CLOUD COMPUTING CAHIER SPÉCIAL - Cloud computing : la transformation numérique est engagée ! p.II
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CAHIER SPÉCIAL CLOUD COMPUTING Cloud computing : la transformation numérique est engagée ! p.II Le cloud computing : oui mais à quel prix et pour quels bénéfices ? p.VI KPMG : le cloud, un enjeu opérationnel et stratégique pour les entreprises p.XIV
Marché/Cloud computing Marché/Cloud computing Cloud computing : la transformation numérique est engagée ! Longtemps resté porté par les promesses de diminution des coûts liées au poste informatique, le cloud computing séduit désormais les entreprises par sa capacité à les accompagner dans leurs projets de transformation. A ujourd’hui, force est de constater que la réduction directions générales et informatiques ont développé une vision des coûts informatiques reste l’une des premières clarifiée et concrète des bénéfices et des difficultés rencontrées motivations des entreprises qui basculent vers le lors du déploiement d’un projet cloud. Parmi les principaux faits cloud. 48 % des entreprises interrogées dans le marquants, l’intégration de cette technologie doit aller de pair cadre d’une étude KMPG en 2013 considèrent la avec une refonte des processus clés de l’entreprise. La démarche réduction des coûts comme la principale raison de leur passage est en effet nécessaire pour tirer profit des économies de coûts au cloud, suivie par la vitesse d’adoption de cette technologie informatiques réalisées à court terme et contribuer par ailleurs (28 %). Sept entreprises sur dix sont plutôt d’accord ou tout à la transformation sur le long terme des modèles économiques. à fait d’accord pour dire que l’environnement cloud a permis Sur un marché devenu mature, les entreprises cibles ne une réduction significative des coûts. Mais les réflexions sur le s’interrogent donc plus sur la nécessité d’investir dans un projet (24 %) et à renforcer leur interaction avec leurs clients (21 %). déployé des solutions cloud public, la majorité des dépenses en sujet dépassent maintenant largement ce simple cadre financier. cloud, mais cherchent plutôt, aujourd’hui, à mettre en œuvre Les bénéfices des solutions cloud seront par ailleurs d’autant cloud proviennent alors des métiers, mais la visibilité des DSI Transformation de la DSI, modernisation des infrastructures cette technologie de la manière la plus performante possible. plus tangibles et conséquents que le déploiement aura été sur la dépense initiée par les métiers reste très faible. De plus, il informatiques, évolution des modèles applicatifs et des modèles La démocratisation du cloud s’accompagne d’ailleurs d’un mené en tandem avec une redéfinition des organisations et des arrive que les directions métiers déploient des solutions de cloud de services, modifications des processus de facturation et de changement important dans la vision de cette technologie qui, processus opérationnels. «Contrairement à ses voisins européens, paiement des services IT sont désormais autant de sujets liés au au-delà d’un simple levier de réduction des coûts, s’avère aussi la France ne semble pas prendre toute la mesure de l’ensemble cloud sur lesquels se penchent les entreprises des secteurs privés être un levier stratégique inscrit à l’agenda des responsables des avantages que le cloud computing peut apporter : moins et publics. informatiques et des directions générales. de 10 % des répondants considèrent cette technologie comme LES SOLUTIONS CLOUD Ainsi, le choix du cloud par les directeurs informatiques est un outil de transformation des processus de l’entreprise, alors PLÉBISCITÉES PAR LES PME Le cloud comme levier de transformation du motivé à 52 % par la réduction des coûts et à 34 % par la même que d’autres pays comme l’Allemagne (23 %) et l’Italie En ce qui concerne le solutions de sécurité modèle économique rapidité de déploiement de cette technologie. Si les deux objectifs (34 %) ont une sensibilité plus forte à cet objectif, explique Marie cloud computing, trois informatique en Si le cloud computing se déploie désormais au sein d’une sont très largement partagés par les directeurs généraux, Guillemot, associée, responsable du secteur technologies, médias grands domaines sont mode SaaS et à des grande majorité d’entreprises, son adoption nécessite cependant ces derniers attendent également du cloud une capacité à et télécommunications de KPMG en France. prioritairement ciblés par solutions d’archivage un temps d’adaptation. Confrontées aux réalités d’usage, les accompagner la transformation de leur modèle économique les PME : électronique ; Le cloud privé garde la préférence des l la collaboration l le développement entreprises avec des solutions de des ventes et du capital LES PRINCIPALES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR LES ENTREPRISES Parmi les différents modèles proposés, le cloud privé reste messagerie classique et client avec l’utilisation DANS LEURS PROJETS D’ADOPTION DU CLOUD actuellement celui qui est le plus plébiscité par les entreprises. instantanée, d’agenda des solutions en mode D’après le Cloud Index, réalisé par IDC en 2014, 86 % des partagé, de conférence SaaS de création de sites Coûts de déploiement 33 % entreprises ayant recours au cloud l’ont ainsi adopté. Dans le Web et de réseaux Web non transactionnels, sociaux internes ; de gestion de la relation Source : Etude internationale de KPMG, 2013 Intégration avec l’architecture existante 31 % cadre de ce modèle, l’entreprise garde ses propres environnements l la conservation client en ligne ainsi que Intégrité et confidentialité des données 30 % et ses propres infrastructures mais les met à la disposition de des données et de gestion de campagnes Perte de contrôle liée à l’externalisation 30 % l’ensemble de ses métiers, à qui elle facture en fonction de ses du patrimoine marketing digitales. différents usages. Avec le cloud privé, les entreprises ont certes informationnel de Aujourd’hui, de plus en Absence de visibilité sur les besoins futurs 26 % comme objectif la réduction des coûts, mais aussi une meilleure Markess International, 2012 l’entreprise avec des plus de PME se tournent Interopérabilité 26 % efficacité vis-à-vis des directions utilisatrices (diminution du solutions de stockage également vers des Sécurité 26 % temps de déploiement des applications, satisfaction des demandes et de sauvegarde de applications de gestion 21 % des métiers, etc.). Le cloud public consiste pour sa part à aller données en ligne. Ce d’entreprise (finance, Vol de propriété intellectuelle chercher chez un tiers les applicatifs, infrastructures et plates- domaine s’étend à la comptabilité, RH) ainsi Conformité réglementaire 18 % formes et de les payer à l’usage. Il nécessite une approche concertée protection des données que les progiciels de Transparence des contrôles opérationnels 18 % avec les métiers. Selon 21 % des directions informatiques ayant avec le recours à des gestion intégrés (ERP). II III
