SÉRIE ANTITABAC Déchets postconsommation - Public Health Ontario
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SÉRIE ANTITABAC Déchets postconsommation Question de recherche : Quelle est l’efficacité des stratégies et des politiques environnementales visant à protéger la population de l’impact environnemental des déchets liés aux produits et aux sous-produits du tabac, du tabac chauffé, de la cigarette électronique et du cannabis? Messages clés Un examen systématique, cinq revues narratives et quatre études primaires ont été prises en compte dans le présent document sur les déchets postconsommation liés aux produits et aux sous-produits du tabac, de la cigarette électronique, du tabac chauffé et du cannabis. La nicotine elle-même est un déchet toxique dangereux et, parmi les produits du tabac, le mégot de cigarette représente la plus grande proportion des déchets et est considéré comme un danger environnemental.1,2 La cigarette électronique est considérée comme un producteur de déchets dangereux contenant un éventail de composés et de produits chimiques. Parmi les produits jetables associés à la cigarette électronique, la teneur en plomb varie d’un fabricant à l’autre.1 Dans une étude, le plomb dépassait le seuil règlementaire dans deux des 15 produits analysés.3 Désormais, les écoles et les autres établissements où l’on confisque ou nettoie les déchets liés à la cigarette électronique doivent traiter ces produits comme des déchets dangereux à éliminer.1,3 Les cartouches de liquide à vapoter et de cigarette électronique ne diminuent pas de façon significative la croissance des microorganismes et, par conséquent, ne semblent pas représenter une menace pour le milieu microbiologique. Toutefois, l’effet écotoxique pourrait dépendre des additifs aromatisés utilisés dans la production des liquides à vapoter.4 Des métabolites du cannabis ont été détectés dans des échantillons d’eau usée traitée et non traitée, d’eau de surface et d’eau du robinet en Europe, en Asie, en Amérique latine et en Amérique du Nord.5 Il est établi que ces métabolites causent un stress oxydatif chez des espèces aquatiques.5 On a suggéré certaines interventions pour réduire l’impact des déchets liés à la cigarette sur l’environnement, notamment : droits associés aux déchets,2,6,7 amendes pour abandon de détritus,7 dépôt ou retour des mégots de cigarette,7 interdiction de fumer dans des lieux publics (y compris des plages),6 nettoyage de plages,6 étiquettes d’avertissement sur la non- biodégradabilité et la toxicité des mégots de cigarette,7 filtres de cigarette biodégradables,2,7 sensibilisation2,7 et recyclage.8 Série antitabac : Déchets postconsommation
Bien que les mesures d’atténuation visant les déchets jouent un rôle, il importe de mettre l’accent sur les approches appliquées en amont. Les exemples comprennent l’interdiction complète de vendre des cigarettes à filtre, des cigarettes électroniques, des filtres et des produits de tabac chauffé (p. ex., Beverly Hills, Manhattan Beach en Californie). On peut aussi faire correspondre leurs structures de coût et de règlementation à celles des dommages causés aux écosystèmes.9,10 Ces conclusions s’ajoutent au corpus de données probantes concernant les impacts des déchets postconsommation liés à la cigarette qui sont résumés dans le rapport de 2016 du Comité consultatif scientifique de la stratégie Ontario sans fumée (CCS-SOSF). Les données probantes actuelles, qui sont compatibles avec ce rapport, indiquent que les mégots de cigarette et les cigarettes électroniques éliminés incorrectement peuvent nuire tant à l’environnement naturel qu’à la santé humaine et animale. Contexte De plus en plus, des recherches se font et le public découvre les impacts environnementaux des produits du tabac, du tabac chauffé, de la cigarette électronique11 et du cannabis.5,12,13 Les déchets postconsommation sont ce qui reste après l’utilisation d’un produit (p. ex., mégot de cigarette, bouteille de liquide à vapoter, cartouche de cigarette électronique). Parmi les produits du tabac, les mégots de cigarette sont considérés comme la forme la plus courante de rebuts personnels à l’échelle mondiale.6 En 