The Beatles Dictionnaire inattendu - j.e. david - Éditions AO
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j.e. david The Beatles Dictionnaire inattendu Extraits au format PDF © J.E. David et les éditions AO - novembre 2021 É d i t i o n s AO André Odemard
L’auteur Après une carrière bien remplie dans la publicité et les études mar- keting internationales, J.E. DAVID s’est transformé au début des an- nées 2000 en traducteur et formateur en anglais, afin de pouvoir se consacrer à l’écriture sans pour autant être condamné à se nourrir « comme un oiseau » (selon le mot de Jules Renard). Le titre de son premier livre, Let It Bleed (2006, éditions Le Manuscrit) était la parfaite illustration de son rapport intime et permanent au rock’n’roll. Depuis le milieu des années soixante et jusqu’à aujourd’hui, il reste un passionné, un fan, sans jamais se prétendre un « expert », un mot qu’il dit exécrer. Pourtant, comme l’écrit Karel Beer dans sa préface à ce Dictionnaire, « he knows a lot about it ». J.E. David vit en Provence, confie qu’il ne peut écrire qu’en mu- sique et qu’il continue de profiter de tous les concerts de rock, de blues, ou de reggae auxquels il peut assister et qui l’inspirent… Son prochain livre, Comme des cerfs-volants dans un ouragan, paraîtra en 2022. Le préfacier Natif de Sutton Coldfield (district de Birmingham, Angleterre) AREL BEER a débuté comme DJ en 1965 sur la radio-pirate Radio K City. Un an plus tard, il découvre Paris comme correspondant du cé- lèbre hebdomadaire New Musical Express, avant de devenir producteur du groupe de rock progressif Bachdenkel. En 1977, il crée le label IRC (The Initial Recording Company) pour lequel enregistrent, entre autres, Jack Nitzsche et Bernard Szajner. En 1986 il s’installe à Paris où il fonde son propre studio d’enregistrement, puis sa maison de produc- tion, Beer Necessities, qui produit sans relâche concerts et comédiens de stand-up. Il enregistre en 2012 son album solo Informer Times, re- joint par une pléiade de musiciens avec lesquels il avait précédemment travaillé. Karel Beer est toujours producteur de comédies et de concerts.
Préface de Karel Beer, 15 G comme Avant-propos, 17 Got to Get You into My Life, 67 A Good Morning Good Morning, 68 Golden Slumbers, 69 comme Get Back, 70 A Hard Day’s Night, 23 A Day in the Life, 26 H B comme Helter Skelter, 75 comme Help!, 76 Beatlemania, 31 Back in the USSR, 34 I C comme I Saw Her Standing There, 81 comme It Won’t Be Long, 82 Come Together, 39 Costello (Elvis), 41 J D comme Julian et Jude, 87 comme Dear Prudence, 49 Don’t Bother Me, 50 K comme E Klein (Allen), 93 comme Epstein (Brian), 55 L comme Emerick (Geoffrey), 56 Lucy in the Sky with Diamonds, 97 F Lady Madonna, 98 comme Forthlin Road, 61 M comme For No One, 62 Martin (George), 103 From Me to You, 62 Martha my Dear, 104
N U comme comme Norwegian Wood, 107 USA, 149 Nowhere Man, 109 United Artists, 150 O V comme comme Octopus’s Garden, 113 Voormann (Klaus), 155 Oh! Darling, 114 W P comme Comme With a Little Help from My Friends, Penny Lane, 119 159 Please Mr Postman, 120 While My Guitar Gently Weeps, 161 Q X comme comme Quarrymen, 125 Xylophone ?, 165 R Y comme comme Revolution, 129 Yer Blues, 169 Rocky Racoon, 130 Yellow Submarine, 170 S Z comme comme She’s Leaving Home, 135 Zak, 175 Something, 137 Remerciements, 177 T Références bibliographiques et comme discographiques, 177 Ticket to Ride, 141 Tomorrow Never Knows, 143 Index, 179 The Palace of the King of the Birds, 145
