Université Inter-Age Normandie " La Physique: une science mystérieuse? " - Itinéraire d'une physicienne normande de Caen à Austin-Texas en ...
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Université Inter–Age Normandie « La Physique: une science mystérieuse? » Jeudi 20 mai 2021 Conférence de Godefroy Kugel Itinéraire d’une physicienne normande de Caen à Austin- Texas en passant par Chamonix: Cécile de Witt-Morette-Payen
Cécile de Witt- Morette-Payen (1922- 2017) • C’est l’histoire d’une grande scientifique française, physicienne, une personnalité à multiples facettes, trop peu connue en France et probablement pas connue du tout en Normandie. • Une carrière scientifique hors normes. • Des rencontres exceptionnelles, notamment les plus grands physiciens du siècle. • Un itinéraire surprenant, avec de grandes joies et des peines immenses. • Un tempérament et une volonté à toute épreuve. Mais d’où vient mon intérêt pour Cécile?
UIA CAEN: Saison 2015 – 2016 CONFERENCE du 25 février 2016 par Professeur Godefroy KUGEL Cycle: La Physique: une science mystérieuse? Femmes en Physique Hypathie, Marie, Lise, Irène et Jocelyne, Marietta et Cécile
« Sortir de l’ombre » Nina Byers et Clary Williams Cambridge U.Press, New York (2006) • « An accurate and authoritative 2006 description of the women who made original and important contributions to physics, documenting their major discoveries and putting their work into its historical context. This book is an ideal reference for anyone with an interest in science and social history ».
Des physiciennes plus ou moins « oubliées » depuis 1850 1. Hertha Ayrton 1854–1923; 2. Margaret Maltby 1860–1944; 3. Agnes Pockels 1862–1935 Gary A. Williams; 4. Marie Curie 1867–1934; 5. Henrietta Leavitt 1868–1921; 6. Harriet Brooks 1876–1933; 7. Lise Meitner 1878-1968; 8. Emmy Noether 1882–1935; 9. Inge Lehmann 1888– 1993; 10. Marietta Blau 1894–1970; 11. Hertha Sponer 1895–1968; 12. Irene Joliot-Curie 1897–1956; 13. Katherine Burr Blodgett 1898–1979; 14. Cecilia Payne Gaposchkin 1900–1979; 15. Mary Cartwright 1900–1998; 16. Bertha Jeffreys 1903–1999; 17. Kathleen Yardley Lonsdale1903–1971; 18. Maria Goeppert Mayer 1906–1970; 19. Helen Megaw 1907–2002 ; 20. Yvette Cauchois 1908–1999 Christiane Bonnelle; 21. Marguerite Perey 1909–1975; 22. Dorothy Crowfoot Hodgkin 1910–1994; 23. Gertrude Scharff Goldhaber 1911–1998; 24. Chien Shiung Wu 1912–1997; 25. Margaret E. Burbidge 1919; 26. Phyllis Freier 1921–1992; 27. Rosalyn S. Yal; 28. Esther Conwell 1922; 29. Cecile Dewitt-Morette 1922; 30. Yvonne Choquet-Bruhat 1923; 31. Vera Rubin 1928; 32. Mildred S. Dresselhaus 1930; 33. Myriam Sarachik 1933; 34. Juliet Lee-Franzini 1933; 35. Helen T. Edwards 1936; 36. Mary K. Gaillard 1939; 37. Renata Kallosh 1943; 38. Jocelyn Bell Burnell 1943 ; 39. Gail G. Hanson 1947. 29. Cécile De Witt-Morette
Les parents de Cécile • Née à Paris le 21 décembre 1922, d’un père André Morette, ingénieur polytechnicien, Professeur aux Mines de Paris et de mère Marie-Louise Ravaudet. • En 1923, André Morette est nommé directeur de la SMN, ingénieur-conseil aux Mines de Soumont; il fonde une famille à Caen avec 3 filles et des enfants adoptés. • Un homme particulièrement apprécié dans son usine caennaise; il est à l’origine de la construction de la cité ouvrière de Mondeville. • Sa maman en a créé l’école et une maison familiale, pour « aider les familles à problèmes », selon Cécile
Premier drame dans la vie de Cécile en 1931: le décès de son père en mars 1931 à l’âge de 52 ans On trouve le discours d’adieu prononcé par Eugène Rouer, Directeur Général adjoint dans le « Bulletin de anciens de l’Ecole de Mines de Paris »
La famille Morette - Payen • Madame Morette-Ravaudet épouse en secondes noces un ingénieur de la SMN, Maurice Payen, en septembre 1932; la famille déménage de Caen pour Paris en 1932, pour rapidement revenir à Caen. • Maurice Payen, ingénieur des Mines de Douai, est ingénieur à la SMN à partir de 1920. • La famille prend demeure 19, rue des Chanoines, Maurice Payen ayant adopté les trois filles (acte du 9 septembre 1932 au Notaire Tardif) • En 1936, la famille achète un terrain à Pornic, où la famille construira une maison, où Cécile viendra jusqu’à la fin de sa vie, et où se rendent toujours les membres de la famille.