2016, 5,5 billions de cigarettes ont été consommées dans le monde6 et on estime que 9 billions seront consommées d’ici 2025.6,8 Le mégot de cigarette se compose principalement d’un filtre d’acétate de cellulose (plastique).7 Ce filtre contient un grand nombre de produits chimiques nocifs qui sont rejetés dans l’environnement; le filtre et les produits chimiques restent dans l’environnement pendant de nombreuses années.7 Les mégots de cigarette abandonnés sont considérés comme une menace pour l’eau urbaine et, possiblement, pour l’eau potable.14 L’utilisation accrue de la cigarette électronique aggrave les impacts sur l’environnement en plus de modifier la nature des dommages environnementaux attribuables aux produits du tabac et de la nicotine. Les produits de tabac chauffé se distinguent de la cigarette électronique, car la nicotine provient du chauffage de la feuille elle-même au lieu d’une solution de nicotine. Les enjeux liés aux déchets peuvent différer considérablement (ils sont inconnus jusqu’à présent). On sait toutefois que la teneur en produits chimiques des liquides à vapoter et la construction des cigarettes électroniques varient énormément, allant de la simili-cigarette à usage unique jetable aux appareils à réservoir, en passant par le vaporisateur stylo et le vaporisateur modifié rechargeables.11 De nouvelles catégories de plastiques, de métaux, de cartouches, de piles lithium-ion et de solutions de nicotine concentrée exigent des procédés de fabrication plus intensifs sur le plan environnemental.11 Étant donné la diversité écrasante des produits, il est difficile de déterminer l’ampleur de leur impact environnemental.11 Étant donné la légalisation récente de la consommation récréative de la marijuana en Amérique du Nord, l’intérêt pour la détection et la présence du cannabis et de ses métabolites dans le milieu aquatique s’accroît.5 Il faut élaborer une méthode analytique rapide, sélective et sensible permettant de détecter ces composés pour comprendre leur évolution, leur transport et leur Série antitabac : Déchets postconsommation 2
comportement dans l’eau de surface et l’eau usée, et pour déterminer les dommages environnementaux ainsi que les impacts subséquents sur la consommation de l’eau potable.5 La fumée tertiaire est le résidu de tabac provenant des cigarettes, des cigares et des autres produits du tabac combustibles qui subsiste dans un lieu où l’on a fumé.15 La fumée tertiaire se dépose dans la poussière, est absorbée par les surfaces (p. ex., tapis, tissu d’ameublement, panneaux, cloisons sèches) et est transporté sur les cheveux, la peau, les ongles et les vêtements des fumeurs.16 Elle peut également se combiner et réagir avec des oxydants et d’autres composés dans l’environnement (p. ex., ozone, acide nitreux) pour créer de nouveaux composés, dont nombreux sont cancérogènes, persistants et difficiles à éliminer.17 Selon les données probantes du rapport de 2016 du CCS-SOSF18, le mégot de cigarette nuit à l’environnement en rejetant des produits chimiques toxiques dans les réseaux hydriques et peut nuire aux animaux et aux jeunes enfants s’il est ingéré. D’autres produits du tabac, comme la chicha et la cigarette électronique, ont également des impacts nuisibles sur l’environnement s’ils ne sont pas éliminés correctement, les éléments toxiques de l’eau usée de la pipe à eau peuvent pénétrer dans le réseau hydrique et les piles de la cigarette électronique peuvent rejeter des éléments toxiques. En outre, il existe des données (des É.-U.) et des documents probants sur le risque d’incendie attribuable aux mégots de cigarette abandonnés.19 Méthodologie Le 26 novembre 2019, les services de bibliothèque de Santé publique Ontario (SPO) ont fait une recherche dans des documents examinés par des pairs pour trouver des articles publiés de 2015 à 2019. La recherche s’arrêtait à 2015 parce qu’un sommaire complet des données probantes sur cette question de recherche avait été réalisé (voir le chapitre sur la protection dans le rapport de 2016 du CCS-SOSF).18 La recherche couvrait quatre bases de données, soit MEDLINE, CINAHL, Embase et Environnement Complete. Les termes cherchés comprenaient : « electronic waste », « hazardous waste », « butts », « by-product », « batteries », « cartridge », « filters », « recycling », « third-hand smoke », « environmental health » et « water pollutants ». SPO peut fournir sur demande la stratégie de recherche complète. Les articles de revue étaient admissibles s’ils avaient été publiés de 2015 à 2019 et mentionnaient des interventions ou des politiques concernant les déchets postconsommation liés aux produits et aux sous-produits du tabac, de la cigarette électronique et du cannabis, la décontamination de la fumée tertiaire, l’impact des produits et des sous-produits du tabac, de la cigarette électronique et du cannabis sur l’environnement (p. ex., sur le réseau hydrique). Les autres articles étaient exclus. Les éditoriaux, les abrégés de conférence, les protocoles et les articles de pays non-membres de l’OCDE étaient également exclus. Un évaluateur a filtré les titres et les résumés et deux évaluateurs ont évalué les versions complètes de tous les articles aux fins de l’inclusion. Un membre du personnel de SPO a extrait les données pertinentes et résumé le contenu de tous les articles pertinents. La qualité de chaque revue incluse a été évaluée au moyen de l’outil d’évaluation de la qualité des articles de revue du site Healthevidence.org.20 Deux évaluateurs ont fait des évaluations Série antitabac : Déchets postconsommation 3
indépendantes basées sur les 10 critères de qualité. Toute différence était réglée par la discussion. Conclusions La recherche documentaire a relevé 600 articles, dont 10 répondaient aux critères d’inclusion. Une revue portait sur un examen systématique,2 cinq étaient des revues narratives5-8,11 et quatre étaient des rapports d’étude primaire.3,4,21,22 Les six revues ont été jugées lacunaires.2,5- 8,11 Les territoires des études faisant l’objet des revues couvraient tous les pays où l’on abandonne les déchets liés aux produits de la cigarette et du cannabis; une revue portait sur les milieux côtier,6 tandis qu’une autre ciblait les milieux aquatiques.5 Les pays des études primaires comprenaient la Pologne, les États-Unis et le Royaume-Uni. La documentation est organisée et décrite selon le type de produit. Pour offrir des exemples réels, nous avons ajouté à quelques descriptions de données probantes des sites Web additionnels. Produits du tabac Cinq revues et deux études primaires concernaient l’impact des déchets liés à la cigarette sur l’environnement. Le mégot de cigarette représente la plus grande proportion des déchets liés aux produits du tabac et de tous les déchets sur les routes et rues urbaines et dans les lieux publics.2 Le mégot de cigarette est considéré comme un danger environnemental pour les organismes aquatiques,22 les insectes, les poupons ainsi que les animaux domestiques et sauvages. Le mégot jeté contient des produits chimiques dangereux, notamment de la nicotine, des métaux lourds, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, des composés aromatiques polycycliques, de l’arsenic, du benzène, du cyanure d'hydrogène, de la pyridine et de l’éthylphénol.2 Le filtre de cigarette est aussi fait de matériaux non biodégradables (p. ex., l’acétate de cellulose, un plastique). Par conséquent, le mégot de cigarette reste longtemps dans l’environnement.2 Dans le cadre de leur étude primaire, Baran et al. (2019) ont réalisé une expérience pour déterminer l’effet des déchets liés à la cigarette et aux produits du tabac chauffé sans brulage sur les microorganismes aquatiques.4 Ils ont constaté que les produits du tabac chauffé sans brulage avaient un effet inhibiteur particulièrement fort sur la croissance des microorganismes, ce qui indique que même un seul article de chauffage sans brulage jeté dans un milieu aquatique pourrait nuire à l’activité des microorganismes qui y vivent.4 Les mégots de cigarette présentaient aussi une écotoxicité élevée à l’égard des microorganismes et, puisqu’ils contaminent l’environnement dans une plus grande mesure, représentent une menace importante pour le milieu aquatique.4 On a suggéré certaines interventions pour réduire l’impact des déchets liés à la cigarette sur l’environnement; toutefois, aucune des revues ne présentait de données probantes concernant leur efficacité. La collecte des mégots est difficile en raison de leur petite taille et du coût élevé de la collecte.2 On trouvera ci-dessous la liste des stratégies de réduction des mégots de cigarette dans l’environnement qui ont été relevées dans les articles inclus. Imposer des droits associés aux déchets (p. ex., le Cigarette Litter Abatement Fee de San Francisco)23 sur les produits de la cigarette pour financer certains programmes (p. ex., Série antitabac : Déchets postconsommation 4
