RAPPORT SUR L'INDUSTRIE DE LA TRADUCTION JOHN WYCLIF LA RECONNAISSANCE DE LA PAROLE - MAGAZINE D'INFORMATION SUR LA LANGUE ET LA COMMUNICATION ...

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RAPPORT SUR L'INDUSTRIE DE LA TRADUCTION JOHN WYCLIF LA RECONNAISSANCE DE LA PAROLE - MAGAZINE D'INFORMATION SUR LA LANGUE ET LA COMMUNICATION ...
MAGAZINE D’INFORMATION SUR LA LANGUE ET LA COMMUNICATION                                                      Numéro 67 • Printemps 2000

                                                                                                                      www.otiaq.org

     R A P P O RT S U R L’ I N D U ST R I E D E L A T R A D U C T I O N   J O H N W YC L I F • L A R E CO N N A I S S A N C E D E L A PA R O L E
2021, rue Union, Bureau 1108
                                                              Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs
                                                                                                                                        Montréal (Québec) H3A 2S9
                                                                      et interprètes agréés du Québec
                                                                                                                                        Tél. : (514) 845-4411, téléc. : (514) 845-9903
                                                                                                                                        Courriel : otiaq@odyssee.net
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          Écrivez-nous                           Responsable du Secteur communications, OTIAQ                            Publicité
                                                 Micheline Simard                                                        Éric Arminjon, Agence Tournesol
                                                                                                                         Tél. : (514) 398-9838
                                                 Direction
    pour nous faire part                         Betty Cohen
                                                                                                                         Téléc. : (514) 398-9800
                                                                                                                         Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’attention de
                                                 Rédactrice en chef                                                      Circuit, sous format RTF, sur disquette ou par courrier électro-
                                                 Gloria Kearns                                                           nique.
  de vos commentaires.                                                                                                   Toute reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de l’auteur.
                                                 Rédaction                                                               La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais les opinions ex-
                                                 Manon Bergeron, Michel Buttiens (Des livres), Betty Cohen               primées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume aucune responsabilité
                                                                                                                         en ce qui concerne les annonces paraissant dans Circuit.
                                                 (Silhouette, Sur le vif ), Aline Francoeur (Des mots), Didier Lafond,
                                                 Solange Lapierre (Curiosités), Éric Poirier (Des revues), Wallace       © OTIAQ
                                                 Schwab (Des techniques)                                                 Dépôt légal - 1er trimestre 2000
       2021, rue Union, Bureau 1108                                                                                      Bibliothèque nationale du Québec
                                                                                                                         Bibliothèque nationale du Canada
                                                 Dossier
        Montréal (Québec) H3A 2S9                Betty Cohen
                                                                                                                         ISSN 0821-1876
                                                                                                                         Tarif d’abonnement
Tél. : (514) 845-4411, téléc. : (514) 845-9903
                                                 Ont collaboré à ce numéro                                               Membres de l’OTIAQ : abonnement gratuit
       Courriel : otiaq@odyssee.net              Georges L. Bastin, Julien Boulay, Pierre Cloutier, Margaret             Non-membres : 35 $ par année (40 $ à l’extérieur du Canada), TPS
                                                 Jackson, Lynne Leslie, Aline Manson, Marie-Ève Racette, Josh            incluse. Chèque ou mandat-poste à l’ordre de « Circuit OTIAQ »
      Site web : http://www.otiaq.org            Wallace                                                                 (voir adresse ci-dessus).
                                                 Direction artistique, éditique, prépresse et impression
                                                 Mardigrafe inc.                                                                      Deux fois lauréat du Prix de la meilleure publication
                                                                                                                                      nationale en traduction de la Fédération internatio-
                                                                                                                                      nale des traducteurs.

            PROGRAMME D’ASSURANCE POUR LES MEMBRES DE L’OTIAQ

               Une protection
                                                                                                                par un échange de
         incomplète se traduit
                                                                                                                mots avec l’assureur…
            immanquablement
      Profitez des protections de qualité qui vous sont offertes à prix de groupe :
      • assurances auto-habitation                              • assurance médicaments                                   • assurance juridique
      • assurances vie, accidents, salaire                      • assurance voyage                                        • assurance des entreprises

                           Pour obtenir une soumission gratuite, communiquez
                            sans tarder avec un conseiller de Dale-Parizeau LM,                                                                              OUR LES ME
                                                                                                                                                           UP
                                                                                                                                                                            MB
                                                                                                                                                  RAMME CONÇ

                                  le distributeur exclusif du programme.
                                                                                                                                                                              RES
                                                                                                                                                                                  DE L’OR

       Courtiers-conseils                                               Partout au Québec :
                                                                                                                                                OG

                                                                                                                                                                                         D

                                                                                                                                                                           RE
          en assurances                                                                                                                                   PR
          et protections
              financières                                               1 877 807-3756
                                                                        Visitez notre site : www.dplm.com
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bilingues, nous voilà industrie !                                                              N   O
                                                                                                       67         PRINTEMPS                   2000

                                                                                                       Dossier                                 4
                                                                                                       Pour la première fois, une étude
                   Betty Cohen, trad. a.                                                               de grande envergure nous
                                                                                                       donne une image exacte de ce
                                                                                                       que nous représentons dans
                                                                                                       l’économie canadienne. Les
                                                                                                       réactions à cette étude, et parti-
                J’ai toujours été très fière de faire partie d’une profession, avec ses exi-           culièrement à ses recommanda-
                                                                                                       tions, sont mitigées. Circuit a
                gences de qualité et de service, ses titres de noblesse, le caractère per-
                                                                                                       donc décidé de s’y intéresser,
sonnel des relations-clients, etc., un peu comme le serait un avocat, un notaire ou un mé-             en espérant susciter une ré-
                                                                                                       flexion, un débat ou une action.
decin. Me voilà aujourd’hui reléguée au rang de travailleur d’une industrie, avec
rentabilité et productivité à la clé et, pourquoi pas, travail à la chaîne.                            Sur le vif                              17
   Il est vrai que l’évolution du marché ne nous laisse pas grand choix, mais faut-il                  Jean-Paul Coty, l’un des plus
                                                                                                       fervents défenseurs de la pro-
pour autant abandonner la reconnaissance du Service professionnel avec un grand S ?                    fession, s’éteint ; les Échappées
                                                                                                       sur le futur.
Le Canada est reconnu depuis longtemps comme l’un des pays où la profession est le
mieux organisée. Nous sommes passés, en une trentaine d’années, de la secrétaire bi-                   Pages d’histoire                        18
lingue au traducteur indépendant servant une variété de clients, toujours les mêmes,                   Au XIV siècle, grâce à John
                                                                                                              e

