So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma

 
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So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
LE MENSUEL

               So Long, My Son
               Rencontre avec Wang Xiaoshuai
JUILLET 2019

               Her Smell de Alex Ross Perry
               L’Œuvre sans auteur
               de Florian Henckel von Donnersmarck
               Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky
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               Diego Maradona de Asif Kapadia
               Midsommar de Ari Aster
#7

               rencontre avec
               Hazel Orencio pour Halte de Lav Diaz
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
SOMMAIRE
                  FILMS DU 3 JUILLET 2019
Affreux et méchants de Cosimo Gomez                       HH
Dario Argento : Soupirs dans un corridor lointain
de Jean-Baptiste Thoret			                                H
La Grand-messe de Méryl Fortunat-Rossi et Valéry Rosier   HHH
Haut les filles de François Armanet                       H
Manou à l’école des goélands
de Christian Haas et Andrea Block			                      H
Pauvre Georges ! de Claire Devers		                       HH
Pour les soldats tombés de Peter Jackson                  HHHH
Quand on crie au loup de Marilou Berry                    H
Rojo de Benjamín Naishtat		                               HH
So Long, My Son de Wang Xiaoshuai                         HHHH
Rencontre avec Wang Xiaoshuai
Spider-Man : Far From Home de Jon Watts                   HH
Yesterday de Danny Boyle		                                HH

                 FILMS DU 10 JUILLET 2019
Acusada de Gonzalo Tobal		                                HH
Anna de Luc Besson			                                     m
Annabelle : La Maison du mal de Gary Dauberman            HH
Les Enfants de la mer de Ayumu Watanabe                   HHH
Face à la nuit de Wi Ding Ho		                            HHH
Inna de Yard de Peter Webber		                            HHH
Joel de Carlos Sorín			                                   H
L’Ospite de Duccio Chiarini		                             HH
Sur la peau de Srinath Christopher Samarasinghe           HH
UglyDolls de Kelly Asbury		                               HH
Vita & Virginia de Chanya Button                          H
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
FILMS DU 17 JUILLET 2019
100 kilos d’étoiles de Marie-Sophie Chambon              HH
Le Coup du siècle de Chris Addison                       m
Folle nuit russe de Anja Kreis		                         HH
Her Smell de Alex Ross Perry			                          HHH
L’Œuvre sans auteur de Florian Heckel von Donnersmarck   HHH
Ombres et lumières de Olivier Nolin		                    H
Persona non grata de Roschdy Zem		                       HH
Roads de Sebastian Schipper		                            HH
Te Ata de Nathan Frankowski		                            HH
Le Voyage de Marta de Neus Ballús		                      HH
Wild Rose de Tom Harper		                                HH
Yuli de Icíar Bollaín			                                 HH

                FILMS DU 24 JUILLET 2019
Daniel Darc : Pieces of My Life
de Marc Dufaut et Thierry Villeneuve			                  HH
Factory de Yuri Bykov			                                 HHH
Give Me Liberty de Kirill Mikhanovsky			                 HHH
Ils reviennent... de Issa López				                      HH
Manta Ray de Phuttiphong Aroonpheng		                    HHH
The Operative de Yuval Adler			                          HH
La Source de Rodolphe Lauga			                           H
Sun de Jonathan Dessoindre		                             H
303 de Hans Weingartner			                               HH
Wonderland de Keiichi Hara			                            HH

                FILMS DU 31 JUILLET 2019
Comme des bêtes 2 de Chris Renaud		                      HHH
Diego Maradona de Asif Kapadia		                         HHH
Les Faussaires de Manhattan de Marielle Heller           HH
Halte de Lav Diaz			                                     HHH
Rencontre avec Hazel Orencio
Midsommar de Ari Aster		                                 HHHH
Mon frère de Julien Abraham		                            HHH
Rêves de jeunesse de Alain Raoust                        H
Ricordi ? de Valerio Mieli		                             HH
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
ÉDITO

                                                                 L’éthique du cinéma
                                                                 à l’épreuve du terrorisme
                                                                 En décembre 2018, deux films retraçaient l’attaque terroriste de l’île
                                                                 d’Utøya, en Norvège. Sur Netflix, Un 22 juillet de Paul Greengrass
                                                                 présentait une approche macrocosmique de la tragédie. Au cinéma,
                                                                 Utøya, 22 juillet d’Erik Pope proposait quant à lui une expérience
LES FICHES DU CINÉMA                                             immersive littéralement éprouvante. Deux représentations
26, rue Pradier                                                  bien distinctes mais au demeurant problématiques, au regard
75019 Paris                                                      des réceptions divisées. Sans y répondre, les deux œuvres ravivaient
Administration & Rédaction :
01.42.36.20.70
                                                                 ainsi des considérations éthiques inhérentes à la nature et à
Fax : 09.55.63.49.46                                             la fonction même du cinéma. Outre leur contexte de production et de
..............................................................   financement, comment appréhender de tels projets : des devoirs de
RÉDACTEUR EN CHEF                                                mémoire, des reconstitutions fictionnalisantes ou des actes de purs
Nicolas Marcadé
                                                                 voyeurisme et indécence ? Où fixer les limites - si tant qu’il faille
redaction@fichesducinema.com
RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT                                        les fixer - de la retranscription : dans des choix de mise en scène,
Michael Ghennam                                                  dans la sur-dramatisation de faits précis ? Thème ô combien sulfureux,
michael@fichesducinema.com                                       le terrorisme inviterait donc à la prudence cinématographique
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION                                          et au dilemme moral. Dans les faits, la réalité est autre.
Thomas Fouet
thomas@fichesducinema.com
                                                                 En témoignent de nouveaux cas d’école tels que Attaque à Mumbai
..............................................................   (sortie e-cinéma le 4 juillet), reconstitution détaillée des attaques
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO                                        qui ont frappé la ville de Bombay, du 26 au 29 novembre 2008. Quelle
Marguerite Debiesse, Clément                                     que puisse être l’appréciation du film dans sa dimension de pur
Deleschaud, Paul Fabreuil, Thomas
                                                                 spectacle (ou divertissement), quelle que puisse être l’exactitude
Fouet, Venceslas Fouineteau,
Margherita Gera, Michael Ghennam,                                de son scénario, en bout de course l’exercice se révèle passionnant
(Pierre-)Simon Gutman, Roland                                    dans sa manière d’embrasser, puis de contourner, ces réflexions.
Hélié, Simon Hoareau, Astrid Jansen,                             Pour le meilleur comme pour le pire, Anthony Maras - dont c’est
Aude Jouanne, Amélie Leray, Julie                                le premier long métrage - signe un thriller d’action doublé d’un drame
Loncin, Nicolas Marcadé, Keiko
Masuda, Sulamythe Mokounkolo,
                                                                 choral. Deux genres canoniques qui permettent alors une typologie
Marine Quinchon, Gaël Reyre, Gilles                              très attendue des victimes et des bourreaux. Parmi elles, des habitants
Tourman, Marie Toutée, Valentine                                 s’affairant à leur tâches quotidiennes, des touristes insouciants
Verhague.                                                        finissant leur repas dans un restaurant, des clients d’un hôtel pris
Les commentaires des «Fiches»
                                                                 au piège, des employés prêts à se sacrifier pour protéger ces derniers
reflètent l’avis général du comité
..............................................................   ou encore des tueurs dépassés par leur mission. Pauvres, riches,
PRÉSIDENT                                                        Blancs, Noirs, petits, gros, altruistes, égoïstes... on le sait, les balles
François Barge-Prieur                                            n’épargneront personne. Comme dans la vraie vie.
ADMINISTRATION                                                   D’une efficacité redoutable - il faut le reconnaître - le film nous fait
administration@fichesducinema.com
TRÉSORIER
                                                                 craindre pour le sort de chacun, réservant son lot d’exécutions
Guillaume de Lagasnerie                                          sommaires mais également de situations crispantes (une baby-sitter
Conception Graphique                                             prostrée dans un placard est bientôt mise en danger par les cris
5h55                                                             du nourrisson qu’elle surveille). Bien sûr, le long métrage ne s’attarde
www.5h55.net
                                                                 pas que sur l’horreur. Il donne également à voir l’élan de solidarité
..............................................................
«Les Fiches du Cinéma».                                          qui anime certains survivants. Il offre surtout un visage et une voix
Tous droits réservés.                                            à la terreur - la séquence d’ouverture suit le groupe de jeunes
Toute reproduction même partielle des                            terroristes infiltrant la plus grande ville de l’Inde. Offrant
textes est soumise à autorisation.                               un espace à tous les acteurs et spectateurs du drame, Maras fait
Photo de couverture :
So Long, My Son (Ad Vitam)
                                                                 malencontreusement du non-spectaculaire et de la globalité de
© Li Tienan / Dongchun Films                                     son projet, une forme de sensationnalisme. Et bien qu’elle soit
WWW.FICHESDUCINEMA.COM                                           à géométrie variable, son impudeur est palpable.
                                                                                                                            SIMON HOAREAU
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
Affreux et méchants (Brutti e cattivi)
de Cosimo Gomez

