Texte zur Dorfgeschichte von Untervaz

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Untervazer Burgenverein Untervaz

       Texte zur Dorfgeschichte
            von Untervaz

                                                   1858

        Das "Verbrasilianern" der Kolonisten in Brasilien
Email: dorfgeschichte@burgenverein-untervaz.ch. Weitere Texte zur Dorfgeschichte sind im Internet unter
http://www.burgenverein-untervaz.ch/dorfgeschichte erhältlich. Beilagen der Jahresberichte „Anno Domini“ unter
http://www.burgenverein-untervaz.ch/annodomini.
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1858 Das "Verbrasilianern" der Kolonisten in Brasilien                   Jeroen Dewulf
       «Verbrasilianern» L'émigration suisse au Brésil et la question de
       l'intégration", in: Seminar - Canadian Journal of Germanic Studies,
       University of Toronto, Volume XLII, Nr. 3, 2006, S. 229-241.

                                 “Verbrasilianern”
    L’émigration suisse au Brésil et la question de l’intégration

Lorsqu’on parle d’identité suisse, la figure de Wilhelm Tell est presque incontournable.

Le fameux archer d’Uri apparaît dès qu’il s’agit de légitimer la Suisse comme nation.

En règle générale, il s’agit d’une légitimation restrictive, dans laquelle le pays est

comparé à un gigantesque hôtel Ritz: tout le monde est bienvenu, mais seuls ceux qui

ont les moyens ou ceux qui sont prêts à laver le linge sale des autres résidents peuvent y

rester. À moins qu’on ne soit descendant de ceux qui vivent “depuis toujours” dans cet

hôtel, c’est-à-dire des vrais “fils” de Wilhelm Tell.

       Aujourd’hui, presque tout le monde semble avoir oublié qu’au milieu du 19ème

siècle la pauvreté sévissait encore en Suisse, ce qui provoquait une forte émigration vers

les Amériques. Dans les discussions suisses de l’époque, lorsqu’il est question

d’émigration, le nom de Wilhelm Tell apparaît fréquemment. À première vue, il paraît

logique que ce soient les adversaires de la politique d’émigration qui citent Wilhelm

Tell. Ainsi, dans une chanson de 1857, on peut lire:

               Und willst du hier nicht länger weilen? / Im grünen Tal am blauen See?

               / Du willst der Heimat Los nicht theilen? / Nicht deines Volkes Wohl

               und Weh? / So wandre nach Amerika! / Ich bleib im Land der Alpen da.

               [...] Du willst nicht länger Schweizer heiβen? / Schwörst unserm Bund

               auf ewig ab? / So wandre... – Die Väter, die in Unglückstagen / nie feig

               aus ihrer Heimat flohn, / die Tell und Winkelriede klagen / um dich, um

               den verlornen Sohn. / So lebe für Amerika! / [...] Als Schweizer leb und

               sterb’ ich da! (Greverus 186)
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Cette chanson fourmille de clichés patriotiques: les Alpes et les lacs, le serment du

Grütli et la confédération, le vaillant Winkelried de l’époque de la révolte contre les

Habsbourgs et, tout naturellement, Wilhelm Tell. Le propos est représenter ceux qui

veulent émigrer comme des traîtres à la patrie, comme s’ils voulaient tourner le dos à

celle-ci pour des raisons égoïstes, en méprisant les sacrifices des ancêtres.

       Cependant, une lecture précise de l’histoire classique de Wilhelm Tell, telle

qu’elle est racontée dans la pièce de théâtre de Friedrich Schiller, datant de 1804, rend

cette interprétation unilatérale problématique. En effet, bien que Wilhelm Tell se soit

aujourd’hui transformé en un symbole d’une Suisse plutôt réactionnaire, une Suisse qui

cultive précisément le mythe voulant que le pays appartienne d’abord à ceux qui y

vivent “depuis toujours,” c’est dans cette version la plus classique de la révolte des

confédérés helvétiques qu’on trouve la thèse, surprenante, voulant que les Suisses

forment un peuple de migrants.

       Dans la fameuse scène sur la prairie du Grütli, au bord du Lac des Quatre-

Cantons, peu de temps avant le serment des représentants d’Uri, de Schwyz et

d’Unterwald – lequel provoquera la révolte armée contre les Habsbourgs –, Werner

Stauffacher, l’un des confédérés, raconte l’origine du peuple suisse de la manière

suivante: “Es war ein groβes Volk, hinten im Lande / Nach Mitternacht, das litt von

schwerer Teurung. / In dieser Not beschloss die Landsgemeinde, / Dass je der zehnte

Bürger nach dem Los / Der Vater land verlasse – das geschah” (Wilhelm Tell, II, 2) .

