Strengthening Resilience against Violent Radicalization - (STRESAVIORA) Résumé HOME/2011/ISEC/AG/4000002547 APART, Thomas More, février 2014

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Strengthening Resilience against
Violent Radicalization
(STRESAVIORA)
Résumé
HOME/2011/ISEC/AG/4000002547
APART, Thomas More, février 2014
Introduction

En 2010, pendant la présidence belge de l’UE, le besoin s’est fait sentir de mettre au point des outils
de prévention précoce ainsi que des outils sociaux destinés à soutenir les jeunes vulnérables et leur
environnement social dans le cadre de l’approche de la problématique de la radicalisation violente.
Dans les efforts visant à renforcer la résilience des jeunes vulnérables, la collaboration avec les acteurs
locaux est devenue de plus en plus importante. C’est ainsi que la nécessité d’investir davantage dans la
recherche et de réunir les connaissances en la matière s’est avérée cruciale (IBZ & asbl Arktos, 2013).
Afin d’y parvenir, le projet STRESAVIORA (STrengthening RESilience Against VIOlent
RAdicalization) a été lancé grâce au soutien du Prevention of and Fight against Crime Programme
(2007-2013) de la Commission européenne – Direction générale des Affaires intérieures. Le Service
public fédéral Intérieur, Direction générale Sécurité et Prévention, est chargé de coordonner le projet
en collaboration avec l’asbl ARKTOS en tant que co-bénéficiaire du projet.
La radicalisation est un processus complexe. Des recherches menées par le passé ont révélé
l’importance de facteurs multiples sur le plan social, démographique et psychologique. Par ailleurs,
des éléments déclencheurs, comme le décès d’un membre de la famille ou un événement dramatique
paru dans les médias (sociaux), peuvent jouer un rôle important dans le développement d’idées
radicales. Les jeunes et les adolescents, qui sont en plein développement de leur identité sociale, sont
entre autres vulnérables aux influences de modèles charismatiques ou de leurs pairs. Au cours des
dernières années, plusieurs pays et municipalités ont mis au point des projets et procédé à des
interventions dans le but d’éviter que des jeunes ne basculent dans la radicalisation, mais pour
l’instant, la prévention avance encore à tâtons. L’étude a tenté de répondre à trois questions en
analysant la littérature en la matière et en organisant des interviews auprès des jeunes concernés :

      1. Quelles caractéristiques et quels facteurs sous-jacents favorisent et entravent le processus de
      radicalisation ?
         a. Quelles caractéristiques et quels facteurs sous-jacents rendent les jeunes vulnérables à la
         radicalisation (violente) ?
         b. Quelles caractéristiques et quels facteurs sous-jacents peuvent être identifiés en tant que
         facteurs de protection face à la radicalisation (violente) ?
      2. Quelles interventions sont efficaces en matière de déradicalisation ?
         a. Quelles interventions (internationales) peuvent être décrites comme ‘bonnes pratiques’ dans
         le but de renforcer la résilience parmi les jeunes ?
         b. Quels indicateurs sont pertinents pour mesurer les effets d’une formation en résilience ?
      3. Comment renforcer la résilience des jeunes faces à la radicalisation ?
         a. Quels facteurs de protection doivent être renforcés pour éviter la radicalisation chez les
         jeunes? Quelles approches peuvent contribuer à augmenter la résilience des jeunes afin
         d’éviter la radicalisation (violente) ?

Dans l’analyse de la littérature, les chercheurs ont consulté des bases de données électroniques du
monde académique afin de se pencher sur la littérature pertinente en la matière. Les mots-clés,
combinaisons et variations de termes suivants ont été utilisés : prevention, preventing, countering,
(de)radicalization, contra terrorism, training, empowerment, strengthening, resilience, youngsters,
young people, youth, children, communities, solidarity, group dynamics, identification, vulnerable,
societal vulnerability, appreciative inquiry, social media, extremism, terrorism, violence, radicalism,
impact assessment, research evaluation, effectiveness, resilience building1. Pour les interviews, 31
jeunes ont été sondés (tantôt des néerlandophones, tantôt des francophones vivant à Bruxelles et en

1
  (traduction libre) : prévention, prévenir, combattre, (dé)radicalisation, contre-terrorisme, formation, autonomisation, renforcement,
résilience, jeunes, jeunes gens, jeunesse, enfants, communautés, solidarité, dynamiques de groupe, identification, vulnérable, vulnérabilité
sociale, enquête évaluative, médias sociaux, extrémisme, terrorisme, violence, radicalisme, évaluation d’impact, évaluation de la recherche,
efficacité, développement de la résilience.
périphérie). Lors des interviews semi-structurées, l’accent a été mis sur les facteurs de protection
potentiels et sur des questions permettant de sonder les ressources des intéressés au quotidien.

1. Caractéristiques et facteurs sous-jacents favorisant et entravant le processus de radicalisation

           1.1 Définition

L’identification des caractéristiques et facteurs sous-jacents qui favorisent et entravent le processus de
radicalisation (violente) commence par une définition claire et précise de la radicalisation. Or, le
concept de radicalisation est difficile à saisir. La radicalisation est un processus qui se développe au
travers d’une combinaison de facteurs de risques divers, à plusieurs niveaux.

En combinant deux définitions, le concept de radicalisation violente peut être décrit comme suit :
           The process of [an individual or a group] adopting an extremist belief system [inspired by
           philosophical, religious, political or ideological notions], including the willingness to use, support, or
           facilitate violence [or undemocratic means], as a method to effect [drastic] societal change 2. (Allen, in
           Vidino, 2011, complétée par la définition reprise dans le rapport du Vice-premier Ministre,
           2013).

