Espèces exotiques envahissantes - Action de l'Union européenne - Publications Office of the ...
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Table des matières Espèces exotiques envahissantes, de quoi s’agit-il?......................................................................................................5 Comment les EEE arrivent-elles dans l’UE? .......................................................................................................................7 En quoi les espèces exotiques envahissantes posent-elles problème?.............................................................9 Le coût des espèces exotiques envahissantes pour la société...........................................................................11 Une action européenne.................................................................................................................................................................15 Adopter une nouvelle législation européenne sur les EEE......................................................................................16 Espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union .......................................................................17 Réglementation du commerce.................................................................................................................................................19 Lutter contre les «passagers clandestins» et les contaminants........................................................................21 Détection précoce et éradication rapide............................................................................................................................22 Gestion des EEE déjà établies dans l’UE........................................................................................................................... 23 Annexe. Récapitulatif de l’impact des EEE........................................................................................................................25 Ressources utiles..............................................................................................................................................................................26 | 3
Espèces exotiques envahissantes, Les différents types d’EEE de quoi s’agit-il? Les espèces exotiques sont des espèces transportées par l’action de l’homme en En 2008, un projet de recherche financé dehors de leur aire de répartition naturelle. par l’UE, le projet DAISIE, a permis de créer le premier inventaire paneuropéen La grande majorité de ces espèces ne sont pas capables de survivre dans un des espèces exotiques envahissantes. environnement non familier sans intervention humaine et finissent par mourir. Cet inventaire comprend environ 12 000 Certaines d’entre elles parviennent toutefois à s’adapter à leur nouvel environ- espèces exotiques recensées en Europe. nement et, à terme, à s’installer dans la nature, où elles peuvent être à l’origine d’importants dégâts sur le plan écologique et économique. Les plantes terrestres sont de loin les espèces les plus communes et Il s’agit des espèces exotiques envahissantes (EEE). Les EEE sont définies comme représentent plus de la moitié de des espèces dont l’introduction et la propagation en dehors de leur aire de réparti- l’ensemble des espèces présentes en tion naturelle constituent une réelle menace pour la biodiversité et l’économie. Europe (plus de 6 500 espèces). Elles sont suivies des invertébrés terrestres Selon les estimations, plus de 12 000 espèces exotiques seraient déjà présentes (plus de 2 700 espèces). Les espèces en Europe et 10 % à 15 % d’entre elles seraient envahissantes. Elles se retrouvent aquatiques marines sont elles aussi dans tous les grands groupes taxonomiques, qu’il s’agisse des mammifères, des relativement nombreuses, avec près de amphibiens, des reptiles, des poissons, des invertébrés ou encore des plantes, des 1 000 espèces exotiques. Les vertébrés champignons, des bactéries et d’autres microorganismes. terrestres sont quant à eux bien moins représentés avec seulement quelques Elles sont également présentes dans tous les types d’habitats, tant sur terre que centaines d’espèces dans l’UE. dans les mers environnantes. Tous les États membres de l’UE sont, dans une cer- taine mesure, confrontés à des problèmes dus aux EEE sur leur territoire. Nombre estimé d’espèces exotiques en Europe par groupe taxonomique. Trachémyde écrite, Trachemys scripta, d’Amérique. 7 000 6 000 Nombre d’espèces 5 000 4 000 3 000 2 000 1 000 0 téri ues s res tres tres res rine es est est x in atiq eur rres rres ma terr terr eau aqu s te s te es ons rés tiqu bré nte des pèces téb ign Pla erté qua Ver mp Es sa Inv Cha èce Groupe Esp Source: Daisie 2009 | 5
EXEMPLES D’ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES EN EUROPE La ficoïde glaciale, Carpobrotus edulis, Limace espagnole, Arion vulgaris. Cer- La grenouille-taureau, Lithobates est une plante succulente aux fleurs écla- taines espèces exotiques sont originaires catesbeianus, est la plus grosse grenouille tantes qui forme de larges tapis denses. de l’UE; la limace espagnole, par exemple, d’Amérique du Nord. Des grenouilles en cap- Originaire de la région du Cap en Afrique vient de l’ouest de la France et du nord de tivité se sont échappées dans la nature et du Sud, elle a été introduite en Europe en l’Espagne, mais elle a été involontairement ont colonisé différents types d’habitats, où tant que plante ornementale. Elle s’est introduite ailleurs en Europe par le biais elles se nourrissent d’un large éventail de répandue dans la nature et est désormais de plantes horticoles, d’emballages et proies: amphibiens, poissons, petits oiseaux, présente en nombre le long des côtes de déchets. Elle est désormais présente mollusques, crustacés et insectes. Cette méridionales et occidentales de l’Europe dans la plupart des pays de l’UE, où elle espèce représente par conséquent une et de la Méditerranée. est devenue l’une des principales espèces grave menace pour les espèces indigènes nuisibles. européennes. Coccinelle asiatique, Harmonia