La Favorite - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
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LE MENSUEL La Favorite FÉVRIER 2019 de Yorgos Lanthimos Nuestro tiempo de Carlos Reygadas Le Silence des autres de Almudena Carracedo et Robert Bahar • Vice de Adam McKay Grâce à Dieu de François Ozon #2 Les Éternels de Jia Zhang-ke Santagio, Italia de Nanni Moretti
SOMMAIRE EDITO : Lettre ouverte d’une revue de cinéma en difficulté à ceux qui sont également dans le cinéma, l’indépendance et les difficultés FILMS DU 6 FÉVRIER 2019 Arctic de Joe Penna H La Cabane aux oiseaux de Célia Rivière HHHH La Dernière folie de Claire Darling de Julie Bertuccelli HH Dragons 3 de Dean DeBlois HHH La Favorite de Yorgos Lanthimos HHHH Kabullywood de Louis Meunier HHH Mango de Trevor Hardy HHH My Beautiful Boy de Felix van Groeningen HH Nicky Larson et le parfum de Cupidon de Philippe Lacheau H Nuestro tiempo de Carlos Reygadas HHHH Les Ritournelles de la chouette Film collectif HHH Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis HHH Un coup de maître de Gastón Duprat HHH Une intime conviction de Antoine Raimbault HHH FILMS DU 13 FÉVRIER 2019 Alita de Robert Rodriguez HHH Dans la terrible jungle de Caroline Capelle et Ombline Ley HH Deux fils de Félix Moati HHH Les Drapeaux de papier de Nathan Ambrosini HH Les Funérailles des roses de Toshio Matsumoto HHHH L’Illusion verte de Werner Boote HHH Long Way Home de Jordana Spiro HH Moi, maman, ma mère et moi de Christophe Le Masne H The Raft de Marcus Lindeen HHH Ralph 2.0 de Rich Moore et Phil Johnston HH Le Silence des autres de Almudena Carracedo et Robert Bahar HHHH Un ange de Koen Mortier HH Vice de Adam McKay HHH
FILMS DU 20 FÉVRIER 2019 Amal de Mohamed Siam HH Baghdad Station de Mohamed Jabarah Al-Daradji H Le Chant du loup de Antonin Baudry HH La Chute de l’empire américain de Denys Arcand HHH Destroyer de Karyn Kusama HH Euforia de Valeria Golino HH Grâce à Dieu de François Ozon HHH La Grande aventure Lego 2 de Mike Mitchell HHH La Liberté de Guillaume Massart HHH Les Moissonneurs de Etienne Kallos HH Paradise Beach de Xavier Durringer HH “Peu m’importe si l’Histoire nous considère comme des barbares” de Radu Jude HHH Rencontrer mon père de Alassane Diago HH FILMS DU 27 FÉVRIER 2019 Apprentis parents de Dean Anders H Casting de Nicolas Wackerbarth HHH Celle que vous croyez de Safy Nebbou HH Escape game de Adam Robitel H Les Éternels de Jia Zhang-ke HHH Jeune bergère de Delphine Détrie HHH Jusqu’ici tout va bien de Mohamed Hamidi H Marie Stuart, reine d’Écosse de Josie Rourke HH Nice Girls Don’t Stay for Breakfast de Bruce Weber HHH The Reports de Muayad Alayan HHH Santiago, Italia de Nanni Moretti HHH Wardi de Mats Grorud HHH LES ÉTOILES DE LA RÉDACTION
ÉDITO Lettre ouverte d’une revue de cinéma indépendante en difficulté à ceux qui sont également dans le cinéma, l’indépendance et les difficultés En ce début d’année, une revue de cinéma est en train de disparaître. Encore une. L’aventure du papier s’arrête pour les Fiches du cinéma, celle du numérique commence, et le combat, lui, continue. À l’occasion de ce moment critique de notre histoire, nous prenons la liberté d’adresser un message à ceux avec qui nous travaillons (cinéastes, producteurs, distributeurs, exploitants, collègues critiques...) et à ceux pour qui nous travaillons (lecteurs, cinéphiles, curieux), pour leur dire ce que cette situation nous donne à penser. Le 2 janvier 2019, Les Fiches du Cinéma, plus disparaître avec nous. Et que c’est même la suite ancienne revue de cinéma de France (84 ans logique du programme. On n’aide pas ces films au compteur) ont cessé de paraître sur format à cet endroit-là de la chaîne, on ne les aidera pas papier. Bien que l’aventure se poursuive sur plus loin. Ils tomberont à leur tour. Et, puisque Internet, le travail que nous effectuons depuis personne ne les coupe directement, on pourra 1934, est aujourd’hui dangereusement menacé. s’imaginer que les têtes tombent comme des fruits C’est notre histoire, mais elle est prise dans mûrs. On pourra se dire que c’est la nature, que un mouvement global qui tend à asphyxier c’est la saison, en faisant semblant d’ignorer que systématiquement tout ce qui a à voir avec les têtes ne sont pas des fruits, que le système la culture, l’art, la pensée, le sensible, bref tout n’est pas la nature et que son durcissement n’est ce qui n’est pas directement et immédiatement pas un mouvement aussi inéluctable que celui l’argent. Les Fiches du Cinéma sont au bord de des saisons. la disparition : on peut s’en accommoder, comme on s’accommode de la disparition d’une variété Depuis quinze ans nous allons régulièrement faire d’oiseaux pas très connue. Mais alors c’est aussi des interviews pour savoir comment ça se passe, accepter ce dont cette disparition constitue comment notre monde, le monde du cinéma, le symptôme : la destruction progressive de tout évolue. Et partout c’est sombre. Chez les critiques un écosystème intellectuel et culturel. ça va pas. Chez les cinéastes ça va pas. Chez les exploitants, les distributeurs, les producteurs, Il y a, par exemple, des films dont nous sommes les attachés de presse, partout ça va pas. En tout pratiquement les seuls à parler, auxquels nous cas chez les indépendants ça va pas. On rencontre sommes les seuls à accorder un véritable espace des jeunes cinéastes qui essaient de faire entrer (une page). On peut se dire que ça n’est pas grave leurs films dans la réalité. Mais ça ne passe pas. si ça n’existe plus. Mais il faut alors entendre Sans arrêt les possibles vont taper dans le mur le message caché : que ces films-là peuvent bien de l’impossible. Et pourtant on dirait que rien n’est