Préface de Karel Beer Que nous reste-t-il à apprendre sur les Beatles ? Tout n’a-t-il pas été dit, écrit à leur propos ? C’est ce que pensent la plupart des gens, et pourtant, s’agissant des Quatre de Liverpool, je dirais tout sim- plement : Non. Pourquoi ? Parce que… It’s personal ! C’est pour cela qu’il existera toujours des raisons d’écrire sur les Beatles, à commencer par toutes celles que J.E. David égrène dans son Diction- naire inattendu. À savoir non seulement partager son goût illimité pour la musique des Fab Four, mais aussi revisiter les années 1960, l’effervescence musicale de l’ensemble de la jeune scène rock bri- tannique, et bien sûr son adolescence. Nos adolescences. En effet, chaque article de ce dictionnaire, pratiquement, éveille chez moi, le natif de Birmingham, plus tard le musicien, le pro- grammateur de festival et le producteur de concerts, des souvenirs parallèles. Ainsi quand J.E.D. évoque les reprises par les Beatles de chansons comme ROLL OVER BEETHOVEN ou PLEASE MR POST- MAN, ou bien encore CHAINS ou BOYS (du premier LP, Please Please Me) j’ai l’impression qu’ils étaient à l’époque allés piocher dans ma propre collection de 45-tours ! Quand il évoque le temps lointain des concerts à Hambourg, je ne peux m’empêcher de revivre en pensée ceux auxquels j’ai eu la chance d’assister, tel celui du 1er février 1963 à Sutton Coldfield. Quand il raconte l’arrivée de George H. Martin chez EMI, etc. 15
Je côtoie J.E. depuis longtemps et je sais qu’il aime infiniment la musique et qu’il « en connaît un rayon sur la question » – comme vous dites en français – mais j’avoue avoir été pas mal étonné en re- cevant le manuscrit de son Dictionnaire inattendu des Beatles. Puis avoir été entraîné par ce que je lisais, y compris les remarques très personnelles de l’auteur ou certains de ses propos délibérément… disons… ludiques ! Dommage qu’il n’y ait que vingt-six lettres dans l’alphabet, j’aurais bien repris une pinte après Z comme Zak !
Avant-propos When we talk about the Beatles, we talk about ourselves. CRAIG BROWN, One-Two-Three-Four (The Beatles in Time) C’est au début du mois de juillet 1964 – je viens d’avoir treize ans – qu’un ami anglais de mon père, Raymond Cook, vient nous rendre visite à Boulogne (Hauts-de-Seine), où nous habitons. Et il me remet un cadeau inouï, enchanteur : les pressages anglais du pre- mier LP des Beatles, Please Please Me, ainsi que des Rolling Stones (I’M A KING BEE, CAROL, etc.). Je suis aux anges, c’est peu de le dire, et mes copains, c’est sûr, vont être verts de jalousie ! J’aime beaucoup Ray, chez qui je passe deux ou trois semaines chaque été depuis plusieurs années. Il réside à Laleham, dans le comté de Surrey (on disait encore Middlesex, à cette époque) au bord de la Tamise, et son bateau, un petit cabin-cruiser, est amarré en face de la maison, de l’autre côté de la route. Laleham n’est qu’à vingt-cinq kilomètres environ du centre de Londres. C’est là que je perfectionne petit à petit mon anglais et, surtout, que je découvre l’explosion musicale que l’on connaît, que j’écoute tous les singles de pop-rock que possèdent les filles de Ray, et qu’en fin d’après-mi- di je ne manque jamais Top Of The Pops ou Ready Steady Go à la télévision. J’y vois les Beatles – ce n’est pas à la télévision française que ça risque d’arriver, malgré les efforts sincères mais à jamais 17
