2000 2015 RhônEco Le suivi scientifique de la restauration hydraulique - Évaluer et comprendre pour mieux agir - Graie
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1 2000-2015 / RhônEco Le suivi scientifique de la restauration hydraulique 2000 > 2015 et écologique du Rhône RhônEco Évaluer et comprendre pour mieux agir
Sommaire 4 La restauration du fleuve Rhône, l’ambition d’une reconquête environnementale 6 RhônEco : un programme scientifique pluridisciplinaire dédié au renouveau écologique du fleuve 8 Neuf secteurs sous haute surveillance 10 Des espèces d’eau courante favorisées 12 La renaissance des lônes et de leur biodiversité 14 Des éclairages majeurs sur le fonctionnement des lônes 16 Des modèles prédictifs pour préciser les choix de restauration 18 D’un projet de fleuve à un projet de territoire 20 Un programme scientifique plein d’avenir 24 Glossaire et ressources
L Le programme de restauration hydraulique et écologique du Rhône est né d’une volonté partagée par les élus locaux, les gestionnaires du fleuve et l’État de retrouver un fleuve vif et courant. D’une ampleur exceptionnelle à l’échelle internationale, ce programme comporte depuis son origine un programme d’accompagnement scientifique, non moins remarquable, nommé RhônEco. Piloté par des équipes de recherche pluridisciplinaires, RhônEco a permis de produire une connaissance unique sur l’état écologique du fleuve et son évolution suite aux travaux de restauration. Ces enseignements, synthétisés dans ce document, permettent aujourd’hui de mesurer et prédire l’effet des actions de restauration physique sur les milieux et la biodiversité, et d’orienter les choix de restauration et de gestion futurs.
Surface du bassin versant LE RHÔNE EN CHIFFRES 98 500 km2 4 810 Longueur 4 000 812 km (545 km du Léman à la mer) 3 000 11 principaux affluents 2 000 48e fleuve mondial et 1er fleuve français 1 000 par son débit annuel moyen 0 Débit annuel moyen à Arles : 1 700 m /s3 Altitude (m) Débit d’étiage à Arles : 575 m³/s Nord Débit de crue centennale à Arles : Saône 11 300 m³/s 23 barrages en aval du Léman 0 25 50 km Vallée du Rhône concentre 25 % de la population totale Barrage du bassin versant Centre nucléaire 22 % de la production Ain de production hydroélectrique nationale électrique Navigation fluviale à grand gabarit : 5 millions de tonnes par an Sault-Brénaz Miribel-Jonage Brégnier-Cordon de frêt fluvial Brig 26 paquebots fluviaux Sion proposant des croisières Genève avec hébergement Martigny Génissiat-Seyssel Chautagne Arve Lyon Belley Bugey Pierre-Bénite Vaugris Vienne Péage-de-Roussillon St-Alban Saint-Vallier Isère Le Rhône, fortement Bourg-lès-Valence aménagé, Valence est le fleuve Beauchastel français qui bénéficie Baix-Le Logis Neuf Cruas-Meysse du plus gros effort pour sa Montélimar Montélimar restauration Durance écologique Ardèche dans le cadre Donzère-Mondragon Tricastin du Plan Rhône (125 M€). Caderousse Orange Avignon Avignon Vallabrègues Arles Delta du Rhône Camargue
Le fleuve rhône un axe de Ier siècle Une navigation connue depuis l’époque gallo-romaine communication malgré les forts courants, les fonds irréguliers, et les et un pourvoyeur nombreux passages en tresses (chaland Arles-Rhône 3 d’énergie de 31 m de long sur 3 m de large découvert en 2011) XVe siècle Les chevaux remplacent progressivement les hommes au halage. Les embarcations sont adaptées aux conditions difficiles (embarcations à fond plat avec des extrémités relevées comme les sisselandes) XIXe siècle Développement des bateaux à vapeur : bateaux anguilles, bateaux-crabes, toueurs, remorqueurs… 1829 Le Pionnier, bateau à vapeur, relie Arles à Lyon en quatre-vingt quinze heures cinquante et une minutes 1840 370 000 tonnes/an transitent par le Rhône Crue majeure, 13 000 m3/s à Beaucaire 1853 Traité signé entre la ville de Lyon et la Compagnie Générale des Eaux pour délimiter le périmètre de la concession du champ de captage de Crépieux-Charmy 1856 Crue majeure, 12 500 m3/s à Beaucaire 1871 Premiers aménagements à but énergétique sur le site des Pertes du Rhône à Bellegarde 1880 Suite à la mise en place de la jonction ferroviaire Paris-Lyon-Méditerranée, le tonnage du trafic fluvial chute à 173 000 tonnes/an 1884 Début de la période de construction des endiguements Girardon 1888-1899 Construction de l’aménagement hydroélectrique de Jonage-Cusset 1938 Inauguration du port Édouard-Herriot (Lyon) 1948 Mise en eau du barrage de Génissiat un aménagement type 1952-1963 Mise en service des usines de Donzère, Montélimar, sur le rhône Baix-le-Logis-Neuf et Beauchastel 1966-1968 Mise en service des usines de Pierre-Bénite et Bourg-lès-Valence 1972 Mise en service de la centrale nucléaire du Bugey 1970-1977 Mise en service des usines de Vallabrègues, Avignon, Caderousse et Péage-de-Roussillon 1980-1986 Mise en service des centrales nucléaires de Tricastin, Cruas puis Saint-Alban Mise en service des usines de Vaugris, Chautagne, Belley, Brégnier-Cordon, Sault-Brénaz 1993 Crue majeure, 9 800 m3/s à Beaucaire 1994 Crue majeure, 11 000 m3/s à Beaucaire 1998 Démarrage du programme de restauration et du suivi RhônEco 2003 Crue majeure, 11 500 m3/s à Beaucaire 2007 Signature du contrat du Plan Rhône entre l’État, les Régions, la CNR, le comité de bassin Rhône-Méditerranée, les Voies Navigables de France, l’Agence de l’Eau et l’ADEME 2015 Signature du second Plan Rhône entre l’État, les Régions, la CNR, le comité de bassin Rhône-Méditerranée, les Voies Navigables de France, l’Agence de l’Eau et EDF
