La Fabrique - La natation artistique à Lyon
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La Fabrique Dans les coulisses de votre ville #01 Novembre 2019 Spécial Lyon À travers le prisme de la tradition, celui de l’innovation ou de l’internationalisation, partagez notre tour d’horizon : soierie, label Bouchon, formation sportive, jeux vidéo, détenu à Guantanamo, Fête des Lumières à Quito et plus encore...
SOPHIE REPOUX O n raconte qu’un druide et un roi celtes, conduits par un oracle, arrivèrent sur un mont, non loin du Rhô- ne. Alors que leurs gens creusaient pour établir les fondations, deux corbeaux apparurent et voltigèrent au-dessus d’eux. Le druide y voyant là un signe, décida de nommer la ville Lougdounon, de lougos le corbeau et de dounon un sommet. Par la suite, cela deviendra Lugdunum avec les Romains puis Lyon autour du XIIIe siècle. Si vous ne croyez pas aux légendes et histoires d’un soir, méfiez-vous toutefois des apparences. Qui se douterait qu’au 3, place Kléber dans le 6e arrondissement, là où se tient le restaurant gastrono- mique de Pierre Orsi, on pouvait, en 1784, écouter le mage et intrigant Comte de Cagliostro, fonda- teur de la loge maçonnique La sagesse triomphante ? Ce personnage historique est rendu cé- lèbre par Alexandre Dumas et ses mousquetaires dans l’escroquerie des ferrets de la reine. L’équipe de ce magazine a elle aussi voulu mettre en avant la profondeur de la ville de Lyon qui lui permet, toujours aujourd’hui, de rayonner nationalement et mondialement. Il sera question entre autres de savoir-faire intemporels tels que la soierie, du vivier ar- dent de la musique électronique ou encore des aspects moins avouables de Lyon. OURS Directrice de publication. Isabelle Dumas 20 Exp Directrice de rédaction. Claire Pourprix Quand l’art poursuit Rédactrice en chef. Sophie Repoux son chemin. Journalistes. Baptiste Mulatier, Clara Giannitelli, Clément Granon, Elisa Bruneau, 24 Vestiaires Emile Gillet, Fabien Chevallier, Jean-Baptiste Ramat, Luana Paulineau, Prescillia Boisseau, Sophie Repoux, Valentin Colombani, Victoria Philippe Maquette et design. Emile Gillet Secrétaire de rédaction. Clément Granon Entrez dans les coulisses de Photographes. Victoria Philippe, Clément Granon la réussite sportve de la ville. Adresse. 47 Rue du Sergent Michel Berthet, 69009 Lyon Contact. iscpalyon@groupe-igs.fr 04 72 85 71 71 26 Face cachée Parce que Lyon n’est pas si paisible que ça. 29 Vu d’ici Vous les voyez à la télé, sur internet ou vous les utilisez dans la vie de tous les jours mais vous ignorez peut-être qu’ils sont de Lyon. 32 T’es pas Lyonnais si... Faites le test du vrai gone 2 Crédit s : Victoria Philipp e / Clément Granon / A rt slide / Alex Ortéga
4 Vu d’ailleurs Un rayonnement mondial pour la ville de Lyon. 8 Made in Les Lyonnais perpétuent les savoir-faire d’antan, de la soierie à la création de roses. 10 Dans l’rétro Découvrez l’histoire mouvementée de la capitale des Gaules 14 À table De ses traditionnels bouchons aux alcools locaux, en passant par le « French tacos » (qui est bien lyonnais), Lyon conserve son titre de « capitale de la gastronomie » depuis 1935. ression 3
S U R Lyon, une ville qui s’exporte LE ’A IL et qui attire D U V Dès 2015, Lyon est entrée dans le top 20 des villes les plus attractives du monde se- lon une étude publiée par IBM. La capitale des Lorem ipsum dolor sit Jean-Charles amet, consecteturFoddis cras amet. Gaules était notamment placée devant New York. Avec la Fête des Lumières, elle attire chaque année: près de 100 000 touristes étrangers. Grâce à cet évène- ment, la ville en profite pour exporter son savoir-faire. « Il y a un savoir-faire Et c’est aussi une ville qui attire les entreprises étran- gères. En 2018, 51 groupes du monde entier se sont im- à Lyon qui est plantés à Lyon. Zoom sur cette ascension rhodanienne. reconnu » BAPTISTE MULATIER En 2018, 51 entreprises étrangères se sont implan- tées dans la région lyonnaise, un chiffre en aug- mentation depuis quelques années. Le directeur exécutif de l’Agence pour le développement éco- nomique de la région lyonnaise (ADERLY), Jean- Charles Foddis, explique comment Lyon tire son épingle du jeu face aux grandes villes mondiales. hérence urbanistique, que la visite du territoire est t rès cette organisation du imp ortante et les actionnaires res- territoire, on ne la sortent généralement séduit s. Ils rencont re pas si sou- arrivent dans un environnement vent dans les grandes sy mpa, b eau. Ils sont rassurés villes mondiales. Evi- parce que les gens se connectent demment Lyon n’est t rès vite ent re eux. Une donnée pas une grande ville qu’ils ne rencont rent pas forcément à l’échelle mondiale, ailleurs. Le t roisième p oint, c’est on ne va pas la com- qu’on a la chance d’êt re une grande parer à Tok yo, Shan- ville qui reste à taille humaine. ghai ou San Paolo qui On p ourrait aussi ajouter que Lyon sont des mégalop oles bénéf icie d’une p osition géogra- et non pas des mé- phique privilégiée. Ce n’est pas t rop oles. Mais même nouveau, les Romains l’avaient déjà quand on compare à constaté. On est sur un a xe nat u- « Selon vous, quelles sont les des villes plus proches, on bénéf i- rel, à la croisée des chemins, à deux raisons de l’attractivité de Lyon ? cie de cette cohérence urbanistique heures de n’imp orte où en Europ e. Quel est l’intérêt pour une entre- et c’est ext rêmement rassurant prise étrangère de s’y implanter ? p our les investisseurs qui arrivent. Quelles sont les plus grosses entre- prises étrangères qui se sont ins- C ’est le résultat d’une histoire assez longue. On a la chance d’êt re dans une ville qui a béné- L’atmosphère et l’organisation de Lyon sont donc des atouts de tallées dans la Métropole ces der- nières années ? taille ? f icié d’une continuité st ratégique. Et depuis une dizaine d’années Je vais citer deux cas intéressant s. maintenant, on a un v rai retour Oui en effet le deux ième p oint im- Il y a d’ab ord le group e allemand sur investissement. Cela se t ra- p ortant justement c’est cette co- Bo ehringer Ingelheim. Il a pris la duit à t ravers le t ravail qui a été hérence de développ ement. Les décision, juste après le rachat de fait sur l’urbanisme de la ville. Je instit utions publiques savent bien Merial il y a presque t rois ans, constate toujours au t ravers de t ravailler ensemble, notamment d’installer une usine de fabrication avec le privé. On sait t rès bien de vaccins cont re la f ièv re aphteuse 4 mes voyages que cette co- Crédit s : Baptiste Mulatier
