2 CADRAGE DE L'ÉTUDE - RTE
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2 CADRAGE DE L’ÉTUDE
2 LE CADRAGE DE L’ÉTUDE : UNE DESCRIPTION ET UNE ANALYSE DES OPTIONS DE TRANSITION DU SECTEUR ÉLECTRIQUE POUR ÉCLAIRER LE DÉBAT PUBLIC 2.1 Une vaste étude réalisée à la demande du Gouvernement et cadencée par plusieurs points d’étape depuis 2019 Dans le cadre de ses missions légales (Bilan les stratégies nécessaires pour sortir des énergies prévisionnel) et en réponse à une saisine du fossiles, atteindre la neutralité carbone en 2050 Gouvernement, RTE a lancé en 2019 une large et ainsi respecter les objectifs de l’Accord de Paris. étude sur l’évolution du système électrique intitu- Cela implique une transformation profonde de l’éco- lée « Futurs énergétiques 2050 ». nomie et des bouleversements dans le secteur des transports, de l’industrie et du bâtiment aujourd’hui Ce travail intervient à un moment clé du débat public encore très dépendants du pétrole, du gaz d’origine sur l’énergie et le climat, au cours duquel se décident fossile, et parfois même encore du charbon. Figure 2.1 Séquence de publication de l’étude Futurs énergétiques 2050 2019 2020 2021 2022 Phase I : cadrage de l’étude Phase II : simulations, analyses et caractérisation des scénarios et publication des résultats Premier Depuis mi-2019 27 janvier 2021 8 juin 2021 25 octobre 2021 trimestre 2022 Cadrage des Publication scénarios de du rapport production et Synthèse des Publication RTE-AIE Publication consommation enseignements des principaux Prolongements sur la faisabilité des analyses de la résultats éventuels Concertation technique d’un approfondies consultation de l’étude sur certains sur les objectifs, système à haute de l’étude proportion en EnR publique et thèmes clés les hypothèses Futurs Futurs finalisation de pour le débat et les scénarios énergétiques énergétiques Lancement de la phase de public (6 réunions la consultation 2050 2050 cadrage plénières, publique sur les scénarios plus de 30 GT) 16
Le cadrage de l’étude .2 Il n’existe plus aucun doute scientifique sur l’ur- environnementales au sens large et en explicitant gence à agir. Le récent rapport du GIEC, publié en les implications en matière de modes de vie. août 2021, a rappelé s’il en était encore besoin, l’importance de réduire très rapidement les émis- L’étude consiste, en premier lieu, en un travail sions de gaz à effet de serre pour limiter les effets technique de grande ampleur, qui s’est appuyé sur potentiellement catastrophiques du changement un important effort de simulation et de calcul pour climatique. La prochaine COP, organisée à Glasgow caractériser de manière rigoureuse une grande à partir de novembre 2021, doit en prendre acte variété de systèmes électriques permettant d’at- et conduire à des nouveaux engagements chiffrés, teindre la neutralité carbone en 2050. pour la décennie qui vient. La phase I de l’étude, consacrée au cadrage des La transformation nécessaire pour sortir des éner- objectifs, des méthodes et des hypothèses, s’est gies fossiles doit être menée à bien en seulement achevée au premier trimestre 2021. Elle a fait l’ob- trois décennies et accélérer de manière substan- jet d’une large consultation publique, qui a suscité tielle d’ici 2030. des réponses bien au-delà du cercle des « parties prenantes expertes » habituellement concernées Différentes options sont sur la table pour y parve- par ce genre d’exercices : près de 4 000 organi- nir. Elles présentent des points communs (baisse sations et particuliers ont participé, à travers des de la consommation d’énergie, augmentation contributions spécifiques très détaillées, lettres de la part de l’électricité, recours aux énergies ouvertes, pétitions et cyberactions. Le bilan renouvelables) mais également des différences résumé de cette phase a été rendu public le 8 juin importantes en ce qui concerne le rythme d’évo- 2021 dans un rapport préliminaire1. lution de la consommation et sa répartition par usage, le développement de l’industrie, l’avenir du La phase II de l’étude est marquée par la publi- nucléaire, le rôle de l’hydrogène, etc. Les « Futurs cation du présent rapport qui en expose les prin- énergétiques 2050 » de RTE répondent au besoin cipaux résultats, rendus publics le 25 octobre de documenter ces options en décrivant les évolu- 2021 afin de pouvoir éclairer le débat public. Cette tions du système sur le plan technique, en chiffrant phase II s’étale jusqu’à la publication des analyses les coûts associés, en détaillant les conséquences approfondies au premier trimestre 2022. 