L’analyse de la littérature et les réflexions sur la définition du concept de radicalisation violente ont
révélé que ce concept ne pouvait être décrit en termes de ‘radicalisé’ versus ‘non radicalisé’. Chez les
personnes non radicalisées, certains événements peuvent être ‘déclencheurs’ et les personnes peuvent,
de ce fait, se sentir de plus en plus attirées par des idéologies ou mouvements radicaux (Vidino, 2011).
Le processus d’implication dans la radicalisation violente est un processus dynamique ; une personne
peut fluctuer dans les degrés d’implication. Par ailleurs, ce processus n’est pas linéaire. Les jeunes
peuvent y entrer et en sortir (Bonnell et al., 2011, Noppe et al., 2012).
Une remarque importante à cet égard est que le développement de notions radicales n’est pas
problématique en soi, dans la mesure où cultiver une certaine passion pour un sujet peut renforcer
l’engagement dans la société civile. Le radicalisme devient problématique quand intervient une
volonté d’utiliser ou de soutenir des moyens anti-démocratiques. La prévention est nécessaire au
premier stade, c.-à-d. avant le développement d’idées radicales et la volonté d’utiliser ou de soutenir
des moyens anti-démocratiques.

           1.2 Facteurs de risque

Afin de répondre à la question de savoir quels facteurs influencent les jeunes dans le processus de
radicalisation, les chercheurs se sont penchés sur différents risques et mécanismes. Dans la littérature,
des distinctions sont opérées entre les causes profondes, les facteurs d’attraction et de rejet et les
éléments déclencheurs. Les facteurs de rejet peuvent être décrits comme des éléments qui ont tendance
à influencer l’individu et à le pousser vers une alternative plus attractive. Les facteurs d’attraction sont
des circonstances qui rendent un individu plus ouvert aux messages radicaux. Il n’est pas possible
d’expliquer de manière univoque les influences précises de ces facteurs. En outre, les auteurs
appliquent différentes distinctions de facteurs. Cela étant, ils semblent tous s’accorder sur le caractère
multifactoriel du développement de la radicalisation (violente), avec une combinaison de facteurs de
risque à différents niveaux. Bien que ces facteurs semblent accroître le risque de radicalisation, il
n’existe pas de modèle objectif de certains jeunes qui se radicalisent et il n’est pas possible de parler
2
  Le processus visant à adopter [par lequel un individu ou un groupe adopte] un système de croyance extrémiste [inspiré par des notions
philosophiques, religieuses, politiques ou idéologiques], en ce compris la volonté d’utiliser, de soutenir ou de faciliter la violence [ou des
moyens anti-démocratiques], en tant que méthode servant à induire un changement [drastique] dans la société.
‘du’ radical (Bjørgo, 2011; de Graaff, de Poot & Kleemans, 2009; Horgan, 2008; Van den Bos et al.,
2009; Veldhuis & Bakker, 2007). Les principaux facteurs décrits dans la littérature peuvent être
structurés comme suit :

Causes profondes                Facteurs d’attraction           Facteurs de rejet               Eléments déclencheurs
âge: jeunes en quête            - facteurs d’attraction         -facteurs de rejet internes     Un événement dramatique
d’identité                      internes                        ex. expériences                 peut attiser le
                                ex. identification à des        personnelles                    comportement en lui-même
perte de liens sociaux :        victimes, insatisfaction par    ex. manque de                   ou la radicalisation
absence de réseau stable et     rapport à la situation          connaissances sur certains      violente, ex. décès d’un
affectif                        actuelle                        sujets                          membre de la famille ou
                                                                ex. paradoxe d’intégration      guerre
privation perçue : sentiment    -facteurs d’attraction          (frustration, manque
d’être discriminé ou de ne      contextuels                     d’appartenance)                 Internet: recruteurs d’un
pas avoir le même accès         ex. dynamique de groupe,        -facteurs de rejet              mouvement ou sentiment
que d’autres aux biens et       isolement social,               contextuels                     de connexion avec un
produits de base                recrutement                     ex. dynamique de groupe,        réseau radical
                                                                leaders charismatiques,
                                -facteurs externes              privation perçue
                                ex. événements
                                (géo)politiques                 -facteurs externes ;
                                                                causes politiques,
                                                                économiques, culturelles

Les facteurs de risque décrits supra, qui peuvent entraîner un jeune à se radicaliser, ont constitué le
fondement de la recherche empirique. Les chercheurs ont ainsi identifié les principaux mécanismes et
facteurs de risque dans la littérature et ils les ont exprimés de façon positive.
Il était important de bien cerner ces facteurs de risque, mais aussi et surtout de mettre en évidence les
facteurs qui rendent les jeunes résilients. Pour ce faire, les chercheurs se sont penchés sur les aspects
motivants dans leur vie.

          1.3 Facteurs de protection

Il a été peu question des facteurs de protection face à la radicalisation, bien que le concept ait une
longue tradition dans les recherches sur la violence en général. Afin d’éviter que les jeunes ne tombent
dans la spirale de la radicalisation violente, un facteur-clé est de renforcer leur résilience. La résilience
peut être définie comme suit : “la capacité à rebondir face à l’adversité” (Bonnell et al., 2011; Masten
& Reed, 2005; Rutter, 2012). Selon Frederickson (2013), les individus deviennent plus résilients s’ils
apprennent à créer plus de moments de résonance positive3 avec les autres.

Born, Chevalier & Humblet (1997) ont identifié quatre facteurs de protection dans leurs recherches sur
la résilience. La première catégorie renvoie au climat éducatif et résidentiel. Les adolescents résilients
vivent dans un climat émotionnel positif, dans lequel l’autonomie et l’ouverture d’esprit sont mis en
valeur. Leur climat éducatif défend la valeur de la réussite ainsi que des valeurs religieuses stables. En
termes de loisirs, leur environnement exerce une influence structurante. Ensuite, les ressources
personnelles peuvent être des facteurs de protection dans la mesure où les adolescents résilients

3
  La résonance positive sont des micro-moments de trois dynamiques interconnectées. Tout d’abord, il existe une connexion
avec une autre personne sur une ou plusieurs émotions positives (fierté, gratitude, joie, …). Ensuite, il est question d’une
synchronisation dans la biochimie et le comportement de ces personnes et, enfin, il y a une volonté profonde d’investir dans le
bien-être réciproque.
semblent avoir plus de capacités cognitives que leurs homologues non résilients. Ils se montrent aussi
plus actifs face aux problèmes qui se présentent, plutôt que d’être passifs ou irréalistes. En outre, ils
ont manifesté plus de foi dans leur propre efficacité et une plus grande confiance en soi. Une troisième
catégorie concerne le soutien social que les individus reçoivent. Les jeunes résilients sont plus
satisfaits du soutien de leur environnement social et semblent bénéficier d’un plus large réseau social.
La dernière catégorie renvoie aux relations avec des référents. Ces facteurs de protection ont été
découverts lors des interviews. Les jeunes ont apparemment de nombreuses ressources qui donnent du
sens à leur vie. Ils ont aussi mentionné des stratégies qui leur permettent de faire face aux adversités et
difficultés sans souffrir des échecs ou être influencés négativement par leur idée du futur.