Papero, un ancien enfant de cirque infirme qui mendie                                                               COMÉDIE POLICIÈRE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
dans les rues de Rome, organise un braquage avec
un groupe de marginaux. Mais le partage des gains                       u GÉNÉRIQUE
ne se passe pas comme prévu. Un premier film punk à                     Avec : Claudio Santamaria (Benito Miranda, dit le Canard),
souhait, acide au possible et complètement foutraque.                   Marc d’Amore (Giorgio Armani, dit la Merde), Sara Serraiocco
                                                                        (Rosabella Terzi, dit Ballerine), Simoncino Martucci (Ciro Carbone,
                                                                        dit Plissé), Narcisse Mame (Don Charles), Aline Belibi (Perla),
                                                                        Giorgio Colangeli (le commissaire Parisi), Filippo Dini (le Poulet),
                                                                        Fabiano Lioi (Senna), Rosa Canova (Katia), Maria Chiara Augenti
                                                                        (Mimma), Adamo Dionisi (Walter Masini), Rinat Khismatouline
                                                                        (Borush), Shi Yang (Shi Juan), Guo Qiang Xu (le patron Shi Peijun),
                                                                        Xianbin Zhang (Shi Dong), Stephanie Marie Diano (Dea Mami Wata).
                                                                        Scénario : Luca Infascelli et Cosimo Gomez Images : Vittorio
                                                                        Omodei Zorini Montage : Mauro Bonanni 1er assistant réal. :
                                                                        Giuseppe Bonito Scripte : Lara Rastelli Musique : The Sweet Life
                                                                        Society Son : Paolo Lucaferri Décors : Maurizio Sabatini Costumes :
                                                                        Anna Lombardi Dir. artistique : Maurizio di Clemente Maquillage :
                                                                        Frédérique Foglia Casting : Stefania Rodà et Martin Rougier
                                                                        Production : Casanova Multimedia et Rai Cinema Productions
                                                                        associées : Omnia Film et La Compagnie Cinématographique
                                                       © Zellig Films   Coproduction : Mille et Une Productions, Tchin-Tchin Production,
                                                                        Reborn Production, VOO et BeTV Producteurs : Fabrizio Mosca,
                                                                        Luca Barbareschi,Farès Ladjimi et André Logie Producteur
    HH       Affreux et méchants, premier long métrage
                                                                        délégué : Ivano Fachin Producteurs exécutifs : Claudio Gaeta et
du réalisateur Cosimo Gomez, n’a pas volé sa place dans
                                                                        Giulio Cestari Distributeur : Zelig Films.
la programmation de L’Étrange festival de 2017. Avec
une bonne dose d’hystérie, cette production sous acide,                          85 minutes. Italie - France - Belgique, 2017
largement inspirée d’Affreux, sales et méchants d’Ettore                                Sortie France : 3 juillet 2019
Scola, retrace le braquage commis par un cul-de-jatte,
                                                                        u RÉSUMÉ
un nain, une femme sans bras et un rasta défoncé en
                                                                        Papero et son frère siamois Pollo sont nés dans un cirque,
permanence, à grands renforts de musiques électriques                   en Italie. Après leur séparation physique, les deux ne se
et de couleurs saturées. Cette petite bombe d’une heure                 sont pas adressés la parole depuis trente-cinq ans. Papero
et demie enchaîne les rebondissements, les situations                   a fini par mendier dans les rues de Rome, assisté de Merda,
grotesques, et met en scène une galerie de freaks fabuleuse.            un rasta qui passe son temps à consommer de la marijuana
On y croise Claudio Santamaria, remarqué dans Jeeg Robot,               et qui le transporte partout. Papero est marié à la Ballerina,
ici en chef de gang qui rêve de s’offrir des prothèses de               une femme sans bras. Tous deux rêvent de s’installer dans
jambes bioniques, ou encore Marco d’Amore, révélé par                   une villa à Carthagène, et Papero, de se payer des prothèses
                                                                        de jambes. Il organise un braquage avec Merda et Plissè,
son rôle de Ciro dans Gomorra, avec un regard vitreux et
                                                                        un nain maître dans l’art d’ouvrir les coffres-forts. L’objectif
des dreads crasseuses, moins nonchalant qu’il n’y paraît.               est de voler les 4 millions d’euros que la mafia chinoise
Les deux excellent dans l’interprétation de ces personnages             a déposé dans une banque.
répugnants. Affreux et méchants véhicule un message plutôt
                                                                        SUITE... Le braquage se passe bien, mais Merda, manipulé
limpide et littéral : on ne naît pas monstre, on le devient.            par la Ballerina, se débarrasse de Papero en le laissant pour
Et le monstre de foire, né et élevé dans un cirque, est plus            mort dans une poubelle. La Ballerina demande ensuite
humain que ceux qui s’en repaissent. Autour de ce mantra,               à Plissè d’éliminer Merda pour qu’ils puissent se partager
Gomez créé des dynamiques qui se renouvellent sans cesse.               ses gains. Il s’exécute mais est arrêté par la police.
La figure de l’affreux change régulièrement de visage, et               La Ballerina s’enfuit avec le prêtre de sa chorale, mais
donc de handicap. De même, le gore succède au burlesque,                ils sont interceptés par la mafia chinoise, qui les tue.
qui intervient lui-même après l’absurde, avec un rythme qui             Papero, qui n’est pas mort, réussit à s’extirper de la poubelle
                                                                        et est trouvé par Perla, une prostituée africaine, qui l’aide.
ne faiblit jamais. Passé les premières minutes de
                                                                        Cette dernière croit qu’il est l’élu qu’une déesse a mis sur
circonspection - le temps de s’acclimater à cette proposition           sa route pour l’aider. Ensemble, ils parviennent à récupérer
perchée -, on entre sans ciller dans une cour des miracles              l’argent. Papero s’offre des jambes bioniques, mais est
qui se moque d’elle-même et de ses compagnons marginaux,                renversé par une voiture. Il finit dans un fauteuil, mais dans
mendiants, mafieux, prolos et prostitués. _A.Jo.                        une superbe villa à Carthagène avec Perla.