                                                                                                       Wyclif, paraît la première
qui lui font confiance. Devons-nous, alors même que le besoin de traduction n’est plus                 version intégrale de la Bible
                                                                                                       en anglais.
vécu comme un mal nécessaire, mais comme un tremplin vers la mondialisation —
avec les galons gagnés au passage —, nous plier à toutes les exigences de rapidité et                  Des livres                              20
de qualité, sans essayer au moins de faire comprendre que, justement, rapidité et qua-                 Mordecai Richler en traduction :
                                                                                                       français d’ici vs langue du Vieux
lité vont rarement de pair, et encore moins avec bas prix ?                                            Continent ; rédiger et vulgariser
                                                                                                       les textes scientifiques ; CD-
   Où est passé le traducteur conseiller linguistique, spécialiste de la communication                 ROM : les outils d’aide à la ré-
interculturelle ? Ces grandes idées ont-elles complètement disparu, fondu comme                        daction de Termium ; les nou-
                                                                                                       veautés livres.
neige au soleil devant Internet, Trados, Systran et autres Déjà Vu ?
   Les aides informatiques à la traduction sont des innovations bienvenues qui nous                    Des revues                              26
aident beaucoup plus qu’elles nous menacent. Mais encore faut-il se les approprier et                  « Let it be » ; « Il me fait plaisir
                                                                                                       de… » ; « être stupéfait par… » ;
savoir s’en servir, c’est-à-dire, d’une part, arrêter de laisser nos clients les acheter à             le marketing du traducteur ; re-
                                                                                                       gard sur les Anglo-Québécois.
l’aveuglette, et les conseiller sur leurs achats ; d’autre part, utiliser nous-mêmes ces
outils à bon escient, pour offrir un service rapide et de qualité professionnelle. Cepen-              Curiosités                              28
dant, cela implique une transformation radicale, non pas des méthodes de travail, mais                 L’Allemagne a beau succomber
                                                                                                       aux anglicismes, ses propres
des esprits. Cela suppose que nous cessions nous-mêmes de voir notre métier comme                      mots se retrouvent aux quatre
                                                                                                       coins du globe.
un travail à la pièce, mais que nous le considérions comme un service global et intégré
que nous offrons à nos clients dans le cadre d’une relation à long terme.                              Des mots                                29
   Regarder notre marché dans sa globalité, c’est, en définitive, ce que nous propose                  Des ressources de qualité sur
                                                                                                       Internet pour les langagiers aux
le Rapport final du Comité sectoriel de l’industrie de la traduction, dont nous avons                  prises avec les difficultés de la
                                                                                                       langue française.
parlé à plusieurs reprises dans Circuit. Ce rapport est le résultat d’un travail exhaustif
et sérieux et mérite que l’on y réfléchisse individuellement et collectivement. C’est                  Des techniques                          30
pourquoi nous avons voulu, dans ce numéro de notre magazine, stimuler la réflexion et                  Les logiciels de reconnaissance
                                                                                                       de la parole : d’une efficacité
le débat en proposant les points de vue de quelques personnes choisies.                                variable selon la langue et
                                                                                                       l’accent.
DOSSIER               RAPPORT       SUR            L’ I N D U S T R I E                         DE         LA         TRADUCTION

                               Une première…
                               avec ses qualités et ses défauts

                                                                                                                           I
                                                                                                                                     l y a trois ans déjà, sur une initiative d’Industrie Canada, les
                                                                                                                                     associations de traducteurs, interprètes et terminologues, les
                                                                                                                                     concepteurs d’outils informatiques liés à la traduction, les
                                                                                                                           universités et le Bureau de la traduction du gouvernement fédéral
                                                                                                                           se réunissaient autour d’une même table afin, tout d’abord, de
                                                                                                                           mener une étude approfondie du secteur d’activité économique
                                                                                                                           que représentait la traduction au Canada ; ensuite, d’examiner les
                                                                                                                           moyens d’exporter nos services à l’étranger. De cette initiative est
                                                                                                                           né le Comité sectoriel de l’industrie canadienne de la traduction,
                                                                                                                           baptisé sur le modèle d’autres comités de même type.
                                                                                                                                 Ce comité, épaulé par Industrie Canada, Ressources humaines
                                                                                                                           Canada et le Bureau de la traduction, a donc fait faire, par un cabi-
                                                                                                                           net d’experts, une étude complète du marché couvrant à la fois la
                                                                                                                           demande de services, à savoir les entreprises clientes possédant
                                                                                                                           ou non un service de traduction interne, l’offre, c’est-à-dire les
                                                                                                                           fournisseurs de services de traduction et les concepteurs d’outils
                                                                                                                           informatiques et, enfin, la relève par les organismes de formation.
                                                                                                                           L’étude qui, à en juger par les rapports sectoriels1, a porté vérita-
                                                            blement sur l’ensemble du marché canadien, a fait l’objet d’un rapport2 comportant non moins de
                                par Betty Cohen, trad. a.
                                                            42 recommandations, de quoi satisfaire tout le monde et son père…
                                                                  Il est normal, lorsqu’une étude d’une telle envergure est menée pour la première fois, que l’on
                                                            veuille tout voir, tout traiter et tout dire. Et il faut accorder à ce travail un mérite qui lui revient in-
                                                            contestablement : celui de nous avoir enfin donné une image exacte de ce que nous représentons
                                                            dans l’économie canadienne. Mais d’aucuns pourraient lui reprocher, justement, de ratisser trop
                                                            large et de ne pas mieux cibler les objectifs en indiquant aussi les moyens d’y parvenir. Certains
                                                            pensent par ailleurs que l’on a fait dire à cette étude ce que l’on a voulu qu’elle dise. Mais n’est-
                                                            ce pas là le propre de n’importe quelle étude de ce genre ? Et il y a ceux qui pensent que cette
                                                            étude est une première étape vers la transformation de notre profession et son adaptation aux
                                                            nouvelles conditions d’un marché de plus en plus mondial. Ceux-là veulent donner suite au rap-
                                                            port et se plaignent de l’apathie régnante.
                                                                  Qui a raison ? Qui a tort ? Probablement personne et tout le monde à la fois. En ce qui nous
                                                            concerne, nous avons voulu, dans ce dossier, non pas refaire l’étude — loin s’en faut ! —, non pas
                                                            non plus la critiquer pour le plaisir, mais donner la parole à quelques personnes qui avaient leur
Circuit • Printemps 2000

                                                            mot à dire, en espérant susciter une réflexion, un débat ou, mieux, une action. Car, après tout,
                                                            nous sommes les premiers concernés, et il s’agit de notre avenir.

                                                            1 . Le s q u a t re ra p p o r t s s e c t o r i e l s s o n t d i s p o n i b l e s a u p r è s d e s a s s o c i a t i o n s p ro f e s s i o n n e l l e s m e m b re s d u C T I C . I l s s o n t
                                                                i n t i t u l é s E n q u ê t e a u p r è s d e s c l i e n t s , E n q u ê t e a u p r è s d e s f o u r n i s s e u r s , E n q u ê t e a u p r è s d e s o rg a n i s m e s d e f o r m a t i o n ,
                                                                E n q u ê t e a u p r è s d e s c o n c e p t e u r s d ’ o u t i l s d e t ra d u c t i o n .
                                                            2 . L’ i n d u s t r i e c a n a d i e n n e d e l a t ra d u c t i o n , s t ra t é g i e d e d é ve l o p p e m e n t d e s re s s o u rc e s h u m a i n e s e t d ’ e x p o r t a t i o n . H u l l ,
                                                                s e p t e m b re 1 9 9 9 , 1 1 2 p.
                                                                Le ra p p o r t e s t p u b l i é s u r l e s i t e d u C o m i t é à l ’ a d re s s e s u i va n t e : h t t p : / / w w w. i n d u s t r i e t ra d u c t i o n . c a
                           4
La traduction canadienne
              en                   mutation
A    près avoir mené en 1998 une étude sur le milieu,
     le Comité sectoriel de l’industrie canadienne de
la traduction publiait son rapport final, le 30 sep-
                                                                                                                   d’intégrer la technologie à la fonction traduction pour
                                                                                                                   assurer l’uniformité ou la diversité terminologique, lo-
                                                                                                                   caliser les contenus, réutiliser les documents ou systé-
                                                                                                                                                                                                                                    par Aline Manson, trad. a.