Un label « Made In Lyon » « Fabriqué à Lyon » sur un produit, les commerçants doivent remplir un dossier examiné par la Ville de Lyon, le Village des Créateurs, des artisans mais aussi par des acteurs associatifs et la chambre de métiers. « Nous cherchons à faire profiter des flux de touristes qui viennent chaque année à Lyon aux artisans, ? vraiment utile Les candidatures sont ouvertes depuis quelques mois. Pour obtenir l’étiquette créateurs et commerçants », assure Fouziya Bouzerda adjointe au maire délé- guée au commerce dans des propos rapportés par Lyon Capitale. Pourtant, nous avons rencontré une dizaine de propriétaires de bou- tiques qui ne connaissent pas l’existence de ce label. La plupart af- firme ne pas en avoir besoin car leur réputation est déjà faite. Reste à savoir si l’étiquette « Made In Lyon » prendra tout de même de la valeur. Le label sera effectif au début de l’année 2020. à Lyon. Qu’une ent reprise alle- de vaccins avec des ent reprises histoires et un écosystème fort. mande familiale décide d’investir phar maceutiques comme Sanof i, massivement, plus de 20 0 mil- Merial ou de santé avec BioMé- Pourquoi décrivez-vous Lyon lions d’euros, à un endroit qu’ils rieux, qui y sont implantées. Il y un comme un pôle d’innovation in- ne connaissaient pas deux ans savoir-faire à Lyon qui est recon- ternationale ? avant, c’est une réussite p our Lyon. nu. Dans ce typ e de cas, l’histoire L’aut re exemple, c’est l’implanta- lyonnaise sur le domaine concer- Le fait est que dans ces différent s tion d’une nouvelle usine de fabri- né est ext rêmement imp ortante. secteurs st ratégiques fort s comme cation de freins à carb one par le le numérique, l’indust rie méca- group e Safran (multinationale fran- De quels secteurs proviennent les nique, la chimie, les biotechs, on çaise). Lyon était mise en concur- entreprises étrangères qui a la chance d’avoir toujours eu rence avec Singap our, le Kent uck y s’installent dans la région ? des savoir-faire. Nous en avons à (un État du sud- est des État s-Unis) la fois au niveau des ent reprises et d’aut res sites en France. Il y C’est t rès varié mais on ret rouve elles-mêmes et au niveau des plate- avait une concurrence ext rême- les grands secteurs qui font la for mes de recherche fondamentale, ment forte p our ce projet mondial. force de Lyon comme la biotechno- avec des lab oratoires qui sont dé- logie et la chimie. Lyon reste aus- p endant s des écoles d’ingénieurs. Lorsque vous discutez avec des si la première ville indust rielle de L’INSA par exemple est reconnue actionnaires étrangers, est-ce-que France. On a toujours l’impression mondialement. Elle a des collab o- le savoir-faire lyonnais, le « made que c’est Toulouse avec Airbus, rations dans le monde entier que ce in Lyon » est reconnu ? soit en Asie aux État s-Unis. On a mais ce n’est pas v rai. Lyon a une activité indust rielle qui est moins toujours gardé à Lyon des activités Cela dép end. Si on reprend emblématique et moins visible car d’innovation et de développ ement. l’exemple de Bo ehringer Ingel- elle est b eaucoup plus diverse. Le group e Novacap par exemple est heim, ils ne connaissaient pas Quand on est sur des activités qui aujourd’hui présent mondialement. en détail mais ils savaient quand sont souvent le carrefour ent re dif- Il s’est développ é à Lyon. Act uel- même que Lyon était le premier férent s savoir-faire : chimie, mé- lement le group e suédois Renault cent re mondial p our la vaccino- cano et aut res, on est gagnant. Tr ucks relance l’innovation à Lyon. logie. En effet, c’est le premier On a plusieurs secteurs fort s, avec On est dans cette innovation p er- cent re de recherche et production des v rais succès, des v raies b elles p ét uelle. » 5
S E U R La Fête des Lumières, de L ’A IL Quito à Hong Kong D L’excellence et la diversité de la Fête des Lumières dépassent aujourd’hui U V les frontières lyonnaises. En Équateur, en Chine, en Colombie ou en- core en Roumanie, on peut retrouver les petites sœurs de l’événement phare de la ville de Lyon. Des festivals du monde entier s’inspirent au- FABIEN CHEVALLIER jourd’hui de ce modèle si particulier et font appel à des artistes lyonnais. L a Fête des Lumières de Lyon dé- bute le 5 décembre prochain. L’an passé, plus de 10 0 0 0 0 tou- tions inter nationales, avec ent re aut res, les villes de Riga, Leipzig, Bir mingham... En f in d’année 2017, Projections durant la Fiesta de la Luz à Quito en Équateur ristes inter nationaux ont déambulé c’est Hong Kong qui a bénéf i- dans les r ues lyonnaises. Mais le cié des services des équip es rayonnement mondial de cet événe- de la Fête des Lumières. ment ne s’arrête pas là. L’élégance Cinq artistes lyonnais de cette fête attire des pays ét ran- ont pu projeter gers qui tentent de produire un évé- leurs œuv res nement similaire. Son exemplarité sur les bâ- génère des sollicitations de plus en timent s his- plus nombreuses de la part de villes toriques de la ville. lyonnais et équatoriens ont été pro- et d’ent reprises privées en France et Et, plus récemment, du 18 au 21 av ril jetées sur les bâtiment s historiques à l’ét ranger. Elles sont désireuses 2019, la ville de Bucarest s’est illu- de Quito. Sur les dix-neuf projet s d’acheter le savoir-faire de la ville minée avec son festival « Bucharest présentés au cent re de la ville, sept de Lyon dans