SOMMEIL UN CARNET POUR MIEUX COMPRENDRE
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QU’EST-CE QUE LE SOMMEIL ? Le sommeil représente plus d’un tiers de Le rôle du sommeil dans la survenue ou la notre vie. Il est déterminant pour la crois- prévention des maladies ou leur aggrava- sance, la maturation cérébrale, le déve- tion nécessite d’y accorder une attention loppement et la préservation de nos ca- rigoureuse. Considérer le sommeil comme pacités cognitives. Il est essentiel pour un élément d’éducation et de prévention, l’ajustement de nombreuses sécrétions au même titre que d’autres préoccupations hormonales et pour le maintien de notre comme la nutrition, est indispensable. température interne. On sait aujourd’hui Pour vous y aider, l’Institut National du que la réduction du temps de sommeil ou Sommeil et de la Vigilance met à votre dis- l’altération de sa qualité favorisent pro- position ce Carnet du Sommeil. bablement la prise de poids et l’obésité. Enfin, la mise au repos de notre système Ce document, validé par des experts, cardiovasculaire au cours du sommeil est contient un agenda du sommeil qui vous l’un des enjeux de prévention des années permettra de noter vos habitudes de som- à venir. meil au quotidien et/ou vos difficultés : un outil précieux, recommandé par les spé- cialistes du sommeil, qui doit faciliter les échanges sur vos problèmes de sommeil avec votre médecin. Par ailleurs, cet outil est un réel guide pour mieux comprendre le sommeil, son impact sur la vie quotidienne, ses enjeux socio- économiques, ainsi que les conséquences physiques et psychologiques de son alté- ration. Enfin, les quelques conseils et méthodes présentés dans ce document vont vous permettre de faire le point parmi certaines idées reçues et de mettre en place votre propre stratégie du “mieux dormir”, en amé- liorant votre hygiène de sommeil ou en re- cherchant des anomalies au cours du som- meil évocatrices de maladies spécifiques. 3
POURQUOI DORT-ON ? Le sommeil joue un rôle important La réponse paraît limpide : et les conséquences on dort pour récupérer ! L’organisation et les fonc- d’un mauvais sommeil tions du sommeil s’intè- ont un impact sur : grent dans l’évolution des espèces, de la cellule à l’homme. Avec l’appari- tion du système nerveux Le maintien de la vigilance à l’état de veille primitif apparaît la fonction (risque de somnolence diurne et de troubles “sommeil”. Lorsque l’orga- de l’attention). nisme est en phase de “re- Le maintien de la température corporelle pos”, les connexions neu- tout au long des 24 heures. ronales se réorganisent, ce La reconstitution des stocks énergétiques qui lui permet de s’adapter des cellules musculaires et nerveuses. à son environnement. Le sommeil possède plusieurs La production d’hormones et en particulier l’hormone de croissance et la mélatonine. fonctions particulières, indissociables de l’état de La régulation de fonctions telles que la veille et mettant en jeu de glycémie (perturbation du métabolisme du sucre, favorisant surpoids et risque de nombreux mécanismes diabète). physiologiques : sécrétions hormonales, régénération L’élimination des toxines. cellulaire (peau, muscle…), La stimulation des défenses immunitaires. mémorisation etc. Dormir permet ainsi une La régulation de l’humeur et de l’activation du stress. récupération physique, psychologique et intellec- Les mécanismes d’apprentissage et de mé- tuelle… le sommeil prépa- morisation. re à l’état de veille qui suit. Et bien d’autres fonctions à découvrir…
LES RYTHMES VEILLE-SOMMEIL ET L’ORGANISATION DU SOMMEIL LES RYTHMES ET L’ORGANISATION DU SOMMEIL Notre vie quotidienne est rythmée par les états de veille et de sommeil, deux états physiologiques fondamentaux. Le som- meil n’est pas continu, il est constitué de différents stades qui s’organisent de fa- çon identique au cours de la nuit. En fonction de l’âge, il existe des modifi- cations notables de la durée du sommeil et de la répartition des divers stades de sommeil. LES STADES DE SOMMEIL Que ce soit chez l’enfant, l’adolescent, l’adulte ou la personne âgée, on rencontre les mêmes stades de sommeil. Ces stades sont répartis entre sommeil lent (ou sommeil calme chez le nouveau- né) et sommeil paradoxal. • Le sommeil lent comporte les stades N1 et N2 qui correspondent au sommeil léger, et le stade N3 qui est le sommeil profond. • Le sommeil paradoxal (appelé aussi sommeil à mouvements oculaires rapides, « Rapid eye movements » ou REM en an- glais) est également nommé sommeil agi- té chez le nouveau-né. C’est au cours de cette phase que se “logent” les rêves dont on se souvient le mieux. 5
QU’EST-CE QU’UN CYCLE DE SOMMEIL ? Le sommeil est constitué de plusieurs cy- cles successifs (4 à 6). Un cycle de som- meil dure environ 90 minutes chez le jeune adulte. Chaque cycle commence par du sommeil léger et se termine par du som- meil paradoxal. On représente l’évolution de la nuit et des différents cycles de sommeil sous forme d’un hypnogramme. Les cyles contiennent des proportions variables de sommeil N1, N2, N3 et paradoxal. Le sommeil profond est surtout présent dans la première moi- tié de la nuit alors que les sommeils lé- ger et paradoxal sont plus abondants en deuxième moitié de nuit. La nuit d’une jeune personne comporte donc plusieurs cycles d’environ 90 minutes, comme le montre l’hypnogramme ci-dessus.