jamais réellement alarmant. Tel film ne se fait pas, envisagés comme des “contenus” dont faute de financement : on ne sait pas vraiment la rentabilité se fera davantage par les ventes que ce qu’on a manqué. Une salle de quartier ferme : par les entrées en salle, logiquement il devient plus on ira ailleurs. Un journal disparaît : c’est le destin. important de les produire vite que de les produire Un autre n’est plus ce qu’il était : est-ce que c’était bien. Alors, la satisfaction du spectateur devient vraiment mieux avant ? C’est à coups de petits une question secondaire. événements comme ceux-là, presque invisibles à l’œil nu, que le périmètre culturel se rétrécit ; Suite logique de l’histoire, le spectateur ce qui fait que l’on peut continuer à se rassurer déconsidéré, peu à peu s’intéresse moins à tout ça. en pensant que rien n’est jamais vraiment grave. Et à mesure que les gens se mettent à aimer moins Pourtant, si tout à coup on avait une vision, claire les films, il se met à y avoir des raisons objectives et globale, de l’ensemble de ce qui pourrait de moins aimer le cinéma. Car les films se fanent se faire et ne se fait pas, de tout ce qui existait quand ils ne se sentent pas désirés. Ils se laissent et n’existe plus, la réalité dont on se contente nous aller. Dans les années 1960, dans les années 1970, apparaîtrait soudainement insupportable. Face le cinéma éclatait de beauté parce qu’il se sentait à la crise qui arrivait, il y a eu, voici une dizaine regardé. Les yeux de la société étaient sur lui. d’années, une époque de tribunes, de coups de Le courant électrique du désir passait. Il y avait gueule. Cinéastes, critiques, producteurs… Nous un cercle vertueux qui faisait que plus le cinéma avons tous cru qu’il fallait interpeller le politique, était aimé plus les films étaient bons, et mieux solliciter l’intervention des pouvoirs publics. Mais les critiques savaient en parler. Aujourd’hui, ça ne c’était comme dans les thrillers, quand l’enquêteur circule plus. Le cercle vertueux s’est mis à tourner appelle le flic pourri du commissariat pour lui dire : à l’envers. Et on ne sait plus par où commencer je pense qu’il y a un flic pourri au commissariat. pour faire repartir le mouvement dans l’autre sens. C’était demander au système de nous protéger du système. Évidemment il ne s’est rien passé. Dans la création comme dans la presse, si on veut Et puis on s’est lassé. Tout le monde a plus faire exister ce dont le système ne veut pas, il faut ou moins baissé les bras. Par épuisement. Car oublier le centre et occuper la marge : l’investir, le système ne frappe pas, il épuise. Il n’interdit pas, la construire, l’organiser et d’abord la peupler. il diffère. Il n’est pas autoritaire, juste inflexible. Et pour cela il faut faire nombre. Professionnels ou spectateurs, tous ceux qui s’intéressent encore Et c’est ainsi que l’on commence à faire à “ça” - c’est-à-dire le cinéma, l’écriture, la pensée, des concessions. On s’adapte. Le cinéaste fait les émotions, le beau, le non-advenu, le non-utile, avec le diktat du pitch et du casting imposé par le non-marchandable... - nous avons tout intérêt les financiers. Le journaliste fait avec les exigences à lever un peu la tête et à nous faire signe les uns des annonceurs. Les Fiches du Cinéma font avec aux autres pour voir combien nous sommes. l’absence de subventions et cessent de paraître. Nous avons tout intérêt à nous agglutiner, à faire Et le public fait avec les films et les journaux masse. Plutôt que d’essayer d’attirer l’attention qu’on lui propose. Il accepte de se satisfaire de ceux qui regardent ailleurs, voyons déjà si nous de cette malbouffe pour la tête (mauvais cinéma, ne sommes pas assez nombreux pour faire groupe, mauvaise presse), qui leste son esprit de bourrelets pour faire bloc. Ne laissons pas la mathématique graisseux et l’incite toujours plus à la paresse. des autres nous soustraire et nous diviser. Car lui aussi a été rétrogradé, privé d’une partie Changeons le mode de calcul. Additionnons de son pouvoir et de sa valeur. En effet, dès lors nos forces, multiplions les possibles. qu’un journal est financé majoritairement par Apprenons à compter. la publicité et non par les ventes, logiquement Pour les Fiches du Cinéma, ce journal est fabriqué pour les annonceurs et Nicolas Marcadé plus pour les lecteurs. Dès lors que les films sont Rédacteur en chef
Arctic (Arctic) de Joe Penna Ce film de survie dévie bien vite de son intéressant SURVIE Adultes / Adolescents incipit in medias res pour s’aligner sur le tout-venant des productions balisées et inhérentes à son genre, u GÉNÉRIQUE préférant la voie de la douleur morale et du calvaire Avec : Mads Mikkelsen (Overgård), María Thelma (la jeune femme), physique (ou l’inverse) à toute autre aspiration. Tintrinai Thikhasuk (le pilote d’hélicoptère). Scénario : Joe Penna et Ryan Morrison Images : Tómas Örn Tómasson Montage : Ryan Morrison 1er assistant réal. : Dave Halls Scripte : Bergpóra Ólöf Björnsdóttir Musique : Joseph Trapanese Son : Thomas Ouziel Décors : Atli Geir Grétarsson Costumes : Margrét Einarsdóttir Maquillage : Ragna Fossberg Casting : Chadwick Struck Production : Armory Films Coproduction : Pegasus Pictures et Union Entertainment Group Producteurs : Christopher Lemole, Tim Zajaros et Noah C. Haeussner Producteurs exécutifs : Martha De Laurentiis, Joe Penna, Ryan Morrison, Einar Thorsteinsson et Manu Gargi Coproducteurs : Snorri Pórisson, Einar Sveinn Pórdarson, Aaron Scotti et Lilja Ósk Snorradóttir Distributeur : The Jokers. © Armory Films H Une belle idée surgit de ce “survival” superfétatoire : la représentation, intériorisée, d’une routine qui émerge et embrasse même le drame de la perdition. Le film cajole cet effet de réel véritablement invraisemblable comme on arrimerait 97 minutes. Islande, 2018 son intelligence au sol pour ne pas brusquement chuter dans Sortie France : 6 février 2019 la démence. Mais, passé le surprenant repeuplement mental u RÉSUMÉ du héros par le rite (chaque jour, vérifier sa ligne de pêche, Overgard creuse dans la neige arctique. Il dessine un “SOS” chercher un secours éventuel, avoir peur - et s’acharner visible depuis le ciel. Il retourne dans la carcasse de l’avion à la déjouer), le paganisme radical laisse bien vite place à dont il est le seul survivant du crash. Il regarde s’il n’a pas un dolorisme engourdi, à une automation déflationniste de pêché quelque poisson, et se rend quotidiennement sur situations