Utilisation des pesticides en cultures maraîchères sur l'île d'Idjwi à l'est de la République démocratique du Congo : connaissances et pratiques ...

 
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Utilisation des pesticides en cultures maraîchères sur l'île d'Idjwi à l'est de la République démocratique du Congo : connaissances et pratiques ...
Cah. Agric. 2023, 32, 5
© A. Mushagalusa Balasha et al., Hosted by EDP Sciences 2023
https://doi.org/10.1051/cagri/2022033

                                                                                                                                 Disponible en ligne :
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    ARTICLE     DE RECHERCHE            / RESEARCH ARTICLE

Utilisation des pesticides en cultures maraîchères sur l’île d’Idjwi
à l’est de la République démocratique du Congo : connaissances
et pratiques des agriculteurs
Arsène Mushagalusa Balasha1,* , Dominique Aganze Mulume2 , Sage Weremubi Mwisha2 ,
Jules Nkulu Mwine Fyama1 et John Tshomba Kalumbu1
1
  Unité de Recherche en Économie et Développement Agricoles, Faculté des Sciences Agronomiques, Université de Lubumbashi, PO
Box 1825, Lubumbashi, République démocratique du Congo
2
  Faculté des Sciences Agronomiques et Environnement, Université Evangélique en Afrique, PO Box 3323, Bukavu, République
démocratique du Congo

             Résumé – Une enquête a été réalisée sur l’île d’Idjwi, à l’est de la République démocratique du Congo,
             pour évaluer les pratiques phytosanitaires actuelles et les risques perçus par les agriculteurs. Les maraîchers,
             constitués en majorité de femmes (68 %) utilisent en cultures de tomate, de choux et d’aubergine, une
             diversité de fongicides, souvent en combinaison (43 %) avec des insecticides tels que la cyperméthrine. Le
             choix de ces pesticides est principalement déterminé par la perception de leur efficacité par les maraîchers et
             leur disponibilité sur les marchés locaux, où les revendeurs sont la principale source d’information des
             agriculteurs. L’incapacité des autorités compétentes (Office national de la protection des végétaux, Office
             congolais de contrôle) à limiter la distribution des pesticides non autorisés et très dangereux (e.g.,
             profénofos), l’analphabétisme (39 % des agriculteurs) et l’absence de formation à l’usage des pesticides ne
             favorisent pas de bonnes pratiques phytosanitaires. De plus, le non port des équipements de protection (62 %
             des cas) et le non-respect des délais de sécurité ainsi que la négligence des pratiques d’hygiène après
             traitement (50 % de cas) exposent les maraîchers aux risques des pesticides, avec un impact potentiel direct
             sur leur santé. Enfin, les déchets de pesticides abandonnés sur les exploitations (60 %) et la mauvaise gestion
             de la bouillie restante après traitement contribuent à polluer l’environnement. Nous proposons donc une
             série d’actions pour favoriser une gestion rationnelle des pesticides et une amélioration des pratiques
             phytosanitaires des agriculteurs de l’île d’Idjwi.
             Mots clés : pratiques phytosanitaires / maraîchage / pesticides / risques sanitaires / Idjwi

             Abstract – Pesticide use in vegetable production on the Idjwi Island in eastern Democratic Republic
             of Congo: farmers’ knowledge and practices. We conducted a survey on the Idjwi Island (eastern
             Democratic Republic of Congo) to assess pesticide use practices and risks perceived by vegetable farmers.
             Results show that most of the vegetable farmers are women (68%), using a variety of fungicides, often
             (43%) combined with insecticides, such as cypermethrin. The choice of used pesticides is mainly
             determined by their perceived effectiveness by farmers and their availability in local markets, where
             retailers are considered experts to provide information on pesticide use. The failure of the Congolese
             authorities to regulate the pesticide market and to limit the distribution of unapproved pesticides (e.g.,
             profenofos), illiteracy (39% of farmers), and the absence of training on the use of pesticides do not promote
             good phytosanitary practices. In addition, the non-wearing of personal protective equipment (62% of cases)
             and the non-respect of the restricted-entry intervals, as well as the neglect of hygiene practices after pesticide
             application (50% of cases), expose vegetable farmers to the risks of pesticides with a potential direct impact
             on their health. Moreover, poor disposal of pesticide leftovers and emptied packages of pesticides (60%)
             could pollute the environment. Thus, we propose a series of actions for good pesticide management, in order
             to improve farmers’ pest management practices and reduce the risks related to pesticide use.

             Keywords: crop protection practices / market gardening / pesticides / health risks / Idjwi Island

*Auteur de correspondance : mushagalusabalasha@unilu.ac.cd

This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC-BY-NC (https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0),
 which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, except for commercial purposes, provided the original work is properly cited.
A. Mushagalusa Balasha et al. : Cah. Agric. 2023, 32, 5