EVOLUTION DE L’ORGANISATION DES RYTHMES VEILLE-SOMMEIL AU COURS DE LA VIE On retrouve les mêmes stades de sommeil des heures de sieste, de coucher et de lever... tout au long de la vie, mais leur organisa- Ils vont progressivement permettre de sta- tion évolue. biliser le rythme veille-sommeil sur l’alter- nance jour/obscurité. Le comportement des parents est essentiel à CHEZ LE FOETUS : l’établissement d’un rythme jour-nuit stable de 24 heures. Le sommeil est étudié grâce au rythme activité-repos. Ceci a permis d’observer que le fœtus dort mais pas forcément en Principales caractéristiques du même temps que sa mère. L’organisation du sommeil chez le fœtus varie au cours de cycle des stades de sommeil et son développement. Après 36 semaines de de vigilance du nouveau-né : gestation (8ème mois environ), la structure du sommeil est très proche de celle retrou- • Une durée globale de sommeil vée chez le nouveau-né. de 16 à 17 heures par 24 heures • Des cycles de sommeil très CHEZ LE NOUVEAU-NÉ nombreux : 18 à 20 cycles par 24 À TERME : heures. • Une répartition des cycles sur Le sommeil est abondant et plus de la moi- 24 heures. Le nouveau né ne fait tié est du sommeil agité. Les deux premières pas encorele distinction jour/ années d’un enfant sont primordiales pour nuit. sa vie de futur “dormeur”. Au cours de cette période, se développent les principales ca- • Des états de sommeil équiva- ractéristiques du sommeil, déterminantes lents à ceux de l’adulte pour un bon sommeil à l’âge adulte. Le ryth- me veille-sommeil sur 24h se met en place progressivement au cours des 4 à 6 premiè- Vers l’âge de 3 mois, la structure res semaines de vie grâce à la maturation du sommeil évolue et on peut cérébrale et aux «donneurs de temps». Ces donneurs de temps sont, en début de vie, les alors reconnaitre tous les stades relations mère-bébé, les prises alimentaires décrits chez l’adulte. à heures régulières, l’alternance lumière- obscurité..., puis ultérieurement la régularité 7
CHEZ L’ENFANT L’ÉVOLUTION DU SOMMEIL SE FAIT PAR ÉTAPES : Dès 3 mois : le sommeil agité fait place au sommeil paradoxal (stable) rencontré chez l’adulte. Le sommeil calme laisse la place Le sommeil lent profond occu- au sommeil lent. pe une bonne partie de la nuit, favorisant ainsi la survenue À partir de 6 mois : les endormissements se de comportements, en général font en sommeil lent comme chez l’adulte sans gravité, tels que : et le grand enfant. • Les éveils confusionnels À 9 mois : la structure du sommeil ressem- • Les terreurs nocturnes ble à celle de l’adulte à peu de choses près • Le somnambulisme et le sommeil devient rapidement stable au cours des 4 premières heures. Entre 9 mois et 6 ans : Les siestes dispa- raissent progressivement. Les caractéris- tiques du sommeil changent. La première partie de la nuit est presque exclusivement composée de sommeil lent profond, ac- compagné de réveils incomplets. La secon- de partie présente des éveils brefs accom- pagnant chaque changement de cycle. On observe alors une stabilisation du sommeil paradoxal et une augmentation du som- meil lent. Entre 6 et 12 ans : le sommeil est stable et les réveils sont très brefs.
