TRADUIRE EN FRANÇAIS AUX ÉTATS-UNIS - LE MAGAZINE D'INFORMATION DES LANGAGIERS
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LE MAGAZINE D’INFORMATION DES LANGAGIERS Numéro 97 • automne 2007 www.ottiaq.org T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S AU X É TAT S - U N I S Envoi de publication canadienne convention numéro 1537393
POUR COMMENCER N O 97 AUTOMNE 2007 Plein sud Dossier 5 Un regard sur la traduction vers le français dans différentes régions des États-Unis. Michel Buttiens, trad. a. Sur le vif 18 Les brevets d’invention P endant que nous préparions ce dossier sur la traduction vers le français dans l’Union européenne. Les brèves. Notes et Contrenotes. aux États-Unis, plusieurs quotidiens et magazines québécois ont consa- Échappées sur le futur. cré des articles au fait français chez nos voisins du sud. Pour couronner le tout, vers la fin de l’été, Le Devoir annonçait que Jack Kerouac était beaucoup plus attaché qu’on avait pu le croire à sa langue maternelle, au point d’avoir commencé à écrire en Curiosités 20 Le périple de la langue catalane. français le roman qui l’a rendu célèbre, On the Road. Les États-Unis sont-ils donc plus franco- phones qu’on le pense d’ordinaire ? C’était notre hypothèse de départ. Elle ne s’est vérifiée qu’à moitié. Nous sommes cependant parvenus à rassembler un certain nombre de textes en dépit, Des livres 22 il faut le dire, de nombreux obstacles, dans un pays où beaucoup de personnes semblent han- Le traducteur et son double. The World of Voice-over. Translating tées par des questions de confidentialité. Un grand merci à Brigitte Charest, la cheville ouvrière Montreal. Les nouveautés. du dossier, qui a eu le grand mérite de ne pas se décourager face à l’adversité. Ça bouge encore du côté de l’équipe de rédaction. Pas de départs cette fois mais plutôt des apports de sang neuf qui nous permettent de remettre au sommaire deux chroniques petit Pages d’histoire 27 à petit disparues dans nos derniers numéros. La responsabilité de la première a été confiée La pratique traductive a une place de choix dans la carrière à Philippe Caignon, professeur agrégé et directeur de programmes de traduction et de loca- et les travaux du père de la linguistique moderne, lisation à l’Université Concordia, qui nous apporte sa vision de l’évolution des mots en plus Ferdinand de Saussure. de ramener une présence universitaire solide au sein du comité de rédaction. La publication de la deuxième chronique, baptisée À titre professionnel, est le fruit d’une collaboration de Claude Laurent, directeur général et secrétaire de l’Ordre. Cette chronique vient remplacer Des revues 29 Classe affaires, que nous avions cessé de publier depuis quelque temps déjà. Comme son titre La traductologie, une science cognitive ; recherche constante l’indique, l’accent y est mis sur le côté professionnel des actes des langagiers et leurs réper- d’amélioration ; difficile cohésion cussions. Merci à Philippe Caignon et à Claude Laurent de cet engagement envers Circuit. dans la communication ; la traduction engagée. J’ai pris l’habitude de vous dévoiler en partie le menu de nos prochains numéros, ce qui vous laisse le loisir de proposer des contributions à nos dossiers à venir. Notre prochain dos- sier sera consacré aux langues de spécialité ; sa préparation est cependant très avancée, de Des techniques 31 sorte qu’il n’y a plus de place (et surtout plus de temps) pour y intégrer vos apports. Le nu- Le point de vue d’une utilisatrice de Trados. méro suivant portera sur les cabinets de traduction : Anouk Jaccarini et Éric Poirier conjuguent actuellement leurs efforts pour vous présenter un tour d’horizon de ce segment important de notre marché. Puis, ce sera notre centième numéro, sur le thème Entre mémoire et présent. Des mots 32 Nous y retracerons les débuts du magazine et tâcherons de voir quels sont les changements Mots de l’avenir pour langagiers avertis radicaux survenus dans notre domaine depuis 25 ans. C’est moi qui suis chargé de vous faire revivre cette épopée. Une ère nouvelle s’ouvrira avec le numéro 101, qui renfermera un dos- sier sur les états d’âme et les relations interpersonnelles des langagiers. Eve Renaud et Vicky À titre professionnel 34 Bernard ont commencé à tracer les grandes lignes du plan de ce dossier. Dans le premier article de cette nouvelle chronique, il est Voilà, c’est tout l’espace qu’on me laisse. Alors, sans plus tarder, mes souhaits de bonne question de l’importance de la lecture à tous et à toutes. certification des traductions pour le rayonnement de la profession.