éprouvées. Nulle vraie tentation de dynamiter un point haut pour chercher un éventuel signal radio. Las, le caractère immaculé du paysage et du héros (de toute façon, il ne croise personne, hormis la silhouette lointaine d’un ours. il est prédestiné à souffrir), nulle projection mentale qui Un jour de tempête, un hélicoptère le localise. Mais la météo épouserait et épuiserait le fond et la forme du film (celui-ci étant provoque un accident, et l’hélico s’écrase. Le pilote est mort sur le coup, mais pas la copilote, sa femme. Overgard soit trop radical dans sa dilatation temporelle, soit sur-découpé la sauve et s’occupe d’elle, qui reste semi-inconsciente. comme un film d’action) : tout arrive en gros, et le chapelet est bien vite dévidé. Entre les sentiers obligés (une séquence SUITE... Il décide donc de marcher jusqu’à une station temporaire, même si celle-ci est extrêmement loin de son ascensionnelle empêchée, une bataille nature/culture contre camp, et qu’il doit traîner la pilote et ses vivres. Le convoi un ursidé, les premiers signes d’engelure comme stigmates, part, lentement. Mais il s’arrête devant une barre rocheuse ou la prédominance des dilemmes moraux - étrange non indiquée sur la carte ; Overgard essaye de faire reniement d’un film qui censément refuse le psychologisme...), passer le traîneau au-dessus de celle-ci, mais échoue. le film s’accorde des plages de néant, rehaussés seulement Il doit donc faire un détour qui rallonge considérablement par l’affreuse musique d’un pompiérisme désœuvrant, son trajet. Alors qu’il s’endort dans une grotte, un ours, s’emballant à chaque mouvement sourcilier d’un Mads par l’odeur alléché, passe sa gueule dans la cavité. Overgard Mikkelsen aussi extraverti qu’un caillou. Plus qu’un film le fait fuir en craquant un fumigène. Harassé et engourdi, il abandonne la jeune femme, mais tombe dans de survie, il s’agit donc d’un film de survivance : survivance une crevasse. Blessé gravement à la jambe, il s’en sort de motifs redondants, de fausses coquetteries et de vraies et reprend la route, en récupérant la pilote. Ils arrivent fainéantises, qui prouve bien, quel que soit le biotope investi près de la mer. Overgard voit un hélicoptère, qui ne les voit (île, océan, désert, volcan, jungle...), que l’Inconnu, au cinéma, pas. Ils s’évanouissent, quand l’hélico finit par se poser apparaît trop souvent comme une Mecque du poncif. _C.D. près d’eux. Visa d’exploitation : 150238. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 140 copies (vo / vf). 6 © les Fiches du Cinéma 2019
La Cabane aux oiseaux de Célia Rivière Ode à la lecture et au cinéma, La Cabane aux oiseaux FABLES Enfants est une immense réussite que ce soit sur le plan visuel, technique ou lyrique. Malgré l’absence d’un thème u GÉNÉRIQUE commun, l’unité du programme est aussi éclatante 1. Les Oiseaux qu’un oiseau qui aurait mangé une étoile. 2. Le Popotin de l’hippopo 3. Tu le crois le lion ? 4. Poucette 5. Papa à grands pas 6. Sur ma tête 7. Le Pingouin qui avait froid 8. Les Cinq malfoutus 9. L’Oiseau qui avait avalé une étoile Montage : Charles Lacour, Thomas Robineau et Vincent Valluet Animation : Nicolas De Gorter Musique : Yan Volsy et Pablo Pico Son : Adrien Fougeras Production : Dandelooo Coproduction : Caribara Production Producteurs délégués : Jean-Baptiste Wert et Emmanuèle Pétry-Sirvin Distributeur : Gebeka Films. © Dandelooo HHHH La Cabane aux oiseaux est un programme de neuf courts métrages, dont le passage d’une histoire à l’autre est assuré par le déplacement de petits oiseaux blancs dans une cabane. Cependant, le lien plus 42 minutes. France, 2018 profond qui unit ces histoires se trouve dans le fait que Sortie France : 6 février 2019 chacune des aventures qui est présentée est tirée d’un livre u RÉSUMÉ identifié comme tel, au début (ouverture de la première de couverture), et à la fin (clôture du livre) de chaque Un oiseau trouve des livres. court. Chaque histoire prend vie avec un souci évident 1. Le conducteur d’un camion libère des oiseaux et apprend à l’un d’eux à voler. En retour, les oiseaux apprennent au de respecter les spécificités graphiques et le ton conducteur à voler. de chaque livre, ce qui permet d’assurer la réussite 2. Un hippopotame trouve son postérieur trop gros. du mode de narration retenu. À la clé, on découvre une œuvre Les autres animaux en débattent, jusqu’à se battre. qui conjugue de manière déconcertante les magies de À l’heure du pot, tous se réconcilient. deux médias : celle du mouvement, avec le cinéma, et celle 3. Milo le pingouin part pour les tropiques. De retour, d’une narration importée directement de la littérature il découvre qu’il n’est pas le seul pingouin à avoir froid. pour enfants. Si le nombre de courts présenté peut 4. La voiture du papa de Mathieu démarre mal. Mathieu paraître important pour un programme de 45 minutes, craint que son père ne puisse le récupérer : au pire, papa viendra à pied ! le spectateur, qui est peut-être aussi lecteur des différents 5. Une fille qui a été enlevée trouve refuge chez une souris, qui ouvrages, ne trouvera rien à jeter et ne sera pas déçu veut la marier de force. Elle sauve une hirondelle qui l’aide à par les choix des livres retenus. Tour à tour touchant (Sur ma s’enfuir et à rencontrer le prince charmant. tête, Les 5 malfoutus), drôle (Tu te crois le lion ?, Le Popotin 6. Cinq copains ont tous un défaut. Un être parfait vient en de l’hippopo) ou poétique (Poucette, adaptation de La Petite vain leur trouver des projets. Leurs défauts cachent des Poucette d’Andersen, ou encore L’Oiseau qui avait avalé qualités qui les remplissent de joie. une étoile), et toujours très inventif, tout le monde y trouvera 7. Après que la maîtresse l’a humilié, un oiseau se pose pour son compte. Accompagné de doublages enfantins sur la tête de Gaston. 8. Un lion maltraite ses sujets, qui décident de le quitter. réussis et de musiques simples et douces, tout contribue Quand il part les chercher, ils lui indiquent que, s’il veut à un petit goût de reviens-y. Il n’y a donc qu’une chose être le roi, il n’a qu’à retourner sur son trône. que l’on pourrait regretter : c’est que les oiseaux qui 9. Un oiseau avale une étoile. Craignant d’être repérés, traversent cette cabane n’aient pas préféré s’arrêter dans les autres animaux le repoussent. Dans le désert, un voyageur une bibliothèque ! _J-A.M. le recueille. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies. 7 © les Fiches du Cinéma 2019