À L’ADOLESCENCE : L’organisation du sommeil nocturne de l’adolescent est proche de celle de l’adulte. Les grands bouleversements hormonaux Les conséquences possibles et les modifications comportementales des anomalies du sommeil qui surviennent à cette période ont un im- chez les adolescents : pact non négligeable qui se traduit par : • Une irritabilité augmentée : colères fréquentes et inso- • Une diminution importante du sommeil lence par exemple. lent profond (le plus récupérateur) au pro- fit du sommeil lent léger. • Des envies de bouger sans cesse. • Un retard de phase fréquent : couchers et levers tardifs en raison du travail scolaire • Des troubles de la concen- abondant, des sorties plus fréquentes, des tration, de l’attention et de activités telles que jeux vidéo ou discus- mémorisation, une difficulté sions sur internet le soir, et opposition au à élaborer des projets. comportement familial d’un coucher plus précoce. Cette tendance au décalage a • Un manque de lucidité vis-à- aussi des causes biologiques avec une en- vis des actes commis (prises vie de dormir plus tardive à cet âge. de risques inconsidérés, com- portements à risque). • Des contraintes horaires (cours, rythme scolaire, etc.), non compatibles avec le be- • Une prise de poids. soin de sommeil accru des adolescents, qui peuvent les mettre dans un état de “man- • Une augmentation du risque que” de sommeil quasiment chronique (le d’ anxiété ou de dépression. déficit étant évalué environ à 2h par jour en période scolaire). Ces effets disparaissent lors- que l’adolescent peut dormir • Une récupération le week-end avec des suffisamment et avec des grasses matinées. horaires compatibles avec son activité. 9
CHEZ L’ADULTE : L’adulte est confronté à deux contraintes agissant habituellement sur le sommeil : • Les contraintes professionnelles : les ho- raires de début et de fin de travail, le temps du trajet, le stress au travail perturbent souvent le sommeil des adultes. De plus, 25% des adultes travaillent de nuit ou avec des horaires atypiques. • Les contraintes familiales : les jeunes enfants, la vie de famille perturbent princi- palement le sommeil des mamans, souvent D’après les sondages réalisés pour l’INSV durablement. (questionnaires établis par le Conseil scientifique de l’INSV, sauf en 2008 en- quête INPES) la durée moyenne de som- meil par 24 heures est la suivante :
CHEZ LES PERSONNES AGÉES : Les limites entre Avec l’âge, le rythme veille-sommeil chan- ge, au même titre que toutes les fonctions le sommeil nor- physiologiques, ceci implique : mal et le sommeil • Une modification de la répartition du pathologique sont sommeil sur 24 heures : à partir de 60 ans, nous dormons moins profondément la parfois difficiles nuit. à définir chez les • Un délai d’endormissement allongé. personnes âgées. • Une augmentation de la fréquence des troubles du sommeil : apnées du sommeil, insomnies, syndrome des jambes sans re- pos. • Une augmentation du nombre et de la du- rée des éveils nocturnes. • Des modifications de l’architecture du sommeil : disparition du sommeil lent pro- fond et diminution du sommeil paradoxal. • Un décalage de phase fréquent avec un coucher de plus en plus tôt (on dit qu’il y a une avance de phase), aggravé par le ryth- me de vie en institution. Ces phénomènes expliquent pourquoi les personnes âgées se plaignent souvent d’un mauvais sommeil (sommeil fragmen- té, instable, difficultés pour retrouver le sommeil). 11
LE SOMMEIL EST COMPOSÉ DE STADES IDENTIQUES AU COURS DE LA VIE MAIS SON ORGANISATION VARIE BEAUCOUP ET LES VARIATIONS INTER ET INTRA-INDIVIDUELLES SONT NOMBREUSES. AUTREMENT DIT, NOUS NE SOMMES PAS TOUS ÉGAUX FACE AU SOMMEIL.