nettoyage, communication, exécution de la loi) et l’élimination appropriée des mégots de cigarette.2,6,7 Rendre le fabricant responsable de la gestion du traitement des déchets dangereux postconsommation,7,11 comme on l’a déjà fait pour d’autres produits, comme les pneus, les batteries acide-plomb, les ampoules fluorescentes, la peinture et les insecticides.7 Les industries du tabac s’opposent fermement à ce que leurs produits fassent l’objet de droits et de taxes ou de programmes de responsabilisation élargie des producteurs.7,11 Leurs représentants font valoir constamment que le fumeur a la responsabilité d’éliminer correctement les résidus de la cigarette.6 Amendes pour l’abandon de mégots de cigarette; utiliser l’argent pour leur collecte.7 Dépôt ou retour des mégots de cigarette; semblable au programme des bouteilles de boisson.7 Interdiction de fumer dans des lieux publics (y compris des plages). Des études ont permis de constater une réduction considérable de l’abandon de détritus liés à la cigarette dans les milieux aquatiques et côtiers, mais la réussite dépend des ressources disponibles.6 Résistance de politiciens et de groupes connexes selon qui l’interdiction de fumer dans les lieux publics est une violation des droits individuels et les fumeurs ne sont pas une source plus importante de mégots sur les plages que les écoulements urbains.6 Nettoyage des plages : fait habituellement à la main ou parfois à l’aide de petits véhicules mécaniques.6 N’est pas la méthode la plus efficace car les mégots de cigarette sont petits et le nettoyage peut être dispendieux. Selon une étude mentionnée dans une autre revue, il y avait toujours des mégots sur les plages même après le nettoyage.2 L’industrie du tabac utilise également la responsabilité sociétale des entreprises pour transférer le fardeau du nettoyage aux groupes de bénévoles (p. ex., Ocean Conservancy) en attirant l’attention sur le problème sans favoriser les approches appliquées en amont.24 Étiquettes d’avertissement concernant la non-biodégradabilité et la toxicité des mégots de cigarette sur les emballages.7 Produire des filtres de cigarette biodégradables.2,7 Pourrait faire augmenter l’abandon de détritus si les fumeurs sont moins motivés à éliminer correctement leurs mégots et ne savent pas quels filtres sont biodégradables. Cendriers portatifs, en particulier sur les plages.2,6 L’efficacité demeure douteuse puisque tous les mégots de cigarette n’étaient pas mis dans les contenants.6 Éducation : il faut sensibiliser les personnes pour réduire l’abandon des mégots de cigarette, car les comportements individuels jouent un rôle clé dans la production de ces déchets.2,7 Beaucoup d’organisations diffusent de l’information sur les dangers de l’abandon des mégots sur les plages et dans les milieux côtiers pour attirer l’attention des fumeurs et des non-fumeurs.6 Recycler les mégots de cigarette.6-8 Série antitabac : Déchets postconsommation 5
La revue narrative de Marinello et al. (2020) offre la liste la plus complète des méthodes de recyclage des mégots de cigarette.8 Les catégories d’utilisations des mégots recyclés comprennent : analyse chimique (p. ex., charbon mésoporeux), infrastructure, bâtiments et structures (p. ex., brique, asphalte), dispositifs de stockage d’énergie (p. ex., structures de carbone poreux), génie environnemental (p. ex., supports de biofilm pour le traitement des eaux usées), industries chimiques et médicales (p. ex., cellulose nanocristalline), insecticides, industrie métallurgique (p. ex., extrait servant d’inhibiteur de corrosion) et industrie du papier (p. ex., pâte à papier).8 Toutes ces méthodes n’ont été appliquées qu’à l’échelle de la mise à l’essai; elles doivent encore être mises en œuvre à une plus grande échelle.8 Il importe de souligner que le principe du recyclage s’applique en aval. Il exige toujours le ramassage ou la collecte des mégots (dont on a établi l’inefficacité compte tenu de l’énorme quantité de mégots abandonnés et l’importance des ressources nécessaires sur le plan de l’infrastructure).2,6 Il faut mettre l’accent sur les approches appliquées en amont, comme interdire complètement la vente de cigarettes à filtre, de filtres, de cigarettes électroniques et de produits de tabac chauffé, ou au moins faire correspondre leurs structures de coût et de règlementation à celles des dommages causés aux écosystèmes (p. ex., initiative en cours en Californie).25 Produits du cannabis La revue narrative de Park et al. (2017) résumait des études sur la présence, la détection et le traitement du principal composé psychoactif de la marijuana, le delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), et ses métabolites dans les milieux aquatiques.5 On a prélevé des échantillons d’eau potable, d’eau du robinet, d’eau usée, d’eau de rivière et de lac, d’eau de surface, d’eau souterraine, d’eau d’usines de traitement des eaux usées et de l’eau potable, d’influents d’eaux usées et d’effluents d’eaux usées.5 La plupart des échantillons provenaient d’Espagne, mais les autres sources comprenaient la Suisse, les Pays-Bas, la Slovaquie, l’Union européenne, le Japon, l’Amérique latine, l’Italie, la Martinique, la Grèce, les États-Unis, la Chine, la France, la Belgique, le Canada, la Croatie et le Royaume-Uni.5 Les résultats indiquaient que le principal métabolite du THC, le THC-COOH, a été détecté dans l’eau usée traitée et non traitée, l’eau de surface et l’eau du robinet.5 Il est établi que le THC et le THC-COOH causent un stress oxydatif chez les espèces aquatiques.5 Il n’existe présentement aucune règlementation particulière relative au THC-COOH dans l’eau potable ou les effluents d’eaux usées.5 Très peu d’études de traitement publiées ont porté sur l’élimination du THC-COOH dans l’eau.5 Des méthodes comme la chloration et l’oxydation par ultraviolet sont associées à la formation possible de sous-produits qui seraient toxiques dans les milieux aquatiques.5 Produits de la cigarette électronique Dans le cadre de deux études primaires, on a réalisé des expériences sur des déchets liés à la cigarette électronique, y compris des liquides à vapoter, des substances rejetées par des cartouches usagées de cigarette électronique et des produits jetables.3,4 Série antitabac : Déchets postconsommation 6
L’étude de Krause et Townsend (2015) portait sur la possibilité de désigner les cigarettes électroniques jetables comme déchets dangereux. Ils ont analysé au total 23 échantillons de produits jetables associés à la cigarette électronique qui représentaient 15 produits uniques provenant de huit fabricants ou distributeurs nationaux et régionaux. Quatre produits ont été sélectionnés en vue d’analyses plus poussées.3 Les résultats indiquaient que deux des 15 produits analysés dépassaient le seuil règlementaire fixé pour le plomb (contexte des É.-U.). Les échantillons rejetant les trois plus fortes concentrations de plomb provenaient du même fabricant, indiquant que la teneur en plomb varie parmi les fabricants de produits de la cigarette électronique.3 Aucun des autres métaux dangereux ne dépassait son seuil règlementaire respectif.3 Dans leur étude, Baran et al. (2019) ont examiné l’effet des substances provenant des cartouches de cigarette électronique et des liquides à vapoter sur les microorganismes.4 En laboratoire, ils ont évalué huit liquides à vapoter pour cigarette électronique offerts sur le marché et des cartouches usagées de diverses marques.4 Les résultats indiquaient que globalement, les cartouches de liquide à vapoter et de cigarette électronique n’entravaient pas de façon significative la croissance des microorganismes;4 toutefois, on constatait des différences importantes dans la croissance selon les liquides à vapoter analysés.4 Par exemple, le liquide