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LE MENSUEL

                            La Favorite
FÉVRIER 2019

                            de Yorgos Lanthimos

                            Nuestro tiempo de Carlos Reygadas
                            Le Silence des autres
                            de Almudena Carracedo et Robert Bahar
•

                            Vice de Adam McKay
                            Grâce à Dieu de François Ozon
#2

                            Les Éternels de Jia Zhang-ke
                            Santagio, Italia de Nanni Moretti
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SOMMAIRE
EDITO : Lettre ouverte d’une revue de cinéma en difficulté à ceux qui
         sont également dans le cinéma, l’indépendance et les difficultés

                 FILMS DU 6 FÉVRIER 2019
Arctic de Joe Penna				                                        H
La Cabane aux oiseaux de Célia Rivière                         HHHH
La Dernière folie de Claire Darling de Julie Bertuccelli       HH
Dragons 3 de Dean DeBlois		                                    HHH
La Favorite de Yorgos Lanthimos                                HHHH
Kabullywood de Louis Meunier		                                 HHH
Mango de Trevor Hardy			                                       HHH
My Beautiful Boy de Felix van Groeningen                       HH
Nicky Larson et le parfum de Cupidon
de Philippe Lacheau					                                       H
Nuestro tiempo de Carlos Reygadas                              HHHH
Les Ritournelles de la chouette Film collectif                 HHH
Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis        HHH
Un coup de maître de Gastón Duprat                             HHH
Une intime conviction de Antoine Raimbault                     HHH

                 FILMS DU 13 FÉVRIER 2019
Alita de Robert Rodriguez		                                    HHH
Dans la terrible jungle de Caroline Capelle et Ombline Ley     HH
Deux fils de Félix Moati			                                    HHH
Les Drapeaux de papier de Nathan Ambrosini                     HH
Les Funérailles des roses de Toshio Matsumoto                  HHHH
L’Illusion verte de Werner Boote                               HHH
Long Way Home de Jordana Spiro                                 HH
Moi, maman, ma mère et moi de Christophe Le Masne              H
The Raft de Marcus Lindeen			                                  HHH
Ralph 2.0 de Rich Moore et Phil Johnston		                     HH
Le Silence des autres de Almudena Carracedo et Robert Bahar    HHHH
Un ange de Koen Mortier		                                      HH
Vice de Adam McKay			                                          HHH
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FILMS DU 20 FÉVRIER 2019
Amal de Mohamed Siam			                              HH
Baghdad Station de Mohamed Jabarah Al-Daradji        H
Le Chant du loup de Antonin Baudry                   HH
La Chute de l’empire américain de Denys Arcand       HHH
Destroyer de Karyn Kusama		                          HH
Euforia de Valeria Golino		                          HH
Grâce à Dieu de François Ozon		                      HHH
La Grande aventure Lego 2 de Mike Mitchell           HHH
La Liberté de Guillaume Massart                      HHH
Les Moissonneurs de Etienne Kallos                   HH
Paradise Beach de Xavier Durringer                   HH
“Peu m’importe si l’Histoire nous considère
comme des barbares” de Radu Jude                     HHH
Rencontrer mon père de Alassane Diago                HH

               FILMS DU 27 FÉVRIER 2019
Apprentis parents de Dean Anders                     H
Casting de Nicolas Wackerbarth		                     HHH
Celle que vous croyez de Safy Nebbou                 HH
Escape game de Adam Robitel		                        H
Les Éternels de Jia Zhang-ke		                       HHH
Jeune bergère de Delphine Détrie                     HHH
Jusqu’ici tout va bien de Mohamed Hamidi             H
Marie Stuart, reine d’Écosse de Josie Rourke         HH
Nice Girls Don’t Stay for Breakfast de Bruce Weber   HHH
The Reports de Muayad Alayan		                       HHH
Santiago, Italia de Nanni Moretti                    HHH
Wardi de Mats Grorud			                              HHH

LES ÉTOILES DE LA RÉDACTION
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ÉDITO

                                     Lettre ouverte
 d’une revue de cinéma indépendante en difficulté
    à ceux qui sont également dans le cinéma,
         l’indépendance et les difficultés

         En ce début d’année, une revue de cinéma est en train de disparaître. Encore
         une. L’aventure du papier s’arrête pour les Fiches du cinéma, celle du numérique
         commence, et le combat, lui, continue. À l’occasion de ce moment critique de
         notre histoire, nous prenons la liberté d’adresser un message à ceux avec qui
         nous travaillons (cinéastes, producteurs, distributeurs, exploitants, collègues
         critiques...) et à ceux pour qui nous travaillons (lecteurs, cinéphiles, curieux),
         pour leur dire ce que cette situation nous donne à penser.