MON AGENDA POUR LE SOMMEIL COMPRENDRE ET PRENDRE SOIN DE SON SOMMEIL Vous souhaitez mieux connaître vos habitudes de sommeil ? Vous vous posez des questions sur la qualité de votre sommeil ? Vous avez des problèmes de sommeil et vous ne savez pas comment les résoudre ? Remplissez l’agenda et présentez-le à votre médecin au cours d’une première consultation. Vous pourrez faire le point ensemble et trouver des solutions adaptées. NOM : …………………………………………………………………………..................... PRENOM : …………………………………………………………………….................... MES NOTES SUITE A MA CONSULTATION DU ………/………/20…….......... ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………............................................... 13
DATE sommeil ou sieste Heure de mise au lit Heure de lever Somnolence dans la journée
Petit éveil Temps de travail Notation de 1 à 10 Heure de repas
RÉUNIR LES CONDITIONS FAVORABLES POUR UN SOMMEIL DE BONNE QUALITE RECOMMANDATIONS DE L’INSV • Adopter des horaires de sommeil régu- • Repérer les signaux du sommeil liers. Se coucher et se lever à des heures (bâillements, yeux qui piquent) . régulières facilite en effet le sommeil. • En cas de réveil le matin même très tôt, • Se lever tous les jours à la même heure, se lever et commencer la journée. Ne pas week-end compris, a un effet synchroni- chercher à tout prix à se rendormir. seur du rythme veille-sommeil. • Ne pas utiliser de médicaments pour • Le réveil doit être dynamique pour bien dormir sans avoir consulté votre médecin. éveiller son corps : lumière forte, exerci- ces d’étirement, petit déjeuner complet. • Au lit, éviter la télévision, le travail, le repas. • La pratique d’un exercice physique régulier dans la journée favorise l’endormisse- ment. Eviter l’exercice physique en soirée, en particulier avant d’aller dormir. • Se reposer ou faire une courte sieste en CE QUI DOIT ATTIRER VOTRE ATTENTION début d’après-midi. Il suffit de fermer les ET VOUS FAIRE CONSULTER UN MÉDECIN yeux 5 à 20 minutes en relâchant le corps. Le sommeil viendra rapidement si le be- soin est là. La sieste permet de maintenir Vous avez du mal à vous endormir la vigilance pour le reste de la journée. Vous vous réveillez trop tôt Vous avez des sensations désagréables • Eviter les excitants après 16 heures. dans les jambes qui vous empêchent Café, thé, cola, vitamine C retardent l’en- de dormir dormissement et augmentent les réveils Vous êtes fatigué le matin nocturnes. Vous avez des envies de dormir la journée • Eviter l’alcool et le tabac le soir. Vous luttez pour rester actif La nicotine est un stimulant qui retarde Votre sommeil est agité, votre entourage l’endormissement, augmente les réveils s’inquiète du ronflement et des arrêts de nocturnes et rend le sommeil plus léger. la respiration au cours du sommeil L’alcool a une action sédative mais fa- vorise l’instabilité du sommeil avec des éveilsnocturnes fréquents.
