L'ÉCOLE EN MILIEU MINORITAIRE PRATIQUES COMMUNAUTAIRES EN SERVICES À LA PETITE ENFANCE

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La petite enfance : porte d’entrée à l’école de langue française
                   Pratiques communautaires en services à la petite enfance : le cas de Timmins

                  L’ÉCOLE EN MILIEU MINORITAIRE

                 PRATIQUES COMMUNAUTAIRES
               EN SERVICES À LA PETITE ENFANCE
                        LE CAS DE TIMMINS (ONTARIO)

                                              par

                                   Natalie Riendeau

                        en partenariat avec la
     Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
           et avec l’appui financier de Patrimoine canadien

                                       CIRCEM
                                  Université d’Ottawa

                                      Octobre 2002

Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités (CIRCEM)
en partenariat avec la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
La petite enfance : porte d’entrée à l’école de langue française
                         Pratiques communautaires en services à la petite enfance : le cas de Timmins

Table des matières

Avant-propos.......................................................................................................        1

Introduction .........................................................................................................     2

Partie 1. La petite enfance en Ontario

1. Les politiques provinciales concernant la petite enfance....................................                           3
2. Les politiques et programmes visant la minorité francophone. ...........................                               5
3. Revendications de la communauté franco-ontarienne et enjeux. .......................                                   5

Partie 2. Le scolaire au secours de la petite enfance francophone

1. Timmins : une communauté fragile .....................................................................                  7
2. Les services d’accueil et d’éducation de la petite enfance en français...............                                  10
        2.1 La Garderie Clin d’Oeil .......................................................................               10
        2.2 Le Relais.............................................................................................        13
        2.3 Les parents : choisir la garderie française pour perpétuer une
             tradition...............................................................................................     14
        2.4 Les projets d’avenir concernant l’inscription des enfants
             à l’école de langue française ..............................................................                 17
        2.5 La maternelle et le jardin à plein temps : mieux préparer les
             enfants pour l’école de langue française ............................................                        17
        2.6 Les enseignantes : la garderie française, un idéal .............................                              21

Synthèse et conclusion. ...................................................................................               22

Annexe 1...............................................................................................................   25

Bibliographie. ......................................................................................................     27

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en partenariat avec la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants
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                    Pratiques communautaires en services à la petite enfance : le cas de Timmins

Liste des tableaux
Tableau 1.      Profil linguistique des éducatrices de la Garderie Clin d’Oeil
                de Timmins ......................................................................................    12

Tableau 2.      Profil linguistique des parents dont les enfants fréquentent
                les services......................................................................................   14

Tableau 3.      Principales raisons pour lesquelles les parents ont choisi d’inscrire
                leur enfant à un des deux services, en pourcentage.......................                            15

Tableau 4.      Principales raisons pour lesquelles les parents souhaitent
                que leur enfant apprenne le français, en pourcentage ....................                            15

Tableau 5.      Importance personnelle accordée par les parents à différents
                apprentissages, en pourcentage .....................................................                 16

Tableau 6.      Importance personnelle accordée par les parents à l’apprentissage
                de différentes valeurs, en pourcentage ...........................................                   16

Tableau 7.      Fréquence de la participation des enfants à différentes activités
                pratiquées à la maison et la langue utilisée, en pourcentage..........                               17

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AVANT-PROPOS
Des études récentes ont confirmé l’importance des cinq premières années de la vie pour
le développement des capacités de l’enfant, pour sa santé et son bien-être. Il en est
résulté un intérêt croissant pour la petite enfance de la part des gouvernements, des
organismes communautaires et des instances scolaires. Cet intérêt est manifeste au
sein des communautés francophones et acadiennes vivant en situation minoritaire au
Canada, qui accordent aux services à la petite enfance une signification d’autant plus
grande que leur portée sur le développement de l’identité culturelle dès le bas âge a
aussi été démontrée. Soulignons aussi les effets qu’on leur prête en ce qui a trait à la
maîtrise de la langue et à l’intégration à l’école. Des services à la petite enfance en
français ne seraient-ils pas la solution à plusieurs des problèmes auxquels se heurte
l’école de langue française? De fait, il y a un consensus de plus en plus large dans la
francophonie canadienne autour de l’idée que c’est au palier préscolaire que se joue
l’avenir de l’école de langue française.

Ceci dit, plusieurs questions restent. Quel genre de services à la petite enfance mettre
en place, dans les différents milieux de la francophonie canadienne, afin qu’ils jouent le
rôle attendu dans l’intégration des différentes clientèles de l’école de langue française?
Quel contenu et quelles approches pédagogiques doivent-ils privilégier dans ce but
particulier? Par quels types d’intervenantes et d’intervenants, et formés de quelle façon?
Avec quelle participation des parents et des autres organismes du milieu?

