Utilisation de l'iPad aux urgences lors de gestes douloureux

 
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réalités pédiatriques # 176_Janvier/Février 2013

           E.P.U. de l’hôpital Armand Trousseau

Utilisation de l’iPad aux urgences
lors de gestes douloureux

                                                 chologique chez la plupart des jeunes         vidéo portative, une étude récente a
                                                 patients [2, 3].                              montré l’intérêt de l’usage des dernières
                                                                                               avancées technologiques comme outil
                                                 La douleur est une expérience subjec-         de distraction intégré dans la prise en
                                                 tive complexe, qui associe des phé-           charge non pharmacologique de la dou-
                                                 nomènes physiologiques, sensoriels,           leur aiguë de l’enfant lors de procédures
                                                 émotionnels, cognitifs et comportemen-        invasives courantes en pédiatrie [12].
                                                 taux [4, 5]. Si la douleur a une fonction
                                                 adaptative (auto-protection), elle peut       En vue d’évaluer l’intérêt de cette pra-
                                                 avoir des conséquences néfastes sur le        tique dans la prise en charge de la dou-
                                                 développement neurologique si elle n’a        leur aiguë au cours des procédures
                                                 pas été prise en charge correctement,         invasives courantes aux urgences pédia-
                                                 notamment lors d’expériences dou-             triques, nous avons introduit l’usage de
                                                 loureuses précoces, les patients dont la      tablettes numériques (iPad, Apple Inc.)
      ➞ J.B. Armengaud ,        1                douleur aura été incorrectement prise         aux urgences pédiatriques en 2012.
          C. Laffaille1, C. Arnaud1,             en charge durant l’enfance risquent de        Nous rapportons ici quelques éléments
          P. Gatterre1, R. Poupard1,             développer une plus grande sensibilité        de preuve justifiant l’utilisation des
          T. Lecarpentier1,
          N. de Suremain1,
                                                 ou des phobies lors d’expériences dou-        moyens psycho-corporels pour le sou-
          A.L. Delamar1,                         loureuses ultérieures, compliquant leur       lagement de la douleur aux urgences,
          R. Carbajal1, 2                        prise en charge à l’adolescence et à l’âge    ainsi que notre expérience acquise au
          1 Service des Urgences Pédiatriques,   adulte [6-10].                                cours de l’intégration de la distraction
          Hôpital Armand Trousseau, PARIS.
                                                                                               par tablette iPad dans notre service d’ur-
          2 Université Pierre et Marie Curie
          et INSERM U953, PARIS.                 La prise en charge pharmacologique de         gences pédiatriques à l’hôpital Armand
                                                 la douleur aiguë aux urgences pédia-          Trousseau (AP-HP, Paris).

                                                                                               [
                                                 triques a été considérablement amé-
                                                 liorée et évaluée [1, 3]. Cependant, ces
[ Problématique                                  traitements, bien que fort utiles, ne sont
                                                 pas toujours suffisants. Certains présen-
                                                                                                    pproche pharmacologique,
                                                                                                   A
                                                                                                   non pharmacologique
La prise en charge de la douleur aux             tent des contre-indications ou bien sont          et psycho-corporelle
urgences pédiatriques est un sujet de            d’une efficacité limitée, du fait d’une           de la douleur lors des gestes
Santé publique prioritaire et fait l’ob-         sensibilité interindividuelle variable,
jet de recommandations régulièrement             de l’anxiété du patient ou de sa famille      Les urgences pédiatriques représentent
remises à jour [1]. La consultation aux          ou d’une efficacité limitée dans des          un environnement chargé de situations
urgences pédiatriques représente une             situations cliniques extrêmes (douleurs       douloureuses pour un bon nombre
situation complexe pour le clinicien.            intenses). Depuis presque dix ans, l’im-      des patients et leurs familles : à la dou-
Dans le domaine de la douleur, cette             portance des interventions non pharma-        leur évidente liée à certains motifs de
complexité est majorée par la difficulté         cologiques dans la prise en charge de         consultation (fractures de membre, brû-
d’évaluer la douleur d’un patient qui            la douleur en pédiatrie a été soulignée       lures, plaies…) s’ajoute l’anxiété liée à la
ne l’exprime pas de façon verbale ou             dans de nombreuses études réalisées           nécessité de consulter en urgence, ainsi
directement compréhensive pour le soi-           en pratique courante [8, 11]. Alors que       que la réalisation de certains gestes dia-
gnant ainsi que par l’anxiété inhérente          les parents proposent intuitivement à         gnostiques ou thérapeutiques de nature
à la consultation en urgence qui est res-        leur enfant de le distraire avec leur télé-   douloureuse (prélèvements sanguins,
ponsable d’un stress physique et psy-            phone portable ou une console de jeux         immobilisations de fracture). Parfois, le

