Université Inter-Age Normandie " La Physique: une science mystérieuse? " - Itinéraire d'une physicienne normande de Caen à Austin-Texas en ...

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Université Inter–Age
       Normandie
« La Physique: une science
      mystérieuse? »

      Jeudi 20 mai 2021
 Conférence de Godefroy Kugel

   Itinéraire d’une physicienne
  normande de Caen à Austin-
Texas en passant par Chamonix:
 Cécile de Witt-Morette-Payen
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Cécile de Witt- Morette-Payen
                (1922- 2017)
• C’est l’histoire d’une grande scientifique
  française, physicienne, une personnalité à
  multiples facettes, trop peu connue en
  France et probablement pas connue du
  tout en Normandie.
• Une carrière scientifique hors normes.
• Des        rencontres       exceptionnelles,
  notamment les plus grands physiciens du
  siècle.
• Un itinéraire surprenant, avec de grandes
  joies et des peines immenses.
• Un tempérament et une volonté à toute
  épreuve.

  Mais d’où vient mon intérêt pour Cécile?
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UIA CAEN: Saison 2015 – 2016

                                        CONFERENCE
                                      du 25 février 2016
                               par Professeur Godefroy KUGEL

                                       Cycle: La Physique:
                                    une science mystérieuse?

          Femmes
             en
          Physique

Hypathie, Marie, Lise, Irène et Jocelyne,
           Marietta et Cécile
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« Sortir de l’ombre »
              Nina Byers et Clary Williams
           Cambridge U.Press, New York (2006)

• « An accurate and
  authoritative 2006 description
  of the women who made
  original and important
  contributions to physics,
  documenting their major
  discoveries and putting their
  work into its historical context.
  This book is an ideal reference
  for anyone with an interest in
  science and social history ».
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Des physiciennes plus ou moins « oubliées » depuis 1850
1. Hertha Ayrton 1854–1923; 2. Margaret Maltby 1860–1944; 3. Agnes
   Pockels 1862–1935 Gary A. Williams; 4. Marie Curie 1867–1934; 5.
   Henrietta Leavitt 1868–1921; 6. Harriet Brooks 1876–1933; 7. Lise
   Meitner 1878-1968; 8. Emmy Noether 1882–1935; 9. Inge Lehmann 1888–
   1993; 10. Marietta Blau 1894–1970; 11. Hertha Sponer 1895–1968; 12.
   Irene Joliot-Curie 1897–1956; 13. Katherine Burr Blodgett 1898–1979; 14.
   Cecilia Payne Gaposchkin 1900–1979; 15. Mary Cartwright 1900–1998;
   16. Bertha Jeffreys 1903–1999; 17. Kathleen Yardley Lonsdale1903–1971;
   18. Maria Goeppert Mayer 1906–1970; 19. Helen Megaw 1907–2002 ; 20.
   Yvette Cauchois 1908–1999 Christiane Bonnelle; 21. Marguerite Perey
   1909–1975; 22. Dorothy Crowfoot Hodgkin 1910–1994; 23. Gertrude
   Scharff Goldhaber 1911–1998; 24. Chien Shiung Wu 1912–1997; 25.
   Margaret E. Burbidge 1919; 26. Phyllis Freier 1921–1992; 27. Rosalyn S.
   Yal; 28. Esther Conwell 1922; 29. Cecile Dewitt-Morette 1922; 30. Yvonne
   Choquet-Bruhat 1923; 31. Vera Rubin 1928; 32. Mildred S. Dresselhaus
   1930; 33. Myriam Sarachik 1933; 34. Juliet Lee-Franzini 1933; 35. Helen T.
   Edwards 1936; 36. Mary K. Gaillard 1939; 37. Renata Kallosh 1943; 38.
   Jocelyn Bell Burnell 1943 ; 39. Gail G. Hanson 1947.

