SEPT MILLÉNAIRES DE DÉMOGRAPHIE HEXAGONALE
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ÉCHOS DES LABOS PALÉOANTHROPOLOGIE SePt MillÉNAiReS De DÉMOGRAPHie HeXAGONAle P. 6 Échos des labos P. 16 Livres du mois P. 18 Homo sapiens informaticus P. 20 Questions de confiance Cette tombe ocrée est typique de la culture Yamnaya, originaire des steppes pontiques, qui a exercé une grande influence génétique et culturelle en Europe. Une étude génétique confirme l’arrivée dans avant notre ère, les Magdaléniens, des l’Hexagone de deux grandes vagues de migrants chasseurs-cueilleurs qui s’étaient réfugiés au Néolithique, l’une provenant d’Anatolie, dans le sud-ouest de l’Europe, ont pro- gressivement reconquis le nord, avant la suivante des steppes pontiques. que, une dizaine de millénaires avant S notre ère, leur culture ne le cède aux eulement 243 génotypes pour sur les génomes mitochondriaux, trans- cultures du Mésolithique (– 9700 à raconter 7 000 ans d’histoire mis uniquement par les femmes, et sur – 6400). Par remplacement ? Non, génétique française, c’est un jeu de 120 marqueurs génétiques, dont puisque les chercheurs ont trouvé une peu, mais quels efforts pour certains au sein du chromosome Y, le composante génétique magdalénienne les trouver ! Pour y parvenir, chromosome sexuel masculin, transmis dans les génomes de chasseurs-cueilleurs Mélanie Pruvost, du labora- uniquement par les hommes. qui vécurent vers – 7000. toire Pacea, à l’université de Bordeaux, a Il ressort de ces données génétiques Ainsi, ce sont des chasseurs-cueil- rassemblé 34 collègues archéologues qu’après la dernière glaciation, deux leurs héritiers d’un très ancien patri- connaissant bien les contextes archéolo- grandes périodes de migrations ont moine génétique paléolithique qui ont vu giques de 54 sites, afin de préciser les âges enrichi et partiellement remplacé le fond arriver de premiers paysans vers 6400 © Sayenko Valeriy et les cultures de 243 individus ayant vécu génétique paléolithique européen, et avant notre ère. Cet événement impor- dans le territoire au cours des sept millé- constitué le bassin génétique gaulois. tant se traduit par un accroissement per- naires qui ont précédé notre ère. Les Avec le retrait des énormes glaciers qui ceptible de la diversité génétique, ont chercheurs se sont concentrés à la fois couvraient l’Hexagone quelque 18 000 ans d’abord remarqué les chercheurs ; 6 / POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020
CLIMATOLOGIE lesquels ont ensuite vérifié l’origine ana- tolienne, prédite par l’archéologie, de ces Covid-19 et baisse premiers paysans. Au Néolithique ancien (– 5600 à – 4600), ces pionniers ont été suivis par des émissions de CO2 deux courants de néolithisation distincts Les mesures de confinement pour limiter la crise sanitaire liée au toujours originaires d’Anatolie : le virus SARS-CoV-2 ont entraîné une baisse importante des émissions Rubané, qui remonte le couloir danubien, de dioxyde de carbone, montre une étude dirigée par Corinne et le Cardial, venant de la côte méditer- ranéenne balkanique, que l’équipe de Le Quéré. Pour la climatologue, cette crise est l’occasion de penser à Mélanie Pruvost n’a pu distinguer sur le une stratégie globale pour lutter contre le réchauffement climatique. plan génétique. En revanche, elle a constaté la persistance de gènes de chas- seurs-cueilleurs en proportion variable Propos recueillis par SEAN BAILLY d’un groupe rubané à l’autre. CORINNE LE QUÉRÉ confinement strict : la population doit Au Néolithique moyen (– 4800 à climatologue rester à la maison. – 3500), les deux courants de néolithisa- à l’université d’East Pour chaque pays et chaque jour, tion se rejoignent au centre de la France et Anglia, à Norwich, nous avons observé l’indice de confine- de nouvelles cultures néolithiques se for- au Royaume-Uni ment et les indicateurs d’activité. Et ment. Toujours présent, le vieux fond montré qu’il y avait des motifs systéma- tiques communs à tous les pays. Par génétique paléolithique s’est homogénéisé Quelle a été l’évolution récente des exemple, en niveau 3, on voit une baisse dans la population, ce qui montre qu’un émissions de dioxyde de carbone (CO2) ? de 50 % pour le transport de surface, 75 % brassage génétique s’est accompli avant Durant la décennie passée, les pour l’aviation et 15 % pour la production l’apparition de la culture campaniforme émissions globales de CO2 étaient à d’énergie. Avec toutes ces données en la hausse, d’environ 1 % par an, sauf main, nous avons déterminé les émis- (– 2900 à – 1900). Or les chercheurs ont en 