4 2000-2015 / RhônEco La restauration du fleuve Rhône, l’ambition d’une reconquête environnementale « Une Retrouver Façonné par l’homme au 19e et au 20e siècle, le Rhô- coopération un fleuve vif ne a perdu à jamais son caractère sauvage. Aménagé « Au démarrage pour la protection contre les inondations, la naviga- exceptionnelle » du projet, et courant tion, la production hydroélectrique, l’irrigation, le nous nous posions beaucoup fleuve est aujourd’hui littéralement corseté suite aux travaux d’endiguements de questions sur les effets de la et de canalisation. Ces aménagements ont impacté l’ensemble des milieux, pro- restauration sur les milieux et leur voqué des changements écologiques profonds et une banalisation des paysages. biodiversité. C’est pourquoi je salue Dans les années 80, quelques élus de communes riveraines partagent avec des l’attitude courageuse des financeurs citoyens le projet de retrouver un Rhône « vif et courant ». L’État se saisit de cette qui ont su investir dans un projet demande, les scientifiques sont associés au projet. Les gestionnaires du fleuve et sans avoir la totale assurance que les collectivités locales se voient confier la mission de concevoir et réaliser les travaux qui permettront de concrétiser l’ambition du territoire : redonner au la réponse écologique serait bien Rhône les qualités écologiques d’un grand fleuve. au rendez-vous. Une coopération unique en son genre au sein d’un comité de pilotage réunissant les ingénieurs de la CNR, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, RhônEco, au cœur la région Rhône-Alpes, les élus du Plan Rhône et le monde scientifique, nous a permis d’avancer ensemble, de Le programme de restauration du Rhône s’inscrit depuis construire et d’affiner au fur et à 2007 dans le Plan Rhône. Ce plan mobilise de nombreux mesure les objectifs écologiques partenaires dans le cadre d’une gouvernance originale en lien avec les impératifs de coût. autour de trois objectifs principaux : Le plus impressionnant a été de 1 – Concilier prévention des inondations et développement des activités, en améliorant la connaissance du fleuve, en voir avec quelle rapidité les élus particulier au moment des crues. intégraient le discours scientifique 2 – Respecter et améliorer le cadre de vie des riverains, et s’appropriaient les contenus. en préservant les potentialités écologiques du fleuve et en C’est grâce à leur questionnement valorisant ses milieux naturels remarquables. et à celui des gestionnaires du 3 – Assurer un développement économique pérenne, en profitant de la ressource énergétique renouvelable du fleuve que le projet de restauration fleuve, et en favorisant un tourisme vert. du Rhône a pu aboutir. » Sur la période 2015-2020, le Plan Rhône fédère 10 partenaires financiers : L’Europe, l’État français, l’Agence de l’Eau Rhône Jean-Michel Olivier, Méditerranée Corse, Voies Navigables de France, Région Bourgogne Franche-Comté, Région Auvergne Rhône-Alpes, Région Provence- Ingénieur de recherche Alpes-Côte d’Azur, Région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, au CNRS / Université Lyon 1 Compagnie Nationale du Rhône et EDF. Co-coordinateur du programme RhônEco
Évaluer et comprendre pour mieux agir 5 Des travaux Le programme de restauration hy- de grande draulique et écologique du Rhône envergure français est lancé en 1998. Il comprend quatre grands types d’intervention : • l’augmentation des débits réservés dans les tronçons court-circuités par les aménagements hydroélectriques, avec des objectifs écologiques attendus sur 9 sites prioritaires. • la restauration des lônes, annexes fluviales plus ou moins connectées au chenal, dont la plupart étaient partiellement asséchées. Elles sont remises en eau et reconnectées au chenal principal. • la restauration des axes de migration piscicole, grâce notam- ment, à la création de passes à poissons. • le démantèlement partiel des marges construites afin d’élar- gir le lit du fleuve et de favoriser la dynamique sédimentaire. la démarche de restauration du rhône et du suivi rhoneco Augmentation du débit réservé Réhabilitation des annexes fluviales 1 2 1 2 Augmentation Bras secondaire Intervention physique Annexes fluviales du débit réservé Modification • creusement Modification au niveau du • des hauteurs d’eau • dragage • des topographies barrage de dérivation • du débit d’entrée dans • des surfaces en eau Avant le bras secondaire • des profondeurs • des connectivités • hydrologiques, • avec la nappe d’accompagnement du fleuve 2 Chenal principal Modification • des hauteurs d’eau • des largeurs mouillées • de la vitesse du courant 3 • des contraintes au fond Mesure des effets 3 • sur les processus sédimentaires (granulométrie, épaisseur des dépôts, topographie) Mesure des effets • sur la nature et la distrubution spatiale des habitats sur la distribution et l’abondance des organismes aquatiques • sur la répartition et l’abondance des organismes vivants Macroinvertébrés benthiques Poissons Macroinvertébrés benthiques Poissons 2000-2015 RhônEco : La restauration s’est accompagnée dès le mesurer l’effet départ d’un programme de recherche scien- des restaurations tifique, RhônEco. L’enjeu : développer des 120 km de cours d’eau physiques méthodes pour mesurer les effets de la res- soit près du quart de tauration sur la biodiversité. Porté par une la longueur du fleuve équipe pluridisciplinaire, réunie au sein de la ZABR*, ce travail vise à capitaliser une grande partie des données collectées sur le fleuve pour mesurer les effets 38 lônes des restaurations physiques mais également pour bâtir des modèles et orienter les choix d’interventions futures. Cette expertise écologique s’est accompagnée restaurées d’un volet socio-ethnologique sur certains secteurs destiné à comprendre com- ment la perception de la restauration du fleuve peut influencer le développement territorial (gestion environnementale, tourisme, économie…). * Zone Atelier Bassin du Rhône cf. glossaire p.24
