W+B - Wallonie-Bruxelles International
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S ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X > 15 6 ÉTÉ 2022 W+B WALLON I E + B RUXEL L ES R EVUE TRI MEST RI EL L E IN TER N ATIONA L E ÉDI T ÉE PA R LA F ÉDÉRAT I ON WA LLON IE - B RUX EL L ES ET LA WA L LON I E INNOVATION Les magnifiques et captivantes avancées francophones sur MARS DOSSIER LES FESTIVALS D’ÉTÉ REPRENNENT VIE PORTRAIT MANON LEPOMME
< S Le Wallonium, vitrine des technologies et des savoir-faire wallons © Christian Du Brulle LE WALLONIUM, VITRINE DES TECHNOLOGIES ET DES SAVOIR-FAIRE WALLONS Présent à la Hanover Messe, le plus grand salon professionnel des technologies industrielles, sur le stand commun WBI-AWEX, le Wallonium existe depuis trois ans. Depuis lors, il ne cesse d’évoluer et de nouvelles boules y ont fait leur apparition. « Cette structure, dont cinq boules forment un W, est le fruit d’une collaboration entre différents centres de recherche et d’une PME », explique le Dr Ahmed Rassili, responsable du développement au CRM group (Centre de recherches métallurgiques) de Liège. Le CRM est un des partenaires du Wallonium et l’actuel coordinateur de ce projet artistico- technologique. « Chaque boule du Wallonium, dont le nom s’inspire d’un autre cristal de fer bien connu en Belgique, l’Atomium, est une vitrine des technologies et des savoir-faire wallons », précise le Dr Ahmed Rassili. Ainsi, chaque boule présente le travail d’un des centres de recherche partenaires du projet. Une façon originale et innovante de présenter diverses expertises wallonnes dans différents domaines technologiques. Source : Daily Science
< > W+B WA L LO N IE + BRUX E LLES R E V U E T R IME STRIE LLE IN T E R N AT IO NALE ÉD ITÉ E PA R L A F ÉD ÉRATIO N WA L LO N IE - BRUXE LLES E T L A WALLO NIE 04 ÉDITO EN ROUTE POUR MARS 06 DOSSIER LES FESTIVALS D’ÉTÉ 14 Culture LE COURT EN DIT LONG, REPRENNENT VIE 30e ÉDITION DU FESTIVAL par Nadia Salmi DU COURT-MÉTRAGE par Jacqueline Remits S OM M A I R E 18 portrait 20 mode/design 22 Innovation W+B 156 MANON LEPOMME CHRIS ALEXXA, LES MAGNIFIQUES ET par Catherine Haxhe UNE PASSION EN OR MASSIF CAPTIVANTES AVANCÉES par Marie Honnay FRANCOPHONES SUR MARS par Vincent Liévin 3 28 Jeunesse 30 COOPÉRATION AU 32 ENTREPRISE Photo couverture : Les magnifiques et captivantes avancées francophones sur Mars © M.A.R.S. UCLouvain JE NE SUIS PAS UN NUMÉRIQUE DÉVELOPPEMENT UNE FILIALE AMÉRICAINE MAIS UN HOMME LIBRE LA FORMATION CONTINUE POUR ORTHODYNE par Philippe Vandenbergh DES ENSEIGNANTS AU BÉNIN par Jacqueline Remits par Laurence Briquet 36 Tourisme UN PASS POUR DÉCOUVRIR 38 LA WALLONIE À PRIX RÉDUITS survols par Laurence Briquet SECRÉTAIRE COLLABORATION CONCEPTION ÉDITRICE DE RÉDACTION Marie-Catherine Polygraph’ RESPONSABLE Emmanuelle Stekke Duchêne, Fanny www.polygraph.be Pascale e.stekke@wbi.be Tabart, Véronique Delcomminette Téléchargez 02 421 87 34 Balthasart et Anne IMPRESSION Place Sainctelette 2 la revue sur Neuville Graphius B-1080 Bruxelles www.wbi.be/rwb/ www.graphius.com
< S > É DI TO W+B 156 4 En route pour Mars Jean Jacobs (Crew executive officer de la mission M.A.R.S) lors d’une EVA (Extra Vehicular Activity) © M.A.R.S. UCLouvain
< S > En cet été 2022, les festivals re- prennent enfin vie. Après deux années complètement cham- boulées, nos mois de juillet et août vont à nouveau pouvoir vibrer au rythme des concerts, des pièces de théâtre, des per- formances de rue et autres ré- jouissances dont nous avons malheureusement dû nous pas- ser pendant plusieurs mois. De quoi faire du bien à notre mo- ral, ainsi qu’à tous les artistes qui peuvent enfin reprendre la É DI TO route. C’est aussi l’occasion de W+B 156 mettre en lumière le festival Le Court en dit long, festival de courts métrages de Wallonie- Bruxelles au Centre Wallonie- Bruxelles de Paris, qui fête ses 30 ans. 5 Ce numéro propose également de découvrir la Semaine du numérique à Québec, le pro- gramme IFADEM, la société Orthodyne ou encore le projet de simulation d’une mission ha- bitée sur Mars. Sans oublier le nouveau « Pass Wallonie », qui vous permettra de partir à la découverte des pépites wallonnes. Enfin, rencontre avec Manon Lepomme, humoriste, et Chris Alexxa, créatrice de bijoux. Bonne lecture !