Autrement dit, Schiller représente clairement les Suisses comme des descendants

d’étrangers qui, forcés par la misère, avaient dû quitter leur pays. Mais l’histoire ne

s’arrête pas là: quand ces émigrants arrivent en Suisse, ils constatent que cette terre est

déjà peuplée. Schiller parle d’une hutte au bord du lac où se trouve un homme qui veille

sur le bac permettant de le traverser.
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       On n’en apprend pas plus sur cet homme mystérieux – ce qui est étrange

puisqu’il est finalement le seul “vrai Suisse” dans la pièce. Quand Stauffacher poursuit,

en racontant comment ces immigrés ont commencé à bâtir – on pourrait même dire à

“coloniser” – le canton de Schwyz, il ne précise aucunement ce qui est advenu de cet

homme et de sa cabane. A-t-il participé à la construction de Schwyz? S’est-il mêlé aux

immigrants? Peut-être fut-il expulsé, voire assassiné par eux – on ne le sait pas.

       L’idée selon laquelle les Suisses sont des descendants de migrants n’est pas de

Schiller, elle fait partie intégrante de l’histoire de Wilhelm Tell. Déjà dans Le Livre

Blanc de Sarnen, qui date de 1474, cette origine étrangère est mentionnée. Et si le mythe

de Wilhelm Tell, tel qu’il était présenté par Schiller en 1804, a marqué des générations

de Suisses, il n’a pas manqué de marquer également ces Suisses qui, au milieu du 19ème

siècle, quittaient leur pays pour émigrer vers les Amériques. Les ressemblances entre

leur destin et celui des émigrés chez Schiller sont frappantes, en particulier parce que

Schiller les présente comme de vrais colons, qui “manchen sauren Tag [hatten], den

Wald / Mit weitverschlungnen Wurzeln auszuroden” (Wilhelm Tell, II, 2). La phrase la

plus importante chez Schiller reste néanmoins: “Doch blieben sie des Ursprungs stets

gedenk” (Wilhelm Tell, II, 2). Schiller transmet ainsi l’idée surprenante que la

population suisse, bien qu’elle soit d’origine étrangère, possède une pureté culturelle qui

est restée intacte depuis toujours. La conclusion que les émigrants suisses, prêts à partir

vers les Amériques, pouvaient tirer de la pièce est qu’il était parfaitement possible

d’émigrer tout en restant bon patriote, dès lors qu’on restait fidèle à ses origines, car au

fond, dans leurs pérégrinations, ils ne faisaient rien d’autre que ce que leurs ancêtres

avaient eux-mêmes fait. D’une certaine façon, leur émigration pouvait être considérée

comme une prolongation de l’histoire du Grütli.
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        Il faut, cependant, remarquer que Schiller, en défendant l’idée que l’émigration

n’implique pas nécessairement la perte de l’identité, abordait un sujet passablement

problématique dans le contexte allemand du 19ème siècle.

        À l’époque, les opinions sur l’émigration étaient encore fortement influencées

par la théorie climatique de Herder, exprimée dans ses Ideen zur Philosophie der

Geschichte der Menschheit (1784-91), selon laquelle l’émigration vers une zone

climatique différente conduirait nécessairement à une dégénérescence: “Europäischer

Fleiss in gesitteten amerikanischen Kolonien hinderte nicht, dass die Fruchtbarkeit der

Auswanderer früher erlosch, ihre in der Fremde gezeugten Kinder weniger

widerstandsfähig wurden und die eigene Lebensdauer sank” (Herder 25). Pour illustrer

les conséquences de l’émigration, Herder utilise la métaphore d’un arbre déraciné: celui

qui émigre perd inévitablement le lien avec son milieu naturel, ce qui conduit à un

déracinement et, pour finir, à la dégénérescence totale.

        Pourtant, pour la plupart des philosophes romantiques allemands, cette position

de Herder demeurait trop radicale. On tenta alors de réinterpréter sa théorie en faisant

valoir que la dégénérescence n’était pas le résultat inévitable de l’émigration et qu’elle

ne s’exprimait que lorsque l’émigrant reniait son identité culturelle, ce qui menait à la

perte de sa pureté originelle. C’est pour cela qu’en 1846, Jacob Grimm, en pensant aux

émigrants allemands en Amérique, plaidait en faveur de mesures afin de “[...] auch

unter ihnen an der neuen Stätte, die sie sich erwählen, die althergebrachte Sprache und

dadurch warmen Zusammenhang mit dem Mutterlande zu bewahren” (cfr. Greverus

165).

        C’est dans ce contexte qu’on doit interpréter l’histoire de l’origine de la Suisse,

racontée par Schiller dans sa pièce Wilhelm Tell. Schiller combine ici le mythe de

l’origine des Suisses comme un peuple de migrants avec l’obsession, typique du 19ème

siècle, liée à la conservation d’une identité pure,
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        et il souligne, s’inscrivant en faux contre les théories de Herder, qu’émigration

ne signifie pas nécessairement perte d’identité. Tout comme Jacob Grimm le fera

quarante ans plus tard, Schiller voit la solution dans la détermination à conserver des

traditions culturelles fortes.