1. Futurs énergétiques 2050, Bilan de la Phase I, Synthèse et enseignements issus de la consultation publique : https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-09/BP50_Bilan de la consultation publique.pdf FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 17
2.2 Des travaux alimentés par un dispositif de concertation renforcé L’étude « Futurs énergétiques 2050 » a été réali- à ce que chaque partie intéressée puisse s’expri- sée dans le cadre d’une concertation systématique mer et être entendue. Le planning de l’étude a et étroite avec l’ensemble des parties prenantes notamment évolué pour prendre en compte les intéressées. remarques et enrichir le dispositif en intégrant de nombreux scénarios et variantes qui n’étaient pas Cette démarche inédite est désormais une marque initialement prévus. de fabrique des scénarios élaborés par RTE. Elle va bien au-delà d’une diffusion d’information descen- La discussion avec les parties prenantes a été dante et a pour ambition de définir un programme structurée autour d’une instance plénière rassem- d’étude qui répond aux souhaits des parties pre- blant les parties prenantes au niveau décisionnel nantes. Les scénarios sont élaborés au grand jour, (Commission perspectives système et réseau), tous les paramètres de l’étude sont discutés, tra- de neuf groupes de travail thématiques d’experts cés et débattus dans des groupes de travail et dans couvrant le champ d’investigation de l’étude, et le cadre d’une instance plénière de concertation, d’une vaste consultation publication (voir section selon une méthode ouverte et transparente visant précédente). Figure 2.3 Réunions de concertation tenues dans le cadre de l’étude « Futurs énergétiques 2050 » Groupes de travail Réunions GT 1 « Référentiel climatique » ●●●● GT 2 « Consommation » ●●●●●●● GT 3 « Cadrage et scénarisation » ●●●● GT 4 « Interfaces électricité et autres vecteurs » ●●● GT 5 « Dynamiques sociétales » ●●● GT 6 « Environnement » ●●● GT 7 « Flexibilités » ●●● GT 8 « Fonctionnement du système électrique » ●●● GT 9 « Coûts » ●● Réunions plénières de la CPSR* ●●●●●●● *Commission perspectives système et réseau 18
Le cadrage de l’étude .2 Au total, une quarantaine de réunions ont été uu modifier largement certaines trajectoires, sur la menées et ont rassemblé des experts d’une cen- sobriété notamment, taine d’organismes différents (entreprises du sec- uu introduire des configurations nouvelles initiale- teur de l’énergie, ONG, associations, think-tanks et ment placées hors du champ de l’étude (scé- instituts, autorités de régulation, administrations narios de sortie très rapide du nucléaire ou de publiques, etc.). Les réunions thématiques ont moratoire sur les énergies renouvelables), conduit à la production d’une abondante littérature, uu développer très largement les études sur le qui est intégralement disponible sur le site web de thermique décarboné et la place des gaz verts la concertation. À l’issue de chaque réunion, les dans le fonctionnement du système électrique, contributions apportées par les parties prenantes uu introduire des variantes de consommation en ont été prises en compte pour la suite des travaux. rupture (variante hydrogène +), uu affronter des questions complexes (possibi- Dans l’ensemble, le processus de concertation a été lité de prolonger certains réacteurs nucléaires très structurant dans l’élaboration des scénarios de au-delà de 60 ans, rôle des SMR) initialement l’étude « Futurs énergétiques 2050 ». Il a conduit à : considérées comme fermées. uu repositionner structurellement certains thèmes : par exemple, la réindustrialisation, à l’origine un Durant la concertation, RTE a ainsi fait évoluer la sujet parmi d’autres, constitue aujourd’hui l’un trajectoire de consommation de référence, modifié des principaux sujets d’étude avec une contri- les coûts de référence et cadré les configurations à bution significative des industriels et des orga- étudier de manière différente de ce qui était initia- nisations syndicales à ces travaux, lement envisagé. FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 19
