Journée d'échanges sur la gestion des EEE végétales terrestres - Site de rgenb
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Journée d’échanges sur la gestion des EEE végétales terrestres 7 novembre 2017 / Landes de Ploumanac’h Compte rendu Organisée grâce au concours de la Commune de Perros-Guirec, la journée avait pour objectif de partager des techniques de contrôle ou d'éradication des Espèces Exotiques Envahissantes (EEE) végétales terrestres ayant fait leurs preuves sur certains sites ainsi que des démarches novatrices de mobilisation citoyenne et de valorisation des rémanents. La rencontre a réuni 43 professionnels et 12 étudiants en BTS GPN au Lycée Pommerit-Jaudy. En raison des conditions météorologiques, la visite de terrain prévue sur les Landes de Ploumanac'h (site du Conservatoire du littoral géré par la Commune de Perros-Guirec, avec l'appui de Lannion-Trégor Communauté) a dû être annulée. Points d’informations introductifs 1. Actualisation de la liste régionale des EEE Le Conservatoire botanique national de Brest (CBNB) n’ayant pu se libérer, Delphine EVEN de l’AGENB présente la mise à jour de la Liste des plantes vasculaires invasives de Bretagne, élaborée par le CBNB. Publiée en avril 2016, la nouvelle liste comprend 129 taxons dont : - 29 invasives avérées (IA) : montrant actuellement un caractère invasif avéré c’est-à-dire une dynamique d’extension rapide dans le territoire d’introduction et formant localement des populations denses et bien installées, du fait d’une reproduction sexuée ou d’une multiplication végétative intenses. - 33 invasives potentielles (IP) : montrant une tendance au développement d’un caractère envahissant et dont la dynamique d’extension rapide sur le territoire régional et/ou dans des régions limitrophes ou climatiquement proches laisse penser qu’elle pourrait devenir une invasive avérée. - 67 plantes à surveiller (AS) : actuellement sans caractère envahissant avéré ni impact négatif sur la biodiversité mais ayant la possibilité de développer ces caractères (cas dans d’autres régions). Delphine liste les espèces par catégorie en insistant sur les ajouts et les changements de statuts intervenus entre la liste de 2011 et celle de 2016 (tableau 1).
Tableau 1 : Synthèse des modifications de la Liste des plantes vasculaires invasives de Bretagne. Les nouvelles espèces Invasives Potentielles A Surveiller Ambroisie à épis Mimosa d’hiver Acacia dealbata Ambrosia coronopifolia grêles Erable sycomore Acer pseudaplatanus Amarante hybride Amaranthus hybridus Cornouiller soyeux Cornus sericea Arctothèque Arctotheca calendula Cotoneaster de Cotoneaster franchetii Cardaire drave Cardaria draba Franchet Pâquerette des Cotoneaster Watereri Cotoneaster x watereri Erigeron karvinskianus murailles Monbrétia Crocosmia x crocosmiiflora Renouée d'Aubert Fallopia aubertii Elaeagnus x Chalef de Ebbing Gunnéra du Chili Gunnera tinctoria submacrophylla Cerisier acide - Alysson maritime Lobularia maritima Prunus cerasus Griottier Vigne-vierge Parthenocissus inserta Séneçon-lierre Senecio mikanioides Verveine de Buenos- Buisson ardent Pyracantha coccinea Verbena bonariensis Aires Aster d'automne Aster novae-angliae Yucca Yucca gloriosa Stipe cheveux d'ange Nassella tenuissima Muguet des pampas Salpichroa origanifolia Les changements de statuts Invasives Potentielles > Invasives Avérées A Surveiller > Invasives Potentielles Azolla fausse filicule Azolla filiculoides Souchet comestible Cyperus esculentus Datura stramoine – Lenticule minuscule Lemna minuta Datura stramonium Datura officinal Hydrocotyle à feuilles Heracleum Hydrocotyle ranunculoides Berce du Caucase de renoncule mantegazzianum Laurier-sauce Laurus nobilis Olivier de Bohême Elaeagnus angustifolia A Surveiller > Invasives Avérées Épilobe cilié Epilobium adenocaulon Gesse à larges feuilles Lathyrus latifolius Rosier rugueux Rosa rugosa – Pois vivace Les échanges : Delphine EVEN interroge les participants sur d’éventuelles espèces absentes de la liste mais localement envahissantes. Quentin LE HERVE (Commune de Perros-Guirec) attire l’attention des autres gestionnaires sur la Pomme de Kangourou qui montre un caractère envahissant sur les Landes de Ploumanac’h. Stéfanie ISOARD (Syndicat de Bassin de l’Elorn) conseille d’échanger avec les agents d’entretien des espaces verts de son territoire, susceptibles de détecter et signaler des espèces à surveiller. 2. Contexte réglementaire Aude PELICHET de la DREAL Bretagne fait le point sur les outils réglementaires disponibles en matière d’EEE. On distingue trois leviers réglementaires aux échelons communautaire et national : les listes d’espèces, les stratégies d’actions et les opérations de lutte (tableau 2).