Le parcours scolaire et scientifique de Cecile Morette-Payen De la licence de physique à Caen, aux neutrons avec les Joliot-Curie, une thèse avec Louis de Broglie, à l'intégrale de Feynman aux USA (Princeton, Austin-Texas) à l’Ecole des Houches dans les Alpes • Cécile Morette-Payen commence ses études scientifiques à l'université de Caen; elle y obtient une licence en 1943. • Juste après-guerre, elle va faire partie de cette jeune génération de physiciens français qui, comme Albert Messiah, s'exilent, frustrés par le retard pris par la France en physique théorique et largement restée à l'écart de la révolution quantique, à part quelques grands noms, Louis de Broglie ou Léon Brillouin. • C’est le début d’une carrière exceptionnelle, comme nous allons le voir. • Mais en 1944, Cécile a 22 ans, la Normandie est en guerre et le débarquement a lieu le 6 juin 1944, précédé et accompagné de bombardements terribles sur Caen. Mais en 1944, un second drame se produit dans la vie de Cécile
Les bombardements de Caen par les alliés
Cécile a réussi sa licence de Physique à Caen en 1943, puis continue ses études de physique à Paris pour préparer un doctorat. Elle a un examen à Paris le 6 juin 1944, pour sa thèse, sous la direction de Louis de Broglie, le prix Nobel de Physique de 1929; elle peut s’y rendre, non sans difficultés, avant la date fatidique des bombardements et du débarquement. Le second drame de Cécile: la maison de ses parents est bombardée - par une lettre de son père adoptif, elle apprend que sa mère, sa sœur, sa grand-mère ainsi que leur bonne, ont péri sous les bombes alliés du Débarquement et dans la destruction de leur maison au 19, rue des Chanoines. - « Une rentrée fracassante dans le monde des adultes. Je me suis sentie tout à coup chef de famille à la place de ma mère. Il fallait que je travaille. J’ai accepté la proposition de Joliot »
LETTRE Maurice PAYEN à Cécile Caen, le Vendredi 9 Juin 1944. Mes chers enfants,, Ma chère Paulette,, Ma chère Margot, Le premier chapelet de bombes du bombardement du mardi 6 est tombé sur notre maison. Catastrophe épouvantable ! Maman, Grand-mère, Nicolette et la bonne Andrée écrasées sous les décombres. J’ai pu dans l’après-midi dégager le corps d’Andrée et de Nicolette qui devaient se trouver dans la salle à manger. J’ai entendu quelques plaintes d’Andrée aussitôt après le coup mais tout s’est tu immédiatement, elle était écrasée. Ma pauvre petite Nicolette était dans un état indescriptible. Quelle Douleur ! – Quant aux corps de Maman et de Grand-Mère, ils sont toujours sous les décombres, elles devaient se trouver dans la chambre de Grand-Mère. Nous venions de finir le déjeuner. Nicolette était dans le jardin, sur la pelouse, elle enlevait des mauvaises herbes. J’étais avec elle. Je la quitte pour aller voir Marianne qui se trouvait dans la cour à nettoyer les marches de l’escalier des mauvaise herbes poussant aux jointures. Nous avons eu dans la nuit un gros bombardement de la côte, un feu roulant continu qui laissait présager un débarquement, puis la matinée avait été calme. A 13h1/2 étant avec Marianne nous entendons le ronflement d’avions. Nous étions dans les communs, dans le local où l’on faisait la lessive. A peine y étions nous entrés, que nous avions une bombe qui éclatait dans la cour à l’endroit que nous venions de quitter ; à quelques mètres de l’endroit où nous nous trouvions. Nuit Sombre ! Marianne dans mes bras. Nous n’avons rien. Quand on revoit un peu clair, plus de maison, rien qu’un immense champ de décombres. Nous nous précipitons. Nous entendons les bombes qui continuent à pleuvoir dans la rue des Chanoines. Nous cherchons des secours. Nous appelons. Nous écoutons. Rien silence terrifiant. Nous nous mettons à déblayer. Après des heures, nous arrivons au corps d’Andrée, on continue sans arrêt. C’est après des heures et des efforts, le corps de ma chère petite fille Nicolette. En quel état ! Grand Dieu ! Et puis rien de Maman, rien de Grand-Mère…..