< Les festivals d’été S > reprennent vie DOS S I E R W+B 156 6 Festival LaSemo 2019 © Dubois Quentin C’est une des bonnes DU 8 AU 10 JUILLET nouvelles post- pandémie… Cet été, Il faudra faire deux heures de route pour ceux qui n’arriveront pas à les festivals reprennent choisir entre les deux rendez-vous vie. L’occasion de culturels de ce week-end : le 33e mettre à l’honneur Festival Interculturel du Conte un secteur qui a de Chiny dans la province de souffert durant deux Luxembourg et le Festival LaSemo ans et qui compte au Parc d’Enghien dans le Hainaut. Deux styles, deux ambiances. bien se rattraper au vu de la richesse et A Chiny, l’ancienne cité des de la diversité des comtes, les amoureux du conte programmations à seront servis. Comme le men- venir. tionne le site internet, « les diseurs les plus fous, les raconteurs les plus expérimentés ainsi que de jeunes talents viendront poser là leur tabouret ». Ils viendront d’Eu- rope, d’Asie mais aussi d’Afrique PAR NADIA SALMI et d’Amérique. Une promesse de
< S > DOS S I E R Festival LaSemo © ROMAIN_WEB W+B 156 7 Festival LaSemo 2019 © Sophie Delapierre Festival LaSemo © Maxime Pesesse voyage et d’émerveillement acces- ateliers pour apprendre à masser ternative, sur la scénographie du- sible à tout le monde, y compris son bébé. Et Samuel Chappel de rable… ». Il y aura dans cette veine les personnes à mobilité réduite poursuivre : « Il faut savoir qu’un des conférences avec des invités et malentendantes. Ces dernières quart de notre public est constitué inspirés et inspirants : le philosophe pourront en effet bénéficier de tra- d’enfants, donc nous avons aus- français Josef Shovanec qui œuvre ductions en langage des signes. si des activités pour eux, comme à la dignité des personnes atteintes des piscines de foin. LaSemo, cela d’autisme comme lui, l’écrivaine Au parc d’Enghien, le Festival signifie la graine en esperanto. On et militante écoféministe indienne LaSemo, lui, proposera pour la aimait bien l’idée d’avoir un nom Vandana Shiva mais aussi l’aventu- quinzième fois des activités pluri- dans cette langue de l’espoir et rier belge François Loncke, fort de disciplinaires grand public. Il y aura le terme choisi, c’est parce qu’on sa vélodyssée de 49.000 km avalés de tout. De la musique avec Ben a envie de semer des graines de à travers quarante pays en trois ans. Mazué, Henri Dès, Chico Trujillo, changement auprès du public mais Tim Dup ou encore Girls in Hawaii. aussi du secteur. Notre festival est https://www.conte.be/event-de- De la méditation, du yoga, des ba- reconnu comme un pionnier en tails/festival-intercultu- lades musicales, des blindtests, matière environnementale. On tra- rel-du-conte-de-chiny des piscines de foin et même des vaille beaucoup sur la mobilité al- https://www.lasemo.be/
< S > DOS S I E R W+B 156 Festival Statues en Marche 8 Francofolies de Spa 2019 © J. Van Belle - WBI
< S > Francofolies de Spa 2019 © J. Van Belle - WBI DOS S I E R W+B 156 9 Francofolies de Spa 2019 © J. Van Belle - WBI Francofolies de Spa 2019 © J. Van Belle - WBI DU 16 AU 17 JUILLET information à retenir : elle concerne retrouvailles avec le public. Parmi la sécurité. Marche-en-Famenne les têtes d’affiche, on retrouvera Marche-en-Famenne se distingue- est 100% piétonne durant ces deux sur la scène Pierre Rapsat : Clara ra avec son Festival Statues en jours. Pour les couche-tard, il faut Luciani, Grand Corps Malade, Marche. Un événement ultra fami- savoir que la fête continue aussi Calogero, Vianney, Typh Barrow, lial et unique en Europe. Les rues le soir puisqu’il y a des concerts Marka ou encore MC Solaar. Sur de la ville seront en effet envahies prévus. les trois autres scènes prévues d’une centaine de statues vivantes durant ce long week-end musi- ayant vocation à faire rire ou ef- https://statuesenmarche.070.be/ cal, il y aura Cœur de Pirate, Feu ! frayer. « Ce sont des artistes de rue labo/ Chatterton mais aussi Claire Laffut, qui viennent du monde entier, ce Pierre de Maere, Saule, les Gauff’ qui donne à notre ville une vitrine et l’inoxydable Plastic Bertrand. sans pareille », précise Mathieu DU 20 AU 23 JUILLET L’artiste belge aux vingt millions Riesen, responsable de l’Office de disques vendus dans le monde communal du Tourisme. « Lors de Après deux ans d’absence, les interprétera ses plus grands tubes la dernière édition, nous avons Francofolies de Spa (Spa qui vient ainsi que les chansons de son der- eu 60 à 70.000 personnes. Elles d’intégrer la liste du Patrimoine nier album électro-funk sorti en viennent de partout en Europe. mondial de l’UNESCO) vont re- 2021, L’expérience humaine. C’est très chouette parce que ça prendre du service. Le moins que fonctionne très bien et ça attire les l’on puisse dire, c’est qu’il y aura https://www.francofolies.be/ grands comme les petits ». L’autre du beau monde pour célébrer ces
< S > DOS S I E R Esperanzah © Nadin Gaetan W+B 156 DU 28 AU 31 JUILLET L’abbaye de Floreffe vibrera au son des notes de musiques du monde entier. Le Festival Esperanzah 11 fêtera ses vingt ans en belle compagnie. Citons trois noms au hasard vu la programmation très riche… La chanteuse malienne à la voix d’or Fatoumata Diawara, qui a collaboré avec Herbie Hancock et Mathieu Chédid et dont le der- nier album solo, Maliba, a été salué par la critique. Autre jolie sur- prise, l’artiste israélien Asaf Avidan. L’interprète de One Day/Reckoning song reviendra présenter son sep- tième album, Anagnorisis. Enfin, DU 5 AU 7 AOÛT Enfin, une référence dans le rock l’écrivain franco-rwandais Gaël alternatif : Snow Patrol, le groupe Faye, prix Goncourt des lycéens Les amateurs de musique et d’ex- britannique devenu célèbre avec en 2016 avec son roman Petit pays. périence insolite seront les bien- son titre Chasing cars. De quoi at- Auteur-compositeur-interprète venus au Ronquières Festival. tirer la foule… Et c’est ce qui est très demandé, il se produira sur L’événement a lieu dans un cadre recherché pour cette dixième édi- la scène belge pour présenter son étonnant : le plan incliné, ce qui tion. La première en 2012 avait ac- second album, Lundi Méchant, sor- donne aux concerts une touche cueilli 12.000 festivaliers et la der- ti en 2020 et nommé dans la ca- singulière puisque ceux-ci sont nière, 40.000. tégorie « Album de l’année » aux rythmés par le passage des pé- Victoires de la Musique en 2021. niches. A l’affiche ici, des artistes reconnus comme Orelsan, Julien http://www.ronquieresfestival.be/fr Doré, Louane, Hoshi et Eddy De https://www.esperanzah.be/ Pretto mais aussi des groupes de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