                              Visa d’exploitation : 144507. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                   5                                               © les Fiches du Cinéma 2019
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
Dario Argento, soupirs dans un corridor lointain
de Jean-Baptiste Thoret

Le documentaire de Jean-Baptiste Thoret sur Dario                                                                        DOCUMENTAIRE
                                                                                                                     Adultes / Adolescents
Argento déçoit, d’autant plus qu’il est signé par l’un des
meilleurs connaisseurs de l’œuvre du cinéaste italien.                     u GÉNÉRIQUE
Fait de bric et de broc, il manque d’une construction                      Avec : Dario Argento.
pertinente. Pour les inconditionnels.                                      Scénario : Jean-Baptiste Thoret Images : Laurent Brunet
                                                                           Montage : Paul Gauthier et David Parra Musique : Jean-
                                                                           Baptiste Thoret Production : Aqua Alta et Les Films du Camélia
                                                                           Distributeur : Les Films du Camélia.

                                                  © Les Films du Camélia

                                                                                            97 minutes. France, 2019
     H        Le critique Jean-Baptiste Thoret est l’un                                    Sortie France : 3 juillet 2019
des meilleurs connaisseurs de l’œuvre de Dario Argento.
Il est l’auteur d’un livre de référence sur le cinéaste italien,           Sa structure est donc, pour paraphraser Rousseau
paru en 2002 aux Cahiers du cinéma : Dario Argento, magicien               définissant la musique baroque, chargée de
de la peur. Avec son documentaire Dario Argento : Soupirs                  modulations (les superbes mouvements de caméra
dans un corridor lointain, il continue son travail de mise en              dans l’espace variant sans cesse) et de dissonances
valeur d’une œuvre qui n’est pas encore tout à fait reconnue               (le surgissement brutal et incongru de la violence
à sa juste valeur. Le réalisateur italien est pourtant l’un                meurtrière qui “casse” le rythme de la séquence).
des plus grands créateurs de formes au cinéma, tout comme                  Il met aussi en valeur le bizarre, l’extravagant, voire
Alfred Hitchcock, l’un de ses maîtres, à l’apport longtemps                le monstrueux : par les lieux filmés, les références
minoré. Dans quelle histoire du cinéma cela est-il souligné                à la magie noire, à la télépathie, par l’intérêt pour
? L’intérêt principal, et presque exclusif, de ce film, sont               les bizarreries du tueur (tenue vestimentaire, avec
les propos qu’Argento tient sur sa méthode de travail dans                 gants de cuir noirs ; manières de tuer en coupant
la première partie (la seconde, où le cinéaste déambule                    ou découpant une partie du corps de la victime : cou,
dans quelques lieux romains où il a tourné, ne présentant                  tête, bras, doigt, etc.). Thoret insiste, avec pertinence,
guère d’intérêt). Et, bien sûr, les quelques interventions                 sur l’importance de la scène dite de l’aquarium
en voix off de Thoret : “Au commencement, il y a toujours                  dans L’Oiseau au plumage de cristal, le premier
une vision, fugitive, parcellaire, ambiguë qui, à force d’être             long métrage d’Argento, Le personnage assiste à
ressassée, vire à l’obsession”. Le héros assiste au début                  une tentative de meurtre sans pouvoir intervenir car
à l’un des crimes atroces commis par un maniaque.                          il est bloqué entre deux parois vitrées. Son impuissance
Mais qu’a-t-il vu au juste ? Quelque chose d’essentiel                     est celle des héros argentiens à venir qui, faute d’agir,
pour l’enquête, il le pressent, mais quoi ? Il va lui falloir              devront interpréter ce qu’ils ont vu. Mais, en fin de
comprendre ce qu’il a vu, élucider l’image qui a impressionné              compte, le documentaire déçoit, car il manque de
sa rétine... “La fin marque invariablement le retour sur                   lignes de force. Quand on croit en voir une se dessiner
les lieux du crime, autrement dit, de l’image originelle.                  (ainsi, la recherche par le héros de ce qu’il y a derrière
Entre ces deux séquences qui bornent tous les films de                     une image pour voir quel espace en trois dimensions
Dario Argento, on assiste à une longue expérience de                       elle cache), elle est trop vite abandonnée. Enfin,
déchiffrement”. Pleine d’arabesques, permettant au récit                   on aurait souhaité plus d’extraits de film à l’appui de
et aux personnages d’être en mouvement presque tout                        propos mieux structurés, notamment en articulant
le temps. Le cinéma d’Argento est en effet baroque.                        ceux du cinéaste avec ceux du critique. _P.F.

                      Visa d’exploitation : en cours. Format : Scope - Couleur et Noir & Blanc - Son : Dolby SRD.

                                                                      6                                             © les Fiches du Cinéma 2019
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
La Grand-messe
de Méryl Fortunat-Rossi et Valéry Rosier

Un témoignage tendre et empathique autour de fidèles                                                                    DOCUMENTAIRE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
du Tour de France lors de l’étape du Col d’Izoard en
2017. Leur truculence associée à l’originalité du parti                   u GÉNÉRIQUE
pris des réalisateurs aboutit à une œuvre sociologique                    Scénario : Méryl Fortunat-Rossi et Valéry Rosier Images : Méryl
vivante et drôle, qui dépasse le cadre du cyclisme.                       Fortunat-Rossi et Valéry Rosier Montage : Julie Naas Son : Marie
                                                                          Paulus Production : Wrong Men et Supermouche Productions
                                                                          Coproduction : RTBF, France Télévisions et Datcha Film
                                                                          Producteurs : Benoît Roland, Emmanuel Georges et François
                                                                          Ladsous Distributeur : Docks 66.