2021, avenue Union, bureau 1108 Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs, Montréal (Québec) H3A 2S9 terminologues et interprètes agréés du Québec Tél. : 514 845-4411, Téléc. : 514 845-9903 Courriel : circuit@ottiaq.org Site Web : www.ottiaq.org Un bon tour d’horizon Vice-présidente, Communications — OTTIAQ Nunzia Iavarone Publicité Catherine Guillemette-Bédard, OTTIAQ Tél. : 514 845-4411, poste 225 • Téléc. : 514 845-9903 J e voudrais vous faire part de ma grande sa- tisfaction à la lecture du numéro de Circuit consacré à la traduction juridique (nu- Direction Michel Buttiens Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’attention méro 95, printemps 2007). J’ai grandement de Circuit, sous format RTF, sur CD-Rom ou par courrier élec- apprécié les divers articles, et le tour d’hori- Rédactrice en chef tronique. Gloria Kearns zon était franchement très réussi... et Droits de reproduction Rédaction Toutes les demandes de reproduction doivent être achemi- pourtant, je suis un traducteur technique Yolande Amzallag, Vicky Bernard (Secrétaire du comité) Philippe nées à Copibec (reproduction papier) spécialisé en mécanique aviation. Néan- Caignon (Des mots), Brigitte Charest (Des revues), Pierre Cloutier Tél. : 514 288-1664 • 1 800 717-2022 licenses@copibec.qc.ca (Pages d’histoire), Marie-Pierre Hétu (Des techniques), Anouk moins, la qualité et l’intérêt des articles La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais les opinions Jaccarini, Didier Lafond (Curiosités), Solange Lapierre (Des livres), exprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume aucune responsa- m'ont réjoui. Barbara McClintock, Éric Poirier, Eve Renaud (Sur le vif) bilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans Circuit. Circuit s’améliore d’année en année Dossier © OTTIAQ grâce à son personnel permanent et à ses Brigitte Charest et Michel Buttiens Dépôt légal - 4e trimestre 2007 Bibliothèque et Archives nationales du Québec nombreux collaborateurs. Félicitations et Ont collaboré à ce numéro Elaine F. Clement, Christian Degueldre, Marie Désy-Field, Bibliothèque et Archives Canada merci à tous et à toutes ! ISSN 0821-1876 John Freivalds, Malika Hasnaoui, Margaret Jackson, Amanda André Senécal, trad. a., réd. a. LaFleur, Claude Laurent, Sophie Ouellet, Claudia Mejia Tarif d’abonnement Quijano, Steve Sachs, Jiri Stejkal, Elisabeth Wörle Membres de l’OTTIAQ : abonnement gratuit Direction artistique, éditique, prépresse et impression Non-membres : 1 an, 40,26 $ ; 2 ans, 74,77 $. Étudiants inscrits Mardigrafe à l’OTTIAQ : 28,76 $. À l’extérieur du Canada : 1 an, 46,01 $ ; 2 ans, Nous aimons vous lire. 86,27 $. Toutes les taxes sont comprises. Chèque ou mandat- Écrivez-nous pour nous faire part poste à l’ordre de « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus). Cartes de crédit American Express, Mastercard, Visa : www.ot- de vos commentaires. tiaq.org/publications/circuit_fr.php 2021, avenue Union, bureau 1108 Montréal (Québec) H3A 2S9 Deux fois lauréat du Prix de la meilleure publication nationale en traduction de la Tél. : 514 845-4411 Fédération internationale des traducteurs. Téléc. : 514 845-9903 100 % PC Imprimé sur papier recyclé 30 % postconsommation (couverture) Courriel : circuit@ottiaq.org et 100 % postconsommation (pages intérieures), fabriqué avec des Site Web : www.ottiaq.org fibres désencrées sans chlore, à partir d’une énergie récupérée, le biogaz.
DOSSIER T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S A U X É T AT S - U N I S Direction sud : la traduction française aux États-Unis A près avoir survolé quatre grandes régions canadiennes — la côte Ouest, les Prairies, les territoires du Nord, la côte Atlan- tique — et fait un arrêt en Ontario, nous reprenons la route, direction sud, pour traverser la frontière états-unienne. Le nombre de langues parlées aux États-Unis, on ne s’en étonne guère, est à la mesure de l’immensité du rêve américain : fabuleux ! En effet, en 1990, on en comptait 3291. Selon un article paru en 20032, le français, avec 1,6 million de locuteurs, figurait au quatrième rang des sept langues étrangères parlées par plus de un million de personnes, tandis que l’espagnol, deuxième langue après l’anglais, comptait 31 millions d’usagers et le chinois, 2 millions. Les autres membres du « groupe des sept » étaient : l’allemand de Pennsylvanie, 1,4 million ; le tagalog, 1,2 million ; le vietnamien et l’italien, un million chacun. En outre, près de un million de personnes parlaient coréen. Devant une telle abondance, nous avons décidé de limiter notre dossier à la traduction française. Un dossier qui, même s’il est loin d’être exhaustif, donnera au lecteur une bonne idée du sujet. La plus importante association de traducteurs au pays, l’American Translator Association (ATA), s’est dotée d’un organe français, la French Lan- guage Division (FLD), qui bat au rythme de l’organisation mère et en est indissociable. Elle offre les mêmes avantages à ses membres, qui sont établis aux États-Unis, au Canada, en France, en Belgique et dans de nombreux autres pays. Contrairement à l’OTTIAQ, la FDL, tout comme l’ATA, n’est pas un ordre professionnel, mais les deux associa- tions sont extrêmement actives et d’une grande efficacité. Ceux qui ai- meraient en apprendre davantage sur la FLD peuvent se rendre au www.ata-divisions.org/FLD/fldhome.htm. On y trouve, entre autres choses, À propos, le bulletin électronique de l’association, ainsi que de nombreux liens vers des sites Internet en français et par Brigitte Charest, trad. a. des outils du traducteur, notamment un forum Trados Workbench, où les participants qui utilisent les produits Trados peuvent obtenir de l’aide ou en offrir. Notre parcours nous mène tout naturellement en pays cadien, où Michel Buttiens s’est entre- tenu avec Amanda LaFleur, co-responsable du projet de Base de données lexicographiques pan- francophones, section Louisiane, et Elaine F. Clément, du Conseil pour le développement du français en Louisiane. Des kilomètres plus loin, en Californie, la Graduate School of Translation and Interpretation (GSTI) du Monterey Institute of International Studies s’est avérée tout aussi in- contournable. C’est donc avec plaisir que nous accueillons dans nos pages le professeur Christian Degueldre, qui nous présente la formation en traduction et en interprétation offerte par cette institution. Toujours en Californie, Malika Hasnaoui nous fait rêver en nous transmettant ses impressions sur la vie de traductrice francophone aux États-Unis. John Freivalds nous donne des nouvelles du domaine de la localisation et Jiri Stejskal nous parle de l’American Translator Association. Un article de Michel Buttiens et un autre de Steve Sachs nous permettent de compa- rer les marchés canadien et américain. En revenant par New York, nous avons entrouvert la porte Circuit • Automne 2007 du service français de traduction de l’ONU pour vous en donner un très bref aperçu. Nous remercions vivement toutes les personnes qui ont gracieusement offert temps et efforts en vue de concrétiser ce dossier. 