6 2000-2015 / RhônEco RhônEco : un programme scientifique pluridisciplinaire dédié au renouveau écologique du fleuve Comment mettre en Des objectifs Le programme de recherche a consisté à concevoir des évidence que les travaux outils d’évaluation des effets de la restauration du Rhône. clairs Pour atteindre cet objectif, les scientifiques ont : de restauration sont • compilé et analysé les nombreuses données existantes et identifié les manques ; bien à l’origine de • optimisé les campagnes de mesure sur le terrain avant et après les travaux changements au sein de de restauration ; la biodiversité fluviale ? • défini et testé des indicateurs capables de traduire le plus fidèlement possible les Comment les mesurer réponses aux modifications physiques des milieux ; mais aussi les prédire ? • développé des modèles prédictifs et confronté les valeurs prédites aux observations ; C’est toute l’ambition du • tenté de partager les résultats pour poursuivre efficacement les travaux futurs programme de recherche de restauration du fleuve. RhônEco, dont l’importance reste exceptionnelle à Savoir ce que Pour évaluer les effets de l’augmentation des débits réservés, les scientifiques identifient tout d’abord les facteurs clefs l’échelle internationale. l’on cherche de caractérisation des habitats , puis recensent les espèces présentes. Ils travaillent prioritairement sur les communautés de poissons et de macroin- vertébrés benthiques. Des modèles statistiques sont ensuite développés pour évaluer les variations de densités attendues d’espèces cibles, en fonction des changements de : • contraintes au fond pour les macroinvertébrés ; cf. glossaire p.24 • vitesse du courant et de profondeur pour les poissons. Dans les plaines alluviales, l’objectif est de comprendre l’évolution des différents types de milieux au sein des bras restaurés, en vue d’estimer leur durée de vie potentielle. Les paramètres morpho-sédimentaires sont tout particulièrement suivis. L’évolution conjointe des peuplements de macroinvertébrés et de leurs habitats permet de mesurer les gains écologiques engendrés par la réhabilitation des lônes. Des campagnes de Une fois les indicateurs identifiés, les scien- tifiques organisent les campagnes d’échan- mesures précises et tillonnage et de mesures sur le terrain. Leur sur le long terme fréquence et leur localisation sont définies en tenant compte de la variabilité spatio-temporelle des facteurs physiques et des composantes biologiques du Rhône. Divers paramètres peuvent en effet influencer la présence, l’abondance et la répartition des organismes vivants (régime annuel des débits, températures…). Le défi réside dans la capacité à distinguer les variations qui relèvent des effets de la restauration de celles induites par d’autres facteurs. De même, il est nécessaire pour les espèces de poissons, dont la longévité peut at- teindre vingt ans, de mesurer l’évolution des populations sur plusieurs générations.
Évaluer et comprendre pour mieux agir 7 RhônEco 2000-2015 Pourquoi étudier € les macroinvertébrés benthiques ? Les macroinvertébrés benthiques sont des animaux visibles à l’œil nu (crustacés, mollusques, larves d’insectes…). Ils vivent dans les milieux aquatiques : sur le fond des cours d’eau, sous les pierres, dans le sable, la végétation aquatique, et constituent 300 un maillon important de la chaîne alimentaire. € À une grande diversité d’habitats correspond campagnes de pêches généralement une grande diversité d’espèces. Les macroinvertébrés benthiques représentent donc de très bons indicateurs de l’évolution des milieux. € Quelles évolutions attendre des peuplements de poissons ? 350 000 En raison de leur grande mobilité, de leur capacité d’occupation et d’exploitation des ressources des milieux aquatiques, les poissons sont d’excellents indicateurs poissons comptés biologiques de la qualité des habitats fluviaux. Les différents stades du cycle de vie de chaque espèce – embryon, larve, juvénile, adulte – ont généralement des exigences distinctes en termes d’habitats et de ressources alimentaires. Ces organismes permettent d’évaluer, de manière complémentaire aux € invertébrés, la diversité et la fonctionnalité des habitats au sein de la plaine alluviale . L’augmentation des débits réservés doit favoriser le retour et le développement d’espèces préférant des conditions d’écoulement rapide dans des habitats profonds. Les espèces concernées sont le barbeau, l’ombre 5 000 relevés d’échantillons commun, la vandoise, l’ablette ou encore le hotu, espèces caractéristiques du fleuve avant son aménagement. d’invertébrés Chenal principal Lône Ablette Ablette adulte Loche franche déconnectée Bouvière Barbeau fluviatile Ombre commun Ombre commun Barbeau fluviatile adulte Spirlin Bouvière brochet Blageon Toxostome toxostome Brochet Hotu Hotu adulte Truite Loche d’étang 100 Rotengle Rotengle TANCHETanche personnes mobilisées (chercheurs, Barbeau Barbeau fluviatile techniciens, étudiants) fluviatile sub-adulte Blageon Chevaine Goujon Hotu Hotu sub-adulte € Ablette Ablette Ablette adulte Loche 1 1 juvénile Ablette Barbeau fluviatile franche Bouvière brochet juvénile Barbeau fluviatile Ombre Ombre commun site et base de Brochet Brème bordelière commun web données Gardon Rotengle Brochet Spirlin dédiés au programme Rotengle Chevaine Vairon Tanche Gardon Vandoise Goujon Lône Vandoise connectée Hotu juvénile Hotu Bras secondaire Perche commune courant Vandoise Vandoise € Espèce qui devrait Espèce qui devrait répondre aux opérations de Chenal principal répondre à l’augmentation restauration des lônes des débits réservés 7 M€ INVESTIS EN 15 ANS Les populations de poissons utilisent la mosaïque d’habitats présente au sein des plaines alluviales. En fonction des exigences écologiques des différents stades de développement, la distribution spatiale des poissons s’organise au sein des différents dans le suivi scientifique types de milieux, notamment en fonction des caractéristiques géomorphologiques et hydrauliques (vitesse d’écoulement, type de substrat), thermiques, et biologiques (présence de végétation, d’abris, de ressources nutritives).
