Témiscaming Le charme d'une ville - Pierre Gaudet - Érudit
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Document generated on 09/27/2021 5:40 a.m. Continuité Témiscaming Le charme d’une ville Pierre Gaudet Abitibi-Témiscamingue Number 54, Summer 1992 URI: https://id.erudit.org/iderudit/17587ac See table of contents Publisher(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (print) 1923-2543 (digital) Explore this journal Cite this article Gaudet, P. (1992). Témiscaming : le charme d’une ville. Continuité, (54), 21–23. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 1992 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
La /ontaim- de Venise, faite de marbre florentin, est surmontée d'une statue de bronze de Neptune entouré de figures mythologiques. Photo: Julien Loiselle. TEMISCAMING, LE CHARME D'UNE VILLE par Pierre Gaudet L e charme d'une ville découle non seulement de sa géographie ou de ses monuments, mais aussi du profil de ses la poussée de fièvre qui atteint les produc- teurs de pâtes et papiers, les premières constructions voient le jour en 1918, l'isolement géographique de ce nouveau site présente une difficulté de taille, soit celle d'attirer et de retenir les travailleurs rues, de ses aménagements paysagers et sous l'impulsion de Robert Adams et du qualifiés nécessaires à son développement. surtout de l'architecture, qui témoigne célèbre mouvement britannique des On constate rapidement que la qualité de d'une histoire et d'un style de vie particu- «villes nouvelles». vie représente un facteur de peuplement liers. Témiscaming, cette petite ville Bien qu'à cette époque le territoire majeur. mono-industrielle située aux confins du de Témiscaming regorge d'abondantes Le département urbain de la territoire témiscamien, constitue à cet ressources forestières et hydrauliques Riordon - dirigée par Allan Keay Grim- égard un bel exemple. Bâtie à flanc de pouvant satisfaire les besoins de la mer - a donc conçu un plan de construc- montagne au début du XXe siècle, lors de Riordon Pulp and Paper Company, tion qui allait créer ce milieu de vie par- NUMÉRO 54 ÉTÉ 1992 CONTINUITÉ 21
îlot de compagnie au coin des rues Byme et Murer. Photo: Julien Loiselle. ticulier, à la fois pittoresque et hospita- milieu des années 20, souhaite se départir l'harmonie de l'ensemble. Pour d'autres lier, influencé par l'architecture anglo- de ses propriétés. Elle entreprend alors la encore, lorsque la toiture nécessite quel- saxonne. vente des immeubles résidentiels occupés ques rénovations, la pose d'un revête- Le design des voies de circulation par ses travailleurs. Dès qu'ils font l'acqui- ment de tôle ou d'acier prépeint remplace adaptées à la topographie, la présence de sition de leur propriété, ces derniers se «adéquatement» le traditionnel bardeau jardins, d'espaces verts, d'une fontaine et sentent davantage chez eux et cherchent d'asphalte. Quant au stuc, à la brique de de statues de bronze, l'alignement des ensuite à se différencier de leurs voisins; couleur foncée ou aux joints de béton, qui unités d'habitation de même que l'amé- ils apportent alors les modifications qu'ils commencent à s'effriter et à se fissurer, on nagement fonctionnel et moderne de jugent utiles, parfois même au détriment choisit d'appliquer sans hésiter un revête- celles-ci révèlent le souci prononcé de la du cadre architectural existant. ment «durable» en aluminium ou en compagnie de pourvoir au bien-être de ses Même si j usqu'à aujourd'hui certains vinyle, idéalement de couleur blanche. travailleurs. bâtiments ont résisté au pic des démolis- Ces interventions quelque peu Entre 1918 et 1920, la compagnie seurs, plusieurs dizaines de maisons ont anarchiques, pourtant faites de bonne foi construit 54 maisons et prévoit aussi subi au fil des ans des dépréciations ma- par les propriétaires occupants, témoi- l'édification de commerces et de bâti- jeures relatives au cadre bâti, les préfé- gnent la plupart du temps d'un manque de ments publics, dont l'église protestante et rences individuelles ayant largement af- ressources conseils et du peu d'intérêt de l'église c a t h o l i q u e . Les a r c h i t e c t e s fecté l'ensemble des immeubles. la part des élus municipaux en matière de montréalais Ross et MacDonald ont con- En outre, certains propriétaires ont préservation du patrimoine architectural. crétisé les propositions d'Adams, de troqué les fenêtres à carreaux et à guillo- La détérioration actuelle n'affecte G r i m m e r et des propriétaires de la tine au profit de fenêtres à glissières laté- pas seulement les propriétés privées, mais Riordon. rales plus «modernes», dont les dimensions aussi les immeubles qui appartiennent à ne cadrent pas toujours avec les ouvertures la municipalité. Il en va de même pour les LA D É G R I N G O L A D E d'origine, laissant ainsi de cruelles cica- rues, les trottoirs et le réseau d'aqueducs Au cours des années 60, la CIP, trices sur les bâtiments. D'autres rempla- et d'égouts. propriétaire des installations industrielles cent tout simplement le portique en fa- et résidentielles à Témiscaming depuis le çade par un patio ouvert, brisant ainsi 22 CONTINUITÉ NUMÉRO 54 ÉTÉ 1992
