Rongeurs et santé publique en zone urbaine : des défis propres aux villes africaines ? - Gauthier DOBIGNY (IRD) Jean-Marc DUPLANTIER (IRD) Eric ...
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Rongeurs et santé publique en zone urbaine : des défis propres aux villes africaines ? Gauthier DOBIGNY (IRD) Jean-Marc DUPLANTIER (IRD) Eric BERTHERAT (WHO)
World Cities Report, 2016 ONU-Habitat, 2014 Taux d’urbanisation actuel faible en Afrique mais taux de croissance urbaine devenu très élevé 38 millions de citadins dans le corridor « Abidjan-Lagos » en 2030 500 millions d’africains dans des bidonvilles en 2020 Afrique : une urbanisation tardive, très rapide et mal contrôlée
Arenavirus Rongeurs et santé (Lassa, LCMV, …) Hantavirus (Seoul, Hantaan, Puumala) Réservoirs zoonotiques Relais environnementaux leptospirose borréliose rickettsioses peste (i.e. typhus) bartonellose Mortalité / morbidité ? leishmaniose cutanée taeniasis asthme
12.7% des micro-mammifères des villes du Sud Bénin portent des leptospires, (et jusque 50% dans certains quartiers à certaines saisons). 34.7% des micro-mammifères de Cotonou portent des bartonelles, et plus de 40% d’entre eux portent des trypanosomes atypiques. Plus de 25% des rats noirs (Rattus rattus) d’Antananarivo étaient séropositifs à Yersinia pestis en 1998. 18% des surmulots (Rattus norvegicus) d’un bidonville de Salvador au Brésil portaient des hantavirus Seoul en 1998 et 2010.
Crocidura spp. Rattus rattus (R. tanezumi) Cricetomys gambianus Mus musculus Mastomys natalensis Rattus norvegicus
Le milieu urbain Paysage complexe Nairobi, Kenya Prédation réduite Ressources abondantes et permanentes (stocks, déchets, etc) Cotonou, Bénin Les rongeurs y trouvent le gîte et couvert. Les ressources sont permanentes … … leur reproduction aussi !
Modification de la dynamique de reproduction Mastomys natalensis pluies pluies Adultes sexuellement actifs Femelles sexuellement actives En ville (Niamey, Niger, Garba et al., 2014) Dans les cultures (Tanzanie, Leirs et al., 1996)
Les rongeurs dans les villes africaines % de maisons infestées Cotonou, Bénin Taux global d’infestation = 91.8%
Omniprésence de grandes populations de rongeurs dans les villes
Les villes africaines sont … des villes, donc des carrefours d’échange
Les villes, carrefours d’échange … donc points d’entrée des rongeurs invasifs Quelles conséquences de l’Histoire sur les transports, donc les communautés de rongeurs urbains en Afrique ?
Mus musculus Rattus rattus (R. tanezumi) Rattus norvegicus
1870s 1914 Pénétration puis installation occidentale à l’intérieur du continent africain à partir de la seconde moitié du XIXème siècle
Transports et expansion du rat noir (Rattus rattus) au Sénégal Transport fluvial Transport routier Konecny et al. 2013
Evolution des communautés de rongeurs dans les ville d’Afrique Dakar 1929 2016 N=249 845 ; Cazenove, 1932 N=567 ; Stragier et al., non publié
Communautés de micromammifères urbains en Afrique : espèces invasives vs. natives Espèces natives Espèces invasives Durban – 98.9% Douala – 100% N=262, Taylor et al., 2008 N=2512, Voeckel, 1958 Niamey – 24.1% Cotonou – 69.7% Dakar – 90.1% N=1056, Garba et al., 2014 N=2647, non publié N=592, Stragier et al., non publié
Communautés de micromammifères urbains en Afrique : différentes espèces invasives 89.2% 10,6% 0,2% Dakar 14.7% 85.3% Douala 3.3% 2.3% 91.9% Durban + Rattus tanezumi depuis 2000s – 0.8% 3.4% 79.6% 17% Cotonou 28.3% 71.7% Niamey
Rongeurs et santé publique : importance de l’assemblage spécifique VF Lassa Hantavirus LCMV Leptospira Rickettsia Yersinia NATIFS ++ - - + (+) + - + - ++ + ++ INVASIFS - - + (+) - - - (+) - + + +
Rongeurs et santé publique : importance de l’assemblage spécifique Sauts d’espèce et processus de spill-over et de spill-back (ex. LFV, Mastomys et Rattus spp.) Co-infections et émergence (ex. Trypanosoma lewisi et Toxoplasma gondii) Recombinaison de souches, émergence et virulence (ex. MERS-coV, Leptospira)
A quels défis spécifiques les villes africaines font elles face en termes de risques zoonotiques associés aux rongeurs ?