tembre 1999.                                                                                                       matiser la création de documents, par exemple.
                                                                                                                       Relève — Les traducteurs ne sont pas assez nom-
                                                                                                                   breux. Ont-ils aujourd’hui toutes les qualifications re-
Accord sur les constats, mais…                                                                                     quises ? Une nouvelle définition de la compétence
    Les conclusions et recommandations dégagées                                                                    s’impose, qui tiendra compte du nombre nécessaire
par le Comité ont été validées par les représentants                                                               de combinaisons linguistiques à maîtriser, des con-
du domaine et constituent la stratégie de développe-                                                               naissances des outils technologiques à détenir et de
ment et d’exportation de l’industrie canadienne de la                                                              la capacité de gérer des projets.
traduction ainsi que la stratégie de développement                                                                     Traduction et contenu — La traduction se redéfinit
des ressources humaines.                                                                                           comme partie intégrante de la création des docu-
                                                                                                                   ments et des contenus ; elle s’intégrera dans l’envi-
                                                                                                                   ronnement auteur. La traduction et le multimédia ; la
… perceptions différentes                                                                                          traduction et le plurimédia sont de nouvelles réalités.
quant à l’urgence d’agir
    Toutefois, s’ils s’accordent sur les constats, les
divers intervenants ne ressentent pas tous le même
                                                                                                                   Un point de convergence :
sentiment d’urgence concernant la mise en œuvre des                                                                l’action concertée
recommandations du rapport. Cette divergence d’opi-                                                                    Chacun des groupes d’intervenants a besoin des
nions s’explique par le fait que le travail ne manque                                                              autres :
pas en langues officielles et que peu ont senti la                                                                 • pour échanger de l’information ;
menace des grandes entreprises étrangères qui ob-                                                                  • pour intégrer les meilleures pratiques dans son
tiennent les nouveaux contrats de traduction. Pour-                                                                   propre exercice de la profession ;
tant, en raison de la faiblesse des marges bénéfi-                                                                 • pour préserver la viabilité de l’industrie de la tra-
ciaires dans le secteur privé et de l’ampleur des                                                                     duction au Canada et lui permettre d’accéder à une
exigences d’efficacité dans le secteur public, les                                                                    situation d’épanouissement qui se crée actuelle-
investissements dans l’avenir sont timides, qu’il                                                                     ment ailleurs ;
s’agisse de relève ou de technologie. De plus, le chan-                                                            • pour avoir une force d’action malgré la fragmenta-
gement s’implante lentement dans le milieu universi-                                                                  tion de ce secteur économique — ni l’individu seul,
taire, en raison des contraintes financières et de la                                                                 ni la petite entreprise ne peut prendre des mesures
lourdeur du processus de création des programmes.                                                                     à long terme et accéder à la maturité économique ;
Quant aux outils d’aide à la traduction et de traduc-                                                              • pour mettre en œuvre les nouvelles alliances
tion automatique, il sont peu connus, mal évalués et                                                                  du monde économique moderne (public-privé, con-
considérés comme difficiles à intégrer dans des opé-                                                                  currence-partenariat, travail-étude, rentabilité-
rations courantes.                                                                                                    entreprise apprenante, traduction-localisation) ;
                                                                                                                   • pour promouvoir la profession et le secteur écono-
                                                                                                                      mique que représente la traduction.
Quatre impératifs et                                                                                                   La question n’est plus de savoir qui, du privé ou du
quatre axes d’action                                                                                               public, l’emportera sur un marché, si l’on fonctionne
    Multilinguisme — C’est le nouveau mot d’ordre de                                                               dans un cadre de sous-traitance ou de partenariat, si
la traduction, mondialisation oblige. Pour offrir des                                                              la traduction englobe la localisation ou si c’est le con-
services multilingues indispensables pour l’exporta-                                                               traire. Il faut plutôt constater que toutes ces situations
tion, le milieu de la traduction devra s’associer à                                                                existent et que les acteurs jouent tous les rôles consé-
d’autres professionnels dans le monde ou tout perdre                                                               cutivement ou parfois simultanément. Ce n’est pour-
(les exportateurs canadiens font déjà traduire leurs                                                               tant pas la pagaille ! C’est une économie en mouve-
                                                                                                                                                                                                                                                                     Circuit • Printemps 2000

documents ou localiser leurs logiciels dans d’autres                                                               ment dont les acteurs compétents sont prêts à jouer
pays). Les traducteurs seront-ils des chefs de projet                                                              ensemble. Cela exige un engagement personnel et
ou des sous-traitants de compagnies multinationales                                                                conjoint de tous les acteurs, non seulement au niveau
de traduction ?                                                                                                    de la réflexion commune, mais aussi de l’action com-
    Technologie — Sous la pression des clients, il faut                                                            mune et de l’investissement financier. L’association-
offrir qualité et vitesse ; il faut donc trouver les moyens                                                        réseau devrait être le lieu de l’action concertée.
                                                                                                                                                                                                                                                                 5
Al i n e M a n s o n e s t c h a rg é e d e c o m p t e s c l i e n t s a u B u re a u d e l a t ra d u c t i o n . E l l e a a g i c o m m e g e s t i o n n a i re d e p ro j e t p o u r l e C o m i t é s e c t o r i e l d e
l ’ i n d u s t r i e c a n a d i e n n e d e l a t ra d u c t i o n , d e s e p t e m b re 1 9 9 8 à j u i n 1 9 9 9 .
DOSSIER   RAPPORT   SUR      L’ I N D U S T R I E      DE     LA     TRADUCTION

                                                     Les recommandations
                                              N     ous renvoyons nos lecteurs au rapport intitulé
                                                    L’industrie canadienne de la traduction — Stra-
                                              tégie de développement des ressources humaines et
                                                                                                           11
                                                                                                           Appuyer l’initiative d’un regroupement des forces
                                                                                                           vives dans le domaine de la linguistique informatique,
                                                                                                           y compris la recherche en traitement automatique des
                                              d’exportation, disponible sur Internet à l’adresse           langues naturelles et en outils d’aide à la traduction.
                                              www.industrietraduction.ca. Toutefois, pour faciliter
                                              la lecture de nos articles, nous donnons ici, briève-
                                              ment, les 42 recommandations.
                                                                                                           Étudier la possibilité de mettre en place un méca-
                                                                                                                                                             12
                                                                                                           nisme d’information sur les outils d’aide à la traduc-
                                                                                                           tion et sur la traduction automatique.

                                              1
                                              Créer une association-réseau des intervenants de l’in-
                                              dustrie de la traduction.
                                                                                                           13
                                                                                                           Renforcer, dans les conférences des associations, la
                                                                                                           présentation des outils d’aide à la traduction et de la
                                                                                                           traduction automatique.

                                                                                                   2
                                              Sensibiliser les instances gouvernementales et les en-
                                              treprises privées au besoin d’utiliser des fournisseurs                                                        14
                                                                                                           Sensibiliser les intervenants à la formation de parte-
                                                                                                           nariats avec des entreprises américaines.
                                              qualifiés ; sensibiliser les acheteurs de services de
                                              traduction aux normes de qualité canadiennes et les
                                              incorporer aux appels d’offres.
                                                                                                           15
                                                                                                           Promouvoir l’industrie canadienne de la traduction
                                                                                                           dans les missions d’Équipe Canada.