1 Introduction                                                        produites par les maraîchers à l’est de la RD Congo, des résidus
                                                                      de mancozèbe (famille des dithiocarbamates) qui dépassent la
     La FAO (2010) estime que 150 000 tonnes de légumes sont          limite maximale de résidus selon les normes européennes de
produites par an au sein de petites exploitations familiales en       sécurité alimentaire (Muyisa et al., 2014). Or, depuis
République démocratique du Congo (RDC) pour nourrir                   janvier 2022, le mancozèbe a été ajouté à une longue liste
principalement les populations urbaines en forte croissance et        de matières actives interdites au sein de l’Union européenne,
procurer rapidement des revenus aux producteurs. Sur l’île            du fait de risques de perturbation endocrinienne et pour la
d’Idjwi, à l’est de la RDC, 83 % des ménages considèrent              reproduction. Il est donc crucial que l’utilisation des pesticides
l’agriculture comme leur occupation principale (Balasha et al.,       soit évaluée pour attirer l’attention des agriculteurs et des
2022). Cependant, au cours de la dernière décennie, le                autorités sur les risques associés au mauvais usage des
flétrissement bactérien du bananier (wilt), la mosaïque                pesticides et sur la nécessité de respecter de meilleures
africaine du manioc et la rouille du café ont entrainé une            pratiques phytosanitaires (Gouda et al., 2018 ; Kouakou et al.,
chute drastique des rendements de ces cultures (The New               2019). L’objectif de ce travail est d’étudier les pratiques
Humanitarian, 2012 ; Bisimwa et al., 2019). Cette situation a         phytosanitaires actuelles des agriculteurs d’Idjwi, afin de
contraint de nombreux exploitants agricoles, également                comprendre les déterminants du choix des pesticides, leur
soucieux de diversifier leurs revenus, à orienter leurs efforts        mode d’utilisation et leur impact potentiel sur la santé des
et leurs investissements dans le maraîchage. Dans les bas-            utilisateurs.
fonds où la plupart des exploitations maraîchères sont
localisées, les agriculteurs produisent du chou, de la tomate,        2 Méthodologie
de l’aubergine et de l’amarante, pour l’autoconsommation et
l’approvisionnement des villes de Bukavu et de Goma.                  2.1 Zone d’étude et choix des sites
Cependant, les ravageurs et les maladies des cultures                     L’étude a été conduite sur l’île d’Idjwi à l’est de la
constituent des menaces pour les exploitations maraîchères            République démocratique du Congo, précisément dans les
de la région (Balasha et Nkulu, 2021 ; Chuma et al., 2021). Par       groupements de Mugote, de Mpene et de Nyakalengwa
exemple, Walangululu et Mushagalusa (2000) montrent que la            (Fig. 1).
pression des pucerons cendrés et des chenilles (Plutella                  Le choix du territoire d’Idjwi est lié à l’intensification
xylostella, Agrotis ipsilon) peut entraîner près de 60 % de perte     observée des cultures maraîchères pour permettre l’approvi-
dans les exploitations de choux de la région. Pour minimiser de       sionnement des villes de Bukavu et de Goma.
telles pertes et continuer à répondre à la demande alimentaire
croissante, les maraîchers utilisent des fongicides et des
insecticides (Muyisa et al., 2014 ; Munyuli et al., 2017). Bien       2.2 Enquêtes auprès des agriculteurs et des
qu’il leur soit reconnu l’avantage d’agir sur un large spectre de     vendeurs des pesticides
nuisibles et d’améliorer la quantité ainsi que la qualité des
récoltes (Okolle et al., 2016 ; Bafada et al., 2019), l’utilisation       Le nombre total d’agriculteurs et le volume de production
répétée et mal maîtrisée des pesticides conduit à la résistance       dans la zone d’étude ne sont pas connus précisément, du fait du
des bioagresseurs et à la suppression des auxiliaires des             manque de statistiques agricoles en RDC. À partir d’une liste
cultures (Bommarco et al., 2011), à la pollution environne-           de 150 agriculteurs précédemment interrogés dans la même
mentale et à de graves problèmes de santé pour les agriculteurs       région (Balasha et al., 2022), 90 agriculteurs ont été retenus et
et les consommateurs (Damalas et Koutroubas, 2016 ;                   interviewés entre mars et avril 2021, période durant laquelle le
Kouakou et al., 2019).                                                maraîchage était pratiqué. Le choix de ces agriculteurs était
     La situation apparaît inquiétante en RDC parce que la            essentiellement dicté par leur utilisation des pesticides, leur
défaillance des autorités congolaises à réguler et à contrôler le     accord à participer volontairement à l’enquête et les superficies
marché des pesticides a contribué à la distribution d’insecti-        allouées aux cultures maraîchères (Tab. 1). À l’aide d’un
cides non autorisés et très dangereux, tels que le profénofos et      questionnaire semi-structuré, les entretiens individuels avec
le dichlorvos (Balasha et Nkulu, 2020 ; SOS-FAIM, 2021). De           les maraîchers ont porté trois points : (1) les caractéristiques
plus, le faible niveau d’instruction de la plupart des                socio-économiques des agriculteurs (niveau d’instruction, âge,
agriculteurs, le manque d’encadrement, d’information et de            surfaces cultivées, importance accordée à la production
formation sur l’usage des pesticides conduisent les maraîchers        maraîchère, cultures pratiquées) ; (2) les dégâts observés et
à de mauvaises pratiques phytosanitaires. Selon Son et al.            les pratiques phytosanitaires (facteurs déclenchant du traite-
(2017), ces mauvaises pratiques phytosanitaires comprennent           ment, coût des pesticides, type de produits utilisés et
le mauvais choix des pesticides, le non-respect des doses             déterminants de leur choix, ainsi que mode d’emploi, moyens
prescrites, le non-respect des règles de protection et d’hygiène      de protection utilisés et gestion des emballages) ; (3) la
conseillées lors des traitements, ainsi que la mauvaise gestion       perception des agriculteurs des risques sanitaires (problèmes
des emballages vides. De plus, par méconnaissance des délais          ressentis après l’application des pesticides). Ces entretiens
de sécurité et d’attente avant la récolte pour les pesticides         avec les maraîchers ont été complétés par des observations
utilisés, de nombreux agriculteurs restent souvent travailler         directes lors de la préparation des bouillies et de l’application
dans les parcelles traitées et récoltent des produits impropres à     des pesticides ; ces deux étapes sont cruciales en termes
la consommation, avec des résidus qui dépassent la limite             d’exposition au risque car, d’une part, les agriculteurs sont en
maximale (Schiffers, 2011 ; Toumi et al., 2019). Ainsi, une           contact avec les produits concentrés et dilués (Schiffers, 2011 ;
étude récente dans la ville de Bukavu a détecté dans les tomates      Gouda et al., 2018) et d’autre part, c’est le moment où la