Le 2 janvier 2019, Les Fiches du Cinéma, plus          disparaître avec nous. Et que c’est même la suite
ancienne revue de cinéma de France (84 ans             logique du programme. On n’aide pas ces films
au compteur) ont cessé de paraître sur format          à cet endroit-là de la chaîne, on ne les aidera pas
papier. Bien que l’aventure se poursuive sur           plus loin. Ils tomberont à leur tour. Et, puisque
Internet, le travail que nous effectuons depuis        personne ne les coupe directement, on pourra
1934, est aujourd’hui dangereusement menacé.           s’imaginer que les têtes tombent comme des fruits
C’est notre histoire, mais elle est prise dans         mûrs. On pourra se dire que c’est la nature, que
un mouvement global qui tend à asphyxier               c’est la saison, en faisant semblant d’ignorer que
systématiquement tout ce qui a à voir avec             les têtes ne sont pas des fruits, que le système
la culture, l’art, la pensée, le sensible, bref tout   n’est pas la nature et que son durcissement n’est
ce qui n’est pas directement et immédiatement          pas un mouvement aussi inéluctable que celui
l’argent. Les Fiches du Cinéma sont au bord de         des saisons.
la disparition : on peut s’en accommoder, comme
on s’accommode de la disparition d’une variété         Depuis quinze ans nous allons régulièrement faire
d’oiseaux pas très connue. Mais alors c’est aussi      des interviews pour savoir comment ça se passe,
accepter ce dont cette disparition constitue           comment notre monde, le monde du cinéma,
le symptôme : la destruction progressive de tout       évolue. Et partout c’est sombre. Chez les critiques
un écosystème intellectuel et culturel.                ça va pas. Chez les cinéastes ça va pas. Chez
                                                       les exploitants, les distributeurs, les producteurs,
Il y a, par exemple, des films dont nous sommes        les attachés de presse, partout ça va pas. En tout
pratiquement les seuls à parler, auxquels nous         cas chez les indépendants ça va pas. On rencontre
sommes les seuls à accorder un véritable espace        des jeunes cinéastes qui essaient de faire entrer
(une page). On peut se dire que ça n’est pas grave     leurs films dans la réalité. Mais ça ne passe pas.
si ça n’existe plus. Mais il faut alors entendre       Sans arrêt les possibles vont taper dans le mur
le message caché : que ces films-là peuvent bien       de l’impossible. Et pourtant on dirait que rien n’est
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jamais réellement alarmant. Tel film ne se fait pas,       envisagés comme des “contenus” dont
faute de financement : on ne sait pas vraiment             la rentabilité se fera davantage par les ventes que
ce qu’on a manqué. Une salle de quartier ferme :           par les entrées en salle, logiquement il devient plus
on ira ailleurs. Un journal disparaît : c’est le destin.   important de les produire vite que de les produire
Un autre n’est plus ce qu’il était : est-ce que c’était    bien. Alors, la satisfaction du spectateur devient
vraiment mieux avant ? C’est à coups de petits             une question secondaire.
événements comme ceux-là, presque invisibles
à l’œil nu, que le périmètre culturel se rétrécit ;        Suite logique de l’histoire, le spectateur
ce qui fait que l’on peut continuer à se rassurer          déconsidéré, peu à peu s’intéresse moins à tout ça.
en pensant que rien n’est jamais vraiment grave.           Et à mesure que les gens se mettent à aimer moins
Pourtant, si tout à coup on avait une vision, claire       les films, il se met à y avoir des raisons objectives
et globale, de l’ensemble de ce qui pourrait               de moins aimer le cinéma. Car les films se fanent
se faire et ne se fait pas, de tout ce qui existait        quand ils ne se sentent pas désirés. Ils se laissent
et n’existe plus, la réalité dont on se contente nous      aller. Dans les années 1960, dans les années 1970,
apparaîtrait soudainement insupportable. Face              le cinéma éclatait de beauté parce qu’il se sentait
à la crise qui arrivait, il y a eu, voici une dizaine      regardé. Les yeux de la société étaient sur lui.
d’années, une époque de tribunes, de coups de              Le courant électrique du désir passait. Il y avait
gueule. Cinéastes, critiques, producteurs… Nous            un cercle vertueux qui faisait que plus le cinéma
avons tous cru qu’il fallait interpeller le politique,     était aimé plus les films étaient bons, et mieux
solliciter l’intervention des pouvoirs publics. Mais       les critiques savaient en parler. Aujourd’hui, ça ne
c’était comme dans les thrillers, quand l’enquêteur        circule plus. Le cercle vertueux s’est mis à tourner
appelle le flic pourri du commissariat pour lui dire :     à l’envers. Et on ne sait plus par où commencer
je pense qu’il y a un flic pourri au commissariat.         pour faire repartir le mouvement dans l’autre sens.
C’était demander au système de nous protéger
du système. Évidemment il ne s’est rien passé.             Dans la création comme dans la presse, si on veut
Et puis on s’est lassé. Tout le monde a plus               faire exister ce dont le système ne veut pas, il faut
ou moins baissé les bras. Par épuisement. Car              oublier le centre et occuper la marge : l’investir,
le système ne frappe pas, il épuise. Il n’interdit pas,    la construire, l’organiser et d’abord la peupler.
il diffère. Il n’est pas autoritaire, juste inflexible.    Et pour cela il faut faire nombre. Professionnels
                                                           ou spectateurs, tous ceux qui s’intéressent encore
Et c’est ainsi que l’on commence à faire                   à “ça” - c’est-à-dire le cinéma, l’écriture, la pensée,
des concessions. On s’adapte. Le cinéaste fait             les émotions, le beau, le non-advenu, le non-utile,
avec le diktat du pitch et du casting imposé par           le non-marchandable... - nous avons tout intérêt
les financiers. Le journaliste fait avec les exigences     à lever un peu la tête et à nous faire signe les uns
des annonceurs. Les Fiches du Cinéma font avec             aux autres pour voir combien nous sommes.
l’absence de subventions et cessent de paraître.           Nous avons tout intérêt à nous agglutiner, à faire
Et le public fait avec les films et les journaux           masse. Plutôt que d’essayer d’attirer l’attention
qu’on lui propose. Il accepte de se satisfaire             de ceux qui regardent ailleurs, voyons déjà si nous
de cette malbouffe pour la tête (mauvais cinéma,           ne sommes pas assez nombreux pour faire groupe,
mauvaise presse), qui leste son esprit de bourrelets       pour faire bloc. Ne laissons pas la mathématique
graisseux et l’incite toujours plus à la paresse.          des autres nous soustraire et nous diviser.
Car lui aussi a été rétrogradé, privé d’une partie         Changeons le mode de calcul. Additionnons
de son pouvoir et de sa valeur. En effet, dès lors         nos forces, multiplions les possibles.
qu’un journal est financé majoritairement par              Apprenons à compter.
la publicité et non par les ventes, logiquement                                     Pour les Fiches du Cinéma,
ce journal est fabriqué pour les annonceurs et                                                 Nicolas Marcadé
plus pour les lecteurs. Dès lors que les films sont                                          Rédacteur en chef
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Arctic (Arctic)
de Joe Penna

Ce film de survie dévie bien vite de son intéressant                                                                                     SURVIE
                                                                                                                           Adultes / Adolescents
incipit in medias res pour s’aligner sur le tout-venant
des productions balisées et inhérentes à son genre,                           u GÉNÉRIQUE
préférant la voie de la douleur morale et du calvaire                         Avec : Mads Mikkelsen (Overgård), María Thelma (la jeune femme),
physique (ou l’inverse) à toute autre aspiration.                             Tintrinai Thikhasuk (le pilote d’hélicoptère).
                                                                              Scénario : Joe Penna et Ryan Morrison Images : Tómas Örn
                                                                              Tómasson Montage : Ryan Morrison 1er assistant réal. : Dave
                                                                              Halls Scripte : Bergpóra Ólöf Björnsdóttir Musique : Joseph
                                                                              Trapanese Son : Thomas Ouziel Décors : Atli Geir Grétarsson
                                                                              Costumes : Margrét Einarsdóttir Maquillage : Ragna Fossberg
                                                                              Casting : Chadwick Struck Production : Armory Films
                                                                              Coproduction : Pegasus Pictures et Union Entertainment Group
                                                                              Producteurs : Christopher Lemole, Tim Zajaros et Noah C.
                                                                              Haeussner Producteurs exécutifs : Martha De Laurentiis, Joe
                                                                              Penna, Ryan Morrison, Einar Thorsteinsson et Manu Gargi
                                                                              Coproducteurs : Snorri Pórisson, Einar Sveinn Pórdarson, Aaron
                                                                              Scotti et Lilja Ósk Snorradóttir Distributeur : The Jokers.