LA PLACE DE NOTRE SOMMEIL DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE Sommeil et état de veille sont étroitement atypiques tend à se généraliser par souci liés, les activités pratiquées à l’état de de rentabilité, en particulier dans le sec- veille peuvent avoir un retentissement sur teur des services où la mondialisation im- notre sommeil et vice-versa. Certaines pose des horaires décalés. peuvent lui être préjudiciables, d’autres favorables. Les gardes de nuit génèrent des ré- veils fréquents non compatibles avec SOMMEIL ET TRAVAIL les cycles de sommeil. Elles désorga- nisent le rythme veille-sommeil, ce Le travail peut influencer à plus d’un titre qui implique un besoin de “récupérer” notre sommeil. dans la journée. Les déplacements, en particulier à L’ORGANISATION DU TRAVAIL l’étranger, provoquent un phénomène de “Jet Lag” (ou décalage horaire) qui Le sommeil est fréquemment conditionné s’additionne à un emploi du temps par le travail et en particulier lorsque les surchargé. entreprises mettent en place des rythmes de travail souvent peu compatibles avec les rythmes biologiques. LES CONDITIONS DE TRAVAIL Le travail à horaires atypiques (ex : le 20 % des personnes qui souffrent d’in- travail en 3 X 8) : les horaires sont alter- somnie mettent en cause leur emploi du nants, ce qui porte préjudice à la qualité temps surchargé, des conflits ou des li- et à la quantité de sommeil, en particulier cenciements. Les personnes concernées lors des premiers jours de changement de par des troubles du sommeil consécutifs postes. Le sommeil de jour est moins récu- au travail entrent dans un cercle vicieux. pérateur (en général un peu plus court et La mauvaise qualité de leur sommeil a avec moins de sommeil profond) que celui souvent un retentissement non négligea- de nuit car il est peu adapté à nos rythmes ble sur leur travail : chronobiologiques. Il est aussi peu compatible avec les res- Diminution des performances ponsabilités familiales. Erreurs de jugement Il génère des dettes de sommeil (diminu- Fautes graves tion de 1 à 2 heures par jour de la quantité Accidents (somnolence des de sommeil) qui suscitent des difficultés conducteurs professionnels) d’endormissement. Le travail à horaires Absentéisme 17
SOMMEIL ET SCOLARITÉ Le rythme scolaire et les rythmes biologi- ques de l’enfant sont-ils en harmonie ? Avec un rythme de 4 jours travaillés pour 3 UNE IDÉE REÇUE À ÉCARTER : jours de repos, on pourrait penser que les SE COUCHER TARD ET SE LEVER enfants ont largement la possibilité de ré- TARD ÉQUIVAUT À SE COUCHER cupérer. Or, les résultats d’études sur l’im- TÔT ET SE LEVER TÔT pact de la semaine de 4 jours et les cassu- res de rythme montrent le contraire : La durée de la nuit étant la même, on pourrait être amené à le pen- ser. C’est oublier que ce com- portement incite au décalage de phase du sommeil par rapport à un environnement favorable au sommeil. En effet, en deuxième partie de nuit le sommeil est plus exposé aux nuisances extérieures (lumière, bruit, température etc.). Ces facteurs environnementaux nuisent à la qualité du sommeil et la récupération s’en trouve amoin- Les journées de travail sont longues et drie. fatigantes pour les élèves (baisse de vigi- Pour garder une bonne régulation lance et de performance en classe, absen- de son horloge biologique, il est téisme accru de l’enfant). préférable de se lever toujours à la même heure le matin, même si on Les couchers tardifs sont plus fréquents. s’est couché tard. Si la nuit a été trop courte, la récupération sera Les ruptures du rythme veille-sommeil meilleure la nuit suivante. sont également plus fréquentes en raison des différents horaires d’endormissement L’IRRÉGULARITÉ DU CYCLE le mardi soir et le week-end. VEILLE-SOMMEIL ET LE DÉCA- LAGE DE PHASE CONSTITUENT La régularité du rythme veille-sommeil CHEZ L’ENFANT UN RISQUE MA- semble être seule garante de la bonne JEUR DE TROUBLES DU SOMMEIL forme des élèves le lendemain.
SOMMEIL ET ACTIVITE PHYSIQUE De nombreuses études sur la présence ou l’absence d’activité physique au quotidien ont donné lieu à plusieurs conclusions. L’absence d’activité physique entraîne : Des études montrent que la pratique ré- gulière d’une activité physique (1h à 1h30 Sédentarisation d’activité 3 fois par semaine pendant 4 mois, ou 30 à 45 minutes par jour) suffit Diminution de la qualité et de la quantité à améliorer la qualité du sommeil, la vi- de sommeil gilance diurne et les performances aux Diminution de l’envie de se dépenser tests cognitifs et psychomoteurs. physiquement C’est pourquoi l’activité physique est re- Diminution de la vigilance à l’état de veille commandée pour favoriser un sommeil de Mise en place d’un cercle vicieux menant qualité, particulièrement chez les person- à l’insomnie nes âgées. Problèmes de mémoire et de concentra- Cependant, pour être réellement efficace, tion l’activité physique doit être : Maux de tête, douleurs musculaires De préférence une activité d’endurance : vélo, natation, marche à pied, course À l’inverse, une activité physique D’intensité modérée et d’allure régulière régulière implique : Régulièrement pratiquée : 1/2 heure mini- Endormissement plus rapide mum au moins 3 à 4 fois par semaine et au Réveils nocturnes moins fréquents mieux tous les jours Augmentation du sommeil profond (le plus récupérateur) Pratiquée en fin d’après-midi avant 19 heures, surtout en cas d’insomnie Stades et cycles de sommeil plus réguliers Pratiquée à l’extérieur, afin de profiter de Augmentation de la durée de sommeil l’exposition à la lumière du jour Augmentation de la vigilance diurne 19