La Dernière folie de Claire Darling de Julie Bertuccelli Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni forment CHRONIQUE FAMILIALE Adultes / Adolescents un duo mère-fille touchant dans cette fiction de Julie Bertuccelli, qui explore la complexité des liens au u GÉNÉRIQUE sein d’une famille liée par un lourd secret. La mise Avec : Catherine Deneuve (Claire Darling), Chiara Mastroianni en scène est adroite mais le scénario conventionnel. (Marie Darling), Alice Taglioni (Claire Darling, jeune), Laure Calamy (Martine Leroy), Samir Guesmi (Amir), Olivier Rabourdin (Claude Darling), Johan Leysen (le Père Georges), Colomba Giovanni (Marie Darling, jeune), Simon Thomas (Martin Darling), Mona Goinard (Marie Darling, enfant), Joseph Flammer (Martin Darling, enfant), Lewine Weber (Martine Leroy, enfant), Amine Mejri (Amir, jeune), Julien Chavrial (le Père Georges, jeune), Valentin Dériaud (Lucas), Yasin Houicha (Rachid), Morgan Niquet (Kevin), Jérémy Beuvin, Anne Benoît, Gilles Albertini, Angèle Meunier-Bertuccelli, Sarah Chaumette, Frédéric Kunze, Stéphane Vasseur. Scénario : Julie Bertuccelli, Sophie Fillières, Mariette Désert et Marion Doussot D’après : le roman Le Dernier vide-grenier de Faith Bass Darling de Lynda Rutledge (2012) Images : Irina Lubtchansky Montage : François Gédigier 1er assistant réal. : Dylan Talleux Scripte : Clémentine Schaeffer Musique : Olivier Daviaud Son : Julien Sicart, Nikolas Javelle et Olivier Goinard Décors : Emmanuel © Les Films du Poisson de Chauvigny Costumes : Nathalie Raoul et Jürgen Doering Effets visuels : Clément Germain Maquillage : Cédric Gérard Production : Les Films du Poisson Coproduction : France 2 HH Ce n’est pas la première fois que Catherine Cinéma et Pictanovo Producteurs : Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez Deneuve et Chiara Mastroianni interprètent une mère et sa Distributeur : Pyramide. fille à l’écran. Après avoir joué le jeu pour Téchiné, Honoré ou Jacquot, c’est pour Julie Bertuccelli que les deux actrices 95 minutes. France, 2018 acceptent de partager leur complicité. La réalisatrice de Sortie France : 6 février 2019 La Cour de Babel revient donc à la fiction en adaptant u RÉSUMÉ un roman anglais, Le Dernier vide-grenier de Faith Bass Claire Darling vit seule dans sa grande maison de l’Oise Darling. Et cette fois, les relations mère-fille sont au cœur chargée de souvenirs. Elle organise un vide-grenier du récit, qui, à la faveur d’une journée particulière - celle, dans son jardin et embauche des jeunes du village pour donc, du vide-grenier - fera ressurgir les souvenirs par débarrasser la maison. Les curieux sont nombreux. le biais de nombreux flash-backs. Catherine Deneuve accepte Martine, brocanteuse, s’inquiète de la voir brader des pièces de s’y montrer vieillissante, les mains ridées et perdant de valeur. Elle prévient Marie, la fille de Claire, qu’elle n’a un peu la tête. Si le film a un mérite, c’est de rappeler à pas vue depuis vingt ans. quelle grande actrice nous avons affaire, son charisme SUITE... Claire raconte à Marie que c’est le dernier jour étouffant presque les performances de Chiara Mastroianni, de sa vie, et lui demande sa bague. Marie explique qu’elle qui joue un personnage beaucoup plus raisonnable à l’écrit, l’avait laissée dans un bureau, qui a été vendu à des voisins. et les seconds rôles - Laure Calamy (vue dans Dix pour Marie se rend chez eux. Elle ne trouve pas la bague, mais toutes les lettres, non ouvertes, qu’elle envoyait à sa mère. cent), Samir Guesmi ou encore Alice Taglioni dans le rôle Marie se souvient qu’elle avait fugué, adolescente, après d’une Claire Darling jeune et au physique hitchcockien. la mort de son frère Martin. Le père Georges se rappelle On retrouve également au casting Johan Leysen, formidable la culpabilité de Claire à la mort de son fils. Amin, un ami dans le rôle d’un prêtre aux sentiments troubles. On a, d’enfance de Martin et Marie, raconte à cette dernière pour le reste, affaire à une intrigue plutôt classique, comment son frère était mort dans une explosion à reposant sur un argument déjà vu mille fois - le retour dans la carrière tenue par le père des deux adolescents. Claire une maison d’enfance qui ravive les plaies du passé. C’est demande au père Georges un exorcisme. Il commence par élégant sans être tape-à-l’œil, et chargé d’atmosphère. refuser. Claire se rappelle qu’elle n’avait volontairement pas appelé les secours quand son époux avait fait une crise Il y a beaucoup de vie dans ces automates, ces lampes, ces cardiaque. Marie trouve la bague dans le parc de la maison. édredons dispersés à la vente et qui charrient avec eux Claire fait un malaise dans la rue et est hospitalisée. Marie l’histoire d’une certaine bourgeoisie française. Dommage lui rend visite. Mère et fille s’expliquent et se réconcilient. que la narration, jusqu’à une excellente séquence finale, Claire rentre chez elle. Elle prépare du thé mais la maison ronronne un peu. _M.Q. explose à cause d’une fuite de gaz. Visa d’exploitation : 144011. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 8 © les Fiches du Cinéma 2019
