Vin : l'étonnante histoire de la famille Saadé - Château Marsyas

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Vin : l'étonnante histoire de la famille Saadé - Château Marsyas
Vin

         Vin : l’étonnante histoire de la famille Saadé
  Frappée lors de l’explosion survenue à Beyrouth, la famille Saadé continue à produire du vin au
                                         Liban et en Syrie.
                                                              Par Jacques Dupont
                                                                 -

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Publié le 27/02/2021 à 15h00 - Modi é le 27/02/2021 à 16h12

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                                                                                                    /
Vin : l'étonnante histoire de la famille Saadé - Château Marsyas
É     videmment qu'un orage de grêle ruinant la récolte sur un vignoble n'est jamais chose plaisante, ni le gel, ni le mildiou,
      ni même les farces et attrapes de notre bureaucratie tentaculaire dont les bras et les ventouses n'ont rien à envier au ca-
lamar géant du capitaine Nemo. Mais tout de même, faire du vin en France paraît moins risqué qu'au Liban ou en Syrie. Nous
avions déjà rencontré Karim et Sandro Saadé en 2012, liés à la famille du célèbre armateur (CMA-CGM), et ils nous avaient
brièvement résumé leur parcours complexe et risqué. Libanais ou Syriens suivant les époques, Levantins au sens propre du
mot ceux du lieu qui voit le soleil se lever, les Saadé ont traversé les frontières et pas toujours volontairement.
En 1960, alors installés en Syrie, ils découvrent un beau matin qu'ils sont nus : « Rodolphe, notre grand-père, était proprié-
taire terrien et industriel. Le coton, l'alcool, le savon, et le tabac… Notre père est arrivé un matin, on lui a demandé son
identité, il n'était plus chez lui… On nous avait nationalisés. Du jour au lendemain plus rien, et sans indemnisation. » Au Li-
ban où les Saadé s'installent, ils investissent dans les transports, surtout maritimes. Mais au moment de la guerre de 1975 et
de l'entrée des armées syriennes à Beyrouth, ils doivent fuir en cargo. « On banalise cette histoire, mais on a fait des allers-
retours souvent dans des conditions dif ciles… »
Du cabernet à Antioche
À la n des années 1990, les Saadé, famille de chrétiens orthodoxes, amoureux du vin, hésitent à s'investir à Bordeaux puis
décident que décidément, s'il faut monter un projet, ce doit être sur leur ou plutôt leurs terres natales : au Liban et en Syrie.
« On a pensé que créer un vignoble dans nos montagnes serait un meilleur challenge. On a racheté des terrains, la démarche
a été longue », nous disent-ils en 2012. Une partie en Syrie, 12 hectares, non loin de l'antique d'Antioche, en pays alaouite.
Planté en hauteur (900 mètres) aux trois quarts en cépages rouges, il a pris le nom antique du mont Bargylus (Jebel Al-
Ansariyé). L'autre vignoble, Marsyas, plus vaste, 65 hectares aujourd'hui, s'étend dans la plaine de la Bekaa, au Liban. Les cli-
mats sont assez différents. Marsyas ne reçoit en moyenne que 600 millimètres d'eau par an et subit un climat chaud et sec,
tandis que Bargylus béné cie d'une météo fraîche, avec des nuits assez froides et une humidité plus importante (900 milli-
mètres de pluie). Ces conditions dessinent des pro ls de vin opposés, plus solaires au Liban, plus raf nés en Syrie.