2019 où elles ont été plutôt stables. sions quotidiennes de CO2, pays par pays. trouvé que des membres de cette culture, Ainsi, l’augmentation a été de presque qui domine au Néolithique final (– 3500 à 10 % en dix ans. Les crises économiques Quels sont les résultats ? – 2100), portaient les gènes d’un groupe et financières ont tendance à provoquer Par exemple, en France, au maximum issu de la partie européenne de la grande une baisse des émissions, mais celle-ci du confinement, la baisse des émissions est vite gommée par la reprise de a atteint 34 %, comparé à 2019. À l’échelle steppe eurasienne : les Yamnayas. l’activité. Il est intéressant de voir globale, comme tous les pays n’ont pas L’étude des génomes datant des comment les émissions évoluent appliqué les mêmes restrictions et que débuts de l’âge du Bronze (– 2100 à pendant une crise sanitaire comme celle les confinements n’ont pas été mis en – 860) qui suit, confirme que l’influence du Covid-19 et surtout avec la mise en place en même temps, on a une baisse place d’un confinement quasi mondial. maximale moins importante. Le pic de ces populations, venues du nord de la global de réduction des émissions a mer Noire et censées avoir introduit en Comment avez-vous suivi l’évolution atteint 17 % début avril. Nous avons aussi Europe les langues indo-européennes du CO2 dans la crise actuelle ? estimé la baisse sur toute l’année 2020 (presque toutes les langues européennes Nous avons d’abord rencontré selon différents scénarios de reprise. le sont), continue et s’intensifie ensuite une difficulté qui peut surprendre. La baisse serait comprise entre 4 % et 7 %. Nous n’avons pas les moyens d’établir un dans ce qui est aujourd’hui le territoire suivi en temps réel des émissions de CO2, Quelles conclusions tirez-vous français. Les chercheurs constatent malgré le contexte de recherche très de ces travaux ? notamment que le chromosome sexuel actif sur le réchauffement climatique ! La baisse de 17 %, c’est du jamais vu. masculin des Yamnayas s’y est largement Nous avons donc examiné les données Pourtant, elle n’aura aucun impact sur qui nous étaient accessibles dans les le climat. En effet, c’est l’accumulation répandu et y a laissé une empreinte contraintes de temporalité qui étaient au fil des décennies du dioxyde de pérenne : la majorité des hommes en les nôtres. Nous avons utilisé les carbone dans l’atmosphère qui est le France portent encore aujourd’hui cette données sur l’activité de six secteurs moteur du réchauffement climatique, signature des hommes des steppes. parmi les plus gros émetteurs de CO2 : et cette quantité de CO2 ne sera modifiée la production électrique (44,3 % des que de façon infime par la réduction des L’archéologie nous apprend qu’après émissions globales avant la crise), émissions de cette année. En revanche, cet événement, des cultures de plus en l’industrie, les transports de surface… cette baisse montre qu’il est possible plus guerrières se sont succédé jusqu’à En examinant par exemple les variations d’agir en faveur du climat. Les décisions l’âge du Fer (– 860 à – 50). Les cher- d’activité du trafic aérien, nous avons politiques qui seront prises dans les cheurs ont constaté dans leurs données estimé la baisse de CO2 associée. prochaines semaines et mois seront critiques pour réduire sur le long terme que cela s’est fait sans nouveaux apports Comment avez-vous utilisé ces données ? nos émissions de CO2. Si rien n’est fait, de gènes. Le bassin génétique hexagonal Notre analyse a porté sur 69 pays qui nous reviendrons aux niveaux d’avant d’avant notre ère était constitué, et il représentent 97 % des émissions globales la crise. Il faut donc mettre en place perdurera jusqu’à l’arrivée des Romains de CO2. Nous avons ensuite regardé un programme global, ambitieux et les politiques de confinement mises visionnaire pour modifier structurelle- dans les Gaules. n en place en établissant un « indice ment nos activités polluantes. n de confinement » noté de 0 à 3. Pour FRANÇOIS SAVATIER l’échelon 0, aucune restriction n’est mise C. Le Quéré et al., Nature Climate Change, S. Brunel et al., PNAS, en place. Pour l’échelon 3, on est sur un en ligne le 19 mai 2020 en ligne le 26 mai 2020 POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020 / 7