< S > DOS S I E R W+B 156 DU 12 AU 14 AOÛT moine culturel immatériel vivant la directrice Charlotte Charles : de Wallonie-Bruxelles, ce qui en « On revisite des histoires connues C’est le rendez-vous des pas- fait une fierté de la province du mais d’une manière inédite. On ré- 12 sionnés de jazz : le Gaume Jazz Luxembourg. Au total, on trouve invente… On a nos souvenirs d’en- Festival en est déjà à sa 38e édi- plus de 100 artisans habillés en fance et on voit comment on re- tion. Ce n’est pas le seul chiffre costumes anciens. Il y a aussi des bondit par rapport à ça. Je pense à retenir. Il y aura à Rossignol et animations et bien sûr des oiseaux par exemple au spectacle du Tintigny 120 artistes venant de 12 dans ce marché multicolore de cirque Rouage qui proposera un pays, 25 concerts et 2 hommages : 7.000 m2. Un lieu incroyable desti- récit de brève anticipation, celui Garret List et Toots Thielemans, né à faire revivre la Belle Epoque. d’un monde sans pétrole ». A no- le sublime harmoniciste devenu, à Les curieux pourront découvrir les ter, le festival accueille des artistes même pas 20 ans, guitariste après jeux d’antan et certains privilégiés de tous horizons : Pays-Bas, Suisse, avoir écouté quelques minutes auront l’occasion de parcourir le France et Grande-Bretagne, pour d’un disque de Django Rheinhardt. piétonnier sur un vélo centenaire. de la danse, du théâtre ou de la Un génie, un vrai, qui a inspiré et musique. Parmi eux : les Batteurs fait vibrer des générations de mu- de Pavés qui rendront les contes siciens jusqu’à sa mort en 2016, à http://www.marche1900.be/ classiques de princesses et de trop l’âge de 94 ans. preux chevaliers complètement abracadabrants. LES 20 ET 21 AOÛT https://www.gaume-jazz.com/ A Chassepierre, un des « Plus https://www.chassepierre.be/fr beaux Villages de Wallonie », le LE 15 AOÛT Festival International des Arts de la Rue en est déjà à sa 48e édi- POUR DAVANTAGE DE Retenez cette date si vous aimez tion ! Un monument donc dans RENDEZ-VOUS CULTURELS voyager dans le passé. Le Marché les événements estivaux et fa- 1900, autrefois appelé Marché aux miliaux. Ici, la programmation se Un nom, un seul: les Festivals de oiseaux, se tiendra comme le veut construit autour d’un fil conduc- Wallonie. C’est tout l’été, de juin la tradition ce jour-là à Marche- teur, le prochain étant « Histoires à octobre. Il y a tellement d’activi- en-Famenne. Créé en 1967, il est familières, créations singulières ». tés proposées qu’il est impossible aujourd’hui reconnu comme patri- Explications complémentaires de de ne pas en trouver une qui vous
< S > DOS S I E R W+B 156 Festival de Chassepierre - cirque - Rouages © Festival Chassepierre droits réservés séduise. La musique classique est très représentée lors de ces festi- 13 vals. D’ailleurs, cette année, l’or- ganisation a choisi comme ar- tiste associée la soprano Sophie Junker, « une personnalité forte du monde culturel qui interprète des programmes directement liés à la thématique dans l’ensemble des festivals fédérés ». Une jolie reconnaissance pour cette artiste belge née en 1985, passionnée par Haendel et dont la carrière s’est envolée en 2020 avec l’enregis- trement de La Francesina. Sophie Junker proposera cet été un pro- gramme pour le moins éclec- tique, allant de Debussy à Brel Festival de Chassepierre - Kiai © Festival Chassepierre droits réservés en passant par Purcell et Satie. En tant qu’artiste associée, on re- trouvera sa voix magnifique lors d’autres soirées orchestrales ex- incontournable de la musique ceptionnelles, avec Les Muffatti, ancienne en Belgique. L’occasion la Cappella Mediterranea, le de voyager dans le passé médiéval Poème Harmonique, ou encore le et dans les richesses sonores du Millenium Orchestra. L’avantage monde actuel. avec les Festivals de Wallonie, c’est qu’ils s’étalent sur plusieurs se- Pour d’autres idées de festivals : maines. Focus ici sur Les Nuits de www.lesfestivalsdewallonie.be VISITWallonia.be Septembre à Liège. Un événement
< S > Le Court en dit long, 30e édition du festival du court-métrage Le court se porte bien. La trentième édition du Festival Le Court en dit long au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris le prouve, soit trente ans de productions de courts-métrages en Fédération Wallonie-Bruxelles. En outre, depuis deux ans et à l’occasion des Fêtes de Septembre, WBI et Wallonie-Bruxelles Images proposent un festival de cinéma estampillé Wallonie-Bruxelles en ligne. Cette année, cet événement sera également consacré aux courts-métrages belges francophones. Double coup de projecteur bien mérité. PAR JACQUELINE REMITS C ULT UR E Pour cette édition anniversaire, la trentième du Festival Le Court en dit long, festival compétitif dédié aux courts-métrages belges fran- W+B 156 cophones, 37 films avaient été re- tenus. Les signatures de 16 réalisa- trices et de 25 réalisateurs étaient à découvrir entre le 31 mai et le 4 juin 2022. Ces projets étaient ré- 14 partis en 7 programmes théma- tiques : films d’écoles et d’ateliers (INSAS, IAD, Ensav La Cambre, Caméra-etc., AJC8), en version originale, films LGBT+, des réalisa- trices, être ensemble, de l’étrange, premiers films. « Comme lors de chaque édition, la sélection com- prenait à la fois des films d’écoles et d’ateliers, des fictions, des ani- mations, des films expérimentaux, des courts-métrages soutenus par le Centre du Cinéma et de l’Audio- visuel de la Fédération Wallonie- La