l’organisation de fes- Inter national Light Festival - Sp ot- ont été réalisés par des artistes am- tivals de lumières, notamment dans light 2019 » . L’équip e de la Fête des bassadeurs de la Fête des Lumières. les phases de préparation de la Lumières de Lyon a assuré la di- Et cette « fiesta » a connu un succès rection artis- incroyable, avec un total de 2,5 mil- tique de cette lions de visiteurs sur les cinq jours cinquième édi- de l’édition 2018. Pour David A rau- tion. Une nouvelle jo, ancien membre du secrétariat marque de reconnais- de la Cult ure à Quito, les artistes sance sur la scène inter na- lyonnais p ossèdent un véritable sa- tionale p our l’exp ertise de la voir-faire : « La Fête des Lumières Ville de Lyon en matière d’évé- à Lyon est incroyable. C’était t rès nementiel autour de la lumière. bien que les Équatoriens puissent Pour p er mett re à ce savoir-faire profiter du talent que les Lyonnais d’êt re valorisé mondialement, la ont p our créer de telles illumina- Ville de Lyon, en collab oration avec tions. Ce qu’ils arrivent à faire en manifestation ainsi que la consul- ONLYLYON, a même créé un lab el : ter mes de jeux de lumières, c’est tation et la sélection des équip es inspired by Lyon Festival of Light s. unique au monde. C’est dommage artistiques. Ces sollicitations ne C’est d’ailleurs sous ce lab el que que cela ne puisse pas se p our- concer nent pas seulement le côté les villes de Quito et de Hong Kong suiv re dans les années à venir. » En artistique, mais également l’as- ont développ é leur propre festival. effet, il n’y aura pas de quat rième p ect logistique. Les pays ét rangers édition de « la Fiesta de la Luz. » p euvent ainsi requérir l’exp ertise « Ce que les lyonnais arrivent à D’après le secrétariat de la Cult ure, lyonnaise en matière de sécurité pu- il y a deux raisons : le coût élevé blique, gestion des flux, mobilisa- faire, c’est unique au monde » de l’événement (environ 860 0 0 0 tion et accompagnement de tous les euros dép ensés par la ville), ainsi secteurs, communication et infor- Ces t rois der nières années, la capi- que les réactions p eu p ositives de mation au public, f inancement etc... tale équatorienne Quito a également la communauté artistique locale. Le monté son propre festival, en coo- savoir-faire lyonnais a un coût, et De fait, la Ville de Lyon est inter- p ération avec la Fête des Lumières ne fait visiblement pas que des heu- venue ces der nières années à plu- : La Fiesta de la Luz. Lors de l’édi- reux de l’aut re côté de l’Atlantique. sieurs reprises à tit re gracieux tion 2018, des illuminations créées, dans le cadre de coop éra- main dans la main, par des artistes 6 Crédit s : A rt slide / Camille Gross
Tourisme durable : toujours plus ou toujours mieux ? En novembre dernier, Lyon recevait le titre de “Capitale européenne du tou- SOPHIE REPOUX risme durable” pour l’année 2019 décerné par la Commission européenne. Sur quels critères ? Doit-on nécessairement privilégier l’économie touristique ? • Accessibilité et mobilité Mais quid des accords avec Airbnb ? rie Thielin, consultante en com Lyon est considérée comme une • Digital munication digitale dans le tourisme ville t rès accessible grâce à ses La f ierté de Lyon c’est son outil ON- et jour naliste, en app ellent au dé- t ransp ort s en com mun et des LYLYON Exp erience. Via le numé- marketing : « L’Office de tourisme offres tarifaires intéressantes via rique, Lyon esp ère mieux connaît re par exemple la Lyon City Card. les touristes af in de mieux ré- continue d’organiser des voyages Lyon fait également des effort s partir les flux ET de les f idéliser. de presse, comprenant découverte sur la mobilité douce, on p ense Mais quid des risques de la cap- des illuminations la jour née du aux 540 k m de pistes cyclables. tation de données privées par des 4 décembre et aller-retour prév u Mais quid de l’anneau des ent reprises et de la p ollution en- ent re Paris et Lyon. Ne dev rait elle sciences, ce projet p our voit ures, gendrée par le t rop numérique ? pas plutôt arrêter la promotion ? » au lieu d’envisager de nouvelles lignes de t rains de banlieue ? Le démarketing, concept présen- De 2 millions de touristes à té en 1971 par l’économiste Philip • Développement durable 6 millions en 15 ans, saturation ? Kotler et le sp écialiste du marke- Il s’agit ici de limiter les dép enses ting Sidney Lev y, for mule l’idée énergétiques et d’aménager la ville. Ce nouveau tit re valorisant p our que les sur plus p euvent êt re aussi Lyon a mis en avant la neut ralité car- Lyon est toutefois considéré com me problématiques que les p énuries. b one de l’aérop ort Lyon-Saint Exu- un énième app el au tourisme par p ér y, la basse consommation élec- Aux Pays-bas, aux Philippines, en certains collectifs comme La Fa- t rique de la Fête des Lumières, son Ontario, les organismes de gestion brique de la ville ou ZadeLyon. Et lab el Ville équitable et durable p our de destination (Off ices de Tou- les ent reprises et com merces et son p our cause, grâce à ce prix, Lyon ob- risme, Agences Départementales aménagement des espaces vert s. tient un soutien f inancier europ éen de Tourisme, Comités Régionaux Mais quid de la valorisation des exclusivement publicitaire, p our la du Tourisme…) ont déjà adopté p etites st r uct ures ? de la collecte communication et la promotion du des mégot s, des toilettes publiques, différentes st ratégies suivant les territoire : production de vidéos, des p oub elles de t ri sélectif ? secteurs : arrêt de la promotion, installation d’une sculpt ure et ac- quota de touristes, ret rait de cer- • Patrimoine tivités promotionnelles sur mesure. tains lieux des cartes touristiques. 10 % de la ville de Lyon sont Alors que 22 % de Français son- À Lyon, une réunion publique s’est classés UNESCO depuis 1998. dés par l’instit ut Toluna souhai- tenue le 22 novembre der nier dans Via son intégration à l’associa- teraient un système de quotas de tion Europ ean Cities Marketing, le 7eme arrondissement sur le tou- visiteurs dans les lieux les plus Lyon aff ir me se prémunir cont re risme de masse durant la Fête des touristiques et que la Fête des Lu- le surtourisme. Elle met aussi en Lumières avec p our invité Paul Boi- avant son lab el Bouchon Lyon- mières par exemple, a déjà attiré no professeur d’urbanisme et nais, p our la promotion du local 1,8 million de p ersonnes en 2018, aménagement à Lyon 2. 7 et du frais (voir not re article p.18). des professionnels comme Flo- Crédit s : Victoria Philipp e