8 2000-2015 / RhônEco bas rhône Pierre-Bénite 1999-2000 Péage-de-Roussillon 2012-2018 lyon 3 9 lônes restaurées lônes restaurées • Ciselande • Jaricot 100 100 • Noyer Nord • Ilon • Table ronde (2004) • Bugnon 125 10 20 • Platière • Prieuré • Noyer Sud • Ancien lit 50 50 Baix-le-Logis-neuf 2014 • Sainte du Dolon • Boussarde 10 Montélimar 2013-2018 75 75 2 10 20 lônes restaurées • Roussette Donzère-Mondragon 2014-2018 • Lône des îles aval Débit réservé (m3/s) en hiver en été après après avant avant 2 lônes restaurées 75 75 • Dion (2001) • Malatras (2004) 60 60 Lancement du chantier de réhabilitation des lônes et des marges alluviales en 2016 (lône de la Surelle, casiers de l’Aure et île Dion). En 2017- 2018, la restauration s’étendra aux lônes de la Grange Écrasée, des Dames et du Banc Rouge, puis la Désirade en 2018/2019. Nord 0 15 30 km mer méditerranée
Évaluer et comprendre pour mieux agir 9 haut rhône Miribel 2015-2020 Brégnier-Cordon 2005-2006 Lac léman 10 Chautagne 2003-2004 Contrat territorial signé en 2016, Pas de première étape du programme de lônes restaurées changement restauration du canal de Miribel, des valeurs de ses annexes fluviales et de sa nappe • Rossillon • Molottes du débit avec pour objectifs : la sécurisation (1995) • Ponton réservé sauf de l’alimentation en eau potable de • Granges • Islon en amont de l’agglomération lyonnaise, la gestion • Vachon • Sables la confluence des crues, la préservation du patrimoine • Cerisiers • Marquisat avec le Guiers naturel et l’accueil des publics. • Mathan & Colonnes (65 m3/s) 2 lônes restaurées • Malourdie 70 (méandre et lône) 50 • Brotalet 10 20 Belley 2004-2005 lyon Nord 0 7,5 15 km Neuf secteurs 10 sous haute surveillance lônes restaurées • Anse • Orgeval 90 de Chanaz • Lucey 60 • Luisettes • Anse de 60 • Moiroud Yenne 25 • Fournier • Virignin Ayant pour ambition de « Des indicateurs • Béard • Chantemerle redonner au fleuve un dont nous avons besoin caractère plus courant et d’améliorer la diversité des pour déterminer habitats physiques dans la les gains écologiques » « En tant que partenaire financier, maître d’ouvrage et concepteur des travaux, plaine alluviale aménagée, nous avons besoin de discuter régulièrement avec les scientifiques pour valider à l’échelle des lônes et des les choix de modifications des lônes et de leurs habitats. Leurs connaissances vieux-Rhône, le programme apportent en effet des précisions essentielles que nous n’avons pas sur de restauration s’étend sur les gains écologiques associés. Nous aimerions pouvoir aller encore plus loin 9 secteurs sélectionnés en bénéficiant, dans le futur, d’outils simples et appliqués de prévision qui en raison de leurs fortes nous permettent de mieux appréhender, et plus efficacement, la conception Nord des travaux. La restauration des lônes s’inscrit dans le cadre d’une politique potentialités écologiques. volontaire de la CNR, celle des Missions d’Intérêt Général, pour améliorer Ils représentent environ l’environnement en partenariat avec les collectivités et les riverains du Rhône. 0 120 kilomètres 7,5 15 kmsur les 545 Nous avons tous besoin de comprendre en quoi ces travaux vont dans le bon sens kilomètres de Rhône français. et de vérifier que les investissements sont bien utilisés. » Marc Zylberblat Ingénieur, Maitrise d’Ouvrage, Direction Patrimoine Fluvial et Industriel cf. glossaire p.24 Compagnie Nationale du Rhône
10 2000-2015 / RhônEco Des espèces d’eau courante favorisées Les études l’attestent : Des habitats D’un point de vue hydraulique, les chenaux ont retrou- l’augmentation des débits fortement vé un aspect plus courant grâce aux augmentations de réservés dans les vieux-Rhône débits réservés. Les vitesses d’écoulement ont doublé modifiés sur le secteur de Chautagne et ont été multipliées par a bien induit des modifications 5 à Pierre-Bénite. Ces changements hydrauliques ont significatives des abondances permis d’augmenter les surfaces mouillées, les vitesses d’écoulement, de diversi- des espèces de poissons fier les habitats et in fine de favoriser le développement d’espèces adaptées à ces ou de macroinvertébrés nouvelles conditions. présents dans les chenaux principaux. Ces changements sont plus ou moins importants Des changements La restauration des débits réservés dans les selon les sites et dépendent vieux-Rhône a entraîné, dans certains secteurs notamment de l’ampleur des marquants dans en particulier, des augmentations significatives augmentations de débit. les communautés de la proportion des espèces d’eau courante. C’est aquatiques à Pierre-Bénite et en Chautagne, là où les aug- mentations de débit ont été relativement fortes (débits respectivement multipliés par 10 et par 5), que les effets sur les peuplements de poissons et d’invertébrés ont été les plus importants. En revanche, dans le secteur de Brégnier-Cordon où les augmentations de débit ont été mineures, il n’y a pour le moment pas d’évolution significative des peuplements. Enfin, là où la diversité d’habitats était déjà importante et la biodiversité relativement remarquable, comme dans le vieux-Rhône de Belley, cf. glossaire p.24 les effets de l’augmentation des débits ne sont pas notables à court terme. Le vieux-Rhône de Péage-de-Roussillon à Arcoules AVANT après Débit x 5