Bâti sur un partenariat entre la Fédération canadienne des enseignantes et des
enseignants (FCE) et le Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les
minorités (CIRCEM) de l’Université d’Ottawa et avec l’appui financier de Patrimoine
canadien, notre projet vise à apporter un éclairage sur ces questions grâce à une étude
des pratiques qui ont cours dans le domaine des services à la petite enfance, dans
différentes communautés francophones du pays. L’examen des pratiques
communautaires dans le dossier de la petite enfance est au centre de cette étude. Il vise
à identifier les dispositifs consacrés à la petite enfance les plus aptes à favoriser la
vitalité de la francophonie, c’est-à-dire ceux qui seront les plus efficaces pour
développer chez les jeunes enfants l’apprentissage de la langue française et le
sentiment d’appartenance à la communauté francophone. De plus, l’étude a comme
objectif de mettre en lumière les modèles les plus susceptibles de faire de l’éducation
préscolaire l’outil attendu d’intégration des élèves à l’école de langue française.

Cette étude dirigée par Anne Gilbert et Joseph Yvon Thériault servira à élaborer un plan
d’action à deux volets : la recherche donnera lieu à différentes initiatives destinées à
sensibiliser le milieu scolaire aux avenues qui s’offrent à lui pour mettre en place des
structures préscolaires adaptées aux réalités particulières des différentes communautés
francophones; elle servira aussi à des fins de revendication auprès des instances
publiques.
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INTRODUCTION

Les pratiques communautaires relatives à la petite enfance sont au cœur de ce projet.
Afin de comprendre quels sont les services en français à la petite enfance et le rôle
qu’ils jouent au niveau de la préparation des jeunes enfants pour l’école de langue
française, nous avons choisi d’étudier les pratiques dans cinq communautés
francophones du Canada1. La présente monographie offre les résultats de l’étude de
trois services d’accueil et d’éducation en français pour les enfants d’âge préscolaire à
Timmins (Ontario), une des cinq communautés francophones retenues pour cette
recherche. Timmins a été retenu comme terrain d’étude parce qu’il s’agit d’une
communauté représentative des situations vécues dans plusieurs communautés
francophones. C’est-à-dire que Timmins, comme plusieurs autres communautés, est un
milieu mixte où les membres de la communauté francophone parlent le français aussi
bien que l’anglais. Cette mixité est liée, entre autres, au phénomène des mariages
exogames. Timmins a aussi l’intérêt de faire partie des régions-ressources, dont
plusieurs font face à des difficultés économiques, ce qui ne peut rester sans effet sur la
demande en matière de services de garde.

Comme toile de fond, la première partie décrit les politiques provinciales ontariennes
concernant la petite enfance, en plus des politiques et programmes visant plus
particulièrement la minorité francophone. Cette section cherche aussi à comprendre les
revendications de la communauté franco-ontarienne dans ce dossier et les enjeux
qu’elles soulèvent.

La deuxième partie traite des services en français à la petite enfance en place à
Timmins. Au cours de notre recherche il nous a été possible de constater qu’il existe peu
de services pour les enfants francophones âgés de 4 ans et moins à Timmins. En effet,
la ville ne compte qu’une garderie de langue française et un service d’animation
culturelle. Cependant, nous avons constaté que le système scolaire, par l’entremise de
programmes de maternelle et jardin à plein temps tend à prendre la relève au niveau de
services qui, ailleurs, seraient offerts par le secteur communautaire. C’est pourquoi les
programmes offerts par les deux conseils scolaires de la région aux jeunes de 4 et 5 ans
occupent une place importante dans ce rapport. En plus d’analyser les différents
programmes et services destinés aux enfants d’âge préscolaire de Timmins, nous
examinerons le point de vue des parents par rapport aux services de garde. Nous
chercherons également à comprendre la perception des enseignantes et enseignants
quant à l’intégration des élèves à l’école en fonction de leur expérience de garde2.

Une synthèse des résultats de la recherche est offerte en guise de conclusion.

1
  Les quatre autres étant Orléans (Ontario), Bathurst (Nouveau-Brunswick), la Baie Sainte-Marie
(Nouvelle-Écosse) et Calgary-Edmonton (Alberta).
2
  Voir l’Annexe 1 pour une description de la méthodologie.
                                                                                               2
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PARTIE 1 LA PETITE ENFANCE EN ONTARIO3
    1. Les politiques provinciales concernant la petite enfance

En Ontario, les programmes de maternelle 4 ans et de jardin 5 ans sont offerts à tous
les enfants de la province. Les programmes sont à participation volontaire mais la
grande majorité des parents y envoient leurs enfants (85 %). Le gouvernement ontarien
a déjà financé le jardin à temps plein mais ce financement a été coupé. Depuis 2000, les
programmes de maternelle et de jardin sont financés à mi-temps par le gouvernement.
Les douze conseils scolaires de langue française les offrent néanmoins à temps plein.
Ils reçoivent, pour ce faire, une subvention additionnelle de 10 millions de dollars du
ministère de l’Éducation et utilisent diverses sources, par exemple les fonds destinés
aux programmes de francisation, pour combler le manque à gagner.

Le gouvernement ontarien ne subventionne aucun programme universel de garde
d’enfants. Selon l’Étude sur la petite enfance de Margaret McCain et Fraser Mustard,

      « quelque 105 000 des 900 000 enfants de moins de 6 ans en Ontario bénéficient de
      services de garde réglementés. Environ 55 000 de ces places sont subventionnées
      par les gouvernements provincial et municipal pour les familles à faible revenu et les
      enfants ayant des besoins particuliers… Environ 10 % seulement des enfants de
      moins de 6 ans fréquentent un service réglementé mais entre 4 et 6 ans, plus de
      85 % fréquentent la maternelle 4 ans ou 5 ans (McCain et Mustard, 1999, 119-
      120) ».