Urbanisation galopante et zones informelles en Afrique Cotonou, Bénin 1960 2018 1960 2009 Niamey, Niger
Villes riches du Nord Freetown, Sierra Leone Une règle d’urbanisme généralisée on aménage on construit on habite Villes pauvres du Sud Des quartiers de bidonvilles en expansion on habite on construit on aménage
Urbanisme informel et rongeurs Gestion des déchets défaillante, dépotoirs sauvages ressources alimentaires pléthoriques Habitat en matériaux précaires, encombrement des intérieurs, absence de voirie nombreux abris et déplacements facilités Forte densité humaine promiscuité accrue hommes / rongeurs
Urbanisme informel et rongeurs Réseaux d’assainissement moins développés Collecteurs à ciel ouvert
Habitat informel, absence de voirie, pas de gestion des déchets donc omniprésence des ressources Prolifération permanente de rongeurs, donc risque de circulation zoonotique accru Abondance des rongeurs Forte promiscuité rongeurs-hommes (et hommes-hommes) Risque de transmission (et d’épidémie) accru
Quelles stratégies de contrôle des rongeurs urbains en Afrique ?
Règlementations et services d’hygiène
Utilisation des prédateurs naturels des rongeurs
La dératisation de masse : quelle utilité ? 1.Très haut taux d’infestation 2.Fortes abondances Dératisation ????
La dératisation de masse : quelle utilité ? 75% de réduction de la survie 600 Abondance simulée 400 Sans dératisation 200 Avec dératisation 0 Temps Stenseth et al., 2001
La dératisation de masse : quelle utilité ? Nécessite d’atteindre puis informer tous les habitants, d’obtenir leur confiance Assemblage d’entités socio-culturelles différentes Erosion et/ou compartimentation des mécanismes de solidarité sociale Identification plus complexe des personne(s) ressource(s)
La dératisation de masse : quelle utilité ? Recolonisation immédiate Infestation massive des Dératisation dans certains à partir des foyers non foyers par les rongeurs foyers seulement dératisés Présence de rongeurs Adhésion et lutte Recolonisation rapide
La dératisation de masse : quelle utilité ? - Besoins énormes en ressources humaines et financières - Succès mitigé à court terme, probablement nul à moyen et long termes - Difficulté de l’utilisation de poisons aigus (dangerosité, confinement, etc) - Problèmes de résistance aux anti-coagulants La dératisation massive n’apparaît pas comme une solution durable, du moins pas sans un accompagnement par d’autres mesures !!!
Pas de dératisation sans désinsectisation !!!
Mutualisation des compétences / ressources humaines et des fonds
« Hotspots » spatialement délimités Plateformes d’échanges ports, ports secs, gares routières, etc … Zones d’entreposage entrepôts, marchés, etc … Centres de santé
Les rats ne véhiculent pas le virus de la fièvre de Lassa Informer, éduquer, sensibiliser pour convaincre et agir
Merci de votre attention gauthier.dobigny@ird.fr
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