                                              3                                                                                                              16
                                                                                                           Encourager la création de répertoires électroniques
                                              Sensibiliser l’industrie à l’importance du facteur taille,   des services offerts par les cabinets et les travailleurs
                                              compte tenu de l’évolution mondiale des entreprises.         autonomes au Canada.

                                                                                                           17
                                              Encourager des alliances, des regroupements (formels
                                                                                                           Aider les travailleurs autonomes à vendre efficace-
                                              ou virtuels) entre cabinets ou travailleurs autonomes
                                                                                                           ment leurs services à des cabinets étrangers.
                                              canadiens afin de créer des masses critiques sur le
                                              plan financier ou au niveau des spécialités sectorielles.

                                                                                                   4 19
                                              Inviter les interprètes à mieux faire connaître leurs do-
                                              maines de compétence respectifs (interprètes de confé-
                                                                                                           auprès des filiales étrangères au Canada.     18
                                                                                                           Promouvoir les capacités canadiennes de traduction

                                                                                                           Développer la capacité de gérer au Canada la de-
                                              rence, judiciaires ou communautaires) et à réfléchir aux     mande de traduction et d’interprétation multilingues.
                                              moyens qui leur permettraient de mieux s’adapter aux
                                              exigences d’une économie de marché, notamment en
                                              investissant dans des stratégies d’information, de visi-
                                                                                                                                                         20
                                                                                                           En collaboration avec les responsables de banques de
                                                                                                           terminologie canadiennes (TERMIUM®, le Grand dic-
                                                                                                           tionnaire terminologique), analyser les possibilités
                                              bilité et de promotion de leur profession.                   d’ajouter d’autres langues.

                                              5
                                              Compte tenu des nouvelles réalités mondiales qui ren-
                                              dent souhaitable un renforcement de l’industrie de la
                                              traduction, mettre en place des mécanismes de colla-
                                                                                                           21
                                                                                                           Encourager les concepteurs d’outils d’aide à dé-
                                                                                                           velopper, seuls ou en partenariat avec des en-
                                                                                                           treprises étrangères, leurs produits en d’autres
                                              boration entre le Bureau de la traduction et l’industrie.    langues.

                                              grandes compagnies de traduction américaines et
                                              européennes.
                                                                                                   6
                                              Inventorier et diffuser les « meilleures pratiques » des
                                                                                                                                                         22
                                                                                                           Créer un groupe de travail visant la mise au point de
                                                                                                           normes dans le domaine des métadonnées destinées
                                                                                                           à la documentation multilingue.

                                              7
                                              Sensibiliser les bailleurs de fonds, les banquiers et les
                                              sociétés de capital de risque au potentiel de l’indus-       23
                                                                                                           Créer un mécanisme d’échanges Est-Ouest canadiens
                                                                                                           dans l’élaboration d’une industrie multilingue.

                                                                                                                                                         24
                                              trie pour faciliter l’accès des entreprises de traduction    Explorer la formation de partenariats publics-privés
                                              aux capitaux privés.                                         pour viser les marchés des organisations internatio-

                                                                                                  8 25
                                              Promouvoir l’importance pour l’industrie d’évoluer de        nales.
                                              la traduction conventionnelle vers des services à plus

                                                                                                                                                         26
                                                                                                           Créer un groupe de travail sur la localisation.
                                              forte valeur ajoutée ou vers des secteurs en forte
                                                                                                           Créer un groupe de travail sur le marché de la traduc-
                                              croissance.

                                              9                                                     27
                                                                                                           tion technique.
                                              Promouvoir l’adoption d’une politique canadienne de
                                                                                                           Créer un groupe de travail sur les guichets uniques.
                                              soutien à la R & D dans le domaine linguistique sur la
                                              base de ce que font d’autres pays. Faire reconnaître
                                              les entreprises d’OAT-TA comme secteur de recherche.                                                       28
                                                                                                           Sensibiliser les universités canadiennes ayant un dé-
                                                                                                           partement d’enseignement de la traduction au poten-
Circuit • Printemps 2000

                                                                                               10
                                              Promouvoir auprès des intervenants de l’industrie les
                                              programmes gouvernementaux d’aide technique et
                                                                                                           tiel de l’industrie et à l’importance de maintenir des
                                                                                                           programmes de formation de haute qualité.
                                              de soutien au développement de leur entreprise.
                                                                                                           29
                                                                                                           Sensibiliser les responsables de l’application des
                                                                                                           langues officielles au Canada à l’importance de soute-
                                                                                                           nir financièrement le développement de ressources
                                                                                                           humaines compétentes.

                           6
30 37
Appuyer les associations professionnelles dans le
maintien, le développement et la promotion de pro-
grammes de perfectionnement de qualité.
                                                           Créer un groupe de travail composé de représentants
                                                           universitaires et de membres de l’industrie concernés
                                                           afin d’évaluer la nature et l’ampleur de ces nouveaux

31
Trouver des moyens efficaces (stages de perfectionne-
ment, formation spécialisée) pour assurer le perfec-
tionnement de la main-d’œuvre existante afin de pallier
                                                           besoins émergents, notamment en linguistique infor-
                                                           matique et en traitement automatique des langues
                                                           naturelles.
la pénurie de travailleurs expérimentés.

                                              32
Fournir, sur le site Web des associations profession-
nelles, des listes à jour de cours existants dans des
                                                                                                          38
                                                           Tenir à jour les programmes de formation et de perfec-
                                                           tionnement en y intégrant les domaines de pointe
                                                           comme la localisation, les outils informatiques d’aide
domaines pertinents ainsi qu’un répertoire des res-        à la traduction et la gestion de projets en traduction.
sources d’enseignement par spécialité et par université.   Créer les programmes et les cours requis par les be-

33
                                                           soins évolutifs de l’industrie.

                                                           39
Mettre sur pied un groupe de travail dont l’objectif
sera de proposer des avenues pour favoriser l’entrée       Accroître et promouvoir les cours de traduction et
                                                           d’interprétation dans des langues étrangères ciblées

                                              34
des nouveaux diplômés sur le marché du travail.
                                                           en fonction des besoins des régions. Encourager les
Créer des mécanismes formels de consultation univer-
                                                           transferts de compétences traductionnelles des
sités-employeurs.

35
                                                           langues officielles à d’autres langues.

                                                                                                          40
Lancer un programme de sensibilisation sur la profes-
                                                           Encourager les ententes entre universités canadiennes
sion de traducteur/interprète et sur les besoins de
                                                           et étrangères et accroître les échanges d’étudiants.

                                                           41
l’industrie canadienne auprès des étudiants, des
orienteurs, des entreprises en général.                    Encourager les interprètes en exercice à acquérir la

                                              36
                                                           maîtrise active d’une langue ou d’une combinaison de
Solliciter des commandites auprès de grandes entre-
                                                           langues de travail supplémentaire.

                                                                                                          42
prises consommatrices de traduction pour financer
les programmes de traduction/interprétation ou             Promouvoir les perspectives de carrière en traduc-
l’achat d’outils d’aide à la traduction.                   tion auprès des groupes ethniques demeurant au
                                                           Canada.