IN Ici, on perpétue les E savoir-faire d’antan D A La ville de Lyon dispose de son lot de techniques uniques. Parmi elles, la soierie et la création de roses. Au- M jourd’hui, associations et descendants d’illustres familles tentent de perpétuer ces traditions. C’est le cas de l’association Soierie ivante, qui a sauvé les métiers à tisser des deux siècles passés, ou des ro- siéristes créateurs lyonnais, qui continuent chaque année de créer de nouvelles variétés de roses. Les Lyonnais voient PRESCILLIA BOISSEAU la vie en rose Au XIXe siècle, Lyon est considé- rée comme « capitale mondiale de la rose » , centre de la création de nombreuses variétés de cette reine des fleurs. Aujourd’hui, une dizaine de rosiéristes créa- teurs (ou obtenteurs) lyonnais, souvent issus de dynasties il- lustres, perpétuent le savoir-faire familial du mariage des fleurs. L yon, « capitale de la rose », il n’y a bien que les Lyonnais qui l’ignorent. La ville est en effet le la famille. Avec Florence Ducher, il particip e no- premier site de création de roses tamment à la réint roduction en en Europ e et le deux ième cent re France des créations de la famille Cett e de production en France. Plus de qui avaient dispar ues. La rose « efferves- la moitié des rosiéristes créateurs Marie Ducher » a ainsi été réint ro- cence est due à une français sont implantés en région duite de Nouvelle-Zélande en 20 07. combinaison de facteurs. À Auvergne-R hône-Alp es où 50 % Pour ces créations de variétés de cette ép o que, l’indust rie de la soie des plant s de roses français roses, Fabien Ducher s’inspire de faisait de Lyon une ville prosp ère sont produit s. Ces profes- Joseph Per net-Ducher, sur nommé qui, avec son climat continental, sionnels sont p our une le « magicien de Lyon » par les An- par fait p our la cult ure des rosiers, grande partie descen- glais p our son t ravail, par exemple attire les jardiniers, notamment sur dant s d’illust res sur la première variété de couleur la rive gauche du R hône, p eu ur- familles lyon- jaune orangée, « Soleil d’or ». banisée. Les rosiéristes sont alors naises comme libres de créer, tirant parti de l’ins- les Guillot, Un savoir-faire fleurissant depuis tallation de nouveaux rosiers pro- Meilland, La- venant d’Ext rême- Orient, de Chine p errière ou Gau- plus de 200 ans notamment. Une cult ure de la rose jard, p our n’en citer mise en valeur par les nombreux que quelques-unes. Elles L’histoire de la rose à Lyon com- p eint res lyonnais de fleurs du p er p ét uent la t radition fami- mence au XI Xe siècle. En 1825, XI Xe siècle. Aujourd’hui, le tit re de liale du mariage des roses, en Jacques Plantier crée la la première « capitale de la rose » de la ville fécondant le pistil de la fleur mère rose lyonnaise « Gloire des roso- de Lyon se p er p ét ue. Les associa- avec le p ollen choisi, ent re aut res. manes » . L’âge d’or de la produc- tions Société française des roses Le but : créer de nouvelles couleurs, tion et de la création se sit ue ent re et Roses anciennes en France, p our de nouveaux par fums. C’est le cas 1850 et 1914, à tel p oint que, n’en la promotion de la rose, ont d’ail- de Fabien Ducher, à Chabanière, déplaisent aux Lyonnais, les Anglais leurs leur siège à Lyon. La ville a commune sit uée au sud- ouest de ont même sur nommé Lyon le « chau- aussi accueilli, en 2015, le congrès Lyon, représentant la six ième dron » , lieu où quelque 3 0 0 0 varié- mondial de la Fédération mon- génération de rosiéristes de tés de roses ont été depuis créées. 8 diale des sociétés de roses (W FRS). Sources : lyon-roses-2015.org, linflux.com, Il était une fois… la rose à Lyon, 29 juin 2011, Laterreest unjardin.com, Les roses de Lyon, 21 av ril 2018, site de la Société française des roses, rep ortage de France 3, Lyon, capitale de la rose le temps d’un week- end, 28 mai 2015, site de la roseraie Ducher. Crédit s : Prescillia Boisseau / Clara Giannitelli
C’est en 1466 que la soie apparaît à Lyon. La ville deviendra très vite un lieu incontournable de la soie, fai- sant travailler plus de 12 000 per- sonnes. Au XIXe siècle, le métier connaît de nombreuses révoltes qui l’ont par la suite fragilisé. Au- jourd’hui à Lyon, il ne reste que peu de fabriques. Andrea Radici est bénévole à la Soierie Vivante, seule association de sauvegarde du pa- trimoine de la soie à Lyon, depuis une dizaine d’années. Rencontre. ELISA BRUNEAU « ICI ON A SAUVEGARDÉ LES MÉTIERS À TISSER DEPUIS LEUR ORIGINE » « Quelle est l’histoire de ment de les faire fonctionner en- Soierie Vivante? core, et pas seulement de les garder chez ses parent s en tant que souve- C ’est un atelier qui a été acheté par la famille Dunoyer. Mme Letour neau, née Henriette Dunoyer, nir. Elle avait v raiment envie qu’ils fonctionnent encore p our les géné- rations à venir. Ça lui faisait mal au a tenu à sauvegarder ce pat rimoine. co eur. Elle a donc préféré s’engager Elle est v raiment née ici, dans cet Andrea Radici, bénévole à la Soierie Vivante p ersonnellement, en 1993. D’aut res atelier maison, en 1912. C’était un p ersonnes qu’elle connaissait dans atelier où l’on t ravaillait et où l’on le textile lui ont également four ni de qu’il était il y a 50 ans, mais rien vivait en même temps. Il y avait l’aide. C’est comme ça que l’asso- que de faire imaginer aux p ersonnes juste une cloison qui séparait la cui- ciation s’est créée. L’atelier