première édition du Court en dit long en 1993 © CWBParis Bruxelles, des films autoproduits ou coproduits avec la France, précise Louis Héliot, responsable de Format Court et fondatrice du de nouvelles et nouveaux cinéastes. de la programmation cinéma du Festival Format Court), Wilmarc Ce format du court permet effecti- Centre Wallonie-Bruxelles à Paris. Val (auteur et réalisateur), Ismaël vement de repérer les jeunes au- Une fois de plus, elle attestait des El Iraki (auteur et réalisateur). teurs et jeunes réalisatrices. Dans genres cinématographiques plu- le programme « en version origi- riels et irréductibles à un déno- nale », nous étions très heureux minateur commun qu’explorent BEAUCOUP DE PREMIERS de recevoir le nouveau film de des générations de jeunes ci- FILMS Méryl Fortunat-Rossi, Patanegra, néastes. » Cette année, cinq per- avec Sergi Lopez, Tom Audenaert sonnalités composaient le jury : Cette édition comptait beaucoup (acteur néerlandophone)… et un Déborah François (actrice, réalisa- de premiers films, de la part de ré- cochon. Ce programme peut in- trice), Pascale Faure (consultante), alisatrices aussi. « On sent qu’il y a téresser des producteurs pour Katia Bayer (rédactrice en chef une régénérescence automatique ensuite développer le court afin
< S > C ULT UR E W+B 156 L’atelier de jeu pour la caméra en 2021 © CWBParis 15 d’en faire un long. C’est l’un des intérêts du festival. A l’autre bout de la chaîne, dans le programme « de l’étrange », nous avons eu Masques d’Olivier Smolders, l’un de nos plus grands cinéastes qui préfère faire du court. On a termi- né avec Kadavreski de Jean-Marie Buchet (84 ans), Roland Lethem (80 ans) et Patrice Bauduinet (53 ans). Trois cinéastes aux films poli- tiquement très incorrects pour un cinéma provocateur, iconoclaste ». Enfin, le samedi 4 juin, s’est tenue une séance rétrospective du Court en dit long constituée de films majeurs et marquants de ces 30 éditions. Les jeunes actrices et acteurs de l’atelier 2021 avec Stéphanie Pécourt, directrice du CWB Paris, et Louis Héliot, responsable de la programmation cinéma © CWBParis DE PLUS EN PLUS DE RÉALISATRICES té des films », se rappelle Louis un prix du public. Cela perdure et, Héliot. Si les dix premières éditions généralement, se termine après La première édition du festival étaient non-compétitives, « au la remise des prix par l’avant-pre- avait eu lieu en juin 1993. « Dès la bout de la dixième année, nous mière d’un premier long-métrage. première édition, les chaînes de avons mis en place une compéti- En trente ans, j’ai vu défiler plu- télévision françaises avaient ache- tion avec un jury professionnel et sieurs générations de cinéastes ».
< S > C ULT UR E W+B 156 Le jury du Court en dit long en 2021 © CWBParis 16 En trois décennies, le festival a pensent parfois que parce que le cadre du festival, au Centre, s’est aussi évolué et de diverses ma- c’est belge, ça va être drôle, mais tenue une journée d’atelier collectif nières. « Depuis une quinzaine ce n’est pas le cas ». avec Christophe Hermans. Le jury d’années, les films sont de plus en a attribué à l’un des projets une plus longs. La plupart font 25-30 Cette année, hors compétition, bourse dotée par le comité belge minutes. Le festival tient à don- le festival a présenté, en pre- de la SACD. ner un panorama de la diversité mière projection parisienne, La des styles et des créations, que ce Ruche, le premier long-métrage soit en fiction, en animation ou en de Christophe Hermans, qu’il a FESTIVAL EN LIGNE expérimental. Nous recevons une co-écrit avec Noémie Nicolas, centaine de films par an, cette an- d’après le roman éponyme d’Ar- Lors des Fêtes de Septembre, née, il y en avait 120 et de plus en thur Loustalot et interprété no- qui se dérouleront du 16 sep- plus d’autoproductions. La sélec- tamment par Ludivine Sagnier, en tembre au 16 octobre 2022 et tion se fait sur la qualité des films, présence de l’équipe du film. Pour pour célébrer les trente éditions le scénario. Si la plupart sont des la première fois, en périphérie de la du Festival Le Court en dit long, films professionnels, certains sont compétition, le festival proposait Wallonie-Bruxelles International autoproduits. Le but est de repé- un atelier professionnel d’écriture et Wallonie-Bruxelles Images pro- rer les talents là où ils se nichent de scénario de court-métrage, en poseront trente courts-métrages en Wallonie et à Bruxelles. Il y a partenariat avec le comité belge belges francophones sur la plate- de plus en plus de réalisatrices qui de la SACD (Société des auteurs), forme de Festival Scope. Cette sé- racontent des histoires person- encadré par Noémie Nicolas et lection présentera des fictions et nelles, d’amour, les violences faites Christophe Hermans. Les six scéna- des animations réalisées et pro- aux femmes. On voit de moins en ristes retenus ont bénéficié d’une duites en Wallonie et à Bruxelles moins de comédies, un genre plus journée de travail en tête à tête entre 1991 et 2021. Elle reprendra difficile à réaliser en court. Certains avec les deux encadrants et dans quelques films-cultes de ces trente