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Fig. 1. Carte de l’île d’Idjwi montrant les trois groupements étudiés. Source : auteurs, sur base du shapefile du référentiel géographique commun
du Congo.
Fig. 1. Map of Idjwi Island showing the study areas.

qualité des matériels utilisés et le comportement ainsi que               déterminer si la matière active est autorisée ou non sur le
l’attitude des agriculteurs sont correctement évalués (Schiffers,         marché, nous avons consulté la base de données Pesticides de
2011 ; Mushagalusa et al., 2019).                                         l’Union européenne (https://food.ec.europa.eu/plants/pestici
     De plus, nous avons réalisé une enquête dans trois                   des/eu-pesticides-database_en).
boutiques agricoles locales dans le but d’identifier les matières              Les données collectées ont été saisies et traitées à l’aide des
actives des pesticides utilisés. Les boutiques visitées sont              tableurs Microsoft Excel 2016 et du logiciel XLSTAT. Elles
celles où la plupart des agriculteurs ont déclaré s’approvi-              ont été soumises à une analyse descriptive (fréquences et
sionner en intrants agricoles.                                            pourcentages). Une analyse des correspondances multiples a
                                                                          été effectuée pour analyser le lien existant entre les variables
                                                                          qualitatives susceptibles de motiver le choix des fongicides et
2.3 Classement toxicologique des pesticides et                            des insecticides recensés chez les maraîchers interrogés.
phrases de risque pour les agriculteurs
                                                                          3 Résultats
     Pour déterminer le niveau de danger de chaque pesticide,
nous avons utilisé le guide de classement des produits                    3.1 Caractéristiques socio-économiques des
phytopharmaceutiques selon leur niveau de toxicité de                     maraîchers.
l’Organisation mondiale de la santé – OMS (WHO, 2020).
Pour préciser les phrases de risque pour chacun des pesticides                Ces caractéristiques sont présentées dans le tableau 1. Les
utilisés, les fiches individuelles de données de sécurité émises           maraîchers interrogés sont en majorité des femmes (68 %) dont
par les fabricants de chaque produit ont été consultées. Pour             l’âge va principalement de 46 à 59 ans (42 %). Nombre de ces

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Tableau 1. Caractéristiques socio-économiques des agriculteurs interrogés.
Table 1. Socioeconomic characteristics of vegetable farmers on Idjwi Island.

Variables                                      Modalités                                     Effectif (n = 90)                      %
                                               Féminin                                       61                                     67,8
Sexe                                           Masculin                                      29                                     32,2
                                               17–30                                          8                                      8,9
                                               31–45                                         36                                     40,0
Intervalle d’âge (ans)                         46–59                                         38                                     42,2
                                               ≥ 60                                           8                                      8,9
                                               N’a jamais étudié                             35                                     38,9
                                               Primaire                                      12                                     13,3
                                               Secondaire (inachevé)                         12                                     13,3
Niveau d’étude                                 Diplôme d’État                                18                                     20,0
                                               Graduat                                       10                                     11,1
                                               Licencié                                       3                                      3,3
                                               Non                                           20                                     22,2
Activité principale                            Oui                                           70                                     77,8
                                               Achat                                         22                                     24,4
Mode d’accès à la terre                        Héritage                                      43                                     47,8
                                               Location ou métayage                          25                                     27,8
                                               < 10 ares                                      8                                      9,0
Surfaces cultivées                             10–49 ares                                    57                                     63,0
                                               > 50 ares                                     25                                     28,0
                                               Pour la subsistance                           14                                     15,6
Objectif de production                         Pour la vente                                 13                                     14,4
                                               Subsistance et vente                          63                                     70,0
                                               Artisanat                                      4                                      4,4
                                               Fonctionnaire                                 15                                     16,7
Activités secondaires                          Pêche                                          8                                      8,9
                                               Petit commerce                                63                                     70,0