ÉCHOS DES LABOS PHYSIQUE DES PARTICULES uN PAS VeRS l’ASYMÉtRie MAtiÈRe-ANtiMAtiÈRe ? L’expérience T2K, au Japon, suggère que les neutrinos et les antineutrinos se comportent différemment. Une piste pour expliquer l’absence d’antimatière cosmique… P ourquoi l’Univers contient-il quelque chose plutôt que rien ? Sous ses allures de réflexion phi- losophique, cette question taraude les cosmologistes depuis des décennies. Le modèle du Big Bang qui décrit la naissance de l’Univers et son évo- lution ne peut pas expliquer pourquoi le monde est fait de matière et non d’antimatière, voire de rien du tout. Parmi toutes les pistes explo- rées pour trouver une réponse, la clé se cache peut-être dans les différences entre les neutri- nos et leurs alter ego, les antineutrinos. Or l’équipe internationale de l’expérience T2K, au Japon, vient d’obtenir un indice très fort que les comportements des neutrinos et des anti- neutrinos ne sont pas identiques, différence qui jouerait un rôle crucial dans l’asymétrie matière-antimatière. Un point particulièrement surprenant Vue de l’intérieur de la cuve du détecteur de neutrinos Super-Kamiokande dans le modèle du Big Bang est que dans les utilisé par l’expérience T2K. premiers instants de l’Univers, il se serait 1,5 × 10 formé 50 % de matière et 50 % d’antimatière, devait inclure trois ingrédients essentiels. L’un dans des proportions exactement égales. Mais 21 de ces derniers implique que les particules et alors, où se cache l’antimatière ? Elle a proba- les antiparticules ne suivent pas tout à fait les blement disparu. En effet, lorsqu’une particule C’EST LE NOMBRE mêmes règles et violent ce qu’on nomme la et son antiparticule se rencontrent, elles s’an- DE COLLISIONS « symétrie CP » (CP pour « charge-parité »). Le nihilent en émettant des photons. Mais dans PROTON-ATOME modèle standard de la physique des particules l’Univers primordial, cette rencontre « explo- intègre des violations de cette symétrie, mais sive » aurait dû conduire à l’annihilation com- DE CARBONE elles sont trop faibles pour expliquer le contenu © Observatoire de Kamioka, ICRR (Institute for Cosmic Ray Research), université de Tokyo plète de toute la matière et l’antimatière du AYANT PRODUIT actuel de l’Univers. cosmos. L’Univers aurait été rempli unique- LES NEUTRINOS La réponse pourrait venir des neutrinos, ment de photons, les particules de lumière, ce DANS L’EXPÉRIENCE des particules étranges dont il existe trois types qui aurait été bien peu palpitant. T2K. EN TOUT, et qui sont capables d’« osciller » : elles passent L’annihilation primordiale a pourtant bien spontanément d’un type de neutrino à un 68 NEUTRINOS eu lieu. Les cosmologistes ont constaté que la autre. L’expérience T2K, au Japon, étudie ce densité moyenne de particules de matière ÉLECTRONIQUES ET phénomène d’oscillation. Et en le faisant pour dans l’Univers est inférieure de dix ordres de 20 ANTINEUTRINOS les neutrinos d’une part et pour les antineutri- grandeur à celle des photons. Cette différence ÉLECTRONIQUES nos d’autre part, il est possible d’examiner la est probablement la trace résiduelle de l’anni- ONT ÉTÉ DÉTECTÉS. possible violation de la symétrie CP dans ce hilation massive dans l’Univers primordial. secteur. En analysant leurs résultats, les physi- Mais cela suggère aussi qu’un petit excès de ciens de l’expérience ont montré que la viola- matière a échappé au cataclysme et constitue tion pourrait effectivement être « maximale » aujourd’hui le monde qui nous entoure. Reste chez les neutrinos. La valeur précise du para- à expliquer pourquoi il y a eu un surplus de mètre de violation devrait être précisée dans matière… les années à venir. n Pour répondre à cette question, le physi- cien russe Andrei Sakharov a montré en 1967 S. B. que le mécanisme capable de créer une telle Collaboration T2K, Nature, asymétrie entre la matière et l’antimatière vol. 580, pp. 339-344, 2020 8 / POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020
EN BREF PALÉONTOLOGIE DES JARDINIERS EFFICACES le SPiNOSAuRe Les fourmis moissonneuses Messor barbarus récoltent POuVAit NAGeR des graines qu’elles stockent pour se nourrir. L L’équipe de Thierry Dutoit, e mode de vie aquatique des spinosauri- de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie dés fait l’objet d’une controverse, mais marine et continentale, Nizar Ibrahim, de l’université de Detroit a montré que cette activité Mercy, aux États-Unis, va peut-être mettre un aide la régulation du cycle terme à celle-ci. Découverts sur tous les conti- des nutriments dans les sols. Conséquence : nents, toujours en milieu fluviatile, ces dino- en quelques années, saures de la famille des théropodes ont vécu du ces insectes améliorent Jurassique supérieur jusqu’au milieu du la fertilité et la biomasse Crétacé, il y a 100 millions d’années environ. de pelouses sèches Leurs pattes, petites en proportion