        Un réseau stable

Les jeunes éprouvent une forte envie de se connecter à leurs pairs et de faire partie d’un groupe en
raison de leur besoin d’appartenance et de connexion (Newman & Newman, 2001). Quand ils ne
peuvent pas se reposer sur des liens familiaux solides ou faire appel à des institutions sociales, les
jeunes deviennent plus réceptifs à la ‘communauté imaginée’ d’une nation ou d’une race et tendent à
se montrer plus ouverts aux idées radicales (Boutellier et al., 2007). Jackson, Born & Jacob (1997)
affirment en revanche que le rôle positif joué par les amis leur apporte un soutien social et les aide à
faire face aux problèmes.
La plupart de nos sondés bruxellois semblent bénéficier d’un réseau stable et affectif ; la famille est
très importante, elle prime sur les amis. Par ailleurs, de nombreux répondants ont signalé qu’ils
percevaient leur famille (parents, frères et sœurs ou grands-parents) ou leur entourage (enseignants,
formateurs) comme des personnes auxquelles ils avaient envie de ressembler et qui avaient des choses
à leur apprendre. Dans la vie des jeunes, ces modèles sont d’une grande importance pour leur identité,
le développement de leur maturité et leur engagement positif dans la société. Enfin, plusieurs jeunes
ont affirmé remplir un rôle de modèle pour leurs frères et sœurs ou leurs pairs, ce qui leur donnait un
bon sentiment d’eux-mêmes.

       Domaines de la vie comme marqueurs d’identité

Les jeunes entre 16 et 25 ans s’estiment dans une phase où ils doivent faire des choix cruciaux,
déterminants pour leur vie (Hauspie, Vettenburg & Roose, 2010). L’adolescence (ou préadolescence)
est une période vulnérable car les jeunes sont en plein processus de développement identitaire.
Pendant les interviews, les jeunes ont mis en exergue plusieurs domaines dans lesquels ils se sentent
bien, renforcés et appréciés. Les jeunes font en quelque sorte de l’équilibrisme en étant capables de
trouver et d’appliquer un équilibre entre les différents domaines. Leur réseau vient en premier.
Ensuite, de nombreux jeunes trouvent du sens dans leurs racines culturelles - marquées par des
personnes d’origine (ethnico-culturelle) différente - comme étant un marqueur essentiel de leur
identité. Ensuite, la religion, l’école et les loisirs sont des éléments importants dans la vie de bon
nombre de jeunes.

La musique est aussi perçue comme une source non négligeable pour se régénérer, se calmer, se vider
l’esprit et, plus encore, c’est une façon d’exprimer des sentiments et pensées dont on n’est pas capable
de parler, voire de s’exprimer par la religion. A côté de la musique, les jeunes ont aussi désigné le
sport comme un moyen d’apaisement. Une dernière ressource dans la quête d’identité est Internet,
même si les jeunes – qui ont reconnu passer beaucoup de temps sur la toile - ne la considèrent pas
comme aussi importante que d’autres domaines de leur vie.

       Face à l’adversité

Dans les interviews, les jeunes ont été amenés à parler de ce qu’ils considèrent comme des injustices.
Ils ont fait référence à l’image négative que les medias donnent de l’Islam, aux généralisations assez
négatives sur le groupe ethnico-culturel auquel ils s’identifient ou l’ignorance concernant la différence
entre les origines et la religion. Cependant, ces expériences ne semblaient pas directement susciter des
sentiments de privation chez les jeunes, comme il en est question dans la littérature. De plus, bien
qu’elles n’aient pas été mentionnées comme facteur de risque par rapport à la radicalisation violente,
nous avons constaté que les manifestations de violence (au quotidien) jouaient un rôle non négligeable
dans la vie des jeunes. Plusieurs d’entre eux ont précisé avoir commencé à pratiquer les arts martiaux
pour apprendre à se défendre. Pour éviter la violence, la majorité des jeunes affirment prendre une
certaine distance, ne pas réagir aux provocations et essayer de se calmer.
L’étude de la littérature a montré que plusieurs formations et interventions étaient axées sur les
différences et l’augmentation de la tolérance. Dans le contexte métropolitain de Bruxelles, les jeunes
sont confrontés à une large diversité d’origines ethnique, culturelle et religieuse. Cette diversité semble
leur avoir ouvert l’esprit face à la différence et permis de se sentir acceptés dans un contexte où
l’hétérogénéité domine.

       Défis futurs

Les éléments déclencheurs ou les bouleversements de vie jouent un rôle important dans le
développement de certains jeunes. La maladie ou le décès d’un membre de la famille ou de personnes
chères ont souvent été mentionnés comme des moments de perturbation. De nombreux jeunes ont
souligné que depuis lors, ils ont pris conscience qu’ils devaient prendre la vie plus au sérieux et que la
maladie ou la mort les a fait réfléchir sur des sujets auxquels ils ne pensaient jamais auparavant. Ces
moments de grand changement ont permis de déclencher un comportement plus mature et de vivre leur
vie de manière plus intense.

2. Interventions efficaces

Ces dernières années, différents projets ont été mis sur pied dans le domaine de la lutte contre la
radicalisation qui visent à accroître la résilience des jeunes. Ils tendent à développer des aptitudes et
compétences qui induisent des changements dans l’attitude et le comportement et rendent les jeunes
plus résistants aux messages et idées radicaux. Dans cette recherche, des projets ont été sélectionnés
lorsqu’ils fournissent des informations sur les compétences et aptitudes qui sont pertinentes pour
développer la résilience, sur des facteurs concernant les bonnes pratiques et sur les indicateurs pour
mesurer le changement dans la direction du contre-radicalisme. Mais en dehors de cela, ils sont
également utiles pour déterminer si et dans quelle mesure une approche positive est déjà utilisée.
Certains projets intègrent les forces, les buts et les souhaits des jeunes dans leurs interventions et
ajustent leurs formations aux méthodes du groupe cible ou des pairs. Cependant, il y a encore
beaucoup de marge d'amélioration pour concevoir des interventions entièrement positives et
appréciatives.