                                                                      Quand ils nous expliquent tout cela, accompagnés de leur
                                                                      consultant bordelais bien connu, Stéphane Derenoncourt,
                                                                      on ne peut s'empêcher de les questionner sur l'avenir. En
                                                                      2012, la guerre civile, ou comme quelques journalistes
                                                                      l'appelaient « la guerre par procuration » tant de forces
                                                                      plus ou moins souterraines s'y affrontent, est terriblement
                                                                      meurtrière : 45 000 morts of ciels et plus de 20 000
                                                                      blessés… Ils n'ont pas l'air inquiets, plutôt habitués, voire
                                                                      blasés : « C'est très exagéré ! » disent-ils, ils en ont vu
d'autres.
Sauvé par un mur porteur
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                                                                                                                                      /
Vin : l'étonnante histoire de la famille Saadé - Château Marsyas
Puis il y a le 4 août 2020 à Beyrouth. Un entrepôt conte-
                                                                     nant des dizaines de tonnes de nitrate d'ammonium des-
                                                                     tiné à l'agriculture, un engrais, explose, faisant plus
                                                                     de 200 morts et au moins 6 500 blessés, détruisant en par-
                                                                     tie le port de Beyrouth et plusieurs quartiers. Karim Saadé
                                                                     raconte : « Nous étions cet après-midi-là en réunion dans
                                                                     le bureau de mon père (nos locaux administratifs se trou-
                                                                     vant à 600 mètres seulement du port !) lorsque la dé agra-
                                                                     tion a eu lieu, le souf e a projeté mon père et mon frère
                                                                     plusieurs mètres plus loin. Je me trouvais alors derrière un
                                                                     mur porteur et n'ai subi que des blessures très légères. Sur
                                                                     le moment, j'ignorais si mon père et mon frère s'en étaient
                                                                     sortis vivants. Sandro, ne trouvant pas mon père sous les
                                                                     débris, a cru un moment qu'il avait été projeté à travers la
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                                                                     fenêtre du 9e étage. Nous avons donc dû porter notre père
                                                                     et le descendre neuf étages en usant des escaliers de
secours. Les murs s'étaient effondrés, les vitres avaient été souf ées et les bureaux ainsi que les escaliers de secours étaient
jonchés de débris. Nous avons dû dégager le chemin au fur et à mesure que nous avancions. Quarante-cinq minutes furent
nécessaires pour sortir de l'immeuble. Nous avons intercepté une voiture qui passait pour nous conduire à l'hôpital le plus
proche. »

                                                                          Le père de Karim et Sandro a survécu. Il est resté 11 jours
                                                                          en soins intensifs et un mois à l'hôpital et c'est de sa
                                                                          chambre qu'il a, avec ses enfants, supervisé les vendanges
                                                                          commencées le 15 août à Château Marsyas, au Liban.
                                                                          « Nous n'avions évidemment pas le choix ni le luxe de
                                                                          prendre notre temps pour nous remettre de cette
                                                                          épreuve ! » Quant à Bargylus en Syrie, plus question de s'y
                                                                          rendre. « Nous n'y sommes plus allés depuis le début de la
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                                                                          guerre en Syrie. Le domaine et les villages environnants
                                                                          avaient pourtant été à plusieurs reprises bombardés par
                                                                          les forces islamistes qui avaient même réussi, à moment
donné, à se positionner à moins d'un kilomètre du domaine. Nous avions subi à l'époque plusieurs dégâts matériels dans la
cave et les vignes. Il n'y a heureusement pas eu de victimes. Sa gestion se fait à distance à partir de Beyrouth. Chaque année,
nous
 Voussommes    donc contraints
      lisez actuellement   : Vin : àl’étonnante
                                      l'approchehistoire
                                                des vendanges    de faire
                                                         de la famille    venir par taxi, à plusieurs reprises bien évidemment, des
                                                                       Saadé
échantillons de raisins pour chaque cépage et chaque parcelle a n de les goûter dans nos bureaux administratifs et ainsi dé-            /
Vin : l'étonnante histoire de la famille Saadé - Château Marsyas
terminer les dates de vendanges. » Stéphane Derenoncourt continue à les conseiller. « Cette année, nous avons dû goûter les
raisins de Bargylus dans la chambre d'hôpital de mon père. »
Il fallait y mettre ses tripes
Mais chez les Saadé, le mot résilience, qui accommode tant de sauces chouineuses de nos jours, ne gure pas au rang des
accessoires : « Toutes ces épreuves et les dé s auxquels nous avons été confrontés depuis la création des deux vignobles nous
ont profondément marqués. Hormis les cicatrices évidentes, c'est toute une approche différente et beaucoup plus personnelle
qui a mûri au l des années. L'idée initiale de faire des vins de grande qualité n'était plus en soi un critère suf sant. Il fallait y
mettre ses tripes. Il fallait aussi créer des vins qui résultaient d'un parcours semé d'embûches. Qui aurait pu prévoir la guerre
en Syrie, l'explosion à Beyrouth, etc. ? Outre le fait que ces événements ont créé durablement des casse-têtes logistiques et
de production, ils nous ont permis d'af ner notre approche. » Recherche de vins plus marqués par leur origine, moins dans
une approche « internationale »…