                29. Cécile De Witt-Morette
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Cécile De Witt-Morette:
quelques photos à travers les âges
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Les parents de Cécile
• Née à Paris le 21 décembre 1922, d’un père
  André Morette, ingénieur polytechnicien,
  Professeur aux Mines de Paris et de mère
  Marie-Louise Ravaudet.
• En 1923, André Morette est nommé
  directeur de la SMN, ingénieur-conseil aux
  Mines de Soumont; il fonde une famille à
  Caen avec 3 filles et des enfants adoptés.
• Un homme particulièrement apprécié dans
  son usine caennaise; il est à l’origine de la
  construction de la cité ouvrière de
  Mondeville.
• Sa maman en a créé l’école et une maison
  familiale, pour « aider les familles à
  problèmes », selon Cécile
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Premier drame dans la vie de Cécile en 1931:
le décès de son père en mars 1931 à l’âge de 52
                        ans
On trouve le discours d’adieu prononcé par Eugène
Rouer, Directeur Général adjoint dans le « Bulletin
     de anciens de l’Ecole de Mines de Paris »
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La famille Morette - Payen

• Madame Morette-Ravaudet épouse en secondes
  noces un ingénieur de la SMN, Maurice Payen, en
  septembre 1932; la famille déménage de Caen
  pour Paris en 1932, pour rapidement revenir à
  Caen.
• Maurice Payen, ingénieur des Mines de Douai, est
  ingénieur à la SMN à partir de 1920.

• La famille prend demeure 19, rue des Chanoines,
  Maurice Payen ayant adopté les trois filles (acte
  du 9 septembre 1932 au Notaire Tardif)

• En 1936, la famille achète un terrain à Pornic, où
  la famille construira une maison, où Cécile viendra
  jusqu’à la fin de sa vie, et où se rendent toujours
  les membres de la famille.
Le parcours scolaire et scientifique de Cecile Morette-Payen

    De la licence de physique à Caen, aux neutrons avec les Joliot-Curie,
     une thèse avec Louis de Broglie, à l'intégrale de Feynman aux USA
       (Princeton, Austin-Texas) à l’Ecole des Houches dans les Alpes

•    Cécile Morette-Payen commence ses études scientifiques à l'université de
     Caen; elle y obtient une licence en 1943.
•    Juste après-guerre, elle va faire partie de cette jeune génération de physiciens
     français qui, comme Albert Messiah, s'exilent, frustrés par le retard pris par la
     France en physique théorique et largement restée à l'écart de la révolution
     quantique, à part quelques grands noms, Louis de Broglie ou Léon Brillouin.
•    C’est le début d’une carrière exceptionnelle, comme nous allons le voir.

•    Mais en 1944, Cécile a 22 ans, la Normandie est en guerre et le
     débarquement a lieu le 6 juin 1944, précédé et accompagné de
     bombardements terribles sur Caen.

    Mais en 1944, un second drame se produit dans la vie de Cécile
Les bombardements de
   Caen par les alliés
Cécile a réussi sa licence de Physique à Caen en 1943, puis continue
     ses études de physique à Paris pour préparer un doctorat.

Elle a un examen à Paris le 6 juin 1944, pour sa thèse,
    sous la direction de Louis de Broglie, le prix Nobel
    de Physique de 1929; elle peut s’y rendre, non sans
    difficultés, avant la date fatidique des
    bombardements et du débarquement.

 Le second drame de Cécile: la maison de ses
            parents est bombardée
-   par une lettre de son père adoptif, elle apprend
    que sa mère, sa sœur, sa grand-mère ainsi que leur
    bonne, ont péri sous les bombes alliés du
    Débarquement et dans la destruction de leur
    maison au 19, rue des Chanoines.

-   « Une rentrée fracassante dans le monde des
    adultes. Je me suis sentie tout à coup chef de
    famille à la place de ma mère. Il fallait que je
    travaille. J’ai accepté la proposition de Joliot »
LETTRE Maurice PAYEN à Cécile
Caen, le Vendredi 9 Juin 1944.
Mes chers enfants,, Ma chère Paulette,, Ma chère Margot,
Le premier chapelet de bombes du bombardement du mardi 6 est tombé sur notre maison. Catastrophe
épouvantable !