Marché/Cloud computing public sans le recours à la DSI (39 %). Enfin, les entreprises qui ont recours au cloud hybride cherchent avant tout à réduire les temps de déploiement des applications (69 %), tout en conservant une maîtrise forte des problématiques de sécurité et de confidentialité. Le cloud hybride consiste à disposer d’un cloud privé mais aussi d’aller le compléter à l’extérieur par des parties publiques. «Les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à comprendre les avantages qu’elles peuvent tirer de la combinaison de différents modèles cloud, explique Hervé Uzan, directeur général de VMWare France. Les gains en termes d’agilité, d’efficacité et de coûts peuvent être considérables et sans contrainte supplémentaire d’administration. Le cloud hybride, encore timide aujourd’hui, devrait continuer à croître puisque, dorénavant, les entreprises peuvent utiliser un modèle de gestion, de sécurité, etc., et ainsi profiter des avantages du cloud public sans modifier ni les applications ni les opérations.» La barrière de la sécurité se lève Gage de la maturité grandissante des entreprises par rapport aux projets cloud, les principaux freins à leur déploiement commencent à se lever. Certes, le risque majeur encore exprimé aujourd’hui par 30 % des entreprises interrogées reste celui de la perte ou de la corruption des données, tandis que 26 % citent les risques de sécurité au sens large et 21 % les risques de Marie Guillemot, associée, responsable violation de la propriété intellectuelle. Cependant, contrairement du secteur technologies, médias et à 2011, la sécurité n’est plus considérée comme le principal frein télécommunications, KPMG en France au développement du cloud, les entreprises s’estimant mieux préparées pour y faire face. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses à exprimer une confiance grandissante dans «La France ne prend pas encore la sécurité du cloud : plus d’une entreprise sur trois envisage d’adopter le Cloud dans les dix-huit prochains mois dans des toute la mesure de l’ensemble fonctions comme le procurement, le supply chain, la finance ou des avantages générés par le encore la business intelligence. La réglementation, en revanche, cloud computing.» reste un défi complexe à relever pour des entreprises évoluant dans certains secteurs d’activité tels que le commerce et la restauration (40 %), les universités (25 %) et la finance (23 %). Enfin, l’optimisation fiscale joue également un rôle décisif dans le passage au cloud pour 75 % des entreprises. Les entreprises Sylvain Leterrier, directeur, activité IT Advisory de KPMG en concernées soulignent en effet l’importance d’adopter une France. Il s’agit d’anticiper, avant même le démarrage du projet, structure d’imposition appropriée dans une optique de réduction la définition de la stratégie cloud en matière de gouvernance des coûts. Le secteur financier se considère comme le mieux et de sécurité, et la mise en place d’une structure de projet préparé à cette question, suivi par celui du commerce et de la suffisamment transversale pour tirer parti du potentiel du cloud restauration. au travers de la refonte de l’organisation et la redéfinition des processus métiers.» Une intégration plus complexe que prévu Au-delà de la maturité des entreprises et de leurs enjeux, le L’adoption du cloud s’avère néanmoins plus complexe qu’elle cloud pose donc en profondeur la question de la transformation ne l’était envisagée au départ par les entreprises, notamment en et de l’évolution du modèle des entreprises pour se diriger vers termes de gestion des données, d’intégration de systèmes et de un nouveau paradigme informatique. «L’entreprise numérique gestion des multiples fournisseurs de contenus. Plus d’un tiers s’installe progressivement dans le paysage, analyse Karim des entreprises interrogées dans le cadre de l’étude KPMG estime Bahloul, directeur études et recherches chez IDC. Les processus que les coûts de mise en place d’un projet cloud ont été plus internes, les modes d’interaction et de collaboration de l’entreprise élevés que prévu. 31 % ont rencontré des difficultés de mise avec ses clients et ses partenaires, les services délivrés aux clients en œuvre pure quant à l’intégration de ces nouveaux processus sont progressivement dématérialisés. Le numérique s’inscrit avec l’architecture existante. 30 % soulignent la perte de données désormais dans l’ADN de certaines entreprises en modifiant leur ou de contrôle sur ces données. «Les dépassements de coûts proposition de valeur et leur modèle économique. Mais, pour ainsi observés illustrent bien la nécessité de gérer la migration suivre cet élan, la transformation de la DSI s’impose.» n vers le cloud comme un véritable projet d’entreprise, indique Anne del Pozo IV
Table ronde/Cloud computing Table ronde/Cloud computing Le cloud computing : Philippe Tavernier, président exécutif de Numergy et administrateur du Syntec numérique : Le cloud computing concerne trois différentes typologies de technologies. cœur des dispositifs avec une vraie stratégie et une vraie vision partagée, avec tous les acteurs du comité de direction. oui mais à quel prix et La première, le SaaS (software as a service), porte sur les usages Laurent Gobbi, associé KPMG en charge de l’activité et/ou les applicatifs. La seconde couche est plus technique et IT Advisory : Au-delà du cloud, les réseaux sociaux, Internet, concerne les plateformes de développement, à savoir le PaaS le mobile, etc. mettent une certaine pression technologique sur (platform as a service). Enfin, la dernière couche, souvent la plus les DSI qui, en quelque sorte sont contraints de faire évoluer pour quels bénéfices ? nécessaire, est relative aux infrastructures, IaaS (infrastructures les choses. Souvent, les collaborateurs sont mieux équipés chez as a service). Ensuite, il existe plusieurs manières de délivrer eux qu’au bureau. Cette contrainte est un vrai sujet pour la DSI le cloud : la première, actuellement la plus répandue, est le qui doit avancer dans la même direction que les utilisateurs. cloud privé ou dédié. Dans ce cas, l’entreprise garde ses propres Parallèlement, nous sommes dans un contexte de pression environnements et ses propres infrastructures mais les met à la économique assez fort donc, dans beaucoup d’organisations, disposition de l’ensemble de ses métiers à qui elle facture en il faut optimiser les processus et les rationaliser. Nous venons fonction de ses différents usages. La seconde, le cloud public ou également de traverser un contexte difficile où beaucoup de mutualisé, consiste à aller chercher chez un tiers, les applicatifs, projets ont été ralentis et aujourd’hui