                                                           © Docks 66

                                                                                       70 minutes. France - Belgique, 2018
   HHH       Avec les frites et l’humour, la “Grande                                       Sortie France : 3 juillet 2019
boucle” est la plus belle expression de la concurrence
fraternelle entre la France et la Belgique. Né en                         de drone et du magnifique massif du Queyras, les
1903, séquelle incidente de l’Affaire Dreyfus, le Tour                    deux réalisateurs élèvent ce spectacle en moment
de France est, à ce jour, le sport gratuit le plus                        sacré. Séquencé en 5 chapitres (La passion, Jour de
populaire. Long de 2 428 km en 1903, le premier                           gloire, Les pèlerins, La montagne sacrée, l’Ascension),
réunit six grandes villes et 100 000 spectateurs. Celui                   rythmé par le Gloria In excelsis Deo et le Bolero de
de 2017, année du tournage, alignait 3 540 km, 21 étapes, 12              Ravel auquel il emprunte la montée en puissance,
millions de spectateurs le long des routes et 3,5 milliards               ce pèlerinage laïc a en effet ses fidèles revenant
devant la télé. Il a ses lieux mythiques (Alpe d’Huez,                    chaque année, ses rites (se garer, se retrouver, se
Puy de Dôme, cols pyrénéens...) ses héros (Bartali,                       déguiser, planter sa bannière, etc), ses miracles
Bobet, Merckx, Hinault...), a divisé la France entre                      (la télé retrouvant in extremis le faisceau tombé
pro Anquetil et pro Poulidor, filmé en direct l’agonie                    en panne !)... Omniprésente et scandant le temps
de Tom Simpson sur le Ventoux, connu ses scandales (Lance                 qui passe, la “bouffe” évoque, à travers le plaisir
Armstrong entre autre). Astucieusement, Méryl Fortunat-                   partagé, l’agapé chrétien. Et on voit même les
Rossi et Valéry Rosier ont choisi de s’intéresser à quelques              camping-cars se multiplier tel des pains à l’approche
spectateurs et non à la course elle-même. Ils se sont                     du dernier jour ! Plus prosaïquement, ce hors temps
donc arrêtés en équipe réduite sur cinq couples et un                     précédent le 20 juillet 2017, illustre à merveille ce
Breton célibataire au Col d’Izoard. Ils sont sexagénaires                 qu’analysait le sociologue Jean-Didier Urbain : aller
ou plus, corpulents, et ont le cliché facile. Pourtant, au                 ailleurs c’est recréer son chez-soi, à l’instar de ce
fil de leur côtoiement, ils finissent par nous attendrir.                 moment hilarant où une femme rabroue un touriste
Grâce en soit rendue aux deux réalisateurs qui ont su                     lui bouchant la vue d’un : “C’est chez moi ici !”.
les observer avec empathie et une distance source de                      “Dure journée. Encore un Tour de fait”, conclut le
moments de franche drôlerie. Mais parfois aussi émouvants,                Breton après le finale. Alors, tandis que monte la
comme celui où ils aident des coureurs amateurs épuisés.                  chanson du Belge Adamo, C’est ma vie, quelque chose
Voire bouleversant, tel celui où l’un d’eux narre comment                 nous étreint. L’impression d’avoir été les témoins
sa fille de 5 ans fut enlevée par un sadique et retrouvée                 privilégiés de la survivance d’une idée surannée mais
sauve sur une place publique. Une séquence intense.                       authentique du sport et de la France de Pagnol, de
En captant cette part d’humanité et en croisant l’horizontalité           Giono et, bien sûr d’Antoine Blondin, qui donna au
des mouvements humains à la verticalité des prises                        Tour ses plus belles chroniques. _G.To.

                         Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies.

                                                                   7                                              © les Fiches du Cinéma 2019
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
Haut les filles
de François Armanet

Documentaire gentil tout plein sur les femmes dans                                                                      DOCUMENTAIRE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
le (pop) rock français, Haut les filles ne s’incarne jamais
devant nos yeux, comme corseté par une envie de bien                     u GÉNÉRIQUE
faire qui finit par accoucher d’une ode compassée,                       Avec : Jeanne Added, Jehnny Beth, Lou Doillon, Brigitte Fontaine,
assez roublarde finalement, à la femme artiste.                          Charlotte Gainsbourg, Françoise Hardy, Camelia Jordana, Elli
                                                                         Medeiros, Vanessa Paradis.
                                                                         Et la voix de : Élisabeth Quin.
                                                                         Scénario : François Armanet Images : Romaine Carcanade,
                                                                         Nicolas Bordier et Guillaume Schiffman Montage : Fabrice Rouaud
                                                                         Archives : Véronique Duvelle 1re assistant réal. : Mélissa Phulpin
                                                                         Son : Frédéric de Ravignan et Rémi Daru Production : Incognita
                                                                         Films Coproduction : Arte France Cinéma et INA Producteur :
                                                                         Édouard de Vésinne Producteur exécutif : Frédéric Bruneel
                                                                         Productrice associée : Alexia de Beauvoir Dir. de production :
                                                                         Thierry Cretagne Distributeur : Les Films du Losange.

                                                         © Sonia Sieff

                                                                                           79 minutes. France, 2019
     H       Un documentaire sur les femmes dans                                          Sortie France : 3 juillet 2019
le rock français, à travers les âges, les modes, les
époques, les terminologies, pré-manifeste des 343                        conducteur autre que sa note d’intention, tout
salopes, post-manifestation pour la reconnaissance de                    coule - et nous avec. Mais, malin, le film sait aussi
l’endométriose... Le sujet de Haut les filles avait de quoi              où se rattraper : c’est ainsi avec une très gênante
séduire, du moins intriguer. Comment “raconter” une histoire             complaisance que la persona Brigitte Fontaine
sans téléologie, comment s’intercaler dans les interstices               est utilisée comme détonateur (le beau bizarre au
musicaux d’un grand récit sociétal, comment, enfin, créer                service du vide banal), laissant son œuvre riche et
une coalescence féconde entre la femme qui nous parle et                 matricielle au rang de cabinet de curiosité annexe
l’artiste que l’on écoute ? Par malchance, par paresse ou                (une création originale en guise de générique de fin).
par incompétence, le film ne répond pas à ces questions,                 De même, Elli Medeiros voit sa période Stinky Toys
qu’il ne se pose, au demeurant, même pas. Haut les filles                réduite à un pur épiphénomène de jeunesse, une
fonctionne pas gros blocs déclamés : un extrait de scène,                caution émancipée pour enfin retrouver le droit
une idée développée, un entretien... et ainsi de suite, jusqu’à          chemin pop(ulaire). Refuser d’interroger l’artiste
installer le récit dans un faux rythme caoutchouteux dont                uruguayenne plus en détail sur une période
n’émergent que peu de témoignages. Témoignages,                          résolument radicale agit en contraire du mouvement
qui d’ailleurs interpellent : si les frontières sont                     attendu par le film, censé célébrer la survivance
poreuses, Camélia Jordana ou Imany ne font pas du rock,                  plus que pleurer les résidus. Le chapelet d’évidence
Vanessa Paradis ne fait que l’effleurer, Françoise Hardy                 est donc bien vite dévidé, et même s’il est impossible
n’est interrogée que sur sa période yé-yé... Cette drôle                 de nier la difficulté de se construire en tant que
de terminologie du rock, dont l’élasticité semble relever du             fille de (Charlotte Gainsbourg ou Lou Doillon),
remplissage (pour un film de même pas une heure vingt...)                vivre avec une tessiture ou des habits censément
a de quoi dérouter. D’autant que le réalisateur semble -                 “masculins”, ou évoluer dans un milieu plus
à raison - nettement plus fasciné par les figures à la                   sensible au regard corporel qu’à la performance
fois intranquilles et sauvages, libres et corsetées, d’Elli              vocale, l’apathie du traitement du propos assomme
Medeiros, Charlotte Gainsbourg ou Brigitte Fontaine. Le                  plus qu’électrise. Et quand en plus, tout se clôt
squelette du film est alors mal formé : un bel aveu est suivi            dans un préjugé classiste et réactionnaire (“Le
d’une platitude, une performance punk est affadie par un                 rock, loin des clichés virilistes du rap et du rock
entretien pantouflard, une émotion naissante est chassée par             bourrin (!?)...”), la coupe est pleine : Haut les filles,
le poids lourd du montage télévisuel. Sans âme, ni fil                   ô, l’effroi ! _C.D.