                                                           © Armory Films

      H        Une belle idée surgit de ce “survival” superfétatoire :
la représentation, intériorisée, d’une routine qui émerge et
embrasse même le drame de la perdition. Le film cajole cet
effet de réel véritablement invraisemblable comme on arrimerait                                 97 minutes. Islande, 2018
son intelligence au sol pour ne pas brusquement chuter dans                                    Sortie France : 6 février 2019
la démence. Mais, passé le surprenant repeuplement mental
                                                                              u RÉSUMÉ
du héros par le rite (chaque jour, vérifier sa ligne de pêche,
                                                                              Overgard creuse dans la neige arctique. Il dessine un “SOS”
chercher un secours éventuel, avoir peur - et s’acharner                      visible depuis le ciel. Il retourne dans la carcasse de l’avion
à la déjouer), le paganisme radical laisse bien vite place à                  dont il est le seul survivant du crash. Il regarde s’il n’a pas
un dolorisme engourdi, à une automation déflationniste de                     pêché quelque poisson, et se rend quotidiennement sur
situations éprouvées. Nulle vraie tentation de dynamiter                      un point haut pour chercher un éventuel signal radio. Las,
le caractère immaculé du paysage et du héros (de toute façon,                 il ne croise personne, hormis la silhouette lointaine d’un ours.
il est prédestiné à souffrir), nulle projection mentale qui                   Un jour de tempête, un hélicoptère le localise. Mais la météo
épouserait et épuiserait le fond et la forme du film (celui-ci étant          provoque un accident, et l’hélico s’écrase. Le pilote est
                                                                              mort sur le coup, mais pas la copilote, sa femme. Overgard
soit trop radical dans sa dilatation temporelle, soit sur-découpé
                                                                              la sauve et s’occupe d’elle, qui reste semi-inconsciente.
comme un film d’action) : tout arrive en gros, et le chapelet est
bien vite dévidé. Entre les sentiers obligés (une séquence                    SUITE... Il décide donc de marcher jusqu’à une station
                                                                              temporaire, même si celle-ci est extrêmement loin de son
ascensionnelle empêchée, une bataille nature/culture contre
                                                                              camp, et qu’il doit traîner la pilote et ses vivres. Le convoi
un ursidé, les premiers signes d’engelure comme stigmates,                    part, lentement. Mais il s’arrête devant une barre rocheuse
ou la prédominance des dilemmes moraux - étrange                              non indiquée sur la carte ; Overgard essaye de faire
reniement d’un film qui censément refuse le psychologisme...),                passer le traîneau au-dessus de celle-ci, mais échoue.
le film s’accorde des plages de néant, rehaussés seulement                    Il doit donc faire un détour qui rallonge considérablement
par l’affreuse musique d’un pompiérisme désœuvrant,                           son trajet. Alors qu’il s’endort dans une grotte, un ours,
s’emballant à chaque mouvement sourcilier d’un Mads                           par l’odeur alléché, passe sa gueule dans la cavité. Overgard
Mikkelsen aussi extraverti qu’un caillou. Plus qu’un film                     le fait fuir en craquant un fumigène. Harassé et engourdi,
                                                                              il abandonne la jeune femme, mais tombe dans
de survie, il s’agit donc d’un film de survivance : survivance
                                                                              une crevasse. Blessé gravement à la jambe, il s’en sort
de motifs redondants, de fausses coquetteries et de vraies                    et reprend la route, en récupérant la pilote. Ils arrivent
fainéantises, qui prouve bien, quel que soit le biotope investi               près de la mer. Overgard voit un hélicoptère, qui ne les voit
(île, océan, désert, volcan, jungle...), que l’Inconnu, au cinéma,            pas. Ils s’évanouissent, quand l’hélico finit par se poser
apparaît trop souvent comme une Mecque du poncif. _C.D.                       près d’eux.

                        Visa d’exploitation : 150238. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 140 copies (vo / vf).

                                                                       6                                                  © les Fiches du Cinéma 2019
La Favorite - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
La Cabane aux oiseaux
de Célia Rivière

Ode à la lecture et au cinéma, La Cabane aux oiseaux                                                                                 FABLES
                                                                                                                                     Enfants
est une immense réussite que ce soit sur le plan visuel,
technique ou lyrique. Malgré l’absence d’un thème                          u GÉNÉRIQUE
commun, l’unité du programme est aussi éclatante                           1. Les Oiseaux
qu’un oiseau qui aurait mangé une étoile.                                  2. Le Popotin de l’hippopo
                                                                           3. Tu le crois le lion ?
                                                                           4. Poucette
                                                                           5. Papa à grands pas
                                                                           6. Sur ma tête
                                                                           7. Le Pingouin qui avait froid
                                                                           8. Les Cinq malfoutus
                                                                           9. L’Oiseau qui avait avalé une étoile
                                                                           Montage : Charles Lacour, Thomas Robineau et Vincent Valluet
                                                                           Animation : Nicolas De Gorter Musique : Yan Volsy et Pablo Pico
                                                                           Son : Adrien Fougeras Production : Dandelooo Coproduction :
                                                                           Caribara Production Producteurs délégués : Jean-Baptiste Wert
                                                                           et Emmanuèle Pétry-Sirvin Distributeur : Gebeka Films.

                                                           © Dandelooo

 HHHH         La Cabane aux oiseaux est un programme
de neuf courts métrages, dont le passage d’une histoire
à l’autre est assuré par le déplacement de petits
oiseaux blancs dans une cabane. Cependant, le lien plus                                       42 minutes. France, 2018
profond qui unit ces histoires se trouve dans le fait que                                   Sortie France : 6 février 2019
chacune des aventures qui est présentée est tirée d’un livre
                                                                           u RÉSUMÉ
identifié comme tel, au début (ouverture de la première
de couverture), et à la fin (clôture du livre) de chaque                   Un oiseau trouve des livres.
court. Chaque histoire prend vie avec un souci évident                     1. Le conducteur d’un camion libère des oiseaux et apprend
                                                                           à l’un d’eux à voler. En retour, les oiseaux apprennent au
de respecter les spécificités graphiques et le ton
                                                                           conducteur à voler.
de chaque livre, ce qui permet d’assurer la réussite                       2. Un hippopotame trouve son postérieur trop gros.
du mode de narration retenu. À la clé, on découvre une œuvre               Les autres animaux en débattent, jusqu’à se battre.
qui conjugue de manière déconcertante les magies de                        À l’heure du pot, tous se réconcilient.
deux médias : celle du mouvement, avec le cinéma, et celle                 3. Milo le pingouin part pour les tropiques. De retour,
d’une narration importée directement de la littérature                     il découvre qu’il n’est pas le seul pingouin à avoir froid.
pour enfants. Si le nombre de courts présenté peut                         4. La voiture du papa de Mathieu démarre mal. Mathieu
paraître important pour un programme de 45 minutes,                        craint que son père ne puisse le récupérer : au pire, papa
                                                                           viendra à pied !
le spectateur, qui est peut-être aussi lecteur des différents
                                                                           5. Une fille qui a été enlevée trouve refuge chez une souris, qui
ouvrages, ne trouvera rien à jeter et ne sera pas déçu                     veut la marier de force. Elle sauve une hirondelle qui l’aide à
par les choix des livres retenus. Tour à tour touchant (Sur ma             s’enfuir et à rencontrer le prince charmant.
tête, Les 5 malfoutus), drôle (Tu te crois le lion ?, Le Popotin           6. Cinq copains ont tous un défaut. Un être parfait vient en
de l’hippopo) ou poétique (Poucette, adaptation de La Petite               vain leur trouver des projets. Leurs défauts cachent des
Poucette d’Andersen, ou encore L’Oiseau qui avait avalé                    qualités qui les remplissent de joie.
une étoile), et toujours très inventif, tout le monde y trouvera           7. Après que la maîtresse l’a humilié, un oiseau se pose
pour son compte. Accompagné de doublages enfantins                         sur la tête de Gaston.
                                                                           8. Un lion maltraite ses sujets, qui décident de le quitter.
réussis et de musiques simples et douces, tout contribue
                                                                           Quand il part les chercher, ils lui indiquent que, s’il veut
à un petit goût de reviens-y. Il n’y a donc qu’une chose                   être le roi, il n’a qu’à retourner sur son trône.
que l’on pourrait regretter : c’est que les oiseaux qui                    9. Un oiseau avale une étoile. Craignant d’être repérés,
traversent cette cabane n’aient pas préféré s’arrêter dans                 les autres animaux le repoussent. Dans le désert, un voyageur
une bibliothèque ! _J-A.M.                                                 le recueille.

                          Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,77 - Couleur - Son : Dolby SRD. 90 copies.