Dragons 3 Le Monde caché (How to Train Your Dragon : The Hidden World) de Dean DeBois De l’aventure, de l’amour, un peu de tristesse aussi, AVENTURES Famille un scénario entraînant sans être trop complexe, le tout mis en scène avec virtuosité : tous u GÉNÉRIQUE les ingrédients sont réunis pour faire de ce dernier Avec les voix originales de : Jay Baruchel (Harold), America Ferrera volet de Dragons un succès auprès des familles. (Astrid), F. Murray Abraham (Grimmel), Cate Blanchett (Valka), Gerard Butler (Stoïk), Craig Ferguson (Gueulfor), Jonah Hill (Rustik), Christopher Mintz-Plasse (Varek), Kristen Wiig (Kognedur), Kit Harington (Eret), Justin Rupple (Kranedur), Robin Atkin Downes (Ack), Kieron Elliott (Glock), Julia Emelin (Griselda), Gideon Emery (Trapper), Ashley Jensen (Phlegma), AJ Kane (Harold, jeune), Ólafur Darri Ólafsson (Ragnar), James Sie (Chaghatai Khan), David Tennant (Mastok), Randy Thom (Krokmou / Furie Éclair). Et les voix françaises de : Donald Reignoux (Harold), Féodor Atkine (Grimmel), Isabelle Gardien (Valka), Nathanel Alimi (Varek). Scénario : Dean DeBois D’après : le film Dragons de Dean DeBlois et Chris Sanders (2010) et le roman Comment dresser votre dragon ? de Cressida Cowell (2003) Images : Gil Zimmerman Montage : John K. Carr Animation : Sean Sexton Musique : John Powell Son : Randy Thom et Al Nelson Décors : Pierre-Olivier “POV” Vincent Effets visuels : Dave Walvoord et Louis Flores © DreamWorks Casting : Christi Soper Hilt Production : DreamWorks Animation et Mad Hatter Entertainment Producteurs : Brad Lewis et Bonnie Arnold Producteurs exécutifs : Dean DeBlois et Chris Sanders HHH Troisième et probablement dernier épisode Coproducteurs : Jed Schlanger, Doug Davison, Roy Lee et Michael de la saga pour enfants de Dreamworks, ce Dragons n’a rien Connolly Distributeur : Universal Pictures. à envier aux précédents, qui avaient attiré plus de 5 millions de spectateurs en salle. Gageons qu’en pleines vacances 94 minutes. États-Unis, 2018 scolaires ce nouvel opus cartonnera lui aussi. Les enfants Sortie France : 6 février 2019 (on conseillera le film sur grand écran à partir de 7 ans) u RÉSUMÉ y retrouveront leurs personnages fétiches, lesquels ont Harold et ses amis, aidés de leurs dragons, libèrent des peu à peu vieilli (Harold a désormais des poils au menton), dragons emprisonnés par les trappeurs menée par le cruel au cœur d’une animation de haute volée. Certaines Grimmel. Celui-ci lorgne sur Krokmou, le Furie nocturne séquences, comme la découverte du royaume des dragons, de Harold, et décide de l’appâter avec son propre Furie dans un environnement sous-marin enchanteur, ou la parade nocturne, une femelle : Éclair brillant. Pendant ce temps amoureuse et nocturne entre les deux Furie, sont superbes, Harold, désormais chef du village de Berk - envahi par presque poétiques. Le récit par ailleurs déroule avec rythme des dragons et cible constante des trappeurs -, songe à - la musique est quasi-omniprésente ici - les codes du film le déménager pour le royaume caché des dragons dont son père lui parlait quand il était enfant. Krokmou est désespéré d’aventures, avec des bagarres - pas de sang, on vous rassure -, quand Éclair brillant disparaît. des voyages, un peu de romance et la pointe d’humour que viennent saupoudrer les personnages secondaires. SUITE... Le village se met en route et fait une halte sur une île hospitalière. Éclair brillant revient et Krokmou la suit. On regrettera juste que ces derniers, fort sympathiques Les jeunes guerriers du village partent affronter Grimmel, au demeurant, restent cantonnés à des rôles de faire- mais la mission est un échec et Kognedur est capturée. valoir ou d’argument comique. Quant à Astrid, la petite Harold et Astrid trouvent le royaume caché dont Krokmou amie de Harold, elle n’est là que pour l’assister et est devenu le roi, mais ils sont attaqués par les dragons et l’encourager, le scénario ayant acté que le jeune homme Krokmou les sauve in extremis. Éclair brillant les a suivis est le chef du village. Tout ça n’est pas très moderne à l’heure sur l’île. Grimmel, qui a libéré Kognedur pour découvrir où où tous les films américains, y compris les dessins animés, est caché le village, arrive sur l’île et capture les deux Furie distillent leurs petits messages féministes. Pour autant, nocturne, ainsi que tous les dragons du village. Affaiblis, les jeunes guerriers s’organisent et attaquent les bateaux de Dragons 3 y va de son petit message. Ici en effet Harold Grimmel. Ils parviennent à libérer tous les dragons. Harold assistera à l’histoire d’amour naissante entre Krokmou et décide de libérer Krokmou afin qu’il retourne au royaume un autre dragon, et le dilemme se posera de savoir s’il doit des dragons. Tous les villageois libèrent leurs dragons. ou non le laisser partir vivre sa vie. On vous laisse deviner Des années plus tard, Harold, Astrid et leurs deux enfants le dénouement. _M.Q. retrouvent Krokmou et sa famille. Visa d’exploitation : 150254. Format : Scope (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos. 9 © les Fiches du Cinéma 2019
La Favorite (The Favourite) de Yorgos Lanthimos Au XVIIIe siècle, en pleine guerre avec la France, deux TRAGICOMÉDIE HISTORIQUE Adultes / Adolescents courtisanes se disputent les faveurs de la reine Anne. Porté par un génial trio d’actrices, un biopic élégant u GÉNÉRIQUE et cinglant, qui se mue en une grande tragicomédie Avec : Olivia Colman (la reine Anne), Rachel Weisz (Lady Sarah perverse et mémorable. Churchill), Emma Stone (Abigail Hill), James Smith (Lord Godolphin), Mark Gatiss (John Churchill, duc de Marlborough), Nicholas Hoult (Lord Robert Harley), Joe Alwyn (Samuel Masham), Edward Aczel (le comte de Stratford), Carolyn Saint-Pé (Madame Tournée), Anthony Dougall (le médecin de la reine), Jenny Rainsford (Mae), Liam Fleming (Kevin), Jennifer White (Mrs. Meg), LillyRose Stevens (Sally), Emma Delve (la servante de la reine), Faye Daveney (la servante de Sarah), Paul Swaine, Denise Mack, Willem Dalby, John Locke, Everal Walsh, Timothy Innes, Basil Eidenbenz, James Melville, Declan Wyer, Ben English, Peter Brookes. Scénario : Deborah Davis et Tony McNamara Images : Robbie Ryan Montage : Yorgos Mavropsaridis 1er assistant réal. : Atilla Salih Yücer Scripte : Sylvia Parker Son : Johnnie Burn Chorégraphies : Constanza Macras Décors : Fiona Crombie Costumes : Sandy Powell Effets spéciaux : Bob Thorne Effets visuels : Ed Bruce Dir. artistique : Lynne Huitson Maquillage : Nadia Stacey Casting : © 20th Century Fox Dixie Chassay Production : Element Pictures et Scarlet Films Pour : Fox Searchlight Pictures, Film4 et Waypoint Entertainment Production associée : TSG Entertainment Producteurs : Ceci HHHH Avec Mise à mort du cerf sacré, Yorgos Lanthimos Dempsey, Ed Guiney, Lee Magiday et Yorgos Lanthimos Dir. de avait atteint les limites de son dispositif cinéma : un scénario production : Michelle Mullen Distributeur : 20th Century Fox. épuré jusqu’à l’exagération ne laissait aucun espace à l’émotion ou à la bizarrerie, réduisant ses personnages 120 minutes. Irlande - Royaume-Uni - États-Unis, 2018 à l’état de pantins désincarnés. Moins manifeste dans Sortie France : 6 février 2019 ses intentions, La Favorite (dont le cinéaste ne signe pas u RÉSUMÉ le scénario) reste - comme les films précédents de Lanthimos 1708. La reine Anne, à la santé fragile, a pour favorite Sarah - une réflexion sur le pouvoir. Un pouvoir faillible, à l’image Churchill, dont le mari est chef des armées. 