        2.1 Projets visant à accroître la résilience à la radicalisation

Plusieurs pays européens ont développé des projets qui mettent en œuvre des mesures précoces pour
contrer la radicalisation et renforcer la résilience des jeunes contre l'extrémisme. Certains ont été
évalués pour apprécier leur impact sur le processus de radicalisation (par exemple, l'initiative Cultures,
l'identité et la résilience), d'autres ont été évalués pour apprécier leur impact sur la résilience en
général (par exemple, UK Resilience Program). STREET, Déradicalisation - intervention ciblée),
d'autres faisaient partie d'une recherche approfondie à grande échelle sur les méthodes d'enseignement
qui contribuent à renforcer la résilience à l'extrémisme (par exemple, Philosophie pour les enfants,
Disparition numérique) (Bonnell et al., 2011).
 Aperçu des projets
Un projet est considéré comme une «pratique prometteuse» lorsqu'il répond à certains critères. Tout
d'abord, les interventions devaient être de nature préventive, en intervenant dans les premiers stades du
processus de radicalisation. Deuxièmement, des projets ont été sélectionnés qui mettent l'accent sur la
résilience et l'autonomisation des jeunes vulnérables à la radicalisation (violente). Troisièmement, ils
visent à renforcer la résilience en influençant les connaissances, les attitudes et les comportements des
jeunes et en développant les compétences et les aptitudes pertinentes. Quatrièmement, nous avons
cherché à réunir des projets qui utilisent des formations ou des contextes éducatifs comme outil
d'intervention. En outre, les projets se concentrent sur les jeunes vulnérables eux-mêmes. Enfin, les
interventions devaient être évaluées d'une manière ou d'une autre. Un aperçu des projets est présenté
dans le tableau ci-dessous.

Projet                                            Objectif
Training ‘Identity and Resilience’ (NL)           Renforcer les compétences et les aptitudes des
                                                  jeunes femmes musulmanes, renforcer leur
                                                  participation à la société néerlandaise et
                                                  renforcer leur résilience envers les personnes et
                                                  les pensées radicales

The UK Resilience Programme (UK)                  Améliorer le bien-être psychologique des
                                                  élèves en renforçant la résilience et en
                                                  promouvant une pensée précise, en donnant
                                                  des compétences pour gérer leurs émotions,
                                                  traiter les conflits et les influences négatives et
                                                  réfléchir de manière critique

Philosophy for Children (UK)                      Développer les compétences d'investigation,
                                                  d'écoute et de communication, impliquer les
                                                  jeunes à intégrer des points de vue différents
                                                  dans leur réflexion personnelle et à développer
                                                  des capacités de réflexion critique et la
                                                  capacité de réfléchir

STREET (UK)                                       Atteindre et impliquer les jeunes musulmans
                                                  qui sont à l'écart des institutions
                                                  traditionnelles, y compris les mosquées, afin de
                                                  fournir des environnements alternatifs et sûrs
                                                  et, le cas échéant, des interventions ciblées

Rewind (UK)                                       Organiser des séances de sensibilisation contre
                                                  le racisme à l'intention des jeunes et du
                                                  personnel, soutenir les personnes vulnérables
                                                  au recrutement dans les groupes d'extrême
                                                  droite et aider ceux qui exercent une influence
                                                  sur les postes, tels que les enseignants; Offrir
                                                  des cours de formation par les pairs

Model United Nations (USA)                        Enseigner aux jeunes à comprendre et à
                                                  apprécier les expériences et les points de vue
                                                  des autres, encourage les participants à
                                                  travailler ensemble pour résoudre les conflits
Digital Disruption (UK)                            Renforcer la résilience des jeunes à la
                                                   propagande extrémiste en ligne en les
                                                   sensibilisant aux techniques utilisées

Deradicalization – Targeted Intervention (DK)      Le développement d'outils et de méthodes pour
                                                   faire face à la radicalisation des jeunes, à lutter
                                                   contre l'engagement des jeunes dans des
                                                   environnements extrémistes qui recourent à la
                                                   violence ou qui justifient l'utilisation de la
                                                   violence

Cultures Interactive (DE)                          Utiliser les cultures des jeunes pour travailler
                                                   avec les adolescents à risque issus de
                                                   communautés défavorisées susceptibles d'être
                                                   entrainés dans l'extrémisme, la délinquance
                                                   chez les jeunes et la violence

Figure 1. Pratiques prometteuses européennes

Les pratiques présentées ont donné un aperçu des aptitudes et des compétences qui ont été développées
et renforcées au sein des différents projets afin de renforcer la résilience face aux idées extrémistes et
radicales. Les interventions visaient à effectuer des changements avec les participants au sujet de leurs
connaissances (p. ex. les techniques de propagande, les connaissances religieuses et historiques), leurs
attitudes (par exemple la tolérance envers les personnes ayant des opinions divergentes, l'autoréflexion
et le bien-être émotionnel) et leur comportement (capacité de débat, assertivité, résolution de conflits,
travail en équipe et réflexion critique). En outre, les projets ont également fourni des informations
pertinentes concernant le contexte de la formation (par exemple, les méthodes d'enseignement et les
styles de facilitation).

     Facteurs généraux pour de bonnes interventions
Plusieurs facteurs (Weilnböck, 2012, Bonnell et al., 2011, Barclay 2011 ISD, nd, Horgan, 2008) sont
présentés dans le tableau ci-dessous. La confiance est un facteur important à considérer lors de la
conception d'une formation.