« Une rentrée fracassante dans le monde des adultes. Je me suis sentie tout à coup chef de famille à la place de ma mère. Il fallait que je travaille. J’ai accepté la proposition de Joliot » Dès 1943/1944, Cécile fait la rencontre avec Irène et Frédéric Joliot-Curie. (Nobel de Chimie en 1935 pour la découverte de la radioactivité artificielle) Cécile est recrutée par Frédéric Joliot, dès 1944, pour préparer ses cours; elle se rend compte qu’elle doit encore apprendre mieux la physique et beaucoup progresser en anglais
Irène (1897-1956) Curie et Frédéric (1900-1958) Joliot : Les découvreurs de « La radioactivité artificielle » Frédéric Joliot, (19 mars 1900 à Paris - 14 août 1958 à Paris) est un physicien et chimiste français. Etudiant de Paul Langevin, préparateur de Marie Curie, il rencontre Irène Curie. • Il a obtenu le prix Nobel de chimie en 1935 avec son épouse Irène Joliot-Curie pour la découverte de la radioactivité artificielle. • Autres travaux: observation d’une émission de positrons, construction du premier cyclotron, la fusion d’uranium, construction de la première pile atomique française Zoe…. • Directeur du CNRS en 1945, Haut commissaire au CEA…. Irène Joliot-Curie (12 septembre 1897 à Paris - 17 mars 1956 à Paris) est une chimiste, physicienne et femme politique française. Elle est la fille ainée de Pierre et Marie Curie. Épouse de Frédéric Joliot, elle a obtenu avec lui le prix Nobel de chimie en 1935. Elle a aussi été Sous-secrétaire d'État sous le Front populaire en 1936 sous le gouvernement de Blum. Elle devient directrice en 1946 de l’Institut radium créé par sa mère, et est Commissaire à l’Energie atomique. Elle décède en 1956 d’une leucémie.
Des invitations à travers le monde et des rencontres d’éminents physiciens • En 1947: Institut of Advanced Studies de Dublin dirigé par Edwin Schrödinger: elle travaille avec Prof. Walter Heitler. • En 1947: rencontre Paul Dirac à Cambridge. • Soutenance de sa thèse en 1947. • En 1948: Invitée à l’Institut de Physique Théorique de Copenhague chez Niels Bohr (un des pères de la Mécanique Quantique et prix Nobel de Physique 1922) • Invitée par Robert Oppenheimer à l’Institut of Advanced Physics de Princeton: elle y fait la connaissance d’Einstein dont elle est voisin de bureau, mais surtout de Robert Feynmann (Nobel de Physique en 1965 ) ….
Cécile à l’Institut de Physique Théorique de Copenhague de Niels Bohr
Cécile à Princeton à l’invitation de Robert Oppenheimer
Deux livres de jeunesse de Cécile (1951)
L’heure de grandes décisions Cécile commence à être connue dans le monde de la Physique mathématique. Elle reçoit de nombreuses sollicitations et propositions: • Un poste de MCF à l’ENS par Yves Rocard • Un poste de chercheur à Nancy par Laurent Schwartz (médaille Fields en 1950 pour sa « Théorie des distributions ») • Et surtout, une demande en mariage par le jeune et beau Bryce Seligmann (de Witt de sa mère), jeune étudiant en Physique à Princeton et qui fait la cour à Cécile, proposition qu’elle refuse… dans un premier temps !