1. Cette boue pue. de la reine Anne : aveuglée par ses sentiments, fragilisée Abigail Hill, cousine désargentée de Sarah, rejoint la cour. par sa santé et sa dépression. Deux courtisanes se disputent Sarah l’embauche aux cuisines. Sarah soutient le Premier ses attentions : celle qui l’aime, la tient sous sa coupe et ministre, Godolphin, contre Harley, leader des Tories. Sarah veut conserver ce privilège ; celle qui veut la séduire pour promeut à contrecœur Abigail, qui a soigné Anne. 2. Je crains arriver à ses fins et contrecarrer son déclin social. Mais la confusion et les accidents. Sarah compte poursuivre que veut la reine ? Tous les personnages sont complexes, la guerre contre la France en doublant l’impôt foncier. Une nuit, Abigail voit Sarah et Anne coucher ensemble. Harley veut faire et Lanthimos filme ses actrices dans un réjouissant jeu du d’Abigail son espionne. 3. Quelle tenue. En l’absence de Sarah, chat et de la souris, au fil de dialogues acérés et de situations Abigail tient compagnie à Anne, et s’occupe de ses 17 lapins. absurdes. L’humour lui permet de jouer avec la noirceur de SUITE... 4. Une légère anicroche. Abigail couche avec Anne. certains événements - moquant à l’occasion les protocoles Sarah les surprend et renvoie Abigail. Mais Anne en fait sa et l’étiquette aristocratiques, facilement amendables - et de dame de compagnie. 5. Et si je m’endormais et je glissais ? faire intervenir par intermittence une fantaisie singulière et Abigail empoisonne Sarah, qui chute de cheval et disparaît en inquiétante. Si c’est un biopic (et, incidemment, c’en est un), il forêt. 6. Stopper l’infection. Abigail épouse Samuel Masham. est à ranger du côté de ceux, rares, qui osent écorner la figure Sarah réapparaît, balafrée. Anne la repousse. 7. Laissez ça, historique qu’ils abordent : Lanthimos se refuse à idéaliser ça me plaît. Sarah menace Anne de rendre leur correspondance Anne et en fait un personnage ambigu, aussi difficile que publique. Anne la bannit de la cour, nomme Abigail Gardienne Sarah et Abigail. Ses trois actrices humanisent grandement de la bourse privée, et Harley Premier ministre. 8. J’ai rêvé que je vous poignardais dans l’œil. Abigail sombre dans ce trio chaotique, perverti par le pouvoir, et malgré tout la débauche. Godolphin obtient que Sarah écrive une lettre, touchant. Qu’une œuvre aussi perverse, signée d’un auteur qu’Anne lira. Mais Abigail intercepte et brûle la lettre, puis d’avant-garde exigeant et peu fédérateur, fasse partie fait accuser les Churchill de détournement de fonds. des favoris des Oscar ajoute encore plus à la légende que Ils sont exilés. Plus tard, remarquant qu’Abigail fait souffrir s’amuse à écrire le film. _Mi.G. un de ses lapins, Anne l’humilie comme une domestique. Visa d’exploitation : 150093. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 180 copies (vo / vf). 10 © les Fiches du Cinéma 2019
Kabullywood de Louis Meunier Quatre amis étudiants décident de rénover le plus DRAME Adultes / Adolescents grand cinéma de Kaboul détruit par les talibans. C’est oublier les fondamentalismes qui rongent la société u GÉNÉRIQUE afghane. Sur fond d’histoire d’amour, un manifeste Avec : Roya Heydari (Shab), Omid Rawendah (Sikandar), Ghulam bienfaisant en faveur de la culture et des libertés. Reza Rajabi (Mustafa), Mohammed Shaghasy (Qais), Naser Nahimi (Naser). Scénario : Ariel Nasr et Louis Meunier, d’après une idée de Laurent Maréchaux Images : Antoine Marteau Montage : Thierry Bréant Archives : Nicolas Baker 1er assistant réal. : Sayed Zohair Musawi Musique : Orange Blossom Son : Sayed Shahab Ahmadyar Production : Taimani Films et Afghan Films Producteurs : Louis Meunier, Shinrindad Dakouy et Sayed Jalal Rohani Dir. de production : Shirindad Dakouy et Sayed Jalal Rohani Distributeur : Destiny Films. © Destiny Films HHH S’arrêter à la seule puissance du message porté par ce film de Louis Meunier serait injuste. Parti sur place en 2002 avec un contrat humanitaire, resté dix ans, le réalisateur rend d’abord un bel hommage à 85 minutes. France - Afghanistan, 2017 la culture afghane des années 1970-1980. Sur le plan formel, Sortie France : 6 février 2019 malgré un évident manque de moyens, ses images, entre u RÉSUMÉ documentaire et fiction, dévoilent avec tendresse une Kaboul Après la destruction de l’unique bar-spectacle de Kaboul dans en ruines tendue à survivre entre hélicoptères, attentats, un attentat, Shab, jeune étudiante pleine de vie, se met en marchés et enfants malgré tout joyeux. Le plan du chien tête d’ouvrir un centre culturel. Avec son ami Sikandar, observant depuis les hauteurs la ville derrière des barbelés secrètement amoureux d’elle, et ses acolytes Qais et et celui où le son des hélicoptères domine le concert de Mustafa, elle décide de rénover le cinéma Aryub, à l’abandon musique traditionnelle et les montagnes environnantes depuis l’avènement des talibans. Entre ses murs vivent sont de beaux moments de cinéma. Le scénario, lui, joue Naser, ancien projectionniste, et la dizaine d’orphelins subtilement avec la tragédie des apparences : le général qu’il a recueillis. Sikandar demande à son père, le général Hazrat, l’autorisation d’y entamer des travaux, mais celui-ci Hazrat laissant le cinéma fermé… pour