2.3 Une phase II de l’étude supervisée par un conseil scientifique Le dispositif de concertation a été complété d’un l’énergie et de l’environnement, philosophie, clima conseil scientifique qui a suivi l’ensemble des tra- tologie, architecture). Le compte-rendu de ces vaux depuis le printemps 2021. échanges sera rendu public en même temps que les analyses approfondies prévues pour le p remier Le comité est composé de différentes disciplines trimestre 2021. universitaires (macroéconomie, économie de Figure 2.2 Instances de concertation mises en place pour réaliser l’étude « Futurs énergétiques 2050 » Une instance Une consultation plénière de publique concertation sur les différents Commission éléments de cadrage Perspectives Système 9 groupes Un Conseil et hypothèses et Réseau (CPSR) de travail scientifique techniques composé de spécialistes réunissant experts reconnus représentant 6 réunions et parties prenantes Consultation menée des champs intéressées disciplinaires variés plénières du 27 janvier au 5 mars 2021 depuis le lancement 4 000 réponses reçues de l’étude (contributions institutionnelles, collectives et personnelles très variées) Une trentaine de réunions Plusieurs réunions tenues depuis fin 2019 thématiques Participants : énergéticiens, tenues depuis avril 2021 ONG, organisations syndicales, organisations professionnelles, chercheurs, think-tanks… 20
Le cadrage de l’étude .2 2.4 Une description de scénarios contrastés pour le système électrique, centrés sur l’objectif de neutralité carbone L’objectif de l’étude « Futurs énergétiques 2050 » reposant sur des narratifs propres et distincts est de construire et d’évaluer plusieurs options entre les scénarios. possibles pour l’évolution du système électrique en vue d’atteindre la neutralité carbone. L’approche Elle ne repose pas sur une optimisation économique proposée consiste à présenter plusieurs tra- qui viserait à calculer un « mix optimal en 2050 », jectoires contrastées (notamment sur la dont les résultats seraient fortement dépendants part des différentes filières de production), des hypothèses prises en compte et pourraient Figure 2.4 Synthèse des principaux paramètres étudiés dans le cadre de l’étude Évolution Trajectoires Aléas climatiques du climat climatiques extrêmes Cadrage PIB Démographie macro-économique Évolution de Sobriété Part de Efficacité Electrification Recours à la consommation et modes l’industrie énergétique des usages l’hydrogène d’électricité de vie Production Développement Production Arrêts des réacteurs du nouveau d’énergies d’électricité nucléaires existants nucléaire renouvelables Compétitivité Moyens de Développement des Flexibilités de des solutions de flexibilités interconnexions la demande flexibilités Variantes sur Contexte l’évolution des mix européen des pays voisins Composantes Coûts unitaires Taux du chiffrage des actifs de Coût du capital d’actualisation économique production FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 21
difficilement refléter les incertitudes économiques, débats sur la planification du mix énergétique. La technologiques ou encore sociétales qui existent à SNBC publiée en avril 2020 fait en effet partie de ces horizons de long terme. la première génération de scénarios d’atteinte de la neutralité carbone et a vocation à être actualisée Par ailleurs, tous les scénarios de l’étude sont dès 2023 dans le cadre d’une loi de programme. par définition construits pour atteindre la neutralité carbone en 2050, cet objectif n’étant Les orientations publiques sur la décarbonation pas remis en question dans le cadrage. Les hypo- laissent par ailleurs ouvertes de nombreuses pos- thèses considérées pour l’élaboration des scénarios sibilités pour l’approvisionnement énergétique de reposent sur les orientations publiques en matière la France à long terme, avec en premier lieu une de décarbonation de l’économie, en particulier question ouverte sur le mix de production d’élec- celles