Pour aider les enfants à risque, le gouvernement finance le programme Bébés en
santé/Enfants en santé. Tous les nouveau-nés sont examinés afin de déterminer les
bébés à risque élevé et leur assurer des services communautaires adéquats. Il existe
plusieurs programmes d’intervention précoce : Partir d’un bon pas pour un avenir
meilleur, Ontario Breakfast for Learning et Preschool Speech and Language. Le
système de protection de la jeunesse ontarien a été réformé et le financement des
sociétés d’aide à l’enfance s’est accru. En 1997, le Secrétariat à l’enfance et le Bureau
des services intégrés pour enfants ont vu le jour.

Plusieurs initiatives importantes ont suivi la publication de l’Étude sur la petite enfance
de McCain-Mustard en 1999. Le gouvernement ontarien a mis sur pied un Fonds d'aide
au développement de la petite enfance. Le gouvernement offre un financement de
contrepartie correspondant aux contributions en espèces et en nature dans le cadre de
projets qui visent le développement de la petite enfance (0-6 ans). Les organismes des
secteurs public et privé peuvent présenter des propositions. Cette initiative vise à réunir
des groupes qui ne collaboreraient pas normalement à des programmes de
développement de la petite enfance. L'Étude sur la petite enfance recommande que le
gouvernement provincial encourage tous les secteurs de la société à participer à
l'élaboration de programmes au niveau local. On espère que cette collaboration
intersectorielle débouchera sur la mise sur pied de nouveaux programmes qui
répondront aux besoins spécifiques des communautés. L'Étude sur la petite enfance

3
 L’information présentée dans cette section est en grande partie tirée du Portrait national des
services à la petite enfance offerts en français en milieu minoritaire, Odette Langlais, 2002.
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met l'accent sur l'importance de la prise en charge par les communautés de
programmes visant le développement de la petite enfance. Des structures sont et seront
mises en place au niveau local pour permettre cette prise en charge. Le gouvernement
désire sensibiliser davantage la population ontarienne à l’importance du développement
de la petite enfance.

Un premier appel de propositions du Fonds d'aide au développement de la petite
enfance à l’hiver 2000-2001 a permis le financement de contrepartie de 27 projets
innovateurs, pour la somme de 8 millions de dollars. Un appel de propositions lancé en
août 2001 concerne les volets francophone, autochtone et communautaire du fonds. Un
nouvel appel a été lancé pour des propositions provinciales en décembre 2001.

De plus, on assiste à la mise sur pied en Ontario d’un réseau de centres d’éducation
parentale et de puériculture. Comme l’a recommandé L'Étude sur la petite enfance, ces
centres de la petite enfance sont un carrefour d’information pour les parents et tous ceux
et celles qui s’occupent de jeunes enfants. Divers services sociaux, de santé et
d’éducation destinés aux enfants de 0 à 6 ans et leur famille sont concentrés sous un
guichet unique. Les spécialistes et les bénévoles des centres donnent de l’information
au sujet de l’apprentissage, du comportement et de la santé des enfants, ainsi que de
l’information sur les services disponibles dans la communauté. Des services et des
programmes sont offerts gratuitement tels que :

•    des programmes d'alphabétisation et des activités d'apprentissage destinés aux
     parents et à leurs enfants;
•    des programmes de soutien aux parents et personnes responsables des jeunes
     enfants portant sur tous les aspects du développement durant la petite enfance;
•    des programmes destinés aux nouveaux parents portant sur la grossesse et le rôle
     parental.

Les centres de la petite enfance s'inscrivent dans le cadre du Plan provincial d'action sur
la petite enfance qui repose sur les conclusions de l'Étude sur la petite enfance. Le Plan
s’appuie sur les partenariats, les programmes et les services actuels ayant pour objectif
d'améliorer les bases de la santé, du bien-être et de l'apprentissage pour toute la vie ; il
vise les 850 000 enfants âgés de moins de 6 ans dans la province et leurs parents. Le
financement de ces centres provient de la part réservée à l'Ontario du Transfert
canadien en matière de santé et de programmes sociaux, soit 114 millions de dollars
pour l'exercice 2001-2002. Les 42 premiers centres de la petite enfance ont ouvert leurs
portes au printemps 2002 (l’inauguration a eu lieu en mars) et 61 centres additionnels
doivent ouvrir avant la fin de 2003 pour un total de 103 centres dans l’ensemble de la
province. Il n'existe pas de centre offrant exclusivement des services en français.
Cependant, les centres individuels peuvent offrir certains programmes en français pour
satisfaire les besoins de la population francophone et des préposés bilingues sont sur
place.

Depuis 1995, le financement octroyé aux services à l'enfance en Ontario a augmenté de
plus de 50 pour cent, portant les dépenses totales à plus de 2 milliards par année.