axyridis. La perruche à collier, Psittacula krameri, Chien viverrin, Nyctereutes procyonoides. Originaire d’Asie, cette coccinelle a été est originaire d’Afrique et d’Asie du Sud. Les chiens viverrins ont été importés introduite en Europe comme biopesticide À l’origine importée en Europe comme d’Asie en Europe pour leur fourrure dans contre les pucerons. Depuis, elle s’est animal domestique, cette espèce s’est les années 1950 et ils se sont depuis également involontairement propagée échappée dans la nature et est désormais répandus dans le nord et l’est de l’Europe. dans les plantes horticoles/ornementales. présente dans près de la moitié des États Il s’agit d’omnivores opportunistes en Il s’agit d’un prédateur vorace qui évince membres de l’UE. Son impact n’est pas mesure d’entraîner une diminution locale les coccinelles indigènes et les autres encore connu, mais elle peut se disputer du nombre d’espèces proies. Ils trans- insectes non nuisibles, ce qui entraîne une les sites de reproduction avec certains portent également plusieurs parasites et réduction de la biodiversité autochtone. oiseaux indigènes lorsque les cavités maladies importants, tels que la rage. propices à la nidification se font rares. 6 |
Comment les EEE arrivent-elles La prolifération des espèces exotiques dans l’UE? envahissantes en Europe Les espèces exotiques envahissantes pénètrent dans l’UE de différentes façons. Des espèces exotiques sont introduites Certaines sont introduites volontairement dans le cadre d’activités d’agriculture, en Europe depuis des siècles, mais de sylviculture, d’aquaculture, d’horticulture ou à des fins récréatives, voire en leur nombre a augmenté de façon tant qu’animaux domestiques, plantes de jardin ou biopesticides (la coccinelle exponentielle au cours des cinquante asiatique, par exemple). dernières années, principalement en raison du développement des activités D’autres sont introduites involontairement; il s’agit de contaminants présents commerciales et des voyages. dans des marchandises (par exemple, des graines d’ambroisie à feuilles d’armoise dans des mélanges de nourriture pour oiseaux) ou de «passagers clandestins» Selon plusieurs études, le nombre à bord de navires ou dans du matériel. d’EEE en Europe aurait augmenté de 76 % depuis les années 1970. Elles Les modes d’introduction dans l’environnement peuvent considérablement risquent de continuer à se propager varier selon le groupe d’espèces et le milieu environnant. Les espèces végétales si aucune mesure n’est prise pour lutter exotiques sont pour la plupart issues de la culture (de jardins ou d’exploitations contre cette invasion. agricoles, par exemple), tandis que les espèces exotiques d’eau douce sont souvent intentionnellement propagées dans le cadre de l’aquaculture ou de la pêche sportive. Dans le milieu marin, la plupart des espèces exotiques arrivent en Europe comme passagers clandestins. Les EEE arrivent dans l’UE sur les coques des navires, dans des pneus usagés et comme conta- minants dans des mélanges de graines. 1 200 1 000 800 Nombre d’espèces 600 400 200 0 1500 1600 1700 1800 1900 2000 Année d’introduction Origine européenne Etrangères à l’Europe Nombre cumulatif d’espèces végétales exotiques introduites en Europe au fil du temps. Source: Lambdon et al. 2008 | 7
EXAMPLES IMPACTS OF IMPACTS FROM IAS IMPACT DES EEE: QUELQUES EXEMPLES ÉCOLOGIQUES À l’origine, l’écrevisse de Louisiane, Procambarus clarkii, a été importée d’Amérique du Nord en Europe pour être utilisée dans le cadre de l’aquaculture. Après s’être échappée dans des cours d’eau douce, cette espèce agressive s’est propagée dans plusieurs pays de l’UE en colonisant activement de nouveaux territoires au détriment d’écrevisses indigènes plus rares, telles que l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) qui est reprise dans la directive «Habitats». En plus de causer l’extinction d’espèces indi- gènes, l’écrevisse de Louisiane transporte un organisme similaire à un champignon qui décime des populations entières d’écrevisses européennes. Cette maladie représenterait à elle seule un coût de 53 millions d’euros par an. Le frelon à pattes jaunes, Vespa velutina est originaire d’Asie du Sud-Est et a probablement été introduit par erreur dans le cadre d’activités commerciales horticoles en 2005. Il s’est depuis rapidement propagé en France, en Espagne, au Portugal et en Belgique. Ce frelon asiatique est un prédateur redoutable pour les abeilles mellifères, les guêpes communes et d’autres pollinisateurs importants, tels que les syrphes. En raison de la taille énorme de leurs colonies (un nid pouvant contenir jusqu’à 10 000 frelons par saison), ils sont en mesure d’entraîner la disparition d’un nombre significatif de ruches (selon certaines observations en France, 14 000 abeilles mellifères par ruche disparaîtraient chaque mois). Cette espèce pourrait par ailleurs avoir une incidence importante sur la biodiversité locale des insectes indigènes et sur les activités de pollinisation en général. L’algue tueuse, Caulerpa taxifolia, est originaire de l’océan Indien et est communément utilisée comme plante ornementale dans les aquariums tropicaux. Après avoir été libérée dans la nature, cette espèce s’est rapidement propagée dans la mer Méditerra- née, où elle a envahi ou évincé des plantes marines indigènes et des habitats précieux, tels que les herbiers de posidonies. Sa présence a entraîné une réduction massive de la biodiversité marine dans ces zones, mais elle a également affecté leur capa- cité à remplir des fonctions (telles que la remise en suspension des sédiments) et des services (tels que la protection contre l’érosion du fond marin) essentiels de l’écosystème. 8 |