issues de la stratégie nationale bas-car- tricité à long terme. La présente étude analyse des bone ou des politiques publiques énergie-climat options possibles pour le mix électrique de la neu- les plus récentes (France Relance, stratégie hydro- tralité carbone, en combinant de très nombreux gène, réglementation environnementale des bâti- paramètres d’évolution sur la consommation (effi- ments…), ainsi que sur les perspectives remontées cacité énergétique, sobriété, nouveaux usages), la par les industriels et parties prenantes du secteur. production (part des énergies renouvelables et du Des variantes autour de la SNBC, élaborées en nucléaire), les solutions de flexibilités pour assurer s’appuyant notamment sur d’autres scénarios d’at- l’équilibre offre-demande du système électrique, la teinte de la neutralité carbone publiés en Europe et localisation des moyens de production, le réseau, dans le monde, sont également étudiées pour éva- ou encore les coûts des différentes composantes luer la sensibilité des résultats et éclairer de futurs du système électrique. 22
Le cadrage de l’étude .2 2.5 Une description temporelle des scénarios sur l’ensemble de la trajectoire 2020-2060 Même si 2050 s’impose comme l’horizon central de En second lieu, l’objectif de l’étude n’est pas uni- l’analyse en raison de l’objectif français et euro- quement de proposer une cible à long terme pour péen d’atteinte de la neutralité carbone à cette le système électrique mais de présenter le chemin date, l’étude « Futurs énergétiques 2050 » porte pour parvenir au mix électrique de la neutralité car- sur une durée de 40 ans (2020-2060) et analyse bone. Cela implique d’étudier l’ensemble de la les trajectoires d’évolution du système et de décar- trajectoire – et notamment les deux premières bonation sur l’ensemble de la période. décennies – afin d’analyser la contribution des scé- narios aux objectifs climatiques de la France. D’une part, il apparaît indispensable d’analyser les scénarios sur une période longue, jusqu’en 2060 au À ce titre, le point de passage 2030 apparaît moins, dans la mesure où c’est à cette échéance que comme un jalon majeur dans l’analyse des le parc nucléaire actuel de seconde génération devrait scénarios. Les études climatiques alertent en être entièrement mis à l’arrêt pour raison d’âge. De effet de manière récurrente sur l’étroitesse de la ce fait, les effets complets d’une décision de fenêtre d’action pour lutter contre le changement renouvellement ou de non-renouvellement climatique et l’importance des dix prochaines du parc nucléaire ne peuvent être pleinement années pour infléchir les courbes en direction de appréhendés qu’en poussant l’analyse jusqu’en l’objectif fixé. 2060 (certains participants à la concertation ayant même suggéré d’étendre l’analyse jusqu’en 2100). Figure 2.5 Principaux jalons de la trajectoire des scénarios de l’étude 2020 2030 2040 2050 2060 Nouvel objectif Objectif de Horizon de européen : neutralité carbone déclassement réduction de 55 % en France et dans des derniers des émissions l’Union européenne réacteurs nettes de gaz à (pacte vert nucléaires de effet de serre par européen) 2 génération nde rapport à 1990 en France (dans le cas d’une durée de vie maximum de 60 ans) FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 23
2.6 Une étude qui prend en compte les trajectoires climatiques du GIEC L’étude « Futurs énergétiques 2050 » décrit diffé Le scénario climatique utilisé par RTE pour réaliser rentes options d’infrastructures de production, les analyses techniques sur le système électrique d’acheminement, de stockage et de consomma- correspond à la trajectoire RCP 4.5 du 5e rapport tion d’électricité ou d’hydrogène. Or ces infrastruc- du GIEC. Celle-ci conduirait à une augmentation tures sont elles-mêmes sensibles au changement moyenne de la température à la fin du siècle supé- climatique. L’analyse du fonctionnement du rieure à l’objectif des accords de Paris sans pour système électrique s’appuie ainsi sur une autant représenter une trajectoire tendancielle. Ce description complète du climat, en tenant choix a été débattu en concertation – il se justi- compte d’une projection de son évolution fie par un principe