Faciliter un espace sûr pour le dialogue et une interaction positive est un facteur crucial pour les
activités de renforcement de la résilience (Bonnell et al., 2011). Pour établir la confiance, l'attitude
(ouverture aux opinions différentes et respect des préconceptions des participants), le contexte
(indépendance, crédibilité, par exemple âge, race, appartenance ethnique, même sexe ou venant de la
même zone) et les compétences (connaissances pour contrer les stéréotypes ou les hypothèses) de
l'animateur jouent un rôle important. En outre, le style de facilitation et les méthodes d'enseignement
qu'il utilise sont importants pour établir la confiance.

Un style d'interaction narrative et un environnement d'apprentissage sans jugement aident les
participants à s'ouvrir l'un à l'autre et à l'animateur (Barclay, 2011, Weilnböck, 2012, ISD, n.d). Au
cours de la formation, il faut porter attention aux processus de dynamique de groupe. Les interventions
semblent avoir de bons résultats lorsqu'elles sont centrées sur l'adolescent et que les jeunes sont
dirigés, de sorte qu'ils créent un sentiment d'appartenance.

Les méthodes par les pairs semblent également très utiles pour obtenir l’appropriation. Les jeunes sont
capables de communiquer les messages de manière plus pertinente et crédible. Ils ont plus de
connaissances sur les problèmes et l'environnement du groupe cible, et sont donc censés avoir plus
d'impact. Les projets P4C et Rewind ont fait appel à des pairs dans leurs interventions (Bonnell et al.,
2011; Lub, 2011). La participation de mentors ou de modèles qui ont été radicalisés eux-mêmes peut
être utile parce qu'ils ont une bonne compréhension du groupe de clients, en particulier dans les projets
de radicalisation. Cependant, la plupart d'entre eux sont d'accord pour dire que les projets ont besoin
d'un mélange de ceux qui ont une expérience directe avec des professionnels ayant d'autres
compétences, comme les psychologues, les travailleurs sociaux et les praticiens de la santé, par
exemple (ISD, nd).

En dehors de cela, le milieu social doit être impliqué: faire en sorte que les connaissances et les
compétences acquises soient intégrées à différents niveaux: dans les communautés, les participants
font partie intégrante de la vie des participants. De nouvelles compétences devraient s'appliquer à la
vie quotidienne des participants (Weilnböck, 2012, Bonnell et al., 2011, Barclay 2011 ISD, nd,
Horgan, 2008).

Approche holistique                Facilitateur                    Méthodes/Styles
Implication du réseau social       Une attitude ouverte et         Jeune centré et dirigé
                                   respectueuse

Implication des institutions       Indépendante et crédible        Inclure des modèles ou des
                                                                   mentors

Implication des communautés        Compétences et expertise        Interaction narrative

Intégré et applicable dans la      Espace de dialogue et           Environnement
vie sociale                        d'interaction                   d'apprentissage sans jugement

Interventions pour l’environnement                 Règles

Figure 3. Facteurs d’impact concernant la (dé)radicalisation. (Sources: Weilnböck, 2012; Bonnell et
al., 2011; Barclay 2011; ISD, n.d; Horgan, 2008)

        2.2 Indicateurs pour une formation efficace

Weilnböck (2012) a formulé des critères pour les bonnes pratiques et les facteurs d'impact - et des
lignes directrices pour un travail de (dé) radicalisation. Les indicateurs énumérés sont utiles pour le
développement et l'évaluation des interventions.

Indicateurs de changement mental dans le processus de déradicalisation

                                                     La personne montre une nouvelle attitude, et
                                                     l'appréciation pour les souvenirs personnels et
1. 1. Appréciation pour les souvenirs personnels     pour l'expérience émotionnelle de se souvenir

                                                     L'individu montre des signes qu'il a construit la
                                                     confiance en soi et la confiance avec les
2. Confiance et confiance en soi                     animateurs et le groupe
L'individu a augmenté sa capacité de participer
                                                   à l'interaction narrative et de raconter / d'écouter
3. Interaction narrative                           des histoires [récits]

                                                   L'individu montre des signes qu'il commence à
                                                   réaliser et à réfléchir sur ses propres affects et
4. Apprentissage émotionnel                        sur des situations dans lesquelles il était
                                                   principalement guidé par des émotions.
                                                   L'individu est capable d'observer l'observation
                                                   des émotions et des pensées sur les
                                                   conséquences de ces émotions, et comment la
                                                   situation aurait pu avoir un résultat différent.

                                                 L'individu reconnaît les autres et / ou soi-
                                                 même comme contentieux dans la nature, ce
5. Faire face à l’ambivalence                    qui signifie que la personne laisse derrière le
                                                 monde «noir et blanc», entrer dans un monde
                                                 de différentes nuances de couleur.

                                                 La personne montre des signes d'appréciation
                                                 nouvellement construits et de capacité à
6. Capacité d’argumenter                         discuter ou à lutter avec les autres de manière
                                                 non destructrice, que ce soit sur des questions
                                                 politiques, religieuses ou personnelles.

Figure 4. Indicateurs de changement mental (Source: Weilnböck, 2012)

Lors de l'évaluation de l'impact d'une formation, il est également important de prendre en compte les
effets en dehors du contexte de la formation. La mesure des effets des formations anti-radicalisation
devrait se concentrer sur trois niveaux: le changement d'attitude et le changement de comportement
des participants et le degré d'influence de la formation sur le contexte social (Gielen & Grin, 2010).

3. Approches en vue d’accroître la résilience des jeunes pour prévenir la radicalisation

Il existe trois approches générales qui peuvent être incorporées comme des pierres angulaires positives
dans la prévention de la radicalisation. La première approche consiste à reformuler le concept de
«radicalisation» à son noyau positif (Benschop, 2006, Ludema, 2001, Van San et al., 2010). La
deuxième approche se rapporte à l'approche de l'Appreciative Inquiry (Bouwen & Meeus, 2011,
Bushe & Kassam, 2005, Cooperrider, Whitney & Stavros, 2005). La troisième approche porte sur le
développement de la compétence interculturelle (Krols et al., 2011).