En quoi les espèces exotiques Des écosystèmes sains, notre patrimoine naturel envahissantes posent-elles problème? Les espèces exotiques envahissantes ont de nombreuses incidences sur Des écosystèmes en bon état, dont le l’écologie, l’économie et la santé humaine. fonctionnement repose sur leur biodiversité, offrent à la société une Elles constituent avant tout une grave menace pour la biodiversité européenne multitude de biens et services à valeur et elles peuvent entraîner l’extinction locale d’espèces indigènes, notamment via la économique importante, comme de l’eau concurrence pour des ressources limitées telles que la nourriture et les habitats, les et de l’air propres, un stockage du croisements d’espèces ou la propagation de maladies exotiques. L’impact des EEE peut carbone, la pollinisation, etc. Ils jouent parfois être tel qu’elles peuvent altérer la structure et le fonctionnement d’écosys- également un rôle central dans la lutte tèmes entiers, compromettant ainsi leur capacité à exercer des fonctions essentielles, contre les conséquences néfastes du telles que la pollinisation, la régularisation des cours d’eau ou le contrôle des crues. changement climatique en nous protégeant contre les inondations et Les EEE ont également des impacts économiques significatifs, dans la mesure où d’autres catastrophes naturelles. elles engendrent une diminution des revenus de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche. Elles peuvent endommager des infrastructures, entraver les transports ou Si ces centrales d’énergie naturelles raréfier l’eau disponible en bloquant les voies navigables ou en encrassant les canali- sont endommagées, ce n’est pas sations industrielles. Les EEE peuvent également détruire des paysages et des masses seulement la biodiversité qui en pâtit, d’eaux, entraînant la disparition de sites récréatifs ou de patrimoine culturel de valeur. mais également l’ensemble de la société. En Europe, environ 4,4 millions Les EEE peuvent par ailleurs représenter un problème majeur pour la santé humaine, d’emplois et 405 milliards d’euros de dans la mesure où elles peuvent être à l’origine de graves allergies et de problèmes de chiffre d’affaires dépendent directe- peau. Elles peuvent également transporter de dangereux pathogènes et maladies. ment du bon fonctionnement des écosystèmes. Les EEE, telles que l’Elodea canadensis, peuvent entraver le fonctionnement d’écosystèmes entiers. Un écosystème forestier sain. | 9
Le coût des espèces exotiques Il faut éradiquer les EEE dès que possible envahissantes pour la société Les EEE auraient coûté au moins 12 milliards d’euros par an à l’UE au cours des vingt Plus l’attente est longue avant dernières années et ce chiffre ne fait qu’augmenter. Lorsqu’une EEE s’échappe ou est d’éradiquer une EEE, plus cette volontairement libérée de son environnement confiné, des ressources humaines et intervention coûte cher. Dans le delta financières substantielles sont nécessaires pour réparer les dégâts causés et prendre de l’Èbre, l’invasion des moules zébrées des mesures pour les éradiquer ou du moins interrompre sa propagation. aurait pu être interrompue de manière relativement peu coûteuse si des Il convient néanmoins de rappeler que toutes les espèces exotiques ne sont pas pro- mesures avaient été prises assez tôt. blématiques ou envahissantes. Certaines de ces espèces permettent en effet de géné- rer d’importants gains économiques et ont été introduites dans l’UE pour cette raison. Huit ans plus tard, le coût de cette intervention a augmenté de façon Les coûts associés aux EEE augmentent de façon exponentielle si les espèces en exponentielle. Plus de 4 millions question ne sont pas éradiquées immédiatement. Sans une intervention rapide, elles d’euros sont dépensés chaque année auront l’occasion de se propager et de causer encore plus de dégâts. Naturellement, pour réparer les dégâts causés par plus tôt le problème est traité, moins l’intervention s’avérera coûteuse pour les cette espèce et pour éviter sa acteurs concernés. propagation. Il n’est désormais plus possible d’éradiquer totalement Les coûts et les avantages des EEE sont par ailleurs souvent différents pour les l’espèce de cette zone, car les coûts uns et les autres. Ceux qui tirent parti de l’introduction d’EEE dans l’UE ne voient d’une telle intervention sont devenus généralement pas (ou peu) l’intérêt de minimiser les risques liés à ces EEE, tandis exorbitants. que les coûts liés aux dégâts et à la gestion des EEE sont généralement assu- més par une partie bien plus importante de la population, dont les producteurs primaires, les autorités publiques et la société. Moules zébrées, Dreissena polymorpha. Évolution des coûts de l’invasion de la moule zébrée dans le delta de l’Èbre en Espagne de 2001 à 2009. 5 000 000 4 500 000 4 000 000 3 500 000 3 000 000 2 500 000 2 000 000 1 500 000 1 000 000 500 000 0 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Coûts totaux (en euros) Source: Perez y Perez et Chica Moreu, 2009 | 11
EXAMPLES OF IMPACTS FROM IAS IMPACT DES EEE: QUELQUES EXEMPLES IMPACTS SUR LA SANTÉ HUMAINE À l’origine l’ambroisie à feuilles d’armoise, Ambrosia artemisiifolia, a été introduite par le biais de graines et de semences contaminées pour la culture et l’alimentation des oiseaux. Elle est aujourd’hui présente dans la plupart des pays de l’UE. Souvent observée dans les champs de culture et le long des routes ou des remblais de chemin de fer, il s’agit de l’une des espèces végétales les plus allergènes au monde. Elle peut causer de graves rhumes des foins, de l’asthme et des dermatites. Cette espèce est également nocive pour l’agriculture, avec des pertes de rendement dans les cultures arables pouvant grimper jusqu’à 50 %. Au total, elle coûterait environ 4,5 milliards d’euros par an en raison de ses incidences sur l’agriculture et la santé humaine. Le moustique-tigre, Aedes albopictus, est originaire d’Asie du Sud-Est. Il a été introduit en Europe par accident sous la forme d’œufs en dormance sur des pneus usagés ou de l’équipement lourd. Des œufs et des larves en dormance sont aussi souvent re- trouvés sur des bambous porte-bonheur en provenance de Chine. Ce moustique est connu pour transporter plus de vingt agents pathogènes humains très dangereux, dont la dengue, la fièvre jaune et le chikungunya. Au cours des vingt dernières années, ces moustiques sont régulièrement apparus dans l’ouest et le sud de l’Europe, où ils représentent de sérieux risques pour la santé. La berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum, a été intro- duite en Europe comme plante ornementale. Sa toxicité élevée peut causer de graves brûlures et dermatites au contact de la peau si celle-ci est exposée à la lumière et elle peut même causer la cécité au contact des yeux. Selon les estimations, le coût économique de l’éradication de cette plante et des traitements médicaux qu’elle nécessite oscille entre 6 et 21 millions d’euros par an. Dans la mesure où elle forme des peuplements denses et impénétrables, elle a également un impact important sur la biodiversité avec une diminution de la composition et de la diver- sité des espèces végétales indigènes pouvant atteindre 90 %. En outre, ces peuplements monodominants réduisent significative- ment la valeur récréative et l’accessibilité des zones infectées. 12 |