de prudence visant à éviter future. Ceci constitue une première en Europe tout biais à la sous-estimation des consé- pour une étude de ce type, qui permet de mieux quences concrètes du changement clima prendre en compte l’augmentation de la probabi- tique. Ainsi, les analyses de résilience menées lité d’événements extrêmes. sur les différents scénarios intègrent d’emblée la Figure 2.6 Trajectoires climatiques du GIEC (AR5) et scénarios retenus pour l’étude à l’horizon 2050-2060 140 > 1000 ppm éqCO2 90e centile 720-1000 ppm éqCO2 Médiane 580-720 ppm éqCO2 10e centile 120 530-580 ppm éqCO2 Climat 2050 Émissions annuelles de GES (GtéqCO2/an) 480-530 ppm éqCO2 RCP8.5 utilisé comme 430-480 ppm éqCO2 4,1-4,8° C variante pour Fourchette de la base certaines 100 de données du RES analyses 80 RCP6 60 3,1-3,7° C Climat 2050 utilisé par prudence pour les analyses 40 techniques sur le système RCP4.5 électrique 20 2,3-2,9° C RCP2.6 0 1,5-1,7° C Climat 2050 souhaité -20 2000 2020 2040 2060 2080 2100 Source : Contribution du Groupe de travail III au cinquième Rapport d’évaluation du GIEC 24
Le cadrage de l’étude .2 possibilité que les émissions mondiales ne s’inflé- du réchauffement et la résilience du système dans chissent pas à la hauteur de ce qui serait néces- les situations les plus défavorables, ou qui pour- saire pour atteindre les accords de Paris. raient correspondre à des horizons plus lointains. Des analyses spécifiques portant sur la trajectoire Ainsi, le dispositif d’étude a été, en conscience, RCP 8.5, c’est-à-dire une trajectoire d’emballe- articulé autour de l’idée que les transformations ment climatique (aujourd’hui jugée peu probable du climat impliquaient un effort d’adaptation des par la plupart des répondants au regard des ambi- infrastructures et que la prospective publique tions climatiques au niveau mondial), ont égale- devait se confronter à des scénarios dégradés. ment été menées de manière à évaluer les effets FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 25
2.7 Un cadrage macro-économique compatible avec une croissance démographique et économique Les scénarios étudiés sont définis par un ensemble prévoyait en particulier une nette augmentation de d’hypothèses, couvrant les différentes compo- la population française suivant la trajectoire cen- santes de l’économie (démographie, PIB, activité trale de l’INSEE (71 millions d’habitants en 2050 industrielle...) et du secteur énergétique (consom- en France métropolitaine continentale contre envi- mation, production, interfaces avec les autres vec- ron 65 millions aujourd’hui), une croissance du PIB teurs, flexibilité, évolution du mix dans les pays soutenue (croissance annuelle de 1,3 % à 1,4 % par voisins…). an d’ici 2030 puis de 1,7 % par an à partir de 2030, correspondant aux valeurs recommandées par la Dans cet ensemble d’hypothèses, le cadre Commission européenne dans son scénario de réfé- macro-économique retenu a un impact important rence en 2016) et enfin une inflexion dans l’activité sur l’équilibre des scénarios et en particulier sur industrielle en France (maintien d’une part de l’in- les besoins d’énergie. En effet, la consommation dustrie dans le PIB autour de 10 %, à l’opposé des d’énergie et notamment d’électricité dépend for- tendances naturelles des dernières décennies). tement de l’évolution de la population ainsi que de l’activité économique, et plus précisément de l’ac- Toutefois, à l’issue de la consultation publique, tivité dans chaque secteur. les hypothèses macro-économiques ont été ajus- tées pour tenir compte des perspectives les plus Le cadrage macro-économique retenu dans l’étude récentes et des retours des parties prenantes. s’inspire du cadre utilisé par les pouvoirs publics Tout d’abord, l’hypothèse d’évolution du PIB sur pour l’élaboration des politiques énergétiques le début de la décennie 2020-2030 a été adaptée et plus spécifiquement pour la SNBC. Celui-ci pour prendre en compte l’effet de la crise sanitaire Figure 2.7 Hypothèses de croissance du PIB et d’évolution démographique Trajectoires de PIB Hypothèses démographiques 4 000 72 000 70 000 3 500 68 000 3 000 66 000 G€2015 G€2015 64 000 2 500 62 000 60 000 2 000 58 000 1 500 56 000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 Historique Hypothèse SNBC initiale Historique INSEE référence Hypothèse réajustée INSEE fécondité basse 26