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      2. Les politiques et programmes visant la minorité francophone

La minorité francophone ne jouit pas de politique particulière visant la petite enfance,
mais comme il a été mentionné précédemment, un financement spécial est octroyé aux
conseils scolaires francophones pour aider ceux-ci à offrir la maternelle 4 ans et le jardin
5 ans à temps plein. De plus, le ministre délégué aux Affaires francophones, l’honorable
John Baird, a mis en place en 2001 un Comité directeur francophone pour le
développement de la petite enfance. Ce Comité a pour mission d’encourager des
initiatives locales en matière de petite enfance parmi les communautés francophones. Il
a mis sur pied une équipe de professionnels franco-ontariens qui ont travaillé auprès
des organismes de la francophonie pour promouvoir le Fonds d'aide au développement
de la petite enfance et les appuyer dans le développement de propositions. L’équipe du
Comité a formulé un plan d’action incluant un inventaire des services actuels et
potentiels et a effectué une tournée de 17 communautés francophones en 2002. Cette
tournée a contribué à mobiliser les intervenants de la petite enfance et à mieux faire
connaître le dossier grâce à une bonne couverture médiatique.

Le Comité a fait face à des contraintes telles que la pénurie de ressources
professionnelles francophones en matière de petite enfance et un calendrier serré. Peu
d’intervenants sont outillés pour soumettre une demande. Les critères d’admissibilité du
Fonds, dont la contribution locale en argent de 25 %, sont un défi pour les organismes.
Malgré ces difficultés, plus de 750 organismes francophones ont été ciblés et rejoints
par l’équipe du Comité, plus de 194 organismes ont participé à la tournée et un total de
45 propositions ont été soumises au Fonds d'aide au développement de la petite
enfance par autant d’organismes francophones.

Le gouvernement ontarien s’est engagé formellement à ce que 5 % des sommes du
Fonds d'aide au développement de la petite enfance soient réservées aux propositions
venant de la communauté franco-ontarienne (5 % correspond au poids démographique
des Franco-Ontariens), une grande victoire pour la minorité. De ce fait, on a affecté
683 217 $ à six initiatives pour le développement de la petite enfance des communautés
francophones de l'Ontario. Les nouveaux projets ont été construits dans l'optique de
répondre aux besoins de la communauté francophone ontarienne et suivent les conseils
qui ont émané de discussions avec des parents francophones. Les projets sont très
variés et incluent des programmes de petits déjeuners, de soutien parental ainsi que des
programmes de mentorat reliant un jeune enfant à une personne âgée4.

      3. Revendications de la communauté franco-ontarienne et enjeux

Le problème d’accès aux services de garde en français est sérieux. Il y a relativement
peu de garderies pour répondre à tous les besoins et la province connaît une pénurie de
personnel francophone diplômé en garde éducative à l’enfance. Le matériel
pédagogique en français est coûteux et le nombre limité de places subventionnées
s’ajoute à cette problématique. Selon la recherche menée par Anne Gilbert et
Leila Ayari, il est fort probable que seulement une très faible proportion des

4
    http://www.gov.on.ca/CSS/page/news/news2002/may1002f.html
                                                                                               5
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47 270 enfants, de parents ayants droit, qui avaient entre 0 et 4 ans bénéficiaient d’un
service en français (Gilbert et Ayari, 2000, 19). Il est difficile d’estimer combien de
jeunes franco-ontariens fréquentent un service de garde réglementé et combien profitent
de subventions. On souligne aussi le nombre insuffisant de services de garde en milieu
familial. Finalement, on constate également que certains milieux, telles les régions
métropolitaines, sont plus choyées en fait de garderies que les petites villes et les
campagnes. L’offre et l’accès aux services en français pour la petite enfance
francophone en Ontario sont donc inégaux.

Comme le constatent Gilbert et Ayari, la question des services en français à la petite
enfance est devenue un dossier prioritaire pour la francophonie ontarienne. « L’idée
s’est en effet imposée au sein de la communauté que, pour donner le meilleur départ
possible aux jeunes franco-ontariens, celle-ci doive se donner des services préscolaires
de qualité, accessibles à tous » (Gilbert et Ayari, 2000, 38). L’importance accordée par
la communauté aux services en français à la petite enfance se reflète par le fait que tous
les conseils scolaires de langue française de l’Ontario offrent la maternelle 4 ans et le
jardin 5 ans à plein temps. On constate donc que le réseau scolaire perçoit la nécessité
d’offrir des programmes aux enfants âgés de 4 et 5 ans afin de mieux les préparer pour
l’école de langue française. Cependant, malgré cet engagement de la part des conseils
scolaires, les avis divergent quant à savoir quelle entité devrait prendre en charge ce
dossier. Les conseils scolaires se questionnent à savoir s’il est de leur ressort d’offrir
des programmes pour les enfants âgés de 3 ans et moins.

Même s’il existe un consensus sur le besoin d’intervenir activement dans ce dossier,
Gilbert et Ayari soulignent que « De nombreuses questions restent cependant. Quels
genres de services développer, et pour quelle clientèle? Dans quel milieu les offrir pour
assurer leur durabilité? Sous quelle responsabilité, et avec quelles ressources? »
(Gilbert et Ayari, 2000, 38). Les enjeux sont donc nombreux, notamment :

•    augmenter le nombre de places disponibles en garderies, à coût raisonnable, à
     proximité des lieux de résidence et de travail;
•    former plus d’éducatrices et d’éducateurs francophones afin de faire face à la
     pénurie qui existe actuellement en Ontario; ceci nécessite la prise de mesures pour
     donner aux intervenantes et intervenants en petite enfance un statut professionnel
     et des salaires adéquats;
•    mettre sur pied des centres de ressources préscolaires pour la communauté
     francophone;
•    assurer la disponibilité de matériel pédagogique francophone à coût raisonnable.