le sauver ; Sikandar, refuse: c’est trop risqué, et il souhaite avant tout que son fils dont les bonnes intentions seront dramatiques ; la mort se marie. Sikandar prétend toutefois avoir reçu son accord. inattendue de Shab, douloureuse incarnation de la lutte Les travaux commencent. Maltraitée par son frère Khaled, pour les libertés et la culture. Et puis il y a cette incroyable qui voit d’un mauvais œil son amitié avec Sikandar, Shab mise en abyme : Naser jouant son propre rôle au sein du se réfugie au cinéma, mais Khaled y met le feu. cinéma Aryub, réellement reconstruit pour le film malgré SUITE... Alors que Shab veut porter plainte, elle découvre les tirs à balles réelles, un incendie criminel et un attentat ! avec colère le mensonge de Sikandar. Khaled provoque alors Jusqu’à Roya Heydari, restée au pays alors qu’elle vient un accident de voiture qui laisse Shab dans le coma. Qais et d’être menacée de mort ! En faisant rimer résistance et Mustafa reprochent la situation à Sikandar et se détournent espérance, Louis Meunier mue son témoignage en piqûre de lui. Chassé de chez lui après avoir volé les émeraudes de rappel universelle et salutaire contre l’obscurantisme que son père destinait à son mariage, Sikandar apprend par Naser que le général avait fait fermer le cinéma pour - avec la culture pour vaccin. Voir ce film-manifeste relève le protéger des talibans. Il convainc ses amis d’achever donc autant du plaisir que de la conscience, pour nous, la rénovation. Le jour de l’inauguration, le général Hazrat d’appartenir à un monde privilégié. Mais sur fond de arrête Khaled, qui s’apprêtait à tout faire sauter. La fête ce brûlant avertissement : la liberté, notamment celle est un triomphe. Shab meurt, mais Sikandar poursuit des femmes, n’est jamais acquise. _G.To. son combat pour la culture. Visa d’exploitation : 142309. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies. 11 © les Fiches du Cinéma 2019
Mango (Strike) de Trevor Hardy L’ancien des studios Aardman Trevor Hardy signe AVENTURES Famille un premier long enlevé sur les aventures d’une petite taupe qui préfère le foot à la mine. Le charme u GÉNÉRIQUE de l’animation en stop-motion opère grâce à des Avec les voix originales de : Lizzie Waterworth (Mango Morrison personnages très sympathiques et des décors réussis. / Maggie), Ken Stott (le boss), Alex Kelly (Hedy / Jenny Morrison), Naomi McDonald (Ryan / la réceptionniste du conseil), Tom Turner (Garth Morrison), Dave Mounfield (Doug), Beth Chalmers (Xenia / Patrick), Jordan Long (Lewie), Nigel Anthony (Control), Neil James (Danny Bradshaw / Darren Biggins / Jacob / le représentant du conseil), Daniel Barker (Ron Hubble), Jacob Scipio (Jay “Mac” MacKenzie / Troy / le gérant du restaurant), Tim Dann (Kevin Slater / Harry Mosney), Kerry Shale (Terry Grenville / Benedict), Denis Khoroshko (le chauffeur de taxi russe), Trevor Hardy (l’insecte), Joshua Gosling Catchpole (Jasper), Hanna Cox (Liam). Scénario : Neil James et Mark Holloway Images : Chris Roe Montage : Daniel Harding Animation : William Hodge, Marjolaine Parot et Leo Nicholson 1ers assistants réal. : Chris Roe et Neil James Musique : Peter Michael Davison Son : Adrian Walter, Jason Heath et Will Morton Effets spéciaux : Mark Miko et Andrew Langsworthy Production : Gigglefish Producteurs : Edward © Gigglefish Catchpole et Jeremy Davis Distributeur : Septième Factory. HHH On connaissait les personnages en pâte à modeler d’Aardman, les studios britanniques de Wallace et Gromit, Shaun le mouton ou Chicken Run. Il faut désormais aussi compter avec Giggle Fish et ses petites créatures en laine, 95 minutes. Royaume-Uni, 2018 à même de remporter l’adhésion des petits spectateurs. Sortie France : 6 février 2019 Annoncé pour un public à partir de 6 ans, Mango pourrait u RÉSUMÉ aussi captiver des enfants un peu plus jeunes, dans Mango, une jeune taupe qui vit à Galerieville, rêve d’être les conditions de projection adéquates. Trevor Hardy y raconte footballeur, mais doit se plier à la tradition familiale. les aventures d’une petite taupe qui rêve de devenir Son père Gaston l’emmène à son premier jour de travail footballeur mais se plie aux traditions familiales et part à la mine, où Mango retrouve ses deux meilleurs amis, travailler à la mine. Là, les ouvriers doivent faire face à Lili l’inventrice et Ryan le gourmand, ainsi que Maggie. la cupidité d’un mystérieux Patron et sa femme à tout Mais, devant la mine, Xenia, qui travaille pour le patron faire, Xenia, qui menacent de s’emparer de la mine si de Ravencorp, menace Gaston de racheter la mine. les travailleurs ne parviennent pas à rembourser la banque. Les ouvriers doivent absolument trouver un filon d’or. En découle un film d’aventures so british donc, d’abord pour SUITE... Dans la mine, plusieurs machines ne fonctionnent pas son utilisation très réussie des décors et des personnages en correctement. Lili encourage Mango à ne pas abandonner volume, ensuite pour les thèmes abordés et cette intrigue à son rêve et lui fabrique des lunettes spéciales, mais avec lesquelles Mango ne voit rien… Il finit par avouer à son père qu’il mi-chemin entre Cro Man, Les Moomins et... Les Virtuoses veut jouer au foot. Ils se disputent. Alors que Gaston vient pour son caractère social - et un message quasi-marxiste, de découvrir un filon d’or grâce à son sixième sens, Control, puisque les ouvriers n’auront de cesse de vouloir s’affranchir un vieil employé qui travaille pour Ravencorp, provoque de l’autorité capitaliste du méchant chat (on pense au Spectre une explosion. Gaston meurt. La mine ferme. D’abord déprimé, de James Bond !), obnubilé par les filons d’or de la mine Mango découvre qu’il a hérité du sixième sens de son père et et les résultats de son équipe de foot, le Chayern Munich. s’en sert au foot. Une vidéo de lui sauvant Maggie convainc Pas sûr que les enfants comprennent toutes ces références, le sélectionneur de l’équipe d’Angleterre - dont les attaquants mais ils se laisseront à coup sûr charmer par les petits ont été intoxiqués par Ravencorp, propriétaire du concurrent Chayern de Munich - de le sélectionner pour la Croupe du héros de ce long métrage : Mango le fan de foot, Lili, monde. Mango brille et conduit l’équipe en finale, mais sa meilleure amie inventrice, Ryan le gourmand ou encore sa mère et ses amis sont kidnappés. Mango réussit à se Maggie, irrésistible avec son accent québécois très prononcé. débarrasser des méchants, libérer ses proches et s’évader. Le rythme est soutenu sans être fatigant, le récit ponctué Il arrive à temps au stade pour la deuxième mi-temps et fait de scénettes délicieusement déjantées. _M.Q. gagner l’Angleterre. La mine rouvre. C’est la fête. Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies (vo / vf). 12 © les Fiches du Cinéma 2019