il y a en quelque sorte une infrastructures et plateformes et de les payer à l’usage. Au remise à niveau. En même temps, les métiers ont de nouvelles milieu il y a le cloud hybride qui consiste à disposer d’un cloud exigences notamment pour développer de nouveaux business. Ils privé mais aussi d’aller le compléter à l’extérieur par des parties demandent alors souvent à leur DSI qu’une solution soit déployée publiques. Il existe également le cloud communautaire, où un très rapidement, parfois en quelques semaines. La première certain nombre d’acteurs tels que, par exemple, des hôpitaux ou réaction du DSI consiste à faire une étude de faisabilité, à monter des conseils généraux, mettent en commun et mutualisent des un budget et à présenter le projet à sa direction, ce qui, déjà, sources. Quoi qu’il en soit, tous ces clouds ont des caractéristiques prend deux ou trois mois. Un projet qui, en suivant ce processus communes : il faut que ce soit accessible par Internet, que le ne serait mis en place qu’un an plus tard. Or, aujourd’hui, le paiement se fasse à l’usage et, enfin, que ce soit flexible avec une paradigme change. Avec le cloud, l’utilisateur, par exemple le capacité de montée et de descente en charge quasi instantanée. directeur marketing, a la possibilité d’activer des solutions en mode SaaS et de mettre en ligne 100 à 200 nouveaux utilisateurs Jean-Michel Mougeolle, directeur des systèmes du jour au lendemain. d’information de MIKIT, président du club Utilisateur Salesforce France et membre du Club Le cloud, vecteur de transformation DSI : Les premières personnes concernées par les projets cloud des entreprises dans l’entreprise sont souvent les DSI. Néanmoins, force est de constater qu’ils peuvent arriver par les utilisateurs mais aussi, par Laurent Gobbi : Dans la plupart des organisations, la le marketing ou encore par des personnes qui sont directement majorité des activités sont soutenues par les systèmes. Ces «métiers» telles que, par exemple, les personnes qui montent des derniers évoluent à la fois avec les technologies mais aussi avec projets de téléphonie. Ca peut également venir des dirigeants ou les nouveaux business models. Par exemple, chez un opérateur de la DAF sur des axes stratégiques pour apporter de la souplesse télécom, les changements dans les systèmes et réseaux sont ou de l’agilité sur des domaines où l’entreprise en manque, ou de permanents et il faut activer les nouvelles offres rapidement la maîtrise budgétaire car le cloud permet de chiffrer à l’usage sur les réseaux. Le cloud est alors utilisé comme un accélérateur et de mettre un coût par utilisateur. Ce qui, ensuite, motive les du changement, notamment pour certains modules. Nous le De gauche à droite : Laurent Gobbi, associé KPMG en charge de l’activité IT Advisory - Pierre-Emmanuel Albert, fondateur et entreprises pour passer au cloud, ce sont la souplesse offerte voyons par exemple sur les outils de trésorerie, de rating, ou executive director de Tinubu Square - Jean-Michel Mougeolle, directeur des systèmes d’information de MIKIT, président du club par la technologie et sa rapidité de déploiement, par rapport d’évaluation de risques : le recours au cloud fonctionne assez Utilisateur Salesforce France et membre du Club DSI - Philippe Tavernier, président excécutif de Numergy et administrateur du Syntec numérique aux projets traditionnels, en mode licence par exemple, qui bien car nous sommes sur des périmètres fonctionnels assez peuvent prendre plusieurs années. Par ailleurs souvent dans les délimités donc ils sont assez faciles à faire évoluer de façon entreprises, les DSI sont empêtrés dans l’opérationnel et ont du autonome lorsqu’ils sont en mode SaaS. Nous sommes alors mal à avoir une vision opérationnelle sur leurs projets. Or, le dans une transformation technologique mais aussi métier car En France, le cloud a fait une percée importante depuis quelques années. cloud leur apporte une réponse en la matière. Enfin, le cloud est le SaaS permet d’activer certaines fonctions que l’entreprise Aujourd’hui, un tiers des entreprises ou établissements publics déclarent recourir à aussi un bon moyen de transformer l’entreprise en apportant de n’utilisait pas forcément auparavant comme, par exemple, le nouveaux outils. Par exemple, combien d’utilisateurs, dans une cash pooling. A ce moment, le driver technologique devient des services de cloud computing pour un volume d’affaires qui devrait atteindre les entreprise, utilisent Dropbox et le paient ou non, mettant ainsi des aussi un driver business. Même si, en Europe, les changements 4 milliards d’euros en 2013 selon PAC. Cette percée du cloud n’empêche pas le flou fichiers à l’extérieur de l’entreprise sans même que leur supérieur sont pilotés par les volontés de rationalisation des coûts plutôt qui entoure ses modèles, ses tarifs, ses engagements, ses garanties, etc. Le cloud hiérarchique direct en soit averti. Le cloud arrive certes par les que par les nouvelles technologies ; comparativement à ce qui se utilisateurs pour des applications assez simples, mais dès lors que passe aux Etats-Unis. évolue en effet très vite au risque d’y perdre les entreprises. Par ailleurs, les coûts l’on touche à des projets plus complexes, il est impératif de passer et les gains du cloud computing restent extrêmement variables d’une entreprise à par la DSI, notamment pour garantir la sécurité des informations. Philippe Tavernier : Dans le cadre du contexte économique et l’autre. Autant de raisons qui expliquent qu’aujourd’hui, la proportion d’entreprises Il faut accompagner les utilisateurs pour éviter les dérives. financier que nous traversons depuis 2008, la transformation doit se caractériser par de l’innovation et de l’agilité. Soit l’entreprise ayant défini une véritable stratégie cloud demeure encore très faible (12 %). Philippe Tavernier : Il est indispensable de placer la DSI au reste sur les anciens modèles et la transformation prend alors VI VII