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PARTIE 2 LE SCOLAIRE AU SECOURS DE LA PETITE
ENFANCE FRANCOPHONE
1. Timmins : une communauté fragile

Située dans le Nord-Est de l’Ontario, la ville de Timmins est la principale agglomération
du district de Cochrane. Comme les autres communautés de cette région, la ville de
Timmins est relativement jeune. C’est grâce à la construction d’un chemin de fer entre
1901 et 1905 que la région devient accessible et qu’il devient possible de s’y installer en
permanence. En 1909, la découverte d’un important gisement d’or mène au
développement du secteur minier, le fondement de l’économie de la région. L’essor du
secteur minier contribue à l’accroissement continu de la population sur une période de
près de 60 ans. En 1912, date de l’incorporation de Timmins comme ville, la population
se chiffrait à 600 personnes. En 1929, la ville de Timmins comptait 13 007 habitants et
habitantes. Au moment de la fusion municipale de 1973, la population est passée de
27 903 à 43 990 personnes (Farmer, 1996 : 121-122). Au recensement de 2001, la ville
de Timmins avait une population de 43 686 personnes dont 2 550 ont entre 0 et 4 ans.

Les francophones se sont installés à Timmins dès 1913 afin de participer à l’activité
minière. Le premier groupe de francophones à s’implanter à Timmins était originaire de
la région de l’Estrie au Québec. Plus tard, des francophones provenant de l’Abitibi-
Temiscamingue, de l’Outaouais et de l’Est ontarien viendront se joindre à la population
francophone (Farmer, 1996 : 122). Selon le Recensement de 1996, la population de
langue maternelle française représentait 39,82 % de la population totale de la ville, et
elle s’élevait à 25,6 % de la population du Nord-Est.

Cette forte concentration de francophones à Timmins et dans le Nord-Est en général
favorise un taux de conservation du français plus élevé que dans les autres régions de
l’Ontario. Toutefois, la proportion de francophones parlant le français à la maison a
diminué dans la région depuis le dernier recensement, où le taux de conservation du
français est passé de 71,9 % en 1991 à 69,2 % en 1996, un écart de –2,7 % (Office des
Affaires francophones et Statistique Canada, août 1999 : 10).

De l’avis de tous les intervenants et intervenantes francophones interrogés pour cette
recherche, la communauté francophone de Timmins est en difficulté. Il s’agit d’une
communauté qui fait face à l’érosion de sa culture à cause d’une forte anglicisation de la
communauté. Cette fragilité de la communauté franco-ontarienne de Timmins est plus
visible lorsqu’on analyse les statistiques touchant les jeunes francophones. Dans son
rapport intitulé Profil statistique - Les jeunes francophones en Ontario, l’Office des
Affaires francophones démontre que le taux de conservation de la langue française chez
les jeunes franco-ontariens diminue avec l’âge. Ce constat est particulièrement vrai pour
le Nord-Est et confirme ce que les enseignantes observent dans le milieu scolaire. Par
exemple, le taux de conservation du français est de 87,5 % chez les jeunes âgés de
0-4 ans. Cependant, il passe à 72,3 % chez les jeunes adolescents âgés de 15-19 ans
et il baisse à 65,8 % chez les jeunes adultes âgés de 20-24 ans. Pour ce qui est des
jeunes adultes âgés de 25-34 ans et en âge d’être parents, le taux de conservation du
français est de 63,6 % (Office des Affaires francophones et Statistique Canada,
                                                                                               7
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                   Pratiques communautaires en services à la petite enfance : le cas de Timmins

octobre 1999 : 7). Le fait que bon nombre de jeunes franco-ontariens qui ont fréquenté
l’école de langue française et qui sont maintenant parents aient adopté l’anglais comme
langue d’usage pourrait expliquer un phénomène observé par les dirigeants des deux
conseils scolaires, soit l’arrivée dans les écoles élémentaires françaises de jeunes
ayants droit fortement anglicisés. C’est pour répondre aux besoins particuliers de ces
jeunes élèves que les deux conseils scolaires de langue française de la région ont été
obligés de mettre en place des programmes de refrancisation afin de préparer les
jeunes enfants pour l’école de langue française. On nous dit que ces enfants anglicisés
ne sont pas seulement issus de mariages exogames, mais également de mariages
endogames, où les deux parents francophones sont anglicisés et ne parlent pas à leur
enfant en français. Cette baisse du nombre de jeunes qui conservent le français comme
langue d’usage est d’autant plus inquiétante que la communauté n’est guère alimentée
par la migration. Au contraire, plusieurs personnes ont souligné le fait que la ville de
Timmins fait face à un exode de sa population. C’est ce que confirme le Recensement
2001 mené par Statistique Canada qui indique que la population de Timmins a diminué
de 8 % alors que l’ensemble de l’Ontario connaissait une augmentation de 6,1 % de sa
population. De plus, selon les interlocuteurs rencontrés, tout porte à croire que ce sont
des jeunes scolarisés qui quittent la région, faute d’emplois. Tous ces facteurs font en
sorte que la communauté francophone de Timmins se trouve dans un état fragile.