        3.1 Recadrer le discours sur la radicalisation

Bien que la radicalisation soit souvent liée à la violence, les notions radicales ne doivent pas
déboucher sur l'utilisation de la violence. Le radicalisme peut aussi être décrit comme une idéologie;
une expression d'implication politique, ce qui ne signifie pas nécessairement que cette implication
suppose l'utilisation de la violence (Ponsaers et al., 2010). Van San et al (2010) affirment que l'accent
devrait être mis sur le «recadrage» de la terminologie du discours sur la radicalisation: élaborer une
opinion extrême sur certaines questions et avoir des idéaux sur l'avenir ne sont pas en soi
problématiques. Mais l'étiquetage des jeunes comme «radicaux», apporte le message que certaines
notions sont inappropriées dans un système démocratique, même si certaines des critiques, ou des
parties des idéologies, pourraient être pertinentes ou légitimes. Les jeunes passionnés ont pour
idéologies ou pensées, peuvent être utilisés pour aider les jeunes à se développer en acteurs critiques,
politiquement conscients dans la société. (Van San, et al., 2010). Benschop (2006) affirme que les
gouvernements devraient se concentrer sur l'autonomisation des jeunes dits radicaux (qui veulent
réellement attirer l'attention sur les plaintes), au lieu de les vaincre. Ainsi, en appréciant positivement
le jeune [qui devient] radical comme une personne à la recherche d'une citoyenneté active, le jeune est
capable de développer ses idéaux de manière positive (Van San, et al., et al. 2010).

        3.2 Approche d'appréciation de la passion des jeunes
L'enquête appréciative offre un cadre, donne des directives, et la philosophie d'inverser notre
mentalité, et de commencer un processus de changement générateur, co-créateur pour reformuler le
discours sur la radicalisation violente. Ici, les problèmes ne sont pas niés, mais ils sont abordés comme
un souhait pour autre chose. L'accent est mis sur la création de possibilités au lieu de résoudre des
problèmes (Bouwen & Meeus, 2011). L'Enquête appréciative peut être décrite comme un ensemble de
principes pour affecter les groupes et les organisations. L’EA repose sur l'hypothèse que chaque
organisation et système humain a quelque chose qui fonctionne bien (Cooperrider, Whitney & Stavros,
2005). L'art de l'appréciation est la découverte et la valorisation de ces facteurs qui donnent vie à un
groupe ou à un système humain. Tout diffère de la résolution conventionnelle des problèmes
managériaux et sociétaux, puisqu'il existe une hypothèse de base selon laquelle un problème doit être
résolu.

Par conséquent, les problèmes clés doivent être identifiés, les causes et les solutions analysées, et un
plan d'action doit être développé. En revanche, l'hypothèse sous-jacente de l'EA est que les systèmes
humains sont une solution à embrasser, plutôt qu'un problème à résoudre (2005). Une comparaison
entre les deux approches peut être trouvée dans la figure 5. Les paradigmes

Paradigme 1: Résolution de problèmes       Paradigme 2: Enquête appréciative

“Felt need”                                Apprécier
Identification de problème                 “Evaluer le meilleur de ce que c’est”
                                           “le noyau positif”

Analyse racine-cause                       Visionner
                                           “Ce qui pourrait être”

Analyse de solutions possibles             Dialoguer
                                           “Ce qui serait”

Planning d’action                      Innover
(traitement)                           “Ce qui sera”
Figure 5. Paradigmes (Source: Cooperrider, et al. 2005.)

Le processus d'EA implique des entretiens et des récits, pour tirer le meilleur du passé et préparer le
terrain pour une visualisation efficace à l'avenir (2005). Simons & Havert décrivent l'enquête
appréciative comme: «un système de découverte qui se concentre sur identifier le meilleur qu'un
individu [...] a à offrir, trouver des manières d'exploiter ces talents et attributs, et planifier et mettre en
application des manières d'avancer pour atteindre des buts» (2012 , Page 210). L’EA cherche donc à
mettre en évidence et à éclairer ce que sont les forces «vivifiantes» ou le «noyau positif» (2005). Une
intervention ne devrait donc pas se concentrer sur ce que nous ne voulons pas ou sur ce que nous
pensons qu'il faut combattre. Au lieu de cela, l'accent devrait être mis sur ce que les jeunes veulent
atteindre dans leur vie, en se concentrant sur leurs objectifs et leurs souhaits. En incluant tout le monde
dans un processus d'EA, et en ne se concentrant pas seulement sur les jeunes vulnérables, nous
pouvons accomplir que chacun est impliqué. Parce que: ce à quoi vous prêtez attention, se développe.
Les participants à un processus d'EA co-construisent l'avenir en concevant une déclaration provocante
et inspirante de l'intention qui est fondée sur les réalités de ce qui a fonctionné dans le passé (Bushe et
Kassam, 2012; Cooperrider et al. 2005).

        3.3 Compétence interculturelle

Une compétence essentielle pour susciter un débat critique sur les idées (extrêmes) est la compétence
interculturelle. Ceci doit être perçu comme un processus irréversible d’une prise de conscience et
acceptation accrues en termes de connaissances, compétences et attitudes, d’une prise conscience de la
personnalité, du développement d’un regard critique sur soi dans des situations en société, de la
transformation de soi en relation avec les autres et des manières créatives de faire face à la réalité
(Krols, et al., 2011). Plus précisément, la Compétence interculturelle est perçue comme : “la gestion
adéquate et efficace de l’interaction entre personnes qui diffèrent les unes des autres dans des
orientations du monde soit différentes, soit divergentes en matière affective, cognitive et
comportementale.” (Spitzberg, 1989 in Krols et al., 2011).

Le développement de la compétence interculturelle est une approche qui aborde différents aspects et
qui les intègre en une seule compétence. En ce qui concerne le processus de la radicalisation, on peut
soutenir qu’une personne interculturellement compétente est capable de se mouvoir mentalement entre
différentes formes de radicalisation, sans recours à des moyens violents ou illégaux. La compétence
culturelle se compose de neuf compétences : la connaissance culturelle de soi ; la flexibilité culturelle ;
la résistance morale culturelle ; l’ouverture culturelle (réceptivité) ; l’acquisition culturelle de
connaissances ; la compétence relationnelle culturelle ; la compétence communicative culturelle ; la
compétence “conflit culturel” et le regard pluriperspectiviste culturel. Pour atteindre un niveau élevé
de compétence interculturelle, il faudra aborder en même temps les différents aspects. En affichant un
comportement interculturellement compétent, ces différents aspects sont inextricablement liés ; en
effet, un aspect constituera peut-être une précondition pour un autre, et vice versa.