       Qui trop embrasse
       mal étreint
S    elon un spécialiste des études de marché que
     nous avons consulté, le rapport sur l’industrie ca-
nadienne de la traduction manque effectivement de
                                                               D’autres recommandations sont par ailleurs in-
                                                           complètes : « promouvoir l’adoption d’une politique
                                                           canadienne de soutien à la recherche-développement
concision. Voici ses propres paroles : « Manifeste-        dans le domaine linguistique » est certes louable ;
ment, le consultant a tenté de plaire à tous avec ses      encore faudrait-il préciser sur quoi devrait porter la re-
quarante-deux recommandations, alors que le défi           cherche. Informatique ? Traductologie ? Les deux ?
était d’établir des priorités pour en arriver à une con-       En revanche, des questions réelles sur l’évolution
centration des efforts ». Il reproche également le trop    du marché manquent à l’appel. Toujours selon notre
grand nombre de recommandations « bateau », no-            spécialiste, l’étude n’a pas posé de question de fond
tamment celles qui concernent l’établissement d’asso-      sur les raisons pour lesquelles certaines personnes
ciations et de groupes de travail ou la sensibilisation    ont quitté la profession ou sur la stagnation des tarifs
d’un groupe ou un autre. Selon lui, un tel rapport de-     depuis plus de 10 ans au Canada, alors que ceux-ci ont
vrait, au contraire, proposer des solutions ou des         augmenté aux États-Unis. Rien n’est dit non plus, mis
axes concrets. « On aimerait savoir, affirme-t-il, com-    à part les chiffres, sur la compétitivité véritable des
                                                                                                                            Circuit • Printemps 2000

ment convaincre les grandes entreprises consomma-          tarifs canadiens à l’échelle mondiale. Une telle ana-
trices de traduction de financer les programmes de         lyse semble pourtant indispensable si l’objectif est
formation, ou comment sensibiliser les banquiers au        d’exporter les services canadiens à l’étranger.
potentiel de l’industrie. On aimerait également savoir                                                          B. C.
comment sera financée l’association-réseau des inter-
venants de l’industrie de la traduction. »
                                                                                                                        7
DOSSIER               RAPPORT              SUR      L’ I N D U S T R I E       DE     LA    TRADUCTION

                                                                              Associations
                                                                              professionnelles :
                                                                              deux poids, deux mesures
                               Selon leur taille,                      L    es associations professionnelles de petite taille,
                                                                            notamment celles de l’Est du Canada, se sentent
                                                                       peu concernées par l’étude du Comité sectoriel sur
                                                                                                                                     entre les plus grandes associations et les grands
                                                                                                                                     joueurs de l’industrie ». On accueille cependant avec
                                                                                                                                     grand intérêt l’établissement de normes de qualité
                               les associations                        l’industrie de la traduction. Leurs membres disent en
                                                                       effet avoir plus de travail qu’ils n’en demandent et
                                                                                                                                     pertinentes, la diffusion d’information sur les outils
                                                                                                                                     d’aide à la traduction et la traduction automatique et
                               professionnelles                        vont parfois chercher de l’aide dans les autres pro-          la promotion de la profession, à condition que l’on

                               de traducteurs,                         vinces du Canada. Cette réalité semble partagée par
                                                                       certains membres des associations plus importantes.
                                                                                                                                     prévoie un soutien pour les petites.
                                                                                                                                          Les deux plus grandes associations du Canada, à
                               terminologues                           Au Québec, notamment, si les jeunes voient l’action           savoir celles de l’Ontario et du Québec, sont plus ou-
                                                                       du Comité comme une ouverture sur le monde qui ne             vertes à la création de cette association-réseau. Elles
                               et interprètes                          peut avoir que des retombées positives, les moins             craignent toutefois que la mission trop étoffée que
                               des diverses                            jeunes se reconnaissent dans les données, mais ne             l’on veut lui donner n’aboutisse à une dispersion des
                                                                       sont pas prêts, souvent par manque de temps, à faire          efforts. Selon Marie Gouin, présidente de l’OTIAQ, il
                               provinces ne                            un effort dans le sens demandé. Il ressort en fait de         serait préférable d’établir des priorités et des objectifs
                               réagissent                              ces réactions ce qui se dit depuis la publication du
                                                                       rapport : les traducteurs canadiens ont un marché in-
                                                                                                                                     mieux ciblés afin de garantir leur réalisation. Les prio-
                                                                                                                                     rités qu’elle suggère sont la promotion de l’industrie
                               pas de la même                          térieur qui les occupe et leur suffit, et ils ne voient pas   d’une part et, d’autre part, un rôle de veille de l’évolu-
                                                                       la nécessité d’aller ailleurs. Perçoivent-ils la menace       tion du marché mondial de la traduction. Les deux
                               façon aux                               des traducteurs extérieurs qui offrent leurs services         grandes associations préfèrent par ailleurs laisser aux
                               recommandations                         par Internet ? Apparemment non, et l’avènement d’In-          provinces le volet touchant aux normes de qualité.
                                                                       ternet ne semble pas avoir changé leur vie, si ce n’est       Cela est compréhensible de la part de l’OTIAQ, qui
                               du rapport.                             les échéances plus courtes qu’on leur accorde.                doit obéir aux règles du Code des professions du
                                                                                                                                     Québec, et l’ATIO2 semble pencher dans le même sens
                                                                                                                                     selon Fabrice Cadieux, président. Son vœu est que le
                                 par Betty Cohen, trad. a.             L’association-réseau : utile, certes,                         rôle de conseil et de gardien du professionnalisme
                                                                       mais tout dépend                                              soit assuré par le CTIC3, donc par les associations pro-
                                                                          La recommandation no 1 concernant la création              fessionnelles. On estime en effet que ces dernières
                                                                      d’une association-réseau des intervenants de l’indus-          sont les mieux placées pour établir et garantir les
                                                                      trie de la traduction est perçue différemment par les          normes de qualité puisqu’elles le font déjà et que cela
                                                                      associations provinciales selon leur taille et les res-        fait partie de leur mission première.

                               O
                                                                                                sources dont elles dispo-
                                                                                                sent. Celles que nous appe-
                                                                                                lons les petites associations,
                                                                                                                                     Le perfectionnement, souhaitable
                                                                                                notamment celles de la Nou-          mais difficile
                                                             n estime en effet
                                                                                                velle-Écosse et du Nouveau-              Le perfectionnement des professionnels en exer-
                                                             que [les associations              Brunswick, voient certes en          cice, qui fait l’objet de la recommandation 30, est un
                                                             professionnelles]                  cette nouvelle association-          problème connu des associations et fait également
                                                                                                réseau une possibilité de            partie de leurs priorités. Cependant, les moyens sont
                                                             sont les mieux                     réunir les efforts pour pro-         différents, là encore, d’une province à l’autre. Alors
                                                             placées pour établir               mouvoir la profession, mais          que l’OTIAQ, par exemple, organise depuis de nom-
                                                                                                discernent également une             breuses années des cours de perfectionnement pour
                                                             et garantir les
                                                                                                menace d’éparpillement des           ses membres, les petites associations ont plus de
                                                             normes de qualité                  forces déjà peu nombreuses           mal, par manque de ressources, à répondre à ce
Circuit • Printemps 2000

                                                             puisqu’elles le font               dont elles disposent. Elles          besoin. Elles disposent certes des cours dispensés
                                                                                                craignent par ailleurs, selon        par le Bureau de la traduction, mais ces cours sont of-
                                                             déjà et que cela
                                                                                                les termes de Sylvain Filion,        ferts au prix fort, auquel s’ajoute la perte d’une jour-
                                                             fait partie de leur                de l’ATINE1, « que les petites       née de travail pour le traducteur indépendant. On pro-
                                                             mission première.                  associations   et leurs mem-         pose par conséquent des partenariats avec les
                                                                                                bres se trouvent “coincés”           universités ou encore avec les associations qui dis-