Le choix:… oui à Bryce , mais! Cécile a toujours voulu rentrer en France: « Je veux aider la France et les autres pays européens à redémarrer en physique en apportant une solide introduction au monde de la recherche à ces étudiants qui n’avaient pas eu la chance comme moi de partir à l’étranger » La solution et le « deal avec Brice»: (qu’elle avait éconduit suite à sa demande) • « Je l'ai rappelé - et ce n'est pas la meilleure chose de rappeler si tôt un garçon que l'on a éconduit la veille - et je lui ai dit, je veux bien vous épouser si vous me laissez ouvrir une école de physique, l'été en France…. Il n'a rien compris. » • En quelques minutes, Cécile Morette a tout imaginé : la période des vacances d'été pour que étudiants et professeurs soient disponibles ; le lieu, à la fois spectaculaire et rustique, une petite commune au pied du Mont-Blanc (les Houches) où des amis possèdent un terrain, l'hébergement gratuit dans des chalets pour permettre aux professeurs de venir en famille et compenser le fait qu'elle ne pourrait pas les payer, l'organisation communautaire pour limiter les coûts.
L’Ecole de Physique théorique des Houches est née L'idée est complètement révolutionnaire pour l'époque, surtout en France où la notion de campus universitaire n'existe pas et où professeurs et élèves appartiennent à deux castes qui s'ignorent. Témoignage du physicien Pierre Averbuch de Grenoble: « Le plus incroyable , c'est qu'elle ait réussi à être reçue par le Directeur des Enseignements Supérieurs au Ministère de l'Education Nationale. Je ne sais toujours pas comment elle a fait. » Non seulement elle est reçue, mais en plus elle le convainc de financer l'école. On mesure là toute sa force de persuasion. Car, a priori , elle avait peu de chance : un bagage universitaire léger, un fiancé américain, aucune introduction particulière en France…. Que de la volonté! L‘Ecole est créée le 18 avril 1951, Cécile se marie le 26 avril. Dès la première année, les Houches attirent l'élite des professeurs et des étudiants. « Yves Rocard m'a envoyé ses meilleurs élèves . » dit Cécile.
Création des Houches le 18 avril, mariage le 26 avril 1951
Bryce Seligman-de Witt (1923-2004) (en illustration la Torah ramenée par Emil Seligman, un arrière grand père de Bryce, quand il a quitté l’Allemagne, et restée dans la famille: photo de Chris de Witt, une des filles de Cécile) • Né Carl Bryce Seligman, Bryce prend le nom de sa mère en 1950: de Witt. • D’une famille juive allemande ayant émigrée aux USA au XIXe siècle. • Des études de physique à Harvard University, puis à Princeton où il rencontre Cécile. • Différents postes dans des illustres universités américaines:Lawrence Livermore, North Carolina, Stanford, Oxford, University of California, Austin.
Les travaux et les titres de Bryce de Witt • Bryce De Witt est connu pour avoir formulé la version canonique de la théorie de la gravitation quantique : une des premières approches pour quantifier la théorie de la relativité généralisée. • Il met au point avec John Archibald Wheeler, l'équation de Wheeler-DeWitt pour la fonction d'onde de l'univers, et qui va être à la base de la « Théorie des boucles ».(Carlo Rovelli – Lee Smolin…) • Des contributions importantes à l'interprétation en mécanique quantique des mondes multiples de Hugh Everett. • Il reçut le prix Dirac, la distinction d'Einstein de la Société américaine de physique. • Il est membre de l'Académie nationale des sciences des États-Unis et de l'Académie américaine des arts et des lettres.
Les quatres filles de Cécile and Bryce: Nicolette, Jan, Chris, and Abigail.
Une carrière américaine et internationale de haut niveau… mais aussi des discriminations • 1952-1955: Université de Berkeley • 1956-1971: Université de Caroline du Nord, Chapel Hill comme « Visiting Professor » • À partir de 1972: Professeur d’Astronomie à l’Université du Texas à Austin (ce n’est pas sa spécialité !) • Elle doit perpétuellement lutter pour pouvoir occuper les postes qu’elle mérite: lettre pour les financements à Louis de Broglie • Des postes de professeurs invitées à Grenoble, Rio de Janeiro, Bangalore, Impérial Collège de Londres, Bielefeld, Warwick…., mais un poste fixe de Professeur de Physique à Austin qu’en 1983 !