Table ronde/Cloud computing Table ronde/Cloud computing plusieurs mois voire plusieurs années. Soit elle expérimente de les freins aux changements dans l’entreprise. Comme ces outils nouvelles technologies innovantes et notamment le cloud ce qui étaient déployés sur le grand public, la capacité des gens à se les lui permet d’essayer sans grand risque de nouveaux usages. De approprier a été d’autant plus rapide. En revanche, si la mise en ce fait, avec le cloud, elle ne prend pas un risque majeur car elle place d’un nouvel outil cloud s’accompagne de nouvelles règles Laurent Gobbi, associé KPMG en charge de paie à l’usage. Si l’entreprise ne raisonne que par des schémas et de nouveaux processus, il y aura alors, en effet, une conduite l’activité IT Advisory classiques, le risque est que cela prenne du temps. Or, ce n’est du changement à mener. L’argument majeur du cloud est la pas comme ça que nous pouvons transformer une entreprise rapidité de mise en œuvre et de déploiement. Avant, les systèmes aujourd’hui. applicatifs se déployaient en 12 à 24 mois, par différentes «Le cloud est utilisé comme un vagues. Aujourd’hui, avec le cloud, ils se déploient en quelques accélérateur du changement et Laurent Gobbi : Par exemple, chez KPMG nous utilisons semaines. Pour les infrastructures, ce déploiement peut se faire contribue à la transformation des des outils en cloud déployé auprès de plusieurs centaines de du jour au lendemain, voire instantanément ! personnes. Nous payons ainsi à l’usage, au mois et à la personne entreprises.» tout en bénéficiant en permanence des nouvelles technologies. Jean-Michel Mougeolle : Ces systèmes libèrent la DSI des problèmes techniques qu’elle a l’habitude de gérer au quotidien. Pierre-Emmanuel Albert, fondateur et executive Ils libèrent également les métiers car ils n’ont pas à attendre Laurent Gobbi, associé KPMG, COO Consulting, ingénieur director de Tinubu Square : Le cloud transforme plusieurs mois pour mettre en œuvre certaines applications INSA et expert comptable, commissaire aux comptes, l’organisation et la nature du travail. Le fait qu’une application dont ils pourraient avoir besoin au quotidien. Ils libèrent aussi coordonne les activités IT Advisory. Il a plus de 20 ans en SaaS soit disponible «anytime anywhere», que l’ensemble la communication dans l’entreprise. Il s’agit d’ailleurs là d’une d’expérience auprès des directions générales, financières et des utilisateurs partagent tous la même information qui a vraie révolution en France car cela permet aux collaborateurs informatiques, dans le domaine des systèmes d’information, des projets de transformations, de la sécurité et de l’audit. la même fraîcheur, certes avec des accès différents et des de l’entreprise de s’affranchir des systèmes hiérarchiques. Au délégations d’autorités différentes, cela change en profondeur niveau de l’organisation, de ce fait, les collaborateurs peuvent un certain nombre de processus dans l’organisation ainsi que la faire d’autres choses et donc travaillent autrement. En mettant nature du travail. Par exemple, le credit management concerne en place ces projets nous libérons des forces de l’entreprise dont beaucoup de fonctions dans l’entreprise : le commercial de la nous ne voyions pas auparavant l’existence. prospection à la vente, l’administration des ventes, les achats et plus généralement la «supply chain», le credit management, Pierre-Emmanuel Albert : Le credit management implique la comptabilité client, le recouvrement (à savoir le cycle order- beaucoup d’acteurs internes et externes à l’entreprise (assureurs to-cash). Le fait que chaque fonction impliquée ait au même crédits, prestataires de l’information d’entreprise, les conseillers moment la dernière information sur un débiteur, son exposition en assurance-crédit, factors et autres banquiers). L’application au risque, cela apporte énormément de bénéfices. Autrefois, SaaS est donc aussi connectée, via des web services avec tous ces chacun travaillait un peu de son côté ; le commercial arrivait prestataires, ce qui permet à l’entreprise de recevoir au sein d’un avec une commande sans avoir forcément vérifié la solvabilité même système, l’ensemble des informations liées à la gestion du débiteur et demandait à la comptabilité 60 jours fin de mois. du risque de crédit et bénéficier des dernières informations En choisissant une solution de credit management en cloud, disponibles sans délai. A titre d’exemple, la société peut être nous assistons à une véritable transformation en profondeur informée quasiment en temps réel si l’un de ses clients est placé faut rajouter des serveurs et des coûts de licence. Il faut aussi y Pierre-Emmanuel Albert : Dans le cas du RMC SaaS, nous des processus de gestion. Ces entreprises ont souvent besoin en redressement judiciaire et donc bloquer immédiatement la ajouter du temps passé par les équipes informatiques. Les métiers appliquons une tarification dégressive par tranche lorsque le de conseils, pas en intégration ou en migration mais en livraison du produit commandé. de leurs côtés devront interrompre leur activité, le temps que le nombre d’utilisateurs est important. Le modèle de facturation accompagnement de la transformation et de modifications des système soit mis à jour, alors même que nous sommes juste sur du cloud, nous évoquons là le «pay as you use», est profitable processus… Avec notre solution de gestion du risque de crédit Combien coûte un projet cloud ? une évolution technique et pas fonctionnelle ! pour l’éditeur à partir du moment où il est né dans ce modèle en cloud, les entreprises réalisent des gains de productivité économique. En effet, il est difficile, d’un point de vue financier tout en bénéficiant d’une meilleure visibilité et d’un meilleur Jean-Michel Mougeolle : Nous avons mené chez Philippe Tavernier : Le cloud privé est la version la plus pour un éditeur en mode de licences «on premise» de basculer contrôle et d’une plus grande réactivité en cas de dégradation Meilleurtaux.com une grande étude sur le sujet. Si nous essayons aboutie de l’industrialisation d’une DSI. Pour autant, le modèle ces contrats dans un modèle de facturation en cloud, donc de des risques, grâce à l’interaction des différents services entre de comparer les chiffres que l’on nous donne (licence, serveurs n’est pas changé. Il faut passer au cloud hybride ou public et reconnaître des mensualités, un revenu auparavant perçu en une eux. Une solution SaaS facilite la gestion de fichiers hétérogènes et les personnes pour s’en occuper) versus la même chose sur le pour le coup nous serons alors dans un véritable schéma de seule fois «one-shot». provenant des ERP et tout autre système de comptabilité et cloud, en général, le cloud est légèrement plus cher. Néanmoins, rupture et pourrons tirer les bénéfices financiers du modèle. gestion commerciale. Nous intégrons ces fichiers via des serveurs lorsque nous creusons, nous avons des fonctionnalités dans Laurent Gobbi : Les grands éditeurs d’ERP pourraient être ou directement dans notre application et quelques minutes plus le cloud que nous n’avons pas en mode on premise. Surtout, Laurent Gobbi : Nous avons des exemples concrets qui menacés par le cloud. Un éditeur prévoit que, d’ici cinq ans, tard, les utilisateurs ont accès à toutes ces données à jour. dès que j’ai installé le cloud et si l’on se projette sur cinq ans confirment ce constat. Néanmoins il faut faire des études à 80 % de ses revenus soient basculés dans le cloud versus un en termes de coût, le cloud revient alors beaucoup moins cher périmètre fonctionnel constant. Sur les outils collaboratifs modèle licence classique. La première vague des outils cloud a