En se basant sur les conclusions des bonnes pratiques issues de la recherche littéraire (inter)nationale,
et en y ajoutant les conclusions de l’analyse de l’interview, une formation devrait couvrir certains
aspects. La figure et le texte ci-après donnent un aperçu de ces éléments.
Interaction             Bonnes pratiques     Enquête                 Compétence             Indicateurs de    Recadrage du
         moralement              (inter)nationales    appréciative            interculturelle        changement        discours sur la
         résistante              (basées sur la       (Cooperrider et al.,    (Krols et al., 2011)   mental            radicalisation
         concernant les          littérature)         2005)                   (9 composants)         (Weilnböck,
         idéaux forts                                 (cycle 4-D)                                    2012)
         (Base : travail sur                                                                         (5 indicateurs)
         le terrain)
1.       Réseau :                Faire usage de       Phase-découverte :      Connaissance           Appréciation      S’enquérir de
         accent sur, et          méthodes des         on découvre             culturelle de soi      pour des          l’essentiel
         renforcement de,        pairs : mentors      l’histoire et le                               souvenirs         positif/ du
         la conscience de        ou modèles de        souhait personnels                             personnels        souhait derrière
         l’existence de          rôle.                                                                                 la radicalisation
         réseaux puissants       A inclure et à
         comme la famille,       ancrer dans
         les pairs, l’école et   l’environnement
         les clubs sportifs      social
2.       Ressources              Animateur-           Phase-découverte :      Réceptivité            Interaction       Renforcer le
         identitaires :          facilitateur en      capacité d’écouter      culturelle &           narrative         dialogue portant
         tournants               crédibilité,         les histoires           Connaissance                             sur des sujets
         personnels,             connaissances,       [narrations]            culturelle de soi                        sensibles
         culture, religion,      compétences et       Renforcer la
         modèles de rôle         antécédents          capacité de vivre
         Reconnaître et          pour créer un        des micro-moments
         respecter de            environnement        de résonance de
         multiples               sûr                  positivité
         perspectives
3.       Gérer les futurs        Inclure              Phase onirique :        Flexibilité            Faire face à      Trouver de
         défis                   l’environnement      formuler des            culturelle; Regard     l’ambivalence     nouveaux mots
         Perspectives            social               souhaits alternatifs    pluriperspectiviste;                     pour s’adresser
         multiples :                                  concernant l’avenir     Compétence                               aux jeunes aux
         ouverture au                                 et la société au sens   communicative;                           idées radicales
         dialogue                                     large                   Compétence
                                                                              relationnelle;
         Résistance morale
                                                                              Compétence
         face à l’injustice
                                                                              “conflits”
4.       Réseau :                Inclure              Phase design :          Compétence             Capacité          Renforcer le
         utiliser les            l’environnement      capacité de             communicative          d’argumenter      dialogue et la
         modèles de rôle         social               dialoguer au sujet      culturelle                               compréhension
         auxquels les            Faire usage de       de plusieurs formes     Compétence                               de perspectives
         jeunes souhaitent       méthodes des         (démocratiquement       relationnelle                            multiples
         ressembler              pairs                acceptées ou moins      culturelle
                                                      acceptées) d’idées
                                                                              Compétence
                                                      radicales
                                                                              “conflit culturel”
5.       Défis futurs :          Ancrer la            Phase design :          Résistance morale      Apprentissage     Renforcer la
         Soutenir les rêves      formation dans       devenir                 culturelle             sur le plan       conscience au
         et souhaits des         l’environnement      positivement ancré                             émotionnel /      sujet des projets
         jeunes                  social               dans la société                                reconnaissance    futurs
                                 Collaboration                                                       des émotions      Permettre une
                                 entre institutions                                                                    vision large sur
                                 Compétences                                                                           la société
                                 d’animateur-
                                 facilitateur