agriculteurs ne savent ni lire ni écrire (39 %) et n’ont jamais        matières actives, 4 fongicides et 6 insecticides ont été recensés
suivi de formation à l’utilisation des pesticides chimiques.           dans le milieu d’étude. Les résultats du tableau 2 indiquent que
L’agriculture est l’activité principale pour la majorité d’entre       les fongicides les plus utilisés par les maraîchers dans les
eux (78 %). Les maraîchers interrogés produisent à la fois pour        exploitations sont formulés à partir des matières actives
leur subsistance et pour le marché (70 %). Les terres cultivées        suivantes : oxychlorure de cuivre 50 % WP (32,7 %), métalaxyl
sont principalement obtenues par héritage (48 %) et prise en           4 % þ mancozèbe 64 % (22 %), métalaxyl 80 g/kg þ mancozèbe
métayage (28 %). Le petit commerce des produits agricoles              640 g/kg (14,3 %), soufre 80 % (11,3 %) et mancozèbe 80 %
alimentaires (70 % des cas) ainsi que la pêche constituent les         (1,8 %).
activités secondaires génératrices de revenus pour les ménages             Les insecticides les plus utilisés par les agriculteurs sont
rencontrés.                                                            formulés à base des matières actives suivantes : profénofos
    Les principales cultures maraîchères pratiquées sont la            40 % þ cyperméthrine 4 % (24,4 %), abamectine 1,8 %
tomate (Solanum lycopersicum L.), les choux (Brassica                  (9,8 %), abamectine 20 g/L þ acétamipride 3 % (7 %), cyper-
oleracea L.) et l’aubergine (Solanum melongena L.). Les                méthrine 5 % (6,1 %), cyperméthrine 25 g/L (3,9 %), dichlor-
cultures secondaires sont l’amarante (Amaranthus sp.), le              vos 77 % EC (2,8 %), malathion (1,3 %), Endosulfan 400 g/L
haricot (Phaseolus vulgaris L.) et l’oignon (Allium Cepa L.).          (0,8 %). Les résultats du tableau 2 montrent aussi que presque
                                                                       la moitié des matières actives utilisées par les agriculteurs sont
3.2 Typologie des pesticides utilisés par les                          déjà retirées du marché européen. 54 % des matières actives
maraîchers d’Idjwi                                                     identifiées sont classées modérément dangereuses par l’OMS
                                                                       et 23 % très dangereuses pour les êtres vivants et l’environne-
    Sur l’île d’Idjwi, les maraîchers utilisent une large gamme        ment (dichlorvos, abamectine). Au même tableau 2, l’analyse
de pesticides dont les principaux sont des fongicides et des           des phrases de risque (H) des matières actives utilisées montre
insecticides. Ces produits sont classés dans le tableau 2 selon        que la plupart d’entre elles sont toxiques ou nocives en cas
leurs matières actives, leurs phrases de risque et leur niveau de      d’ingestion (H301, H302) et peuvent provoquer l’irritation ou
danger conformément aux normes de l’OMS. Sur la base des               endommager les yeux (H318, H319) et la peau (H315, H317)

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Tableau 2. Typologie, classement toxicologique des pesticides et fréquence d’utilisation.
               Table 2. Pesticide toxicology and use frequency among farmers.

               Type de            Nom                 Matières actives                                     Classe de            Statut                Phrases de risques                                 Fréquence
               pesticides         commercial                                                               danger OMS                                                                                    d’utilisation (%)
                                  Commando            Oxychlorure de cuivre 50 % WP                        II                   Autorisé              H302, H317, H319, H373, H410, H433                 32,7
                                  Dithane             Mancozebe 80 %                                       U                    Non autorisé          H317, H361, H400                                    1,8
                                  Mancolax            Métalaxyl* 80 g/kg þ Mancozèbe 640 g/kg              II et U              Pas déterminé         H302, H318, H319, H332 H412                        14,3
                                                                                                                                                      þ H317, H361, H400
               Fongicides         Miovit              Soufre 80 % WG                                       III                  Pas déterminé         H302, H315 þ H320, H355                            11,4
                                  Ridomil             Métalaxyl 4 % þ Mancozebe 64 %                       II et U              Non autorisé          H302, H318, H319 H332 H412                         22,0
                                                                                                                                                      þ H317, H361, H400
                                  Thiop               Soufre 80 % WG                                       III                  Pas déterminé         H302, H315 þ H320, H355                              2,0
                                  Africyper           Cyperméthrine 5 %                                    II                   Autorisé              H301, H315, H317, H332, H335,                        6,2
                                                                                                                                                      H373, H400, H410
                                  Cyper Star          Cyperméthrine 25 g/L                                 II                   Autorisé              H301, H315, H317, H332, H335,                        3,9
                                                                                                                                                      H373, H400, H410
                                  Dudu                Abamectine 20 g/L þ Acétamipride 3 %*                Ib et II             Autorisé              H300 H302, H330, H360, H372 H410                    7,0
               Insecticides       Guarantee           Malathion 2 %                                        III                  Autorisé              H302, H317, H410                                    1,4
                                  Lava                Dichlorvos 77 % EC                                   Ib                   Non autorisé          H300, H330, H310, H317, H400                        2,9
                                  Rocket              Profénofos 40 %                                      II                   Non autorisé          H302, H312, H332, H335                             24,4
                                  Supa dudu           Abamectin 1,8 % EC                                   Ib                   Autorisé              H300, H330, H360, H372                              9,8
                                  Thiodan             Endosulfan 400 g/L                                   II                   Non autorisé          H300 þ H310 þ H330, H400                            0,8

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               *
                 Le métalaxyl est un fongicide autorisé au sein de l’Union européenne, l’acétamipride est sur la liste de surveillance.
               Abréviations : EC : concentrés émulsifiables ; WP : poudre mouillable ; WG : granulés mouillables.
               Classe Ib : très dangereux ; Classe II : modérément dangereux ; Classe III : légèrement dangereux ; U : non connu comme présentant un danger aigu dans les bonnes conditions d’utilisation.
               H300 : fatal en cas d’ingestion ; H301 : toxique en cas d’ingestion ; H302 : nocif en cas d’ingestion ; H310 : fatal en cas de contact avec la peau ; H312 : nocif par contact cutané ; H315 : peut
               causer une irritation de la peau ; H317 : peut causer des réactions sur la peau ; H318 : peut endommager les yeux ; H319 : peut causer une grave irritation des yeux ; H320 : peut causer une
               irritation des yeux ; H330 : fatal en cas d’inhalation ; H332 : nocif par inhalation ; H335 : peut irriter les voies respiratoires ; H360 : peut affecter la fertilité ou la grossesse ; H372 : peut détruire
               le système nerveux central ; H373 : risque présumé d’effets graves pour les organes affectés ; H400 : très toxique pour la vie aquatique ; H410 : très toxique pour la vie aquatique avec effets à
                                                                                                                                                                                                                               A. Mushagalusa Balasha et al. : Cah. Agric. 2023, 32, 5

               long terme.
A. Mushagalusa Balasha et al. : Cah. Agric. 2023, 32, 5

Fig. 2. Résultats de l’analyse de correspondance multiple sur les déterminants du choix des pesticides.
Fig. 2. Results from the multiple correspondence analysis on pesticides choice determinants among farmers.