de leur méditerranéennes à côté des nids. Un allié à corps très long, et leur mâchoire, rappelant Cette restitution d’un spinosaure le montre en train considérer pour restaurer celle du gavial, crocodile piscivore du Gange, de nager dans le type de milieu d’où provient des milieux dégradés ? suggèrent qu’ils chassaient dans l’eau. Avec des son fossile marocain. Biological Conservation, collègues, Romain Amiot, de l’université de 20 avril 2020 Lyon, l’a confirmé en 2010 en prouvant par les complète de S. aegyptiacus. Les chercheurs en rapports isotopiques que le régime alimentaire ont tiré une réplique robotique, avant de se LE SOLEIL, UNE ÉTOILE CALME de Spinosaurus aegyptiacus s’approchait de ceux livrer à des essais en bassin. Lesquels ont mon- Il est possible de retracer des tortues aquatiques et des crocodiliens de tré que l’ondulation horizontale de cette longue l’activité du Soleil même époque. Des arguments forts que Donald lame produisait huit fois plus de poussée que (éruptions, présence Henderson, du musée royal Tyrrell de paléon- celle de la queue des autres théropodes et de taches, brillance, etc.) tologie en Alberta, au Canada, refuse pourtant, presque autant que celle d’un crocodilien. sur près de 9 000 ans. Timo Reinhold, de l’institut après avoir modélisé la nage de S. aegyptiacus : Comment une telle queue aurait-elle pu évo- Max-Planck de recherche la position des poumons de ce spinosaure l’em- luer si S. aegyptiacus et ses ancêtres n’étaient sur le Système solaire, à pêchait de plonger, avance-t-il, et lorsqu’il pas de bons nageurs ? n Göttingen, et ses collègues nageait, il devait battre des pattes arrière pour ont comparé ces données ne pas basculer sur le côté… F. S. avec celles de 369 astres aux caractéristiques Toutefois, l’équipe de Nizar Ibrahim vient N. Ibrahim et al., Nature, comparables. L’analyse de découvrir au Maroc une queue presque vol. 581, pp. 67-70, 2020 de leur brillance grâce au télescope spatial Kepler a montré que le Soleil est ENVIRONNEMENT exceptionnellement peu actif. Une période de « repos » pour notre étoile ? Science, 1er mai 2020 DeS SOuS-BOiS LA PLUIE ET LES BANAlS TESTS NUCLÉAIRES D La formation de la pluie serait favorisée par la e l’Irlande à la Pologne, du sud de la présence de particules Norvège à la Slovénie, les forêts tempé- chargées dans les nuages. rées d’Europe se ressemblent de plus en En haut : © ABelov2014 ; en bas : © Shutterstock.com/Mark Carthy Giles Harrison, de plus. Face aux perturbations anthropiques, les l’université de Reading, herbacées typiques des différentes régions dis- au Royaume-Uni, et ses collègues ont étudié paraissent progressivement, remplacées par des Sous-bois dans une forêt irlandaise avec des jacinthes les précipitations sur espèces plus cosmopolites. La grande ortie, par des bois. On trouve cette plante aussi au Royaume-Uni, les îles Shetland dans exemple, prospère dans de nombreux sous-bois. en France, en Belgique et dans la péninsule ibérique. les années 1950-1960 alors Grâce aux suivis de 68 milieux forestiers, sur des que les États-Unis, l’Union soviétique et d’autres périodes allant de 15 à 78 ans, un consortium de prolifèrent davantage grâce aux pollutions à procédaient à des essais chercheurs européens, dont Jonathan Lenoir, du l’azote. Ce phénomène se fait au détriment nucléaires de surface, CNRS, s’est intéressé aux mécanismes à l’origine d’espèces plus spécialisées, moins adaptables sources d’ions émis dans de cette banalisation de la flore des sous-bois. à des changements de conditions environne- l’atmosphère. Résultat : Leur étude statistique révèle l’impact majeur de mentales, et à la croissance lente. n une hausse de 24 % sur cette période. la pollution atmosphérique. Les tests auraient dopé Certaines espèces généralistes, qui ont une CORALINE MADEC les précipitations. croissance rapide et produisent de petites I. R. Staude et al., Nature Ecology & Evolution, Phys. Rev. Lett., 13 mai 2020 graines qui se dispersent facilement, vol. 4, pp. 802-808, 2020 POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020 / 9