        Nous rencontrons la même idée dans un roman classique de la littérature suisse,

Martin Salander (1886) de Gottfried Keller, où l’émigration vers le continent américain

est un thème important. Gottfried Keller commence son roman en racontant comme

Martin Salander rentre en Suisse après avoir vécu sept ans au Brésil. Étonnamment, ces

sept ans n’ont eu aucune influence sur Salander: il se rappelle encore le chemin comme

s’il n’avait jamais quitté son village, il parle Schwyzertütsch comme si, au Brésil, il

n’avait parlé aucune autre langue et ainsi, sa réintégration en Suisse se fait apparemment

en quelques secondes. Même après avoir vécu sept ans au Brésil, Salander n’a rien de

brésilien, il est resté 100 % suisse. La phrase centrale de cette ouverture, racontant le

retour de Salander, est l’observation, faite par sa femme, que “nichts Fremdes haftete

ihm an” (G. Keller, Martin Salander 35).

        L’émigrant que Gottfried Keller nous présente ici correspond entièrement à la

vision défendue par Jacob Grimm et par Schiller dans leur saga sur l’origine suisse.

Bien qu’ayant vécu sept ans au Brésil, Salander est resté aussi suisse qu’avant son

départ ou, pour utiliser l’expression de Schiller, pendant les sept ans passés à l’étranger,

Salander n’oublia pas son origine.

        Ce n’est pas un hasard si Gottfried Keller présente le retour de Salander de cette

façon. Bien qu’il soit assez douteux qu’un émigré puisse vivre sept ans au Brésil sans

souffrir le plus petit changement, il ne s’agit ici aucunement d’une déficience

conceptuelle du romancier suisse. Car si Salander, comme représentant de la civilisation

européenne “supérieure,” avait été influencé par la culture brésilienne,
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        cela correspondrait, dans la vision germanique du 19ème siècle, à une

dégénérescence. La plus petite trace d’accent, la plus petite différence dans ses

habitudes aurait suffi à invalider Salander comme figure centrale d’un roman politique

et social.

        Pourquoi Gottfried Keller a-t-il choisi le Brésil comme destination pour

Salander? Il y a, tout d’abord, une relation personnelle avec le pays.

        Gottfried Keller lui-même n’a jamais quitté l’Europe, mais son ami Christian

Heusser avait visité le Brésil en 1856. Gottfried Keller lui avait même consacré un

poème, intitulé “Abschiedslied an einen auswandernden Freund,” qui se termine par une

phrase qui nous ne surprend guère: “Bleib treu dem Vaterlande, / So bleibst dir selber

treu!” (G. Keller, “Abschiedslied” 320f.). Cependant, le choix de Gottfried Keller

s’explique aussi par d’autres raisons. Pendant longtemps, c’est-à-dire jusqu’à ce que le

dictateur Getúlio Vargas, en 1937, ne force les communautés italienne, japonaise et

allemande à l’intégration dans la société brésilienne, le Brésil étant considéré, surtout

dans les pays de langue allemande, comme la destination idéale pour les émigrants

opposés à l’intégration dans le pays d’accueil. En effet, alors que le grand flux

d’émigration allemande vers le Brésil datait du milieu du 19ème siècle, en 1940 encore,

70 % des descendants d’émigrants allemands utilisaient l’allemand comme langue

principale (cfr. Kestler 26). On constate ainsi une grande différence avec la situation en

Amérique du Nord et cette différence existait dès le début de l’émigration allemande

vers le Brésil: “Die deutschen Kolonien in Brasilien bewahren ihre Nationalität viel

leichter, als diejenigen in Nordamerika” (Steger 13), écrivait Adolf Steger, un agent

d’émigration, en 1857. Et en 1849, l’Association Hambourgeoise de Colonisation avait

vanté les mérites du Brésil avec le slogan: “Brasilien, ein Land, wo der Deutsche

Deutscher bleibt” (cfr. Cunha 40).
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       Ainsi, en choisissant le Brésil comme destination pour Salander, Gottfried Keller

opte pour un pays qui était, à l’époque, connu pour permettre aux émigrants de langue

allemande le maintien d’une identité germanique, c'est-à-dire qu’il choisit un pays où,

du moins en théorie, “sie des Ursprungs stets gedenk [blieben]” (Wilhelm Tell, II, 2) et

ou il semble être possible de vivre selon le conseil “Bleib treu dem Vaterlande, / So

bleibst dir selber treu!” (G. Keller, “Abschiedslied” 320f.).