                                                                    7                                               © les Fiches du Cinéma 2019
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La Dernière folie de Claire Darling
de Julie Bertuccelli

Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni forment                                                                    CHRONIQUE FAMILIALE
                                                                                                                     Adultes / Adolescents
un duo mère-fille touchant dans cette fiction de Julie
Bertuccelli, qui explore la complexité des liens au                      u GÉNÉRIQUE
sein d’une famille liée par un lourd secret. La mise                     Avec : Catherine Deneuve (Claire Darling), Chiara Mastroianni
en scène est adroite mais le scénario conventionnel.                     (Marie Darling), Alice Taglioni (Claire Darling, jeune), Laure Calamy
                                                                         (Martine Leroy), Samir Guesmi (Amir), Olivier Rabourdin (Claude
                                                                         Darling), Johan Leysen (le Père Georges), Colomba Giovanni (Marie
                                                                         Darling, jeune), Simon Thomas (Martin Darling), Mona Goinard
                                                                         (Marie Darling, enfant), Joseph Flammer (Martin Darling, enfant),
                                                                         Lewine Weber (Martine Leroy, enfant), Amine Mejri (Amir, jeune),
                                                                         Julien Chavrial (le Père Georges, jeune), Valentin Dériaud (Lucas),
                                                                         Yasin Houicha (Rachid), Morgan Niquet (Kevin), Jérémy Beuvin,
                                                                         Anne Benoît, Gilles Albertini, Angèle Meunier-Bertuccelli, Sarah
                                                                         Chaumette, Frédéric Kunze, Stéphane Vasseur.
                                                                         Scénario : Julie Bertuccelli, Sophie Fillières, Mariette Désert et
                                                                         Marion Doussot D’après : le roman Le Dernier vide-grenier de Faith
                                                                         Bass Darling de Lynda Rutledge (2012) Images : Irina Lubtchansky
                                                                         Montage : François Gédigier 1er assistant réal. : Dylan Talleux
                                                                         Scripte : Clémentine Schaeffer Musique : Olivier Daviaud Son :
                                                                         Julien Sicart, Nikolas Javelle et Olivier Goinard Décors : Emmanuel
                                                © Les Films du Poisson   de Chauvigny Costumes : Nathalie Raoul et Jürgen Doering
                                                                         Effets visuels : Clément Germain Maquillage : Cédric Gérard
                                                                         Production : Les Films du Poisson Coproduction : France 2
    HH        Ce n’est pas la première fois que Catherine
                                                                         Cinéma et Pictanovo Producteurs : Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez
Deneuve et Chiara Mastroianni interprètent une mère et sa
                                                                         Distributeur : Pyramide.
fille à l’écran. Après avoir joué le jeu pour Téchiné, Honoré
ou Jacquot, c’est pour Julie Bertuccelli que les deux actrices                              95 minutes. France, 2018
acceptent de partager leur complicité. La réalisatrice de                                 Sortie France : 6 février 2019
La Cour de Babel revient donc à la fiction en adaptant
                                                                         u RÉSUMÉ
un roman anglais, Le Dernier vide-grenier de Faith Bass
                                                                         Claire Darling vit seule dans sa grande maison de l’Oise
Darling. Et cette fois, les relations mère-fille sont au cœur            chargée de souvenirs. Elle organise un vide-grenier
du récit, qui, à la faveur d’une journée particulière - celle,           dans son jardin et embauche des jeunes du village pour
donc, du vide-grenier - fera ressurgir les souvenirs par                 débarrasser la maison. Les curieux sont nombreux.
le biais de nombreux flash-backs. Catherine Deneuve accepte              Martine, brocanteuse, s’inquiète de la voir brader des pièces
de s’y montrer vieillissante, les mains ridées et perdant                de valeur. Elle prévient Marie, la fille de Claire, qu’elle n’a
un peu la tête. Si le film a un mérite, c’est de rappeler à              pas vue depuis vingt ans.
quelle grande actrice nous avons affaire, son charisme                   SUITE... Claire raconte à Marie que c’est le dernier jour
étouffant presque les performances de Chiara Mastroianni,                de sa vie, et lui demande sa bague. Marie explique qu’elle
qui joue un personnage beaucoup plus raisonnable à l’écrit,              l’avait laissée dans un bureau, qui a été vendu à des voisins.
et les seconds rôles - Laure Calamy (vue dans Dix pour                   Marie se rend chez eux. Elle ne trouve pas la bague, mais
                                                                         toutes les lettres, non ouvertes, qu’elle envoyait à sa mère.
cent), Samir Guesmi ou encore Alice Taglioni dans le rôle
                                                                         Marie se souvient qu’elle avait fugué, adolescente, après
d’une Claire Darling jeune et au physique hitchcockien.                  la mort de son frère Martin. Le père Georges se rappelle
On retrouve également au casting Johan Leysen, formidable                la culpabilité de Claire à la mort de son fils. Amin, un ami
dans le rôle d’un prêtre aux sentiments troubles. On a,                  d’enfance de Martin et Marie, raconte à cette dernière
pour le reste, affaire à une intrigue plutôt classique,                  comment son frère était mort dans une explosion à
reposant sur un argument déjà vu mille fois - le retour dans             la carrière tenue par le père des deux adolescents. Claire
une maison d’enfance qui ravive les plaies du passé. C’est               demande au père Georges un exorcisme. Il commence par
élégant sans être tape-à-l’œil, et chargé d’atmosphère.                  refuser. Claire se rappelle qu’elle n’avait volontairement
                                                                         pas appelé les secours quand son époux avait fait une crise
Il y a beaucoup de vie dans ces automates, ces lampes, ces
                                                                         cardiaque. Marie trouve la bague dans le parc de la maison.
édredons dispersés à la vente et qui charrient avec eux                  Claire fait un malaise dans la rue et est hospitalisée. Marie
l’histoire d’une certaine bourgeoisie française. Dommage                 lui rend visite. Mère et fille s’expliquent et se réconcilient.
que la narration, jusqu’à une excellente séquence finale,                Claire rentre chez elle. Elle prépare du thé mais la maison
ronronne un peu. _M.Q.                                                   explose à cause d’une fuite de gaz.

                             Visa d’exploitation : 144011. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                    8                                                © les Fiches du Cinéma 2019
La Favorite - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
Dragons 3 Le Monde caché (How to Train Your Dragon : The Hidden World)
de Dean DeBois