Laurent Gobbi : La mise en place d’un projet cloud doit qu’un projet on premise. Si nous nous projetons sur deux ans, ou messageries, les gains sont immédiats dans l’organisation concerné les outils collaboratifs et les ventes, car ils étaient faciles suivre le même schéma que celui d’un projet traditionnel. Il y a nous restons sur la même version. Sur cinq ans, souvent, les des rôles à la DSI. Par ailleurs, le cloud a aussi pour principal à mettre en œuvre et à s’approprier et qu’ils ne nécessitaient pas notamment un volet conduite du changement à ne pas négliger. entreprises auraient bien aimé faire évoluer leur système une avantage d’avoir un modèle de tarification à l’usage qui a ses trop d’interconnexion avec les autres systèmes. Il y a eu ensuite Avec la première génération d’outils en cloud et notamment les ou deux fois. Les éditeurs cloud tels que Salesforces proposent vertus mais aussi ses inconvénients, car il faut que l’entreprise une seconde vague autour des systèmes RH et maintenant nous outils collaboratifs, nous disposons d’un niveau d’ergonomie chaque année trois nouvelles versions majeures qui sont réalisées ait la maîtrise des usages. A l’instar de ce qui s’est passé dans voyons arriver une nouvelle vague autour de la finance et des radicalement différent de celui que nous utilisions dans le automatiquement et en toute transparence pour les utilisateurs la téléphonie, peut-être d’ailleurs qu’un jour le cloud basculera ERP. La finance va contribuer à amener les ERP dans le cloud. monde bureautique traditionnel. Or, ce niveau d’ergonomie pour le même coût. Pour faire la même chose en interne et sur sur des modèles forfaitaires pour mieux contrôler l’explosion des Les grands éditeurs d’ERP basculent peu à peu dans un modèle ressemble à celui que nous avons à titre personnel, ce qui réduit cinq ans, l’entreprise change deux fois son système, souvent il volumes, des flux et donc des usages. économique articulé autour de la location. VIII IX
Table ronde/Cloud computing Table ronde/Cloud computing Jean-Michel Mougeolle : Ces éditeurs se rendent d’ailleurs déjà engagé (comme la messagerie). Une entreprise de type ETI, compte que ne pas basculer dans le cloud revient à prendre un qui a un business modèle plus simple et peut se satisfaire d’un risque de perdre des clients. ERP classique disponible en cloud, a aujourd’hui la possibilité Philippe Tavernier, président excécutif de de basculer vers une solution cloud qui par ailleurs, existe sur Numergy et administrateur du Syntec numérique Laurent Gobbi : Les grandes entreprises se posent aujourd’hui le marché. Pour des grands groupes qui ont des spécificités, la question de savoir si elles ont la bonne solution au moindre notamment métiers, plus complexes, ils sont plutôt dans des coût et si elles l’utilisent au mieux. Actuellement, les offres ERP schémas de cloud privé ou hybride. «Le cloud n’est pas une mode cloud matures et opérationnelles sont plutôt pour les PME et ETI. technologique mais un vrai Philippe Tavernier : Ce qui a initié le cloud, ce sont plutôt les mouvement de fond qui tend à en Philippe Tavernier : Le cloud n’est pas une mode systèmes en périphérie du core business (le collaboratif, RH…). technologique mais un vrai mouvement de fond qui tend à en Puis petit à petit, la confiance s’instaure et les DSI constatent faire un outil de compétitivité, de faire un outil de compétitivité, de benchmark et de différenciation que le cloud a du sens et leur permet de se concentrer davantage benchmark et de différenciation business majeur. sur les métiers plutôt que sur les changements de version, la business majeur.» gestion de l’obsolescence qui n’amène aucune valeur réelle. Ceci Jean-Michel Mougeolle : Il y a deux modèles : le modèle leur amène en plus cette notion d’élasticité et de time to market. économique et les gens ont cette appétence à ce modèle. Derrière Philippe Tavernier est président exécutif de Numergy et il faut aussi qu’il y ait un modèle technologique. Comment calculer un ROI ? administrateur du Syntec numérique. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Philippe Tavernier, 53 ans, a Philippe Tavernier : Les éditeurs qui ne vont pas vers ce Jean-Michel Mougeolle : Il existe un côté stratégique. A commencé sa carrière en 1984 en tant qu’auditeur au sein modèle ont une durée de vie limitée. un moment, la finance ne sert pas uniquement à optimiser un du cabinet Deloitte. En 1989, il rejoint le groupe Capgemini. revenu mais également à avoir une notion de risques. Directeur financier de Cap Sesa Exploitation, en 1996, il évolue vers des fonctions opérationnelles en devenant Laurent Gobbi : Et si nous revenons du côté entreprises, des directeur général de la division Nord-Est de Capgemini grands groupes et ETI, il faut distinguer ce qui est vraiment le Philippe Tavernier : Lorsque nous prenons l’exemple des France puis directeur général adjoint, en charge des activités core business, de ce qui est plus classique et où le cloud est locations de voitures : aujourd’hui, tous les parcs sont en location infrastructures et des projets de cloud computing. En 2002, il est nommé président de Sogeti France, filiale du groupe Capgemini, spécialisée dans les services informatiques et d’ingénierie de proximité. En septembre 2012, Philippe Tavernier est nommé président exécutif de Numergy, Jean-Michel Mougeolle, directeur des systèmes société spécialisée dans la construction et l’exploitation d’infrastructures de cloud computing à vocation française et d’information de MIKIT, président du club européenne. Utilisateur Salesforce France et membre du Club DSI «Avec le cloud, ne parlons pas uniquement de coûts cachés mais aussi de gains cachés.» longue durée et n’assument pas l’investissement l’entretien, etc. Jean-Michel Mougeolle : Il y a un nouveau métier qui arrive Le cloud s’inscrit dans la même logique. autour de ça qui est le changement numérique de l’entreprise et la culture numérique dans l’entreprise. Il s’agit d’un vrai métier Laurent Gobbi : En effet, la logique est la même. Cependant, aux Etats-Unis. C’est actuellement ce qui manque le plus dans les il faut être attentif à la donnée. Plus l’entreprise va pousser entreprises : quelqu’un de très technique et qui soit par ailleurs l’utilisation de ces technologies à travers le cloud, plus elle très transverse et métiers. Aujourd’hui nous avons une vraie Jean-Michel Mougeolle occupe la fonction de directeur des va interconnecter les données et en donner à l’utilisateur qui transformation numérique et ce, dans tous les métiers. Donc, systèmes d’information de MIKIT tout en étant président du club risque de ne pas faire les bonnes interconnexions. En effet, pour accompagner les métiers touchés par cette transformation, Utilisateur Salesforce France et membre du Club DSI. Après avoir dans les grands