       Vue de cette manière, la réaction de la femme de Salander, qui, en revoyant son

mari après ses sept ans au Brésil, constate que rien d’étranger ne s’attache à lui, nous

paraît moins étrange, car on comprend que le Brésil était le pays idéal pour ce concept

de l’émigration que défend Gottfried Keller.

       Examinons maintenant comment le maintien de l’identité s’exprime dans la

réalité chez des immigrants suisses. Cette émigration a une importance historique, car

les premiers émigrants non-portugais au Brésil étaient des Suisses. Déjà avant

l’indépendance du Brésil (1822), on y avait fondé une «colonie» suisse – Nova Friburgo

(1819) – mais c’est surtout vers le milieu du 19ème siècle que l’on constate une

émigration de plusieurs milliers de Suisses vers le Brésil. Il s’agit essentiellement de

pauvres, originaires de régions rurales, qui n’avaient pas les moyens de payer leur

voyage et traversaient l’océan dans le cadre du système de parceria. Dans ce système,

un grand seigneur brésilien payait pour le voyage, et en échange, les émigrants

travaillaient dans sa plantation jusqu’à ce que leurs dettes soient payées. Après quelques

années, ils seraient libres et pourraient réaliser leur rêve, devenir “colon,” c’est-à-dire

agriculteur disposant d’une propriété foncière. C’était du moins ce qu’on leur laissait

espérer. La réalité était toute autre: les émigrants étaient en fait vendus à de grands

propriétaires pour remplacer les esclaves dans les plantations.
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       Dans beaucoup de cas, les communes suisses elles-mêmes participaient à ce

commerce, en se “débarrassant” ainsi de leurs habitants les plus pauvres (cfr. Tschudi

III: 242; Davatz 115; Ziegler, Schweizer statt Sklaven 139ff.). Vers la fin du 19ème

siècle, il y aura encore quelques projets de petite dimension concernant des “colonies”

suisses dans le Sud du Brésil.

       Ce qui nous intéresse est l’attitude de ces émigrants suisses face à l’intégration.

Y a-t-il eu un rapprochement naturel avec la société brésilienne? A-t-on cherché la

cohabitation avec d’autres groupes d’émigrants européens? Ou y a-t-il plutôt eu un

grand effort de conservation de l’identité suisse?

       Le problème qui se pose ici est qu’il est assez difficile de préciser en quoi

consiste l’identité suisse. Les Suisses ne partagent pas la même langue, ni la même

religion. Dans un certain sens, on pourrait dire que c’est l’histoire qui unit les Suisses,

mais on ne doit pas oublier que ce n’est qu’en 1803 que les anciens alliés des Grisons et

de Saint-Gall et les anciens pays sujets du Tessin, de Vaud, de la Thurgovie et de

l’Argovie s’ajoutèrent aux cantons fondateurs de la Confédération, tandis que Genève,

Neuchâtel et le Valais n’y firent leur entrée qu’en 1815. La fierté suisse (plutôt

alémanique que romande) liée au passé du pays est en rapport étroit avec l’idée de la

conquête de la liberté. Bien qu’il soit vrai que les confédérés de 1291 entendaient, par

liberté, surtout une liberté face aux Habsbourgs, il existait sans doute, chez les émigrés

suisses (alémaniques) au Brésil, la conviction que leurs ancêtres avaient lutté pour la

liberté de toute la population et que chaque Suisse avait le devoir de la défendre.

       Dans ce contexte, la réalité brésilienne était, en quelque sorte, un défi à l’identité

suisse. Pour les émigrés francophones, il y avait la proximité de la langue portugaise.

Dès lors, la communication avec les Brésiliens était plus facile qu’avec leurs

compatriotes alémaniques, ce qui pouvait laisser augurer d’une intégration plus facile.
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       À cela s’ajoutait la question religieuse: les seuls mariages reconnus au Brésil –

en tant que pays catholique – étaient les mariages catholiques; les enfants qui n’étaient

pas baptisés officiellement “n’existaient pas” et les cimetières étaient réservés aux

catholiques. Par conséquent l’intégration était particulièrement difficile pour les Suisses

alémaniques protestants. On pourrait alors penser que, pour ce groupe en particulier,

l’attraction pour la grande communauté allemande au Brésil n’a pu qu’être très forte.

       Quelques indications vont effectivement dans ce sens. L’historiographe brésilien

Dilney Cunha, qui a étudié la présence suisse dans la “colonie” de Dona Francisca,

l’actuel Joinville, fondée en 1851, considère que le facteur essentiel de résistance ou

d’ouverture face à l’intégration dans la société brésilienne était la religion.