SOMMEIL ET FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX Lorsque l’on dort, l’organisme est au repos LA LUMIÈRE mais il continue à recevoir des stimuli du monde extérieur. C’est pourquoi le som- C’est l’obscurité la plus complète qui favo- meil est fragile et susceptible d’être per- rise la meilleure sécrétion de mélatonine turbé par de nombreux facteurs environ- et un sommeil de bonne qualité. Maintenir nementaux. une lumière même faible peut favoriser les éveils la nuit. Par contre le matin, la possi- bilité de lumière extérieure entrant dans la chambre favorise un bon éveil. LE BRUIT Les personnes interrogées mettent le plus fréquemment en cause le bruit. Il peut provoquer des réveils conscients ou in- conscients suivis par de nouvelles diffi- cultés d’endormissement au cours de la nuit. Une diminution de la vigilance diurne et la nécessité de repos compensateurs (sieste) en résultent. Les conséquences médicales d’une exposition prolongée au L’ENTOURAGE ET L’ÉDUCATION bruit sont aussi importantes : insomnie, mais aussi conséquences cardiovasculai- res (hypertension) et psychiques (dépres- Les relations parents-enfants, l’environ- sion, anxiété). nement, la régularité de l’organisation in- fluencent l’avenir du dormeur, la tendance à dormir plus ou moins et à être du soir LA TEMPÉRATURE ou du matin. Il a été démontré que des in- terventions trop fréquentes la nuit de la Les Français s’en plaignent moins que le part des parents encouragent le bébé à bruit mais ses effets ne sont pas moin- s’éveiller complètement et à signaler son dres. L’être humain a perpétuellement be- réveil. soin de réguler sa température à un niveau En conséquence, pour que les jeunes en- stable (37 °C). Aussi, toute fluctuation im- fants prennent l’habitude de se rendormir portante de la température externe génère rapidement, mieux vaut les rassurer avant des réactions physiologiques de maintien le sommeil et ne pas trop céder à leurs de cette température qui sont de nature à pleurs. perturber le sommeil.
LES PATHOLOGIES DU SOMMEIL LES PATHOLOGIES DU SOMMEIL SONT ENCORE INSUFFISAMMENT CONNUES ET Pour diagnostiquer ces maladies, le mé- PEUVENT AVOIR decin généraliste est essentiel et l’avis d’un spécialiste du sommeil peut être né- DE GRAVES cessaire. Pour beaucoup de troubles du sommeil (insomnies, décalage de phase, CONSÉQUENCES. horaires atypiques), l’agenda du sommeil est un outil de dialogue précieux car il est le témoin de la quantité et de la qualité du sommeil ressentie par la personne. Dans certains cas spécialisés, un enregis- trement du sommeil sera nécessaire. Ces maladies se caractérisent par : • Une diminution ou une augmentation anormale de la durée du sommeil • Une détérioration significative de la qualité du sommeil • Une atteinte de la vigilance la journée : survenue d’épisodes de somnolence à des moments inappropriés (en pleine journée) 21
L’INSOMNIE L’anxiété, le stress et la dépression sont L’insomnie est une à l’origine de plus de la moitié des insom- nies. maladie grave, Chez l’anxieux, il s’agit le plus souvent de difficultés d’endormissement. La personne plus ou moins ne parvient pas à se relaxer, de nombreu- ses pensées et préoccupations survenant chronique, qui au moment du coucher. En cas de stress, les difficultés prédominantes touchent la touche 1 Français seconde moitié de nuit avec l’impression de somnoler à partir de 4 ou 5 heures du sur 5. matin. 9% en souffrent La dépression se traduit principalement par des éveils précoces en milieu et fin de sévérement. nuit. L’insomnie peut être le premier signe d’une dépression. Elle se manifeste par des diffi- cultés d’endormissement, des L’insomnie peut parfois être secondaire à réveils au cours de la nuit avec différentes maladies telles que le reflux difficultés pour se rendormir, gastro-œsophagien, la dépression, l’asth- un réveil trop précoce le matin me nocturne, des douleurs, les troubles et/ou une sensation de sommeil prostatiques ou endocriniens. non récupérateur survenant au moins trois fois par semaine L’insomnie peut être liée à l’environnement depuis au moins un mois. de vie (bruit, température, rythme de vie Elle s’accompagne toujours de défavorable, abus d’alcool ou de médica- conséquences dans la journée : ments). fatigue, difficultés de concen- tration ou d’attention, irritabilité, L’insomnie psychophysiologique pour la- altération de la qualité de vie. quelle on ne retrouve pas de cause est fré- quente. Elle apparaît généralement après une pé- riode d’insomnie dont la cause est connue. Alors que la cause a disparu, l’insomnie persiste par un mécanisme de condition- nement qui s’auto-entretient essentielle- ment par la peur de ne pas dormir. Elle évo- lue ensuite pour son propre compte.