My Beautiful Boy (Beautiful Boy) de Felix van Groeningen Un père assiste, impuissant, à la chute d’un fils modèle DRAME Adultes / Adolescents devenu accro à la méthamphétamine. Première incursion US pour van Groeningen, qui délivre un mélo u GÉNÉRIQUE de bonne facture, quelque peu empêché par son souci Avec : Steve Carell (David Sheff), Timothée Chalamet (Nic Sheff), de délicatesse. Carell est parfait, Chalamet agace. Maura Tierney (Karen Barbour), Christian Convery (Jasper Sheff), Oakley Bull (Daisy Sheff), Kaitlyn Dever (Lauren), Amy Ryan (Vicki Sheff), Stefanie Scott (Julia), Julian Works (Gack), Kue Lawrence (Nic, de 4 à 6 ans), Jack Dylan Grazer (Nic, à 12 ans), Ricky Low (Destiny), Marypat Farrell (la mère de Julia), Amy Forsyth (Diane), Andre Royo (Spencer), Mandeiya Flory (Kit), Timothy Hutton (le docteur Brown), Jeff Adler (Smileyman), Edward Fletcher (le pasteur), Sasha Jackson (l’ambulancière), LisaGay Hamilton (Rose), Carlton Wilborn (Vince), Justin Earle (lui-même), Nikki Snipper, Martha T. Newman, Brooklin Thacher, Michael Patrick McGill, Frederick Lawrence, Tom Choi, Sam Dillon, Anastasia Leddick, Minerva García, Zachary Rifkin, Brandon Ciengfuegos, Cheska Corona. Scénario : Luke Davies et Felix van Groeningen D’après : les ouvrages Beautiful Boy de David Sheff (2008) et Tweak de Nic Sheff (2009) Images : Ruben Impens Montage : Nico Leunen 1er assistant réal. : George Bamber Scripte : Barry L. Caldwell Son : Lisa Pinero © Metropolitan Décors : Ethan Tobman Costumes : Emma Potter Dir. artistique : Patrick M. Sullivan Jr. Maquillage : Jean Black Casting : Francine Maisler Production : Plan B Entertainment Pour : Amazon Studios HH Cette première incursion états-unienne de Felix Production associée : Big Indie Pictures Producteurs : Brad Pitt, Dede van Groeningen (Alabama Monroe), au récit inspiré d’une histoire Gardner et Jeremy Kleiner Distributeur : Metropolitan Filmexport. vraie, et qui suppose deux appels du pied à l’académie des Oscars (le wonder boy Timothée Chalamet en ado accroc à 112 minutes. États-Unis, 2018 la méthamphétamine, Steve Carell en père courage), pouvait Sortie France : 6 février 2019 laisser craindre le pire. Dans ses moments les plus singuliers, u RÉSUMÉ les plus revêches en définitive, le film trouve pourtant un ton qui En couple avec Karen, dont il a deux enfants, David Sheff, lui semble propre, et peut alors s’envisager comme un récit journaliste, entretient une relation privilégiée avec son premier de possession (aucun traumatisme, ni contexte social - toutes fils, Nicholas, dit Nic, qu’il a eu d’un premier mariage raisons éminemment confortables -, n’explique l’addiction avec Vicki, et dont il a la garde. Doué pour les études, féru du personnage, fils modèle soudainement zombifié), et d’écriture et de dessin, Nic s’apprête à entrer à l’université. la relation père-fils s’assortit d’enjeux crève-cœur : se résoudre Mais un jour, il disparaît sans laisser de trace ; il refait à faire le deuil de l’enfant qu’on a connu (quand bien même surface deux jours plus tard, manifestement sous l’emprise celui-ci vit encore) ; se guérir de l’idée que l’on peut tout pour lui de drogue. Conduit dans un centre de désintoxication, il avoue son addiction à la méthamphétamine. En dépit (autant dire, prendre un sacré coup à l’amour-propre). Hélas d’une rechute, il quitte le centre sevré et entre à l’université. le film n’est pas exempt de passages plus attendus (les flash- Il y rencontre une fille, mais ne tarde pas à replonger. David backs par lesquels le père se remémore son bonheur évanoui : le découvre et confronte Nic, qui part. autrefois, dans cette même voiture, dans cette même chambre, SUITE... David reçoit l’appel d’un hôpital new-yorkais : Nic a nous étions heureux et complices), et le souci de délicatesse par fait une overdose. David s’envole pour New York, où, contre lequel van Groeningen a voulu se prémunir contre toute pente l’avis médical, Nic a quitté l’hôpital, avant de retrouver ostensiblement lacrymale est un autre écueil possible, pour celui-ci dans un café. Il est convenu d’envoyer Nic chez produire l’un de ces mélos sous thermostat dont on a l’impression Vicki, à Los Angeles, où, grâce notamment à son référent, qu’ils passent leur temps à faire un créneau. D’autant plus Spencer, lui-même ancien addict, il décroche. Mais à que l’auteur ne résiste pas à la tentation d’intégrer, in extenso la suite d’un week-end passé chez David, Nic se rend à San ou peu s’en faut, et de façon mécanique, des morceaux de Francisco et tombe sur une connaissance, Lauren, avec laquelle il rechute et, dès lors, mène une vie de junkie. Après musique (le Song to The Siren de Tim Buckley, un long que Lauren a failli succomber à une overdose, Nic supplie passage de la Symphonie n°3 de Gorecki...) qui, sans doute, lui David de l’accueillir. Mais Karen a convaincu David qu’il sont chers, mais dont on ne voit pas toujours ce qu’ils font là. ne pouvait plus rien pour son fils. Victime d’une overdose, Très appliqué - et pour cela même coopté par l’industrie -, Nic survit par miracle. David et Vicki le retrouvent à l’hôpital. van Groeningen fait le job, sans plus. _T.F. Huit ans plus tard. Nic n’a pas rechuté. Visa d’exploitation : 150176. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 13 © les Fiches du Cinéma 2019
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