" The Semiotics of Theatre and Drama " - Érudit

 
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" The Semiotics of Theatre and Drama " - Érudit
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Jeu
Revue de théâtre

« The Semiotics of Theatre and Drama »
E. A. Walker

Number 24 (3), 1982

URI: https://id.erudit.org/iderudit/29491ac

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Publisher(s)
Cahiers de théâtre Jeu inc.

ISSN
0382-0335 (print)
1923-2578 (digital)

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Walker, E. A. (1982). Review of [« The Semiotics of Theatre and Drama »]. Jeu,
(24), 139–141.

Tous droits réservés © Cahiers de théâtre Jeu inc., 1982                         This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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" The Semiotics of Theatre and Drama " - Érudit
« the semiotics of theatre and drama »
Essai de KeirElam, Methuen, New Accents, Londres   teurs. Heureusement, les dernières an-
et New York, 1980, 248 p.                          nées nous ont apporté plusieurs études
                                                   dans ce domaine, sous la plume d'Anne
 Ayant défini leurs concepts et raffiné            Ubersfeld, de Patrice Pavis et d'Alessan-
 leur méthodologie au cours des vingt-             dro Serpieri, pour n'en nommer que
 cinq dernières années, les diverses               trois. C'est précisément en fonction de
 écoles de la « nouvelle » critique (struc-        cette dichotomie-unité du média drama-
 turalisme, post-structuralisme, sémiolo-          tique qu'Elam a structuré son vade-
 gie) se sont surtout concentrées sur le           mecum important pour l'explorateur qui
 terrain solide que leur offraient le conte        s'aventure sur des terrains encore mal
 et le roman et, jusqu'à tout récemment,           connus.
 ne s'étaient aventurées que sporadique-
 ment dans l'analyse du théâtre (et de la          Comme son titre l'indique (Sémiologie
 poésie). Selon Keir Elam (voir Sub-               du théâtre et du drame), et comme son
 Stance 18/19, 1977) et d'autres, les arts         premier chapitre l'atteste, l'ouvrage est
du spectacle vivant ont surtout été né-            organisé de manière à montrer les dis-
 g l i g é s à cause de leur c a r a c t è r e     tinctions et la relation entre: le theatre.
complexe et multivalent, du fait qu'ils
combinent les qualités littéraires du
texte publié et toute la variété de res-             The Semiotics of Theatre
sources disponibles au média de la
représentation, comprenant non seule-
 ment la parole, mais aussi les gestes, le
 mouvement, le décor, les costumes, les
accessoires, l'espace même de repré-
sentation, l'éclairage, la musique, les ef-
fets spéciaux, les projections de films et
de diapositives, etc. Certains préten-
draient que cette réticence est d'autant
plus étrange que la sémiologie semble
être le biais idéal par lequel aborder le
phénomène de la scène, à partir du mo-
ment où l'on admet que la mise en scène
est en réalité une mise en signes (Patrice
Pavis): cette science est donc l'instru-
ment longtemps attendu qui nous per-
mettra de comprendre la complexité or-
ganique du spectacle, et de sa dynami-
que jeu-texte. Nous disposons enfin,
semble-t-il, du moyen de combler le
fossé entre l'écrit et la scène, entre le
metteur en scène, l'acteur et les specta-
                                                     Keir Elam
                                                                                                 139
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défini comme « le complexe de phéno-                 est constitué par l'effet total » (p. 7) et, de
      mènes associés à l'échange acteur-                   là, vers l'observation de Jîi Veltrusky se-
      spectateur: c'est-à-dire à la production             lon laquelle tout ce qui est vu ou se pro-
      et à la communication d'un sens par la               duit sur scène acquiert des caractéristi-
      représentation même [...] » (p. 2); et le            ques spéciales qui en font non simple-
      drama, soit « ce mode de fiction conçu               ment un objet ou une action, mais un
      pour être re-présenté sur scène et                   signe. En particulier, à cause de son acti-
      construit d'après des conventions parti-             vité, l'acteur est un système sémiotique,
      culières (« dramatiques »). » (ibid.) Im-            soit tout un ensemble de signes englo-
      médiatement, et l'auteur le reconnaît,               bant tant la parole (et ses discours) que
      cette prémisse soulève un problème:                  le corps (et ses gestes). Elam examine
      alors que le drama fournit au théoricien             ensuite diverses typologies du signe: le
      littéraire (aristotélicien, classique, struc-        naturel par opposition à l'artificiel (Ta-
      turaliste...) un texte à examiner, quel              deusz Kowsan), la triade icône-index-
      texte la représentation offre-t-elle au sé-          symbole (C.S. Peirce), la métaphore, la
      miologue? Comment cerner le corpus                   métonymie et la synecdoque (R. Jakob-
      fixe (corps mort?) d'une entité vivante et           son), pour revenir vers la forme la plus
      dynamique? De plus, est-il possible de               primitive de la signification, Yostension,
      résoudre la dichotomie « texte écrit pour            qui consiste simplement à montrer plu-
      le t h é â t r e » — « t e x t e p r o d u i t a u   tôt qu'à dire et dont la pertinence est
      théâtre »? « [...] est-il possible de recréer        manifeste dans le cas du théâtre.
      en termes sémiotiques une poétique en-
      globante du type aristotélicien, tenant              C'est au troisième chapitre, La commu-
      compte de tous les principes communi-                nication théâtrale: codes, systèmes et
      cationnels, représentationnels, logi-                texte de la représentation, que l'étude
      ques, fictionnels, linguistiques et struc-           d'Elam commence à montrer ses limites
      turels du théâtre et du drame? » (p. 3).             pour ceux qui s'intéressent à la repré-
                                                           sentation plutôt qu'au drame, et en par-
      Elam explore ce problème selon un                    ticulier pour les praticiens. L'auteur pose
      mode essentiellement historique et son               deux questions qui seront examinées
      exposé est un modèle de clarté. Il débute            dans les chapitres ultérieurs. D'abord, le
      par les structuralistes de l'Ecole de Pra-           théâtre constitue-t-il véritablement une
      gue, qui ont fondé leurs travaux sur ceux            communication dans le sens moderne
      des formalistes russes et sur la linguisti-          du terme? N'est-il pas unidimensionnel,
      que structurelle saussurienne, avec son              transmis de l'acteur au spectateur sans
      concept essentiel de dualité du signe,               rétroaction (feedback)? (Mounin) Quoi
      formé du signifiant (qu'Elam, perverse-              qu'il en soit, qu'est-ce que le théâtre
      ment, appelle véhicule du signe) et du               communique, quel est son message si
      signifié. De ce point de départ, les théori-         celui-ci peut être décodé? Est-il possible
      ciens de Prague évoluent vers le concept             de construire un modèle de ce proces-
      de Mukafovsky, soit que le texte repré-              sus, peut-être analogue au schéma bien
      senté est « un macro-signe, dont le sens             connu de Jakobson?