munici- ce que c’était avant, ça les fait rêver, sine des métiers de passementerie pal de passementerie a ainsi rouvert plonger dans une aut re dimension. (production en f ils nat urels : végé- ses p ortes, en 1994, grâce à la mai- La dimension historique qui, p our tal, animal, métallique) . En pas- rie p our les visiteurs et les scolaires. moi, est la plus imp ortante. Il y a sementerie, on utilisait b eaucoup, aussi d’aut res valeurs comme celle les f ils d’or et les f ils d’argent et la Y a-t-il des valeurs particulières que vous souhaitez partager ? du t ravail, du pat rimoine, du textile. vap eur de la cuisine p ouvait abi- mer et oxyder les f ils. Voilà p our- Une sauvegarde du patrimoine qui Bien sur, c’est la sauvegarde d’un passe aussi par l’apprentissage ? quoi on avait une cloison ent re les pat rimoine plutôt indust riel. En deux. Chose que l’on ne t rouve France, on sauvegarde pas mal de Nous prop osons des ateliers p our les pas dans les ateliers de canut s. choses, en ter mes de bâtiment s. enfant s dès l’âge de quat re ans. Ils En quoi ce lieu a-t-il été Mais c’est aussi une façon de mon- se déroulent à p eu près de la même sauvegardé ? t rer qu’il n’y a pas que la sculpt ure, manière à chaque fois. Nous instal- les b eaux-art s mais qu’il y a aussi la lons les enfant s avec des p etit s mé- La sp écif icité de ce lieu, c’est qu’ici mécanique, les métiers à tisser. C’est tiers à tisser (on dirait presque des on a sauvegardé les métiers dans la sauvegarde d’un savoir-faire mais jouet s), puis nous leurs apprenons le leur jus, depuis leur origine, c’est- aussi d’un style de vie dont on n’a système classique de tissage. C’est- à- dire f in XI Xe début du X Xe . Cet plus du tout l’habit ude aujourd’hui. à- dire f il de chaîne, f il de t rame, le atelier était resté fer mé p endant Sauvegarder ce pat rimoine sur passage de la navette, etc. Ils parti- plus de dix ans, jusqu’à la créa- place, je p ense que c’est imp ortant, cip ent également à la visite de l’ate- tion de l’association. Mme Letour- même si les lieux autour changent. lier. Ils p euvent ainsi voir le métier neau ne voulait pas que les métiers à tisser en fonctionnement.» ter minent dans un musée et qu’ils Bien sûr, ce n’est plus l’atelier tel soient à l’arrêt. L’idée c’était v rai- Crédit s : Victoria Philipp e 9
R O L’ R É T Lugdunum : de sa création NS DA L e gouver neur romain Munatius fonde sur Fourvière une colonie : Colonia Copia Felix Munatia devenue S ous la « pa x romana » , la ville devient un carrefour commercial (vin, or, etc.) et ar- plus tard Lugdunum. La ville devient tisanal (p oterie, verre) majeur. en -27 capitale de la Gaule. -43 II e Un carrefour Fondation de la cîté commercial et artisanal Le buste de Lucius Munatius dit Plancus est exposé au musée gallo-romain de Fourvière D Carte de Lyon en 1500 ans la nuit du 29 au 30 av ril 1562, les t roup es du baron des Adret s s’emparent de Lyon, causant de nombreuses dest r uctions iconoclastes. Une vengeance qui fait suite au mas- 1500 sacre d’innocent s protestant s à Wassy, en Champagne. 1 5 62 Un second âge d’or La ville victime de destructions iconoclastes À la Renaissance, la ville de Lyon connaît son second âge d’or, devenant la capitale économique de la France et la capitale f inancière de l’Europ e. 1 79 3 C ette der nière supprime Création de la 1800 de nombreuses lib ertés convention nationale individuelles et locales. De plus, cette convention est an- Napoléon Bonaparte ti-religieuse et interdit toutes les rebâtit Lyon messes catholiques. Les Lyonnais se révoltent et les sans- culottes sèment la terreur. La loi nationale ne doit pas primer 70 à 18 sur la loi locale. Lyon est assiégée par les L 2 185 t roup es républicaines. Après plus d’un mois ’emp ereur redon- de eur de siège, Lyon est vaincue. Elle sera ensuite nera notamment du per em renommée « ville affranchie » . dy namisme à l’indus- te, par t rie de la soie. ona nB 10 léo apo is-N Lou
à aujourd’hui A mi de Charlemagne, l’évêque Leidrade (743- 821), redonne à Lyon son stat ut de ville in- tellect uelle. Il fait reconst r uire les grandes églises dét r uites (Saint-Nizier, Sainte-Marie, Saint-Paul, Saint-Georges...), fait bâtir des couvent s af in d’accueillir les intellect uels de l’ép o que (moines, nonnes). Il fera alors de Lyon comme une ville spirit uellement t rès imp ortante. L yon a fait par- III e 700-800 tie du premier royaume de Bour- gogne ent re 534 et Invasions germaniques Lyon retrouve son statut 843. Avec le t raité de de ville intellectuelle Verdun le Royaume de Bourgogne est divisé en deux. C’est L yon décline en raison des la naissance du VI e Au Moyen-Âge, invasions ger maniques et Lyon devient Royaume de Pro- du brigandage. Les habitant s se deuxième vence au sud à la- ville de la déplacent de la colline de Four- chrétienté quelle Lyon ent re vière jusqu’à Saint-Jean, nou- derrière Rome Le traité 855 et 933. Suite veau lieu d’expansion de la cité. de Verdun à cette p ériode, la divise le ville est rattachée royaume au Saint Empire. Enf in, en 1312 Phi- 1 47 3 1300 lipp e Le Bel relie la ville et le comté du Lyonnais au royaume L’imprimerie Le roi de France impose cap étien par le t raité arrive à Lyon son autorité dans la ville de Vienne. D eux siècles après l’invention Gutenb erg, Lyon ac- de S es p ouvoirs lui sont remis par L’archevêque le 10 av ril 1312. La ville reçoit de la part du roi une cueille la deux ième im- charte communale (texte indiquant primerie de France. les droit s, les privilèges et les lib er- tés d’une com mune). 1939-1945 2019 Lyon ville résistante Troisième ville C harles de Gaulle qualif ie Lyon de « capitale de la résistance ». Bien que reconnue par le président p our son rôle dans la ré- A vec 515 695 habitant s, Lyon est la t roisième ville de France, derrière Paris et Marseille. sistance p endant la Seconde Guerre mondiale, Lyon a aussi abrité des collab orateurs du régime nazi : Paul Touvier, chef de la milice lyonnaise lors de l’occupation allemande. C’est le premier fran- çais à avoir été condamné p our crimes cont re l’humanité. Mais 11 aussi Klaus Barbie, off icier SS sur nommé le « b oucher de Lyon ». Crédit s : Musée d’Histoire Militaire / PFCK / Boston College Libraries / Lib er chronicar um