ÉCHOS DES LABOS ASTROPHYSIQUE PlANÈte eN FORMAtiON, uNe PReuVe De ViSu ? L es planètes naissent dans le disque de gaz et de pous- sière qui entoure une étoile jeune. Le mécanisme de cette formation est cependant mal connu. Notamment parce que, jusqu’à présent, les observa- tions portant sur le voisinage d’une étoile avaient un contraste et une résolution angulaire trop faibles pour identifier exactement l’endroit où se forme une planète dans le disque de gaz. En 2017, en utilisant le réseau d’antennes Alma (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), au Chili, des astrophysiciens avaient identifié deux bras spiraux dans la partie interne du disque de l’étoile jeune AB Aurigae, distante de 520 années-lumière. Lorsqu’une planète en devenir se déplace au sein du disque, elle excite le gaz dans lequel elle induit une onde. Progressivement, cette onde prend la forme d’un bras spiral qui se décompose en deux parties, l’une se pro- pageant vers l’intérieur de l’orbite de la planète, l’autre vers l’extérieur (c’est la même idée que le sillage d’un bateau, mais avec l’effet de rotation autour de l’étoile). Grâce à l’instrument Sphere du VLT (Very Large Telescope), au Chili, et à ses images d’une incroyable précision, Anthony Boccaletti, de l’observatoire de Paris, et ses collègues ont confirmé la présence des deux bras (voir l’image ci-contre) et découvert une « torsion » dans l’un des deux (indiquée sur l’image agrandie par la perturbation de la spirale verte modélisée). Ce phénomène est prédit par certaines théories de la formation des planètes. La torsion correspond à la connexion des deux bras de gaz. À cette jonction, l’apport de gaz et de poussière alimente la croissance de la jeune planète (qui reste invisible dans les images). La planète en formation se situerait à une distance de son étoile comparable à celle qui sépare Neptune du Soleil (environ 30 unités astronomiques). n S. B. A. Boccaletti et al., Astronomy & Astrophysics, vol. 637, L5, 2020 10 / POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020
ÉCHOS DES LABOS NEUROSCIENCES lA COCAÏNe MANiPule ÉPiGÉNÉtiQueMeNt le CeRVeAu La dopamine, un neurotransmetteur, intervient d’une façon inattendue dans les mécanismes de rechute après un sevrage à la cocaïne. P ourquoi le risque de rechute per- siste-t-il si longtemps après un sevrage à la cocaïne ? Ashley Lepack et ses collègues, de l’hôpi- tal du Mont-Sinaï, à New York, et de l’université d’État de New York, à Buffalo, apportent une réponse : ils viennent de montrer chez des rats que l’au- toadministration de cocaïne, suivie d’une période d’abstinence, entraîne des modifica- tions épigénétiques à l’intérieur des neurones qui produisent la dopamine. La cocaïne est connue pour augmenter la neurotransmission de la dopamine dans les zones cérébrales de la récompense. Cette drogue bloque des pompes de recapture de dopamine à la surface des neurones. Le neurotransmetteur s’accumule dans le milieu extracellulaire (dans la synapse), et c’est ce surplus de dopamine dans la synapse qui amplifie son effet et produit l’euphorie associée à la prise de cocaïne. Pendant le sevrage, la dopamine jouerait La dopamine est un libération de dopamine dans les synapses. Un un autre rôle, tout à fait inattendu. À l’inté- neurotransmetteur notamment comportement actif de recherche de drogue rieur des neurones, elle se fixerait massive- impliqué dans les circuits de la semble aussi directement lié à cette modifica- récompense. Une nouvelle étude ment sur certaines histones, des protéines a mis en évidence son rôle tion épigénétique, puisqu’il est fortement autour desquelles s’enroule l’ADN et qui per- épigénétique dans les neurones. réduit lorsque la proportion d’histones dopami- mettent sa compaction à l’intérieur du noyau. nylées est réduite. Or en se liant aux histones, certaines molé- Cette cascade d’événements liée au sevrage cules sont connues pour moduler la compac- ne s’est en revanche pas produite chez des rats tion de l’ADN et agir sur d’autres fonctions des ayant eu un accès passif à la cocaïne. « Supprimer histones, ce qui influe sur l’expression des la cocaïne, quel que soit son mode d’administra- gènes. On parle de « modification épigéné- tion initial, devrait avoir la même conséquence, tique ». L’étude révèle que la dopamine aurait or ça ne semble pas être le cas. La régulation du une telle influence épigénétique. phénomène promet d’être complexe », soulève Les rats qui avaient été entraînés à s’au- Jean-Antoine Girault, de l’institut du Fer à toadministrer de la cocaïne et en disposaient Moulin (Inserm et Sorbonne Université). En ensuite librement présentaient moins d’his- effet, de nombreuses questions restent à éclair- tones « dopaminylées » dans les neurones pro- cir sur les mécanismes en jeu. Notamment, la ducteurs de dopamine que les rats contrôles. même équipe avait mis au jour un processus Cependant, après trente jours de sevrage, la similaire avec un autre neurotransmetteur, la proportion de ces histones avait dépassé celle sérotonine. Il sera intéressant de savoir si ces des