à vapoter contenant l’arôme Ice Mint a causé une sensibilité 43 fois plus élevée chez un des microorganismes. Cela indique que l’effet écotoxique pourrait dépendre des additifs aromatisés utilisés dans la production des liquides à vapoter.4 Décontamination de la fumée tertiaire La recherche documentaire a relevé une étude primaire. Cieślak et al. (2017) ont examiné la capacité de la fibre de polypropylène modifiée de réduire les concentrations de nicotine dans l’air. En laboratoire, ils ont constaté des niveaux de nicotine inférieurs.21 Afin de favoriser la compréhension d’exemples réels, le THS Resource Centre (thirdhandsmoke.org) a d’autres recherches et ressources concernant les risques de la fumée tertiaire, leur atténuation et des projets connexes. Limites L’évaluation de la qualité des études primaires incluses n’était pas possible, car il n’existe pas encore d’outil permettant d’évaluer spécifiquement les études expérimentales. La qualité des revues était médiocre à cause principalement de l’insuffisance de l’information sur les critères d’inclusion, de l’absence de mention sur la stratégie de recherche complète, du fait que la recherche couvrait moins que les cinq dernières années et de l’absence d’évaluation des études. Peu de recherches portent sur la gestion des déchets postconsommation liés aux produits du tabac. Les mégots de cigarette abandonnés sont un problème particulièrement difficile parce qu’ils sont petits, sont largement dispersés et coûtent cher à recueillir.2 Il faut plus de recherches concernant l’élargissement des projets pilotes de recyclage des mégots. En ce qui concerne les nouveaux produits comme le tabac à chauffer sans brulage, la cigarette électronique et le cannabis ainsi que leurs sous-produits, il y a peu d’information sur leur Série antitabac : Déchets postconsommation 7
élimination appropriée et les dommages environnementaux qu’ils causent. Étant donné la popularité croissante des nouveaux produits du tabac, de la nicotine et du cannabis à l’échelle mondiale, il faut davantage de recherches pour évaluer les impacts environnementaux des déchets qui y sont associés. Il faut aussi plus de recherches sur les interventions visant la fumée tertiaire. Série antitabac : Déchets postconsommation 8
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Auteurs Tiffany Oei, coordonnatrice de la recherche, Promotion de la santé, Prévention des maladies chroniques et des traumatismes, Santé publique Ontario. Mention Agence ontarienne de protection et de promotion de la santé (Santé publique Ontario). Série antitabac : Déchets postconsommation. Toronto, ON : Imprimeur de la Reine pour l’Ontario; 2021. Avis de non-responsabilité Santé publique Ontario (SPO) a conçu le présent document. SPO offre des conseils scientifiques et techniques au gouvernement, aux agences de santé publique et aux fournisseurs de soins de santé de l’Ontario. Les travaux de SPO s’appuient sur les meilleures données probantes disponibles au moment de leur publication. L’application et l’utilisation du présent document relèvent de la responsabilité des utilisateurs. SPO n’assume aucune responsabilité relativement aux conséquences d’une telle application ou utilisation. Le présent document peut être reproduit sans permission à des fins non commerciales seulement, sous réserve d'une mention appropriée de SPO. Aucun changement ni aucune modification ne peuvent être apportés au présent document sans la permission écrite explicite de SPO. Pour en savoir plus Courriel : hpcdip@oahpp.ca Santé publique Ontario Santé publique Ontario est un organisme du gouvernement de l’Ontario voué à la protection et à la promotion de la santé de l’ensemble de la population ontarienne, ainsi qu’à la réduction des iniquités en matière de santé. Santé publique Ontario met les connaissances et les renseignements scientifiques les plus pointus du monde entier à la portée des professionnels de la santé publique, des travailleurs de la santé de première ligne et des chercheurs. Pour en savoir plus sur SPO, visitez www.santepubliqueontario.ca. Série antitabac : Déchets postconsommation 11
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