                           8
Comme les convoyeurs,
                                                                                                                     les dirigeants de
                                                                                                                     cabinets attendent
pensent des cours à leurs membres. Les nouvelles
techniques permettraient notamment des cours par
téléconférence.
                                                                                                       P     our les dirigeants de cabinets de traduction, le
                                                                                                             grand intérêt du Rapport final du Comité sectoriel
                                                                                                       de l’industrie canadienne de la traduction semble être
                                                                                                       la lumière qu’il jette sur un secteur où prévaut généra-                                                           Perçu par les
L’encadrement de la relève,                                                                            lement un flou artistique ; ils y ont notamment vu la
                                                                                                       possibilité de se situer par rapport à l’ensemble du
                                                                                                                                                                                                                          dirigeants de
le talon d’Achille                                                                                     marché. En effet, si, pour certains, l’appartenance à la                                                           cabinets de
    L’encadrement de la relève semble le problème le
plus épineux au sein des associations profession-
                                                                                                       « poignée » de grands cabinets au Canada ne faisait
                                                                                                       aucun doute, d’autres ont été surpris de constater que
                                                                                                                                                                                                                          traduction comme
nelles. On ne dispose, en effet, d’aucun mécanisme                                                     leur chiffre d’affaires les classait dans cette catégorie.                                                         un projet
d’encadrement systématique de la relève, et le                                                         Rien d’étonnant à cela puisque, concurrence oblige,
manque est cruel. On ne voit pas non plus comment ré-                                                  l’information circule peu entre les entreprises spéciali-                                                          ambitieux, le
soudre le problème, à moins de recourir, une fois de                                                   sées en traduction et que tout ce qui concerne les                                                                 Rapport final du
plus, au Bureau de la traduction ou aux services in-                                                   tarifs, les salaires et les avantages sociaux, entre
ternes des grandes entreprises. Comment, autrement,                                                    autres éléments, demeure un sujet tabou.                                                                           Comité sectoriel
demander à un traducteur indépendant déjà débordé
ou à un cabinet dont les marges bénéficiaires sont mi-
                                                                                                            Cette étude a donc permis de mettre au jour
                                                                                                       quelques-uns des grands secrets entourant l’aspect
                                                                                                                                                                                                                          de l’industrie
nimes d’accepter un stagiaire et de l’encadrer. Des                                                    commercial de la traduction : les tarifs moyens prati-                                                             canadienne de la
éléments de solution apparaissent toutefois, notam-                                                    qués par les cabinets, notamment, mais aussi les
ment dans les programmes coopératifs des universi-                                                     marges bénéficiaires brutes et même l’existence d’une
                                                                                                                                                                                                                          traduction
tés ou dans des initiatives comme le cabinet de tra-                                                   association regroupant les cabinets de traduction.                                                                 contient des
duction étudiant Langulaire à Québec. L’OTIAQ
travaille par ailleurs à la mise en place d’un pro-                                                                                                                                                                       statistiques
                                                                                                       Créer une association-réseau
gramme de mentorat pour les nouveaux diplômés.
Mais il reste que ces initiatives sont loin de suffire et                                              des intervenants de l’industrie                                                                                    intéressantes sur
que l’action devrait être plus globale et concertée.                                                       La création d’une association-réseau des interve-                                                              nos professions,
                                                                                                       nants de l’industrie de la traduction se heurterait à un
                                                                                                       obstacle de taille : l’absence d’une tradition de colla-
                                                                                                                                                                                                                          mais déroute par
Une initiative bienvenue,
quoi qu’il en soit
                                                                                                       boration et d’esprit de partage entre cabinets. Cer-                                                               la diversité de ses
                                                                                                       tains ont encore en mémoire les difficultés rencon-
    Le rapport dans son ensemble et le travail du                                                      trées lors de l’apparition des premières bases de                                                                  recommandations.
Comité sectoriel ont néanmoins été bien reçus, ne                                                      données terminologiques. Se fondant sur des critères
serait-ce que par l’information qu’ils apportent. Les                                                  de non-divulgation de propriété intellectuelle, nombre                                                              par Michel Buttiens, trad. a.
grandes associations insistent sur le fait qu’ils ne                                                   de représentants de services internes s’étaient alors
constituent qu’un début et que la profession doit à                                                    montrés très réticents à mettre en commun les don-
présent se prendre en main et agir, forte de l’informa-                                                nées terminologiques recueillies au sein de leur entre-
tion dont elle dispose. Comment et avec quels                                                          prise. On peut douter que cet esprit de clocher ait dis-
moyens ? Tout est là. Le Bureau de la traduction a                                                     paru à présent que les grandes entreprises ont
poursuivi les travaux et dégagé des fonds pour étu-                                                    externalisé leurs services linguistiques et que les cabi-
dier les divers moyens d’y donner suite. Les résultats                                                 nets ont pris la relève.
ne sont pas encore connus, mais il est certain que                                                         Certains objectifs de ce genre d’association appa-
rien ne sera fait si les associations et leurs membres                                                 raissent malgré tout louables. L’instauration de normes
ne participent pas à ce débat et ne se reconnaissent                                                   de qualité pour les travaux exécutés par les cabinets,
                                                                                                                                                                                                                                                               Circuit • Printemps 2000

pas dans les enjeux qu’il soulève.                                                                     par exemple, serait accueillie de façon très favorable. Il
1 . A s s o c i a t i o n d e s t ra d u c t e u r s e t i n t e r p r è t e s d e N o u ve l l e -    en va de même de la promotion, auprès des clientèles
    Écosse                                                                                             cibles, des différentes compétences et professions.
2 . A s s o c i a t i o n d e s t ra d u c t e u r s e t i n t e r p r è t e s d e l ’ O n t a r i o
3 . C o n s e i l d e s t ra d u c t e u r s e t i n t e r p r è t e s d u C a n a d a                 Cette mesure pourrait permettre de mener à bien une
                                                                                                       éducation de la clientèle dont nos professions sem-
                                                                                                       blent avoir grand besoin. En effet, comme il n’existe
                                                                                                                                                                                                                                                           9
                                                                                                       M i c h e l B u t t i e n s e xe rc e s a p ro f e s s i o n d e r é d a c t e u r- t ra d u c t e u r t e c h -
                                                                                                       n i q u e e t l i t t é ra i re s o u s l a ra i s o n s o c i a l e d e Tra d u l i t e c h .
DOSSIER   RAPPORT   SUR     L’ I N D U S T R I E      DE     LA    TRADUCTION

                                               pas actuellement de forum clients-fournisseurs de ser-      Dans le sillage de l’ALÉNA
                                               vices de traduction, les dirigeants de cabinets se heur-        Les partenariats avec des entreprises américaines,
                                               tent fréquemment, auprès de leurs clients canadiens,        qui font l’objet d’une recommandation distincte du
                                               à un problème de méconnaissance profonde de la              Rapport, sont envisageables à condition que les par-
                                               nature de leur travail. Si l’on envisage l’éducation de     tenaires aient des objectifs communs. Le principal
                                               la clientèle à l’échelle mondiale, il va sans dire que la   obstacle à l’instauration de partenariats de ce type
                                               question de la méconnaissance de nos professions se         semble résider dans le niveau des tarifs. En effet, con-
                                               compliquera davantage en raison des différences cul-        trairement aux résultats figurant dans le Rapport, les
                                               turelles entre les clients potentiels.                      dirigeants de cabinets demeurent convaincus qu’il
                                                   Mis à part des mesures qui semblent relativement        existe un écart important entre les tarifs pratiqués aux
                                               faciles à mettre en place — l’instauration de liens         États-Unis et au Canada. S’agit-il là d’une perception
                                               entre les différents sites Web des organismes du do-        dépassée dont la nouvelle donne qui semble voir le
                                               maine de la traduction, par exemple —, les autres           jour au sud de la frontière canado-américaine finira
                                               moyens proposés draineraient des ressources dont la         par avoir raison ? C’est certes un dossier que les diri-
                                               provenance demeure actuellement incertaine.                 geants de cabinets canadiens suivront avec attention.