                               Visa d’exploitation : 147817. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                    8                                              © les Fiches du Cinéma 2019
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
Manou à l’école des goélands (Manou the Swift)
de Andrea Block et Christian Haas

Premier long métrage coréalisé par Andrea Block et                                                                             AVENTURES
                                                                                                                                   Famille
Christian Haas, Manou à l’école des goélands peine
à convaincre car restant bien trop dans les codes du                      u GÉNÉRIQUE
film d’animation pour enfants. Néanmoins, il saura                        Avec les voix originales de : Josh Keaton (Manou), Cassandra
probablement plaire au public visé.                                       Steen (Kalifa), Willem Dafoe (Yves), David Shaughnessy (Percy),
                                                                          Rob Paulsen (Luc), Kate Winslet (Blanche), Arif S. Kinchen
                                                                          (Poncho), Julie Nathanson (Françoise).
                                                                          Et les voix françaises de : Vincent Dedienne (Manou), Camelia
                                                                          Jordana (Kalifa), Dominique Collignon-Maurin (Yves), Stéphane
                                                                          Ronchewski (Percy), Clément Moreau (Luc), Rafaèle Moutier
                                                                          (Blanche), Antoine Schoumsky (Yusuf), Charles Pestel (Poncho),
                                                                          Célia Asensio (Françoise).
                                                                          Scénario : Axel Melzener, Andrea Block et Phil Parker, d’après
                                                                          une idée de Christian Haas Montage : Dirk Stoppe et Kasper
                                                                          Leick Animation : Thilo Kienle Musique : Frank Schreiber et
                                                                          Steffen Wick Son : Frank Schreiber Dir. artistique : Andrea Block
                                                                          Production : Luxx Film Producteurs : Andrea Block et Christian
                                                                          Haas Producteur délégué : Michael Roesch Distributeur : ARP
                                                                          Sélection.

                                                          © Luxx Film

     H       Il est évident que Manou à l’école des goélands
s’adresse aux enfants, et uniquement à eux - au contraire
de certains films d’animation, comme ceux du studio
Pixar, où les adultes peuvent également trouver leur                                      88 minutes. Allemagne, 2018
compte. De plus, il s’agit d’un premier long métrage                                      Sortie France : 3 juillet 2019
produit par un studio encore jeune. On ne peut donc
                                                                          u RÉSUMÉ
qu’espérer une inspiration plus convaincante pour leurs
                                                                          Manou, un martinet, éclot de son œuf mais ses parents ne
projets futurs. Mais pour l’heure, Manou à l’école des                    sont pas là. Il se fait adopter par un couple de goélands.
goélands est loin d’être une réussite : ce récit d’initiation             Très vite, un autre œuf, de goélands cette fois, éclot pour
à base de vivre-ensemble est bien trop codifié pour imprimer              donner un frère à Manou, Luc. Manou va à l’école des
sa marque. Les situations se devinent à des kilomètres,                   goélands mais, n’en étant pas un, peine à suivre le rythme.
l’écriture est assez lourde, l’humour - à base de “on n’a                 De plus, il existe une certaine rivalité entre goélands et
pas gardé les poussins ensemble” - peine à arracher un                    martinets qui place Manou dans une situation difficile avec
sourire et la mise en scène, bien qu’efficace, ne présente                les autres goélands. Il rencontre un groupe de martinets -
                                                                          dont une femelle, Kalifa, qui lui plaît immédiatement - qui
rien de particulièrement original. L’animation, même si
                                                                          lui apprennent à voler comme un martinet. Pour prouver
elle connaît quelques bon moments, est relativement                       qu’il n’est pas un imposteur parmi les goélands, il décide
mauvaise, et les graphismes peinent à concourir avec                      de participer à la course de vol.
les standards actuels. Néanmoins, s’il y a un point sur lequel
                                                                          SUITE... Manou gagne la course et se fait accepter par les
Manou à l’école des goélands s’avère excellent, c’est dans                autres goélands. Le soir, alors qu’il est de garde, il est
son traitement de la lumière. Particulièrement lors de                    attaqué par un groupe de rats qui vole un des œufs, ce qui
la séquence du sauvetage des goélands, entre les teintes                  conduit à l’exclusion de Manou. Il part donc vivre avec les
dorées du ciel et le bleu nuit de l’intérieur du cyclone, qui             martinets mais, même s’il se rapproche de Kalifa, il a du
font penser que le projet - et donc, par extension, le studio -           mal à s’intégrer. Les oiseaux vont bientôt migrer et Manou
n’est pas sans potentiel, pour peu qu’il fasse preuve d’un                peine à choisir entre ses deux familles. Mais avec l’aide de
peu d’originalité. Cela ne vaut certes, à l’échelle d’un                  son frère et de ses amis, il trouve la cachette des rats et
                                                                          ramène les œufs - de martinets et de goélands - dans les
film d’une heure et demie, que pour une séquence, mais
                                                                          différentes tribus. Kalifa prévient Manou qu’une tempête
c’est une piste à creuser à l’avenir. Si l’écriture pouvait               arrive, mais les goélands décident de partir quand même.
également suivre ce chemin et tenter quelque chose de                     En chemin, ils tombent effectivement sur une tempête, mais
moins conformiste, on pourrait alors nourrir quelque espoir               ils sont sauvés par les martinets. Dorénavant, martinets et
pour la suite. _V.F.                                                      goélands vivent en harmonie.