De l’aventure, de l’amour, un peu de tristesse aussi,                                                                             AVENTURES
                                                                                                                                      Famille
un scénario entraînant sans être trop complexe,
le tout mis en scène avec virtuosité : tous                               u GÉNÉRIQUE
les ingrédients sont réunis pour faire de ce dernier                      Avec les voix originales de : Jay Baruchel (Harold), America Ferrera
volet de Dragons un succès auprès des familles.                           (Astrid), F. Murray Abraham (Grimmel), Cate Blanchett (Valka),
                                                                          Gerard Butler (Stoïk), Craig Ferguson (Gueulfor), Jonah Hill (Rustik),
                                                                          Christopher Mintz-Plasse (Varek), Kristen Wiig (Kognedur), Kit
                                                                          Harington (Eret), Justin Rupple (Kranedur), Robin Atkin Downes
                                                                          (Ack), Kieron Elliott (Glock), Julia Emelin (Griselda), Gideon Emery
                                                                          (Trapper), Ashley Jensen (Phlegma), AJ Kane (Harold, jeune),
                                                                          Ólafur Darri Ólafsson (Ragnar), James Sie (Chaghatai Khan),
                                                                          David Tennant (Mastok), Randy Thom (Krokmou / Furie Éclair).
                                                                          Et les voix françaises de : Donald Reignoux (Harold), Féodor
                                                                          Atkine (Grimmel), Isabelle Gardien (Valka), Nathanel Alimi (Varek).
                                                                          Scénario : Dean DeBois D’après : le film Dragons de Dean DeBlois
                                                                          et Chris Sanders (2010) et le roman Comment dresser votre
                                                                          dragon ? de Cressida Cowell (2003) Images : Gil Zimmerman
                                                                          Montage : John K. Carr Animation : Sean Sexton Musique : John
                                                                          Powell Son : Randy Thom et Al Nelson Décors : Pierre-Olivier
                                                                          “POV” Vincent Effets visuels : Dave Walvoord et Louis Flores
                                                        © DreamWorks      Casting : Christi Soper Hilt Production : DreamWorks Animation
                                                                          et Mad Hatter Entertainment Producteurs : Brad Lewis et Bonnie
                                                                          Arnold Producteurs exécutifs : Dean DeBlois et Chris Sanders
   HHH       Troisième et probablement dernier épisode
                                                                          Coproducteurs : Jed Schlanger, Doug Davison, Roy Lee et Michael
de la saga pour enfants de Dreamworks, ce Dragons n’a rien
                                                                          Connolly Distributeur : Universal Pictures.
à envier aux précédents, qui avaient attiré plus de 5 millions
de spectateurs en salle. Gageons qu’en pleines vacances                                    94 minutes. États-Unis, 2018
scolaires ce nouvel opus cartonnera lui aussi. Les enfants                                 Sortie France : 6 février 2019
(on conseillera le film sur grand écran à partir de 7 ans)
                                                                          u RÉSUMÉ
y retrouveront leurs personnages fétiches, lesquels ont
                                                                          Harold et ses amis, aidés de leurs dragons, libèrent des
peu à peu vieilli (Harold a désormais des poils au menton),               dragons emprisonnés par les trappeurs menée par le cruel
au cœur d’une animation de haute volée. Certaines                         Grimmel. Celui-ci lorgne sur Krokmou, le Furie nocturne
séquences, comme la découverte du royaume des dragons,                    de Harold, et décide de l’appâter avec son propre Furie
dans un environnement sous-marin enchanteur, ou la parade                 nocturne, une femelle : Éclair brillant. Pendant ce temps
amoureuse et nocturne entre les deux Furie, sont superbes,                Harold, désormais chef du village de Berk - envahi par
presque poétiques. Le récit par ailleurs déroule avec rythme              des dragons et cible constante des trappeurs -, songe à
- la musique est quasi-omniprésente ici - les codes du film               le déménager pour le royaume caché des dragons dont son
                                                                          père lui parlait quand il était enfant. Krokmou est désespéré
d’aventures, avec des bagarres - pas de sang, on vous rassure -,
                                                                          quand Éclair brillant disparaît.
des voyages, un peu de romance et la pointe d’humour
que viennent saupoudrer les personnages secondaires.                      SUITE... Le village se met en route et fait une halte sur
                                                                          une île hospitalière. Éclair brillant revient et Krokmou la suit.
On regrettera juste que ces derniers, fort sympathiques
                                                                          Les jeunes guerriers du village partent affronter Grimmel,
au demeurant, restent cantonnés à des rôles de faire-                     mais la mission est un échec et Kognedur est capturée.
valoir ou d’argument comique. Quant à Astrid, la petite                   Harold et Astrid trouvent le royaume caché dont Krokmou
amie de Harold, elle n’est là que pour l’assister et                      est devenu le roi, mais ils sont attaqués par les dragons et
l’encourager, le scénario ayant acté que le jeune homme                   Krokmou les sauve in extremis. Éclair brillant les a suivis
est le chef du village. Tout ça n’est pas très moderne à l’heure          sur l’île. Grimmel, qui a libéré Kognedur pour découvrir où
où tous les films américains, y compris les dessins animés,               est caché le village, arrive sur l’île et capture les deux Furie
distillent leurs petits messages féministes. Pour autant,                 nocturne, ainsi que tous les dragons du village. Affaiblis, les
                                                                          jeunes guerriers s’organisent et attaquent les bateaux de
Dragons 3 y va de son petit message. Ici en effet Harold
                                                                          Grimmel. Ils parviennent à libérer tous les dragons. Harold
assistera à l’histoire d’amour naissante entre Krokmou et                 décide de libérer Krokmou afin qu’il retourne au royaume
un autre dragon, et le dilemme se posera de savoir s’il doit              des dragons. Tous les villageois libèrent leurs dragons.
ou non le laisser partir vivre sa vie. On vous laisse deviner             Des années plus tard, Harold, Astrid et leurs deux enfants
le dénouement. _M.Q.                                                      retrouvent Krokmou et sa famille.

                       Visa d’exploitation : 150254. Format : Scope (2D / 3D) - Couleur - Son : Dolby SRD Atmos.

                                                                  9                                                   © les Fiches du Cinéma 2019
La Favorite - LE MENSUEL - Les Fiches du Cinéma
La Favorite       (The Favourite)
de Yorgos Lanthimos