       Tandis que les Suisses catholiques choisissaient leurs futur(e)s conjoint(e)s

parmi les familles brésiliennes d’origine portugaise, les protestants se rapprochaient de

leurs coreligionnaires allemands. Mais ce rapprochement lui-même ne se fit que très

lentement, puisque pendant les premières décennies, les Suisses protestants se mariaient

en majorité entre eux; ce n’est que vers la fin du siècle, quand le nombre de Brésiliens

non germanophones menaçait, dans la “colonie,” de dépasser celui des germanophones,

que la communauté suisse protestante se fondit complètement dans la communauté

allemande (Cunha 153 et 217ff.).

       Les études de Cunha montrent bien que le rapprochement des Suisses

alémaniques protestants (qui formaient la grande majorité des émigrants suisses au

Brésil) avec la communauté allemande ne s’opérait pas de gaîté de cœur. Et il serait

réducteur de penser qu’une même langue et une même religion étaient des raisons

suffisantes pour que les Suisses alémaniques se tournent dès le début, dans une sorte de

réflexe pangermanique, vers les émigrés allemands au Brésil. Les documents de

l’époque indiquent plutôt que ces émigrants se caractérisent par une tendance très

affirmée à l’isolement et par une conviction forte qu’être un bon patriote signifie

marcher sur les traces de Wilhelm Tell.
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       L’un des textes les plus marquants en ce qui concerne l’émigration suisse au

Brésil est Die Kolonisten in der Provinz St. Paulo in Brasilien de Thomas Davatz.

Davatz, professeur, émigra vers le Brésil en 1855, avec quelques dizaines de pauvres

venus de différents villages grisons, pour y travailler dans la plantation de café

d’Ibicaba, dans l’État de São Paulo. Son but n’était pas de travailler comme journalier

au Brésil; Davatz voulait devenir un vrai colon, avec son propre lopin, mais comme il

n’avait pas les moyens de payer le voyage, il se soumit au système de parceria. Le cas

de Davatz est célèbre parce qu’au Brésil, il est devenu le leader charismatique d’une

révolte d’émigrants suisses contre leur maître, qui les traitait comme des esclaves.

       Le texte de Davatz présente cependant bien davantage que la description

mouvementée d’une rébellion; il constitue également un document important en ce qui a

trait à l’identité suisse car nous verrons qu’il montre clairement à quel point le mythe de

Wilhelm Tell a influencé le comportement des émigrants au Brésil.

       Il ne fait aucun doute que Davatz se sentait foncièrement suisse; “nous les

Suisses” est une phrase qui revient fréquemment dans le document. Il ne limite donc pas

son identité au canton dont il est originaire, pas plus qu’il ne se considère comme faisant

partie d’une sorte de “grande nation germanique.” Davatz se considère comme un vrai

descendant de Wilhelm Tell, comme un homme libre et qui a donc pour mission de

préserver cette liberté coûte que coûte.

       Les ressemblances avec la révolte légendaire contre les Habsbourgs, dans son

récit, commencent dès le sous-titre;       Davatz parle de “eine Erhebung gegen die

Bedrücker,” ce qui, du reste, est étonnant dans la mesure où le mot “oppresseur” est

utilisé en général pour désigner des étrangers qui viennent opprimer les autochtones, et

non le contraire. Mais Davatz ne se considère pas du tout comme un étranger qui doit

s’adapter aux coutumes d’un autre peuple. Pour lui, il n’existe pas vraiment de peuple

brésilien, il existe des Indiens, des Africains, des mulâtres, des descendants de Portugais

et des colons européens, mais pas de Brésiliens.
- 12 -
       Le Brésil est ainsi vu comme un pays qui n’appartient à personne, un pays où

chacun a le droit de créer ou de recréer une patrie. C’est pour cela que Davatz, même à

quinze mille kilomètres de sa patrie, lutte pour défendre ses droits comme s’il était en

Suisse, une lutte complètement en accord avec le Wilhelm Tell de Schiller.

       Dans les faits, la révolte dans la plantation d’Ibicaba commence avec la

rencontre nocturne et secrète d’une poignée de patriotes suisses, et elle semble se

dérouler de la même manière que sur la prairie du Grütli en 1291, lorsque trois hommes

établirent une confédération de résistance en prononçant leur serment.

       Et Davatz rapporte la scène en des termes qui sont la répétition pratiquement

littérale du serment de la pièce de Schiller: “Unter die uns auf diese Weise auferlegten

Verpflichtungen nahmen wir auch diejenigen der völligsten Verschwiegenheit und des

treusten Zusammenhaltens nach dem Grundsatze: ‘Einer für Alle, und Alle für Einen!’

auf” (Davatz 139).