                              Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                   9                                               © les Fiches du Cinéma 2019
So Long, My Son Rencontre avec Wang Xiaoshuai - Les Fiches du Cinéma
Pauvre Georges !
de Claire Devers

Prof de français émigré au Québec avec sa femme,                                                                           TRAGICOMÉDIE
                                                                                                                      Adultes / Adolescents
Georges surprend chez lui un ado voyeur et déscolarisé.
Contre l’avis de tous, il décide de le sauver, au risque                  u GÉNÉRIQUE
de tout perdre. Un drame tragicomique enlevé, porté                       Avec : Grégory Gadebois (Georges Maurin), Monia Chokri (Emma
notamment par l’excellent Grégory Gadebois.                               Maurin), Noah Parker (Zack Vachon), Pascale Arbillot (Lila Maurin),
                                                                          Stéphane De Groodt (Zweig), Mylène Mackay (Mathilde Gallucio),
                                                                          Sébastien Ricard (Carlo Gallucio), Élise Guibault (Mimi Devline),
                                                                          Patrice Robitaille (Charles Devline), Paul Doucet (Benoît Chevrier),
                                                                          Anne-Marie Cadieux (Marilyne Chevrier), Patrick Drolet (Rullin),
                                                                          François Létourneau (Ballot).
                                                                          Scénario : Claire Devers, Catherine Léger et Jean-Louis Benoît
                                                                          D’après : le roman de Paula Fox (1967) Images : Stefano Paradiso
                                                                          Montage : Virginie Messiaen Son : Pierre Mertens Décors : David
                                                                          Pelletier et Frédéric Devost Costumes : Jennifer Tremblay Dir.
                                                                          artistique : Frédéric Devost Maquillage : Karine Atalla Casting :
                                                                          Pierre Pageau et Daniel Poisson Production : Mon Voisin
                                                                          Productions Coproduction : Forum Films et Iris Film Productions
                                                                          Producteurs : Dominique Besnehard et Antoine Le Carpentier
                                                                          Coproducteurs : Richard Lalonde, Nicolas Steil et Marine Festré
                                                                          Distributeur : Jour2Fête.
                                                     © Mon Voisin Prod.

    HH         Adapté du roman éponyme de Paula Fox (1970)
que les fans considèrent comme la “Tchekhov américaine”
du XXe siècle, Pauvre Georges ! dépeint avec une lucidité
cruelle et visionnaire le délitement d’une gauche                                113 minutes. France - Canada - Belgique, 2018
embourgeoisée perdant de vue l’une de ses valeurs                                        Sortie France : 3 juillet 2019
fondatrices du “développement égal de facultés inégales”
                                                                          u RÉSUMÉ
(Louis Blanc). Tout commence par l’intrusion de Zack dans
                                                                          Georges et Emma Maurin s’installent à la campagne avec un
la maison confortable en pleine nature québécoise de                      projet d’enfant. Prof de français dans un collège privé de
Georges, enseignant français opiniâtre et taiseux désireux                Montréal, Georges invite Lila, sa sœur divorcée, et son fils à
de faire un enfant avec sa femme. S’il est d’abord effrayé,               passer le week-end. Un soir, surprenant Zack, rentré par
son projet s’éloigne par son aveuglement, lorsqu’ils ne voit              effraction, Georges propose - à l’insu d’Emma - des cours
plus dans ce voyou déscolarisé qu’une chance pour lui de lui              particuliers à l’ado insolent et analphabète qui affirme
inculquer son savoir, ses élèves nantis s’en désintéressant.              n’avoir rien volé, attiré par le simple désir d’épier les gens
La réalisatrice de Les Marins perdus, Max et Jérémie,                     riches alentour. Emma fait la jonction avec Mathilde Gallucio,
                                                                          jolie voisine alcoolique délaissée par un mari volage. Georges
Chimère et Noir et blanc pointe ici du doigt une certaine                 soutient Zack quand Emma prétend avoir été harcelée. Les
faillite de l’éducation, les profs du privé se faisant menacer            voisins Devline convient les Maurin, les Gallucio, un couple
par de riches élèves médiocres, “clients payants” qui                     d’amis et Lila à dîner : apeuré, chacun fantasme sur le
contestent leurs notes, Zweig étant le seul prof à exiger le              voyeurisme de Zack.
rapport de maître à élève. Mais au-delà du collège, ce sont               SUITE... Georges prodigue ses leçons à Zack qui, à part
tous les adultes du film (Emma, les voisins) qui ont peur                 l’Égypte, ne s’intéresse qu’à l’intimité des voisins. Emma
de quelque chose, à commencer par Georges lors de sa                      accuse Zack d’avoir volé son ordinateur, ce que Georges
rencontre avec Zack, venu de nulle part. Pourtant, alors que              réfute. Zack restitue le portable et annonce son départ pour
l’ado cynique et manipulateur fait fantasmer et déstabilise le            Berlin. Georges propose de financer son billet. Attisés par
voisinage, dont les malfaisants Devline, Georges est d’emblée             Mimi Devline, les commérages vont bon train. Georges est
fasciné par son voyeurisme minable mais communicatif qui le               soupçonné d’homosexualité avec Zack. Emma quitte Georges,
                                                                          qui vient s’épancher chez Zweig, son ami collègue, avant
fait dérailler jusqu’au coup de feu. Claire Devers nous divertit
                                                                          d’épier nuitamment les Devline. Pris pour un rôdeur, Charles
avec les dialogues tragicomiques nourris de quiproquos                    tire sur Georges. À l’hôpital, le couple l’accuse de pédophilie
de ses protagonistes égarés, façon Noces rebelles de Sam                  envers leur fils. Georges apprend que Zack a été battu à
Mendes. Si le propos semble parfois caricatural, l’objet                  mort par un gang. Zweig installe Georges dans un joli
mérite d’être vu. _M.T.                                                   appartement et lui demande de raconter toute l’histoire.

                          Visa d’exploitation : 125190. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies.

                                                                    10                                               © les Fiches du Cinéma 2019
Pour les soldats tombés (They Shall Not Grow Old)
de Peter Jackson

Grâce à un remarquable travail de reconstitution,                                                                       DOCUMENTAIRE
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
Peter Jackson donne un nouveau visage, plus
humain, à la Première Guerre mondiale. Les images                         u GÉNÉRIQUE
sont saisissantes, les commentaires poignants                             Montage : Jabez Olssen Musique : Plan 9 Son : John Neill
et le documentaire une réussite à tous les niveaux.                       Effets visuels : Wayne Stables Production : WingNut Films
                                                                          Coproduction : House Productions et Trustees of the Imperial War
                                                                          Museum, London Producteurs : Clare Olssen et Peter Jackson
                                                                          Producteurs exécutifs : Ken Kamins et Tessa Ross Distributeur :
                                                                          Warner Bros.