Maman, Grand-mère, Nicolette et la bonne Andrée écrasées sous les décombres.
J’ai pu dans l’après-midi dégager le corps d’Andrée et de Nicolette qui devaient se trouver dans la salle à manger.
J’ai entendu quelques plaintes d’Andrée aussitôt après le coup mais tout s’est tu immédiatement, elle était écrasée.
Ma pauvre petite Nicolette était dans un état indescriptible. Quelle Douleur ! – Quant aux corps de Maman et de
Grand-Mère, ils sont toujours sous les décombres, elles devaient se trouver dans la chambre de Grand-Mère.

Nous venions de finir le déjeuner. Nicolette était dans le jardin, sur la pelouse, elle enlevait des mauvaises herbes.
J’étais avec elle. Je la quitte pour aller voir Marianne qui se trouvait dans la cour à nettoyer les marches de
l’escalier des mauvaise herbes poussant aux jointures.

Nous avons eu dans la nuit un gros bombardement de la côte, un feu roulant continu qui laissait présager un
débarquement, puis la matinée avait été calme. A 13h1/2 étant avec Marianne nous entendons le ronflement
d’avions. Nous étions dans les communs, dans le local où l’on faisait la lessive. A peine y étions nous entrés, que
nous avions une bombe qui éclatait dans la cour à l’endroit que nous venions de quitter ; à quelques mètres de
l’endroit où nous nous trouvions. Nuit Sombre ! Marianne dans mes bras. Nous n’avons rien. Quand on revoit un
peu clair, plus de maison, rien qu’un immense champ de décombres. Nous nous précipitons. Nous entendons les
bombes qui continuent à pleuvoir dans la rue des Chanoines. Nous cherchons des secours.

Nous appelons. Nous écoutons. Rien silence terrifiant. Nous nous mettons à déblayer. Après des heures, nous
arrivons au corps d’Andrée, on continue sans arrêt. C’est après des heures et des efforts, le corps de ma chère
petite fille Nicolette. En quel état ! Grand Dieu ! Et puis rien de Maman, rien de Grand-Mère…..
« Une rentrée fracassante dans le monde des adultes. Je me suis sentie tout à coup
   chef de famille à la place de ma mère. Il fallait que je travaille. J’ai accepté la
                               proposition de Joliot »

    Dès 1943/1944, Cécile fait la rencontre avec Irène et Frédéric Joliot-Curie.
   (Nobel de Chimie en 1935 pour la découverte de la radioactivité artificielle)

Cécile est recrutée par Frédéric Joliot, dès 1944, pour préparer ses cours; elle se
  rend compte qu’elle doit encore apprendre mieux la physique et beaucoup
                             progresser en anglais
Irène (1897-1956) Curie et Frédéric (1900-1958) Joliot :
   Les découvreurs de « La radioactivité artificielle »
          Frédéric Joliot, (19 mars 1900 à Paris - 14 août 1958 à Paris) est un
             physicien et chimiste français. Etudiant de Paul Langevin,
             préparateur de Marie Curie, il rencontre Irène Curie.
          • Il a obtenu le prix Nobel de chimie en 1935 avec son épouse
             Irène Joliot-Curie pour la découverte de la radioactivité
             artificielle.
          • Autres travaux: observation d’une émission de positrons,
             construction du premier cyclotron, la fusion d’uranium,
             construction de la première pile atomique française Zoe….
          • Directeur du CNRS en 1945, Haut commissaire au CEA….