                                                                                                                                      1
réalités pédiatriques # 176_Janvier/Février 2013

            E.P.U. de l’hôpital Armand Trousseau

défaut de compréhension (âge < 6 ans,        tale du geste) est accessible dès l’âge de   2. Nouvelles technologies :
barrière linguistique) ajoute un stress      3 ou 4 ans, mais son efficacité dépend       intérêt dans la distraction du patient
supplémentaire pour le patient et sa         beaucoup des expériences antérieures         aux urgences pédiatriques
famille comme pour les soignants. Très       du patient. La relaxation inclut des pra-
souvent, lorsque le jeune patient se         tiques comme la respiration diaphrag-        La disponibilité d’outils technolo-
trouve dans un tel stress, les moyens        matique (ou abdominale) pour les plus        giques de dernière génération (télé-
phamacologiques courants (anesthé-           jeunes ou le relâchement musculaire          phones mobiles, tablettes numé-
siques locaux, mélange équimolaire           progressif pour les grands enfants et les    riques…) a permis d’envisager leur
d’oxygène et de protoxyde d’azote) ont       adolescents [4]. L’hypnose inclut des        intégration dans les moyens de dis-
une efficacité limitée. Depuis quelques      méthodes variées selon l’âge (dont la        traction pouvant être utilisés comme
années, le bénéfice des méthodes non         distraction), afin de conduire le patient    option thérapeutique supplémen-
pharmacologiques et psycho-corpo-            à se concentrer sur autre chose que la       taire pour les enfants douloureux qui
relles a été démontré dans des études        procédure invasive qu’il va subir. Cette     consultent aux urgences pédiatriques
cliniques réalisées aux urgences et en       pratique, qui peut apparaître intuitive,     ou qui subissent des gestes doulou-
consultation où sont réalisés des soins      réclame une connaissance théorique et        reux. Plus récemment, le bénéfice de
post-chirurgicaux ou des pansements          une formation pratique avancées pour         l’usage de ces outils technologiques
de brûlures, en complément d’une prise       être acceptée et efficace. Les interven-     modernes comme moyen de distrac-
en charge pharmacologique optimale           tions à visée cognitive (réassurance basée   tion a été évalué en pratique courante
de la douleur (préventive ou curative)       sur le vécu d’expériences antérieures)       [15-18]. Dans deux études récentes
selon les recommandations en vigueur.        sont destinées à des enfants âgés d’au       concernant le traitement de jeunes
                                             moins 6 ou 7 ans, capables de raisonner      enfants brûlés, Miller et al. ont mon-
1. Méthodes antalgiques                      leur comportement face à la douleur.         tré que la distraction avait davantage
non pharmacologiques                                                                      d’impact sur la prévention de la dou-
et psycho-corporelles en pédiatrie           La distraction est une méthode évaluée       leur lorsqu’elle était utilisée de façon
                                             dans la prise en charge de la douleur        conjointe avec d’autres techniques de
Parmi les options thérapeutiques non         aiguë au cours de procédures invasives       distraction, comme la préparation à la
pharmacologiques de la prise en charge       aux urgences pédiatriques depuis plus        procédure [19, 20].
de la douleur aiguë de l’enfant, il existe   de 25 ans [13]. Depuis plus de 15 ans, les