< S > C ULT UR E CWB Paris W+B 156 Direction Stéphanie Pécourt Dossier de presse Contacts Louis Héliot Ambre Falkowiez Responsable de la programmation Cinéma Chargée du département du développement +33 (0)1 53 01 96 91 des publics et des partenariats l.heliot@cwb.fr +33 (0)1 53 01 97 20 Les lauréats et le jury en 2021 © CWBParis a.falkowiez@cwb.fr 17 dernières années comme Sortie de bain de Florence Henrard, Le Réveil de Marc-Henri Wajnberg, Surveiller les tortues d’Inès Rabadan, Travellinckx de Bouli Lanners, Tribu de Joachim Lafosse, Ni oui ni nom de Delphine Noëls, jusqu’à D’un château l’autre d’Em- manuel Marre et Matriochkas de Bérangère McNeese. « Des courts- métrages souvent réalisés par des cinéastes passés depuis à la réali- sation de longs-métrages ». 30ème Festival tions et partenariats internationaux différents : la galerie-salle d’expo- Depuis 1979, le Centre Wallonie- Le Court en et à mettre un coup de projecteur ditla long sition, 31 mai > 4 juin 2022 salle de théâtre, la salle de Bruxelles à Paris agit comme un vé- sur la scène artistique belge Saison fran- liquide / Ethique barbare cinéma et la librairie. Le Centre est ritable catalyseur de référence de cophone. Situé dans le 4e arron- l’un des lieux qui passent le plus la création contemporaine belge dissement de Paris, face au Centre de films belges francophones dans francophone et du milieu artistique Pompidou, il propose une pro- l’année. Un atout incroyable », CentreWallonieBruxelles Paris Direction Stéphanie Pécourt 127-129 rue Saint-Martin 75004 Paris www.cwb.fr 01 53 01 96 96 l.heliot@cwb.fr a.falkowiez@cwb.fr 1 en général. Il diffuse et valorise des grammation sur plus de 1.000 m2. conclut son responsable de la pro- artistes de Wallonie et de Bruxelles « Anciennement centre culturel grammation cinéma. pour les faire connaître en France. étranger à Paris, nous sommes Il assure ainsi la promotion des ta- aujourd’hui le seul centre d’art lents émergents ou confirmés. Il contemporain à avoir autant d’es- https://cwb.fr/ contribue à stimuler les coproduc- paces d’expressions artistiques
< S > Manon Lepomme, bilan de vie…. à 33 ans ! Qu’elle est drolatique cette Manon ! A 33 ans, elle se sent déjà tellement vieille. Jusqu’à s’offrir le luxe de questions existentielles voire futiles. Parce qu’elle s’imagine qu’à 33 ans on peut prétendre à un bilan de vie ? Merci pour toutes celles qui sont nées dans les années 70 et plus. PAR CATHERINE HAXHE Bon, on lui pardonne car finale- ça. Humoriste, comédienne, chan- Manon Lepomme PORTRAIT ment ces questionnements valent teuse, chroniqueuse, auteure… pour tant de décennies qu’ils sont pas grand-chose ne semble l’ar- intemporels, et on arrive à se les rêter. Après avoir évité à plus de approprier sans problème. 250.000 spectateurs d’aller chez Que celle qui ne s’était pas juré, le psy avec son spectacle Non, était, penserait de la Manon qu’elle W+B 156 en vain, de ne jamais ressembler je n’irai pas chez le psy !, Manon est devenue. Elle serait sans doute à sa mère, lui jette la première poursuit sa réflexion et revient ravie de voir comment s’articule la pierre ! Manon, elle, aurait carré- avec un tout nouveau spectacle Je tournée prévue aux quatre coins ment aimé être la fille de Lady Di vais beaucoup mieux, merci. de France et de Belgique pour ces et de Salvatore Adamo, rien que trois prochaines années : « On va 18 Un véritable travail sur l’identité faire de plus grosses salles, pour- et les étapes de la vie, des théma- suit Manon, on y est déjà, on pour- tiques universelles qui font pleu- suit cet été à Avignon. Pour « Je rer de rire et d’émotion mais qui, n’irai pas chez le psy », on avait puisqu’universelles, ont déjà été déjà fait 400 dates, là c’est d’une abordées par d’autres humoristes. plus grande ampleur encore. Je Alors comment trouver son angle suis toujours surprise de remplir de vue, sa touche à soi ? les salles. Je ne me sens pas illégi- « J’ai mon personnage scénique time, j’ai tout fait pour que ce qui propre, explique Manon, mais arrive, arrive. Je bosse plus d’un an cette fois exposant mille, qui vit sur un spectacle. Mais c’est vrai, j’ai les émotions fois mille, il y a beau- mis du temps à me dire que je fai- coup de ruptures dans le jeu, de la sais partie du métier ». surprise, du décalage, c’est l’éner- gie et l’angle d’attaque qui sont Il faut dire que depuis son plus différents chez chaque humoriste. jeune âge, Manon Lepomme se Maintenant, c’est vrai que je re- donne en spectacle. A sept ans, garde beaucoup ce que les autres elle rêve déjà de ça. Elle suit alors font, les thèmes sont les mêmes des cours de diction et déclama- depuis la nuit des temps, c’est sûr. tion à l’Académie d’Amay. Y a pas Elodie Poux, par exemple, j’ai vu à dire, elle est à l’aise et fait rire. qu’elle avait abordé un même sujet Elle commence par des textes de alors je ne l’ai pas développé, je ne Raymond Devos. Après des études veux pas que l’on pense que c’est en sciences politiques et l’aca- du copier-coller ». démie en art de la parole, elle se © Régis Falque lance véritablement. Nous sommes Faire le bilan pour Manon c’est en 2012 et, avec la complicité de peut-être simplement se deman- Ginette Matagne, elle monte un der ce que la petite fille qu’elle seul en scène et parvient à allier
< S > PORTRAIT W+B 156 © Régis Falque 19 tout ce qu’elle aime : la poésie, écrire seule de longs passages. En et Isabelle Innocente à la « mai- le stand up et l’humour avec des tournée en France, je m’adapte à la son », La Comédie en Ile, haut lieu personnages bien trempés. Bien région dans laquelle je joue, je vais liégeois de l’humour, chez le for- qu’elle hésite encore à se qualifier les titiller, je demande au théâtre midable Eric Marquis. La cité ar- « du métier », elle se fait une place des infos sur le quartier, j’ai tou- dente lui rend bien cet amour, elle dans le monde de l’humour belge. jours un œil sur l’actualité. Je n’hé- lui a attribué le titre de citoyenne Et le succès est rapidement au ren- site pas à me moquer des français, d’honneur. dez-vous. S’enchaînent alors les re- on va se gêner tiens. Et puis les présentations à travers la Belgique. femmes ont le vent en poupe, c’est Pour découvrir ou redécouvrir Manon est même sélectionnée devenu une force alors je fonce ! » Manon Lepomme, il suffira de la à Rochefort pour assurer la pre- suivre sur ses réseaux sociaux ou mière partie d’Anne Roumanoff au Avec son tempérament liégeois, son site web et tenter de dénicher Festival du Rire. convivial et dynamique, elle sé- pour les mois à venir, une place duit, sans pour autant rester dans dans l’une des salles déjà archi « Aujourd’hui on écrit à trois un type d’humour « local » avec bondées. avec Mathieu Debaty (ndlr : com- des références trop ciblées. Manon parse-partenaire de 3 barbes 2 s’exporte donc très bien, même si touffes, courez les voir si vous ne les Liège n’est jamais loin et qu’elle www.manon-lepomme.be connaissez pas) et Marc Andreini, aime plus que tout revenir jouer même si de plus en plus j’aime avec ses copines Isabelle Hauben