O R É T R Le Siège de Lyon de 1793 : la L’ DA NS résistance héroïque des habitants JEAN-BAPTISTE RAMAT Du 9 août au 9 octobre 1793, la Convention na- tionale (1ère République française) assiège la ville considérée comme « contre-révolution- naire ». Malgré une résistance acharnée, les Ré- publicains l’emportent après un bain de sang… U n projectile rougeoyant fend le ciel dans la nuit noire, et vient s’écraser sur une maison de la Croix- si par des fanatiques républicains comme Dub ois- Crancé, Albitte, et surtout Gauthier. Sans oublier, bien À Lyon, les int rigues du Jacobin Joseph Chalier le conduisent à l’échafaud le 16 juillet 1793, les dé- Rousse. Les t roup es de la Conven- sûr, les commissaires p olitiques putés de la Convention sont chas- tion ont pris place dans la Guillo- ou « Représentant s en mission ». sés. La ville est, dès lors, consi- tière, d’où ils b ombardent la colline dérée comme sécessionniste. de la soie, l’un des der niers bastions Les fantassins lyonnais font partie des insurgés du Lyonnais. Le Géné- des « Insurrections fédéralistes » , Le 29 septembre, malgré une résis- ral de Précy, commandant en chef qui émergent dans d’aut res villes tance achar née, le fort st ratégique de l’insurrec- comme Toulon, Marseille, Nîmes, de Sainte-Foy (act uelle Sainte-Foy- tion, sait la ou bien Bordeaux cont re les Mon- lès-Lyon) tomb e. Alors que plus de bat a ille tagnards (Rob espierre…) de la 44 0 0 0 b oulet s de canon ont ache- p e r - Convention. La division ent re ces vé les der niers esp oirs de la révolte, due deux group es républicains étaient une t rêve est conclue jusqu’au 7 oc- p olitique : ils se sont affrontés sur tobre. Les représentant s civils, sans l’ent rée en guerre cont re l’Aut riche l’accord de de Précy, entament les voulue par Louis XVI en 1792, sur négociations. Le 9 octobre, la ville sa mort en janvier 1793 et ils ne capit ule, mais pas de Précy, qui a sont pas d’accord sur le p ouvoir rassemblé les quelque centaines à donner au p euple. Et puis, les d’hommes restés f idèles et tente une Montagnards cent ralisateurs, sou- sortie par Vaise, direction la Suisse. d’ava nce, Louis François Perrin de Précy haitaient la suppression de parti- Malheureusement p our eux, les t u- mais pas cularismes régionaux (f iscaux, reli- niques bleues les écraseront à Saint- question de gieux). Au cont raire, les Girondins Cy r-au-Mont- d’Or. Seul le général se rendre ! C’est déjà la mi-sep- avaient une vision fédérale p our la parviendra aux montagnes helvé- tembre, le siège a commencé en nouvelle République française, et tiques en janvier 1794, ses hommes août. Les b oulet s républicains, voulaient conserver la décent rali- étant restés mort s ou prisonniers. la disette, les maladies ont laissé sation d’Ancien Régime. Alors qu’à une t raînée de cadav res dans les Paris Rob espierre est à l’ap ogée de La répression est terrible, les pri- rangs, déjà maigres, des fantassins. sa puissance, les Girondins sou- sonniers sont exécutés (1 90 0 Moins de 10 0 0 0 hommes, au dé- tiennent, voire organisent, des soulè- mort s) à l’issue de procès exp édi- but, face à 24 0 0 0 soldat s de l’ar- vement s en pro- tifs. Ce qui vaudra à Fouché, à qui mée des Alp es, soutenus par 40 vince. l’on a ordonné de raser la ville, le 0 0 0 gardes nationaux recr utés dans doux sur nom de « Mit railleur de les régions environnantes. Ceux- ci Lyon » . Lugdunum est renom mée sont dirigés par des généraux talen- « Ville affranchie » , une colonne t ueux, dont l’illust re Keller mann, est érigée sur les r uines p ortant vainqueur de la bataille de l’inscription « Lyon fit la guerre Valmy (1792), mais aus- à la lib erté ; Lyon n’est plus ». 12 Joseph Fouché Crédit s : Musée Car navalet / Jean-Joseph Dassy
De la Presqu’île JEAN-BAPTISTE RAMAT à la vieille ville, Lyon fait partie du « Triangle Es- otérique » avec Prague et Milan, balade de l’occulte du Moyen-Âge à l’Ère Industrielle, sorcellerie et bizarreries agitent la Capitale des Gaules. Pour nous en parler, un adepte de l’occulte, Ni- colas Le Breton, guide touristique et auteur des livres « Les Sorciers de Lyon » et « Le sacre de Lyon » … Le Palais St Pierre, ancien couvent hanté de la Presqu’île. U ne affaire de possession qui défraya la chro- nique au 16e siècle. Une nonne s’enfuit, mou- rut au loin dans le péché. Mais quand ses restes mortuaires furent enterrés dans la chapelle an- cienne de Saint-Pierre, son esprit revint hanter les nonnes pendant près de trois ans, frappant aux murs à toute heure du jour ou de la nuit. Il ne fallut pas moins de sept heures au prêtre exor- ciste pour chasser l’esprit malin. Le Palais St Pierre, de son nom complet l’Abbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains Lyon comptait bon nombre de groupes ésotériques. Il se dit que même Nos- tradamus et Rabelais sont passés par la ville… L’église St Paul Les cérémonies sataniques de l’Abbé Boullan, curé de L y o n Saint Paul et occultiste. C est un centre com- ’était un authentique prêtre, docteur mercial, ban- en théologie qui a organisé à Lyon n Lyo un culte… pas très catholique. Il vendait ux caire, militaire et Vie des « remèdes » à base d’excréments et du culturel à la Renais- le ou de sang, et ira jusqu’à sacrifier dans une rab sance ; il est très logique et cérémonie noire son propre enfant tout Un que des grands noms y viennent par ailleurs faire im- juste né, fruit de sa maitresse, Adèle Che- primer leur ouvrages ; on a donc valier. Il a été impliqué dans un « duel de eu les premières éditions de Gar- magie » avec des occultistes lyonnais et gantua ou les prédictions de parisiens entre les années 1891 et 1893, Nostradamus imprimées ici. jusqu’à la veille de sa mort en fait, survenue le 8 janvier 1893. Crédit s : Victoria Philipp e 13