                                                                                          [ Dparescription
des méthodes psycho-corporelles telle        techniques d’analyse comportementale
que l’attitude physique (sourire) et ver-    ont permis de développer des interven-                         de la distraction
bale (voix douce) adoptée par les soi-       tions ciblées lors de gestes douloureux               tablette numérique iPad
gnants, permettant de préparer favora-       aux urgences pédiatriques. L’efficacité
blement le jeune patient au soin qu’il       de l’hypnose a pu être étudiée en ima-       1. La distraction comme moyen
doit avoir. L’hypnose et la distraction      gerie cérebrale chez l’adulte. Dans une      analgésique
sont des pratiques actives, souvent réa-     étude réalisée chez un nombre limité
lisées intuitivement par certains soi-       d’adultes âgés de 23 à 44 ans, la neuro-     En 2012, le service des urgences pédia-
gnants et parents. La présence parentale     imagerie fonctionnelle (tomographie          triques de l’hôpital Armand Trousseau
a longtemps été considérée comme peu         par émission de positons et imagerie         a accueilli 47 380 patients. Parmi ces
bénéfique car gênante pour les équipes       par résonance magnétique) a permis           patients, en sélectionnant ceux consul-
soignantes. En référence aux stades pré-     d’objectiver la modulation du cortex         tant pour une douleur aiguë (crise
coces du développement de l’enfant, la       sensitif (cortex cingulo-frontal) vers les   vaso-occlusive chez un enfant drépa-
voix et le toucher d’un parent sont des      structures intégratives du cerveau pro-      nocytaire, fracture de membre, brû-
atouts majeurs dans la réassurance du        fond (thalami postérieurs, substance         lures…) et ceux dont la prise en charge
jeune nourrisson (0-2 ans), stressé à la     grise périaqueducale) ; dans ce contexte,    médicale nécessitait un prélèvement
vue d’un soignant ou d’une aiguille. La      il a été montré que la distraction (test     sanguin veineux, nous avons identifié
présence du père ou de la mère évite une     d’association mot-couleur de Stroop)         14 741 patients (31 %) pour lesquels
angoisse supplémentaire de séparation ;      pouvait être associée à une réduction        une prise en charge de la douleur était
le respect des besoins fondamentaux          de l’activation de ces structures intégra-   nécessaire. Pour estimer le nombre de
comme l’alimentation ou le sommeil,          tives, objectivée par une réduction de       patients qui pourraient bénéficier de
notamment chez les plus jeunes patients      la douleur mesurée par échelle visuelle      la distraction dans la prise en charge
(< 6 mois) est également essentiel [8].      analogue au cours de stimulations dou-       de leur douleur, nous avons dans un
Le conditionnement (anticipation men-        loureuses par la chaleur [14].               premier temps exclu les patients âgés