                                                                     « Un exemple parmi d'autres se situe au niveau des bar-
                                                                     riques d'élevage. Les dif cultés d'acheminement nous ont
                                                                     amenés à ré échir à un élevage en fût qui re était de ma-
                                                                     nière plus authentique notre sensibilité
                                                                     personnelle. » Moins de barriques neuves pour une em-
                                                                     preinte plus discrète du bois, des extractions plus douces.
                                                                     Et de la douceur dans ces pays qui n'en connaissent guère
                                                                     depuis tant d'années, c'est tout un symbole, comme la
   i                                                                 branche d'olivier qui orne les étiquettes. « L'attachement à
                                                                     ce terroir calcaire si caractéristique de la région côtière de
Lattaquié remonte à mon arrière-arrière-grand-père qui en avait réformé au début du XIXe siècle la culture de l'olivier. C'est
en gardant cette tradition à l'esprit que nous avons inclus pour l'étiquette de Bargylus un entrelacs d'une branche d'Olivier et
d'un cep de vigne. »

                                                             Sélection

                                                            Les blancs

                                                    15 – Bargylus 2013 (Syrie)
                                               55 % chardonnay et 45 % sauvignon.
     Des arômes oraux, chèvrefeuille, et des notes de gingembre, orange, joli nez parfumé sans être entêtant, bouche
 Vous lisez actuellement : Vin
                     ample,    : l’étonnante
                            savoureuse,      histoire
                                          riche,      de la une
                                                 puissant,  famille Saadé
                                                                acidité tonique en nale équilibre l'ensemble.
                                                                                                                                        /
14 – Château Marsyas 2014
                                          50 % sauvignon et 50 % chardonnay.
   Nez citronné, un peu plus marqué par les senteurs et les saveurs du sauvignon, bouche vive, droite, une note pierre à
                                                  fusil, silex en nale.

                                                                             Les rouges

                                                   15 – Bargylus 2014
                                   60 % syrah, 20 % cabernet-sauvignon, 20 % merlot.
   Des arômes très présents de truffe noire, une bouche onctueuse, puissante, riche mais sans lourdeur, un vin d'épices
             et de réglisse, un peu poivré en nale. Il peut affronter les mets pimentés les plus audacieux.

                                                   16 – Marsyas 2013
            55 % cabernet-sauvignon, 20 % de syrah, 10 % de merlot, 10 % petit verdot et 5 % cabernet franc.
     Des arômes fumés, feu de bois, pointe de vanille et de truffe, une bouche davantage fruitée, cerise en bocal, bon
                        équilibre, tanins veloutés, moins violent que Bargylus, plus en douceur.

    Les vins de la famille Saadé sont distribués en France par la société Vins du monde (VDM). On peut les trouver dans
   certains restaurants chez des cavistes et sur des plateformes en ligne telles que Soif d'ailleurs ou sur provino.fr qui les
                                                 proposent aux prix suivants :

                                                        Château Marsyas Rouge 2013 - 27 €
                                                       Château Marsyas Blanc 2014 - 22,50 €
                                                            Bargylus rouge 2014 - 32 €
                                                          Bargylus blanc 2013 - 24,90 €

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3 Commentaires                                                                                              Commenter

Par Spiroulechat le 27/02/2021 à 20:09

@ Trets. SAADÉ une famille française ?
Ce patronyme ne sonne pas trop français !

 Vous lisez actuellement : Vin : l’étonnante histoire de la famille Saadé
Par trets le 27/02/2021 à 16:08
                                                                                                                                       /
Marseille peut remercier cette famille d'entrepreneurs
La CMA CGM est une entreprise florissante à Marseille !
la Famille Saadé sont des entrepreneurs hors pair, comme il en manque tant à Marseille, c'est un bel exemple de réussite Française.

Par oscar de marracq le 27/02/2021 à 15:25
Belle famille...
D'entrepreneurs avec la volonté de"faire".
Chapeau !

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                                                                                                                                      /
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