IMPACTS ÉCONOMIQUES Le cténophore nord-américain, Mnemiopsis leidyi, a été introduit acci- dentellement dans la mer Noire via le délestage d’eaux de ballast au début des années 1980. Sa population explose, dans la mesure où il n’est menacé par aucun prédateur naturel. Il a entraîné la disparition de populations de poissons pélagiques et causé une perturbation majeure de l’écosystème marin. Cette méduse s’est imposée dans la chaîne alimentaire en dévorant d’autres espèces. Il est désormais reconnu que la présence en masse de Mnemiopsis a contribué à une importante diminution de pas moins de vingt-six stocks halieutiques commerciaux de la mer Noire, dont des stocks d’anchois et de maquereau espagnol. Le coût économique attribué à l’effondrement des secteurs de la pêche et du tourisme dans la mer Noire est estimé à 100 millions d’euros. La jacinthe d’eau, Eichhornia crassipes, est une plante aquatique flottante originaire du bassin de l’Amazone. Elle a été introduite en Europe comme plante ornementale utilisée dans les étangs de jardin et les parcs publics. À forte densité, elle crée de grands tapis flottants qui modifient radicalement l’habitat et la diversité de la vie aquatique. En modifiant la structure de la chaîne alimentaire et le flux énergétique des écosystèmes aquatiques, elle peut entraîner la quasi-élimina- tion de la végétation naturelle. Ces tapis épais bloquent éga- lement les canalisations, les voies de navigation et peuvent perturber les activités récréatives. Entre 2005 et 2008, il aura fallu plus de 14 millions d’euros pour éliminer quelque 200 000 tonnes de jacinthe d’eau le long de 75 km du fleuve Guadiana à la frontière entre le Portugal et l’Espagne. La moule zébrée, Dreissena polymorpha, est originaire des bassins hydrogra- phiques de la mer Noire, de la mer Caspienne et de la mer d’Aral. Elle a accidentel- lement été introduite dans d’autres régions d’Europe le long des voies de navigation intérieure en se détachant des coques des navires ou en étant rejetée dans leurs eaux de ballast. Une fois installée, elle se reproduit rapidement et forme des grappes denses sur n’importe quelle surface solide. Ces incrustations endommagent gravement les infrastructures en bouchant la prise/l’approvisionnement d’eau des centrales hydrauliques industrielles et de production d’eau potable. La moule zébrée envahit également les bateaux récréatifs, les digues, les filets de pêche et les cages d’aquaculture. Il convient toutefois de noter que cette espèce est un puissant filtre à eau en mesure de jouer un rôle positif dans la purification et l’amélioration de la qualité de l’eau dans certains systèmes aquatiques. | 13
Éviter la propagation des EEE. 14 |
Une action européenne Les EEE en Europe Les espèces exotiques envahissantes constituent un problème majeur qui ne cesse Les EEE sont présentes sur le territoire de prendre de l’ampleur dans l’ensemble des États membres de l’UE. Une fois de tous les États membres, mais à des qu’une EEE est établie dans un pays, elle peut aisément se propager dans les pays degrés d’intensité différents. La carte voisins. Il s’avère dès lors logique d’aborder ce problème à l’échelle de l’UE. ci-dessous à gauche illustre le nombre estimé des EEE les plus nuisibles par Certains aspects du problème des EEE ont déjà été traités dans différentes lois pays, ainsi que leur densité relative. européennes, notamment la législation relative à la santé des végétaux et aux maladies des animaux, au commerce des espèces sauvages (CITES) ou à l’utilisa- Des pays tels que la Belgique, le tion d’espèces exotiques et localement absentes dans l’aquaculture. Ces textes de Danemark, les Pays-Bas, l’Autriche et loi sont toutefois loin d’être suffisants pour aborder ce problème de manière glo- l’Estonie enregistrent une densité bale. Plusieurs États membres ont également pris des mesures pour lutter contre particulièrement élevée d’EEE sur les EEE sur leur territoire, mais il s’agit principalement de mesures réactives visant leur territoire par rapport à l’Espagne à minimiser les dégâts déjà causés, plutôt qu’à prévenir le problème. et à la France, bien que le nombre réel d’EEE dans chaque pays soit Il est par conséquent urgent de réagir de manière coordonnée au niveau de l’UE relativement similaire. pour lutter contre les EEE. Une approche adoptée à l’échelle de l’UE permettra de s’assurer que les mesures prises dans un pays ne seront pas entravées par l’ab- sence de telles mesures dans un pays voisin, mais également d’améliorer l’efficacité globale des mesures prises pour lutter contre les EEE. Ces initiatives devraient à leur tour permettre d’importantes économies d’échelle et la réduction des coûts. Les EEE en Europe. Rat musqué, Ondatra zibethicus. Nombre d’espèces par 1000 km2 < 0,10 0,10–0,25 0,25–0,7 0,7–3,0 En dehors de la couverture du rapport Source: EEA-SEBI 2010 | 15 | 15