en une seule exposition. Le profénofos, qui est parmi les             issues de l’analyse des correspondances multiples est présenté
matières actives les plus utilisées, est aussi nocif par inhalation   sur la figure 3.
(H332) alors que la cyperméthrine peut irriter les voies
respiratoires (H335) et endommager gravement les yeux et la
                                                                      3.4 Pratiques paysannes d’utilisation des pesticides
peau qui sont des organes très exposés pendant les traitements
phytosanitaires.                                                      et gestion des risques par les agriculteurs

                                                                           Les résultats du tableau 3 portent sur les coûts d’acquisition
3.3 Déterminants du choix des pesticides                              des pesticides, leur mode d’utilisation et la gestion des risques.
                                                                      Les résultats montrent que 71 % des agriculteurs dépensent
    Les résultats de l’analyse des correspondances multiples à        entre 20 000 et 40 000 francs congolais (soit 10 à 20 US$) pour
la figure 2 mettent en évidence deux axes (F1 : 36,49 % et F2 :        l’achat des pesticides pendant une saison culturale. L’analyse
18,37 %). Le total de ces deux axes explique à 54,87 % la             des coûts par production a montré que 43 % des agriculteurs
variation de la décision du choix des pesticides chez les             qui considèrent la tomate comme leur culture principale,
agriculteurs. Il en ressort que les huit modalités de trois           dépensent entre 42 000 et 80 000 francs congolais pour l’achat
variables (choix de pesticides, fongicides utilisés et insecti-       des pesticides, spécialement des fongicides.
cides utilisés) ont contribué à la formation de l’axe 1 tandis que         La plupart des agriculteurs (43 %) combinent généralement
sept modalités ont contribuées à la formation d’axe 2. Les            deux ou plusieurs pesticides pour protéger les cultures ; 40 %
modalités prises en considération se sont comportées de la            utilisent uniquement des fongicides. À l’instar de l’interviewé
manière suivante : le mancozèbe 80 % est utilisé pour sa              n° 12, nombre de maraîchers déclarent : « la combinaison de
disponibilité tandis que l’oxychlorure de cuivre est utilisé pour     ces produits renforce l’efficacité du traitement. Cela rassure
son efficacité. Par ailleurs, la cyperméthrine 5 %, le malathion       que divers nuisibles soient atteints et tués en un seul tour de
et l’abamectine sont surtout utilisés par les maraîchers pour         pulvérisation ».
leur efficacité, de même pour l’abamectine 1,8 % EC et le                   Par ailleurs, il a été noté que les pesticides sont appliqués
profénofos 40 %. En général, il a été remarqué que la plupart de      à des fréquences différentes selon les préférences de chaque
pesticides sont choisis pour leur efficacité perçue par les            agriculteur. La majorité des agriculteurs (46 %) appliquent les
maraîchers. L’histogramme d’éboulis des valeurs propres               pesticides deux fois par semaine, peu importe la présence ou

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A. Mushagalusa Balasha et al. : Cah. Agric. 2023, 32, 5

Fig. 3. Éboulis des valeurs propres des déterminants de choix des pesticides.
Fig. 3. Scree plot of eigenvalues of pesticides choice determinants.