À TABLE Lyon : « Capitale mondiale de la gastronomie » CLARA GIANNITELLI Le titre de capitale de la L a gast ronomie lyonnaise émerge au XI Xe siècle. Durant cette p é- riode le développ ement du chemin t ronomie de plus en plus prisée par le public. Ils créent alors des événement s consacrés à la cuisine. gastronomie est toujours de fer (Paris Lyon Marseille) p er- Ainsi, en 1933, apparaît la semaine d’actualité aujourd’hui, il met la desserte de villes com me gast ronomique puis en 1934, la est né en 1935. Il fut don- Lyon, ainsi il est plus facile de se foire de Lyon privatise un bâtiment né par le célèbre critique rendre dans des villes com me Lyon. complet p our : « le Palais de l’ali- culinaire Curnonsky. L’ap- Au cours des visites guidées de plus mentation ». À cette ép o que, les pellation de la capitale en plus nombreuses, on vante les mé- guides gast ronomiques commencent mondiale est donc bien an- rites culinaires de la ville : de la char- à inscrire de nombreux restau- crée dans l’histoire lyon- cuterie aux chocolat s, on reconnaît la rant s lyonnais dans leurs liv res. naise. Même si cela n’a qualité des produit s et des services. On p eut citer la Mère Brazier t riple pas toujours été le cas. De la charcuterie aux chocolat s, les étoilée p our ses deux restaurant s. produit s et le services ont une qua- Le savoir-faire culinaire lyon- lité hors pair. C’est en 1859 que le nais tire son authenticité et premier restaurant lyonnais (La ma- sa réputation de son histoire. telote d’anguille de la mère Guy) Encore aujourd’hui, le restaurant de ent re dans le guide Joanne, guide la mère Guy, installé à la Mulatière de voyage p opulaire à l’ép o que. depuis le XVIIIe siècle, ainsi que la À partir de 1930, les sp écialités Brasserie Georges à Perrache sont ou- lyonnaises comme on les connaît vert s et ont conservé leur p opularité. aujourd’hui se répandent : la que- La gast ronomie, c’est aus- nelle de brochet, la volaille de si tout un business qui cherche Bresse, le saucisson lyonnais… en p er manence à se renouve- ler tout en préservant son aura. Les événements qui vont développer la cuisine lyonnaise Dans ce dossier nous allons parler des dessous de la gast ronomie. En En 1930, c’est aussi la crise de l’in- t raitant le sujet de la bist ronomie, dust rie de la soie. Pour relancer la des produit s locaux lyonnais, le lab el ville, les p olitiques lyonnais dé- des b ouchons lyonnais avec en prime cident de mett re en avant la gas- une enquête sur l’origine du tacos. 14 Crédit s : Elisa Br uneau
« Il y a eu plein de bouchons lyonnais dans le Vieux-Lyon, qui utilisaient le la- bel pour faire du marketing » Benoît Josserand est associé avec sa mère, Brigitte Josserand au restaurant Le Café du Jura, labellisé Bouchon lyonnais. Il est aussi le président de l’association Les bouchons lyonnais. PRESCILLIA BOISSEAU Depuis sa création en 2012, le label Les bouchons lyon- nais a permis aux restaurateurs de promouvoir cette spécificité lyonnaise et de booster leur clientèle, no- À Lyon, on compte aujourd’hui près de deux cent s b ouchons lyonnais. Pas toujours facile de s’y tamment étrangère, les Lyonnais ayant déjà leurs habitudes. Mais ce dernier a aussi fait des émules, ret rouver. Ayant à cœur de pro- entre appropriation à tort et refus de la labellisation. mouvoir la t radition lyonnaise, la chambre de commerce et d’indus- Le bureau va déjà regarder la carte Quels sont les critères pour t rie (CCI) Lyon Mét rop ole, a créé, et la réputation de l’établissement. être retenu ? en 2012, l’association et le lab el Ensuite, l’audit anony me p eut êt re ép ony me Les b ouchons lyonnais, passé par un cabinet indép endant, Il faut qu’il y ait 60 % minimum de en partenariat avec ONLYLYON sachant qu’il faut déjà avoir passé produit s frais t ravaillés sur place, tourisme- congrès et des b ouchons l’audit maît re restaurateur* et, quoi avec majoritairement des plat s volontaires. Aujourd’hui, une ving- qu’il arrive, avoir au moins un an lyonnais ou régionaux. Par exemple taine de restaurant s sont lab el- d’ex istence p our que l’on ait une vi- si vous avez dix ent rées à la carte, lisés. Benoît Josserand, associé sion de l’établissement. Les audit s, il vous faut au moins six ent rées avec sa mère au Café du Jura et coûtant un p eu plus de 60 0 euros, sur la thématique lyonnaise ou ré- président de l’association, nous sont aux frais du restaurateur. On gionale. Pareil p our les plat s et les en parle et évo que les divers pro- prévient donc bien qu’il vaut mieux dessert s. Il y a aussi le décor, la pré- blèmes que le lab el a pu susciter. s’assurer de p ouvoir rent rer dans le sence d’un bar dans l’établissement, cahier des charges avant de deman- d’un chef de cuisine visible et iden- « Quelle est la démarche pour être der l’audit. De not re côté, on p eut tif iable, il faut servir le communard, labellisé Bouchon lyonnais ? accompagner les restaurateurs, les des vins en p ot, accepter de faire aider à valider ce cahier des charges. les mâchons. Enf in, il y a les sp é- Il faut faire une demande d’ad- cif icités d’accueil : avoir une carte hésion sur not re site inter net. en anglais ou êt re capable de la t raduire. Bref, toute une démarche qualitative en direction du client. Tous les restaurants peuvent-ils se revendiquer « bouchon lyonnais » ? Bien sûr. Sauf que p our arb orer not re logo (qui est une marque dép osée, ndlr.) , il faut forcément êt re membre de not re association. *Cette certification, déliv rée par l’État p our une durée de quat re ans renouvelables ga- rantit, ent re aut res critères de qualité, une cuisine entièrement 15 faite maison (economie.gouv.fr). Le Café du Jura existe depuis 1867. Brigitte Josserand, toujours en cuisine, a repris l’établissement familial en 1974 avec son mari.