LE SYNDROME DES JAMBES SANS REPOS Le mécanisme de cette pathologie, qui touche 5 % de la population adulte, n’est pas connu. Cependant il semble qu’une activité insuffisante de certains neurones, une carence en fer, une insuffisance rénale ou encore un diabète peuvent en être la cause. Quatre éléments définissent ce syndrome : Les impatiences : souvent difficiles à défi- nir avec parfois des sensations douloureu- ses au niveau des membres inférieurs, el- les surviennent ou s’aggravent nettement le soir ou la nuit donnant un rythme parti- culier à ce symptôme Les impatiences sont favorisées par l’im- mobilité, d’où leur exacerbation en position allongée le soir au lit entraînant la possible apparition d’une insomnie d’endormisse- ment. Elles sont plus ou moins soulagées par le mouvement. Dans 80% des cas, sont constatés la nuit des mouvements involontaires périodiques au cours du sommeil dont la personne n’a pas conscience. Ils touchent surtout les muscles des jambes et se manifestent par une flexion du pied et des orteils. Ces mou- vements inconscients sont responsables d’une désorganisation et d’une fragmenta- tion du sommeil qui peuvent entraîner une altération de sa qualité. 23
LES APNÉES DU SOMMEIL Elles affectent environ 4 % des hommes et Les apnées du sommeil peuvent être déce- 2 % des femmes et sont plus fréquentes lées grâce au conjoint (en raison des ron- après 50 ans (environ 10% des personnes flements par exemple). à 50 ans). Elles consistent en une obstruc- Les pathologies associées sont l’hyperten- tion du pharynx empêchant le passage de sion artérielle et les atteintes cardiovascu- l’air. Cette obstruction provoque un arrêt laires en général. Le risque d’accident vas- de la respiration qui ne peut recommen- culaire cérébral est augmenté de 2 à 3 fois. cer qu’à la faveur de micro-éveils très fré- Des enregistrements du sommeil sont à quents : plusieurs dizaines, parfois des même de confirmer le diagnostic. centaines d’apnées sont observées dans une même nuit. Les facteurs favorisant les apnées Différentes solutions existent pour lutter du sommeil sont essentiellement le contre cette pathologie : surpoids ou une morphologie particuliè- re (menton court rejeté vers l’arrière par Le traitement de référence est la mise en exemple). L’excès d’alcool et la prise de place d’un masque nasal qui insuffle de certains médicaments peuvent également l’air dans les voies aériennes empêchant favoriser les apnées. ainsi le ronflement et la fermeture du pha- rynx. Il s’agit d’un traitement dit en « pres- sion positive continue ou PPC ». Plusieurs symptômes peuvent caractériser les apnées du sommeil : L’amélioration des comportements alimen- taires est recommandée: en particulier Des ronflements très bruyants qui se supprimer l’alcool le soir, limiter si possi- répètent sur une partie ou toute la nuit ble certains médicaments notamment les somnifères, perdre du poids. Une impression de ne pas avoir “récupéré” pendant la nuit La mise en place d’un appareil dentaire spécifique « l’orthèse d’avancée mandibu- Souvent une somnolence dans la journée, laire » uniquement la nuit est possible pour en particulier en cas d’inactivité les cas peu sévères. Des troubles de la mémoire et de Un traitement positionnel peut être envisa- l’attention gé lorsque les apnées ne surviennent que sur le dos. Une irritabilité et une baisse de la libido Une envie d’uriner la nuit