pas des bioagresseurs ; d’autres (28 %) les emploient une fois         4 Discussion
par semaine. Les principaux moments d’application des
produits sont le matin (64 %) et le soir (27 %) ; peu le font          4.1 Faible niveau d’instruction et manque de
à midi (9 %). On peut également retenir qu’une grande partie           formation sur les pesticides
des agriculteurs (60 %) abandonnent les emballages vides au
champ (Tab. 3) ; 20 % les incinèrent et 9 % les réutilisent à la           Evaluer les connaissances des agriculteurs sur les
maison pour la conservation de denrées alimentaires telles que         pesticides, leur usage et la perception des risques est important
le sel et l’huile (Tab. 3).                                            car cela permet de s’assurer de la santé des maraîchers et des
    Les résultats montrent aussi que 91 % des agriculteurs             consommateurs (Kouakou et al., 2019) et d’identifier les
maraîchers ne respectent pas les délais d’attente avant la             besoins spécifiques des agriculteurs. Les résultats ont mis en
récolte liés aux pesticides utilisés. La majorité des agriculteurs     évidence un faible niveau d’instruction et l’absence de
(67 %) ne lisent pas les étiquettes des pesticides à cause de leur     formation relative à l’utilisation des pesticides. Des constats
faible niveau d’instruction. Malgré les recommandations des            similaires ont été notés au Burkina Faso par Tarnagda et al.
fabricants de ces pesticides sur le port d’équipements de              (2017) et au Niger par Hachimou et al. (2018) où il a été retenu
protection pendant leur usage, les résultats du tableau 3              que le taux élevé d’analphabétisme chez les agriculteurs
montrent que 62 % des applicateurs ne portent pas d’équipe-            pourrait être la cause de la mauvaise utilisation des pesticides
ments de protection. La moitié des maraîchers interrogés (50 %         chimiques. L’analphabétisme limite la compréhension des
des cas) ne se lavent pas immédiatement après usage des                instructions d’usage des pesticides. Il a été aussi montré que de
pesticides chimiques et seuls 17 % se lavent les mains au              nombreux maraîchers ne lisent pas les instructions d’usage
savon ; seuls 9 % des agriculteurs partent se laver tout le corps      figurant sur les étiquettes des emballages des pesticides parce
à la maison, souvent après une très longue distance de marche.         que ces dernières sont écrites généralement en anglais, une
Pour ce qui est de la gestion de la bouillie restante, 61 %            langue que les agriculteurs ne comprennent pas. Les barrières
effectuent un deuxième passage, 8 % la déversent dans les              linguistiques ont été identifiées comme importantes par
champs, 7 % l’enfouissent dans le sol et une minorité (4 %) la         plusieurs chercheurs, car les instructions en langues étrangères
conserve pour une prochaine application.                               ne permettent pas aux petits agriculteurs d’utiliser correcte-
                                                                       ment les produits phytosanitaires (Bayendi et al., 2017 ; Son
                                                                       et al., 2017 ; Balasha et Kesonga, 2019). Les barrières
3.5 Usage des pesticides et risques pour la santé                      linguistiques et le faible niveau d’éducation sont cités parmi les
                                                                       facteurs qui limitent la compréhension des consignes de
    La figure 4 indique les problèmes de santé ressentis par les        sécurité, même dans les pays développés ; par exemple aux
agriculteurs suite à l’usage des pesticides. Les principales           États-Unis, où la plupart de la main-d’œuvre agricole est
affections rapportées sont l’irritation de la peau (62 %), les         constituée d’immigrants ayant des connaissances limitées en
problèmes respiratoires et la forte sudation (16 %), les maux de       anglais (Arcury et al., 2010). Cependant, il y a une possibilité
tête et les toux persistantes (16 %), ainsi que l’irritation et le     d’alphabétiser et de former les agriculteurs en langues locales
picotement des yeux (6 %).                                             pour assurer une meilleure utilisation des pesticides, par

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Tableau 3. Pratiques d’utilisation des pesticides, protection et gestion des risques des pesticides.
Table 3. Pesticides use practices, safety and risk management among farmers on Idjwi Island.

Paramètres                                                 Modalités                                     Effectif (n = 90)          %
                                                           Pourriture des fruits                         64                         70
Problèmes observés                                         Nécrose des feuilles                          11                         12
                                                           Trous sur les feuilles                        15                         17
                                                           < 20 000                                      19                         21
Coût d’acquisition (CDF) par saison*                       20 000–40 000                                 64                         71
                                                           41 000–80 000                                  7                          8
                                                           Fongicides seuls                              39                         40
Type de pesticides                                         Fongicides et Insecticides                    36                         43
                                                           Insecticides seuls                            15                         17
                                                           1 fois par semaine                            25                         28
Fréquence d’application                                    2 fois par semaine                            41                         45
                                                           3 fois par semaine                            24                         27
                                                           Matin                                         58                         64
Moment d’application                                       Midi                                           8                          9
                                                           Soir                                          24                         27
                                                           Enfouissement dans le sol                     10                         11
                                                           Brûlage/Incinération                          18                         20
Gestion des emballages                                     Abandon dans nature (champ)                   54                         60
                                                           Utilisation domestique                         8                          9
                                                           Non                                           82                         91
Respect de délai d’attente                                 Oui                                            8                          9
                                                           Non                                           60                         67
Lecture des étiquettes avant usage                         Oui                                           30                         33
                                                           Non                                           56                         62
Port d’une tenue de protection                             Oui                                           34                         38
                                                           Longs habits                                  19                         21
                                                           Bottes                                        21                         23
Tenue portée lors de la pulvérisation                      Cache-nez                                     20                         22
                                                           Gants                                         16                         18
                                                           Lunettes                                      14                         16
                                                           Laver les mains avec du savon                 15                         17
                                                           Laver les mains sans savon                    22                         24
Comportement des agriculteurs après usage                  Laver tout le corps                            8                          9
                                                           Ne se lave pas                                45                         50
                                                           Double passage                                55                         61
                                                           Traitements des alentours                     13                         14
                                                           Déversement dans le champ                      7                          8
Gestion des restes de produits                             Enfouissement dans le sol                      6                          7
                                                           Conservation pour usage ultérieur              4                          4
                                                           Utilisation dans une autre parcelle            5                          6
*
    CDF : Francs Congolais ; Taux de change : 1 US$ = 2000 CDF au moment de l’enquête.

exemple par des champs-écoles et des discussions en groupe.              d’utiliser les pictogrammes phytosanitaires et les expliquer
Celles-ci éveillent la prise de conscience du danger des                 pour renforcer la compréhension des consignes de sécurité par
pesticides, ce qui amène les agriculteurs qui partagent leurs            les agriculteurs.
expériences à améliorer leurs pratiques phytosanitaires et
agricoles, à explorer et à tester des méthodes alternatives de           4.2 Typologie des pesticides, choix et pratiques
gestion des bioagresseurs (Garming et Herman, 2007 ;                     aggravant les risques d’exposition
Damalas et Koutroubas, 2017 ; Henk et al., 2020). Par ailleurs,
Tourneux (1994) et Schiffers (2011) recommandent aux                        La majorité des pesticides recensés à Idjwi appartiennent à
formateurs et aux agronomes qui encadrent les agriculteurs               la classe II (pesticides modérément dangereux) selon les