Une priorité dans le cadre de la stratégie de l’UE en faveur de Adopter une nouvelle législation la biodiversité à l’horizon 2020 européenne sur les EEE • Objectif 5: Lutter contre les espèces En novembre 2014, l’Union européenne a publié un nouveau règlement sur les exotiques envahissantes: «D’ici à 2020, espèces exotiques envahissantes, conformément à l’objectif 5 de la stratégie de l’UE les espèces exotiques envahissantes et en faveur de la biodiversité à l’horizon 2020. Ce règlement établit un cadre d’action leurs voies d’accès seront répertoriées coordonné à l’échelle de l’UE visant à prévenir, réduire au minimum et atténuer les et traitées en priorité, les principales incidences négatives des EEE sur la biodiversité et les services écosystémiques, et espèces seront endiguées ou éradiquées à limiter leurs effets dommageables sur l’économie et la santé humaine. et les voies d’accès seront contrôlées pour éviter l’introduction et l’installation Le règlement prévoit trois types de mesures reposant sur une approche hiérar- de nouvelles espèces.» chique approuvée à l’échelle internationale pour la lutte contre les EEE: • Action 15: Renforcer les régimes phytosanitaires et zoosanitaires de • Prévention: plusieurs mesures rigoureuses sont prévues pour éviter que de nou- l’UE. D’ici à 2012, la Commission velles EEE pénètrent dans l’UE, que ce soit de manière intentionnelle ou accidentelle. intégrera des questions de biodiversité • Détection précoce et éradication rapide: les États membres doivent mettre en supplémentaires dans les régimes place un mécanisme d’alerte rapide, afin de détecter la présence d’EEE dès que phyto- et zoosanitaires. possible et de prendre rapidement des mesures pour éviter leur établissement. • Gestion des espèces exotiques envahissantes déjà établies: certaines EEE • Action 16: Mettre en place un sont déjà bien établies sur le territoire de l’UE et une action concertée s’avère instrument spécifique pour les espèces nécessaire, afin d’éviter leur propagation sur d’autres territoires et de réduire exotiques envahissantes. La Commission au minimum les dégâts causés. comblera les lacunes politiques dans la lutte contre les espèces exotiques envahissantes en élaborant, d’ici à 2012, un instrument législatif ad hoc. Il est nécessaire de procéder régulièrement à l’entretien et au nettoyage des navires pour éviter la propagation des EEE. L’écureuil roux indigène est menacé par l’écureuil gris d’Amérique. 16 |
Espèces exotiques envahissantes Qu’en est-il des espèces qui ne sont pas reprises préoccupantes pour l’Union dans la liste de l’UE? Le nouveau règlement européen dresse la liste des espèces envahissantes préoc- Il relève de la responsabilité de chaque cupantes pour l’Union. Cette liste comprendra un sous-ensemble d’EEE considé- pays de lutter contre les EEE présentes rées comme «les plus nuisibles» parmi les 1000 à 1800 EEE présentes en Europe. sur son territoire, mais non reprises dans la liste des espèces préoccupantes pour L’UE pourra ainsi concentrer son action sur les EEE qui causent le plus de dégâts l’Union. Des mesures intermédiaires sont et qui nécessitent clairement l’adoption de mesures ciblées au niveau de l’UE. toutefois prévues pour les États membres Dans la mesure où il s’agit d’un nouveau domaine politique, il s’avère particulière- qui s’inquiéteraient de la présence, ou du ment important d’adopter une approche organisée par priorités afin de permettre risque d’introduction sur leur territoire, une évolution progressive du système et de donner à la Commission et aux États d’espèces qui ne figureraient pas encore membres l’occasion de tirer des enseignements de leur expérience. dans la liste des espèces préoccupantes pour l’Union, mais qui sembleraient très Les espèces qui seront considérées comme EEE préoccupantes pour l’Union seront envahissantes. choisies à l’issue d’évaluations des risques étayées par des faits. Ces évaluations devront être réalisées selon des critères définis, afin que les résultats soient valides Dans ce cas précis, les États membres dans l’ensemble de l’UE et qu’elles ne doivent être réalisées qu’une seule fois. peuvent prendre des mesures d’urgence pour aborder ou interrompre l’introduc- Un Comité permanent d’experts nommés par les États membres et la Commis- tion de l’espèce en question pendant la sion analysera ensuite les évaluations des risques et décidera si les espèces réalisation de l’évaluation. L’État membre en question devront être incluses ou non dans la liste d’espèces préoccupantes concerné doit, auquel cas, en informer la pour l’Union. Les espèces reprises dans cette liste seront interdites et les États Commission et les autres pays concernés, membres devront prendre des mesures pour s’assurer qu’elles ne sont pas intro- afin qu’ils puissent prendre leurs duites, commercialisées, conservées, cultivées ou libérées dans l’UE. dispositions. Renouée du Japon, Fallopia japonica. Ouette d’Égypte, Alopochen aegyptiacus. | 17
Les lacs de Plitvice en Croatie envahis par le chevesne non indigène, Squalius cephalus. 18 |
Réglementation du commerce Des fonds européens pour lutter contre les EEE En reconnaissant qu’il vaut toujours mieux prévenir que guérir, une démarche qui Plusieurs programmes de financement s’avère également moins coûteuse, le premier train de mesures proposées dans le européens peuvent être utilisés par les nouveau règlement européen vise à empêcher les EEE préoccupantes pour l’Union États membres pour éradiquer ou de pénétrer sur le territoire de l’UE. gérer les EEE sur leur territoire, dont le programme de développement rural, Il deviendra donc illégal d’introduire intentionnellement dans l’UE toute espèce INTERREG et le fonds européen LIFE. reprise dans la liste des espèces préoccupantes pour l’Union. La reproduction, le transport, la vente, l’utilisation, la possession ou la libération de ces espèces Jusqu’à présent, le fonds LIFE-Nature dans l’environnement seront également interdits. Les autorités douanières seront de l’UE a soutenu plus de 180 projets chargées de réaliser des contrôles à toutes les frontières de l’Union et elles auront visant à lutter contre les EEE sur les le pouvoir de saisir toute cargaison non conforme. sites de Natura 2000, pour un coût total de quelque 44 millions d’euros. Des exceptions demeureront possibles pour des raisons dûment justifiées, mais seulement si les autorités compétentes des États membres concernés ont délivré un permis à cette fin et si certaines conditions sont respectées, telles que le confinement des spécimens. Dans la mesure où il n’est pas toujours aisé d’identifier les EEE, il est prévu de publier des orientations et d’organiser des formations de niveau approprié pour aider les autorités douanières à mieux détecter les EEE. Les inspections aux frontières s’intensifieront pour éviter l’introduction d’EEE préoccupantes Écureuil gris de l’Est. pour l’Union. | 19