rats contrôles et perturbait l’expression de modifications épigénétiques par des neurotrans- gènes dans les neurones concernés. metteurs demeurent assez anecdotiques ou si © Shutterstock.com/Peshkova En réduisant la proportion d’histones dopa- elles relèvent d’un mécanisme beaucoup plus minylées pendant le sevrage, les chercheurs ont général de régulation de l’expression génique et identifié ces gènes. Certains régulent la capacité de la fonction cellulaire. n des neurones à communiquer entre eux, d’autres sont impliqués dans l’addiction à la NOËLLE GUILLON drogue. Par ailleurs, le modèle animal suggère A. E. Lepack et al., Science, que la modification épigénétique augmente la vol. 368, pp. 197-201, 2020 12 / POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020
CHIMIE PHYSICOCHIMIE ÉleCtRONiQue eN BOiS leS DeSSiNS D’uNe GOutte De WHiSKY L a question de la durabilité environne- mentale de l’électronique est d’impor- tance. Depuis leur fabrication jusqu’à leur fin de vie, les dispositifs actuels sont loin des standards environnementaux de faible impact écologique. Pour tenter de répondre à ces exigences, Qiliang Fu et ses collègues, de la société Scion, en Nouvelle-Zélande, ont mis au point un procédé de fabrication de circuits électroniques totalement dérivés du bois. Ils ont d’abord créé un support souple et résistant en éliminant la lignine avec un bain d’eau de javel puis en comprimant le matériau. Ils ont ensuite imprimé dessus un circuit électro- nique avec une encre conductrice obtenue par carbonisation de la lignine. n MARTIN TIANO Q. Fu et al., ACS Nano, vol. 14(3), pp. 3528-3538, 2020 ASTROPHYSIQUE Six exemples de structures qui apparaissent lorsqu’une goutte de whisky sèche. Chaque goutte provient d’un whisky américain différent. uN COuPle tRÈS E iNÉGAlitAiRe n laissant sécher une goutte de whisky sur une plaque de verre, Stuart Williams et son équipe, de l’université de Louisville, aux États-Unis, ont découvert l’apparition de motifs très divers, qui ressemblent J usqu’à présent, les paires de trous noirs parfois à de fines toiles d’araignées, parfois à des réseaux réguliers dont on a détecté la coalescence grâce de filaments, ou encore des structures plus hétérogènes… Alors que aux ondes gravitationnelles avaient des les « ronds de café » ne sont dus qu’à des phénomènes de capillarité, masses comparables. Les collaborations Ligo à l’origine des mouvements de convection qui conduisent à l’accumulation de et Virgo viennent d’annoncer la détection composés colorés en bord de goutte, la formation de ces « empreintes de whisky » d’un signal (noté GW190412) correspondant est plus complexe. à la fusion d’un couple de trous noirs de 8 et En plus de la convection par capillarité, la goutte est soumise à l’effet 30 masses solaires. Ce déséquilibre permet de Marangoni : en raison de la tension superficielle moindre de l’éthanol par rapport calculer plus efficacement les caractéristiques à l’eau, l’alcool migre vers la surface de la goutte, entraînant au passage les du système que dans le cas de masses équiva- molécules les moins solubles dans l’eau. Celles-ci finissent par former une lentes. Le signal d’un tel événement émet une couche monomoléculaire à la surface de la goutte. Lorsque la goutte sèche, elle composante principale comparable aux autres conserve son étendue initiale, mais elle est de moins en moins bombée : sa sur- déjà observés, mais aussi des harmoniques face diminue ainsi, et la monocouche de molécules organiques se retrouve com- (de fréquences plus élevées) détectables. pressée jusqu’à ce qu’elle finisse par s’effondrer. Elle se replie alors sur elle-même Leur analyse a permis de déterminer la dis- et conduit à la formation de très fins rubans torsadés qui, globalement, consti- tance du système et l’inclinaison du plan de tuent « l’empreinte du whisky ». l’orbite avec la ligne de visée. Cette observa- En reproduisant cette expérience de nombreuses fois sur plus de 80 whiskies, tion suggère aussi que 10 % des couples de l’équipe de Stuart Williams a mis en évidence que chaque breuvage avait une trous noirs auraient un rapport de masses signature particulière, une empreinte qui lui était propre, et reconnaissable. La supérieur à 2,5. De quoi mieux comprendre la constitution d’une banque d’empreintes pourrait ainsi servir à vérifier l’authen- formation de ces couples. n ticité de ces spiritueux et à lutter contre les contrefaçons. n © S. J. Williams LUCAS GIERCZAK M. T. Collaborations Ligo et Virgo, prépublication A. D. Carrithers et al., ACS Nano, du 27 avril 2020, https://arxiv.org/abs/2004.08342 vol. 14(5), pp. 5417-5425, 2020 POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020 / 13