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Fig. 4. Problèmes de santé rapportés par les hommes et les femmes interrogés.
Fig. 4. Self-report of health issues related to pesticide use by men and women farmers.

normes de l’OMS, à l’exception notable du dichlorvos 77 %              est le manque d’argent pour s’en procurer. La même raison a
EC et de l’abamectine qui appartiennent à la classe Ib                 été avancée par les agriculteurs urbains du Togo et de
(pesticides très dangereux). L’inhalation est la principale voie       Lubumbashi où respectivement Kanda et al. (2013) et
d’exposition pour les utilisateurs du dichlorvos, qui est très         Mushagalusa et al. (2019) ont également évoqué la négligence
volatile (Okoroiwu et Iwara, 2018). Malgré sa présence                 des pratiques d’hygiène, c’est-à-dire se laver le corps, ou au
significative sur le marché congolais et son usage en cultures          moins les mains après le traitement. Cette négligence, associée
maraîchères (Balasha et Nkulu, 2020), le dichlorvos est déjà           à des imprudences observées, telles que manger et fumer
bani au sein de l’Union européenne (European Parliamentary             pendant le traitement, accroît significativement les risques
Research Service, 2018) et au Sahel en Afrique de l’Ouest              d’intoxication, de brûlures et dans les cas extrêmes, peut
(Rabiou, 2019). Les agriculteurs qui en ont utilisé à                  conduire à la mort (Schiffers, 2011 ; Zikankuba et al., 2019 ;
Lubumbashi contre les ravageurs du chou tels que les chenilles         Lekei et al., 2020). Ce qui est le plus inquiétant à Idjwi, c’est la
de Plutella xylostella et d’Agrotis Ipsilon n’ont pas obtenu de        présence de jeunes enfants (moins de 6 ans) sur les champs en
résultats satisfaisants (Balasha et Kesonga, 2019). Même si les        cours de traitement. Ces enfants emmenés aux champs sont
pesticides ont l’avantage d’agir sur un large spectre de               aussi exposés aux pesticides, tout autant que leurs parents.
nuisibles, les maraîchers ont déclaré pulvériser jusqu’à trois         Une interviewée rencontrée à Mugote a déclaré : « je viens
fois par semaine. Cela montre les limites des pesticides liées au      avec le bébé aux champs car ses frères qui le gardent sont à
développement de la résistance des ravageurs et à la                   l’école. Je sais que le pesticide est un poison mais, quand je
destruction de la faune auxilliaire.                                   pulvérise, je place le bébé là au coin (bord du champ). Je ne
    Nos résultats indiquent que l’un des critères de choix des         sais pas s’il est affecté par les pesticides mais, peut être oui,
pesticides utilisés était leur disponibilité sur le marché. Cela est   car l’odeur de ce produit se répand partout ».
en accord avec de nombreuses études qui montrent que le choix
des produits phytosanitaires est souvent influencé par les              4.3 Perception des risques sanitaires et
revendeurs d’intrants agricoles (Okolle et al., 2016 ; Sun et al.,     environnementaux liés à l’usage des pesticides
2021 ; Mergia et al., 2021). Cependant, la plupart des
revendeurs ont aussi une connaissance limitée des pesticides               De nombreux agriculteurs ont rapporté des affections
et des ravageurs. Certains chercheurs ont même relevé que les          dermatologiques ainsi que des maux de tête et des toux
conseils et les orientations proposés par ces revendeurs               persistantes. Cela pourrait s’expliquer par le caractère irritant
d’intrants n’ont pas toujours de fondement technique, ce qui           et toxique des produits utilisés et la mauvaise protection des
amène les agriculteurs à utiliser les pesticides moins                 agriculteurs (Damalas et Koutroubas, 2016 ; Lekei et al.,
correctement (Balasha et Kesonga, 2019 ; Sun et al., 2021).            2020). Ce caractère irritant, nocif et toxique est confirmé par
Par exemple, à Idjwi, de nombreux agriculteurs ont déclaré             les résultats de l’analyse des phrases de risque de chaque
mélanger deux ou trois pesticides sur la base des conseils             pesticide (Tab. 2). Les voies d’exposition identifiées sont
donnés par les revendeurs de pesticides. La prise en compte des        l’ingestion, le contact cutané et l’inhalation. La connaissance
matières actives dans le choix phytotsanitaire est une notion          de ces voies d’exposition est importante parce que cela peut
encore ignorée. Or, la non prise en compte des matières actives,       aider les applicateurs des pesticides à protéger correctement les
le manque d’information sur le calcul des doses et la pression         organes les plus exposés pendant le traitement (Schiffers,
des bioagresseurs poussent les agriculteurs au surdosage dans          2011 ; Gouda et al., 2018). Les problèmes de santé évoqués sur
l’espoir d’obtenir plus d’efficacité.                                   la figure 4 ont également été rapportés après une exposition aux
    Les résultats ont aussi montré que la plupart des                  pesticides chimiques dans d’autres milieux agricoles (Lekei
agriculteurs interrogés ne se protégeaient pas pendant                 et al., 2014 ; Son et al., 2017). Pour sensiblement réduire les
l’application des pesticides. La raison principale donnée par          risques d’exposition aux pesticides, Schiffers (2011) et Gouda
les interviewés pour le non-port des équipements de protection         et al. (2018) recommandent le port obligatoire d’équipements