          Irène Joliot-Curie (12 septembre 1897 à Paris - 17 mars 1956 à Paris)
              est une chimiste, physicienne et femme politique française. Elle
              est la fille ainée de Pierre et Marie Curie. Épouse de Frédéric
              Joliot, elle a obtenu avec lui le prix Nobel de chimie en 1935. Elle
              a aussi été Sous-secrétaire d'État sous le Front populaire en 1936
              sous le gouvernement de Blum. Elle devient directrice en 1946 de
              l’Institut radium créé par sa mère, et est Commissaire à l’Energie
              atomique. Elle décède en 1956 d’une leucémie.
Des invitations à travers le monde et des
     rencontres d’éminents physiciens
• En 1947: Institut of Advanced Studies de
  Dublin dirigé par Edwin Schrödinger: elle
  travaille avec Prof. Walter Heitler.
• En 1947: rencontre Paul Dirac à
  Cambridge.
• Soutenance de sa thèse en 1947.
• En 1948: Invitée à l’Institut de Physique
  Théorique de Copenhague chez Niels
  Bohr (un des pères de la Mécanique
  Quantique et prix Nobel de Physique
  1922)
• Invitée par Robert Oppenheimer à
  l’Institut of Advanced Physics de
  Princeton: elle y fait la connaissance
  d’Einstein dont elle est voisin de bureau,
  mais surtout de Robert Feynmann (Nobel
  de Physique en 1965 ) ….
Cécile à l’Institut de Physique Théorique de
         Copenhague de Niels Bohr
Cécile à Princeton à
l’invitation de Robert
    Oppenheimer
Deux livres de jeunesse de Cécile (1951)
L’heure de grandes décisions
Cécile commence à être connue dans le monde
de la Physique mathématique.
Elle reçoit de nombreuses sollicitations et
propositions:
• Un poste de MCF à l’ENS par Yves Rocard
• Un poste de chercheur à Nancy par Laurent
   Schwartz (médaille Fields en 1950 pour sa
   « Théorie des distributions »)

• Et surtout, une demande en mariage par le
  jeune et beau Bryce Seligmann (de Witt de sa
  mère), jeune étudiant en Physique à Princeton
  et qui fait la cour à Cécile, proposition qu’elle
  refuse… dans un premier temps !
Le choix:… oui à Bryce , mais!
Cécile a toujours voulu rentrer en France: « Je veux aider la France et les
autres pays européens à redémarrer en physique en apportant une solide
introduction au monde de la recherche à ces étudiants qui n’avaient pas eu
la chance comme moi de partir à l’étranger »

La solution et le « deal avec Brice»: (qu’elle avait éconduit suite à sa
demande)

• « Je l'ai rappelé - et ce n'est pas la meilleure chose de rappeler si tôt un
  garçon que l'on a éconduit la veille - et je lui ai dit, je veux bien vous
  épouser si vous me laissez ouvrir une école de physique, l'été en France….
  Il n'a rien compris. »
• En quelques minutes, Cécile Morette a tout imaginé : la période des
  vacances d'été pour que étudiants et professeurs soient disponibles ; le
  lieu, à la fois spectaculaire et rustique, une petite commune au pied du
  Mont-Blanc (les Houches) où des amis possèdent un terrain,
  l'hébergement gratuit dans des chalets pour permettre aux professeurs
  de venir en famille et compenser le fait qu'elle ne pourrait pas les payer,
  l'organisation communautaire pour limiter les coûts.
L’Ecole de Physique théorique des Houches est née
 L'idée est complètement révolutionnaire pour l'époque, surtout en
 France où la notion de campus universitaire n'existe pas et où
 professeurs et élèves appartiennent à deux castes qui s'ignorent.

 Témoignage du physicien Pierre Averbuch de Grenoble:
  « Le plus incroyable , c'est qu'elle ait réussi à être reçue par le Directeur
 des Enseignements Supérieurs au Ministère de l'Education Nationale. Je
 ne sais toujours pas comment elle a fait. »

 Non seulement elle est reçue, mais en plus elle le convainc de financer
 l'école. On mesure là toute sa force de persuasion. Car, a priori , elle avait
 peu de chance : un bagage universitaire léger, un fiancé américain,
 aucune introduction particulière en France…. Que de la volonté!