Cécile dans le monde des grands physiciens américains • Un témoignage de Freeman Dyson, Professor Emeritus in the School of Natural Sciences, dans la revue Physical Today: “ …. a great woman appears, whose name was then Cécile Morette and is now Cécile DeWitt. She was in 1948 a member of the Institute for Advanced Study, having arrived from France via Dublin and Copenhagen. She was the first of the younger generation to grasp the full scope and power of the Feynman path integral approach to physics. While I was concerned with applying Feynman’s methods to detailed calculations, she was thinking of larger issues, extending the path integral idea to everything in the universe including gravitation and curved space-time….”
Les travaux de Cécile: la rencontre avec Richard Feynmann à Princeton et les intégrales de chemins • Une intégrale de chemin est une intégrale fonctionnelle, c'est-à-dire que l'intégrant est une fonction et que la somme est prise sur des fonctions, et non sur des nombres réels comme pour les intégrales ordinaires. • ... L'intégrale de chemin est un outil puissant pour l'étude de la théorie quantique des champs (Quantum Field Theory)... • La notion d’intégrale de chemin a débouché sur la Théorie de l’Electrodynamique Quantique, pour laquelle Feynmann a obtenu le Prix Nobel de Physique en 1965. • Les travaux de Cécile s’inscrivent dans la continuité de ces travaux de Feynmann et dans leur extension et leur développement vers les théories des particules élémentaires (Modèle Standard) et les théories des champs.
Cecile DeWitt-Morette dans les années 50 Avec Isadore Singer (Professeur de mathématiques au MIT), Freeman Dyson (un des pères de l’Electrodynamique quantique avec Richard Feynman et très récemment décédé: 28février 2020) et Hideki Yukawa (Nobel de Physique en 1949 sur les mésons)
Une collaboration intense avec Madame Yvonne Choquet- Bruhat, née en 1923, et qui est devenue son amie. Madame Choquet-Bruhat est le première femme membre de l’Académie des Sciences.
Madame Choquet- Bruhat
Yvonne Choquet-Bruhat (1923) • Yvonne Choquet-Bruhat est née en 1923: baccalauréat et second prix du Concours Général de Physique en 1941, agrégation de Mathématiques en 1946 comme « major de sa promotion ». • Yvonne Choquet-Bruhat enseigne à l'Ecole Normale Supérieure à partir de 1946 à 1951, et obtient son doctorat CNRS. • Elle devient, après un passage à l'« Institute for Advanced Study» de Princeton,, en 1953, un poste maître de conférences à la Faculté des Sciences de Marseille. • De 1958 à 1959, elle enseigne à la Faculté des Sciences de Reims, puis à la Faculté des Sciences de Paris, où elle est titulaire de la chaire de mécanique analytique et mécanique céleste. • En 1971, elle intègre l'Université Pierre et Marie Curie de Paris, jusqu’en 1992. Elle est la première femme à avoir été élue membre de l'Académie des Sciences le 14 mai 1979. La première femme correspondante de l'Académie des sciences est Marguerite Perey en 1962. L'Académie refusa en particulier Émilie du Châtelet et Marie Curie (malgré son prix Nobel de physique en 1903). Les recherches d'Yvonne Choquet-Bruhat sont à la frontière entre la physique et les mathématiques. Elle a notamment réussi à faire avancer le calcul des ondes gravitationnelles émises lors de l'effondrement et la fusion de deux trous noirs. Elle a beaucoup travaillé sur ces notions avec Cécile Morette- de Witt, dont elle est devenue une grande amie.
Animation de la Physique • Conférence de Chapel Hill du 18 au 23 janvier 1957 sur la Relativité Générale: au cours de cette conférence la notion de trous noirs (nom inventé par John Wheeler) s’est définitivement installée. • « La lecture des minutes de cette conférence, préparées sous la direction de Cécile et de Bryce de Witt….montre que le basculement du doute à la certitude fut pour le moins hésitant » (selon Nathalie Deruelle: « Les ondes gravitationnelles »). • Organisation des Rencontres de Battelle à Seattle de 1967 à 1972: rencontre entre mathématiciens et physiciens travaillant sur les grands domaines de la physique: Stephen Hawking, John Wheeler, Roger Penrose… (destin de l’univers, cosmologie quantique, trous noirs…..) • L’Ecole de Physique Théorique des Houches: importance de la session 1972, où furent discutées toutes les notions essentielles installant le concept des trous noirs.