1 . U . S . D e p a r t m e n t o f C o m m e rc e , B u re a u o f t h e C e n s u s , P o p u l a t i o n D i v i s i o n , E c o n o m i c a n d S o c i a l St ra t i f i - c a t i o n B ra n c h , 1 9 9 0 , C e n s u s S p e c i a l Ta b u l a t i o n , L a n g u a g e S p o k e n a t H o m e a n d A b i l i t y t o S p e a k E n g l i s h f o r U n i t e d St a t e s , Re g i o n s a n d St a t e s : 1 9 9 0 . 2 . P R AT T , M a r y Lo u i s e , « O f P o e t s a n d P o l y g l o t s » , M L A N e w s l e t t e r, p r i n t e m p s 2 0 0 3 , p. 3 . 5
DOSSIER T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S A U X É T AT S - U N I S Tendances en traduction aux États-Unis Par Michel Buttiens, trad. a. S elon le Rapport final du Comité sectoriel de l’in- dustrie canadienne de la traduction, publié en 1999 et intitulé L’industrie canadienne de la traduc- d’organisations non gouvernementales, d’entre- prises de traduction ou de localisation et d’autres entreprises du secteur privé. tion, le marché américain de la traduction était Il est d’abord intéressant de noter que c’est pour évalué à plus de deux milliards de dollars canadiens les combinaisons de l’anglais vers les langues étran- en 1997, montant que se partageaient quelque gères, notamment le français, mais aussi le chinois, 3 000 cabinets ou agences, dont 90 pour cent étaient l’allemand, l’espagnol et le portugais, que les répon- de taille relativement petite (moins de 500 000 $ US dants ont le plus recours à des traducteurs à l’in- de chiffre d’affaires). Les gros et les très gros cabi- terne. À titre d’exemple, la Division des services nets constituant les dix pour cent restants occu- linguistiques de l’Organisation des États améri- paient près du tiers du marché. Si l’on en croit Steve cains (OEA) comptait en 2002 deux traducteurs vers Sachs, qui signe un autre article de notre dossier, le l’espagnol et trois vers chacune des langues an- nombre de cabinets est actuellement en très forte glaise, française et portugaise. Par rapport aux croissance aux États-Unis. années 1970, c’est surtout le nombre de traducteurs Toujours selon ce même rapport, on comptait aux vers l’anglais qui avait baissé au sein de cette orga- États-Unis quelque 64 000 traducteurs, les deux tiers nisation. Par contre, à l’Organisation panaméricaine environ étant des travailleurs autonomes et le tiers, des salariés. L’American Translators Association, qui est la plus grande association professionnelle du genre aux États-Unis, regroupait alors plus de V 7 000 traducteurs et interprètes dans ce pays. Dans aste, sans aucun doute, un autre article de ce dossier, Jiri Stejskal nous men- tionne que ce nombre est aujourd’hui de près de le marché américain 10 000, ce qui comprend toutefois un certain nombre présente également une de traducteurs et interprètes travaillant dans très grande variété, d’autres pays. Le Rapport final abordait la question des tarifs tant sur le plan aux États-Unis, relevant d’abord leur grande diver- des combinaisons sité avant de citer une étude réalisée par un cher- linguistiques que sur cheur américain qui faisait état d’écarts de 30 pour cent environ selon les combinaisons de langues, les celui des intervenants, tarifs de traduction vers l’anglais ou le français se si- clients et fournisseurs. tuant plutôt vers le bas de cette fourchette. Vaste, sans aucun doute, le marché américain présente également une très grande variété, tant sur le plan des combinaisons linguistiques que sur celui des intervenants, clients et fournisseurs. Pour les langagiers canadiens, la perspective d’y trouver une de la santé, qui fait partie de l’Organisation mon- place est bien réelle puisque « beaucoup de cabi- diale de la santé et dont les Services de traduction nets américains sont à la recherche de traducteurs travaillent en trois langues, soit l’anglais, le français expérimentés dans des domaines particuliers1». Petit et l’espagnol, il n’y a pas de traducteurs vers le fran- bémol, toutefois : pour les traducteurs francophones çais à l’interne, comme nous l’a confirmé le chef des canadiens, la concurrence de collègues d’autres Services, Gustavo A. Silva, depuis le siège de l’orga- provenances, notamment des pays d’Afrique et nisme à Washington, D.C. d’Europe, est vive. Près de six répondants sur dix au sondage de la Banque mondiale sous-traitent néanmoins plus de la moitié de leur production, qu’ils disposent ou non de La primauté de la sous-traitance Circuit • Automne 2007 ressources dans les diverses combinaisons de Dans un rapport intitulé Translation Business langues à l’interne (l’OEA sous-traitait près de Practices Report, publié en août 20042, le Groupe de 40 pour cent de son volume total de 13 millions de traduction de la Banque mondiale présente les résul- mots en 2002). Si les sous-traitants sont en majorité tats d’un sondage mené auprès d’une cinquantaine des cabinets de traduction, le plus souvent de taille d’organismes gouvernementaux internationaux, moyenne, les traducteurs indépendants ne sont pas 6