Évaluer et comprendre pour mieux agir 11 Pierre-Bénite et Chautagne : « Nous Zoom sur les résultats connaissons de mieux en … pour les poissons d’eau courante mieux les liens L’analyse des données met en évidence des modifications importantes de proportions des espèces d’eau courante, entre présence passées de 15 % (avant restauration) à 44 % (après des espèces « Les peuplements restauration) à Pierre-Bénite, et de 10 % à 23 % en Chautagne. Certaines espèces, comme l’ablette, ont même et variables aquatiques des vieux- vu leur densité multipliée par 4 ! À l’inverse, des espèces de hydrauliques » Rhône sont influencés poissons plus caractéristiques de petits cours d’eau, comme au-delà de la restauration la loche franche en Chautagne, dont les populations par les changements d’hydrologie, augmentaient depuis la mise en service du barrage en 1980, ont vu leur densité divisée par un facteur de 5 à 10. de température et la construction plus ou moins récente des Évolution de la proportion d’espèces d’eau courante barrages. Malgré ces influences Chautagne multiples, nous avons pu tirer des 50 % Après restauration enseignements clairs sur certains 40 30 secteurs grâce à la compilation 20 10 de données acquises durant plus 0 de vingt ans avant la restauration, à 6 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 03 199 et plus de dix ans après. 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Grâce au projet, nous connaissons de mieux en mieux les réponses des espèces aux variables Pierre-Bénite 80 % Après restauration hydrauliques des milieux, 70 60 telles que la vitesse des courants, 50 la profondeur, les contraintes 40 30 au fond . Nous estimons que 20 10 60 % des espèces réagissent à 0 leurs variations de façon très 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 à 5 9 199 199 significative. En passant de l’étude 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 … pour les invertébrés d’une dizaine de taxons Sur les deux secteurs, les résultats montrent des (espèces ou groupes d’espèces) augmentations très nettes des proportions d’espèces ou à une centaine, nous pouvons de groupes d’espèces rhéophiles, c’est-à-dire préférant les désormais évaluer les réponses eaux courantes. Certains invertébrés comme les Simuliidae des communautés de poissons et ou Ancylus fluviatilis, ont vu leur abondance multipliée par des facteurs de 5 à 11. À l’inverse, les proportions d’invertébrés dans leur ensemble, des espèces limnophiles qui préfèrent les habitats moins et ainsi mieux traiter les questions courants voire stagnants ont tendance à diminuer. de biodiversité ». Évolution de la proportion d’espèces rhéophiles Nicolas Lamouroux Chautagne 90 % Après restauration Directeur de 80 recherche à l’Irstea, 70 60 co-coordinateur 50 du programme 40 RhônEco 06 07 08 09 10 11 12 13 à 7 02 199 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Pierre-Bénite 80 % Après restauration 70 60 50 40 01 07 à 5 9 02 03 04 05 06 08 9 10 11 12 199 199 0 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
12 2000-2015 / RhônEco La renaissance des lônes et de leur biodiversité La restauration Une plus grande « La diversification des lônes a favorisé une diversité des biologique n’était diversification des habitats peuplements pas forcément et leur reconquête par « Il y a La restauration des lônes a clairement attendue » les espèces caractéristiques deux conduit à une augmentation de la diversi- de ces milieux. té des peuplements de macroinvertébrés. façons d’analyser les résultats de Le suivi scientifique, mêlant Elle a favorisé à la fois des communau- la biodiversité dans les lônes. étude de la morphologie, tés d’eau plus courante, mais surtout une Soit à l’échelle d’une seule lône, des processus sédimentaires plus grande diversité d’espèces à l’échelle soit à l’échelle plus large du et analyse de l’évolution de la plaine alluviale , directement liée paysage alluvial, d’ensembles des peuplements a permis à la diversité des habitats créés. Les de lônes. La diversification de mieux comprendre évolutions sont fortement marquées des actions de restauration le fonctionnement de ces les premières années après la restaura- a permis d’augmenter fortement tion. La poursuite du suivi scientifique la diversité des conditions de milieux, d’évaluer leurs permettra de caractériser les évolutions évolutions potentielles et de milieux à l’échelle du paysage et à plus long terme. donner des clefs pour orienter cela s’est traduit clairement par les restaurations futures. l’augmentation de la biodiversité Une richesse des communautés vivantes. biologique liée Ce n’était pas forcément attendu. On pouvait même à la diversité faire l’hypothèse inverse : des connexions en augmentant les connexions avec le fleuve des bras avec le fleuve, Les scientifiques ont démontré la corré- on pouvait imaginer que les lation entre le niveau de connectivité milieux s’homogénéiseraient. des lônes avec le fleuve et l’évolution C’est exactement le contraire des communautés vivantes. Ainsi, la qui s’est passé. Et c’est un grand diversification des types de lônes dans enseignement pour la suite. » la plaine alluviale, caractérisée en partie par le degré de connexion de ces bras avec le chenal principal, a induit une Emmanuel Castella augmentation de la diversité faunistique Maître d’enseignement et à l’échelle de la plaine et des modifica- de recherche à l’Université cf. glossaire p.24 tions d’abondance de certaines espèces. de Genève