       Cette réaction suisse est opposée à l’indifférence apparente des Allemands qui

travaillaient dans la même plantation. Le rôle de la communauté allemande dans la

révolte semble insignifiant. Davatz mentionne que des Thuringiens s’associèrent plus

tard à la confédération ainsi formée, bien que cela aille contre la volonté de la plupart

des Suisses. Johann Jakob von Tschudi, un représentant diplomatique de la Suisse qui

visita Ibicaba après la révolte, écrivait même que “[d]ie deutschen Colonisten

betheiligten sich nicht an dem Aufstande. Sie begnügten sich damit, die Faust in der

Tasche zu machen” (Tschudi III: 249).

       La réaction des Suisses à Ibicaba, telle que Davatz l’a retranscrite, montre que le

système politique suisse, quoique très peu démocratique pendant plusieurs siècles, a

sans aucun doute influencé la population. Même de pauvres émigrés suisses

(alémaniques) avaient déjà, au milieu du 19ème siècle, la ferme conviction qu’être

citoyen suisse impliquait le droit à la liberté, une conviction qui, dans les États

allemands semi-féodaux, n’existait pas.
- 13 -

       Le cas Davatz illustre aussi le fait que les émigrés suisses ne considéraient pas

leur émigration comme une rupture avec leur patrie. De leur point de vue, la vraie

trahison ne résidait pas dans l’émigration elle-même, mais bien dans l’intégration au

sein d’un nouveau pays. C’est ainsi que si l’on émigrait, on n’en tentait pas moins, en

même temps, d’emporter avec soi la Suisse, ou du moins son canton suisse. Cette

volonté de maintenir une identité suisse devient de plus en plus forte au cours du 19ème

siècle. Si, au début du siècle, on s’identifie plutôt avec la région, avec le canton

d’origine, vers la fin on constate un patriotisme clairement national.

       Dans ce contexte, les noms choisis par les Suisses pour leurs “colonies”

brésiliennes sont représentatifs: la première, fondée en 1819, porte le nom du canton –

“Nova Friburgo” – tandis que pour les “colonies” fondées vers la fin du siècle, on

choisit plutôt un nom national, comme “Alpina,” “Nova Suíça,” “Heimat,” “Helvetia” –

on avait même prévu que l’une d’elles s’appellerait “Rütli.”

       Le récit de Johannes Keller, datant de 1897, illustre bien cette nouvelle

préoccupation, confortée par des éléments nationalistes. Le jeune professeur Johannes

Keller cherchait à diffuser l’idée d’une nouvelle “colonie” suisse qui serait fondée en

Funil, dans l’État de São Paulo, et il mentionna qu’au cours des négociations avec les

autorités locales, les onze familles ouvrières zurichoises et argoviennes concernées

avaient obtenu quelques concessions particulières grâce à leur identité nationale. La

principale était que les Suisses pourraient constituer un Schützenverein – une

association de tir. Pour comprendre l’importance de cette revendication, il faut savoir

qu’en Suisse, les associations de tir représentent un symbole de la liberté suisse et sont

le reflet de la forte vague nationaliste qui s’est propagée dans le pays vers la fin du 19ème

siècle. Chaque membre d’une association de tir se considérait comme un arrière-petit-

enfant de Wilhelm Tell et entendait, par son affiliation, souligner sa fierté patriotique

ainsi que sa disposition à se battre pour préserver la liberté conquise par ses ancêtres.
- 14 -

       L’importance donnée par les Suisses au Brésil à la fondation de ces associations

montre à quel point ils souhaitaient préserver leur propre identité et elle témoigne de

l’acuité du mythe de Tell et de son lien avec cette identité.

       Lors de sa visite à la “colonie” suisse Helvetia, fondée en 1880 par des

agriculteurs d’Obwald, Rudolf Streiff-Becker, un ingénieur zurichois qui avait émigré

très jeune vers le Brésil et y avait ensuite fondé sa propre usine, observe même que

l’association de tir portait le slogan: “Die Taten der Väter sollen Euer Vorbild sein”

(Streiff-Becker 13), ce qui correspond dans une très large mesure à la phrase “Doch

blieben sie des Ursprungs stets gedenk” (Wilhelm Tell, II, 2.).

       Il n’est pas étonnant qu’avec cette conception de la vie, les émigrés n’aient été

guère ouverts à une intégration à la société brésilienne. Et l’historienne suisse Béatrice

Ziegler a effectivement pu démontrer que jusque peu de temps avant la Seconde Guerre

mondiale il existait à Helvetia une endogamie presque intacte (cfr. Ziegler,

“Schweizerinnen” 135).

       Dans les années 1930, la “colonie” Helvetia devient fameuse, car elle est

présentée en Suisse comme un véritable modèle pour “la cinquième Suisse” – la

communauté suisse à l’étranger, qui vient s’ajouter à la Suisse allemande, française,

italienne et romanche. Ainsi Gottfried Keller, un conseiller cantonal d’Argovie,

considère en 1936 les habitants d’Helvetia comme des pionniers exemplaires de

l’émigration: “[D]iese wackern Obwaldner und vorbildlichen Auswanderungspioniere

[verdienen] unsere hohe Anerkennung für die bisherige treue Aufrechterhaltung ihres

Schweizertums, ohne dass sie je eine Unterstützung aus der Heimat verlangt oder

bezogen hätten” (G. Keller, Auswanderungs-Problem 27).