en reste puisqu’ils représentent plus du tiers des connaissance des mémoires de traduction, les apti- ressources utilisées. tudes à l’utilisation des technologies et l’accès à In- Sur le plan des tarifs, on observe une première ternet. Le recrutement de traducteurs spécialisés constante : la traduction vers l’anglais coûte en gé- n’est pas facile malgré tout, les entreprises et les or- néral moins cher que les services vers les langues ganismes semblant éprouver des difficultés à repé- étrangères, qu’il s’agisse du français, du russe, de rer les traducteurs compétents dans leur domaine, et l’allemand ou de l’arabe. Les cas de l’espagnol et du ce, dans les combinaisons les plus diverses de portugais sont un peu plus complexes : que l’on tra- langues étrangères. Il est d’ailleurs curieux de duise dans un sens ou dans l’autre, les tarifs tendent constater que, parmi les qualifications les plus re- davantage à être identiques ; cette tendance est très cherchées, si l’on trouve au bas de la liste le fait de marquée en espagnol, un peu moins en portugais. détenir un diplôme universitaire, on cherche en vain Pour les acheteurs américains de services de traduc- l’appartenance à une association professionnelle. tion, le français est donc semblable à d’autres Côté mémoires de traduction et outils terminolo- langues étrangères comme le russe, l’allemand et giques, près de soixante pour cent des entreprises et l’arabe, et, contrairement à chez nous, les tarifs organismes témoignent de leur intérêt pour ces tech- entre les combinaisons comprenant une de ces nologies, ce qui laisse malgré tout plus de quarante langues sont comparables. pour cent des répondants que ces dernières laissent Les textes soumis par les sous-traitants sont-ils froids. Les produits Trados sont les mémoires et outils révisés ? Le tiers des répondants admet sauter cette de loin les plus populaires parmi les répondants. étape de la production. Plus de quatre répondants Un aspect des résultats de ce sondage qui laisse sur dix disent réviser le travail des sous-traitants la particulièrement songeur concerne les relations entre plupart du temps alors que les quelque vingt pour les fournisseurs de services de traduction et leurs cent restants procèdent à une révision systématique. clients. Dans un sondage parallèle du Groupe de tra- Par contre, la grande majorité des entreprises et or- duction de la Banque mondiale, les fournisseurs ont ganismes consultés s’assure de faire une correction mentionné la terminologie et la documentation d’épreuves. connexe comme outils essentiels à la production de traductions de qualité. Or, un peu plus du quart des répondants seulement fournissent de la terminologie Les compétences requises ou de la documentation à leurs pigistes. Par ailleurs, En ce qui a trait au recrutement, si la bonne près de la moitié des répondants offrent à leurs tra- vieille méthode de l’envoi massif de curriculum vitæ ducteurs de la formation, principalement en vue de semble toujours porter ses fruits, les réseaux de tra- l’utilisation d’outils de traduction. Bonne nouvelle, ducteurs et les forums gagnent en popularité et dé- par contre, près des deux tiers des entreprises et or- passent le processus d’établissement d’un réseau ganismes donnent de la rétroaction à leurs fournis- de contacts dans les universités. Et que recherchent seurs, même si certains ont indiqué n’en donner… les entreprises ? D’abord et avant tout une expé- que lorsque le travail est insatisfaisant. Il me semble rience pertinente des domaines abordés, ce qui vient que j’ai déjà entendu ça quelque part. confirmer l’affirmation contenue dans le Rapport final du Comité sectoriel de l’industrie canadienne 1 . L’ i n d u s t r i e c a n a d i e n n e d e l a t ra d u c t i o n , p. 5 5 . 2 . h t t p : / / s i t e r e s o u r c e s . w o r l d b a n k . o r g / T R A N S L AT I O N S E R de la traduction que nous avons citée plus haut. V I C E S E X T / Ve n d o r / 2 0 2 4 7 7 2 8 / Re p o r t _ B u s i n e s s Viennent ensuite, à peu près sur le même pied, la Pra c t i c e s _ 2 0 0 4 . p d f Circuit • Automne 2007 7
DOSSIER T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S A U X É T AT S - U N I S My Experience as a U.S.-Based Freelance Translator By Steve Sachs A translator friend told me that she recently read an article that claimed that translation is one of the ten fastest-growing professions in the United a few of the changes. First, it would be accurate to say that the market just gets bigger and bigger. The market seems infinite, and the number of agencies States. I believe it. has skyrocketed over the last few years. They come I have been a translator based in Annapolis, in all shapes and sizes: most are quite professional Maryland, for 25 years. I work from French into Eng- and sophisticated. They are run by translators who lish and recently added Portuguese into English. I are familiar with the profession, and quality is impor- am certified by the American Translators Association tant to them. They are delighted to help with termi- for French into English. ATA certification seems to nology and other issues to ensure quality. They pay make a big difference. I often receive calls and e- in 30 days, whether they received payment from mails from potential clients who found my contact their client or not. Others are simply “factories” run information in the ATA online directory. Many of them by people who know little or nothing about transla- are corporate members of ATA. However, referrals tion and decided that it just might be a convenient from colleagues (nearly all of whom I met through way to make money. I have had to explain how to ATA) are my main source of new clients. use Word’s word-counting feature more times than My client base consists of roughly 70 percent I’d like to admit. Once a client sent me a document in agencies (including international organizations) and Romanian, thinking it was French. And then there’s 30 percent direct clients. I feel most comfortable the agency owner who had no idea how to open a with legal translation. I also work quite a bit in public PDF or zipped file. health and economic development. I shy away from Like everything else, globalization is no stranger anything that has to do with patents, public rela- to translation. There are quite a few European agen- tions, or anything that requires flowery language cies that use my services on a regular basis. In some and/or imagination. For public health and economic cases the six-hour time difference works in favor of development, I would guess that about 80 percent of translators based on this side of the Atlantic. For the documents I translate come from or pertain to example, if a translation needs to be ready the next French-speaking Africa. Occasionally I receive docu- morning, and if it’s already 5 in the afternoon in ments prepared in Québec. For some reason, they Europe, it’s only 11 a.m. here, so I have all day to are almost always collective bargaining agreements work and simply have to send the translation before for companies located in Québec. I turn my computer off for the night. I receive only a handful of calls from agencies However, it should come as no surprise that the based in Canada. When describing the U.S. market low value of the U.S. dollar seems to be the main versus the Canadian market, it is important to reason for the popularity of U.S.