groupes, ce qui risque de se passer, c’est que il faut basculer dans le cloud en se faisant accompagner par la restructuré le système d’information du site MeilleurTaux.com, le basculement dans le cloud se fasse par étapes et passe, dans DSI. Jean-Michel Mougeolle a en effet pris la direction des systèmes d’information de Mikit en 2011. Il y applique les mêmes recettes : un premier temps, par la coexistence d’applications classiques une solution de CRM en mode SaaS complétée d’une plateforme avec des applications dans un cloud. Il faudra que toutes ces Philippe Tavernier : Le CEO devient le cloud interface décisionnelle performante. Diplômé de l’Ecole supérieure applications communiquent. Si l’échange de données est simple officer. d’informatique, électronique et automatique (ESIEA), Jean-Michel sur le papier cela peut vite devenir complexe. Il faut faire Mougeolle a débuté sa carrière professionnelle chez Business attention au sujet de l’intégration et veiller à ce que l’utilisateur Laurent Gobbi : Sur la question du ROI, de ces projets, il Objects, l’éditeur français numéro 1 de la business intelligence. ne perde pas de vue la donnée et sache s’y retrouver. faut faire des analogies avec les projets de SI. Sur ces projets, nous avons toujours eu une part de ROI qualitatif difficile à Philippe Tavernier : La maîtrise doit d’abord être sur les appréhender. Il est difficile de mesurer le coût de la modernisation architectures. Plutôt que de se consacrer aux tâches techniques, d’une entreprise. Quel est le gain d’une modernisation ? Mais si il faut que les DSI aient une vision de leurs systèmes en place. la modernisation ne s’était pas faite, l’entreprise serait décrochée Ce n’est pas parce que l’entreprise externalise qu’elle transfère la du marché et ne pourrait faire les évolutions dans les délais responsabilité. impartis. X XI
Table ronde/Cloud computing Table ronde/Cloud computing Quel est le rôle du DAF dans le passage dans Philippe Tavernier : Il en est de même sur la qualité des services le cloud ? et la disponibilité des données. La première chose à regarder repose Pierre-Emmanuel Albert, fondateur et executive sur la qualité des services proposés par le prestataire cloud. Il faut director de Tinubu Square Philippe Tavernier : Le DAF peut être un vecteur au-delà de sa que l’entreprise se pose la question de savoir si cette qualité de mission administrative et financière. services est, ou non, suffisante. L’environnement sécuritaire autour de la donnée représente aussi un enjeu encore important pour les «Le cloud transforme Pierre-Emmanuel Albert : Le DAF, numéro deux dans entreprises. Rappelons que les gens ont mis du temps avant de l’organisation et la nature du l’entreprise et conseil privilégié de la direction générale, est mettre leurs données fiduciaires à la banque, estimant qu’elles constamment à la recherche d’efficience. Il challenge tous les étaient plus en sécurité chez eux. Aujourd’hui la banque offre une travail.» services, la RH, l’informatique et les opérationnels pour s’inscrire élasticité, une sécurité et éventuellement un paiement à l’usage, dans cette même démarche et servir ce même objectif. Or, le agios, intérêts sur la donnée monétaire et numéraire. Il faudra que cloud va permettre dans un certain nombre de domaines, de la DSI passe à la même logique sur le cloud en ce qui concerne les prendre en charge les tâches à faible valeur ajoutée et accroître la données de l’entreprise. Cela concourt à la même logique. Pierre-Emmanuel Albert est fondateur et executive director bande passante des équipes sur tout ce qui apporte de la valeur à de Tinubu Square. Après une formation à l’analyse et à la l’entreprise. Le DAF sera le promoteur de projets de transformation Laurent Gobbi : En matière de sécurité, avant l’affaire programmation informatique, Pierre-Emmanuel Albert intègre et d’adoptions de solutions SaaS dans l’entreprise. Par exemple, Prisme, il y avait déjà une préoccupation sur la problématique la SCOA Nigeria en tant qu’organisateur, avant de rejoindre, en 1986, Strategic Planning Associates à Washington DC en qualité il expliquera à un responsable de paie qu’une application SaaS d’extraterritorialité des données, sujet sur lequel les groupes de consultant. Il crée ensuite et prend la responsabilité du centre lui permettrait d’adopter de meilleurs processus de gestion et de français sont sensibles. D’ailleurs, la France offre un cadre plutôt de netting (compensation multilatérale des flux de trésorerie) du réduire ses coûts. Il est le promoteur de l’introduction de solutions protecteur en matière de données. groupe SCAC (commissionnaire de transport) avant d’être promu cloud dans l’entreprise. directeur de la stratégie de Bolloré Technologies en charge Philippe Tavernier : Au-delà de la localisation des données, il des cessions et des acquisitions ainsi que de la communication corporate et financière. En 1992, il est nommé directeur général Jean-Michel Mougeolle : Il revient souvent au DAF de faut savoir qui maintient son intégrité et quel est le cadre juridique adjoint chez SCAC Delmas Vieljeux (filiale transport de Bolloré), mener la réflexion sur Opex/Capex, achat ou location. de la société qui l’héberge. avant de devenir secrétaire général de la holding de tête du groupe Bolloré. Fort de son expertise, Pierre-Emmanuel rejoint Laurent Gobbi : Dans un certain nombre d’entreprise, le DAF a Laurent Gobbi : Il y a également des enjeux plus larges de Essilor International, en 1997, pour devenir directeur financier un rôle assez fort à jouer dans le choix des systèmes d’information. protection de l’information. Par exemple, avec l’accroissement des Europe et administrateur des filiales européennes d’Essilor. En 2001, il crée la société Tinubu Square et en devient executive Dans certains grands groupes, le DSI et le DAF mènent leurs datas. En France, il existe probablement encore un manque de director. propres choix même si le DSI doit passer par les règles de la sensibilité des dirigeants sur ces sujets-là. Il n’y a pas encore assez finance pour les budgets, investissements et financements. Mais de projets dans les entreprises pour structurer les données et isoler dans les situations où le DAF gère ses systèmes d’information, celles qui sont les plus sensibles. Aujourd’hui, n’importe quel grand il sera le premier à transiger sur les avantages et inconvénients groupe peut subir des attaques de l’extérieur. Il ne s’agit plus d’un «on premise». Il n’y a pas de coûts directs liés à l’acquisition de ne faut pas sous-estimer l’ampleur du changement lié au cloud et financiers d’une solution cloud. Il est forcément investi sous scénario probable mais réel. serveurs physiques, la consommation d’énergie, la maintenance de les ressources internes ou encore la conduite du changement que l’angle opportunités