Le cadrage de l’étude .2 en 2020. En outre, la projection de croissance éco- où les ressources planétaires ont un caractère fini nomique au-delà de 2030 a été revue significative- et où les objectifs de décarbonation impliquent des ment à la baisse (+1,3 % par an contre +1,7 % par efforts financiers importants. an dans le cadrage initial). Historiquement, la consommation d’énergie a été Dans l’ensemble, le cadrage macro-économique de marquée par une forte corrélation à la croissance l’étude reste néanmoins fondé sur une croissance démographique et économique, avec des taux de importante de la population et du PIB. Celui-ci croissance annuels élevés sur la fin du XXe siècle. Si constitue le cadrage de base pour les principaux la demande d’énergie s’est stabilisée voire a légè- scénarios étudiés – ceux-ci étant tous basés sur les rement baissé au cours des dernières années en mêmes hypothèses macro-économiques afin de les France, cette inflexion est en partie liée aux effets rendre comparables (voir section 5.1). Sans pré- de la crise économique de la fin des années 2000 et juger des évolutions probables ou souhaitables de de la croissance atone qui en a suivi. Si les efforts la démographie et de l’activité économique à ces d’efficacité énergétique et de sobriété jouent éga- horizons-là, cette hypothèse conduit à étudier des lement un rôle pour maîtriser la demande d’éner- scénarios de mix énergétique plus « contraints » et gie, il existe aujourd’hui un débat important sur la compatibles avec un contexte de croissance forte. capacité à découpler totalement la croissance éco- nomique et l’évolution de la demande en énergie En complément de ce cadrage de base, plusieurs à long terme. autres scénarios et tests de sensibilité ont été analysés. En particulier, l’étude intègre un scé- Dans les configurations proposées, de telles pers- nario spécifique de réindustrialisation profonde pectives d’absence de croissance du PIB tendraient (voir chapitre 3), dans lequel l’activité industrielle d’un côté à favoriser la maîtrise de la demande française serait amenée à augmenter de manière énergétique mais pourraient de l’autre susciter très importante afin de répondre à différents des difficultés sur le financement de la transition objectifs socio-économiques : souveraineté straté- énergétique. En effet, une telle situation serait gique, création d’emplois, réduction de l’empreinte susceptible de conduire à une forme de rareté carbone, etc. des finances publiques et donc à des phénomènes d’éviction des investissements, rendant plus diffi- En outre, certains participants à la consultation cile le financement des infrastructures nécessaires publique ont également proposé à RTE d’étudier à la décarbonation. des scénarios de transition énergétique dans un contexte de croissance économique nulle. En effet, Ce type de configuration n’a pu être analysé de ceux-ci suggèrent qu’il sera très difficile de mainte- manière détaillée dans les délais de l’étude mais nir une croissance de long terme dans un contexte pourra cependant faire l’objet de prolongements. FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 27
2.8 Une modélisation approfondie du système électrique interconnecté à l’échelle européenne Quand bien même les États membres de l’Union traduction physique de ces échanges étant assurée européenne demeurent responsables du choix de par les gestionnaires de réseau de transport dans leur mix énergétique, la réalité opérationnelle du le respect des textes européens. fonctionnement du système électrique est, dès aujourd’hui, très largement européenne. En conséquence, le fonctionnement du système électrique dans son ensemble (équilibre offre-de- Ce caractère européen s’opère sur le plan phy- mande, stabilité du système, besoins de réseau…), sique via les nombreuses interconnexions reliant en particulier dans des scénarios très différents du l’ensemble des pays, et sur le plan réglementaire mix actuel avec une intégration forte des énergies par un ensemble de règles communes et de méca- renouvelables, doit