-based translators remember that we only have one official language, with European agencies. As much as I cringe when I and that in most situations the government is not have to pay the bill in euros at a restaurant in Paris required to translate anything. That said, I know that using my U.S. dollars, that same low value of the the federal government farms out a considerable dollar is why agencies in Europe use translators in amount of translation to freelance translators, but the U.S. (much to the dismay of our European col- I would be surprised if French were one of the major leagues). But I know one day the dollar will strength- languages. en, so carpe diem definitely applies. I enjoy my work with direct clients. The rates are Also, some work from French into English is better, but dealing with them can be more time- reportedly going to translators based in India and in consuming. There are rewards, but my experience English-speaking countries in Africa, although I am has been that I often lose the client when my contact unable to confirm this. leaves. Ten years ago, about 50 percent of my Last but not least, I remember how different it income came from a French company that operates was 25 years ago when I was just starting: there nuclear power plants in France. My contact person simply was not very much work. I had time to paint retired and that was the end of my relationship with my own house and the houses of most of my friends. Circuit • Automne 2007 that company. It was frustrating to spend so much Those days are over. Now I find myself working more time accumulating knowledge about nuclear energy evenings and weekends than I would like. Still, only to find that I no longer used it. This may be a translation has been and should continue to be a good argument against over-specializationing. great way to earn a living. I wouldn’t trade it for Obviously, my little corner of the market has anything. changed drastically in 25 years, but let me highlight 8
Le chemin de San Jose Le doute est devenu mon pain quotidien et l’in- certitude ponctue chacune de mes respirations. Je Par Malika Hasnaoui garderai cette image bien nette de moi en train d’at- tendre mes bagages à l’aéroport de San Jose en me demandant à quoi peut bien servir une traductrice québécoise aux États-Unis. Construire une tour de Babel virtuelle Photo : Gwenhael Jacq Mais la Californie n’est pas les États-Unis, et la Silicon Valley l’est encore moins. Pôle des industries de pointe, cette ancienne région agricole aspire non Malika Hasnaoui : une linguiste sous les palmiers seulement à conquérir le monde, mais aussi à at- teindre le ciel. Après un passage à vide en 2001, les entreprises du sud de la baie de San Francisco n’ont M ontréal, printemps 2006. Une bonne amie qué- bécoise vivant à Paris me fait suivre une offre d’emploi pour la Californie. Une entreprise spécialisée d’autre choix que de miser sur la diversification de leurs activités et de s’ouvrir sur le monde. Il leur faut surtout admettre que, s’il leur est encore possible de en commerce électronique est à la recherche d’un ou construire virtuellement une nouvelle tour de Babel, d’une linguiste pour la localisation de son site Web en elles ne pourront le faire en ignorant la diversité français du Canada. Commerce électronique, localisa- culturelle et linguistique qui caractérise le monde tion, Californie… que de mots qui sonnent doux à mon d’aujourd’hui. À mesure que ce processus d’interna- oreille de nomade toujours en quête de nouveaux défis tionalisation se produit, des professionnels des et d’aventure. Sans peser le pour ni le contre, je décide quatre coins de la planète affluent sous le soleil clé- de céder à ma curiosité et d’envoyer ma candidature. ment de la Californie, et mon destin a décidé que Je subis alors une batterie d’examens écrits et j’en ferais partie. oraux ainsi que des entretiens téléphoniques avec une Ma capacité d’adaptation ayant déjà fait ses demi-douzaine de personnes. C’est ainsi que deux se- preuves sur trois continents, je me fais sereinement maines après avoir postulé, avec l’adrénaline à bout de à l’idée de vivre et de travailler pour l’Oncle Sam. Je souffle, je me retrouve à bord d’un avion à destination dois avouer que j’ai emporté dans mes bagages mon de San Jose, en Californie. Au programme, une dizaine lot de préjugés et d’idées préconçues sur son pays, d’entrevues avec une quinzaine de personnes. Mon mais je suis aussi bien décidée à ne pas me laisser meilleur souvenir de cette journée restera ma ren- duper par des racontars. C’est vrai, certains Améri- contre avec les autres linguistes. Si vous avez déjà vu cains ne savent pas où se trouve le Québec, mais ils le film L’Auberge espagnole, vous vous souviendrez ne tarissent pas d’éloges sur Montréal. Oui, ils trou- sans doute de la scène où Xavier, à la recherche d’un vent que les Canadiens parlent d’une drôle de façon, appartement, se retrouve à une table, martelé de ques- mais ceux qui comprennent le français raffolent du tions par d’autres étudiants en exil. Dans une certaine (franc-) parler québécois. mesure, rien ne peut mieux décrire mon sentiment à ce Le Canada étant le principal partenaire commer- moment-là que ses propres paroles : « J’ai tout de suite cial des États-Unis, les entreprises qui veulent tirer adoré cet endroit. J’aurais donné n’importe quoi pour profit de cette proximité sont forcées de reconnaître qu’ils m’acceptent ici. Le bordel qui habitait là ressem- ses multiples identités et de ne plus le considérer blait totalement à celui qui m’habitait depuis toujours. comme le cinquante et unième État de l’empire amé- C’est comme si leurs engueulades, c’était celles qui ricain. Pour ce faire, elles doivent non seulement lo- avaient lui dans ma tête en permanence depuis que je caliser le contenu de leurs sites en anglais du suis tout petit. » Sans me l’avouer immédiatement, moi Canada, mais aussi en français. Si l’investissement aussi j’aurais donné n’importe quoi pour qu’ils m’ac- est gros, l’enjeu en vaut la chandelle. En effet, pas Circuit • Automne 2007 ceptent. De retour à Montréal le lendemain, une offre même l’industrie du Web ne peut échapper à la en poche, je commence à donner. Donner ma démis- Charte de la langue française et les sociétés qui font sion, donner mon avis de départ à mes propriétaires, des affaires dans ce domaine doivent offrir une ver- donner mon chat à des amis, donner, donner, donner. sion en français de leur site pour pouvoir en faire la Trois semaines de don et de remise en question avant promotion dans la Belle Province. Et c’est là que les ▲ de faire le grand saut. choses se compliquent. M a l i k a H a s n a o u i e s t t ra d u c t r i c e p o u r u n e e n t re p r i s e c a l i f o r n i e n n e d e g ra n d re n o m . 9