de faire ou non le projet sous l’angle l’infrastructure par des équipes, assurance… Cependant, le modèle cela induit. financier ou business. Il a aussi la vision 360° de l’entreprise car Pierre-Emmanuel Albert : Nous avons l’exemple d’un client cloud implique une vigilance particulière de la part du client dans il voit l’ensemble des flux et des informations qui terminent dans canadien, organisme public. Cette société d’Etat a fait l’acquisition son contrat de SLA (service level agreement). Les SLA doivent Jean-Michel Mougeolle : Avec le cloud, ne parlons les systèmes financiers. En revanche, le système comptable et de notre logiciel mais a exigé de l’héberger en cloud privé. Il indiquer la disponibilité du service fourni mais surtout stipuler pas uniquement de coûts cachés mais aussi de gains cachés. financier ne sera pas forcément le premier visé par le cloud, voire était indispensable, dans le cadre de leur procédure de gestion les modalités en cas de défaillance du système. Comme toute Par exemple, un projet Salesforce évolue en permanence et même le dernier. Il n’y a pas d’enjeu time to market. Toutefois, des données, d’y avoir accès à tout moment et que ces données, prestation de service, ce type de contrat nécessite une attention appelle constamment à de nouveaux développements : il s’agit il aura un vrai besoin de connexion avec tous les systèmes. Par propriétés de l’Etat, soient hébergées dans leur pays d’origine. particulière avant toute signature. d’investissements permanents mais qui participent à la performance conséquent, la préoccupation du DAF sera plutôt de savoir si tout durable de l’entreprise. ce qui bascule dans le cloud ne viendra pas perturber son propre Jean-Michel Mougeolle : La sécurité reste une priorité des Jean-Michel Mougeolle : Ces contrats ont d’abord pour système et son reporting financier. entreprises et doit l’être quelle que soit la taille de l’entreprise. vocation de rassurer les clients. Après, il faut que le fournisseur Laurent Gobbi : Nous arrivons alors au sujet de la gouvernance, Aujourd’hui combien de personnes travaillent sur un serveur ou de solutions cloud soit transparent par rapport à ces SLA. à savoir, comment nous régulons la demande. En effet, les Jean-Michel Mougeolle : Le DAF a un rôle important à un mail ? Avec une solution sur le cloud, la sécurité fait partie Salesforce propose ainsi un outil Trust.saleforces.com sur lequel utilisateurs peuvent aller beaucoup plus vite tout seul, là où avant jouer. Le seul qui soit vraiment capable de calculer le TCO d’une du package. Il faut s’inquiéter de la sécurité et s’interroger sur les les utilisateurs peuvent consulter tous les incidents rencontrés par ils passaient par la DSI. partie on premise, avec tout ce que ça représente en termes de données que l’entreprise souhaite mettre dans le cloud. Si elle ne l’éditeur ces dernières années. Dès qu’il y a un incident, ils le changement de version et de compétences humaines, est de son veut pas les mettre dans le cloud, il lui suffit de ne pas le faire. créent d’un point de vue public et demandent à tous leurs clients Jean-Michel Mougeolle : Le DSI a en effet un rôle essentiel ressort. Il s’agit plus de son rôle de contrôleur de gestion. Il a, par s’ils ont ce problème-là. Maintenant, le SLA sur le cloud sera à jouer à ce niveau-là. rapport aux transformations que va impliquer le cloud, un rôle à Laurent Gobbi : Ce mouvement va étendre le rôle des DSI par bien meilleur que celui d’une solution en mode licence. Le vrai jouer car il saura expliquer en quoi et où le cloud fera gagner de rapport à la gestion des tiers, pour suivre leur performance, leur coût caché peut aussi porter sur la réversibilité. Dans certains cas, Laurent Gobbi : Ce rôle peut aussi être pris en charge par le l’argent à son entreprise. disponibilité et leur évolution. Un rôle émerge dans les DSI. Il faut cela peut être très simple, c’est notamment le cas du mail. Il y a DAF dans un certain nombre de cas. Le DAF se retrouve dans une industrialiser et rendre plus efficace cette gestion des tiers. d’autres sujets, qui ont nécessité des développements et qui sont situation où son DG l’appelle et le questionnera sur le sujet. Le cloud Les freins au cloud qui perdurent beaucoup plus stratégiques. Le sujet de la réversibilité est alors est aujourd’hui un sujet sur lequel se positionnent de plus en plus Les coûts cachés liés au cloud essentiel à prévoir et à l’inclure dans les contrats. Le cloud ne doit de directions générales, qui interrogent leur DAF sur l’opportunité Laurent Gobbi : La localisation des données et des serveurs, pas se faire à n’importe à prix ! d’investir sur cette technologie ou non. Le cloud va renforcer la ainsi que la notion de territorialité représentent encore un frein Pierre-Emmanuel Albert : Les coûts liés au cloud sont collaboration DAF et DSI. n aux projets cloud. sans aucune mesure comparables à ceux d’une architecture Laurent Gobbi : Les coûts cachés sont aussi dans l’entreprise. Il Propos recueillis par Anne del Pozo XII XIII
Expertise/Cloud computing Expertise/Cloud computing KPMG : le cloud, un enjeu opérationnel et Une assistance aux projets de transformation Laurent Gobbi, associé, KPMG stratégique pour les entreprises Les services de KPMG autour de l’ac- compagnement de projet de transforma- LAURENT GOBBI, ASSOCIÉ KPMG, COO CONSULTING, INGÉNIEUR INSA tion ont pour particularité d’intégrer, dès ET EXPERT COMPTABLE, COMMISSAIRE AUX COMPTES, COORDONNE QUESTIONS À… l’amont, les dispositifs de gouvernance LES ACTIVITÉS IT ADVISORY. IL A PLUS DE 20 ANS D’EXPÉRIENCE AUPRÈS et de contrôle des nouveaux processus. DES DIRECTIONS GÉNÉRALES, FINANCIÈRES ET INFORMATIQUES, Les nouvelles technologies offertes sur le «Notre expérience poussée des réglemen- DANS LE DOMAINE DES SYSTÈMES D’INFORMATION, DES PROJETS DE marché du cloud induisent la nécessité de tations et de la fiabilité des processus mé- TRANSFORMATIONS, DE LA SÉCURITÉ ET DE L’AUDIT. repenser et de mettre en œuvre des modèles tiers, ainsi que nos connaissances secto- opérationnels de dernière génération. rielles, représentent un gage d’assurance, Quelles sont les transformations induites par le cloud ? L’enjeu devient par conséquent tout autant pour la définition des nouveaux processus opérationnel que stratégique pour les indispensables à l’orchestration des nou- Le premier objectif d’un projet cloud reste la réduction de coûts veaux services», indique à ce sujet Laurent pour 54 % des entreprises. La rapidité d’adoption pour les DSI, la entreprises. Gobbi. En effet, les attentes d’accélération transformation des processus métiers et la pénétration de nouveaux des cycles de livraison du service doivent marchés pour les responsables métiers sont également des objectifs nécessairement être conduites avec une cloud clairement exprimés dans