       Le prêtre Emil Immoos, qui visita Helvetia en 1936, considérait même les

émigrés comme étant plus suisses que les Suisses, puisqu’ils parlaient encore un

dialecte d’une pureté déjà disparue en Suisse:
- 15 -

       “Bewahrt haben sie ihren Obwaldnerdialekt, der sich hier auf Kind und

Kindeskinder, die nie die Schweiz gesehen haben, mit solcher Reinheit und

Tonhaftigkeit übertragen hat, wie wir ihn im Obwaldnerland selbst vielleicht kaum

mehr finden” (Immoos 37). Ces commentaires ne sont pas accidentels. Ils font partie

d’un réveil nationaliste dans le cadre de la “geistige Landesverteidigung,” la “défense

spirituelle du pays,” une stratégie politique ultranationaliste qui prétendait sauvegarder

la Suisse de l’infiltration des idées fascistes et/ou nazies en provenance des pays voisins.

       Pourtant, cette obsession de la préservation de l’identité, qui devient de plus en

plus marquée dans l’entre-deux-guerres, entraîne une radicalisation à plusieurs égards.

       Non seulement en Suisse même, où des milliers de réfugiés juifs étaient refoulés

à la frontière sous prétexte qu’ils menaçaient la préservation de l’identité suisse, mais

aussi chez les émigrés suisses au Brésil, où le discours nationaliste prenait un caractère

de plus en plus raciste.

       En même temps, au Brésil, les émigrés suisses alémaniques sont exposés à la

propagande ultranationaliste allemande, véhiculée par un réseau de sections de

l’association Alldeutscher Verband. Celles-ci s’adressent même explicitement aux

émigrés suisses et autrichiens et affichent l’espoir que dans le Sud du Brésil, les Suisses

et les Autrichiens s’associeront au pangermanisme (cfr. Cunha 218).

       L’historiographe brésilien Dilney Cunha a pu démontrer que les écoles

allemandes et surtout les églises protestantes encourageaient cette ambition (cfr. Cunha

213). Ainsi, vers la fin du 19ème siècle, on constate chez les émigrés suisses alémaniques

des régions rurales une diminution de l’usage du Schwyzertütsch au profit du

Hochdeutsch, en même temps que l’apparition de slogans traduisant la sympathie à

l’égard de l’idée pangermaniste, tels que “Schweiz mit Deutschland Hand in Hand!” ou

“Auf ewig ungetheilt! Ein Schweizer für die deutsche Einigkeit” (cfr. Cunha 218).
- 16 -

    Cependant, dans les villes brésiliennes, où les Suisses appartiennent généralement à

la classe la plus aisée, où ils sont mieux organisés et où les contacts avec la patrie sont

plus nombreux, on se distancie plutôt de la propagande allemande et insiste, comme en

Suisse, sur la préservation de l’identité suisse. Ces réserves face aux appétits allemands

sont manifestes dans les mémoires de Streiff-Becker lorsqu’il décrit en ces termes sa

visite à la Société Allemande de São Paulo:

               Ich stand hinter einigen mir persönlich befreundeten Süddeutschen, als

               das ‘Deutschlandlied’ gesungen wurde. Ich sang nur halblaut mit,

               jedoch mit einer kleinen Änderung des Textes: anstatt ‘Deutschland’

               sang ich ‘Schweiz, o Schweiz, über alles, über alles in der Welt.’ Der

               vor mir Stehende wandte sich entrüstet um: ‘Aber, aber, Herr Streiff,

               was soll das heissen!’ Ich erwiderte ihm: ‘Wenn Sie aus reiner

               Heimatliebe singen: ‘Deutschland über alles in der Welt,’ dann werden

               Sie es mir als Schweizer hoffentlich nicht verübeln, wenn mir die

               Schweiz über alles geht. Wenn aber der Satz politisch gemeint ist:

               Deutschland (herrsche) über alles, dann kann ich erst recht nicht

               mitsingen’” (Streiff-Becker 132).