Évaluer et comprendre pour mieux agir 13 la diversification des habitats au sein de la plaine alluviale Avant restauration Après restauration Reconnexion amont Mares ou dépressions, Réhabilitation reliques d’anciens bras, milieu aquatique ou des annexes fluviales semi-aquatique (lônes et bras secondaires) Modification du niveau Bras secondaire de connectivité actif connecté hydrologique par l’aval et l’amont Reconnexion amont / aval Réhabilitation d’une mosaïque d’habitats aquatiques Lône déconnectée et semi-aquatiques dans la plaine alluviale Diversification des types d’habitats Reconnexion Ancien bras secondaire et de la faune associée aval comblé sur l’ensemble des lônes Flux d’eau superficielle Connexion en étiage hydrologique par débordement Flux d’eau superficielle pendant les crues pendant les crues Reflux lors de l’augmentation des débits Maintien Lône en voie de comblement Flux d’eau souterraine de mares et de déconnexion, et alimentation connectée par l’aval phréatique La lône de Malourdie avant après Les lônes : des réservoirs Les travaux de de biodiversité restauration Les lônes, ces anciens bras plus ou moins connectés La majorité des lônes ont été creusées et/ou draguées. au chenal principal, font la richesse des plaines alluviales. Certains bras ont été partiellement reconnectés Elles abritent une importante biodiversité végétale et animale, au chenal (généralement par l’aval), d’autres et peuvent servir de zones de reproduction et d’alimentation transformés en bras secondaires. L’augmentation du pour de nombreuses espèces de poissons du fleuve. débit réservé dans les vieux-Rhône a dans certains Les aménagements fluviaux ont eu pour conséquences cas modifié directement ce degré de connexion. de limiter très fortement la dynamique fluviale et de Sur 27 lônes réhabilitées entre 1999 et 2013, 14 ont favoriser les processus d’atterrissement (comblement vu leur connexion avec le chenal principal modifiée. des bras par dépôts de matériaux alluvionnaires Les travaux ont, en outre, permis de réhabiliter au accompagné du développement de végétation terrestre) moins en partie l’alimentation en eau souterraine de conduisant à l’assèchement et à la disparition progressive 12 des 27 lônes. La longueur en eau des lônes a été de certains de ces milieux. multipliée par 1,5 et la surface mouillée par 1,2.
14 2000-2015 / RhônEco Des éclairages majeurs sur le fonctionnement des lônes Comment caractériser Structurer « Des informations l’évolution des lônes la connaissance précieuses pour qui ont été restaurées ? des lônes les gestionnaires » Sont-elles capables Pour la première fois sur le Rhône, une de s’auto-entretenir ? « En suivant une quarantaine grande diversité de types de lônes a été Avec le temps, les scientifiques de lônes, dont plusieurs avant étudiée, avant et après restauration. Dès comprennent de mieux en leur restauration, nous cherchons le démarrage du programme RhônEco, mieux l’évolution des milieux l’objectif a été de connaître et de quan- à la fois à savoir comment elles et de leur biodiversité. tifier les facteurs gouvernant l’évolution évoluent au cours du temps, et si des lônes. Les épisodes de crues et la les habitats qu’on y recrée sont nature des écoulements se sont avérés intéressants pour la diversification déterminants dans l’évolution géomor- de la faune aquatique. phologique et le fonctionnement de ces Plus nous avançons, et plus nous milieux. sommes dans l’idée d’une gestion adaptative : en relation étroite avec les gestionnaires, nous Un travail qui Cette classification constitue un acquis nous demandons quelles lônes important. Désormais, il est possible, au s’affine pour orienter entretenir ou rajeunir, quelles moment de la définition des objectifs de de mieux en mieux restauration, de déterminer assez pré- nouvelles lônes restaurer si les choix futurs cisément quel sera le fonctionnement l’on veut continuer à enrichir hydrologique de telle ou telle lône au les communautés vivantes. cours du temps. Différents scénarios peuvent alors être envisagés, parmi lesquels Certains bras présentent des sélectionner les bras à restaurer selon leur potentiel hydro-sédimentaire, ou agir sur formes durables, mais ne sont la géométrie des bras pour en modifier leur fonctionnement. Les résultats obtenus pas forcément intéressants sur ont, en outre, permis d’établir les premiers liens entre les types de bras restaurés et le plan de la biodiversité, et la composition des peuplements qui s’y établissent. inversement. Le graal serait de pouvoir déterminer à l’avance