le cadre de notre enquête cloud. démarche de gouvernance adaptée à ces Conscients de ces bénéfices, les métiers sont en train de passer au nouveaux changements et surtout avec crible leurs modèles opérationnels afin de voir comment les avan- les compétences indispensables à la su- tages du cloud pourraient bénéficier plus largement à l’entreprise. pervision de ces nouvelles technologies. Les métiers ont d’ailleurs pris conscience de la lourdeur de leurs Par ailleurs, la transformation de la DSI en applications traditionnelles rendues complexes à gérer en raison de mode «as a service» induit une conduite toutes les adaptations qui ont été faites pour répondre à leurs be- du changement des plus importantes. Or, soins. En les délaissant au profit d’applications en mode SAAS, les KPMG accompagne non seulement les entreprises simplifient leurs processus de travail. Elles sont cepen- équipes métiers et IT, mais assiste égale- dant obligées de penser globalement car si la décision de migrer un ment ses clients dans la gestion des porte- métier vers le cloud est prise en silo, elle s’expose à des dommages feuilles de projets. collatéraux et des coûts indirects importants. L Un suivi du projet de transformation Pourquoi les CFO sont concernés par les projets de es enjeux du cloud sont étroite- KPMG partenaire de la transforma- l’entreprise sur un terme moyen de trois Enfin, dans un mode de fonctionnement transformation à l’aide du cloud ? ment liés à la capacité de l’en- tion des entreprises à cinq ans, précise Laurent Gobbi. Elle courant des organisations avec des tech- treprise à revoir en profondeur Les services proposés par KPMG en ma- s’étend jusqu’à la définition d’une road- nologies de cloud, KPMG offre un panel Le cloud est désormais perçu comme un outil de transformation ef- sa gouvernance et ses processus tière de cloud computing ne se limitent map de mise en œuvre de la stratégie de services d’évaluation et d’assistance de ficace par les métiers qui répond aux besoins de croissance des en- pour valoriser de manière industrialisée pas à de l’assistance à l’intégration de selon différents scenarii». Pour aider les la gouvernance et de la supervision de ces treprises. C’est à ce titre qu’il intéresse les CFO. Il permet de répondre l’intégration de services dans sa sup- services. «Ils s’inscrivent plus globale- entreprises dans cette démarche, KPMG nouveaux services. Ils posent notamment à leurs besoins de transformation de la fonction finance. Grâce au ply chain informatique. Elle doit être ment dans la vision de notre cabinet se- capitalise donc sur l’expertise de ses ser- un certain nombre de questions autour des cloud, le CFO peut également garder le contrôle des dépenses IT tout en mesure de développer des solutions lon laquelle les possibilités offertes par le vices qui demeurent indépendants de tout problématiques de sécurité, de confidenti- en bénéficiant d’un système de gestion efficace des transactions fi- orientées services, cohérentes et maî- monde du «as a service» représentent une fournisseur de services cloud, et qui dis- alité et aussi de conformité de service aux nancières et comptables. L’accès aux données financières est facilité trisées incluant dans une offre globale, réelle opportunité pour les entreprises de posent d’une forte empreinte de connais- législations en vigueur. KPMG peut égale- par les nouveaux paradigmes associés au cloud (interfaces utilisa- des services externes combinés auxquels repenser et d’optimiser à la fois leurs bu- sance des processus maîtrisés. L’expertise ment intervenir de manière indépendante teurs performantes, système collaboratif et interactif, etc.). L’agilité peuvent s’ajouter des services internes siness models et leurs processus», précise des coûts informatiques permet également à la demande des entreprises pour évaluer des systèmes en cloud facilite enfin les opérations de croissance différenciants. L’intégration de services Laurent Gobbi, associé KPMG, en charge à KPMG de compléter sa vision stratégique la conformité des termes définis dans les externes. passe également par la mise en place d’IT Advisory. Pour accompagner les en- avec la mise en œuvre d’un business case contrats tout au long de l’exécution de d’un dispositif de captation des besoins, treprises dans cette démarche de trans- parfaitement valorisé. En effet, il existe la prestation des fournisseurs de services Quels sont les impacts financiers du cloud ? accessibles aux acteurs clés. Cette formation, l’offre de services de KPMG en aujourd’hui un réel besoin pour la mesure cloud. «Enfin, nous pouvons assister les approche est essentielle pour fluidifier matière de cloud computing s’articule au- des coûts liés aux opérations technolo- entreprises dans la lecture des exigences Un projet cloud offre d’abord la possibilité de basculer les CAPEX l’ensemble de la chaîne de livraison de tour de trois grandes phases : l’élaboration giques qui constituent les éléments clés du de certification de leurs prestataires cloud, vers des OPEX et de moderniser son système d’information pour services de manière automatisée et ce, y de business case, l’assistance au projet de pilotage des opérations de transformation. en revoyant et testant les dispositifs de un ticket d’entrée souvent inférieur à une acquisition logiciel. Son compris au bénéfice des clients externes transformation et le suivi des opérations «La transparence des coûts technologiques contrôle, et en intervenant à la demande utilisation induit cependant des transformations qui, si elles ne sont à l’entreprise et de ses partenaires. Dans dans le cloud. au sens de la vision stratégique de KPMG des entreprises par le biais des clauses pas suffisamment anticipées et traitées, peuvent générer des coûts ce contexte technologique moderne, la est, en la matière, un réel gage de différen- contractuelles définies permettant l’inter- supplémentaires importants. Dans le cadre de ces projets, l’IT et DSI se voit attribuer le rôle de «broker» L’élaboration de business case tiation mais surtout de compétitivité dans vention légitimée pour évaluer la bonne le CFO sont des parties prenantes : le département IT contrôle les entre la captation des besoins et la mise «Notre approche en matière de business la mesure où elle induit la nécessité de exécution des services avec les termes du performances des SaaS en cloud tandis que le CFO prend en charge à disposition de services novateurs au case traite de la stratégie cloud à définir mesure de ROI sur l’ensemble de la supply contrat», conclut Laurent Gobbi. n la gestion du risque de la mise en place et des changements organi- bénéfice du business. pour satisfaire les ambitions métiers de chain IT», poursuit Laurent Gobbi. Anne del Pozo sationnels qui la sous-tendent. XIV XV
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