Au XVIIIe siècle, en pleine guerre avec la France, deux                                                          TRAGICOMÉDIE HISTORIQUE
                                                                                                                       Adultes / Adolescents
courtisanes se disputent les faveurs de la reine Anne.
Porté par un génial trio d’actrices, un biopic élégant                       u GÉNÉRIQUE
et cinglant, qui se mue en une grande tragicomédie                           Avec : Olivia Colman (la reine Anne), Rachel Weisz (Lady Sarah
perverse et mémorable.                                                       Churchill), Emma Stone (Abigail Hill), James Smith (Lord Godolphin),
                                                                             Mark Gatiss (John Churchill, duc de Marlborough), Nicholas Hoult
                                                                             (Lord Robert Harley), Joe Alwyn (Samuel Masham), Edward Aczel
                                                                             (le comte de Stratford), Carolyn Saint-Pé (Madame Tournée),
                                                                             Anthony Dougall (le médecin de la reine), Jenny Rainsford (Mae),
                                                                             Liam Fleming (Kevin), Jennifer White (Mrs. Meg), LillyRose Stevens
                                                                             (Sally), Emma Delve (la servante de la reine), Faye Daveney
                                                                             (la servante de Sarah), Paul Swaine, Denise Mack, Willem Dalby,
                                                                             John Locke, Everal Walsh, Timothy Innes, Basil Eidenbenz, James
                                                                             Melville, Declan Wyer, Ben English, Peter Brookes.
                                                                             Scénario : Deborah Davis et Tony McNamara Images : Robbie Ryan
                                                                             Montage : Yorgos Mavropsaridis 1er assistant réal. : Atilla Salih
                                                                             Yücer Scripte : Sylvia Parker Son : Johnnie Burn Chorégraphies :
                                                                             Constanza Macras Décors : Fiona Crombie Costumes : Sandy Powell
                                                                             Effets spéciaux : Bob Thorne Effets visuels : Ed Bruce Dir.
                                                                             artistique : Lynne Huitson Maquillage : Nadia Stacey Casting :
                                                        © 20th Century Fox   Dixie Chassay Production : Element Pictures et Scarlet Films
                                                                             Pour : Fox Searchlight Pictures, Film4 et Waypoint Entertainment
                                                                             Production associée : TSG Entertainment Producteurs : Ceci
  HHHH        Avec Mise à mort du cerf sacré, Yorgos Lanthimos
                                                                             Dempsey, Ed Guiney, Lee Magiday et Yorgos Lanthimos Dir. de
avait atteint les limites de son dispositif cinéma : un scénario
                                                                             production : Michelle Mullen Distributeur : 20th Century Fox.
épuré jusqu’à l’exagération ne laissait aucun espace
à l’émotion ou à la bizarrerie, réduisant ses personnages                      120 minutes. Irlande - Royaume-Uni - États-Unis, 2018
à l’état de pantins désincarnés. Moins manifeste dans                                      Sortie France : 6 février 2019
ses intentions, La Favorite (dont le cinéaste ne signe pas
                                                                             u RÉSUMÉ
le scénario) reste - comme les films précédents de Lanthimos
                                                                             1708. La reine Anne, à la santé fragile, a pour favorite Sarah
- une réflexion sur le pouvoir. Un pouvoir faillible, à l’image              Churchill, dont le mari est chef des armées. 1. Cette boue pue.
de la reine Anne : aveuglée par ses sentiments, fragilisée                   Abigail Hill, cousine désargentée de Sarah, rejoint la cour.
par sa santé et sa dépression. Deux courtisanes se disputent                 Sarah l’embauche aux cuisines. Sarah soutient le Premier
ses attentions : celle qui l’aime, la tient sous sa coupe et                 ministre, Godolphin, contre Harley, leader des Tories. Sarah
veut conserver ce privilège ; celle qui veut la séduire pour                 promeut à contrecœur Abigail, qui a soigné Anne. 2. Je crains
arriver à ses fins et contrecarrer son déclin social. Mais                   la confusion et les accidents. Sarah compte poursuivre
que veut la reine ? Tous les personnages sont complexes,                     la guerre contre la France en doublant l’impôt foncier. Une nuit,
                                                                             Abigail voit Sarah et Anne coucher ensemble. Harley veut faire
et Lanthimos filme ses actrices dans un réjouissant jeu du
                                                                             d’Abigail son espionne. 3. Quelle tenue. En l’absence de Sarah,
chat et de la souris, au fil de dialogues acérés et de situations            Abigail tient compagnie à Anne, et s’occupe de ses 17 lapins.
absurdes. L’humour lui permet de jouer avec la noirceur de
                                                                             SUITE... 4. Une légère anicroche. Abigail couche avec Anne.
certains événements - moquant à l’occasion les protocoles
                                                                             Sarah les surprend et renvoie Abigail. Mais Anne en fait sa
et l’étiquette aristocratiques, facilement amendables - et de                dame de compagnie. 5. Et si je m’endormais et je glissais ?
faire intervenir par intermittence une fantaisie singulière et               Abigail empoisonne Sarah, qui chute de cheval et disparaît en
inquiétante. Si c’est un biopic (et, incidemment, c’en est un), il           forêt. 6. Stopper l’infection. Abigail épouse Samuel Masham.
est à ranger du côté de ceux, rares, qui osent écorner la figure             Sarah réapparaît, balafrée. Anne la repousse. 7. Laissez ça,
historique qu’ils abordent : Lanthimos se refuse à idéaliser                 ça me plaît. Sarah menace Anne de rendre leur correspondance
Anne et en fait un personnage ambigu, aussi difficile que                    publique. Anne la bannit de la cour, nomme Abigail Gardienne
Sarah et Abigail. Ses trois actrices humanisent grandement                   de la bourse privée, et Harley Premier ministre. 8. J’ai rêvé
                                                                             que je vous poignardais dans l’œil. Abigail sombre dans
ce trio chaotique, perverti par le pouvoir, et malgré tout
                                                                             la débauche. Godolphin obtient que Sarah écrive une lettre,
touchant. Qu’une œuvre aussi perverse, signée d’un auteur                    qu’Anne lira. Mais Abigail intercepte et brûle la lettre, puis
d’avant-garde exigeant et peu fédérateur, fasse partie                       fait accuser les Churchill de détournement de fonds.
des favoris des Oscar ajoute encore plus à la légende que                    Ils sont exilés. Plus tard, remarquant qu’Abigail fait souffrir
s’amuse à écrire le film. _Mi.G.                                             un de ses lapins, Anne l’humilie comme une domestique.

                       Visa d’exploitation : 150093. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 180 copies (vo / vf).

                                                                       10                                               © les Fiches du Cinéma 2019
Kabullywood
de Louis Meunier

Quatre amis étudiants décident de rénover le plus                                                                                 DRAME
                                                                                                                    Adultes / Adolescents
grand cinéma de Kaboul détruit par les talibans. C’est
oublier les fondamentalismes qui rongent la société                      u GÉNÉRIQUE
afghane. Sur fond d’histoire d’amour, un manifeste                       Avec : Roya Heydari (Shab), Omid Rawendah (Sikandar), Ghulam
bienfaisant en faveur de la culture et des libertés.                     Reza Rajabi (Mustafa), Mohammed Shaghasy (Qais), Naser Nahimi
                                                                         (Naser).
                                                                         Scénario : Ariel Nasr et Louis Meunier, d’après une idée de
                                                                         Laurent Maréchaux Images : Antoine Marteau Montage : Thierry
                                                                         Bréant Archives : Nicolas Baker 1er assistant réal. : Sayed Zohair
                                                                         Musawi Musique : Orange Blossom Son : Sayed Shahab Ahmadyar
                                                                         Production : Taimani Films et Afghan Films Producteurs : Louis
                                                                         Meunier, Shinrindad Dakouy et Sayed Jalal Rohani Dir. de
                                                                         production : Shirindad Dakouy et Sayed Jalal Rohani Distributeur :
                                                                         Destiny Films.