  2
réalités pédiatriques # 176_Janvier/Février 2013

de moins de 12 mois, car leur stade         sécurisé : le dispositif comprend une       >>> Points forts
développemental pourrait rendre dif-        tablette numérique iPad, protégée
ficile l’utilisation de cette option à      dans une coque en plastique spécifi-        L’adhésion des personnels soignants à
cet âge. Notre expérience acquise en        quement conçue pour cet appareil, car       l’usage de ce nouvel outil a été remar-
pratique quotidienne nous montre            elle permet sa fixation à un support au     quable, probablement favorisée par
néanmoins que certains de ces jeunes        moyen d’un câble à verrou. Une fixa-        le changement de support (mobilité
enfants pourraient également en béné-       tion sur un caisson métallique roulant      accrue), l’installation d’un dispositif
ficier. Nous avons finalement identifié     s’est montré peu fonctionnelle. Du fait     en salle de prélèvement, l’implication
12 329 patients (26 %) qui auraient         de deux systèmes de verrouillage et         de médecins et soignants du service
pu bénéficier d’une intervention            d’une mobilité réduite de l’ensemble,       pour rendre les tablettes fonctionnelles,
basée sur la distraction dans la prise      l’usage de notre tablette ne s’est pas      conviviales et ludiques. Les parents et
en charge d’une douleur aiguë aux           amplement diffusé au sein des équipes       même parfois les patients eux-mêmes
urgences pédiatriques. Il peut s’agir       soignantes. Afin d’en faciliter l’usage     ont été sollicités pour connaître les
de la prévention de la douleur lors de      quotidien, sans sacrifier la sécurité du    applications “incontournables”. Sur
procédures courantes (prélèvements          dispositif, notamment contre le vol,        chaque tablette, les applications ont été
sanguins veineux, pose d’un disposi-        un groupe de médecins et de soignants       classées par tranche d’âge, de 3 mois à
tif intraveineux pour perfusion, injec-     du service des urgences pédiatriques        18 ans, pour faciliter leur sélection par
tions intraveineuses de médicaments,        a été chargé de l’amélioration logis-       le soignant (tableau I). Contrairement
immobilisation d’un membre fracturé,        tique de notre tablette. Après quelques     à l’hypothèse initiale (usage inadapté
suture d’une plaie) ou du traitement        tests, l’appareil a été fixé sur un pied    avant l’âge de 12 mois), nous avons
symptomatique de la douleur aiguë           orientable incluant une alimentation        observé des nourrissons de moins de
liée à un traumatisme ou à une patho-       électrique pour la tablette. Ce pied a      3 mois tout à fait répondeurs à la dis-
logie médicale définis.                     été fixé par un câble à verrou au lit de    traction passive (dessins animés) lors
                                            la salle de prélèvements sanguins.          de soins invasifs. Dans cette nouvelle
2. Expérience locale                                                                    configuration, le personnel, aidé par les
                                            L’usage de la distraction par tablette      patients et leurs familles, a rapidement
Depuis le début de l’année 2012, nous       numérique a été laissé à la discrétion      pris possession de ce nouvel outil inno-
avons mis en service de manière non         de chaque soignant, sans indication ni      vant. Une réelle dynamique s’est ainsi
protocolaire une tablette numérique         usage protocolaires ; l’intégration de la   créée au sein des équipes soignantes,
iPad, afin de tester la distraction comme   distraction a été ainsi évaluée en vraie    afin d’actualiser constamment les possi-
méthode complémentaire de prise en          grandeur comme méthode complémen-           bilités ludiques du dispositif. Le carac-
charge de la douleur aiguë lors de pro-     taire de prise en charge de la douleur      tère ludique et dynamique a été facilité
cédures douloureuses courantes aux          aiguë liée aux soins dans un service        par l’accès à une connexion au réseau
urgences pédiatriques (hors contexte        d’urgences pédiatriques. Il a aussi per-    Internet permettant le téléchargement
d’urgence vitale) : prélèvements san-       mis de tester le bénéfice individuel de     immédiat d’applications, de conte-
guins veineux, sutures de plaies, réa-      la distraction dans la prise en charge de   nus (vidéos, dessins animés, musique)
lisation de contentions plâtrées, soins     la douleur aiguë liée aux soins dans ce     en libre accès que nous réclament les
aux brûlés, sondages urinaires.             contexte stressant.                         patients. Lorsque le média souhaité par
                                                                                        le patient pouvait être obtenu, l’effica-
>>> Difficultés logistiques                 Après plusieurs mois d’utilisation,         cité du dispositif semblait encore aug-
                                            la manipulation répétée du disposi-         mentée.
Nous avons développé l’usage de             tif et la relative fragilité des supports
tablettes numériques comme moyen            mobiles ont provoqué la détérioration       La possibilité d’adjoindre la distraction
de distraction lors de procédures           de certains éléments du dispositif :        aux moyens classiques de prévention
invasives couramment réalisées aux          câble d’alimentation électrique, coques     de la douleur liée aux soins invasifs a
urgences pédiatriques de l’hôpi-            protectrices. Des mesures de renfort du     montré des résultats prometteurs dans
tal Trousseau durant l’année 2012.          support et de protection des connec-        de nombreuses situations, chez des
Dès l’acquisition de notre première         tions ont été prises, qui ont considéra-    enfants même très jeunes (nourrissons
tablette, l’une des préoccupations          blement amélioré la souplesse d’utili-      de moins d’un an). Nous l’utilisons
initiales a été la prévention du risque     sation. Malgré cet usage intensif, aucun    actuellement comme complément aux
de vol ou de dégradation. Cela nous         vol ni détérioration irréversible n’est à   moyens analgésiques médicamenteux
a conduits à installer un dispositif        déplorer à ce jour.                         tels que le MEOPA ou l’anesthésie