L E B TA Il y a eu plein de « dans le Vieux-Lyon, qui utilisaient On a donc fait constater par huis- À b ouchons lyonnais » not re logo et le lab el sur leur carte, dans leur menu et sur leur vit rine, sier puis saisi un avocat sp écia- liste en droit s des marques p our p our faire du marketing. En fait, les mett re en demeure. Là, d’un ils voudraient par fois adhérer à seul coup, les logos ont été enlevés. l’association mais ils voient t rès bien qu’ils ne p ourront jamais rem- Il y a aussi ces restaurateurs qui re- plir le cahier des charges. Mainte- fusent d’être labellisés, jugeant les nant, sur quelque 150/20 0 « b ou- critères trop restrictifs, qu’en chons lyonnais » , on p eut dire pensez-vous ? qu’il y en a 40 de qualité, membres de not re association ou pas. Le problème, c’est que ces restau- rateurs parlent souvent sans avoir Quelles sont les sanctions pour bien lu les stat ut s de not re associa- ceux qui arborent le logo sans tion. Il y a une charte et ils croient être labellisés ? que, p our rent rer dans l’association, il faut remplir tous les critères. Par Dans le passé, il y a eu t rois res- exemple, il est mentionné qu’il doit taurant s qui ont utilisé not re logo y avoir les napp es à carreaux, mais sans qu’on le sache. On a fait moi je n’en ai pas et ce n’est pas éli- Le logo Les bouchons lyonnais, représentant Gnafron, compagnon du Guignol, est une marque déposée. Seuls les membres de l’association peuvent le faire plusieurs photos, plusieurs cour- minatoire. C’est comme au bacca- apparaître sur leur établissement et leurs textiles, comme les tabliers. riers, mais ça ne b ougeait pas. lauréat, il faut avoir un ma x imum de Crédit s : Clément Granon La Bistronomie, à la recherche de l’authentique CLARA GIANNITELLI La bistronomie est un phénomène cu- linaire qui se démocratise depuis ces dernières années. Née dans les bras- ner de la convivialité dans êt re copieuse quitte à êt re moins series, elle s’inspire des bistrots ty- et autour de l’assiette. b elle. Cela se t raduit par un p er- piques et de la haute gastronomie. Selon lui, la bist ronomie sonnel moins nombreux que dans Le but : mélanger qualité et quantité. est une pratique qui part un restaurant gast ronomique. du chef : il doit êt re fran- Pour nous expliquer la différence çais et cuisiner avec des ent re les deux branches culinaires, L a bist ronomie n’a pas de déf i- nition bien établie, chaque chef a sa propre idée de cette nouvelle produit s locaux et frais. C’est de la gast ronomie avec des recettes t raditionnelles françaises. le chef Geoffroy compare la cuisine avec les parcs d’att raction Disney. La gast ronomie c’est Walt Disney Wor- pratique culinaire. Conçue en 1992 Un menu différent chaque jour, la ld d’Orlando et la bist ronomie c’est par Yves Camdeb orde dans son diversité de la carte est mise en va- DisneyLand Paris. Il y a l’excellence établissement parisien La Réga- leur grâce aux produit s de saisons. aux État s-Unis et puis la branche lo- lade. Le princip e est de remett re au cale à Paris c’est aussi t rès bien mais goût du jour les anciennes recettes « Avec la gast ronomie aujourd’hui forcément moins que l’original. françaises. La bist ronomie est la vous avez souvent de la t rès grande cont raction de «bist rot» et «gas- qualité, vous avez b eaucoup d’es- Le nouveau souffle de la t ronomie », un nouveau concept qui thétisme mais vous n’avez pas mélange l’esprit bist rot et la qualité b eaucoup de quantité dans l’as- gastronomie de la gast ronomie. Pour Christophe siette » , nous explique le chef Depuis l’arrivée de la bist ronomie, Geoffroy, chef du Pierre Scize for mé à l’instit ut Paul Bocuse. il y a du renouveau dans la haute à Lyon, le but est de rame- L’assiette dans une brasserie doit 16
p oint s. D’autant plus qu’il y a t rès p eu de critères éliminatoires et ceux qui ne veulent pas y adhérer n’en ont aucun qui les concer nent. Après, il ne faut pas essayer de nous monter les uns cont re les aut res, on se connaît tous, mais chacun a sa démarche commerciale. Quelle relation avez-vous avec ces derniers ? Il y a un froid que je fais tout p our essayer d’atténuer. Certaines p er- sonnes qui ent retenaient ce froid ont soit vendu leur établissement, soit sont parties à la ret raite, donc ça s’apaise b eaucoup. Puis, souvent, ce sont des luttes de p ersonnes : je ne supp orte pas untel, etc. Il faut laisser le temps au temps et sur- tout faire preuve de bienveillance et ne pas envenimer les choses. » gast ronomie. Avec, notamment, l’uti- lisation de produit s locaux, le retour à l’achat des produit s au marché. Ce sont des choses qui se sont p erdues au f il du temps. La bist ronomie c’est la marche ent re les restaurant s clas- siques qui ont une carte simple p our un budget raisonnable et les restau- rant s gast ronomiques qui prop osent des cartes recherchées plus chères. Grâce à ce nouveau concept cu- linaire, la gast ronomie rep ousse ses limites. Sans parler de concur- rence, la bist ronomie p er met de re- lancer la créativité des chefs. Il faut créer de nouveaux menus p our sa- tisfaire les envies du client qui re- cherche une cuisine haute gamme. Crédit s : Elisa Br uneau Le chef Christophe Geoffroy 17
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