vains d’Albert Reisner. Et bien sûr j’écoute et réécoute sans cesse les premiers singles des Quatre de Liverpool, je recopie les paroles de leurs morceaux sur un cahier dédié, avec l’aide bienvenue de Diana, la fille cadette de Raymond, du même âge que moi. Ça a dû commencer avec TWIST & SHOUT, LOVE ME DO, IF I FELL, je ne sais plus trop aujourd’hui, mais j’étais déjà accro. Et le suis resté. Voici pourquoi, à plusieurs décennies de distance, que je me suis dit que le moment était venu je n’ai pas hésité à de me lancer dans l’entreprise de ce « dictionnaire ». En dépit des quantités de livres et autres documents disponibles sur les Beatles, y compris sous la forme « A à Z », des myriades de dossiers spéciaux à eux consa- crés, des discographies commentées de l’ensemble de leurs titres et des nombreuses biographies consacrées de l’un ou l’autre des Fab Four, des témoignages de leurs managers, producteurs, ingé- nieurs du son, je me suis donc attelé à la rédaction de l’ouvrage que vous tenez entre vos mains. Je le voulais inédit et personnel, sous la forme d’un abécédaire car je tenais au principe du dictionnaire, un dictionnaire « amoureux » (la dénomination existe déjà !) et néan- moins critique, non dénué d’un parti égoïste (ou égocentrique, je ne sais) en me fixant quelques règles simples. Tout d’abord, éviter au- tant que possible un énième article sur Abbey Road (par exemple), sur les rumeurs autour de la soi-disant mort de McCartney, ou sur l’impact dévastateur de l’irruption de Yoko Ono dans l’es- pace-temps jusque-là sacré des Beatles, le studio d’enregistrement. Deuxième règle, pas plus de quatre sujets par lettre de l’alphabet : donc, à chaque lettre des choix cornéliens, c’était inévitable. Enfin, essayer d’élargir le plus possible, de solliciter les témoignages des collaborateurs, des producteurs aux roadies, en passant par les amis d’enfance, les ex-girlfriends, les potes, proches ou ex-proches. Sans oublier les enfants – les aînés – Julian Lennon, Stella McCartney ou Zak Starkey… 18
En résumé, ne pas chercher à être exhaustif coûte que coûte, re- noncer, sans exception, aux notes de bas de page (deux façons d’être universitaires), enfin ne pas s’affirmer détenteur de l’ultime vérité, bref au total rester léger, être à la fois digne d’intérêt et divertissant. Quoi qu’il en soit, si j’ai renoncé à l’exhaustivité – il en faudrait, des volumes ! – j’ai injecté dans ce livre l’entièreté de mon émotion et de mon enthousiasme pour les Beatles. Ne m’affirmant jamais détenteur de l’ultime vérité, proscrivant les notes de bas de pages, j’ai voulu rester léger, être à la fois digne d’intérêt, divertissant et si possible… inattendu ! J’espère y être parvenu. Let it be ! Note de l’éditeur sur la typographie Dans ce genre d’ouvrage, les italiques sont très présentes, pour signaler la langue anglaise, les titres d’albums ou de re- vues, entre autres. Pour cette raison, nous avons choisi, dans tous nos ouvrages consacrés à la musique, de composer dans le corps du texte les titres de chansons en PETITES CAPITALES, afin de bien les distinguer des titres d’albums ou de singles. C’est ainsi qu’on reconnaît au premier coup d’œil que LET IT BE désigne la chanson tandis que Let It Be se réfère à l’album (l’alternative consisterait à composer les chansons entre guillemets… mais ces derniers sont déjà très nombreux en raison des citations de paroles ou de déclarations de personnalités, mieux vaut donc ne pas en rajouter).
B comme Beatlemania & Back in the USSR
Page précédente : la Beatlemania aurait pu déboucher sur B comme Butcher cover, version provocatrice de la couverture du LP Yesterday and Today (USA, 1966), qui sera retirée de la vente très rapidement. Quelques collectionneurs disposent d’un des exemplaires achetés avant ce retrait, dont Pierre Espourteille.