                                                                                                                            3
réalités pédiatriques # 176_Janvier/Février 2013

               E.P.U. de l’hôpital Armand Trousseau

             Nom                          Age              Type                     Indication                               Description
 Sweet Dreams                             < 1 an          Passive   En supplément de l’analgésie par sac-     Mobile musicale
                                                                    charose oral
 Boîte à meuh                          12-18 mois         Active                                              Différents bruits d’animaux
                                                                                                              Proposition de jeux : demander à l’en-
                                                                                                              fant de faire le bruit d’un animal et
                                                                                                              vérifier avec lui en appuyant sur l’ani-
                                                                                                              mal en question
 T’Choupi et les couleurs            18 mois-4 ans        Active    Suture du visage ou des membres infé-     Coloriages
                                                                    rieurs, mise en place de contention des   NB : les quiz sont peu appropriés
                                                                    membres inférieurs                        durant nos soins
 Angry birds                       A partir de 4 ans      Active    Suture du visage ou des membres infé-     Les joueurs utilisent un lance-pierre
                                                                    rieurs, mise en place de contention des   pour lancer des oiseaux sur des
                                                                    membres inférieurs                        cochons, dans l’intention de détruire
                                                                                                              tous les cochons présents dans l’aire
                                                                                                              de jeu
 Talking Ben                       A partir de 4 ans      Active    Suture du visage ou des membres infé-     Chien qui parle, répond au téléphone
                                                                    rieurs, mise en place de contention des   et qui répète ce que l’on dit. Très drôle.
                                                                    membres inférieurs et prélèvements
                                                                    sanguins
 Talking Roby                      A partir de 4 ans      Active    Suture du visage ou des membres infé-     Petit robot qui parle et qui fait du hip
                                                                    rieurs, mise en place de contention des   hop
                                                                    membres inférieurs et prélèvements
                                                                    sanguins
 Spy Mousse                        A partir de 5 ans                Suture du visage ou des membres infé-     Le joueur doit faire déplacer une sou-
                                                                    rieurs, mise en place de contention des   ris, le but étant de manger le fromage
                                                                    membres inférieurs et prélèvements        sans se faire manger par le ou les chats
                                                                    sanguins
 Temple Run                          Plus de 8 ans        Active    Suture du visage ou des membres infé-     Le joueur incarne un personnage cou-
                                                                    rieurs, mise en place de contention des   rant à l’infini sur des plates-formes en
                                                                    membres inférieurs                        tentant d’échapper à des singes
 Petits ours brun                 A partir de 15 mois     Passif    Tous les gestes douloureux                Vidéo
 Tro tro                          A partir de 15 mois     Passif    Tous les gestes douloureux                Vidéo
 Sam Sam                           A partir de 3 ans      Passif    Tous les gestes douloureux                Vidéo

Tableau I : Description des applications couramment utilisées selon l’âge du patient.

locale, ainsi qu’en complément des
moyens non pharmacologiques tels
                                                        que les solutions sucrées ou la succion
                                                        non nutritive. Enfin, pour certains
                                                                                                        [ Conclusion
                                                        enfants, la distraction est utilisée à la       La distraction est un moyen non phar-
                                                        place de certains moyens analgésiques           macologique très utile et efficace dans
                                                        qui se sont montrés inefficaces tels que        la prévention de la douleur liée aux
                                                        le refus ou l’inefficacité du MEOPA.            soins invasifs dans un service d’ur-
                                                        Ainsi, par exemple, chez un jeune               gences pédiatriques, en complément
                                                        patient stressé refusant le MEOPA et            des options pharmacologiques clas-
                                                        difficile à raisonner, la distraction per-      siques. L’utilisation de l’iPad comme
                                                        met de rompre la séquence encore plus           moyen de distraction s’est avérée fort
                                                        stressante du soin. Secondairement,             utile, car ce dispositif semble avoir un
                                                        une fois le patient rassuré et distrait, il a   pouvoir captivant majeur chez la plu-
                                                        même été parfois possible de n’utiliser         part des enfants. Sa mise en œuvre en
                                                        qu’un moyen anesthésique local pour             pratique quotidienne dans notre service
Fig. 1 : Exemple de distraction active avec une
tablette numérique en complément d’une anesthé-         une suture ou un prélèvement sanguin            a posé des contraintes matérielles limi-
sie locale lors d’une suture de plaie de main gauche.   (figure 1).                                     tées et facilement surmontables. L’usage