ÉCHOS DES LABOS IMMUNOLOGIE EN BREF SiDA : NOuVelle LES ESPÈCES MARINES SONT PLUS RAPIDES PiSte CONtRe Face au réchauffement climatique, de nombreuses leS RÉSeRVOiRS espèces migrent pour retrouver des températures plus favorables. Jonathan D Lenoir, de l’université de ans la lutte contre le sida, les thérapies Picardie-Jules-Verne, et antirétrovirales ont sauvé 13,6 millions ses collègues ont analysé de vies entre 2000 et 2018. Toutefois, la vitesse de déplacement elles doivent être administrées à vie, car le virus de l’aire de répartition de 12 000 espèces animales du sida persiste dans certaines cellules immu- et végétales en fonction nitaires dites « réservoirs », en particulier des de l’évolution des lymphocytes T CD4+, sous la forme dormante températures en latitude d’ADN inséré dans leur génome. Ya-Chi Ho, de et en altitude. La l’université Yale, aux États-Unis, et ses collè- redistribution des Quand le VIH (en rouge) s’active dans un lymphocyte T organismes marins est six gues ont mis en évidence une piste pour facili- (en jaune) où il était dormant, il détourne fois plus rapide que celle ter l’éradication de ces cellules. l’environnement cellulaire à son avantage. des espèces terrestres. Depuis plusieurs années, on sait qu’il est Nature Ecol. Evol., 25 mai 2020 possible de « réveiller » les formes dormantes comparer leur transcriptome à celui des lym- du virus en stimulant les lymphocytes T CD4+. phocytes non pêchés. Dans les cellules pêchées, NAISSANCE Les cellules réservoirs se remettent alors à pro- l’ADN viral s’était intégré à divers endroits, DE LA CROÛTE duire des éléments viraux susceptibles d’être mais pas n’importe où : l’activation du virus CONTINENTALE Les débuts de la formation détectés et détruits par les thérapies antirétro- avait induit la transcription aberrante de plu- de la croûte continentale virales. Toutefois, des virus dormants sieurs gènes cellulaires, tous situés en aval de sont encore très mal échappent au réveil : différents mécanismes l’endroit d’insertion et impliqués dans des connus. Meng Guo et propres à la cellule semblent y bloquer la trans- fonctions clés pour le virus, comme celles de Jun Korenaga, de l’université Yale, ont cription de l’ADN viral, même après stimula- favoriser la transcription de son ADN, la survie proposé de retracer tion. De plus, après leur activation, certains de la cellule ou la prolifération cellulaire. l’histoire de cette croûte lymphocytes réservoirs prolifèrent, ce qui com- Autant de stratégies à retourner contre lui… n à partir des variations de la plique encore leur élimination. concentration en argon 40 L’équipe a stimulé des échantillons san- MARIE-NEIGE CORDONNIER dans l’atmosphère. Grâce à ces données et à leur guins de patients sous thérapie, puis « pêché » R. Liu et al., Science Translational Medicine, modèle, qui prend en les cellules où le virus avait été activé, avant de vol. 12, article eaaz0802, 2020 compte le cycle du gaz et le recyclage des croûtes, les deux chercheurs ont PALÉOANTHROPOLOGIE conclu que 80 % de la En haut : © Shutterstock.com/Kateryna Kon ; en bas : © J.-J. Hublin et al., Nature, vol. 581, pp. 299-302, 2020 masse de la croûte continentale était formée ORNeMeNtS CORPORelS il y a 4 milliards d’années. Science Advances, 20 mai 2020 De 45 000 ANS LA PLUS ANCIENNE ŒUVRE D’ART N CHINOISE os ancêtres du Paléolithique portaient Une statuette en os brûlé souvent des dents de carnivores per- d’oiseau miniature, qui cées en guise de pendentifs. Celles tient debout grâce à un qu’une équipe dirigée par Jean-Jacques Hublin, piédestal, a été retrouvée de l’institut Max-Planck à Leipzig, vient de à Lingjing, en Chine. Francesco d’Errico, du découvrir dans la grotte de Bacho Kiro, en CNRS et de l’université de Bulgarie, sont les ornements corporels les plus Ces dents de carnivores percées sont les plus anciens pendentifs d’Europe. Bordeaux, et ses collègues anciens d’Europe, puisqu’elles datent de ont daté cet objet entre quelque 45 000 ans. Elles proviennent d’une 13 800 et 13 000 ans. strate, où, outre de nombreux ossements ani- retouchées et autres outils typiques du L’artiste aurait utilisé diverses techniques maux, ont été trouvés des fragments osseux de Paléolithique supérieur. Cette culture s’est (rabotage, abrasion, Homo sapiens datant de 46 000 à 44 000 ans. répandue en Eurasie occidentale il y a entre raclage et incision) : des L’industrie lithique trouvée dans cette strate 50 000 et 45 000 ans, avec la première vague particularités techniques relève du « Paléolithique supérieur initial », une sapiens progressant vers le nord. n et stylistiques qui suggèrent une tradition culture matérielle issue de la zone syro-pales- originale, différente de tinienne, qui mêle des éléments de la technique F. S. celles connues en Europe Levallois, typique du Paléolithique moyen J. J. Hublin et al., Nature, de l’Ouest et en Sibérie. (notamment des Néandertaliens), et des lames vol. 581, pp. 299-302, 2020 Plos One, 10 juin 2020 14 / POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020