                                               À l’ère des regroupements                                   Gérer des projets multilingues
                                                   Les rédacteurs du Rapport ont réagi à la vague de           Les revenus de la plupart des cabinets, petits et
                                               regroupements qui a commencé à déferler sur le sec-         grands, proviennent principalement des combinaisons
                                               teur mondial de la traduction, comme sur bien               anglais-français et français-anglais. Toutefois, on note
                                               d’autres d’ailleurs. Les dirigeants de cabinets sont-ils    une hausse de la demande dans d’autres langues,
                                               prêts à envisager d’unir leurs forces « afin de créer       principalement l’espagnol, et les dirigeants de cabi-
                                               des masses critiques sur le plan financier ou au            nets s’efforcent de la satisfaire, souvent en utilisant
                                               niveau des spécialités sectorielles » ? Le tout semble      des ressources locales. Même si l’apparition de nou-
                                               être une question de vision d’entreprise. Certains ca-      velles technologies semble avoir aboli les frontières,
                                               binets ont, à n’en pas douter, des visées mondiales.        on constate, dans la pratique quotidienne, que ces
                                               D’autres préfèrent se concentrer sur un marché local        frontières subsistent. La gestion de travaux exécutés
                                               suffisamment important tout en demeurant ouverts à          en dehors des frontières canadiennes ne va pas sans
                                               des partenariats ponctuels.                                 difficultés, liées notamment aux tarifs, à la conversion
                                                   Se pose alors la question du choix du partenaire,       des devises et à la facturation, mais aussi aux habi-
                                               et le critère de qualité est, aux yeux de certains, le      tudes de travail et à la culture. Pour toutes ces rai-
                                               premier à prendre en ligne de compte. Pour les diri-        sons, les dirigeants des cabinets canadiens aux visées
                                               geants de cabinets d’envergure mondiale, la question        locales demeurent réfractaires à l’idée de faire appel à
                                               du partenariat ne se pose pas : ils disposent de res-       des fournisseurs installés à l’étranger. La situation est
                                               sources suffisantes dans leurs différents bureaux           bien différente, on s’en doute, au sein des entreprises
                                               pour absorber les plus forts volumes et, au besoin,         déjà bien établies sur la scène mondiale.
                                               créent des équipes ad hoc. Les cabinets aux visées
                                               plus locales n’ont cependant pas accès à ce genre de
                                               ressources… ou ne les ont pas encore explorées.
                                                                                                           En attendant la suite
                                                                                                               Si le Rapport final du Comité sectoriel de l’indus-
                                                                                                           trie canadienne de la traduction a donc suscité un cer-
                                                                                                           tain intérêt auprès des dirigeants de cabinets, on
                                                                                                           constate un scepticisme manifeste face à ses princi-
                                                                                                           pales recommandations. L’impression très nette qui
                                                                                                           se dégage de cette consultation est que, comme les
                                                                                                           convoyeurs, les dirigeants de cabinets attendent.
Circuit • Printemps 2000

                           10
Traducteurs indépendants :

                                                                                                                            U
        small    is beautiful
L    es réactions des traducteurs indépendants que
     nous avons interrogés sur le rapport rejoignent
plus ou moins celles des autres groupes, à cela près
                                                               large suppliers in some instances, and small special-
                                                               ized suppliers in others.”
                                                                   « Un réseau pourrait effectivement être souhai-
                                                                                                                                  n réseau pourrait
                                                                                                                                 effectivement être
qu’ils ne croient pas à l’association-réseau, superstruc-      table, mais il faudra pour cela développer l’esprit de           souhaitable, mais il
ture qui, selon eux viendra s’ajouter à une structure          leadership et d’entrepreneurship chez les traducteurs.»             faudra pour cela
déjà lourde et en panne de ressources (nous avons                  « Pour qui se soucie de l’avenir de la traduction et
                                                                                                                              développer l’esprit de
nommé les associations provinciales et le CTIC). Il est        des jeunes générations de traducteurs, je crois que ce
également étonnant de constater que l’expression « Big         rapport est important. Il fait le point. Il rassemble                  leadership et
Brother » revient souvent dans ces commentaires. Voici         toutes les constatations du milieu… C’est un travail gi-     d’entrepreneurship chez
quelques extraits des témoignages reçus :                      gantesque, et les gens qui ont participé à sa prépara-
                                                                                                                                   les traducteurs.
    « … compte tenu que je viens du Québec qui                 tion méritent nos félicitations. »
souffre de “structurite aiguë”, je ne suis pas très                « Une telle association, si elle devait exister, de-
chaud à l’idée d’une autre association qui chapeautera         vrait selon moi émaner du CTIC… Pourquoi ne serait-il
les associations existantes pour le bien de toutes. »          pas le parrain de telles initiatives qui seraient alors
    « À une époque pourtant pas si lointaine, on disait        plus ou moins sous le contrôle des associations pro-
“small is beautiful”. Mais depuis un certain temps,            vinciales, donc de la base, donc des professionnels re-
toutes les grenouilles veulent devenir des bœufs. Il           connus comme tels ? »
faudrait sans doute relire La Fontaine avant d’entrer              « Je me sens mal à l’aise dans les grands en-
dans l’arène et de se faire égorger dans la grande cor-        sembles étouffants où l’individu devient un pion, un
rida universelle. »                                            numéro ou un esclave remplaçable à volonté s’il
    “I am dismayed to learn that yet again, the so-            refuse de se plier au diktat de Big Brother. »
called ‘leaders’ in our industry have adopted a one-               « Il se dégage de ces recommandations un senti-
size-fits-all approach, and that size is BIG.”                 ment d’urgence et de pression qui laisse penser que
    “The large players in the industry are apparently          l’indépendant sera au service d’une grosse machine à
blinded, by their own aggrandize self-image, to the            la recherche d’une production maximale au meilleur
basic reality of any market: there are small and large         coût. »
clients, whose specific needs may best be served by