   4
réalités pédiatriques # 176_Janvier/Février 2013

d’outils technologiques récents comme                 6. Kennedy RM, Luhmann J, Zempsky WT. Clinical            reduces pediatric preoperative anxiety.
                                                         implications of unmanaged needle-insertion             Paediatr Anaesth, 2006 ; 16 : 1 019-1 027.
les tablettes numériques semble être un
                                                         pain and distress in children. Pediatrics,         16. Dahlquist LM, Weiss KE, Law EF et al. Effects
vecteur satisfaisant pour le développe-                  2008 ; 122 : S130-S133.                                of videogame distraction and a virtual reality
ment de cette technique complémen-                    7. Koller D, Goldman RD. Distraction tech-                type head-mounted display helmet on cold
taire de prévention de la douleur. Des                   niques for children undergoing procedures : a          pressor pain in young elementary school-
                                                         critical review of pediatric research. J Pediatr       aged children. J Pediatr Psychol, 2010 ; 35 :
études sur l’apport précis de ce disposi-                Nurs, 2012 ; 27 : 652-681.                             617-625.
tif dans differents contextes sont néces-             8. Eldridge C, Kennedy R. Nonpharmacologic            17. Schmitt YS, Hoffman HG, Blough DK et al.
saires et notre service travaille dans ce                techniques for distress reduction during               A randomized, controlled trial of immersive
                                                         emergency medical care : a review. Clinical            virtual reality analgesia, during physical
sens. Nous espérons ultérieurement
                                                         Pediatric Emergency Care, 2010 ; 11 : 244-250.         therapy for pediatric burns. Burns, 2011 ;
définir plus précisement les indications              9. Dahlquist LM, Gil KM, Armstrong FD et al.              37 : 61-68.
selon l’âge du patient, le contexte fami-                Preparing children for medical examina-            18. Downey LV, LS Zun. The impact of watching
lial et la procédure invasive à laquelle le              tions : the importance of previous medical             cartoons for distraction during painful
                                                         experience. Health Psychol, 1986 ; 5 : 249-            procedures in the emergency department.
patient est soumis.                                      259.                                                   Pediatr Emerg Care, 2012 ; 28 : 1 033-1 035.
                                                     10. Weisman SJ, Bernstein B, Schechter NL.             19. Miller K, Rodger S, Bucolo S et al. Multi-
                                                         Consequences of inadequate analgesia                   modal distraction. Using technology to
Bibliographie                                            during painful procedures in children. Arch            combat pain in young children with burn
 1. AFSSAPS, Prise en charge médicamenteuse              Pediatr Adolesc Med, 1998 ; 152 : 147-149.             injuries. Burns, 2010 ; 36 : 647-658.
    de la douleur aiguë et chronique de l’enfant.    11. Zempsky WT, Cravero JP. Relief of pain and         20. Miller K, Rodger S, Kipping B et al. A novel
    2009.                                                anxiety in pediatric patients in emergency             technology approach to pain management
 2. Drendel AL, Brousseau DC, Gorelick MH,               medical systems. Pediatrics, 2004 ; 114 :              in children with burns : A prospective ran-
    Pain assessment for pediatric patients in the        1 348-1 356.                                           domized controlled trial. Burns, 2011 ; 37 :
    emergency department. Pediatrics, 2006 ;         12. McQueen A, Cress C, Tothy A. Using a tablet            395-405.
    117 : 1 511-1 518.                                   computer during pediatric procedures : a
 3. Drendel AL, Kelly BT, Ali S, Pain assessment         case series and review of the “apps”. Pediatr
    for children : overcoming challenges and             Emerg Care, 2012 ; 28 : 712-714.
    optimizing care. Pediatr Emerg Care, 2011 ;      13. Alcock DS, Feldman W, Goodman JT et al.
    27 : 773-781.                                        Evaluation of child life intervention in emer-
 4. Kahn KA, Weisman SJ. Nonpharmacologic                gency department suturing. Pediatr Emerg
    pain management strategies in the pediatric          Care, 1985 ; 1 : 111-115.
    emergency department. Clin Pediatr Emerg         14. V alet M, S prenger T, B oecker H et al.
    Med, 2007 ; 8 : 240-247.                             Distraction modulates connectivity of the
 5. Sinha M, Christopher NC, Fenn R et al. Evalua-       cingulo-frontal cortex and the midbrain
    tion of nonpharmacologic methods of pain             during pain – an fMRI analysis. Pain, 2004 ;
    and anxiety management for laceration repair         109 : 399-408.
    in the pediatric emergency department.           15. P atel A, S chieble T, D avidson M et al.          L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits d’intérêts
    Pediatrics, 2006 ; 117 : 1 162-1 168.                Distraction with a hand-held video game            concernant les données publiées dans cet article.

                                                                                                                                                            5
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