 L‘Ecole est créée le 18 avril 1951, Cécile se marie le 26 avril. Dès la
 première année, les Houches attirent l'élite des professeurs et des
 étudiants. « Yves Rocard m'a envoyé ses meilleurs élèves . » dit Cécile.
Création des Houches le 18 avril, mariage le 26 avril 1951
Bryce Seligman-de Witt (1923-2004)
 (en illustration la Torah ramenée par Emil Seligman, un
       arrière grand père de Bryce, quand il a quitté
  l’Allemagne, et restée dans la famille: photo de Chris
              de Witt, une des filles de Cécile)

• Né Carl Bryce Seligman, Bryce prend le
  nom de sa mère en 1950: de Witt.
• D’une famille juive allemande ayant
  émigrée aux USA au XIXe siècle.
• Des études de physique à Harvard
  University, puis à Princeton où il
  rencontre Cécile.
• Différents postes dans des illustres
  universités américaines:Lawrence
  Livermore, North Carolina, Stanford,
  Oxford, University of California, Austin.
Les travaux et les titres de Bryce de Witt
• Bryce De Witt est connu pour avoir formulé la
  version canonique de la théorie de la
  gravitation quantique : une des premières
  approches pour quantifier la théorie de la
  relativité généralisée.
• Il met au point avec John Archibald Wheeler,
  l'équation de Wheeler-DeWitt pour la
  fonction d'onde de l'univers, et qui va être à
  la base de la « Théorie des boucles ».(Carlo
  Rovelli – Lee Smolin…)
• Des contributions importantes à
  l'interprétation en mécanique quantique des
  mondes multiples de Hugh Everett.
• Il reçut le prix Dirac, la distinction d'Einstein
  de la Société américaine de physique.
• Il est membre de l'Académie nationale des
  sciences des États-Unis et de l'Académie
  américaine des arts et des lettres.
Les quatres filles de Cécile and Bryce: Nicolette, Jan,
                   Chris, and Abigail.
Une carrière américaine et internationale de
    haut niveau… mais aussi des discriminations

• 1952-1955: Université de Berkeley
• 1956-1971: Université de Caroline du Nord, Chapel Hill
  comme « Visiting Professor »
• À partir de 1972: Professeur d’Astronomie à l’Université
  du Texas à Austin (ce n’est pas sa spécialité !)
• Elle doit perpétuellement lutter pour pouvoir occuper
  les postes qu’elle mérite: lettre pour les financements à
  Louis de Broglie
• Des postes de professeurs invitées à Grenoble, Rio de
  Janeiro, Bangalore, Impérial Collège de Londres,
  Bielefeld, Warwick…., mais un poste fixe de Professeur
  de Physique à Austin qu’en 1983 !
Cécile dans le monde des grands physiciens américains

• Un témoignage de Freeman Dyson, Professor Emeritus
   in the School of Natural Sciences, dans la revue Physical
   Today:
“ …. a great woman appears, whose name was then Cécile
Morette and is now Cécile DeWitt. She was in 1948 a
member of the Institute for Advanced Study, having arrived
from France via Dublin and Copenhagen. She was the first
of the younger generation to grasp the full scope and
power of the Feynman path integral approach to physics.
While I was concerned with applying Feynman’s methods
to detailed calculations, she was thinking of larger issues,
extending the path integral idea to everything in the
universe including gravitation and curved space-time….”
Les travaux de Cécile: la rencontre avec Richard Feynmann à
                Princeton et les intégrales de chemins

•   Une intégrale de chemin est une intégrale fonctionnelle,
    c'est-à-dire que l'intégrant est une fonction et que la somme
    est prise sur des fonctions, et non sur des nombres réels
    comme pour les intégrales ordinaires.

•   ... L'intégrale de chemin est un outil puissant pour l'étude de
    la théorie quantique des champs (Quantum Field Theory)...

•   La notion d’intégrale de chemin a débouché sur la Théorie
    de l’Electrodynamique Quantique, pour laquelle Feynmann a
    obtenu le Prix Nobel de Physique en 1965.