< S > Chris Alexxa, une passion en or massif Designer industriel dans une première vie, Christine Alexandre avait gardé dans un coin de sa mémoire les bijoux de sa grand-mère, pièces centrales de ses jeux d’enfant. Aujourd’hui, c’est elle qui, depuis son atelier boutique du cœur de Liège, couvre les liégeoises de Chris Alexxa bijoux. Gros plan sur le parcours d’une chercheuse d’or. PAR MARIE HONNAY M ODE /DE S I GN Quand elle était enfant, Christine sieurs métiers en lien direct avec elle. Très vite, Christine Alexandre Alexandre était déjà passionnée de ma formation de designer indus- se prend au jeu. Elle réalise une bijoux. Elle se souvient, émue, de triel. A la naissance de Louis, mon première pièce : la bague Pollen, ceux qui dégringolaient du grand fils cadet, j’ai à nouveau eu envie l’un de ses bestsellers dont les coffret installé sur la coiffeuse de de dessiner des bijoux », précise-t- formes organiques deviendront sa grand-mère. Même ses pou- W+B 156 pées avaient droit à des colliers, bracelets et boucles d’oreilles ; les prémices d’une fascination qui ne demandait qu’à renaître plusieurs décennies plus tard. Aujourd’hui, 20 l’émotion reste au centre du tra- vail de cette créatrice et artisane partiellement autodidacte. Quand elle transforme des bijoux anciens pour leur donner une apparence plus contemporaine, il n’est pas rare que les femmes qui lui ont confié leur bague ou leur penden- tif de famille versent une larme en les découvrant ainsi remis au goût du jour. C’est qu’il s’en passe des trucs magiques à l’arrière de ce maga- sin qu’elle a ouvert il y a 5 ans en Neuvice, dans le cœur historique de Liège. « J’ai fondé la marque en 2011. 5 ans plus tard, après avoir vendu mes créations en argent dans plus de 100 bijouteries mul- timarques, j’ai eu envie de donner un nouveau souffle à mon activi- té », explique-t-elle ; une activité qui, si Olivier, son mari et associé, ne l’avait pas poussée à se lancer, serait peut-être restée un rêve de petite-fille enfoui sous le poids de ses responsabilités d’adulte. Bague saphirs topazes Chris Alexxa - Bague tourmaline melon Ramus Chris « Pendant 20 ans, j’ai exercé plu- bijouterie Liège Alexxa - bijouterie Liège
< S > Bague aigue marine diamants anneaux Bague or diamants Myos Chris Alexxa Bague tanzanite or blanc diamant Chris triples Chris Alexxa Alexxa M ODE /DE S I GN W+B 156 Bague Chris Alexxa 41 diamants Bague saphirs diamants Chris Alexxa - Bague tanzanite Pollen Chris Alexxa bijouterie Liège 21 aussi son logo. Faute d’apprentis- de A à Z. Au fil des années, une vurées, pétales de fleurs à peine sage technique, le résultat est un vraie amitié s’est tissée entre nous. écloses, évocation d’une fine peu approximatif, mais l’intention y A force de les côtoyer, j’ai aussi branche d’arbre au printemps… « Il est. Cette première création donne découvert l’univers des pierres et m’arrive d’arrêter la voiture sur le lieu à une autre : Nénuphar, sa deu- la manière de les sélectionner : bord d’une route, juste pour pho- xième collection. tourmaline, rhodolite, quartz, ru- tographier une fleur que j’ai aper- bis, saphir, aigue-marine… Leurs çue en roulant. » Toujours en quête couleurs et leurs formes irrégu- de nouveaux challenges, Christine UNE FRONDEUSE PARMI LES lières m’inspirent mes plus belles Alexandre s’invite désormais dans FONDEURS créations ». le registre masculin en explorant les possibilités offertes par le ti- Au fil des mois, la créatrice affine Fascinée par la nature dans ce tane et le carbone. Et, comme elle sa patte et trouve un premier fa- qu’elle a de plus organique et im- aime le souligner, s’il faut parfois bricant capable de réaliser ses bi- parfait, Christine Alexandre a profi- jusqu’à trois jours pour façonner joux en série. Mais c’est lorsqu’elle té de l’engouement croissant pour et sertir une seule pièce, elle n’a rencontre un groupe de fondeurs le sur-mesure pour recentrer son pas l’intention de tourner le dos à l’occasion du salon parisien travail sur la création de pièces à son établi, au contraire. « Notre Bijorhca que le vrai déclic a lieu. en or. « L’argent fait partie inté- déménagement prochain dans la « Au début, ils ne m’ont pas prise grante de mon univers, mais l’or, maison voisine de la nôtre va me au sérieux », admet-elle en sou- les pierres et les diamants ont libé- permettre d’évoluer dans un lieu riant. « Mais finalement, je les ai ré ma créativité ». Dans son atelier, plus vaste et, je l’espère, d’avoir à convaincus de me former. Ces 14 face à son carnet de dessins et à nouveau l’occasion de m’installer artisans œuvrent pour de grandes ses pierres fétiches, l’artisane, au- devant mon établi. Le contact avec Maisons. En travaillant à leurs cô- jourd’hui épaulée par 4 collabora- la matière me manque ». tés, j’ai pu découvrir leurs tech- teurs, semble avoir pris son envol. niques et acquérir les bases et les Élégantes et aériennes, ses plus machines qui me permettent au- récentes créations célèbrent la chris-alexxa.com jourd’hui de fabriquer mes bijoux beauté de la nature : feuilles ner-
< S > Les magnifiques et captivantes avancées francophones sur MARS Nos chercheurs innovent et créent pour faciliter les futurs voyages. PAR VINCENT LIÉVIN Julie Manon (crew health and safety officer) avec le drapeau M.A.R.S UCLouvain devant le canyon © M.A.R.S UCLouvain Ils sont partis 15 jours sur MARS. des projets dans les domaines comment réagit une équipe dans I N N OVAT I O N Huit francophones. L’équipage de de la santé, l’agriculture, l’IA, la un tel endroit isolé. Les interac- l’association M.A.R.S UCLouvain télécommunication... tions, les besoins... Nous ne man- a pris la direction du désert de gions que de l’alimentation lyophi- l’Utah, aux États-Unis, du 27 mars À la tête de cette équipe, lisée. Nous devions faire attention au 9 avril dernier. Là, les condi- Cyril Wain, le commandant de à notre consommation en eau et tions de la planète rouge sont cette mission, n’a pas manqué une nous ne nous lavions pas tous les W+B 156 parfaitement recréées dans les seconde de cette magnifique expé- jours. L’eau est un élément essen- infrastructures de la Mars Desert rience : « C’était passionnant. Cette tiel pour boire évidemment, mais Research Station (MDRS). Le lieu simulation permet de mieux per- aussi pour notre nourriture lyophi- est isolé. Les reliefs ont permis à cevoir l’isolement, le paysage et lisée. Nous devions aussi être très cet équipage de simuler une mis- la constitution du sol. L’objectif de attentifs à notre consommation 22 sion habitée et d’expérimenter la simulation est vraiment de voir énergétique ». L’équipe prend la pause devant la station © M.A.R.S UCLouvain