Beatlemania Le terme apparaît à la fin de l’année 1963 pour désigner l’en- gouement extraordinaire qui ne cesse de croître autour du groupe de Liverpool. Beatlemania, un mot-valise associant les deux termes « Beatle » et « manie », mais qui s’inspire aussi, nous apprendront un peu plus tard certains musicologues, de celui de « Lisztomania », qui décrivait au XIXe siècle l’adhésion passionnée des admirateurs de Franz Liszt, « la première pop star » selon Ken Russell, qui en fit en 1975 un film dans lequel le chanteur des Who, Roger Daltrey, incarnait Liszt… et Ringo Starr le pape Pie IX. Un promoteur de musique écossais, Andi Lothian, prétend pour sa part avoir inventé l’expression, à en croire une interview donnée au cours d’une tour- née des Beatles en Écosse, en octobre 1963. À quoi Daniel Ichbiah, auteur de Beatles de A à Z (et par ailleurs d’une biographie de Bill Gates) oppose que c’est une journaliste canadienne, Sandy Gardener, qui forgea le terme dans un article du Ottawa Journal. Nous ne tran- cherons pas, d’autant qu’on retrouve aussi le mot retranscrit pour la première fois en Angleterre dans le Daily Mail du 21 octobre 1963, sous la plume du journaliste Vincent Mulchrone, dans un article titré « This is Beatlemania ». Le Mirror puis l’ensemble des médias sui- vront bientôt. La Beatlemania est définitivement « actée ». Le phénomène proprement dit a commencé au Royaume-Uni, après que le premier album des Beatles (Please Please Me) y soit devenu numéro 1 dans les charts, au début de l’année. À son retour 31
d’une série de concerts en Allemagne puis en Suède, le groupe est accueilli à l’aéroport par des mouvements de foule inédits, des ma- nifestations surexcitées, frénétiques de ses fans. S’ensuit un enchaî- nement ininterrompu de concerts – souvent à la limite de l’inaudible, pour cause de cris et hurlements divers et continus – dans tout le pays, où des publics en feu, enthousiastes au-delà de tout ce qu’on avait connu auparavant, hurle, trépigne, acclame. La Beatlemania se développe dans toute son ampleur à partir du mois de septembre 1963. Les scènes d’hystérie collective se multiplient au gré des tour- nées et des concerts : hurlements, évanouissements, mouvements de foule et cordons de bobbies submergés. Les Beatles font la une de quasiment tous les journaux et magazines. Les dirigeants du pays, réservés et flegmatiques de prime abord, comprennent rapidement que persister dans cette voie équivaudrait à un hara-kiri politique. La Beatlemania se répand comme une traînée de poudre, les produits dérivés se multiplient et le staff de Brian Epstein a du mal à suivre. Tous ces événements sont retranscrits dans le film A Hard Day’s Night (voir lettre A), le film dans lequel les quatre Beatles jouent ni plus ni moins… qu’eux-mêmes. Début 1964, la Beatlemania s’exporte hors du continent euro- péen, traverse l’Atlantique et atteint les États-Unis, dès le premier voyage du groupe en terre US, y prenant des formes encore plus extrêmes, plus hystériques. La démesure made in USA, on connaît... Une fois encore, bonnes âmes et médias « sérieux » ne lésinent pas sur la critique. Ainsi le magazine Newsweek dans lequel – je cite Daniel Ichbiah – on peut lire le compte rendu que voici : « Visuel- lement c’est un cauchemar. Des costumes de beatniks serrés, d’une élégance outrancière, des coiffures évoquant des bols de pudding. Musicalement on est proche du désastre, avec des guitares et une batterie qui assènent un beat sans sophistication. Les paroles, ponc- tuées de cris type Yeah Yeah Yeah, sont une catastrophe, un mélange confus de sentiments idiots et de cartes de la Saint-Valentin ». Mais 32
cela n’empêchera pas l’explosion du phénomène Beatles outre-At- lantique et ouvrira même la voie à d’autres groupes britanniques – Rolling Stones, Dave Clark Five, et avant eux les Kinks et les Who – marquant le début de la British Invasion. « C’était comme si une vague submergeait tout », dira George Martin (voir lettre M), commentaire qui s’avérait d’autant plus pertinent que l’engouement allait bien au-delà des teenagers. Témoin cette déclaration enflammée de Leonard Bernstein : « Je suis tombé amoureux de leur musique – un rythme inéluctable ou bien encore, à la façon de Schubert, un flot d’inventions musicales et une fuck-you attitude d’un cool com- parable à celui des quatre cavaliers de l’Apocalypse (sic !). » Bob Dylan lui-même, quelques années plus tard (1971) : « Ils faisaient des choses que personne ne faisait. Leurs accords étaient scandaleux. […] Je savais qu’ils montraient du doigt la direction où devait aller la musique. » Hunter Davies, biographe autorisé des Beatles, date la fin de la Beatlemania de l’année 1967. Non que la popularité du groupe ait diminué, mais simplement parce que l’habituelle folie qui accom- pagnait chacune de leurs apparitions s’est progressivement tarie du fait de leur décision de ne plus donner de concerts publics et de se focaliser sur le travail en studio d’enregistrement. Pour le plus grand bonheur de beaucoup d’entre nous, aussi bien hier qu’aujourd’hui et sans nul doute demain. 33
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