                                                       © Destiny Films

   HHH        S’arrêter à la seule puissance du message
porté par ce film de Louis Meunier serait injuste. Parti
sur place en 2002 avec un contrat humanitaire, resté
dix ans, le réalisateur rend d’abord un bel hommage à                               85 minutes. France - Afghanistan, 2017
la culture afghane des années 1970-1980. Sur le plan formel,                            Sortie France : 6 février 2019
malgré un évident manque de moyens, ses images, entre
                                                                         u RÉSUMÉ
documentaire et fiction, dévoilent avec tendresse une Kaboul
                                                                         Après la destruction de l’unique bar-spectacle de Kaboul dans
en ruines tendue à survivre entre hélicoptères, attentats,               un attentat, Shab, jeune étudiante pleine de vie, se met en
marchés et enfants malgré tout joyeux. Le plan du chien                  tête d’ouvrir un centre culturel. Avec son ami Sikandar,
observant depuis les hauteurs la ville derrière des barbelés             secrètement amoureux d’elle, et ses acolytes Qais et
et celui où le son des hélicoptères domine le concert de                 Mustafa, elle décide de rénover le cinéma Aryub, à l’abandon
musique traditionnelle et les montagnes environnantes                    depuis l’avènement des talibans. Entre ses murs vivent
sont de beaux moments de cinéma. Le scénario, lui, joue                  Naser, ancien projectionniste, et la dizaine d’orphelins
subtilement avec la tragédie des apparences : le général                 qu’il a recueillis. Sikandar demande à son père, le général
                                                                         Hazrat, l’autorisation d’y entamer des travaux, mais celui-ci
Hazrat laissant le cinéma fermé… pour le sauver ; Sikandar,
                                                                         refuse: c’est trop risqué, et il souhaite avant tout que son fils
dont les bonnes intentions seront dramatiques ; la mort                  se marie. Sikandar prétend toutefois avoir reçu son accord.
inattendue de Shab, douloureuse incarnation de la lutte                  Les travaux commencent. Maltraitée par son frère Khaled,
pour les libertés et la culture. Et puis il y a cette incroyable         qui voit d’un mauvais œil son amitié avec Sikandar, Shab
mise en abyme : Naser jouant son propre rôle au sein du                  se réfugie au cinéma, mais Khaled y met le feu.
cinéma Aryub, réellement reconstruit pour le film malgré                 SUITE... Alors que Shab veut porter plainte, elle découvre
les tirs à balles réelles, un incendie criminel et un attentat !         avec colère le mensonge de Sikandar. Khaled provoque alors
Jusqu’à Roya Heydari, restée au pays alors qu’elle vient                 un accident de voiture qui laisse Shab dans le coma. Qais et
d’être menacée de mort ! En faisant rimer résistance et                  Mustafa reprochent la situation à Sikandar et se détournent
espérance, Louis Meunier mue son témoignage en piqûre                    de lui. Chassé de chez lui après avoir volé les émeraudes
de rappel universelle et salutaire contre l’obscurantisme                que son père destinait à son mariage, Sikandar apprend
                                                                         par Naser que le général avait fait fermer le cinéma pour
- avec la culture pour vaccin. Voir ce film-manifeste relève
                                                                         le protéger des talibans. Il convainc ses amis d’achever
donc autant du plaisir que de la conscience, pour nous,                  la rénovation. Le jour de l’inauguration, le général Hazrat
d’appartenir à un monde privilégié. Mais sur fond de                     arrête Khaled, qui s’apprêtait à tout faire sauter. La fête
ce brûlant avertissement : la liberté, notamment celle                   est un triomphe. Shab meurt, mais Sikandar poursuit
des femmes, n’est jamais acquise. _G.To.                                 son combat pour la culture.

                         Visa d’exploitation : 142309. Format : Scope - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies.

                                                                   11                                              © les Fiches du Cinéma 2019
Mango (Strike)
de Trevor Hardy

L’ancien des studios Aardman Trevor Hardy signe                                                                                     AVENTURES
                                                                                                                                        Famille
un premier long enlevé sur les aventures d’une petite
taupe qui préfère le foot à la mine. Le charme                              u GÉNÉRIQUE
de l’animation en stop-motion opère grâce à des                             Avec les voix originales de : Lizzie Waterworth (Mango Morrison
personnages très sympathiques et des décors réussis.                        / Maggie), Ken Stott (le boss), Alex Kelly (Hedy / Jenny Morrison),
                                                                            Naomi McDonald (Ryan / la réceptionniste du conseil), Tom Turner
                                                                            (Garth Morrison), Dave Mounfield (Doug), Beth Chalmers (Xenia /
                                                                            Patrick), Jordan Long (Lewie), Nigel Anthony (Control), Neil James
                                                                            (Danny Bradshaw / Darren Biggins / Jacob / le représentant du
                                                                            conseil), Daniel Barker (Ron Hubble), Jacob Scipio (Jay “Mac”
                                                                            MacKenzie / Troy / le gérant du restaurant), Tim Dann (Kevin Slater
                                                                            / Harry Mosney), Kerry Shale (Terry Grenville / Benedict), Denis
                                                                            Khoroshko (le chauffeur de taxi russe), Trevor Hardy (l’insecte),
                                                                            Joshua Gosling Catchpole (Jasper), Hanna Cox (Liam).
                                                                            Scénario : Neil James et Mark Holloway Images : Chris Roe
                                                                            Montage : Daniel Harding Animation : William Hodge, Marjolaine
                                                                            Parot et Leo Nicholson 1ers assistants réal. : Chris Roe et Neil
                                                                            James Musique : Peter Michael Davison Son : Adrian Walter,
                                                                            Jason Heath et Will Morton Effets spéciaux : Mark Miko et Andrew
                                                                            Langsworthy Production : Gigglefish Producteurs : Edward
                                                            © Gigglefish    Catchpole et Jeremy Davis Distributeur : Septième Factory.

  HHH         On connaissait les personnages en pâte à modeler
d’Aardman, les studios britanniques de Wallace et Gromit,
Shaun le mouton ou Chicken Run. Il faut désormais aussi
compter avec Giggle Fish et ses petites créatures en laine,                                 95 minutes. Royaume-Uni, 2018
à même de remporter l’adhésion des petits spectateurs.                                       Sortie France : 6 février 2019
Annoncé pour un public à partir de 6 ans, Mango pourrait
                                                                            u RÉSUMÉ
aussi captiver des enfants un peu plus jeunes, dans
                                                                            Mango, une jeune taupe qui vit à Galerieville, rêve d’être
les conditions de projection adéquates. Trevor Hardy y raconte              footballeur, mais doit se plier à la tradition familiale.
les aventures d’une petite taupe qui rêve de devenir                        Son père Gaston l’emmène à son premier jour de travail
footballeur mais se plie aux traditions familiales et part                  à la mine, où Mango retrouve ses deux meilleurs amis,
travailler à la mine. Là, les ouvriers doivent faire face à                 Lili l’inventrice et Ryan le gourmand, ainsi que Maggie.
la cupidité d’un mystérieux Patron et sa femme à tout                       Mais, devant la mine, Xenia, qui travaille pour le patron
faire, Xenia, qui menacent de s’emparer de la mine si                       de Ravencorp, menace Gaston de racheter la mine.
les travailleurs ne parviennent pas à rembourser la banque.                 Les ouvriers doivent absolument trouver un filon d’or.
En découle un film d’aventures so british donc, d’abord pour                SUITE... Dans la mine, plusieurs machines ne fonctionnent pas
son utilisation très réussie des décors et des personnages en               correctement. Lili encourage Mango à ne pas abandonner
volume, ensuite pour les thèmes abordés et cette intrigue à                 son rêve et lui fabrique des lunettes spéciales, mais avec
                                                                            lesquelles Mango ne voit rien… Il finit par avouer à son père qu’il
mi-chemin entre Cro Man, Les Moomins et... Les Virtuoses
                                                                            veut jouer au foot. Ils se disputent. Alors que Gaston vient
pour son caractère social - et un message quasi-marxiste,                   de découvrir un filon d’or grâce à son sixième sens, Control,
puisque les ouvriers n’auront de cesse de vouloir s’affranchir              un vieil employé qui travaille pour Ravencorp, provoque
de l’autorité capitaliste du méchant chat (on pense au Spectre              une explosion. Gaston meurt. La mine ferme. D’abord déprimé,
de James Bond !), obnubilé par les filons d’or de la mine                   Mango découvre qu’il a hérité du sixième sens de son père et
et les résultats de son équipe de foot, le Chayern Munich.                  s’en sert au foot. Une vidéo de lui sauvant Maggie convainc
Pas sûr que les enfants comprennent toutes ces références,                  le sélectionneur de l’équipe d’Angleterre - dont les attaquants
mais ils se laisseront à coup sûr charmer par les petits                    ont été intoxiqués par Ravencorp, propriétaire du concurrent
                                                                            Chayern de Munich - de le sélectionner pour la Croupe du
héros de ce long métrage : Mango le fan de foot, Lili,
                                                                            monde. Mango brille et conduit l’équipe en finale, mais
sa meilleure amie inventrice, Ryan le gourmand ou encore                    sa mère et ses amis sont kidnappés. Mango réussit à se
Maggie, irrésistible avec son accent québécois très prononcé.               débarrasser des méchants, libérer ses proches et s’évader.
Le rythme est soutenu sans être fatigant, le récit ponctué                  Il arrive à temps au stade pour la deuxième mi-temps et fait
de scénettes délicieusement déjantées. _M.Q.                                gagner l’Angleterre. La mine rouvre. C’est la fête.