Sur le plan économique et de la scolarité, ce sont les francophones du Nord-Est qui sont
les plus désavantagés de l’Ontario. Le taux de scolarité des francophones du Nord-Est
est le plus faible parmi les francophones de l’Ontario, puisque seulement 6 % des
francophones détiennent un diplôme de baccalauréat, comparativement à 18,8 % pour
l’ensemble de l’Ontario. Par ailleurs, le revenu d’emploi moyen et le revenu total des
francophones de la région du Nord-Est sont plus faibles que pour les autres
communautés francophones de l’Ontario (Office des Affaires francophones et Statistique
Canada, Statistique de la région du Nord-Est). De plus, le taux de chômage de la
population francophone, qui s’élève à 12,1 %, est plus élevé dans le Nord-Est qu’ailleurs
dans la province, où il est de 9,1 % (Office des Affaires francophones et Statistique
Canada, août 1999 : 14). Ces difficultés sur le plan économique ne sont certes pas sans
effet sur l’anglicisation de la communauté. En effet, les membres de la communauté
francophone de Timmins sont peut-être trop préoccupés par la question de la survie
économique immédiate pour se questionner sur le sort de leur langue et de leur culture.

Il existe à Timmins tout un ensemble de lieux où la communauté franco-ontarienne peut
s’exprimer et qui lui permettent de se maintenir. Sur le plan de l’éducation, la ville de
Timmins compte sur les services de deux conseils scolaires, le Conseil scolaire publique
du Nord-Est de l’Ontario qui compte une école primaire à Timmins, une école
intermédiaire (7e et 8e années) et une école secondaire, et le Conseil scolaire catholique
de district des Grandes Rivières, qui à Timmins offre des programmes dans dix écoles
primaires et intermédiaires et une école secondaire. La ville a accès à l’éducation post-
secondaire aux campus du Collège Boréal et de l’Université de Hearst à Timmins.

Le Centre culturel La Ronde, qui a été fondé en 1968 et qui est un des plus anciens
centres culturels de l’Ontario, demeure un important point de rencontre des
francophones de Timmins, malgré ses problèmes financiers. Suite à l’arrivée d’une
nouvelle équipe de direction, il continue à offrir de nombreux services à la communauté,

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dont la présentation de spectacles, des cours d’art et des fêtes à Noël et à la Saint-
Jean-Baptiste. Le Centre culturel La Ronde est propriétaire de l’édifice où se trouvent
ses bureaux administratifs, ainsi que le bar l’Armise et la galerie La Galeruche.

Du point de vue associatif, la communauté francophone de Timmins compte une ACFO
régionale, l’ACFO-Timmins. L’ACFO-Timmins fête ses 60 ans « au coeur de la
francophonie ». Elle a été impliquée dans de nombreux dossiers au cours des années et
elle continue à piloter plusieurs projets de front. Sur le plan politique, l’ACFO-Timmins
fait régulièrement des représentations devant le conseil municipal afin de transmettre
l’importance d’offrir des services en français. L’ACFO-Timmins encourage également les
francophones à se politiser et à se présenter à des postes élus afin de faire progresser
les droits des francophones au palier municipal. Le but principal de l’ACFO-Timmins
dans ce domaine est que la ville devienne une municipalité bilingue.

Au niveau de l’éducation et de la jeunesse, l’ACFO-Timmins compte plusieurs
réalisations. Elle a travaillé pour l’obtention des deux conseils scolaires de langue
française et a aussi joué un rôle important quant à l’obtention d’un campus du Collège
Boréal et de l’Université de Hearst à Timmins. Cependant, comme le souligne le
document Programmation 2002-2003, « malgré tous ces gains pour la communauté
francophone au niveau de l’éducation nous sommes forcés de constater que le niveau
d’assimilation demeure important auprès de nos jeunes. L’ACFO-Timmins priorise
fortement toute démarche qui pourrait permettre de cesser l’assimilation auprès de nos
jeunes » (ACFO-Timmins, 2002 : 22). Sur le plan économique, l’objectif premier de
l’ACFO-Timmins est de créer une Chambre économique francophone du Nord-Est en
collaboration avec les ACFO de Kirkland Lake et de Cochrane-Iroquois-Falls.

Finalement, en ce qui concerne le domaine de la santé et des services sociaux,
l’association vise la création d’un centre de santé communautaire francophone afin de
faciliter l’obtention de soins de santé en français. Elle a donc de nombreuses
réalisations à son actif et continue à piloter des dossiers importants pour la communauté
francophone. Cependant, elle reconnaît que son rôle de leadership auprès de la
jeunesse francophone de la ville connaît certaines difficultés. « Malgré tous les efforts
faits au niveau de la jeunesse francophone, il est difficile d’assurer la viabilité culturelle
de notre communauté. L’ACFO-Timmins tentera de trouver des solutions à cette
situation et de développer un nouveau leadership francophone de la communauté »
(ACFO-Timmins, 2002 : 22). Ses dirigeants sont donc confrontés à un problème de
renouveau du leadership francophone et, comme le souligne la Programmation
2002-2003, de nouveaux projets (par exemple la création d’un comité permanent de
l’Enfance, Jeunesse et Éducation) seront entrepris afin d’intéresser la jeunesse de
Timmins au fait français.