Une modélisation Grâce aux connaissances acquises sur les géométries nécessaires pour prédire la durée les modalités de connexion des lônes, il pour atteindre des objectifs de vie potentielle est possible d’estimer la vitesse de com- écologiques fixés au préalable. blement des bras par les sédiments fins, En attendant, à la lumière des des lônes restaurées et donc la longévité potentielle de leur travaux réalisés, nous sommes stade aquatique (au minimum quelques d’ores et déjà capables d’être décennies et jusqu’à cent ans et plus). Néanmoins, l’établissement des trajectoires force de proposition sur d’évolution des lônes reste un exercice difficile et l’analyse de la variabilité tempo- les stratégies de restauration. » relle des processus doit être approfondie. Les suivis sur le long terme permettront de confirmer ou de moduler ces prédictions. Jérémie Riquier Doctorant à l’Université cf. glossaire p.24 Lumière Lyon 2
Évaluer et comprendre pour mieux agir 15 Les caractéristiques des différents types de lônes Stade PHOTO PHOTO PHOTO AA B C Lône connectée par l’amont et par l’aval A Lône connectée par l’aval B Lône déconnectée C Type 1 Lône connectée par l’amont Lône non restaurée Lône déconnectée après restauration connectée par l’aval non restaurée Stade GRAVIERS & GALETS GRAVIERS GRAVIERS & GALETS GRAVIERS & GALETS & GALETS B Fréquence de connexion amont Vitesse moyenne d’écoulement en crue Stade Type 2 Stade A SABLES SABLESSABLES SABLES Stade 365 jours par an PHOTO PHOTO 45 cm/s PHOTO AC Type 3 Type 4 Stade B 4 à 55 jours par an LIMONS LIMONS 30 cm/s LIMONS LIMONS Type 1 Stade A C B C 1 jour Lône connectée parpar an l’amont Lône non restaurée 10 cm/s Lône déconnectée après restauration connectée par l’aval non restaurée Stade Diversification B des modalités Fréquence de connexion de connexion Diversification des caractéristiques Vitesse moyenneAugmentation Augmentation de l’hétérogénéité d’écoulement en crue de la diversité Stade Type 2 Stade A des lônes au graviers chenal physiquessables des lônes des habitats limon faunistique et 365galets (durée et puissancejours par an 45 cm/s C Type 3 Type 4 des écoulements) Stade B Granulométrie Type 1 Type Type 4 à 55 jours par anType 1 Type 2 1 Type 1 Type Type 2 Type 3 2 Type 2 Type Type 3 30Type 4 3 Type 3 Type cm/s 4 Type 4 4 Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 non caractérisée Stade C 1 jourApar an Stade Stade B B cm/s Stade 10 Stade B Bras vif, connecté Bras intermittent, Bras intermittent, Bras intermittent, en permanence Diversification présentant des présentant des dépôts connecté très rarement des modalités au fleuve, à lit dépôts de sédiments de sédiments limono- à l’amont et présentant Diversification Augmentation Augmentation de connexion graveleux (cailloux, dessablo-limoneux sableux (davantage de une fortedesensibilité au caractéristiques de l’hétérogénéité la diversité 4 types de lônes des lônes au chenal galets) pouvant (prédominance physiques des des lônes limons que de sables). des habitats retour d’eau par l’aval faunistique Stade (durée et puissancePHOTO PHOTO PHOTO restaurées présenter quelques dépôts sableux sur Si leur capacité à s’accompagnant d’un A des écoulements) dépôts sporadiques les dépôts limoneux). déposer des sédiments reflux de sédiments fins Le programme de recherche scienti- de sédiments fins Ces bras peuvent fins est plus importante (limons exclusivement) fique a permis d’élaborer une typologie A B C Type 1 sous la forme de s’auto-entretenir à que leur capacité qui se déposent par Lône connectée par l’amont Lône non restaurée Lône déconnectée de 4 grandes familles de lônes. Ordon- sables voire de après restauration partir du moment où par l’aval connectée décantation. Ces bras d’érosion, leur durée non restaurée nés par classes granulométriques, ces Stade limons. Ces bras leur capacité à éroder de vie sera relativement ont une durée de vie du types sont définis selon la nature du B s’auto-entretiennent, Fréquence les sédiments fins est de connexion courte et desVitesse moyennestade aquatique d’écoulement encourte crue ils ont une durée suffisamment forte. travaux ponctuels de et tendent à revenir substrat, les fréquences Stade de connexion Type 2 Stade A de vie longue. 365 jours par an rajeunissement pourront 45 cm/s rapidement vers des C au chenal à l’amont, et selon la puis- sance plus ou moins importante des Type 3 Type 4 Stade B être envisagés. milieux lentiques 4 à 55 jours par an 30 cm/s ( Stade C ). écoulements transitant dans les bras lors des crues. Ces types sont robustes Stade C 1 jour par an Processus de la restauration 10 cm/s dans le temps – sauf exception, les lônes ne changent pas de type, même Diversification des modalités après restauration – et constituent une Diversification Augmentation Augmentation de connexion gamme utile pour guider les choix de des caractéristiques de l’hétérogénéité de la diversité des lônes au chenal physiques des lônes des habitats faunistique restauration et diversifier les bras res- (durée et puissance des écoulements) taurés au sein de la plaine alluviale .