ENVIRONNEMENT PHYSIQUE iNSeCteS : DeS HAutS et DeS BAS le SiliCiuM Se RAPPROCHe De E lA PHOtONiQue n 2017, une étude menée en Allemagne avait mis en évidence une baisse de plus de 75 % de la biomasse des insectes volants en vingt-sept ans. Qu’en est-il ail- leurs ? L’équipe de Roel Van Klink, de l’univer- sité de Leipzig, a analysé 166 études portant sur 1 676 sites dans le monde suivis sur les dernières décennies. Deux tendances se dégagent : les insectes terrestres subissent une baisse globale (en nombre d’individus) de 0,92 % par an (soit une baisse de 24 % sur trente ans) et les insectes aquatiques sont en augmentation de 1,08 % par an. Les chercheurs soulignent que ces valeurs moyennes cachent d’importantes disparités, aussi bien entre les sites géographiques qu’entre les divers groupes d’insectes. n S. B. R. Van Klink et al., Science, vol. 368, pp. 417-420, 2020 COSMOLOGIE Grâce à leur structure hexagonale, ces nanofils de silicium et germanium peuvent émettre de la lumière. T ANiSOtROPie oute l’électronique actuelle repose sur le silicium et ses propriétés COSMiQue ? de semi-conducteur. Cependant, alors que les besoins en puissance de traitement des données continuent de croître, les systèmes en silicium atteignent des limites physiques incontournables. Une P our construire le modèle du Big Bang, solution serait de remplacer les électrons par des photons. Autre les cosmologistes font deux hypothèses avantage des systèmes photoniques, la vitesse de communication fondamentales : l’Univers est homo- au sein d’une puce optique, ou entre deux tels dispositifs, serait multipliée par gène et isotrope à grande échelle. Cela signifie un facteur 100, voire 1 000. Utiliser le même matériau (ici, le silicium) pour que deux points de l’Univers sont globale- intégrer au sein d’une même puce l’électronique et les dispositifs photoniques ment équivalents et que l’Univers a un aspect (sources de lumière laser, modulateurs optiques pour le codage de l’information, similaire dans toutes les directions où l’on détecteurs pour transcrire le signal otique en signal électrique), serait un gain regarde. Ces idées relativement naturelles de performance inestimable. Le silicium est hélas connu pour être une très mau- sont d’ailleurs assez bien étayées par les vaise source de lumière. Mais Erik Bakkers, de l’université technologique d’Eind- observations. Pourtant, le modèle du Big Bang hoven, aux Pays-Bas, et ses collègues ont mis au point un alliage de silicium et n’est pas sans défauts et des chercheurs ont de germanium ayant une structure cristalline hexagonale et dont les propriétés parfois proposé de révoquer l’une de ces optoélectroniques sont prometteuses. hypothèses, voire les deux. Dans des travaux En changeant la structure cristalline du silicium, on en change les propriétés récents, Konstantinos Migkas, de l’université électroniques (le germanium facilite l’obtention d’un bon émetteur de lumière). © E. Fadaly, université technologique d’Eindhoven de Bonn, et ses collègues ont étudié la tem- Mais ce changement de géométrie n’est pas simple à mettre en œuvre, car le pérature et la luminosité d’amas de galaxies silicium s’assemble spontanément dans sa configuration la plus stable, la confi- à partir de données des télescopes spatiaux guration cubique. Pour y parvenir, les chercheurs ont commencé par construire Chandra et XMM-Newton. Ils ont observé des des nanofils de section hexagonale en arséniure de gallium. Puis ils ont fait indices qui mettent à mal l’isotropie de l’ex- croître autour de cette amorce hexagonale une couche d’alliage de silicium et de pansion de l’Univers. Un résultat à confirmer germanium. Les tests sont encourageants, même si le chemin vers une puce et à expliquer… n optique est encore long. n S. B. S. B. K. Migkas et al., Astrophysics & Astronomy, E. M. T. Fadaly et al., Nature, vol. 636, A15, 2020 vol. 580, pp. 205-209, 2020 POUR LA SCIENCE N° 513 / Juillet 2020 / 15
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