Au niveau des services financiers, Timmins possède sa propre caisse populaire depuis
1940. La Caisse populaire de Timmins Ltée compte aujourd’hui 9 800 actionnaires et
affirme jouer un rôle important auprès de la communauté francophone. Finalement, au
niveau des médias, Timmins compte un hebdomadaire francophone, Les Nouvelles de
Timmins et des environs qui est produit dans et par la communauté. La station de
Radio-Canada, CBON, qui est située à Sudbury, dessert la ville. Une station de radio
privée, CHYK-FM, propriété du groupe Haliburton Broadcasting Group de Toronto,
diffuse aussi en français à Timmins.

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2. Les services d’accueil et d’éducation de la petite enfance en français

Il existe peu de services à la petite enfance en français à Timmins. La ville compte une
seule garderie de langue française, la Garderie Clin d’Oeil, et un service d’animation
culturelle avant et après les heures de classe régulières, Le Relais. Il existe un troisième
programme qui cible les enfants âgés de 3 à 5 ans. Il s’agit du programme L’école, c’est
cool ! Ce programme est un partenariat entre le Conseil scolaire publique du Nord-Est
de l’Ontario et les Services à l’enfant et à la famille de Timmins et du District. Il s’agit
d’un cours de préparation à l’apprentissage pour les enfants d’âge préscolaire. L’objectif
du cours est de présenter 72 heures d’enseignement adapté à l’âge et au
développement des enfants afin de faciliter leur intégration à la maternelle. Ce
programme cible spécifiquement les enfants âgés de 3 à 5 ans qui n’ont pas fréquenté
une garderie et vise à mieux les préparer pour leur rentrée scolaire. Bien que L’école,
c’est cool ! soit un programme important pour les jeunes d’âge préscolaire, il n’a pas été
considéré dans cette étude puisqu’il ne s’étend que sur une période de six semaines
durant l’été. Le système scolaire joue par contre un rôle important au niveau de
l’éducation préscolaire dans la communauté. En effet, une des particularités des deux
conseils scolaires présents à Timmins est que tous deux offrent la maternelle 4 ans et le
jardin 5 ans à plein temps. Nous avons donc choisi d’étudier les services et programmes
destinés aux enfants d’âge préscolaire offerts par la Garderie Clin d’œil, Le Relais, le
Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières (CSCDGR) et le Conseil
scolaire publique du Nord-Est de l’Ontario (CSDNE).

2.1 La Garderie Clin d’Oeil

La seule garderie francophone de Timmins est la Garderie Clin d’Oeil. Cette dernière a
été mise sur pied vers la fin des années 1980 à la suite de la publication d’un rapport qui
démontrait le besoin d’une garderie pour desservir la communauté francophone de
Timmins. Le projet a été parrainé par l’ACFO régionale de Timmins. Suite à un protocole
d’entente avec le Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières, la
Garderie Clin d’Oeil occupe des locaux qui se trouvent à l’École secondaire Thériault. Il
est important de noter que la garderie se veut un service de garde laïque, bien qu’elle
soit située dans une école catholique. Le fait que la garderie occupe des locaux dans
une école catholique irrite les dirigeants du Conseil scolaire publique du Nord-Est de
l’Ontario, qui affirment que le projet de garderie francophone était à l’origine une
initiative de leur conseil et qu’il a été usurpé par le conseil catholique. Les dirigeants du
conseil public estiment qu’en accordant des locaux à la Garderie Clin d’Oeil, le conseil
catholique espère ainsi fidéliser une clientèle. Malgré la tension entourant le choix de
lieu du service, la Garderie Clin d’Oeil a ouvert officiellement ses portes le 17 février
1994. La garderie accueille 19 enfants à plein temps et 19 enfants à temps partiel âgés
de 18 mois à 5 ans.

La mission de la Garderie Clin d’Oeil telle que décrite dans les Statuts et règlements est
de « ... desservir les besoins de la communauté francophone de Timmins. Par
conséquent, la Garderie Clin d’Oeil a pour mission d’assurer la continuité et
l’épanouissement de la langue et de la culture franco-ontarienne dans notre milieu »

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(Garderie Clin d’Oeil, Statuts et règlements : 1). En plus de cette mission générale, la
garderie s’est donné comme objectif, « de favoriser le développement et
l’épanouissement cognitif, moral, physique et social ; de promouvoir la langue française,
la culture franco-ontarienne, ainsi que le sentiment d’appartenance à la communauté
franco-ontarienne ; d’encourager la collaboration, l’autodiscipline et l’indépendance
auprès des enfants qui lui sont confiés » (Garderie Clin d’Oeil, Statuts et règlements :
1-2). Finalement, dans le Guide aux parents, la direction de la garderie explique que les
enfants, grâce à des expériences de jeu et à l’expérience d’un personnel spécialisé,
vivent des situations qui les stimulent dans les domaines suivants : amour-propre,
habileté à prendre des décisions, curiosité, l’initiative et l’autonomie, interaction avec les
pairs, activité physique afin de développer la motricité fine et globale et l’habileté à
communiquer (Garderie Clin d’Oeil, Statuts et règlements : 2).