nécessairement s’étudier à la nismes qui organisent, en pratique, le fonctionne- maille européenne. ment d’un système intégré. L’étude « Futurs énergétiques 2050 » remplit cet Dans ce système, ce ne sont pas les États qui objectif en modélisant de manière détaillée l’inté- décident d’importer, d’exporter, mais des acteurs gralité du système électrique européen. Le modèle de marché qui échangent sur des marchés, la utilisé par RTE, Antares, décrit ainsi le parc de Figure 2.8 Modélisation du système énergétique dans l’étude Volumes de réseau Hypothèses France et Europe Simulations de l’équilibre offre-demande Référentiels au pas horaire + climatiques bouclage économique Volumes de flexibilités et bilans énergétiques Chroniques de Étude des disponibilité des besoins réseaux moyens thermiques Coûts complets Chroniques de système, besoins production des énergies d’investissement… renouvelables Chroniques de consommation Émissions de CO2, consommation de Flexibilités et matières, surfaces couplages sectoriels artificialisées, déchets nucléaires… 28
Le cadrage de l’étude .2 production, le réseau, et les sources de consom- demande en France pourront être de nature très mation dans tous les États européens, afin de pou- différente selon que les pays voisins (Allemagne, voir restituer la production, la consommation et les Royaume-Uni, Italie, Espagne, Benelux…) s’ap- échanges par pays au pas horaire dans toutes les puient sur un mix reposant quasi-exclusivement configurations étudiées. sur les énergies renouvelables variables ou sur un mix intégrant des moyens de production ther- Ce dispositif d’étude s’oppose à une analyse « en miques ou nucléaires pilotables. De même, les France isolée », qui est manifestement tellement besoins de flexibilité en France pourront dépendre éloignée du fonctionnement réel du système élec- de manière importante de la flexibilité des usages trique européen qu’elle ne peut servir de base à électriques développée dans le reste des pays une prospective énergétique sérieuse. européens. L’interconnexion des systèmes électriques euro- De ce fait, l’analyse de la cohérence des choix fran- péens permet de mutualiser les moyens pour gérer çais avec ceux de voisins, et notamment l’identi- l’équilibre entre l’offre et la demande et ainsi d’op- fication des situations de dépendance technique, timiser les coûts totaux de fonctionnement du sys- fait partie intégrante de l’étude « Futurs énergé- tème électrique. Les effets d’optimisation peuvent tiques 2050 ». être importants, notamment dans un contexte de fort développement des énergies renouvelables Les hypothèses de mix pour les pays voisins variables sur l’ensemble de l’Europe. s’appuient sur les objectifs définis à l’échelle de l’Union européenne et précisés par les États dans À titre d’exemple, les besoins de flexibilité et de leurs feuilles de route climatique et énergétique capacité pour assurer l’équilibre entre l’offre et la respectives. FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 29
2.9 Des scénarios analysés de manière systématique selon quatre volets principaux : techniques, économiques, environnementaux et sociétaux L’analyse prospective des scénarios de transition pour apporter un éclairage sur les principaux enjeux énergétique implique des enjeux multiples. Le tra- remontés dans le cadre de la concertation (change- vail engagé en concertation par RTE a fait émer- ment climatique, protection de la biodiversité, épui- ger une grille d’analyse des scénarios fondée sur sement des ressources naturelles, santé humaine…). quatre axes principaux. Ce volet est articulé autour d’un bilan des émissions territoriales de gaz à effet de serre et de l’empreinte Le volet technique consiste à décrire le fonction- carbone des scénarios, d’une quantification de la nement du système électrique dans les différents consommation de ressources minérales associée à scénarios, sur les différentes échéances temporelles chaque scénario, d’une analyse de l’emprise sur le étudiées. Ce volet comprend notamment l’analyse territoire et d’une analyse des enjeux portant sur les de l’équilibre du système et des besoins de flexibi- matières et les déchets radioactifs. lité dans un contexte de