LES HYPERSOMNIES La narcolepsie, une maladie rare Elle est probablement d’origine auto-im- mune. Elle se caractérise par des endormis- sements incontrôlables, parfois dans des situations très actives comme au travail ou L’HYPERSOMNIE IDIOPATHIQUE au cours de discussions en famille ou avec des amis . Cette maladie est beaucoup plus Plus rarement peut survenir un relâche- rare. Elle est caractérisée par un ment musculaire brusque ou cataplexie allongement pathologique du induit par une émotion ou un fou rire, des temps de sommeil, une somno- paralysies du sommeil (la personne se lence diurne importante et un réveille et ne peut plus bouger pendant sommeil non récupérateur. quelques instants), des hallucinations (au réveil ou lors de l’endormissement) et des perturbations du sommeil nocturne. Cette maladie est attribuée à la perturba- Les hypersomnies peuvent être tion de sécrétion d’un neurotransmetteur: d’origines psychiatriques, infec- l’hypocrétine. Elle a pour conséquence un tieuses, neurologiques ou endo- fonctionnement anormal des mécanismes criniennes. de régulation du cycle veille-sommeil. L’ori- Les solutions passent par des sti- gine de cette disparition n’est pas connue, mulants de l’éveil qui sont effica- elle pourrait être d’origine génétique ou im- ces. munologique. Sa prise en charge implique une bonne gestion du sommeil avec notamment la pratique de siestes diurnes qui sont ra- fraîchissantes. Différents traitements mé- dicamenteux permettent de stimuler la vigilance. La prise en charge de cette pa- thologie permet une nette amélioration de la qualité de vie. 25
SOMMEIL, VIGILANCE ET CONDUITE Une altération ou une diminution de la AU POSTE DE TRAVAIL qualité et de la quantité de sommeil peu- vent entraîner une baisse de vigilance. Ceci explique l’augmentation de compor- Certaines fonctions ou conditions de tra- tements dangereux, en particulier au vo- vail au sein de l’entreprise favorisent la lant et dans certaines circonstances de somnolence diurne. La baisse du niveau travail. de vigilance modifie la perception, l’ap- préciation de la gravité d’une information pertinente avec pour conséquence une AU VOLANT prise de décision erronée, inadaptée ou trop tardive. L’impact est surtout sensible pour les conducteurs de poids lourds et les La somnolence est un facteur de risque utilisateurs de machines-outils pour qui la majeur d’accidents de la route. Elle est en conséquence est immédiate (accident). Il cause dans 20 à 30 % des accidents selon peut également générer des erreurs graves le trajet. dans le cas de fonctions plus sédentaires. Sur autoroute, c’est la première cause Les répercussions sont alors moins immé- d’accidents mortels (30% des accidents) diates mais plus insidieuses, favorisant le devant l’alcool et la vitesse. développement du stress. Elle entraîne un ralentissement du temps On connait également des grandes catas- de réaction, une modification du champ trophes industrielles qui sont survenues la visuel ou des troubles du jugement avec nuit par manque de vigilance. pour conséquence la prise de risques in- considérés. La privation de sommeil, l’alcool, les mala- dies du sommeil, les médicaments du sys- tème nerveux central, la durée de conduite augmentée, en particulier chez les profes- sionnels de la route, sont des causes clai- rement identifiées d’accident. C’est pourquoi, des initiatives de préven- tion et de sensibilisation sur les problèmes de vigilance au volant sont régulièrement mises en place. Certains médicaments sont signalés par des vignettes pour leurs conséquences possibles sur la somnolence au volant.
LES TROUBLES DU SOMMEIL ONT POUR CONSÉQUENCE UN SYMPTÔME MAJEUR PARFOIS NON PERÇU : LA SOMNOLENCE DIURNE EXCESSIVE (SDE) QUI AFFECTE ENVIRON 10% DE LA POPULATION GÉNÉRALE.
Pour en savoir plus… www.institut-sommeil-vigilance.org www.sfrms.org www.prosom.org www.reseau-morphee.fr Pour nous écrire : Institut National du Sommeil et de la Vigilance 7, rue Corneille 75006 Paris contact@insv.org
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