C’est le conseil d’administration qui a l’autorité et la responsabilité d’assurer l’orientation
et l’administration générale de la garderie. Les huit membres du conseil d’administration
sont donc responsables des finances, des contrats des employés et ce sont eux qui
doivent approuver toute décision importante, telle que la construction d’un nouveau
terrain de jeu. Des comités permanents travaillent sous l’autorité du conseil
d’administration. Ces comités sont au nombre de cinq et gèrent, entre autres, le
personnel, les finances et les relations publiques. Au niveau du fonctionnement
quotidien de la garderie, c’est la directrice qui est la principale responsable de
l’exécution des décisions prises par le conseil. Elle est assistée dans ses responsabilités
par une directrice adjointe et une coordonnatrice des projets spéciaux. Finalement, ce
sont les éducatrices qui exécutent les décisions prises par la directrice (Garderie Clin
d’Oeil, Statuts et règlements : 2-3).

La direction de la Garderie Clin d’Oeil considère que la promotion de la culture franco-
ontarienne se fait dans la mesure où les enfants baignent dans un environnement
français. En ce sens, toutes les activités se déroulent en français et les enfants ont
accès à des livres, des vidéos et des cassettes en français. Par ailleurs, comme il sera
expliqué plus longuement un peu plus loin, la Garderie Clin d’Oeil a établi des critères
d’admission relativement à la maîtrise du français. En raison de ces critères, il est
possible de constater que les enfants qui fréquentent la garderie s’expriment aisément
en français et n’ont presque jamais recours à des termes anglais. Cependant, il peut
arriver qu’un enfant emploie un anglicisme ou ait de la difficulté à s’exprimer clairement
en français. Dans ces cas, la politique de la garderie est de corriger l’enfant, par
exemple en expliquant que le terme « van » est un anglicisme et qu’en français le bon
mot est « camionnette ». Dans le cas où un enfant ne s’exprime pas clairement en
français, l’éducatrice questionne l’enfant afin de comprendre ce qu’il veut et reformule la
phrase de l’enfant dans un français correct afin que l’enfant puisse se corriger.

La Garderie Clin d’Oeil emploie six éducatrices, quatre à plein temps, une à temps
partiel et une aide-enseignante. Toutes les éducatrices doivent détenir une formation
collégiale en « garde éducative à l’enfance ». Il s’agit d’un cours de deux ans, offert
notamment à Timmins au Collège Boréal. En plus de cette formation postsecondaire,
toutes les éducatrices doivent avoir une excellente maîtrise du français. Le Tableau 1
indique que trois éducatrices qui ont rempli le questionnaire ont le français comme
langue maternelle et le français est leur langue d’usage habituelle.

                                                                                              11
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        Tableau 1. Profil linguistique des éducatrices de la Garderie Clin d’Oeil
        de Timmins

                                                        N           %
         Langue maternelle
           français                                     3         100
           autre                                        -          -
         Langue d’usage habituelle
           français                                     3         100
           autre                                        -          -
         Langue utilisée à la maison
           seulement français                           -          -
           surtout le français                          3         100
           autant en français qu’en anglais             -          -
           autre                                        -          -

Pour ce qui est de l’admission, le « Guide aux parents » produit par la Garderie Clin
d’Oeil indique clairement les critères d’admission. « Un des parents doit pouvoir
s’adresser à son enfant et au personnel de la garderie en français. L’enfant doit pouvoir
communiquer et s’exprimer en français. » (Garderie Clin d’Oeil, Guide aux parents, 3-4).
Afin de déterminer si l’enfant est en mesure de communiquer et de s’exprimer en
français, l’enfant est évalué par la directrice et une éducatrice. Une fois l’évaluation
terminée, si la directrice et l’éducatrice jugent que l’enfant ne répond pas aux exigences
linguistiques de la garderie, l’admission lui est refusée. Cependant, si l’enfant démontre
une connaissance jugée satisfaisante par la directrice, l’enfant devra vivre une période
d’essai d’un mois au cours de laquelle les éducatrices évalueront son aptitude
d’intégration aux activités et son aptitude linguistique. Suite à la période d’essai, l’enfant
sera évalué de nouveau par la directrice et une éducatrice. Si l’enfant n’a pu atteindre
les exigences linguistiques de la garderie, son admission définitive lui sera refusée
(Garderie Clin d’Oeil, Guide aux parents, 3-4). Donc, on peut constater que les critères
d’admission au niveau de la langue sont sévères et qu’ils sont strictement respectés. La
raison qui est donnée pour justifier ces critères est qu’on ne veut pas que la garderie
devienne « bilingue » ni un milieu « d’immersion ». On veut une véritable garderie
francophone où tout se fait en français et où les enfants ne seront pas anglicisés.

À l’heure actuelle, 19 enfants fréquentent la garderie à plein temps et 19 la fréquentent à
temps partiel. Le recrutement se fait surtout de bouche à oreille. La direction place
parfois des annonces dans des journaux, par exemple dans le Our Provincial Police
News. La garderie organise également des activités communautaires, par exemple une
collecte de denrées pour la banque alimentaire. Ce genre d’activité lui procure une
visibilité puisqu’une telle initiative fait normalement l’objet d’un article dans le journal Les
Nouvelles de Timmins.

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