Cécile, Bryce et « les trous noirs »
Extraits d’une revue « Lumières sur les Hautes Alpes » « Cécile DeWitt-Morette imagine l'organisation d'un cours d'été qui réunirait (dans les conditions sommaires de séjour des chalets de haute montagne) professeurs et étudiants venus de divers pays européens pour échanger des connaissances et tisser des réseaux de relations scientifiques ». « En 1951, le premier cours consacré à la physique quantique a été dispensé par Léon Van Hove, devenu directeur du CERN à Genève de 1976 à 1980. Plusieurs physiciens très jeunes ont été invités à professer aux Houches, tel Walter Kohn, né en 1923, d'origine autrichienne (prix Nobel en 1988) venu donner ici un cours de physique du solide. Certains étudiants ayant suivi une ou plusieurs sessions sont ultérieurement devenus célèbres, tels Pierre-Gilles de Gennes élève en 1953, ou Georges Charpak (1924 - 2010) prix Nobel de physique en 1992 et inventeur de La Main à la pâte en 1996, pour réformer en profondeur l'enseignement des sciences dans le primaire et le secondaire ; ou encore Claude Cohen-Tannoudji, professeur au Collège de France , titulaire de la chaire de physique atomique et moléculaire (1973-2004) « .
LES DIFFERENTS DIRECTEURS DES HOUCHES • Cécile DeWitt-Morette (1956-1972) • Roger Balian (1972-1980) • Raymond Stora (1980-1987) • Jean Zinn-Justin (1987-1995) • François David (1996-2001) • Jean Dalibard (2001-2006) • Leticia Cugliandolo (2006-2017) • Christophe Salomon (since 2017)
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES Many Nobel Prizes and Fields Medalists contributed to the reputation of the School of Physics. • PW Anderson: en 1967. Nobel 1977. • J. Bardeen: en 1956. Nobel 1956 and 1972. • N. Bloembergen: en 1964. Nobel 1981. • A. Bohr: en 1955. Nobel 1975. • A. Chamberlain: en 1957. Nobel 1959. • S. Chu: en 1999. Nobel 1997. • C. Cohen-Tannoudji: en 1955 and 1964. Nobel 1997. • A. Connes: en 1970. Fields Medalist 1982. • L.N. Cooper: Nobel 1972. • EA Cornell: en 1999. Nobel 2001.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES Many Nobel Prizes and Fields Medalists contributed to the reputation of the School of Physics. • F. Englert: en 1979. Nobel 2013. • E. Fermi: en 1954. Nobel 1938. • A. Fert: en 2012. Nobel 2007 • R. Feynman: en 1976. Nobel 1965. • R. Glauber: en 1954 and 1964. Nobel 2005. • M. Gell-Mann: en 1952. Nobel 1969. • PG de Gennes: en 1953 and 1967. Nobel 1991. • DJ Gross: en 1975. Nobel 2004. • D.M. Haldane: en 2008. Nobel 2016.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES Many Nobel Prizes and Fields Medalists contributed to the reputation of the School of Physics. • S. Haroche: en 1990. Nobel 2012. • G. Hooft: en 1975. Nobel 1999. • JH Jensen: en 1953. Nobel 1963. • A. Kastler: en 1951. Nobel 1966. • W. Ketterle: en 1999 and 2010. Nobel 2001. • W. Kohn: en 1951 and 1967. Nobel 2003. • W. Lamb: en 1964. Nobel 1955. • T.D. Lee: en 1975. Nobel 1957. • A. Leggett: en 1986. Nobel 2003. • A.B. McDonald: en 1994. Nobel 2015. • B. Mottelson: en 1958. Nobel 1975. • G. Mourou: en 2015. Nobel 2018. • L. Néel: en 1956 and 1961. Nobel 1970.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES Many Nobel Prizes and Fields Medalists contributed to the reputation of the School of Physics. • W. Pauli: en 1951, 1952 and 1955. Nobel 1945. • J. Peebles: en 1979. Nobel 2019. • A. Penzias: en 1974. Nobel 1978. • WD Phillips: en 1999 and 2010. Nobel 1997. • N. Ramsey: en 1955. Nobel 1989. • A. Salam: en 1957. Nobel 1979. • E. Segré: en 1951. Nobel 1959. • B. Schmidt: en 1990. Nobel 2011. • JR Schrieffer: en 1958. Nobel 1972. • J. Schwinger: en 1955. Nobel 1965. • W. Shockley: en 1953. Nobel 1956. • J. Steinberger: en 1960. Nobel 1988.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES Many Nobel Prizes and Fields Medalists contributed to the reputation of the School of Physics. • R. Thom: Fields Medalist in 1958. • K. S. Thorne: en 1963, 1966, 1972, 1982. Nobel 2017. • D.J. Thouless: en 1978. Nobel 2016. • C. Townes: en 1955. Nobel 1964. • JG Veltman: en 1976. Nobel 1999. • EP Wigner: en 1955. Nobel 1963. • KG Wilson: en 1975. Nobel 1982. • E. Witten: Fields Medalist in 1990. • CN Yang: en 1957. Nobel 1957.