DOSSIER T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S A U X É T AT S - U N I S On clone les sites français Les termes globalisation, internationalisation et ser les bras. Ensemble, et de concert avec la ges- localisation sont monnaie courante, et si les bud- tionnaire du contenu du siège social canadien, à To- gets alloués à ces processus sont importants, la ronto, nous mettons en place un glossaire et un compréhension qu’on en a est nettement moins guide de style pour délimiter notre champ d’action grande. Je me souviens avoir passé près d’une demi- et mettre fin à la confusion des langues qui règne. heure à expliquer à un vice-président la différence Puisque la majorité du contenu est sous-traité, la entre le français de France et le français du Canada charge de traduction n’est pas très importante, et avant de constater que seuls les langages C ++ et ma principale tâche consiste à réviser des dizaines Java avaient trouvé grâce à ses yeux. Je ne suis donc de fichiers par semaine et à m’assurer d’une bonne nullement étonnée d’apprendre que la majorité des utilisation de la terminologie. Je consacre aussi une entreprises américaines souhaitant se tailler une grande partie de mon temps à l’amélioration des part de marché au Québec se contentent tout sim- procédés en place et à l’essai de nouveaux outils plement de créer un clone de leur site français. d’aide à la traduction. Comme cet aspect de mon Hélas, celle pour laquelle j’ai décidé de travailler ne travail est celui que je connais le moins, c’est sans fait pas exception. doute celui qui nourrit le plus mon sens du défi. Fort heureusement, des traducteurs chevronnés Le doute se fait de plus en plus rare, mais lors- ont accepté un contrat de plusieurs mois et se sont qu’il revient me visiter, je détourne mon regard du déjà penchés sur la question au moment de mon ar- passé et je le dirige vers mes fabuleux collègues de rivée dans les bureaux de San Jose. Ils me prennent l’Auberge californienne. Et je me souviens… que, sous leur aile, ils estompent mes frustrations de dé- même modestement, je participe à l’affirmation de butante et, surtout, ils m’apprennent à ne pas bais- notre belle langue. Franchir la porte du service français de traduction de l’ONU à New York par Brigitte Charest, trad. a. V oir le monde sans se déplacer, vivre dans l’une des villes les plus grandes et les plus presti- gieuses de la planète, au cœur d’un centre névral- obstacle pour certains Québécois. Les candidats choisis doivent passer un examen qui dure toute une journée, généralement un test écrit sans diction- gique des relations internationales, peut-être même naires ni ordinateur et une épreuve orale, « nette- dans le secret des dieux… Voilà l’une des images que ment moins éprouvante que l’épreuve écrite », selon nous inspire le service français de traduction de l’une de nos sources. D’après l’information affichée l’ONU à New York. Mais avant de s’engager dans une en ce moment dans le site des carrières de l’ONU, rêverie aussi grandiose, une question surgit tout l’examen consiste en une première épreuve d’une naturellement : puis-je y aspirer ou n’est-ce qu’une durée de deux heures et demie, soit une traduction chimère ? de l’anglais vers le français. Le candidat dispose en- Plus de soixante personnes, parmi lesquelles on suite d’une heure et demie pour effectuer une tra- compte plusieurs Québécois, employés temporaires, duction à partir de l’une des quatre autres langues contractuels ou permanents, vous répondront que si officielles de l’ONU, l’espagnol, l’arabe, le russe ou vous travaillez fort pour atteindre l’excellence, vous le chinois. Toutefois, cet examen peut varier d’un Circuit • Automne 2007 avez de bonnes chances de vous joindre à leur concours à l’autre. équipe. Cela dit, « étroite est la porte » d’entrée à Les lauréats du concours voient ensuite leur nom l’ONU, car il est essentiel de maîtriser une troisième inscrit sur une liste et se font offrir des affectations langue, ce qui jusqu’à maintenant s’est avéré un aux divers bureaux de l’ONU lorsque des possibilités 10
se présentent. Ainsi, les traducteurs francophones peuvent travailler à New York, à Genève, à Vienne, à Bangkok, à Addis-Abeba ou à Nairobi. Parmi les as- pects positifs, mentionnons que les aspirants à un poste de traducteur profitent d’un avantage par rap- port à d’autres professionnels, car en raison de la nature même du travail, les postes en traduction échappent à la règle des quotas de nationalité à la- quelle sont soumis la plupart des postes à l’ONU. En outre, comme dans bien des entreprises, les départs à la retraite sont nombreux dans certains services, ce qui laisse des débouchés aux aspirants. Beau- coup de recrues du service français ont maintenant l’espagnol plutôt que le russe comme troisième langue, et les arabisants sont très recherchés. Une visite à l’adresse www.un.org/french/Depts OHRMexaminfexam.htm vous en apprendra davan- tage sur les possibilités d’emploi que l’ONU offre aux langagiers. Vous y trouverez même des modèles de test de traduction et d’interprétation qui ont pour seul but d’aider le candidat à avoir une idée de ce qui l’attend s’il se rend à l’étape de l’examen. Vous y verrez aussi les échéances des candidatures de cette année et pourrez songer à vous préparer pour l’an prochain. Quand le rêve se réalise… Que se passe-t-il une fois la porte franchie ? Vous bénéficierez de l’excellente formation que l’ONU offre à tous ses fonctionnaires dans les six langues officielles. Vous travaillerez dans un milieu forte- ment et strictement réglementé où les documents et autres écrits doivent paraître simultanément dans chacune des langues de travail de l’organe auquel main (souvent pour le Conseil de sécurité, mais par- ils sont destinés, généralement les