Indépendamment de l’attitude face à la propagande allemande, on constate en tout cas

une tendance, dans les discours d’émigrés suisses au tournant du siècle, à emprunter des

idées et des expressions racistes. Ainsi, dans son livre rassemblant quelques conseils

concernant l’émigration vers le Brésil, datant de 1921, le prêtre suisse Hans Frehner ne

parlait pas d’intégration, mais préférait l’expression méprisante “verbrasilianern”:

               Die Regierung erreicht auf diese Art am besten ihr Ziel, denn sie will,

               dass die Ansiedler ihre Nationalität vergessen, sie sollen, wie die alten

               Kolonisten sagen, ‘verbrasilianern,’ wie das mit der Schweizerkolonie

               in Novo Friburgo [sic] geschah,
- 17 -

                wo vom Schweizertum nur noch die Namen existieren und vom

                ‘Schwitzerdütsch’ nur noch die Worte ‘Chaib und Chog’ gehört werden,

                die auch von den dortigen Negern im Mund geführt werden. Saubere

                Schweizer das! Mir sagten schon Auswanderer, dass sie drüben weder

                Deutsche noch Schweizer sein wollen, sondern sich mit den Völkern des

                Urwalds verbrüdern – verbrüdern mit Mulatten und Negern. – Welch

                ein Blödsinn!» (Frehner 22).

Frehner utilise ici le verbe “verbrasilianern” (“s’embrésilianiser,” devenir Brésilien)

comme synonyme de “vernegern” (devenir nègre), “verkanackern” (devenir Canaque)

ou “verkaffern” (devenir Cafre), mots qui apparaissent vers la fin du 19ème siècle, quand

l’Allemagne devient une puissance coloniale, et qui expriment la répulsion à l’égard du

mélange du sang.

Dans l’opinion de Frehner, le croisement entre un Européen et une Brésilienne

susciterait une race dégénérée, et de continuer: “Moralisch abgestumpft, verlottern diese

Sprösslinge solcher Mischehen schon in der zweiten Generation und verkommen in den

Urwäldern Brasiliens, wo genug solcher undefinierbarer Gestalten ihr Dasein fristen”

(Frehner 22).

       La devise romantique de Schiller et de Jakob Grimm, consistant à rester fidèle à

ses origines, répétée avec détermination, en 1886, par Gottfried Keller dans Martin

Salander, est devenue ici plus qu’une simple recommandation; elle s’est transformée en

une véritable profession de foi. Ainsi, dans les derniers documents concernant les

émigrés suisses au Brésil, on constate une radicalisation, qui transforme la simple fierté

liée aux exploits des ancêtres en une haine et une aversion face à l’intégration à la

société brésilienne.
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       À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, le choix, par le Brésil, du camp

des alliés, le fait que les trois plus grandes communautés d’émigrés du pays (les Italiens,

les Japonais et les Allemands) faisaient partie des puissances de l’Axe et, surtout, la

propagande nazie chez les émigrés allemands du Sud du Brésil, requéraient, dans la

perspective du gouvernement brésilien, des mesures d’intégration forcée, radicales.

Après la défaite du fascisme et du nazisme, l’intégration de ces communautés, y

compris les Suisses alémaniques qui s’étaient alliés à la communauté allemande, fut

opérée en un temps record. L’intégration fut si systématique que presque toutes les

traditions, y compris la langue, furent abandonnées au profit d’une intégration à la

société brésilienne. Même si on vit refleurir quelques traditions par la suite, comme le

fameux Oktoberfest à Blumenau, les descendants d’émigrés au Brésil ne se caractérisent

pas, contrairement à ce qu’on constate souvent en Amérique du Nord, par une “identité

à trait d’union” (hyphenate-identity).

       Au Brésil, on évite les expressions comme ‘italo-brésilien,’ ‘nippo-brésilien’ ou

‘germano-brésilien,’ qui ont même une légère connotation négative, comme si elles

exprimaient un manque de patriotisme (cfr. Magalhães 96).

       En 1985, le grand public, en Suisse, put se remémorer les péripéties de ces

émigrés au Brésil grâce au roman Ibicaba – Das Paradies in den Köpfen, de Eveline

Hasler, une spécialiste du ‘roman biographique.’ L’histoire se fonde certes sur des

documents authentiques, mais quand on lit que le rêve des femmes suisses, en route vers

le Brésil, était de se marier avec des Brésiliens et qu’elles aspiraient à avoir des enfants

brésiliens qui pourraient s’appeler ‘Luis Eduardo’ et avoir des ‘cheveux tout noir,’ on

doit y voir la trace de l’imagination prolifique d’une écrivaine contemporaine plutôt que

le rappel d’un objectif qui aurait été répandu parmi les émigrées au 19ème siècle (Hasler

69). D’une façon générale, de telles idées n’auraient pas été considérées comme un beau

rêve, mais comme un cauchemar, puisqu’elles remettaient directement en question le

conseil donné par Wilhelm Tell – rester fidèle à ses origines, coûte qui coûte.
- 19 -

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Wir danken dem Verfasser bestens für die freundliche Wiedergabebewilligung.
Internet-Bearbeitung: K. J.                                       Version 12/2006
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