< S UN RÊVE > Avant d’aborder les éléments structurants de cette mission, le commandant nous rappelle que pour lui, il s’agit d’un rêve: « Depuis que je suis petit, je regarde les étoiles. Je voulais connaître les li- mites de l’espace. Je me suis donc de plus en plus intéressé à l’es- Julie Manon, Sirga Drouet (Crew journalist), Cheyenne Chamart (Greenhab officer), pace. Quand j’ai commencé mes Cyril Wain (crew commander) et Jean Jacobs (Crew executive officer) ravis d’avoir découvert le canyon Tharsis © M.A.R.S UCLouvain études d’ingénieur civil, je voulais travailler dans le domaine spa- tial ou dans celui de la robotique. En premier bachelier, j’ai entendu parler de ce projet. J’ai postulé après quelques années et j’ai eu la chance d’être sélectionné ». I N N OVAT I O N AU TRAVAIL DÈS LE PREMIER JOUR Sur le terrain, le travail n’a pas man- qué : « Quand on arrive le premier jour, on sent déjà que l’on est dans W+B 156 un environnement un peu spé- cial. Toutefois, c’est vraiment lors- qu’on sort la première fois hors de la station, et que l’on est équipé de Cheyenne, Sirga et Cyril en route pour le canyon Tharsis © M.A.R.S UCLouvain nos combinaisons, que l’on peut vraiment se croire sur Mars. On est 23 isolé, sans contact avec personne et sans internet ». À ses côtés, les huit membres de l’équipe ont développé leurs propres expériences. Ils devaient aussi gérer les imprévus, les dif- férents aspects du voyage (durée, retour impossible à court terme sur terre, manque de certains maté- riaux, gestion des eaux usées et du dôme...). « Nous avons eu la chance de vivre des expériences très diffé- Julie Manon et Sirga Drouet immortalisent le moment © M.A.R.S UCLouvain rentes avec l’équipe comme celle de Michael Saint-Guillain, qui a dé- veloppé une intelligence artificielle qui nous permettait d’améliorer notre gestion du temps. En effet, les astronautes doivent suivre un agenda à la minute près, mais lors- qu’il y a un imprévu, tout l’agen- da doit être adapté dans la plus grande précision. L’IA doit nous permettre de faire face à l’impré- vu. Son projet devait nous per- mettre de réadapter notre agen- da au mieux et de recalculer tout le planning pour réaliser toutes les expériences nécessaires ». Julie observe le canyon Tharsis tout juste découvert © M.A.R.S UCLouvain
< S > I N N OVAT I O N W+B 156 Ignacio Sanchez Casla (crew astronomer) observe les éruptions solaires © M.A.R.S UCLouvain 24 Sirga observe l’incroyable paysage visible depuis la cuisine de la station © M.A.R.S UCLouvain
< S UN SOUTIEN INDISPENSABLE > Cette mission est une chance unique pour les étudiants de l’UCLouvain qui peuvent comp- ter sur le soutien indispen- sable et précieux de différents acteurs privés et institutionnels, comme le service Recherche et Innovation de Wallonie- Bruxelles International (WBI), la Sabca, AerospaceLab, le Centre d’étude nucléaire de Mol (SCK- CEN), pour accomplir les différents projets. AMÉLIORER LE QUOTIDIEN Cheyenne remplit ses pots de substrat martien (régolite) dans le cadre de son expérience © M.A.R.S UCLouvain Ces expériences vont notam- I N N OVAT I O N ment permettre aux futurs voya- geurs sur MARS d’avoir un meil- leur sommeil: « Un sommeil correct et régulier est essentiel pour le pouvoir de récupération de l’équi- page. Dans une mission de longue W+B 156 durée, la récupération est cruciale pour la préservation des réflexes et des fonctions cognitives des membres de l’équipage. Une expé- rience d’hypnose a donc été me- née. Julien Meert étudiait nos si- 25 gnaux cérébraux, nos battements, la qualité et la récupération de notre sommeil. Il a aussi réalisé des séances d’hypnose avant le som- meil », explique le commandant. Une autre expérience ciblait la pré- Sirga et Audrey Comein (crew scientist) réalisent une réduction en situation critique vention des fractures des astro- (lors d’une EVA) dans le cadre de l’expérience de Julie © M.A.R.S UCLouvain nautes avec aux commandes le Dr Julie Manon (FNRS Aspirante, MACCS in Orthopaedic and Trauma Surgery) des Cliniques universitaires Saint-Luc. « Ma vo- lonté était de mettre au point un dispositif pour traiter les fractures sur place, sans savoir si dans les futures missions, il y aurait ou non un chirurgien. Notre projet est d’aboutir à la création d’un kit de soins pour intervenir sur une frac- ture. Nous devons y penser parce que les astronautes en apesan- teur sont confrontés à une impor- tante perte osseuse qui fragilise les os. Ils ont donc des risques plus grands d’avoir des fractures lors- qu’ils vont arriver sur MARS », pré- cise le Dr Manon. Julien Meert installant les polysomnographes aux membres de l’équipe participant à l’expérience avant sa séance d’hypnose © M.A.R.S UCLouvain
< S > I N N OVAT I O N W+B 156 Photo du ciel étoilé avec la MDRS © M.A.R.S UCLouvain 26 Ciel étoilé avec l’observatoire solaire © M.A.R.S UCLouvain
