on the assumption that those suffering from mental and emotional distress were inept, a danger to the gene pool, and needing to dominated and controlled. Any time you have a current system that operates with these historical roots, it’s important to question and rethink said system at every level or else face these unconscious historical assumptions repeating themselves. The other noteworthy point is that western medicine as we know it developed from a reductionist, mechanistic world-view that basically said, “the world is made of independently moving parts and if you can identify and isolate the broken part, you can replace it and fix it.” Science has shown us that living systems do not work this way - and instead are a symphony of processes working together in an infinitely complex way. We still do not know much about the relationship between consciousness (mind) and matter (brain) when it comes to the human experience. Advertisement Therefore, taking a reductionist, mechanistic approach as is done in psychiatry (low serotonin = depression) to the set of complex human experiences leaves out a whole set of psycho-social factors. In many ways it is unethical to 12
continue “treating” a human being as if he or she were a machine easily reduced to one or two neurotransmitters, when there is little empirical evidence showing that these “treatments” actually work beyond a placebo effect. When we talk about shifting the current paradigm of mental health, we’re really talking about shifting our entire worldview from a reductionist-mechanistic one to a holistic-integrative one. Not an easy task, but thankfully, it is happening more and more on every level of society - across disciplines. EM: What is the role of community in the healing and recovery process? DA: Not that long ago, BELONGING was a survival issue. People who didn't have a tribe or who were asked to leave one were sentenced to either death or a lifetime of struggle. In the current dominant view of stigma related to mental illness, many are left feeling ostracized, misunderstood and alone. Often what I hear as one of the biggest challenges of those who have been given a mental health diagnosis is a sense of loneliness and disconnection from those closest to them. This can be especially exacerbated if an individual is looking to create spiritual meaning from their experiences and finds their point not only invalidated by the very authority figures they are entrusting with their care, but also by family members as well. In my personal and professional experience, creating communities of mutual understanding, with a shared language is absolutely crucial. This is one reason why there has been such a rise in peer support. People are hungry to belong and I believe that this sense of social safety is crucial in the healing and recovery process. ** Source: Eric Maisel Dabney Alix is a visionary healer, coach and speaker. She leads workshops and trainings online and in person and mentors her clients to step powerfully into their purpose, voice and contribution in the world. She is also creator and host of Shades of Awakening, an online hub and platform for exploring spiritual narratives to madness. www.DabneyAlix.com | www.ShadesofAwakening.com ** Eric Maisel, Ph.D., is the author of 40+ books, among them The Future of Mental Health, Rethinking Depression, Mastering Creative Anxiety, Life Purpose Boot Camp and The Van Gogh Blues. Write Dr. Maisel at ericmaisel@hotmail.com(link sends e-mail), visit him athttp://www.ericmaisel.com, and learn more about the future of mental health movement athttp://www.thefutureofmentalhealth.com http://www.psychologies.com/Bien-etre/Medecines-douces/Se- soigner-autrement/Articles-et-Dossiers/Guerir-autrement Guérir autrement (1/2) Stress, anxiété, dépression : la médecine classique reste souvent impuissante à soulager ces souffrances. Pourtant, d’autres méthodes, inspirées de sagesses anciennes ou issues de récentes études sur le cerveau, ont prouvé leur efficacité. Dans son livre "Guérir", David Servan-Schreiber, psychiatre et chroniqueur à 13
"Psychologies", nous entraînait à la découverte de ces "médecines des émotions". Gros plan sur trois d'entre elles. Christine Baudry Anne-Laure Gannac David Servan- Schreiber | 1 / 2 Sommaire Stress : respirer avec le cœur Anxiété : digérer ses traumatismes grâce à l'EMDR Dépression : réguler son humeur avec les oméga-3 Faut-il à tout prix plonger dans les médicaments pour surmonter la dépression ? La psychanalyse est-elle l'unique réponse à l'anxiété et au stress ? A ces deux questions, David Servan-Schreiber répond clairement par la négative. Mais avec optimisme : oui, la dépression et le stress peuvent se guérir, vraiment se guérir, autrement... Dans son ouvrage "Guérir" (Robert Laffont), le chroniqueur bien connu des lecteurs de "Psychologies" (« Nos cellules aiment la vérité », « En finir avec la douleur »...) nous fait partager son expérience de psychiatre spécialisé dans les nouvelles approches thérapeutiques de la souffrance mentale : acupuncture, nutrition, respiration, sport, thérapie par la lumière, communication émotionnelle... C'est au Centre de médecine complémentaire, qu'il a cofondé et dirigé au sein de l'université américaine de Pittsburgh, qu'il a pu mesurer les bienfaits de ces médecines, anciennes comme l'acupuncture, ou contemporaines comme l'EMDR (en français, Intégration neuroémotionnelle avec les mouvements oculaires). « Ces méthodes ont fait l'objet d'études scientifiques argumentées qui établissent leur efficacité ; pourtant, notre science médicale ne s'y intéresse que pour les décrier, regrette l'auteur. Tout en restant dans une démarche rationnelle, j'ai cherché à en savoir plus sur ce "territoire noir" de la médecine. Il me semblait en effet absurde et antiscientifique de renoncer à ces traitements, simplement parce que leurs mécanismes restent incompréhensibles. » Jeune psychiatre, David Servan-Schreiber (fils du journaliste Jean-Jacques) a consacré cinq ans à un doctorat en sciences cognitives sur le rôle des neurones dans la genèse des pensées et des émotions. Des travaux menés aux États-Unis, supervisés par le prix Nobel Herbert Simon et couronnés par une publication dans la prestigieuse revue "Science". Dans "Guérir", il met sa rigueur de scientifique au service de l'étude des médecines "différentes". Pour aboutir à un constat : « Toutes ces méthodes ont en commun de tirer parti des mécanismes d'autoguérison du cerveau et du lien intime qui existe entre le corps et les émotions. » (Christine Baudry) Stress : respirer avec le cœur Une méthode toute simple qui permet d'entrer en "cohérence cardiaque" : cœur et cerveau battent à l'unisson, et c'est l'apaisement dans la tempête, aussi bien physique que psychique. La lecture par ordinateur des intervalles entre les battements cardiaques valide les intuitions des poètes : notre cœur bat au rythme de nos émotions. Mais l'influence de l'esprit sur le cœur n'est pas à sens unique ; les battements cardiaques ont aussi un impact sur le cerveau. Certains spécialistes évoquent aujourd'hui l'existence d'un véritable "système cœur-cerveau". Ainsi, les cardiologues savent qu'une dépression qui survient peu après un infarctus est un très mauvais signe pour la survie du malade à court terme... Mais cette dépression est-elle psychologique, liée à la peur de la mort passée si près ? Ou d'origine organique, le cœur abîmé par l'infarctus n'étant plus en état de ressentir d'émotions agréables ? Nul ne le sait encore, mais on peut peut-être en conclure que des battements de cœur "cohérents", donc harmonieux, aident le cerveau à lutter contre la dépression et le stress. « La "mise en cohérence cardiaque" nous enseigne à regarder notre corps vivre l'émotion, à la voir se développer et s'évanouir naturellement, souligne David Servan-Schreiber. Elle permet notamment d'établir l'harmonie entre nos deux cerveaux. » 14
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