                                                       © WingNut Films

                                                                              100 minutes. Royaume-Uni - Nouvelle Zélande, 2018
  HHHH        Au premier coup d’œil, Pour les soldats tombés                             Sortie France : 3 juillet 2019
rappelle ces après-midis où la monotonie des cours
d’Histoire était brisée par la projection d’un documentaire sur           sons qui pouvaient exister dans les tranchées - pour
la Première Guerre mondiale par ses images d’archives en                  un résultat qui subjugue de par son authenticité.
noir et blanc. Cependant, une chose interpelle : le discours,             Les commentaires des anciens soldats nous guident
en voix off, des ex-soldats crée la stupeur de par son recul.             au cœur d’une guerre qui, par la force des choses, est
L’un dit : “Si c’était à refaire, je le referais”, un autre :             devenue leur quotidien : des anecdotes burlesques,
“C’était juste un travail à faire”. S’ensuit un récapitulatif des         des confidences déchirantes ou des descriptions à
mois avant la Guerre, du point de vue des soldats. Dans ce                glacer le sang, toujours accompagnées par une bande
documentaire, la guerre ne débute pas avec l’assassinat                   sonore aussi variée qu’immersive. Tout cela avec des
de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche mais, plutôt,                 images qui, en plus de ne rien épargner au spectateur,
par une anecdote burlesque : une rencontre sportive                       donnent un visage à ces combattants. Le récit
entre deux équipes, l’une anglaise et l’autre allemande.                  d’un assaut constitue le point d’orgue du documentaire,
Le soir même, avant de faire la fête, ils apprennent que                  une séquence d’une émotion rare où ce sont
la guerre est déclarée mais, pour eux, “elle commencera                   surtout les témoignages qui nous guident au milieu
demain”. Les témoignages et les archives en noir et blanc                 d’un carnage dont on peine à imaginer la violence
nous communiquent alors l’esprit de ces soldats avant                     - qualifiée d’animale par l’un des intervenants. Ensuite,
le front : les jeunes - qui n’ont parfois même pas encore                 Peter Jackson s’attarde sur les prisonniers allemands
15 ans - qui s’engagent, pour faire comme leurs amis ou                   qui aidèrent les britanniques à enterrer leurs morts
pour échapper à la routine, puis l’armée, qui fait de ces                 et à transporter les brancards des blessés. De là,
fils à maman des hommes, des combattants. Et malgré                       découle ce constat unanime des soldats des deux
le règlement strict et les entraînements éprouvants, tous                 parties : cette guerre était inutile. Vient alors le récit
semblent heureux de s’être engagés. C’est donc dans un                    de l’armistice et, avec lui, une nouvelle surprise : pas
esprit de franche camaraderie (“pas une seule larme” nous                 de liesse du côté des “victorieux” mais le silence,
dit l’un des intervenants) qu’ils partent au front. C’est alors           puissante traduction de l’hébétement des soldats
que Pour les soldats tombés dévoile ce qui fait de lui un                 lors de son annonce. Et le retour à la maison est dans
documentaire unique en son genre : la couleur et le son.                  la même veine : incompris par leurs compatriotes,
Évidemment, ces deux composantes ne sont pas d’origine :                  ces vétérans de l’enfer, en plus de leurs séquelles,
elles ont demandé un travail titanesque - des centaines                   doivent supporter le désintérêt de celles et ceux qui
d’heures de films restaurées et une recréation de tous les                n’ont pas connu la guerre. _V.F.

                            Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos.

                                                                   11                                             © les Fiches du Cinéma 2019
Quand on crie au loup
de Marilou Berry

Orphelin, Victor Bogomil vit avec son grand-père                                                                                      COMÉDIE
                                                                                                                                        Famille
gardien d’immeuble. Il s’invente des histoires dont
il est le héros et qui exaspèrent les résidents. L’irruption             u GÉNÉRIQUE
de braqueurs en cavale va lui rendre sa crédibilité.                     Avec : Gérard Jugnot (Joseph Bogomil), Marilou Berry (Romane),
Une sympathique comédie familiale pour les petits.                       Bérengère Krief (Pauline Pividale), Nicolas Wanczycki (Wallace),
                                                                         Thomas VDB (Jasper), Noé Wodecki (Victor Bogomil), Constance Ollé
                                                                         (Lorraine), Julien Boisselier (Monsieur Martin), Anne Girouard
                                                                         (Madame Martin), Gustave Klépal (Georges), Niseema Theilaud
                                                                         (Madame Van Den Broeck), Nicolas Chupin (Monsieur Bonhomme),
                                                                          Lola Dubini (Clélia), Baptiste Lorber (Bob), David Salles (le policier),
                                                                          Jo Prestia, Benoît Tachoires, Arshavir Grigoryan, Ségolène
                                                                         Caillemer, Marius Colucci, Lya Oussadit-Lessert, Ambrine
                                                                         Lettat, Sienna Ball-Wilscam, Juliette Poissonnier, Medhi Mangal.
                                                                         Scénario : Robert Hospyan, Daniel Brunet et Nicolas Peufaillit
                                                                         Images : Christophe Graillot Montage : Thibaut Damade et Audrey
                                                                         Simonaud 1er assistant réal. : Alexandre Marie Scripte : Natasha
                                                                         Gomes de Almeida Musique : Erwann Chandon Son : Pierre
                                                                         André, Benoît Guérineau et Julien Gerber Décors : Denis Hager
                                                                         Costumes : Pauline Berland Maquillage : Frédérique Ney Casting :
                                                                         Swan Pham et Valérie Espagne Production : Wonder Films et
                                                       © Paradis Films   La Petite Reine Coproduction : Orange Studio Producteurs
                                                                         délégués : Nathanaël La Combe et Thomas Langmann Producteur
                                                                         exécutif : Nathanaël La Combe Producteurs associés : Nicolas
     H       Malgré les airs à la Harry Potter de son héros,
                                                                         Barry et Jean-André Yerlès Dir. de production : Thierry Cretagne
aux lunettes aussi rondes que les yeux, et ses références
                                                                         Distributeur : Paradis Films.
à l’univers ado de Spielberg, Chris Columbus et autre Robert
Zemeckis, c’est bien à Matilda, le film corrosif de Dany                                    83 minutes. France, 2019
de Vito (1996), échec cinématographique ressuscité par                                     Sortie France : 3 juillet 2019
la télé, que fait penser ce deuxième film de Marilou Berry.
                                                                         u RÉSUMÉ
Du reste, cette dernière s’en donne à cœur joie dans le
                                                                         Orphelin, Victor Bogomil s’invente des histoires dont il est le
rôle de Romane, sorte de sœur jumelle d’Agata Legourdin.                 héros. Un soir, il se fait peur dans la cave de l’immeuble dont
Mais si l’héroïne de Roald Dahl poursuivait l’injustice,                 son grand-père Joseph est le gardien et coupe le com teur
Victor veut faire le deuil de ses parents morts et conquérir             électrique. Excédés, les locataires exigent du syndic leur
l’amour comme la confiance de son grand-père. D’emblée,                  expulsion. Wallace et Jasper, qui viennent de braquer une
la lumière est splendide et soignée, le rythme soutenu                   bijouterie, prennent en otage Pauline, pédiatre, résidente et
et la camera ingénieuse dans sa façon d’alterner les plans,              amie de Victor. En distribuant le courrier, Victor aperçoit du
les cadrages et les mouvements. L’envie d’amuser est                     sang devant sa porte. Il prévient. Personne ne le croit. Via un
                                                                         drone de sa fabrication, il voit par la fenêtre Pauline soignant
sincère et le film n’est jamais vulgaire. Seulement voilà, il
                                                                         de force Jasper, qui s’est tiré dessus durant le vol. Il alerte la
manque cette capacité qu’ont les Américains (cf. les “ZAZ”,              boulotte Lorraine, qu’il aime, et vient lui prêter main forte.
Mel Brooks, les frères Farelly, etc) de rendre la caricature
                                                                         SUITE... Venu chercher Victor chez Pauline, Joseph est
plausible malgré sa nature outrancière, jamais lassante
                                                                         retenu à son tour. Puis Lorraine et Victor en tentant
voire irrévérencieuse, donc politique. Ici, à quelques                   d’intervenir. Victor s’échappe avec les bijoux. Poursuivi
belles trouvailles près (comme le drone en forme de pigeon)              par Wallace, il perd le sachet dans le conduit des ordures.
et hormis Gérard Jugnot égal à lui-même dans son rôle                    Romane, sœur de Wallace et Jasper, débarque à son
de grand-père proche de Monsieur Batignole, ou encore                    tour avec trois autres sbires. De peur, Joseph blesse par
Nicolas Wanczycki (formidable de crédibilité), les comédiens             mégarde Joseph puis s’enfuit avec Wallace. Croyant que
comme les situations virent trop souvent à l’hystérie,                   Victor détient les bijoux, Romane le poursuit. Pauline et
suscitant une forme de distance parfois proche de l’ennui.               Lorraine tentent d’emmener Joseph à l’hôpital malgré
                                                                         les trois sbires. Wallace et Jasper reviennent et aident
Passé ces réserves, le thème de l’orphelin s’inventant
                                                                         les habitants de l’immeuble à neutraliser Romane et ses
des histoires auxquelles il finit par croire pour tromper sa             sbires après que l’un d’eux a sauvé Victor d’une chute
tristesse est sympathique. Si on ajoute la bonne humeur                  mortelle. Wallace récupère et rend les bijoux puis disparaît
générale, ce film devrait réjouir sans conteste le public                en laissant son numéro à Pauline. Admirative, Lorraine
pré-adolescent. _G.To.                                                   embrasse Victor.