six langues offi- fois pour les débats d’autres organes). cielles de l’ONU. Le volume de traduction vers le Comme dans toute grande organisation, les tra- français surpasse celui des autres langues officielles ducteurs peuvent avoir recours à un service de do- même si l’anglais est devenu la lingua franca de la cumentation et de terminologie et à une panoplie de diplomatie. Toutes les communications officielles bases de données, dont fait partie Termium. Selon doivent se faire en français et en anglais. nos sources, les outils de travail sont restés à peu La nature des textes à traduire varie énormément près les même au fil des ans. Les outils informa- selon les besoins des organes et leurs calendriers, et tiques, comme les mémoires de traductions ont été selon l’actualité politico-diplomatique. Par consé- adoptés par certains, alors que d’autres ont gardé quent, les traducteurs n’acquièrent pas vraiment de les méthodes d’autrefois. Bien que le dictaphone ait spécialisation pointue. Le service français de traduc- été relégué aux oubliettes, certains traducteurs tion est chargé de normaliser la terminologie onu- continuent de dicter leurs textes en optant pour la sienne, ce qui s’effectue avec la collaboration d’une reconnaissance vocale alors que d’autres choisis- unité spécialisée. Autrefois, ce service était aussi sent la dictée numérique qui exige le traitement de chargé d’établir les comptes rendus de séance, mais texte, domaine où l’on rencontre de nombreuses la tâche est maintenant effectuée par le service an- Québécoises. Les spécialistes du traitement de texte glais. Des traducteurs travaillent parfois en soirée en saisissent également les changements demandés Circuit • Automne 2007 « service de nuit ». C’est-à-dire que, chaque se- par les réviseurs et font la relecture finale. maine, une équipe de traducteurs différents arrive en Nous espérons que cette petite incursion au ser- après-midi, sans savoir quand se terminera la jour- vice français de traduction de l’ONU saura vous ins- née, pour traduire des textes qui serviront le lende- pirer et vous souhaitons le meilleur des succès. 11
DOSSIER T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S A U X É T AT S - U N I S No Standing or Stopping: Localization in the United States “T here’s a lot going on,” noted André-Paul Pellet of Welocalize, in a recent conversation. He The Top Ten had just returned from Localization World in Berlin, Five of Common Advisory’s Top Ten localization where he was continually asked, “Is it true that firms are in the U.S., and two with “unique selling Welocalize was bought by Lionbridge?” He shook his propositions” are of great interest to me. One is head “No” but as you look around, there’s a lot Global Linguistic Solutions (www.gls-corp.com), a going on. And definitely no standing or stopping. joint venture between defense contactor DynCorp Every time we think we’ve seen the last acquisi- and a long-standing localization firm called McNeil tion of a firm in the United States, another one Technologies. This firm has won a multi-billion-dollar by John Freivalds comes along. There are a couple of factors at work. contract to handle all the language needs of the U.S. For a public firm like Lionbridge, with sales in the military in Iraq and Afghanistan. To meet the needs area of US$400 million annually, it becomes ex- for translators, they are running job fairs at Middle tremely difficult to grow organically. An addition of Eastern restaurants and hookah parlors (where you 5% a year means adding US$20 million in sales. can smoke water pipes) throughout the U.S. If you Unless one of your clients is expanding their localiza- qualify, the starting salary for an Arabic translator is tion budget, it’s difficult to grow internally. So you go around US$140,000 a year. out and buy someone. Translations.com is a private The other interesting development is the growth firm that wants to keep growing and faces the same of Language Line into a “regular” localization firm. It issue—how to grow? used to be exclusively an over-the-phone interpreta- Does this mean that firms with a smaller sales tion service but now has gone into localization and volume have no place in the market? Local Concepts, translation. They are housed in the same building a company specializing in plasma TV brackets, just where Lucent Localization Solutions used to be. won a contract from a firm ten times its size. The One of the most interesting developments is how client, in this case a company where a former intern of the content-management industry has found the lo- mine works, wanted a firm that was more “personal.” calization business, or the other way around. This There is continued European and Asian interest in has been a positive for the localization industry as the U.S. market even though not all European firms content-management software and services become have done well here. When RWS bought Polyglot and a more accepted means to get attention from top later re-sold it as Enlaso, the firm lost an estimated management. SDL International’s purchase of a con- US$25 million. RWS is once again thriving in the U.K. tent-management company is just a harbinger of and is gently tip-toeing into the U.S. market again. things to come. To date, localization firms have been Asian firms seem content to establish partnerships happy to “partner” with a dot-comm firm, but SDL with U.S. companies, while U.S. companies continually shows it’s to better go out and get someone expand their Asian operations. Welocalize has bought a rather than wait to get brought out. Japanese and a Chinese firm in the last several months. Another fact I have seen is the striking statistic that the average life of a U.S. company is only 12 years. Someone who started a successful localiza- tion firm starts to wonder after a few years, “Do I keep this up or do I sell myself to someone?” So be aware of how many years the firm you have been working for has been around and you might be sur- prised how accurate that number is. In any case, my mailbox is full every morning with mail asking “Do Circuit • Automne 2007 you know of any good small firms that are for sale?” 12 J o h n Fre i va l d s m a n a g e s a c o m m e rc i a l c o m m u n i c a t i o n s c o m p a n y ( w w w. j f re i va l d s m a r k e t i n g . c o m ) a n d h a s o f f e re d t ra n s l a t i o n and localisation services for 20 years.