                                                      Code

                       Émetteur — Média — Message — Média — Récepteur

                                                    Réfèrent

140
L'étude des travaux des précurseurs           (p. 185)! Cette démonstration est-elle fu-
(Birdwhistell, Moles, McLuhan) et des         tile? Certainement pas. Outre la bonne
modernes (Cowin, Ruffini, Bettetini,          dose d'analyse tout à fait pertinente de
Eco) fait ressortir que l'échange théâtral    nombreux éléments scéniques qu'il per-
est fort probablement trop riche, trop        met, le système montre une fois de plus
varié et trop dynamique pour permettre        l'énorme complexité du problème ini-
une telle analyse réductionniste. (Voir       tial, la diversité quasi infinie de permuta-
en particulier les grilles des pages 57 à     tions et de combinaisons des éléments
62 reliant les sous-codes théâtraux, les      de la représentation, ce que Barthes a
codes culturels et les sous-codes drama-      appelé « épaisseur de signes » et « poly-
tiques aux codes systémique, linguisti-       phonie informationnelle ».
que, intertextuel générique... et à neuf
autres types de code.)                         Doit-on faire un constat d'échec quant à
                                               l'ouvrage dans son ensemble? Loin de
Qu'en est-il alors du dramatique, qui oc-      là. La représentation et la discussion du
cupe deux chapitres (4. Logique drama-         sujet de la sémiotique appliqué au mé-
tique et 5. Discours dramatique) repré-        dia du spectacle vivant sont exactes et
sentant pas moins de la moitié du livre?       lucides, tant à titre historique qu'à celui
Le discours dramatique peut-il être sou-      d'« état présent ». À cet égard, le résultat
mis aux mêmes genres d'analyse que            est de loin supérieur au Dictionnaire du
les autres formes littéraires? D'Aristote à   théâtre de Patrice Pavis (1980). De plus,
Greimas, en passant par Propp, Souriau,       comme tous les volumes de la série New
Lotman, Jeffrey, Van Dijk, Patofi, pré-       Accents, celui-ci comporte non seule-
sentant et examinant avec clarté (sinon       ment une excellente bibliographie, mais
toujours avec suffisamment de détails)        aussi une section « Suggestions de lec-
les questions de référentialité, de mime-     tures » subdivisée selon les différents
sis ou d'ostension, d'action et de temps      domaines susceptibles d'intéresser le
dramatiques, d'intrigue et de fable, d'ac-    lecteur, notamment: contributions de
tion, d'actant, de dramatis personae, de      l'École de Prague; le texte de la repré-
contexte et de deixis, d'action parlée,       sentation et son analyse; systèmes rela-
d'« implicatures » et de figures (j'en        tifs au corps, à la voix et aux éléments
passe, et des meilleures), se dirigeant       scéniques; le drame et le texte dramati-
« Vers une analyse dramatologique »,          que; etc.
l'étude s'éloigne de plus en plus de la
représentation pour se rapprocher du          Fondamentalement, ce livre constitue
texte. Elam ne peut résister à la tentation   une introduction judicieuse et utile à une
d'offrir une « m/cro-segmentation »,          question tout aussi complexe qu'impor-
une tentative de définition et de dé-         tante. Les praticiens de théâtre et ceux
monstration de l'unité minimale irréduc-      qui s'intéressent davantage à la repré-
tible du théâtre, analogue au « nar-          sentation qu'au script regretteront par
rème » du narratologue. Qu'il suffise de      contre qu'Elam ait lui-même oublié sa
dire qu'appliquant son système aux 79         propre affirmation selon laquelle « c'est
premières lignes du Hamlet de Shakes-         avec le spectateur, en bref, que la
peare, il soumet le texte à un test de 17     communication théâtrale débute et se
critères allant de Locuteur à Lexemes/        termine » (p. 97), et qu'il ait fini par subs-
isotopieslparadigmes sémantiques et           tituer drame à théâtre comme tant
isole 79 unités discrètes ou « segment(s)     d'autres l'ont fait avant lui.
de discours (distingué[sj en fonction
d'une modification d'orientation déicti-      e. a. walker
que et/ou de force « illuctionnaire ») »      traduit par jean-luc dénis
                                                                                               141
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