                         Visa d’exploitation : 131730. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 200 copies.

                                                                   12                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
Rojo    (Rojo)
de Benjamín Naishtat

Après une dispute qui tourne au drame, un avocat fait                                                                                POLAR
                                                                                                                       Adultes / Adolescents
en sorte d’étouffer l’affaire. Mais son silence l’entraîne
dans une spirale sans fin. Un polar perturbant, qui                         u GÉNÉRIQUE
s’envisage comme un portrait symbolique de la société                       Avec : Darío Grandinetti (Claudio), Andrea Frigerio (Susana),
argentine dans les années 1970.                                             Alfredo Castro (l’inspecteur Sinclair), Laura Grandinetti (Paula),
                                                                            Diego Cremonesi (l’inconnu), Susana Pampin (la professeure
                                                                            de musique), Claudio Martínez Bel (Vivas), Rudy Chenicoff
                                                                            (le magicien), Mara Bestelli (Mabel), Rafael Federman (Santiago),
                                                                            Fabiana Uria (Helena), Abel Ledesma (Mozo).
                                                                            Scénario : Benjamín Naishtat Images : Pedro Sotero Montage :
                                                                            Andrés Quaranta Musique : Vincent van Warmerdam Son :
                                                                            Fernando Ribero, Pedro Sá Earp et Simon Apostolou Décors :
                                                                            Julieta Dolinsky Costumes : Jam Monti Effets spéciaux : Dolores
                                                                            Giménez et Daniela Deglise Maquillage : Dolores Giménez
                                                                            Casting : María Laura Berch Production : Pucará Cine Production
                                                                            associée : Bord Cadre Films, Le Tiro et Jempsa Coproduction :
                                                                            Desvia, Ecce Films, Viking Film et Sutor Kolonko Producteurs :
                                                                            Barbara Sarasola-Day et Federico Eibuszyc Coproducteurs :
                                                                            Emmanuel Chaumet, Rachel Daisy Ellis, Marleen Slot et Ingmar
                                                                            Trost Producteurs associés : Jamal Zeinal Zade et Dan Wechsler
                                                          © Pucará Cine     Distributeur : Condor Distribution.

    HH       Prix de la Mise en scène et de la Photographie
(en plus du Prix d’interprétation décerné à Dario Grandinetti)
au Festival de San Sebastian en 2018, Rojo est le troisième
long métrage du réalisateur argentin Benjamín Naishtat.                        109 minutes. Argentine - Brésil - France - Pays-Bas -
Dans la continuité de ses précédents Historia del miedo                           Allemagne, 2018. Sortie France : 3 juillet 2019
(2014) et El Movimiento (2015, inédit), le film traite de
                                                                            u RÉSUMÉ
l’histoire de sa terre natale et, ici, d’une des périodes
                                                                            Argentine, années 1970. Claudio, avocat, attend sa femme
les plus sombre de l’Argentine, les années 1970, marqués                    Susana au restaurant lorsqu’il est pris à partie par un inconnu
par une terrible dictature militaire. Le personnage principal,              qui entend s’asseoir à sa place. Ils commencent à se disputer
un avocat renommé qui fait disparaître un homme croisé                      et, suite à un accès de colère, l’homme est expulsé de
par hasard, est représentatif de la situation sociale                       force de l’établissement. En rentrant en voiture, Claudio
et politique d’un pays où beaucoup préfèrent alors passer                   et sa femme sont immobilisés par l’inconnu, qui pointe un
les choses sous silence (et ainsi préserver leur intérêt                    pistolet sur eux, puis se suicide. L’avocat décide de faire en
personnel) plutôt que de suivre la voie de la justice. À travers            sorte d’étouffer l’affaire et amène le cadavre dans le désert.
un polar qui s’inspire du style cinématographique de                        SUITE... Trois mois plus tard, Claudio reçoit le mari d’une
ces années-là, Naishtat cherche à créer le portrait                         amie de Susana à son cabinet, qui lui parle d’une maison
symbolique d’une société où règnent l’indifférence et                       abandonnée qu’il voudrait acheter. Il accepte d’aller la voir
                                                                            en personne. Lors d’une fête, Claudio rencontre le détective
la violence. La patine de l’image évoque le film argentique,
                                                                            Sinclair, lequel lui raconte qu’un homme a disparu.
le recours aux ralentis, les dialogues presque théâtraux,                   Par la suite, il fait une sortie à la plage avec Susana et leur
parviennent à reproduire fidèlement l’atmosphère des                        fille Paula. Le copain de Paula, jaloux de l’avoir vue avec
films de l’époque, mais cette recherche esthétique prend                    un camarade de son cours de danse, interroge un ami de
souvent le dessus sur la clarté de l’histoire. Si certaines                 celui-ci pour savoir s’il a couché avec elle. Le garçon refuse
scènes enchantent (notamment celle où la famille                            de répondre : il l’oblige à monter en voiture avec lui. Peu
du protagoniste assiste à une éclipse solaire, qui colore                   après, une femme demande de l’aide au détective, parce
le monde en rouge), l’excès de sous-textes dans chaque                      que son fils a disparu. Pendant la nuit, Paula entend la voix
                                                                            d’un homme qui appelle son père. Ensuite, Sinclair conduit
situation risque parfois de faire perdre le fil du discours.
                                                                            l’avocat dans le désert et lui dit qu’il connaît son secret :
Les petits moments d’humour qui contrastent avec la gravité                 l’homme disparu est en effet celui dont il avait dissimulé
du sujet contribuent en outre à l’absurdité qui fait de Rojo                le cadavre. Claudio menace de le tuer avec un pistolet, mais
un film perturbant et ambigu, comme la couleur dont il porte                ne tire pas. Enfin, sa femme et lui vont voir le spectacle
le nom. _M.G.                                                               de danse de Paula.

                         Visa d’exploitation : 147870. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies (vo).

                                                                    13                                                © les Fiches du Cinéma 2019
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