S O N N E R L'ALARME U n e telle situation a toutefois commencé à changer. En effet, j uste avant l'adoption de son nouveau plan d'urba- nisme en janvier 1990, la Ville prenait conscience de la dégradation évidente de cette richesse patrimoniale. Le choix de- vient alors très clair: il faut stopper l'hé- morragie! C'est pourquoi la municipalité a défini des mesures d'intervention et a actualisé un plan d'action. En 1991, elle entreprend la produc- tion d'un guide architectural, accompa- gné d'un document technique. Ce docu- ment aura certainement été l'élément clé et met à la disposition des intervenants municipaux les premiers outils de travail efficaces dont ils ont besoin. Une démar- che de sensibilisation auprès des proprié- taires d'îlots de maisons de compagnie est élaborée et sera mise en marche dès l'automne 1992. L'objectif vise à éveiller la population à l'importance de protéger le cadre architectural bâti. De plus, en juillet 1992, la Ville a signé une entente avec le ministère des Affaires culturelles, selon laquelle les parties contribueront à financer un service de soutien technique destiné aux contri- buables qui désirent rénover leur bâtiment. En ce sens, un avis de motion pour un projet de règlement spécifique a été déposé lors de la séance régulière du Con- seil tenue le 11 août 1992. Ce règlement s'applique aux quartiers du Vieux- Témiscaming et consiste à verser une subvention aux contribuables afin de compenser la hausse de taxes qui découle Le puits vénitien entièrement en bronte est orné de la nouvelle évaluation foncière effec- de belles figures de danseuses et s'élève sur une base en marbre florentin. tuée à la suite des travaux de restauration. Photo: Julien Loiselle. Les travaux entrepris devront toutefois ming, ainsi que du réseau d'aqueducs et respecter les grands paramètres contenus d'égouts. Elle remplacera également tous dans le guide architectural et son docu- les lampadaires. Ainsi suscitera-t-elle un ment d'accompagnement. Ce programme effet d'entraînement parmi les proprié- est d'ailleurs très attendu par certains taires qui, à leur tour, entreprendront des propriétaires. travaux d'aménagement paysager, de le mettre en valeur en l'associant à des plantation d'arbres ou de restauration de projets récréo-touristiques d'envergure, D O N N E R L'EXEMPLE leur bâtiment. qui prendront forme au cours des pro- La Ville cherche actuellement à chaines années dans un décor où vont imposer un rythme en donnant l'exemple RETROUVER U N E FIERTÉ s'ajouter les beautés naturelles des monta- à ses citoyens. Ainsi a-t-elle déjà consenti L'orchestration de ces gestes vise à gnes et des lacs environnants. u n budget d ' i m m o b i l i s a t i o n s pour redonner à cette petite ville ses couleurs Se rendre à Témiscaming, c'est dé- l'agrandissement de la caserne des pom- d'autrefois tout en faisant prendre cons- couvrir un autre monde empreint d'une piers au centre-ville, témoin authentique cience à la population que la préservation culture typique. Se promener dans les rues d'une époque antérieure. Elle exige tou- du patrimoine architectural constitue le du Vieux-Témiscaming, c'est remonter tefois que la nouvelle construction s'har- plus bel héritage qui nous fut légué par les dans le temps et apprécier le génie des monise parfaitement avec l'ancienne et générations précédentes. Intervenir bâtisseurs qui nous ont précédés. C'est qu'elle respecte les normes qui prévalaient maintenant pour protéger cette richesse, enfin respirer les lilas et être ébloui par le lors de la construction, particulièrement c'est aussi ouvrir avec fierté la porte aux coloris des fleurs à perte de vue aux abords en ce qui concerne le plan architectural et célébrations du 75 e anniversaire de la Ville, du majestueux lac Témiscamingue. le choix des matériaux requis. qui sera commémoré en 1996. De plus, son plan triennal d'immo- Ce concept d'une ville nouvelle de bilisations prévoit la réfection de toutes type anglo-saxon est unique à Témisca- Pierre Gaudet est directeur de l'urba- les rues et trottoirs du Vieux-Témisca- ming. À tel point que la Ville a décidé de nisme à la Ville de Témiscaming. NUMÉRO 54 ÉTÉ 1992 CONTINUITÉ 23
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