        Cinéma et littérature
        aux oubliettes
T    rès complet, le Rapport final du Comité sectoriel de
     l’industrie canadienne de la traduction n’en a pas
moins laissé carrément de côté une facette de notre
                                                               Canada — seul élément véritablement quantifiable
                                                               dans ce domaine — ne dépasse pas le million de dol-
                                                               lars. Mais il existe bien des traducteurs littéraires au
profession qui compte parmi les plus visibles auprès du        Canada ; nous en avons rencontrés.
grand public : je veux parler de la traduction pour les in-         De plus, les traducteurs littéraires canadiens font,
dustries de l’édition et du cinéma. Vous aurez beau            eux aussi, face à des problèmes liés à la mondiali-
feuilleter le Rapport, tâcher de lire entre les lignes, vous   sation. Que l’on pense au protectionnisme français
ne trouverez aucune allusion à cet aspect pourtant             dans le cas du doublage des films et séries télévi-
noble du métier. Le nom de l’Association des traduc-           sées et de la traduction d’œuvres littéraires d’ori-
teurs et traductrices littéraires du Canada (ATTLC) n’y        gine américaine et même canadienne-anglaise.
figure nulle part. Il s’agit pourtant d’une des deux asso-          Et puisque les auteurs du Rapport final du
ciations canadiennes membres de la Fédération inter-           Comité sectoriel de l’industrie canadienne de la
nationale des traducteurs, l’autre étant le Conseil des        traduction recommandent d’adopter une vision
                                                                                                                                                    Circuit • Printemps 2000

traducteurs et interprètes du Canada.                          mondiale de la traduction, la perspective d’une
    Certes, la traduction littéraire ne représente qu’un       percée sur le marché de la traduction d’œuvres lit-
petit segment de l’industrie canadienne de la traduc-          téraires ou cinématographiques américaines pour-
tion. Certes, l’ATTLC ne compte que quelque 130 mem-           rait être assortie d’un nombre considérable de zéros
bres au pays. Certes, le montant total des subventions         avant le signe de dollar… US !
versées à la traduction par le Conseil des arts du                                                                  M. B.

                                                                                                                                               11
DOSSIER               RAPPORT           SUR      L’ I N D U S T R I E      DE     LA    TRADUCTION

                                                                            Les           universités
                                                                            sont sur la bonne voie
                                par Aline Francoeur, term. a.
                                                                     L   es recommandations formulées à l’endroit des uni-
                                                                         versités dans le Rapport final du Comité sectoriel
                                                                     de l’industrie canadienne de la traduction ne révèlent
                                                                                                                                  de traduction de l’Université de Montréal. La vocation
                                                                                                                                  première de l’université, explique-t-il, est de former
                                                                                                                                  des diplômés qui maîtrisent les connaissances de
                                                                     rien que l’on ne savait déjà dans le milieu universitaire.   base de leur domaine et qui savent faire preuve de
                                                                     Elles viennent plutôt confirmer que les orientations         sens critique ; une formation centrée uniquement sur
                                                                     choisies sont les bonnes et que les programmes de            l’employabilité immédiate des finissants produirait
                                                                     formation en traduction suivent de près l’évolution du       des diplômés qui seraient vite « usés » et qui pour-
                                                                     marché et sont en mesure de s’y adapter.                     raient difficilement s’adapter au changement.
                                                                         Trois thèmes sont au cœur des recommandations                Par ailleurs, les universitaires font généralement
                                                                     qui touchent les universités : les liens avec les em-        preuve de réserves à l’idée de solliciter des comman-
                                                                     ployeurs, l’ouverture aux langues étrangères et la           dites auprès de grandes entreprises consommatrices
                                                                     tenue à jour des programmes de formation et de               de traduction (recommandation 36 du Rapport). Marie-
                                                                     perfectionnement.                                            Christine Aubin, professeur au Collège universitaire de
                                                                                                                                  Saint-Boniface2, est catégorique : « Ce n’est pas aux
                                                                                                                                  professeurs de solliciter des commandites. » Cette
                                                                     Liens universités-employeurs                                 tâche revient aux administrateurs et aux gestion-
                                                                        En ce qui concerne le premier thème, les interve-         naires, croit-elle. C’est aussi le point de vue de Ri-
                                                                    nants interrogés sont unanimes : universités et em-           chard Patry, qui souligne en outre que la question des
                                                                    ployeurs doivent travailler de concert. Selon Geneviève       commandites soulève des problèmes éthiques impor-
                                                                    Mareschal, directrice de l’École de traduction et d’in-       tants, entre autres, celui de la liberté intellectuelle
                                                                    terprétation de l’Université d’Ottawa et de l’Associa-        des chercheurs. Louise Brunette croit pour sa part
                                                                    tion canadienne des écoles de traduction (ACET), la           qu’il faut faire preuve d’une grande vigilance. « Com-
                                                                    création de mécanismes formels de consultation uni-           manditer, c’est acheter. Il ne faut pas que l’université
                                                                    versités-employeurs (recommandation 34 du Rapport)            vende son âme au commerce », déclare-t-elle.
                                                                    est chose faite dans la plupart des universités. Ces
                                                                    mécanismes se traduisent par la mise en œuvre de
                                                                    différents projets : ateliers pratiques de traduction en
                                                                                                                                  Ouverture aux langues étrangères
                                                                    partenariat avec le Bureau de la traduction, création             Le bien-fondé de la recommandation 39 du Rap-
                                                                    d’un programme coop à l’Université de Montréal1,              port, qui propose d’accroître et de promouvoir les
                                                                    initiative du département de langues modernes et              cours de traduction et d’interprétation dans des
                                                                    de traduction de l’Université du Québec à Trois-              langues étrangères, est reconnu d’emblée. Comme le
                                                                    Rivières visant la création d’un cabinet de traduction        fait remarquer Massiva N’Zafio, directeur du départe-

M
                                                                    intégré aux activités de formation, etc. L’intégration        ment de langues modernes et de traduction de l’Uni-
                                                                    de professionnels à titre de chargés de cours consti-         versité du Québec à Trois-Rivières, le marché est dé-
                                                                                           tue également un moyen effi-           sormais sans frontières, et le besoin d’une troisième
                                                                                           cace de garder un contact avec         langue se fait sentir partout, pas uniquement dans les
                                                        ême si l’on reconnaît              le marché, soulignent Geneviève        grands centres. C’est pour répondre à ce besoin qu’il a
                                                                                           Mareschal et Louise Brunette,          intégré au nouveau programme de traduction de l’Uni-
                                                        l’importance de créer              responsable du programme de            versité du Québec à Trois-Rivières3 un cours de ver-
                                                        et de maintenir des                baccalauréat en traduction de          sion et de thème en espagnol. Marie-Christine Aubin
                                                        liens avec les                     l’Université Concordia. Même si        estime pour sa part que tout étudiant en traduction
                                                                                           l’on reconnaît l’importance de         devrait maîtriser une troisième langue. De son côté,
                                                        employeurs, on ne                  créer et de maintenir des liens        Louise Brunette croit qu’il faut cultiver le goût des
                                                        croit pas pour autant              avec les employeurs, on ne croit       langues au Canada et, surtout, sensibiliser les jeunes
                                                                                           pas pour autant que les univer-        au fait que la différence n’est pas nécessairement
Circuit • Printemps 2000

                                                        que les universités
                                                                                           sités doivent se plier à toutes        menaçante.
                                                        doivent se plier                   leurs exigences. L’université et           On prône donc d’un commun accord l’ouverture au
                                                        à toutes leurs                     l’entreprise privée sont des enti-     multilinguisme, en admettant cependant que plu-
                                                                                           tés à vocations différentes, rap-      sieurs questions restent en suspens quant à la façon
                                                        exigences.
                                                                                           pelle Richard Patry, directeur du      d’intégrer les langues étrangères à une formation qui,
                                                                                           département de linguistique et         jusqu’à présent, était centrée exclusivement sur les

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