•   Les travaux de Cécile s’inscrivent dans la continuité de ces
    travaux de Feynmann et dans leur extension et leur
    développement vers les théories des particules élémentaires
    (Modèle Standard) et les théories des champs.
Cecile DeWitt-Morette dans les années 50
Avec Isadore Singer (Professeur de mathématiques au MIT), Freeman Dyson (un
   des pères de l’Electrodynamique quantique avec Richard Feynman et très
 récemment décédé: 28février 2020) et Hideki Yukawa (Nobel de Physique en
                             1949 sur les mésons)
Une collaboration intense avec Madame Yvonne Choquet-
    Bruhat, née en 1923, et qui est devenue son amie.
Madame Choquet-Bruhat est le première femme membre de
                 l’Académie des Sciences.
Madame Choquet-
    Bruhat
Yvonne Choquet-Bruhat (1923)
•   Yvonne Choquet-Bruhat est née en 1923: baccalauréat et second prix du Concours Général de
    Physique en 1941, agrégation de Mathématiques en 1946 comme « major de sa promotion ».

•   Yvonne Choquet-Bruhat enseigne à l'Ecole Normale Supérieure à partir de 1946 à 1951, et obtient
    son doctorat CNRS.
•    Elle devient, après un passage à l'« Institute for Advanced Study» de Princeton,, en 1953, un poste
    maître de conférences à la Faculté des Sciences de Marseille.

•   De 1958 à 1959, elle enseigne à la Faculté des Sciences de Reims, puis à la Faculté des Sciences de
    Paris, où elle est titulaire de la chaire de mécanique analytique et mécanique céleste.

•   En 1971, elle intègre l'Université Pierre et Marie Curie de Paris, jusqu’en 1992.

Elle est la première femme à avoir été élue membre de l'Académie des Sciences le 14 mai 1979. La
     première femme correspondante de l'Académie des sciences est Marguerite Perey en 1962.
     L'Académie refusa en particulier Émilie du Châtelet et Marie Curie (malgré son prix Nobel de
     physique en 1903).

Les recherches d'Yvonne Choquet-Bruhat sont à la frontière entre la physique et les mathématiques.
    Elle a notamment réussi à faire avancer le calcul des ondes gravitationnelles émises lors de
    l'effondrement et la fusion de deux trous noirs.

Elle a beaucoup travaillé sur ces notions avec Cécile Morette- de Witt, dont elle est devenue une
    grande amie.
Animation de la Physique
• Conférence de Chapel Hill du 18 au 23 janvier 1957 sur la Relativité
  Générale: au cours de cette conférence la notion de trous noirs (nom
  inventé par John Wheeler) s’est définitivement installée.

•   « La lecture des minutes de cette conférence, préparées sous la
    direction de Cécile et de Bryce de Witt….montre que le basculement du
    doute à la certitude fut pour le moins hésitant » (selon Nathalie
    Deruelle: « Les ondes gravitationnelles »).

• Organisation des Rencontres de Battelle à Seattle de 1967 à 1972:
  rencontre entre mathématiciens et physiciens travaillant sur les grands
  domaines de la physique: Stephen Hawking, John Wheeler, Roger
  Penrose… (destin de l’univers, cosmologie quantique, trous noirs…..)

• L’Ecole de Physique Théorique des Houches: importance de la session
  1972, où furent discutées toutes les notions essentielles installant le
  concept des trous noirs.
Cécile, Bryce et « les trous noirs »
Extraits d’une revue « Lumières sur les Hautes Alpes »

« Cécile DeWitt-Morette imagine l'organisation d'un cours d'été qui
réunirait (dans les conditions sommaires de séjour des chalets de
haute montagne) professeurs et étudiants venus de divers pays
européens pour échanger des connaissances et tisser des réseaux de
relations scientifiques ».

« En 1951, le premier cours consacré à la physique quantique a été
dispensé par Léon Van Hove, devenu directeur du CERN à Genève de
1976 à 1980. Plusieurs physiciens très jeunes ont été invités à
professer aux Houches, tel Walter Kohn, né en 1923, d'origine
autrichienne (prix Nobel en 1988) venu donner ici un cours de
physique du solide. Certains étudiants ayant suivi une ou plusieurs
sessions sont ultérieurement devenus célèbres, tels Pierre-Gilles de
Gennes élève en 1953, ou Georges Charpak (1924 - 2010) prix Nobel
de physique en 1992 et inventeur de La Main à la pâte en 1996, pour
réformer en profondeur l'enseignement des sciences dans le primaire
et le secondaire ; ou encore Claude Cohen-Tannoudji, professeur au
Collège de France , titulaire de la chaire de physique atomique et
moléculaire (1973-2004) « .
LES DIFFERENTS DIRECTEURS DES HOUCHES