American Translators Association: An Overview F ounded in 1959, the American Translators Associ- ation (ATA) is the largest American professional association of translators and interpreters, with ATA publishes a monthly magazine, The ATA Chronicle, which contains feature articles, announce- ments, reviews, and Association news. It is included nearly 10,000 members in more than 80 countries. in the price of membership and is available to non- ATA’s primary goals include fostering and supporting members by subscription. Another popular ATA pub- the professional development of translators and in- lication is Getting It Right, a client education booklet terpreters and promoting the translation and inter- available in print and online. ATA members may preting professions. Its members are translators, order up to 100 copies at no cost to share with their interpreters, teachers, project managers, web and clients. ATA has also published about a dozen book- by Jiri Stejskal, Ph.D. software developers, language company owners, length studies, guides and surveys, and cooperates hospitals, universities, government agencies, as well with John Benjamins Publishing Company in produc- as sister organizations such as OTTIAQ. Association ing the ATA Scholarly Monograph Series. membership is available to individuals (Active, Cor- ATA provides a unique service to the translation responding, Associate, Student) and organizations and interpretation industry through its public rela- (Corporate, Institutional) anywhere in the world. tions efforts, which promote not only ATA but the in- ATA offers a variety of programs, benefits, and dustry in general. The mission of ATA’s Public support services: Relations Committee is to promote translation and • Annual Conference. The largest ATA meeting, this interpreting professions to the general public, gov- conference is held every fall in a major city in the ernmental and international organizations, educa- U.S. (with the notable exception of the 2004 tional institutions and commercial users of conference, held in Toronto). translation and interpreting services. The main com- • Certification. ATA offers a certification exam to trans- ponents of ATA’s PR efforts are: lators in 27 language combinations. Becoming ATA • National media outreach certified allows translators to document their abili- • Client education ties objectively in a specific language combination. • School outreach • Professional Development. The Association orga- • Pro bono projects nizes an annual series of seminars and mini- conferences throughout the U.S. to provide Leveraging the above for local advanced education and training in diverse specialties and languages. media coverage • Honors and Awards. To encourage, reward and ATA established a PR committee and engaged the publicize outstanding work by both professionals services of a professional PR firm to reach the media. and students of the craft, ATA presents several Thanks to this initiative, translators and interpreters awards and scholarships at the Annual Confe- are now in the media big leagues. ATA leaders have rence. been interviewed and quoted in all the major U.S. • Divisions. Through 15 language- and specialty- newspapers—The New York Times, The Washington specific divisions, ATA provides opportunities for Post, San Francisco Chronicle, The Boston Globe; all members with common interests to network and get the major wire services—Associated Press, Reuters, career updates more effectively. The divisions offer National Public Radio; CNN and all the other major newsletters, online forums, seminar and conference television networks; and numerous local television presentations, and networking sessions. and radio stations. The PR committee also devel- • Local Groups. ATA chapters and affiliates provide oped a “Roadshow,” which offers tips to sister asso- regional information, marketing, networking, ciations on how to develop their own PR efforts and support services to local translators and based on the success of ATA’s PR initiatives and en- Circuit • Automne 2007 interpreters. courages individuals and companies to promote • Client Education. The Association has developed their own associations and the industry in general, publications, reports and surveys to educate cus- with the idea that such general promotion in the end tomers of translation and interpreting services benefits all. about the value of using professional translators By far the greatest event in the translation and in- ▲ and interpreters. terpretation industry in the U.S. is ATA’s Annual J i r i S t e j s k a l , P h . D . , c u r re n t l y s e r ve s a s ATA’s Pre s i d e n t - e l e c t a n d c o n f e re n c e o rg a n i z e r. 13
DOSSIER T R A D U I R E E N F R A N Ç A I S A U X É T AT S - U N I S Conference, attended by some 1,500 professionals sions covering more than a dozen different languages from around the world. This four-day event show fea- and a variety of specializations, as well as 16 pre- tures panel discussions, expert presentations, train- conference seminars and a number of networking ing workshops, and scholarly papers. The conference and social events such as Job Marketplace, Network- also features a job marketplace, a vendor exhibit ing Session, Conference Dance, Tennis Tournament, hall, certification testing, and networking events de- Scrabble Social, and many other opportunities to signed to build professional contacts for attendees. mingle with fellow language professionals. In the The 48th ATA Annual Conference will be held in Exhibit Hall, over 60 vendors will showcase their San Francisco from October 31 through November 3, products and services. Mark you calendar for what 2007. It will feature more than 160 educational ses- promises to be the greatest ATA conference ever! Un institut supérieur de formation de traducteurs et d’interprètes professionnels pour relever les défis du XXIe siècle Par Christian Degueldre L ’école supérieure de traduction et d’interpréta- tion (de son sigle américain, GSTI — Graduate School of Translation and Interpretation) du Monte- Deux choses caractérisent vraiment la forma- tion des traducteurs et des interprètes à la GSTI : 1) le caractère intime de l’enseignement. Tous les rey Institute of International Studies1 est située cours de traduction et d’interprétation se dérou- dans la paisible petite ville de Monterey, qui fut la lent « en petits comités » : jamais plus de 12 étu- première capitale de la Californie. Aujourd’hui, elle diants dans une section… très souvent moins dans assure la formation des traducteurs et des inter- des combinaisons de langues incluant le français prètes qui seront demain les communicateurs par ou l’allemand ; excellence dont dépendront de nombreuses per- 2) le professionnalisme de l’apprentissage. La forma- sonnalités du monde politique, des affaires, de la tion y est une combinaison d’éléments de forma- science et des sports. Fondée en 1968, la GSTI offre tion universitaire et d’école supérieure technique quatre maîtrises distinctes en allemand, anglais, qui offrent aux étudiants la possibilité d’apprendre chinois, coréen, espagnol, français, japonais et dans un environnement pratique et directement russe : MA en traduction (MAT), MA en traduction et pertinent à la profession. Ainsi, la grande majorité interprétation (MATI), MA en interprétation de des enseignants sont des praticiens de la traduc- conférence (MACI) et MA en gestion de localisation. tion ou de l’interprétation, avant même d’être en- La GSTI est membre de la Conférence Internatio- seignants. Ils ont donc une bonne connaissance nale Permanente d’Instituts Universitaires de pratique du terrain sur lequel les futurs diplômés Traducteurs et Interprètes (CIUTI)2 depuis 1988. Elle seront appelés à évoluer. Cela présente l’avantage est également membre de l’American Translators As- de proposer des situations réelles de conférences sociation (ATA)3 et de la Fédération Internationale ou de traductions dans les salles de cours. Circuit • Automne 2007 des Traducteurs (FIT)4. Elle est aussi reconnue par l’Association Internationale des Interprètes de Le compagnonnage Conférence (AIIC)5 qui, dans une enquête menée en 2005, la place parmi les principaux établissements à l’ère d’Internet de formation d’interprètes de conférence dans le L’enseignement à la GSTI reproduit en quelque monde entier. sorte la réalité des professions. J’irai presque jusqu’à 14 C h r i s t i a n D e g u e l d re e s t p ro f e s s e u r à l ’ é c o l e s u p é r i e u re d e t ra d u c t i o n e t d ’ i n t e r p r é t a t i o n d u M o n t e re y I n s t i t u t e o f I n t e r n a t i o n a l St u d i e s e t d i re c t e u r d u c e r t i f i c a t a n g l a i s - e s p a g n o l e n t ra d u c t i o n e t i n t e r p r é t a t i o n d e l a S a n D i e g o St a t e U n i ve r s i t y.
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