< S Différentes expériences menées Tous ces projets vont également faire l’objet d’une com- munication vers le grand public pour poursuivre cette - Nutrition : Une évaluation des change- > sensibilisation indispensable aux expériences des astro- ments métaboliques dus à des modifications nautes, en vue d’un premier voyage sur MARS. « L’objectif de l’activité physique et de la nutrition. La de l’asbl est scientifique et éducatif. Cela nous tient fort colonisation de Mars est un défi technolo- à coeur de partager notre expérience », conclut Cyril Wain, gique, mais aussi un défi physique pour les fu- le commandant de cette mission. turs marstronautes. L’objectif de cette expé- rience est de développer un protocole pour le suivi des paramètres essentiels de la santé et du https://sites.uclouvain.be/student-angel-fund/ métabolisme des membres de l’équipage. projet/ucl-to-mars/ - Insectes : Les différentes conditions de vie dans l’élevage d’insectes afin de les intégrer dans le régime alimentaire des astronautes. Il s’agit d’une expérience qui contribue à amélio- rer les qualités nutritionnelles d’un futur équi- page d’astronautes par une solution alimentaire alternative avec un bon rendement, pour un mi- nimum d’espace et d’énergie utilisés. I N N OVAT I O N - Plantes : Une étude sur l’effet des biofertili- sants sur le taux de germination des plantes comestibles d’intérêt dans un substrat de sol martien. Cette expérience permet d’aider à trouver une solution à la grande question de l’approvisionnement en nourriture d’un équi- W+B 156 page qui vivrait en autarcie complète. L’équipe avant de partir en EVA © M.A.R.S UCLouvain - La spiruline comme solution alimen- taire : Un astronaute mange un kilo de nourri- ture, respire un kilo d’oxygène et boit trois litres d’eau. Les astronautes produisent également 27 des déchets, principalement de l’eau. Lors d’une mission spatiale de longue durée, il est impos- sible d’emporter autant de nourriture et d’eau pour des raisons de coût et de logistique. Le projet MELiSSA (Micro-Ecological Life Support System Alternative) se concentre sur ces différents aspects. - Cartographie et surveillance par drone : Le projet consiste à utiliser un drone dans le domaine de la géomatique. L’établissement d’une cartographie détaillée et interactive de l’environnement proche de la station est un ob- jectif pertinent pour des missions efficaces et sécurisées. - La construction d’un système hydropo- nique vertical : Un approvisionnement régulier en nourriture pour les astronautes est l’une des exigences les plus fondamentales pour toute mission spatiale autonome de longue durée, telle qu’une expédition vers Mars. L’expérience se penche sur la possibilité de fabriquer cette nourriture presque exclusivement fournie par des plantes cultivées en hydroponie dans des serres très serrées, avec une exposition très éle- vée à différents facteurs de risque. Expérience de Cheyenne : observation de différents substrats afin de voir quel est celui qui permet la meilleure croissance à la plante © M.A.R.S UCLouvain
< S > Je ne suis pas un numérique mais un homme libre Tom revient de Québec, la tête pleine de projets et le cœur à l’ouvrage. Parce que numérique et sens social ne sont plus forcément incompatibles. PAR PHILIPPE VANDENBERGH © BIJ On a toujours le vertige quand et d’Arthur – Namurois comme lui, on évoque le Québec. Il est vrai tout à fait par hasard – Tom a répon- qu’avec ses 1,6 millions de km2, la du à un appel d’offres du Bureau province la plus grande du Canada International Jeunesse (BIJ), lui- pourrait absorber l’Espagne, le même en connexion avec son ho- Portugal, la France, l’Allemagne, mologue québécois, afin de finan- tions que de réponses. « C’est un la Suisse et la Belgique. Bon d’ac- cer son déplacement et son séjour. vaste domaine, bien sûr, qui est J E UN E S S E cord, la moitié de la superficie est A l’heure du bilan (et du rapport), aussi une arme à double tranchant. recouverte de lacs et de forêts, ce il ne le regrette absolument pas. Si l’on ne peut que se réjouir de qui ne l’empêche pas de compter « La Semaine NUmériQC, comme voir les machines apprendre de quand même près de 8,5 millions ils l’appellent là-bas, est vraiment plus en plus vite, y compris de d’habitants. Chaque première se- à la pointe de la recherche dans leurs erreurs, au point par exemple W+B 156 maine d’avril, la ville de Québec le domaine. C’est évidemment de pouvoir reconstituer une œuvre compte 2.500 habitants de plus. un gros marché mais au-delà, les d’art au départ d’un petit extrait, Et pas n’importe lesquels. Pour la quelque 200 conférences essaient en revanche, on ne peut s’empê- plupart, des chercheuses et des de donner du sens à la démarche cher de s’interroger sur le traite- chercheurs, des jeunes et des numérique dans l’espoir avoué ment des données et l’emprise de 28 moins jeunes, venus du monde en- de ne pas faire n’importe quoi, plus en plus grande des GAFAM tier dans le seul but de découvrir n’importe comment ». (Google, Amazon, Facebook, ce qui se fait de mieux en matière Tom, entrepreneur dans l’âme et Apple et Microsoft) sur l’ensemble de numérique, le strass et les pail- passionné par l’éducation aux de l’humanité. On parle ainsi de lettes en moins par rapport aux Médias et notamment par la thé- leur volonté d’arrêter les cookies grandes messes technologiques matique des conspirations, s’est (sorte de petits logiciels espions des Etats-Unis voisins. beaucoup intéressé à l’Intelligence qui disent tout sur vos goûts) mais Tom Massoz, 25 ans, faisait partie Artificielle et il reconnaît être re- on est encore loin du compte ». de ceux-là. En compagnie d’Aurore venu avec presqu’autant de ques- « LE FRANÇAIS S’APPREND ; L’ANGLAIS S’ATTRAPE… » Ce qui frappe, finalement, dans la démarche de ce « native numé- rique » comme Tom et ses coreli- gionnaires est l’absolue nécessité de croiser les technologies mais aussi les disciplines pour essayer de comprendre le monde dans le- quel ils sont appelés à évoluer et qui est aussi le nôtre. Il n’est pas rare ainsi de voir la philosophie ou l’art au centre des préoccupations numériques, dépassant de loin le simple atout comptable généré par ces machines à leurs débuts. « Par exemple, à l’e-commerce pur et Rencontre avec les délégations sélectionnées par LOJIQ et l’OFQJ © BIJ dur, a succédé l’e-tourisme et une
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