•   Cécile DeWitt-Morette (1956-1972)
•   Roger Balian (1972-1980)
•   Raymond Stora (1980-1987)
•   Jean Zinn-Justin (1987-1995)
•   François David (1996-2001)
•   Jean Dalibard (2001-2006)
•   Leticia Cugliandolo (2006-2017)
•   Christophe Salomon (since 2017)
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES
    Many Nobel Prizes and Fields Medalists contributed
       to the reputation of the School of Physics.

•   PW Anderson: en 1967. Nobel 1977.
•   J. Bardeen: en 1956. Nobel 1956 and 1972.
•   N. Bloembergen: en 1964. Nobel 1981.
•   A. Bohr: en 1955. Nobel 1975.
•   A. Chamberlain: en 1957. Nobel 1959.
•   S. Chu: en 1999. Nobel 1997.
•   C. Cohen-Tannoudji: en 1955 and 1964. Nobel 1997.
•   A. Connes: en 1970. Fields Medalist 1982.
•   L.N. Cooper: Nobel 1972.
•   EA Cornell: en 1999. Nobel 2001.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES
       Many Nobel Prizes and Fields Medalists
    contributed to the reputation of the School of
                       Physics.
• F. Englert: en 1979. Nobel 2013.
• E. Fermi: en 1954. Nobel 1938.
• A. Fert: en 2012. Nobel 2007
• R. Feynman: en 1976. Nobel 1965.
• R. Glauber: en 1954 and 1964. Nobel 2005.
• M. Gell-Mann: en 1952. Nobel 1969.
• PG de Gennes: en 1953 and 1967. Nobel
  1991.
• DJ Gross: en 1975. Nobel 2004.
• D.M. Haldane: en 2008. Nobel 2016.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES
      Many Nobel Prizes and Fields Medalists
    contributed to the reputation of the School
                    of Physics.
•   S. Haroche: en 1990. Nobel 2012.
•   G. Hooft: en 1975. Nobel 1999.
•   JH Jensen: en 1953. Nobel 1963.
•   A. Kastler: en 1951. Nobel 1966.
•   W. Ketterle: en 1999 and 2010. Nobel 2001.
•   W. Kohn: en 1951 and 1967. Nobel 2003.
•   W. Lamb: en 1964. Nobel 1955.
•   T.D. Lee: en 1975. Nobel 1957.
•   A. Leggett: en 1986. Nobel 2003.
•   A.B. McDonald: en 1994. Nobel 2015.
•   B. Mottelson: en 1958. Nobel 1975.
•   G. Mourou: en 2015. Nobel 2018.
•   L. Néel: en 1956 and 1961. Nobel 1970.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES
     Many Nobel Prizes and Fields Medalists
  contributed to the reputation of the School of
                     Physics.

• W. Pauli: en 1951, 1952 and 1955. Nobel
  1945.
• J. Peebles: en 1979. Nobel 2019.
• A. Penzias: en 1974. Nobel 1978.
• WD Phillips: en 1999 and 2010. Nobel 1997.
• N. Ramsey: en 1955. Nobel 1989.
• A. Salam: en 1957. Nobel 1979.
• E. Segré: en 1951. Nobel 1959.
• B. Schmidt: en 1990. Nobel 2011.
• JR Schrieffer: en 1958. Nobel 1972.
• J. Schwinger: en 1955. Nobel 1965.
• W. Shockley: en 1953. Nobel 1956.
• J. Steinberger: en 1960. Nobel 1988.
ECOLE DE PHYSIQUE DES HOUCHES
    Many Nobel Prizes and Fields
    Medalists contributed to the
 reputation of the School of Physics.