LANCER DES CAMPAGNES DE SENSIBILISATION La campagne «Be Plant Wise» a été lancée par les autorités bri- tanniques en 2010. Elle a pour objectif de réduire la propagation des espèces non indigènes envahissantes dans les cours d’eau britan- niques en éduquant les principaux publics concernés, tels que les jar- diniers et les détaillants, quant aux menaces que peuvent représenter ces végétaux pour l’environnement et en les encourageant à changer de comportement pour contribuer à la réduction de cette menace. Le slogan de la campagne est le suivant: «Soyez conscients de ce que vous cultivez, compostez soigneusement et arrêtez la propagation». En plus de sensibiliser la population, cette campagne prodigue de nombreux conseils pratiques sur la manière de gérer et d’éliminer les plantes aquatiques non indigènes envahissantes. Dans le cadre d’un projet financé par le programme LIFE sur le contrôle de la propagation de la Caulerpa taxifolia dans la mer Méditerranée, une campagne d’information majeure a été lancée pour informer les gouvernements et les par- ties prenantes (les pêcheurs, les plongeurs et l’équipage des bateaux de plaisance) de la nécessité de mettre un terme à la propagation de la caulerpe. Une vidéo, des brochures et des affiches en plusieurs langues ont été distribuées dans huit pays méditerranéens. Cette campagne s’est révélée d’une efficacité remarquable: les touristes et les résidents ont contribué à la découverte de nouvelles colonies de caulerpe qui ont ensuite pu être éliminées. La propagation de cette «algue» tueuse a ainsi pu être ralentie dans la mer Méditerranée. Travailler avec des bénévoles: la forêt de Soignes est une grande forêt semi-naturelle située aux abords de Bruxelles en Belgique. Plus de 2000 hectares ont été inclus dans le réseau européen Natura 2000 en raison de leur biodiversité rare et de leurs habitats forestiers uniques. Comme bon nombre de fo- rêts, la forêt de Soignes est toutefois constamment menacée par des espèces exotiques envahissantes. Afin de lutter contre ce problème, des événements sont régulièrement organisés pour recruter des bénévoles disposés à éliminer des espèces envahissantes, telles que le cerisier tardif et l’érable à feuilles de vigne. Leur aide est précieuse pour contenir la propagation des EEE dans la forêt de Soignes. 20 |
Lutter contre les «passagers Lutter contre les EEE aquatiques nuisibles clandestins» et les contaminants L’introduction involontaire d’EEE constitue évidemment un problème bien plus Les parties à la Convention internatio- difficile à régler. À cet égard, le nouveau règlement invite les États membres nale pour le contrôle et la gestion des à réaliser une analyse globale des voies d’accès ou de propagation des EEE sur eaux de ballast et sédiments des leur territoire. L’objectif est d’identifier les voies d’accès nécessitant une action navires ont décidé de prévenir, de prioritaire en raison du volume d’espèces les utilisant ou des dégâts causés par réduire au minimum et, en dernier les espèces pénétrant sur le territoire de l’UE par ce biais. ressort, d’éliminer le transfert d’organismes aquatiques nuisibles et Une fois les voies d’accès prioritaires identifiées, les États membres sont censés d’agents pathogènes grâce au contrôle préparer et mettre en œuvre un plan d’action pour limiter ces voies d’achemine- et à la gestion des eaux de ballast ment. Si certaines mesures seront sans doute de nature réglementaire (ex.: inspec- et sédiments des navires. tions adéquates, mesures pour minimiser la contamination, etc.), il sera tout aussi important de lancer de grandes campagnes de sensibilisation de la population. L’Organisation maritime internationale (OMI) facilite par ailleurs l’élaboration En raison du grand nombre d’EEE différentes et des nombreuses voies d’accès et l’application de lignes directrices sur qu’elles peuvent emprunter, il convient que tous les secteurs liés d’une manière la formation de salissures par ces ou d’une autre à ce problème prennent pleinement conscience du phénomène organismes sur les coques des navires. et jouent un rôle dans la limitation de l’introduction ou de la propagation de ces espèces. Plusieurs secteurs ont déjà adopté des codes de conduite et des lignes directrices visant à aborder les risques posés par les EEE. Le code de conduite européen sur les EEE pour les jardins botaniques et le code de conduite européen sur la chasse et les EEE peuvent être cités à titre d’exemple. Styla clava attachée à la quille d’un Les eaux de ballast des navires constituent une importante voie d’accès à l’UE pour les EEE. bateau. | 21
Un réseau européen Détection précoce et éradication rapide d’information sur les espèces exotiques (EASIN) Une base de connaissances solide est Le deuxième volet du nouveau règlement porte sur la détection précoce et essentielle pour étayer la prise de l’éradication rapide. Les États membres devront mettre en place un système de décisions efficaces et justifiées sur le plan surveillance officiel, afin de recueillir et de consigner des données clés sur les scientifique. Afin d’aider les États EEE préoccupantes pour l’Union sur leur territoire. membres dans leurs tâches, le Centre commun de recherche de la Commission Ces systèmes de surveillance doivent permettre aux États membres d’avertir la européenne a mis en place un réseau Commission et les États membres dès qu’une EEE préoccupante pour l’Union est européen d’information sur les espèces détectée sur leur territoire. Ils devraient également permettre d’assurer la prise de exotiques, l’EASIN, une interface unique mesures immédiates pour éradiquer les EEE en question de manière précoce, avant pour une quarantaine de bases de qu’elles n’aient l’occasion de se propager et de causer des dégâts importants. données existantes sur les EEE en Europe. Grâce à ces systèmes de surveillance, les pays devraient par ailleurs être en Un éventail d’outils et de publications en mesure d’évaluer l’efficacité des différentes techniques de gestion élaborées ligne sont disponibles pour informer les pour l’éradication ou la gestion des différentes EEE. utilisateurs sur chaque espèce et notamment sur leur répartition en Europe, leurs voies d’accès et leur impact. De nouveaux outils en ligne seront ajoutés en temps voulu. Surveillance et recherche de têtes-de-boule, Pimephales promelas. © NNSS http://easin.jrc.ec.europa.eu Ragondin, Myocastor coypus. 22 |