     Figure 7. Objectifs et composants d’une intervention

     -       Une formation devrait se concentrer sur le réseau social dont font partie les jeunes. Les membres
             de la famille et les amis opèrent souvent à titre de modèle de rôle. Nous recommandons aux
             organisations de rechercher des stratégies pour impliquer différents modèles de rôle dans leur
             approche ou intervention, et conseillons le renforcement des liens étroits déjà existants parmi les
jeunes. Certains modèles de rôle peuvent être inclus, car ils acquièrent la confiance et exploitent
    les normes et valeurs pour lesquelles les participants éprouvent de l’attirance. Une formation ne
    devrait pas simplement renforcer la conscience d’un réseau positif sur lequel les jeunes peuvent
    s’appuyer, il devrait également faire participer cet environnement. Cela signifie non seulement
    ancrer la formation (rendre les compétences applicables dans la vie des participants), mais
    d’également inclure leurs pairs, les gardiens et écoles.
-   Par ailleurs, certains jeunes mentionnent l’importance de la culture et de la religion dans leurs
    vies, en tant que ressources définissant leur identité/ qui ils sont. Les jeunes font preuve
    d’ouverture à l’égard des autres et/ou d’autres cultures, mais semblent plutôt éviter d’entamer un
    échange critique d’idées et demeurent sur leur “îlot” personnel. Nous recommandons, en général,
    de prêter attention et d’accorder la reconnaissance à la culture et à la religion dans une manière
    non stigmatisante afin d’impliquer celles-ci comme une ressource donnant la force aux jeunes et
    pouvant être perçue comme un motif de fierté. C’est pourquoi une formation devrait stimuler le
    développement de l’auto-connaissance (se rendre compte que chacun possède une histoire) et de la
    réceptivité culturelle (relativité de sa propre histoire). En écoutant l’histoire de tout un chacun
    (développement de la réceptivité culturelle), l’occasion s’offre aux jeunes de discuter de la
    manière de pouvoir renforcer leur réseau social, et d’apprendre à comprendre les expériences
    personnelles et à écouter activement de telles narrations d’autrui. Pareille démarche devrait couvrir
    des sujets spécifiques concernant les normes et valeurs (c.-à-d. ce qui est considéré comme
    pertinent dans l’optique du parentage reçu), et poser des questions au sujet de la culture dans
    laquelle les jeunes ont grandi et pour en connaître la pertinence et la valeur. En outre, le fait de
    reconnaître l’existence de son propre récit personnel et d’avoir conscience de perspectives
    multiples (concernant la culture, la religion, etc.) a une importance pour favoriser le dialogue. Les
    bonnes pratiques dans la littérature ont montré que la tolérance envers les gens aux opinions
    dissidentes a joué un rôle majeur dans quasi toutes les formations en résistance morale. De plus, il
    est vivement conseillé de discuter du tournant dans la vie des jeunes et ce, afin de trouver des
    réponses sur l’essentiel positif ou sur leurs souhaits. Il a été frappant de constater combien de
    jeunes personnes interviewées pouvaient citer un tournant dans leur vie et comment cela a généré
    une multitude de changements positifs dans leur vie. Il est indispensable d’avoir un animateur-
    facilitateur possédant les aptitudes et les compétences pour créer un environnement sûr permettant
    de stimuler un dialogue paisible.
-   Il faut rendre les jeunes conscients du fait qu’ils peuvent canaliser ces émotions dans une direction
    positive, de manière à renforcer leur résistance morale face à l’injustice. Nous recommandons de
    privilégier le débat sur l’injustice, la discrimination et le racisme dans différents contextes (comme
    l’école, le club sportif, etc.) sous la guidance de personnes qui osent et qui se sentent compétentes
    pour affronter les ambiguïtés, et parler des mécanismes derrière l’injustice, la discrimination et le
    racisme. Une formation devrait permettre une large vision sur la société. Quelles sont les opinions
    des jeunes au sujet de la société au sens large et concernant notamment leur vie ? Les jeunes
    pourront s’engager dans un dialogue avec des pairs portant sur ces sujets, ce qui leur permettra de
    développer une large vision, bien que critique, relative à la société en général et à leurs futurs
    rêves en particulier. Pour ce faire, les jeunes devraient recevoir des formations en matière de
    dialogue (développer un regard pluriperspectiviste culturel, une compétence communicative
    culturelle et une compétence relationnelle culturelle) et de gestion des conflits (développer une
    compétence “conflit culturel”, une flexibilité culturelle et une résistance morale culturelle).
    Plusieurs exemples pertinents ont été mentionnés dans l’étude littéraire (cf. pensées positives pour
    accroître la résistance morale ; thérapie cognitivo-comportementale pour donner aux élèves les
    compétences pour gérer leurs émotions, etc.). De plus, nous recommandons de sauvegarder les
    espoirs manifestés que les jeunes ont mentionnés durant les interviews. Il importe de préparer ce
    groupe cible à relever les futurs défis, à saisir les occasions, mais aussi à faire face aux
    désillusions et aux discriminations dans le monde au-delà de l’école et de la famille nucléaire.
    Nous recommandons des acteurs sachant guider les jeunes (cf. professeurs, assistants sociaux,
    formateurs, etc.) pour prendre les espoirs et attentes des jeunes comme point de départ et assumer
    un rôle de coach afin de procurer les ressources nécessaires (modèle de rôle, connaissances,
    compétences) devant permettre aux jeunes de formuler les indispensables étapes vers leurs
    objectifs (cf. approche basée sur l’enquête appréciative).
-   Une formation devrait viser à recadrer le discours sur la radicalisation en général et le sujet en
    particulier. Nous recommandons à tous les acteurs travaillant avec des jeunes de recadrer le sujet
    de la radicalisation de manière positive, plus appréciative et holistique (cf. approche basée sur
    l’enquête appréciative), plutôt que de souligner le problème avec lequel les jeunes ne veulent peut-
    être pas être associés. En discutant de sujets pertinents selon les jeunes, on devrait s’atteler à
    trouver de nouveaux mots pour s’adresser aux jeunes aux idées radicales. Le langage devrait être
    changé pour devenir plus positif, à savoir un langage qui ouvre une voie à l’interaction positive et
    qui permet de parler de ce que chacun espère voir se produire, et de formuler des rêves futurs et
    des souhaits alternatifs. C’est pourquoi il est nécessaire que les formateurs, et les fonctionnaires,
    soulignent cette approche positive et s’engagent à recadrer le discours et tentent aussi de re-
    labelliser ces jeunes comme étant de futurs citoyens critiques.
-   Les formateurs ne doivent pas simplement être formés correctement, ils doivent également jouer
    un rôle significatif dans l’instruction et l’éducation des jeunes. Un formateur ou animateur-
    facilitateur devrait être à même de découvrir les sources d’énergie positive des jeunes et de
    soutenir ce groupe cible pour trouver des moyens d’accroître ces énergies positives. De plus,
    l’animateur devrait posséder certaines connaissances relatives au sujet discuté, mais sans
    nécessairement être un expert : les jeunes doivent se sentir invités à discuter de sujets qui les
    intéressent et doivent se sentir soutenus pour exprimer leurs émotions et leurs désirs. Un animateur
    doit reconnaître ceci et renforcer l’interaction et le dialogue entre les participants. Par ailleurs,
    l’animateur devrait bénéficier d’une certaine crédibilité qui peut être gagnée par le respect dû au
    statut, à l’âge ou à des antécédents semblables ou origines ethniques similaires. Les animateurs
    devraient découvrir les sources puissantes que recèlent les jeunes et trouver des manières de
    renforcer ces sources en collaboration avec ce groupe cible.
-   Toutes ces mesures devraient se voir intégrées dans une approche d’ensemble. Une formation
    performante se base sur une vaste combinaison d’initiatives, d’actions et de mesures qui,
    ensemble, vont procurer un environnement de (plus) haute qualité. Une autre caractéristique est
    que les décideurs politiques attachent une grande importance à l’implication et à la participation de
    tous les membres de la communauté (par exemple dans le cadre d’un projet scolaire : direction de
    l’école, professeurs/éducateurs, étudiants, parents). Une collaboration avec le voisinage ou
    l’environnement au sens large est à recommander.
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