16 2000-2015 / RhônEco Des modèles prédictifs pour préciser les choix de restauration L’expérience de la restauration Adéquation Un outil d’aide à la décision du Rhône a constitué entre prédictions une occasion unique et et observations L’utilisation des modèles permet exceptionnelle de développer et d’éclairer les choix d’augmentation La pertinence des modèles et l’efficacité de débit minimum. Ils ont montré, tester des modèles prédictifs. des mesures de restauration s’apprécient en particulier que l’impact sur Leur objectif est d’anticiper en comparant les données prédites par l’abondance des espèces est élevé pour des augmentations allant les changements d’abondance les modèles et les observations issues jusqu’à 50 m3/s, au-delà, entre d’espèces en fonction des des campagnes d’échantillonnage sur 50 et 100 m3/s, l’intensité de caractéristiques des habitats , le terrain. Ainsi, les scientifiques ont l’évolution est plus modérée. d’évaluer les effets des fait apparaître que la concordance entre opérations de restauration, ces prédictions et les données collectées après restauration est meilleure lorsque « La prédiction et ainsi de fournir des nous permet l’amplitude de l’augmentation des débits informations permettant de « Nos modèles de réservés est importante (au-delà d’un d’optimiser la mieux préciser les objectifs des facteur 2). Il faut également que les prédiction sont des futurs projets de restauration. données pré- et post-restauration soient réhabilitation outils d’aide à la Pour les scientifiques, ce sont nombreuses et acquises sur une longue écologique » décision qui ont de des outils pertinents pour période, intégrant ainsi les variations plus en plus d’importance pour guider nourrir les réflexions avec spatio-temporelles induites par des fac- les futurs choix de restauration. Si nous les gestionnaires du fleuve. teurs majeurs tels que la météorologie. voulons favoriser le développement de la biodiversité à l’échelle de l’ensemble du Rhône, il ne s’agit pas de restaurer Prédire les Des prédictions partout les débits de la même manière changements moins efficaces ou de réhabiliter le même type de bras Les systèmes fluviaux sont complexes, pour les lônes dans les plaines alluviales, bien au dynamiques, constitués de nombreux La capacité de prédire des réponses contraire. Si dans tel milieu, on veut milieux en interaction plus ou moins biologiques après restauration est plus plutôt privilégier des associations forte les uns avec les autres, et les es- limitée dans les lônes. Néanmoins, des d’espèces d’eau stagnante ou semi- pèces qui y vivent ont des caractéris- validations ont été obtenues dans les courante, alors on va pouvoir caler les tiques biologiques et écologiques adap- lônes complètement reconnectées au niveaux de débit et de connectivité tées à ces différents types d’habitats. chenal principal. Dans celles où le de- hydraulique ad hoc. Cela permet de Prédire les changements induits par la gré de connexion est plus faible, d’autres restauration physique sur les habitats mieux rationnaliser les budgets à investir variables (température, oxygénation, et les espèces associées exige une mé- et de mieux anticiper les évolutions complexité des habitats…) conditionnent thodologie rigoureuse capable d’intégrer la présence et l’abondance des espèces. écologiques des milieux à restaurer. » cette complexité. Elles doivent être prises en compte par Jean-Michel Olivier les scientifiques pour optimiser la per- Ingénieur de recherche cf. glossaire p.24 formance des modèles. au CNRS / Université Lyon 1 Co-coordinateur du programme RhônEco
Évaluer et comprendre pour mieux agir 17 COMMENT PRÉDIRE LES MODIFICATIONS PHYSIQUES DES HABITATS AQUATIQUES ET LEURS EFFETS SUR LES ORGANISMES COMMENT AQUATIQUES ENGENDRÉE PRÉDIRE PAR LES ACTIONS LES MODIFICATIONS DE RESTAURATION PHYSIQUES ? Titre à positionner en fonction de la miseDES en pageHABITATS et leurs effets sur les organismes aquatiques ? LES CHENAUX DU VIEUX-RHÔNE LES LÔNES 1 Caractériser les facteurs clés de l’habitat qui conditionnent l’abondance et la répartition des espèces Vitesse du courant Végétation Échanges aquatique avec la nappe Granulométrie Hauteur de l’eau des habitats Contraintes Épaisseur Contraintes au fond au fond des sédiments fins Tous ces facteurs sont liés à la connectivité hydrologique 2 Caractériser les préférences d’habitat des espèces les plus abondantes : développement de modèles de préférence d’habitat 1.2 Indice d’abondance 3,5 Indice d’abondance 1 0.8 2,5 Potamanthus luteus 0.6 1,5 0.4 0.2 0,5 0 Hydropsyche siltalai 0 1.2 3,5 1 Cloeon dipterum 0.8 2,5 0.6 Caenis luctuosa 1,5 0.4 0.2 0,5 0 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Contrainte au fond Indice de connectivité théorique 3 Rechercher les leviers de restauration qui permettent de modifier les facteurs clés de l’habitat Débit minimum dans le vieux-Rhône (m3/s) Travaux de génie civil dans les anciens bras du Rhône Évaluation des effets Développement Évaluation des effets • sur la vitesse de modèles • sur la géométrie et la topographie • sur la hauteur hydrauliques • sur la nature des sédiments • sur la contrainte au fond • sur la connectivité avec le chenal • sur la connectivité avec les lônes Caractérisation du niveau de connectivité des lônes restaurées Évolution des contraintes au fond du vieux-Rhône de Chautagne à partir de la fréquence de débordement amont et d’une estimation en fonction de la valeur du débit réservé. des contraintes de cisaillement. 0,3 Fréquences de distribution 100 Contrainte de cisaillement horaire maximale pendant les crues (N/m2) Débit : 1 m3/s 0,2 20 m3/s 70 m3/s 10 200 m3/s Type des bras 0,1 Type 1 Type 2 Type 3 1 Type 4 0 0 0,1 1 10 100 Contrainte au fond Fréquence moyenne de connexion amont (Jours/an) 4 Modéliser les modifications attendues après restauration (prédiction) La densité de certaines espèces devrait croître suite à l’augmentation Les densités attendues des espèces peuvent être prédites en fonction du débit réservé. D’autres espèces devraient voir leur densité diminuer. de l’indice de connectivité hydrologique observé après restauration. 0.6 Indice d’abondance 1,5 Indice d’abondance 0.5 Potamanthus luteus 1 0.4 0,5 0.3 Hydropsyche siltalai 0.2 0 3 0.6 Cloeon dipterum 0.5 2 0.4 Caenis luctuosa 1 0.3 0.2 0 0 50 100 150 200 250 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Débit (m3/s) Indice de connectivité observé
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