Bryce de Witt, Kip Thorne , de Gennes et Charpak, Stephen Hawking…
L’hommage de Kip Thorne à Cécile aux Houches en 2017
Chris De Witt, une des filles de Cécile dévoile la plaque en l’honneur de sa mère Cécile aux Houches
Signature d’un accord entre la France et l’Université du Texas à Austin pour la création d’un fonds bilatéral de soutien aux collaborations de recherche (Fond Cécile Morette - De Witt)
Création du « Planned Living Assistance Network » of Central Texas avec Alicia et John Nash (« Un homme d’exception »)
Pierre-Gilles de Gennes (Nobel en 1991) aux Houches en 1953 • Il a assisté plusieurs fois à l’Ecole des Houches: la première fois a été en 1953, peu de temps après la création de l’Ecole; il était encore un très jeune physicien. • Selon Philippe Nozières, « L’organisation relevait du bidouillage, mais elle a réussi de faire venir les plus grands noms de la physique, payés des clopinettes, mais fascinés par l’enthousiasme de Cécile. • Y ont participé entre autres: Nozières, Aigrain, Peierls, Shockley, Pauli, ….
Un des plus beaux hommages à Cécile par le Prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes • Pierre-Gilles de Gennes répètera souvent que ces deux mois comptent parmi les plus importants de sa vie: « Je suis revenu transformé de cette école d’été: ma vocation pour la physique est née là » … • « Notre génération a été sauvée par cette école ». • « Cécile de Witt a fait autant pour la physique en France que bien des gouvernements; il n’est pas exagéré de dire que la création de cette école a été l’un des facteurs majeurs du redressement scientifique français de l’après guerre. • « Je tenais à vous dire combien, à mon avis, la nation lui est redevable » écrira-t-il au directeur des Enseignements supérieurs en 1988.
Cécile Morette-de Witt: décès à Austin le 8 mai 2017
Cécile et Yvonne
Chris De Witt se recueillant sur la tombe de ses ancêtres au cimetière de Pornic
La pierre tombale des Ravaudet-Morette-Payen- DeWitt à Pornic
Un message « surprenant » assez récent de la part de Chris De Witt: « My 3 French grandfathers. It ’s complicated! »: Morette , Payen, Pecker !!!
Une information très récente que je tiens de Madame Chris De Witt, la fille aînée de Cécile….
Merci de votre attention Cécile Morette-Payen, (épouse De Witt) décède le 8 mai 2017 • Fondatrice de l'École d'été de Physique théorique des Houches. • Thèse avec Louis de Broglie ( la dualité ondes/corpuscules) et travail avec Irène et Frédéric Joliot Curie, puis plus tard avec Schrödinger, Heitler, Dirac, Feynman, Dyson, Choquet-Bruhat…. et plus tard avec son époux Bryce DeWitt, • Maitre de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de 1944 à 1965, puis professeur à l'Université du Texas à Austin de 1972 à 1993. • Membre du Conseil de l'Institut des hautes études scientifiques (IHES). • Consultante de l’OTAN de 1962 à 1966. • Chevalier de l'ordre national du Mérite en 1981, Chevalier de la Légion d'honneur le 17 novembre 1999, elle est promue officier de la Légion d'honneur le 14 juillet 2011.
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