                      Visa d’exploitation : en cours. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD. 80 copies (vo / vf).

                                                                     12                                                 © les Fiches du Cinéma 2019
My Beautiful Boy (Beautiful Boy)
de Felix van Groeningen

Un père assiste, impuissant, à la chute d’un fils modèle                                                                                    DRAME
                                                                                                                              Adultes / Adolescents
devenu accro à la méthamphétamine. Première
incursion US pour van Groeningen, qui délivre un mélo                       u GÉNÉRIQUE
de bonne facture, quelque peu empêché par son souci                         Avec : Steve Carell (David Sheff), Timothée Chalamet (Nic Sheff),
de délicatesse. Carell est parfait, Chalamet agace.                         Maura Tierney (Karen Barbour), Christian Convery (Jasper Sheff),
                                                                            Oakley Bull (Daisy Sheff), Kaitlyn Dever (Lauren), Amy Ryan (Vicki
                                                                            Sheff), Stefanie Scott (Julia), Julian Works (Gack), Kue Lawrence
                                                                            (Nic, de 4 à 6 ans), Jack Dylan Grazer (Nic, à 12 ans), Ricky Low (Destiny),
                                                                            Marypat Farrell (la mère de Julia), Amy Forsyth (Diane), Andre
                                                                            Royo (Spencer), Mandeiya Flory (Kit), Timothy Hutton (le docteur
                                                                            Brown), Jeff Adler (Smileyman), Edward Fletcher (le pasteur),
                                                                            Sasha Jackson (l’ambulancière), LisaGay Hamilton (Rose), Carlton
                                                                            Wilborn (Vince), Justin Earle (lui-même), Nikki Snipper, Martha T.
                                                                            Newman, Brooklin Thacher, Michael Patrick McGill, Frederick
                                                                            Lawrence, Tom Choi, Sam Dillon, Anastasia Leddick, Minerva
                                                                            García, Zachary Rifkin, Brandon Ciengfuegos, Cheska Corona.
                                                                            Scénario : Luke Davies et Felix van Groeningen D’après : les ouvrages
                                                                            Beautiful Boy de David Sheff (2008) et Tweak de Nic Sheff (2009)
                                                                            Images : Ruben Impens Montage : Nico Leunen 1er assistant réal. :
                                                                            George Bamber Scripte : Barry L. Caldwell Son : Lisa Pinero
                                                           © Metropolitan   Décors : Ethan Tobman Costumes : Emma Potter Dir. artistique :
                                                                            Patrick M. Sullivan Jr. Maquillage : Jean Black Casting : Francine
                                                                            Maisler Production : Plan B Entertainment Pour : Amazon Studios
    HH         Cette première incursion états-unienne de Felix
                                                                            Production associée : Big Indie Pictures Producteurs : Brad Pitt, Dede
van Groeningen (Alabama Monroe), au récit inspiré d’une histoire
                                                                            Gardner et Jeremy Kleiner Distributeur : Metropolitan Filmexport.
vraie, et qui suppose deux appels du pied à l’académie des
Oscars (le wonder boy Timothée Chalamet en ado accroc à                                       112 minutes. États-Unis, 2018
la méthamphétamine, Steve Carell en père courage), pouvait                                    Sortie France : 6 février 2019
laisser craindre le pire. Dans ses moments les plus singuliers,
                                                                            u RÉSUMÉ
les plus revêches en définitive, le film trouve pourtant un ton qui
                                                                            En couple avec Karen, dont il a deux enfants, David Sheff,
lui semble propre, et peut alors s’envisager comme un récit                 journaliste, entretient une relation privilégiée avec son premier
de possession (aucun traumatisme, ni contexte social - toutes               fils, Nicholas, dit Nic, qu’il a eu d’un premier mariage
raisons éminemment confortables -, n’explique l’addiction                   avec Vicki, et dont il a la garde. Doué pour les études, féru
du personnage, fils modèle soudainement zombifié), et                       d’écriture et de dessin, Nic s’apprête à entrer à l’université.
la relation père-fils s’assortit d’enjeux crève-cœur : se résoudre          Mais un jour, il disparaît sans laisser de trace ; il refait
à faire le deuil de l’enfant qu’on a connu (quand bien même                 surface deux jours plus tard, manifestement sous l’emprise
celui-ci vit encore) ; se guérir de l’idée que l’on peut tout pour lui      de drogue. Conduit dans un centre de désintoxication,
                                                                            il avoue son addiction à la méthamphétamine. En dépit
(autant dire, prendre un sacré coup à l’amour-propre). Hélas
                                                                            d’une rechute, il quitte le centre sevré et entre à l’université.
le film n’est pas exempt de passages plus attendus (les flash-              Il y rencontre une fille, mais ne tarde pas à replonger. David
backs par lesquels le père se remémore son bonheur évanoui :                le découvre et confronte Nic, qui part.
autrefois, dans cette même voiture, dans cette même chambre,
                                                                            SUITE... David reçoit l’appel d’un hôpital new-yorkais : Nic a
nous étions heureux et complices), et le souci de délicatesse par           fait une overdose. David s’envole pour New York, où, contre
lequel van Groeningen a voulu se prémunir contre toute pente                l’avis médical, Nic a quitté l’hôpital, avant de retrouver
ostensiblement lacrymale est un autre écueil possible, pour                 celui-ci dans un café. Il est convenu d’envoyer Nic chez
produire l’un de ces mélos sous thermostat dont on a l’impression           Vicki, à Los Angeles, où, grâce notamment à son référent,
qu’ils passent leur temps à faire un créneau. D’autant plus                 Spencer, lui-même ancien addict, il décroche. Mais à
que l’auteur ne résiste pas à la tentation d’intégrer, in extenso           la suite d’un week-end passé chez David, Nic se rend à San
ou peu s’en faut, et de façon mécanique, des morceaux de                    Francisco et tombe sur une connaissance, Lauren, avec
                                                                            laquelle il rechute et, dès lors, mène une vie de junkie. Après
musique (le Song to The Siren de Tim Buckley, un long
                                                                            que Lauren a failli succomber à une overdose, Nic supplie
passage de la Symphonie n°3 de Gorecki...) qui, sans doute, lui             David de l’accueillir. Mais Karen a convaincu David qu’il
sont chers, mais dont on ne voit pas toujours ce qu’ils font là.            ne pouvait plus rien pour son fils. Victime d’une overdose,
Très appliqué - et pour cela même coopté par l’industrie -,                 Nic survit par miracle. David et Vicki le retrouvent à l’hôpital.
van Groeningen fait le job, sans plus. _T.F.                                Huit ans plus tard. Nic n’a pas rechuté.

                                  Visa d’exploitation : 150176. Format : 1,85 - Couleur - Son : Dolby SRD.

                                                                      13                                                    © les Fiches du Cinéma 2019
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