• R. Thom: Fields Medalist in 1958.
• K. S. Thorne: en 1963, 1966, 1972,
  1982. Nobel 2017.
• D.J. Thouless: en 1978. Nobel 2016.
• C. Townes: en 1955. Nobel 1964.
• JG Veltman: en 1976. Nobel 1999.
• EP Wigner: en 1955. Nobel 1963.
• KG Wilson: en 1975. Nobel 1982.
• E. Witten: Fields Medalist in 1990.
• CN Yang: en 1957. Nobel 1957.
Bryce de Witt, Kip Thorne ,
  de Gennes et Charpak,
    Stephen Hawking…
L’hommage de Kip Thorne à Cécile aux Houches
                  en 2017
Chris De Witt, une des filles de
               Cécile
dévoile la plaque en l’honneur de sa
             mère Cécile
            aux Houches
Signature d’un accord entre la France et l’Université du
 Texas à Austin pour la création d’un fonds bilatéral de
        soutien aux collaborations de recherche
            (Fond Cécile Morette - De Witt)
Création du « Planned Living Assistance Network » of
                     Central Texas
avec Alicia et John Nash (« Un homme d’exception »)
Pierre-Gilles de Gennes (Nobel en 1991) aux Houches
                       en 1953
• Il a assisté plusieurs fois à l’Ecole
  des Houches: la première fois a été
  en 1953, peu de temps après la
  création de l’Ecole; il était encore
  un très jeune physicien.
• Selon Philippe Nozières,
  « L’organisation relevait du
  bidouillage, mais elle a réussi de
  faire venir les plus grands noms de
  la physique, payés des clopinettes,
  mais fascinés par l’enthousiasme de
  Cécile.
• Y ont participé entre autres:
  Nozières, Aigrain, Peierls, Shockley,
  Pauli, ….
Un des plus beaux hommages à Cécile
 par le Prix Nobel de physique Pierre-Gilles de Gennes

• Pierre-Gilles de Gennes répètera souvent que ces deux mois
  comptent parmi les plus importants de sa vie: « Je suis revenu
  transformé de cette école d’été: ma vocation pour la physique
  est née là » …
• « Notre génération a été sauvée par cette école ».

• « Cécile de Witt a fait autant pour la physique en France que
  bien des gouvernements; il n’est pas exagéré de dire que la
  création de cette école a été l’un des facteurs majeurs du
  redressement scientifique français de l’après guerre.

• « Je tenais à vous dire combien, à mon avis, la nation lui est
  redevable » écrira-t-il au directeur des Enseignements
  supérieurs en 1988.
Cécile Morette-de Witt:
décès à Austin le 8 mai 2017
Cécile et Yvonne
Chris De Witt
se recueillant sur la
   tombe de ses
    ancêtres au
cimetière de Pornic
La pierre tombale des
Ravaudet-Morette-Payen-
     DeWitt à Pornic
Un message « surprenant » assez récent de la
          part de Chris De Witt:

      « My 3 French grandfathers. It ’s
              complicated! »:

         Morette , Payen, Pecker !!!
Une information très récente que je
tiens de Madame Chris De Witt, la fille
          aînée de Cécile….
Merci de votre attention

                               Cécile Morette-Payen,
                                 (épouse De Witt)
                               décède le 8 mai 2017
•   Fondatrice de l'École d'été de Physique théorique des Houches.

•   Thèse avec Louis de Broglie ( la dualité ondes/corpuscules) et travail avec Irène
    et Frédéric Joliot Curie, puis plus tard avec Schrödinger, Heitler, Dirac, Feynman,
    Dyson, Choquet-Bruhat…. et plus tard avec son époux Bryce DeWitt,

•   Maitre de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de
    1944 à 1965, puis professeur à l'Université du Texas à Austin de 1972 à 1993.

•   Membre du Conseil de l'Institut des hautes études scientifiques (IHES).
•   Consultante de l’OTAN de 1962 à 1966.

•   Chevalier de l'ordre national du Mérite en 1981, Chevalier de la Légion
    d'honneur le 17 novembre 1999, elle est promue officier de la Légion d'honneur
    le 14 juillet 2011.
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