développement massif des énergies renouvelables, une description des besoins Le volet sociétal a pour objectif de clarifier les de réseau associés à chaque mix énergétique, et implications des différents scénarios sur les modes une analyse de sensibilité à différentes hypothèses de vie, afin que leur « périmètre de validité » soit de réchauffement climatique fondées sur les trajec- bien compris. Les conditions évaluées dans ce toires du GIEC (notamment RCP 4.5 et RCP 8.5). volet portent sur l’acceptabilité des infrastructures, le degré de diffusion des moyens de flexibilité de Le volet économique ressort comme une attente la consommation. Ce volet a fait l’objet de plu- importante, étant donné les différentes apprécia- sieurs réunions de concertation2 et est restitué de tions sur la compétitivité relative des différents manière transverse dans les principaux résultats mix de production. Il consiste à chiffrer le coût de l’étude. Il donnera également lieu à une resti- des différents scénarios étudiés. La méthode rete- tution spécifique dans la publication des analyses nue s’appuie sur une analyse des coûts complets approfondies, au premier trimestre 2022. des scénarios à l’échelle de la collectivité (produc- tion – réseau – stockage – flexibilité), qui constitue Ce dispositif complet a été plébiscité lors de la concer- la méthode pertinente pour éclairer les décisions tation, et largement enrichi par les demandes des dif- publiques en matière d’énergie. Il ne se base pas sur férentes parties prenantes. Il pourra faire l’objet de une analyse en LCOE (Levelized Cost Of Electricity) compléments, s’agissant notamment de demandes qui comporte un certain nombre de biais (facteur très structurelles comme l’ajout d’un volet emploi de charge exogène, non-prise en compte des diffé- (fortes demandes des organisations syndicales, qui rences de services apportés par les différentes tech- n’entrait pas dans le champ initial de l’étude et ne nologies…) et ne permet pas de se prononcer sur les pouvait être mené dans les délais impartis) ou d’une coûts complets associés à certaines décisions. analyse générale de l’incidence des scénarios sur la biodiversité (qui nécessiterait une déclinaison géo- Le volet environnemental vise à apporter des élé- graphique très fine, là encore incompatible avec les ments quantifiés sur les différents scénarios étudiés délais de production de l’étude). 2.RTE, 2019, document de cadrage sur la prise en compte et l’intégration des aspirations et des modes de vie de la société française dans l’étude « Futurs énergétiques 2050 », disponible ici RTE, 2020, document de cadrage sur l’acceptabilité des moyens de production et de transport d’électricité dans les scénarios de l’étude « Futurs énergétiques 2050é, disponible ici RTE, 2021, document de cadrage sur la sobriété dans l’étude « Futurs énergétiques 2050 », disponible ici 30
Figure 2.8 Principaux axes d’analyse des scénarios 1 2 Technique Économique •D escription complète du système • Coût complet pour la collectivité (production – réseau – consommation), •A nalyses de sensibilité aux différents paramètres, en énergie et en puissance, en 2030, 40, 50, 60 notamment le coût du capital •P rojections avec les scénarios RCP 4.5 et 8.5 •V olet spécifique sur la faculté de chaque scénario du GIEC et analyse de résilience avec stress-tests à intégrer des perspectives de relocalisation/ climatiques (canicule – sécheresse – grand froid – réindustrialisation absence de vent en Europe continentale) 3 4 Environnemental Sociétal mpreinte carbone le long de la trajectoire, •E •P roblématisation des implications sur les modes en intégrant le cycle de vie des matériels de vie et conditions de validité des scénarios •« Bilan matières » pour chaque scénario (télétravail vs mobilité, consommation d’électricité, (en lien avec les enjeux de criticité) niveau de sobriété souhaité vs requis, niveau de flexibilité des usages) • Occupation des sols (réseau + production) • Volume de déchets et polluants Les Futurs énergétiques 2050 ne se prononcent pas sur la désirabilité de ces dimensions FUTURS ÉNERGÉTIQUES 2050 l PRINCIPAUX RÉSULTATS l OCTOBRE 2021 31
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