Gestion des EEE déjà établies Lutter contre les EEE dans les régions dans l’UE ultrapériphériques de l’UE Le dernier volet du nouveau règlement porte sur la gestion des EEE préoccu- Les régions ultrapériphériques de l’UE sont pantes pour l’Union déjà bien établies dans un ou plusieurs États membres. d’importants hauts lieux de la biodiversité, L’objectif est de réduire au minimum leurs incidences sur la biodiversité et les mais elles sont également menacées par services écosystémiques, ainsi que sur la santé humaine et l’économie. Chaque les EEE, en particulier sur les îles. Dans la pays devra prendre une série de mesures afin de contrôler ou de contenir les mesure où ces régions font partie de l’UE, le populations d’EEE préoccupantes pour l’Union, voire les éradiquer complètement nouveau règlement relatif aux EEE prévoit de leur territoire si cela s’avère toujours possible. Lorsque ces mesures portent des dispositions spécifiques à leur égard. sur des animaux envahissants, toute douleur, détresse ou souffrance évitable devra être épargnée aux animaux par les États membres. En conséquence, si une espèce considérée comme une espèce préoccupante pour Les États membres sont encouragés à coordonner leurs programmes de ges- l’Union est originaire d’une région tion à travers les frontières lorsqu’il existe un risque significatif qu’une espèce ultrapériphérique, les dispositions relatives exotique envahissante se propage dans des pays voisins ou lorsqu’une action à la liste ne s’appliqueront pas à cette conjointe donnerait lieu à un résultat plus efficace du point de vue des coûts. espèce dans cette région. De plus, les États En outre, des mesures adéquates devraient être prises pour restaurer les habitats membres dotés de régions ultrapériphé- endommagés ou détruits par les EEE, afin de contribuer à leur rétablissement riques seront tenus d’identifier les espèces et éviter toute nouvelle invasion. exotiques envahissantes problématiques dans ces régions. Ces espèces seront Élimination de rhododendrons envahissants dans le parc national de Snowdonia au Royaume-Uni. ensuite traitées comme des EEE préoccu- pantes pour l’Union dans ces régions. Le longose, Hedychium gardnerianum: une EEE importante à Madère. | 23
PROJETS DE LUTTE CONTRE LES EEE FINANCÉS PAR L’UE Plusieurs projets LIFE visaient à éradiquer l’érismature rousse (Oxyura jamaicensis) introduite en Europe avec une collection privée d’oiseaux sauvages dans les années 1940. Après s’être échappée dans la nature, cette espèce d’oiseau s’est propagée dans plus de vingt pays européens, où elle a commencé à se reproduire avec son cousin indigène bien plus rare, l’érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala). Plusieurs programmes d’éradication ambitieux ont été lancés dans le cadre du programme LIFE pour réduire la présence de l’espèce. Elle n’est désormais présente que dans quatre pays de l’UE et l’objectif est d’éradiquer tous les oiseaux restants d’ici 2015. Les Hébrides extérieures d’Écosse hébergent certains des sites RINSE (réduire l’impact des espèces exotiques en Europe) est les plus importants pour les oiseaux nichant au sol en Europe. un projet européen de 2,5 millions d’euros réalisé dans le cadre Le vison d’Amérique (Mustela vison) entraîne toutefois la du programme Interreg IVA 2 mers. Il réunit neuf partenaires disparition de ces oiseaux et porte atteinte à l’aquaculture, originaires de France, d’Angleterre, de Belgique et des Pays-Bas, aux micro-exploitations (crofting) et au tourisme. Les fonds dont l’objectif est de partager de bonnes pratiques, de sensibili- du programme LIFE ont permis de lancer un projet visant à ser la population et d’adopter des approches stratégiques pour éradiquer la population de vison de l’extrémité sud de l’archi- lutter contre les menaces posées par les espèces exotiques pel. Grâce à son approche scientifique rigoureuse, ce projet envahissantes dans ces quatre pays. Il s’agit d’un projet de a également contribué de façon considérable à la compréhen- grande envergure dans son approche. Il examinera les EEE sion des conditions nécessaires à une mise en œuvre la plus à travers différents groupes d’espèces, dont des plantes aqua- efficace et la moins coûteuse possible de tels programmes tiques, des invertébrés aquatiques, des oiseaux, des poissons d’éradication. et des mammifères terrestres, ainsi que plusieurs habitats. 24 |
Annexe. R écapitulatif de l’impact des EEE Sur la • Concurrence pour la nourriture et les habitats BIODIVERSITÉ • Prédation • Vecteurs de maladies • Hybridation • Modification des conditions d’habitat Sur les SERVICES • Interférence avec les services de soutien ÉCOSYSTÉMIQUES (ex.: recyclage des éléments nutritifs, formation du sol) • Interférence avec les services d’approvisionnement (ex.: production de bois d’œuvre) • Interférence avec les services de régulation (ex.: régularisation des cours d’eau, contrôle de l’érosion, pollinisation) • Interférence avec les services culturels (ex.: valeur des paysages et valeurs esthétiques) Sur l’ÉCONOMIE • Endommagement des cultures commerciales donnant et les INFRA lieu à d’importantes baisses de rendement STRUCTURES (ex.: agriculture, sylviculture, aquaculture) • Endommagement des infrastructures (encombrement des voies navigables, érosion des barrages, des ponts, des berges des rivières, encrassement des coques des navires et des autres équipements, etc.) • Perturbation des activités récréatives (blocage des voies navigables, endommagement des filets de pêche, endommagement des paysages donnant lieu à une baisse du tourisme) Sur la SANTÉ • Vecteurs de maladies HUMAINE • Source d’allergies et à l’origine d’asthme • À l’origine de dermatites et d’abrasions cutanées | 25