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de protection individuelle (gants, combinaisons, bottes, cache-       et de leurs expériences partagées entre agriculteurs pour
nez, lunette de protection). Les résultats ont également mis en       réaliser des mélanges risqués de plusieurs pesticides,
évidence une mauvaise gestion des déchets ainsi que des restes        conduisant au surdosage. Malgré le danger que ces pesticides
de bouillie après traitement. Par exemple, plus de 11 % des           présentent pour la santé humaine, de nombreux maraîchers ne
agriculteurs interrogés enfouissent les emballages des produits       se protègent pas, ne respectent pas les délais de sécurité et
et d’autres les abandonnent sur les exploitations. Ces                n’observent pas de pratiques d’hygiène (changer ses vêtements
emballages sont non biodégradables et augmentent les risques          et se laver après traitement). Cela entraîne une forte exposition
de contamination du sol et des eaux (Schiffers, 2011). Par            aux pesticides pour les agriculteurs. À l’utilisation des
ailleurs, 9 % des agriculteurs interrogés réutilisent ces             pesticides, les maraîchers présentent des problèmes de santé
emballages pour la conservation de produits alimentaires tels         tels que l’irritation de la peau, des maux de tête et une forte
que le sel et l’huile. La même observation a été faite au Kenya       sudation. Ces symptômes confirment le caractère nocif des
et en Ouganda, où la mauvaise gestion des déchets et la               pesticides utilisés. De plus, les déchets de pesticides qui sont
réutilisation des emballages vides à des fins domestiques              abandonnés sur les exploitations ainsi que la mauvaise gestion
constituent un problème de santé publique jusque-là négligé           de la bouillie restante après traitement contribuent à polluer
par les autorités (Loha et al., 2018). Mal nettoyés, ces              l’environnement.
emballages peuvent contenir des traces de pesticides suscepti-            Pour favoriser une gestion rationnelle et un usage sécurisé
bles de conduire à l’intoxication et entraîner la mort, comme le      des pesticides et limiter leurs impacts sur la santé humaine et
confirment de nombreux cas en Tanzanie et en Éthiopie                  sur l’environnement, les recommandations suivantes sont
(Chelkeba et al., 2018 ; Lekei et al., 2020). Pour ce qui est de la   proposées pour l’île d’Idjwi :
gestion des restes de bouillie des pesticides, 61 % des                 – Retirer du marché les pesticides non autorisés par l’autorité
agriculteurs finissent ces restes par un second passage sur la             compétente ;
parcelle déjà traitée. Une pratique similaire a été observée en         – Organiser deux fois par an une formation intégrée (Police
Grèce, où 55 % des agriculteurs ont admis qu’ils pulvérisaient            des frontières, Office national de la protection des
le reste de la bouillie sur les cultures déjà traitées (Damalas           végétaux, Office congolais de contrôle, revendeurs
et al., 2008). Le double passage est une recommandation des               d’intrants agricoles) pour sensibiliser sur le danger que
bonnes pratiques agricoles pour détruire l’excès de bouillie et           présentent les pesticides non autorisés sur la santé publique
éliminer les fonds de cuve, notamment lors du rinçage et du               et l’environnement ;
nettoyage du pulvérisateur (FAO, 2001). Cependant, les                  – Vulgariser la loi phytosanitaire en langues locales et rendre
producteurs calculent mal le volume de bouillie nécessaire, ce            régulièrement publique la liste des pesticides non autorisés
qui conduit à des restes importants. Cela peut conduire à une             en RDC ;
phyto-toxicité et exposer les consommateurs suite à l’accu-             – Organiser des formations sous forme de champs-écoles
mulation de beaucoup de résidus dans les récoltes (Schiffers,             pour renforcer la connaissance des agriculteurs sur les
2011 ; Jon et al., 2021). Sur l’île d’Idjwi, où l’agriculture est         ennemis des cultures, les pesticides, et l’importance des
souvent l’unique source de nourriture et d’argent, de nombreux            équipements de protection dans la réduction de risque ;
producteurs ne respectent pas le délai d’attente avant la récolte       – Explorer des méthodes alternatives, orientées vers la lutte
et cela les amène à mettre sur le marché des produits impropres           intégrée (FAO, 2012 ; Son et al., 2017), ce qui nécessitera
à la consommation, c’est-à-dire contenant potentiellement des             une implication conjointe de la recherche et des
résidus qui dépassent le seuil acceptable pour la sécurité                agriculteurs.
alimentaire. Pour réduire ces résidus et fournir aux consom-
mateurs des produits de qualité, le respect des délais d’attente
avant la récolte et la lutte intégrée sont vivement recommandés       Remerciements. Nous remercions les relecteurs anonymes
(FAO, 2012 ; Santé Canada, 2022).                                     pour leurs observations pertinentes et leurs commentaires
                                                                      constructifs qui nous ont permis d’améliorer la qualité de cet
5 Conclusion                                                          article.

    L’intensification des productions maraîchères locales pour         Références
répondre à la demande alimentaire croissante dans la région du
Nord et Sud-Kivu est caractérisée par l’usage mal maîtrisé des
                                                                      Arcury T, Estrada J, Quandt S. 2010. Overcoming language and
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les maraîchers se contentent des conseils reçus des revendeurs          2-1-8.

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 Citation de l’article : Mushagalusa Balasha A, Aganze Mulume D, Weremubi Mwisha S, Nkulu Mwine Fyama J, Tshomba Kalumbu J. 2023.
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