Ressources utiles Informations sur les EEE en Europe et réponse de l’UE Les informations suivantes sont disponibles sur le site Internet de la DG ENV dédié aux EEE: http://ec.europa.eu/environment/nature/ invasivealien/index_en.htm Principaux documents sur les EEE • Règlement (UE) du Parlement européen et du Conseil relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes • Communiqué de presse sur le nouveau règlement • Fiche d’information de quatre pages sur les EEE en Europe (mai 2009, dans toutes les langues) • Vidéo sur les EEE en Europe • Proposition de la Commission du 9 septembre 2013 en faveur d’un règlement relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes – Com 2 013 620 Final + analyse d’impact – SWD (2013) 322 final • Stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2020 adoptée le 3 mai 2011 – Com (2011) 244 final • Communication de la Commission du 3 décembre 2008: Vers une stratégie de l’Union européenne relative aux espèces exotiques envahissantes – Com 2008 789 final Système d’information sur les EEE • Réseau européen d’information sur les espèces exotiques: http://easin.jrc.ec.europa.eu Études financées par l’UE • Espèces exotiques envahissantes: cadre pour l’identification des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union, septembre 2014 • Évaluation et contrôle de la propagation et des effets de l’ambroisie à feuilles d’armoise en Europe, octobre 2012 • Évaluation visant à étayer l’élaboration continue d’une stratégie européenne de lutte contre les espèces exotiques envahis- santes, novembre 2010 • Recommandations relatives aux options politiques visant à minimiser les incidences négatives des espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité en Europe et dans l’UE, rapport récapitulatif final, septembre 2009 • Évaluation des incidences des espèces exotiques envahissantes en Europe et dans l’UE, septembre 2009 Programme et projets européens LIFE (http://ec.europa.eu/environment/life/) • LIFE et les espèces exotiques envahissantes (2014) • Brochure LIFE Focus sur les espèces exotiques et la conservation de la nature dans l’UE, le rôle du programme LIFE (2004) • Base de données des projets LIFE http://ec.europa.eu/environment/life/project/Projects/index.cfm Rapports de l’Agence européenne pour l’environnement sur les EEE • Les incidences des espèces exotiques envahissantes en Europe (2012), rapport technique nº 16/2012 • Indicateurs relatifs aux espèces exotiques envahissantes en Europe, examen de l’intégration de l’indicateur de biodiversité européen de 2010, rapport technique nº 15/2013, décembre 2012 Autres • Réseau européen des espèces exotiques envahissantes en Europe septentrionale et centrale (NOBANIS): http://www.nobanis.org • Campagne «Be Plant Wise», Royaume-Uni: http://www.nonnativespecies.org/beplantwise/ • Projet Interreg IVA RINSE: http://www.rinse-europe.eu/ 26 |
Crédits photos Couverture: Caulerpa taxifolia © misa.net.au Page 4: berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum © iStock.com Page 5: trachémyde écrite, Trachemys scripta © Shutterstock.com Page 6: ficoïde glaciale, Carpobrotus edulis © iStock.com; limace espagnole, Arion vulgaris © Thinkstock.com; grenouille-taureau, Lithobates catesbeianus © iStock.com; coccinelle asiatique, Harmonia axyridis © Shutterstock.com; perruche à collier, Psittacula krameri © NNSS; chien viverrin, Nyctereutes procyonoides © iStock.com Page 7: salissures marines, pneus usagés, grains de blé © iStock.com Page 8: écrevisse de Louisiane, Procambarus clarkii © Trevor Renals/NNSS; frelon à pattes jaunes, Vespa velutina © Jean Hexaire/NNSS; algue, Caulerpa taxifolia © Roberto Rinaldi/naturepl.com Page 9: Elodia canadensis © www.monde-de-lupa.fr; forêt d’automne © iStock.com Page 10: élimination de la balsamine de l’Himalaya © NNSS Page 11: moule zébrée, Dreissena polymorpha © NOAA Page 12: ambroisie à feuilles d’armoise, Ambrosia artemisiifolia © iStock.com; moustique-tigre, Aedes albopictus © Shutterstock.com; berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum © Tom Richards/Wye and Usk Foundation Page 13: cténophore nord-américain, Mnemiopsis leidyi © David Shale Naturepl.com; jacinthe d’eau, Eichhornia crassipes © iStock.com; moule zébrée, Dreissena polymorpha © NOAA Page 14: éviter la propagation des EEE © Matt Brazier/Environment Agency Page 15: rat musqué, , Ondatra zibethicus © iStock.com Page 16: écureuil roux © Mark Boulton/4nature.com; les EEE endommagent les coques des navires © Marine Scotland Page 17: renouée du Japon, Falopia japonica © iStock.com; ouette d’Égypte, Alopochen aegyptiacus © Shutterstock.com Page 18: lacs de Plitvice © Shutterstock.com Page 19: contrôles aux frontières © R. Risberg/Associated Press; écureuil gris de l’Est © iStock.com; Page 20: campagnes de sensibilisation © NNSS; Caulerpa taxifolia © Roberto Rinaldi/naturepl.com; bénévoles © www.sonianforest.be Page 21: eaux de ballast des navires © iStock.com; Sytla clava © NNSS Page 22: ragondin, Myocastor coypus © Shutterstock.com; projet de recherche © NNSS Page 23: élimination des rhododendrons © Snowdonia National Park, UK; longose, Hedychium gardnerianum © wikipedia Page 24: érismature rousse, Oxyura jamaicensis © Shutterstock.com; piège à vison © Pete Cairns/nature.pl.com; hémérocalle © grannybuttons.com Page 25: bernaches du Canada © iStock.com; ombles de fontaine © iStock; voies navigables encombrées © NNSS; ampoules causées par l’ambroisie à feuilles d’armoise © King County Noxious Weed Control Program, USA Commission européenne ESPECES EXOTIQUES ENVAHISSANTES: action de l’Union européenne Luxembourg: Office des publications de l’Union européenne 2014 — 28 pp. — 21 x 21 cm ISBN: 978-92-79-63783-4 doi:10.2779/44700 | 27
KH-06-16-292-FR-N
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