Tableau 2 : Leviers règlementaires en matière d’EEE disponibles aux échelles européenne et française. Echelle communautaire Echelle nationale L’arrêté interministériel du 14 février 2018 liste les espèces relevant de Le Règlement N°1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 2 niveaux d’interdiction : 22 octobre 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction • Art. L.411-5 du CE : interdiction d’introduire dans le milieu naturel, et de la propagation des EEE (REEE) prévoit l’élaboration d’une liste des volontairement, par négligence ou par imprudence. EEE préoccupantes pour l'Union Européenne dite « liste de l'Union » • Art. L.411-6 du CE : interdiction d’introduire sur le territoire (Art. 4 du règlement). national, y compris en transit sous surveillance douanière, de détenir, de transporter, de colporter, d’utiliser, d’échanger, de Listes d’espèces L’introduction, la commercialisation et l'usage de ces espèces sont mettre en vente, de vendre ou d’acheter tout spécimen vivant. interdits sur le territoire de l'UE et les Etats membres doivent les éradiquer ou les gérer. Les listes nationales antérieures : • Jussies : arrêté du 2 mai 2007 Liste adoptée le 13 juillet 2016 : 37 espèces • Certaines espèces de vertébrés : arrêté du 30 juillet 2010 • Frelon à pattes jaunes : arrêté du 22 janvier 2013 Liste mise à jour le 12 juillet 2017 : ajout de 12 espèces • Espèces piscicoles : Art. L.432-10 du CE et Art. R.432-5 du CE • Ambroisies : décret du 27 avril 2017 Le REEE impose : L’article L.411-9 du CE prévoit l'élaboration de plans nationaux de lutte • L’élaboration et la mise en œuvre de plans d’actions contre les voies contre les espèces mentionnées aux articles L.411-5 ou L. 411-6 prioritaires d’introduction et de propagation non intentionnelles (désormais listées par l’arrête interministériel du 14 février 2018), des EEE préoccupantes pour l’Union, dans un délai de 3 ans à tenant compte des exigences économiques, sociales et culturelles ainsi Stratégies d’actions compter de l’adoption de la liste de l’Union, soit d’ici le 13 juillet que des impératifs de la défense nationale. 2019 (Art. 13), • La mise en place d’un système de surveillance des EEE Publiée en mars 2017, la stratégie nationale relative aux EEE n’a pas de préoccupantes pour l’Union, dans un délai de 18 mois à compter de portée réglementaire. l’adoption de la liste de l’Union, soit d’ici le 13 janvier 2018 (Art. 14). Article L.411-8 du CE : dès que la présence dans le milieu naturel d’une des espèces mentionnées aux articles L.411-5 ou L. 411-6 (désormais listées par l’arrête interministériel du 14 février 2018) est constatée, l’autorité administrative peut procéder ou faire procéder à la capture, Le REEE impose l’application : au prélèvement, à la garde ou à la destruction des spécimens. • De mesures d’éradication rapide des EEE préoccupantes pour Opérations de lutte l’Union au début de l’invasion (Art. 17), Le Décret du 21 avril 2017 relatif au contrôle et à la gestion de • De mesures de gestion efficaces des EEE préoccupantes pour l’introduction et de la propagation de certaines espèces animales et l’Union largement répandues sur le territoire (Art. 19). végétales modifie le CE en créant des dispositions nouvelles en matière de prévention et de lutte (ex : le préfet de département ou maritime est l'autorité administrative compétente et précise par arrêté les conditions de réalisation des opérations).
Les échanges : Aude PELICHET est interrogée sur la stratégie nationale. En complément de la liste de l’Union, elle prévoit l’élaboration de listes hiérarchisées d’EEE pour la métropole et les outre-mer : à la fois des listes scientifiques de référence déclinées en fonction des territoires (domaines biogéographiques, zones insulaires, régions administratives, milieux environnementaux…) et des listes consensuelles opérationnelles déclinées en fonction des objectifs stratégiques et des acteurs impliqués (prévention, surveillance, maîtrise). 3. Outils d’aide à la gestion développés par le GT IBMA Doriane BLOTTIERE du Comité Français de l’UICN présente les travaux du Groupe de Travail national sur les Invasions Biologiques en Milieux Aquatiques (GT IBMA). Créé en 2009 et coordonné par l’Agence Française pour la Biodiversité et l’UICN France, le GT IBMA a pour objectif d’appuyer les gestionnaires par la synthèse et la mise à disposition des connaissances acquises sur les modes de gestion des EEE et par le développement d'outils d’aide à la gestion. Ses travaux serviront de colonne vertébrale pour la création du centre de ressources national sur les EEE en cours de construction et seront donc élargis au domaine terrestre puis un domaine marin. Grâce à des captures écran, Doriane liste les outils disponibles sur la plateforme Web du GT IBMA : - Une base d’informations sur plus de 350 espèces : pour chaque espèce, elle propose une synthèse des informations disponibles sur les modalités de gestion, l’historique d’introduction et les impacts connus et un accès vers diverses ressources : cartes de répartition en France et en Europe, retours d’expériences de gestion, fiches d’identification (à la fois celles du GT IBMA et celles élaborées par d’autres acteurs travaillant sur la thématique), liens utiles vers d’autres plateformes décrivant l’espèce, ressources bibliographiques, réglementation… - Un recueil en ligne de plus de 80 retours d’expériences de gestion sur 38 espèces : chaque témoignage comprend des informations sur la structure gestionnaire, le site, les nuisances et enjeux sur le site, les techniques d’intervention utilisées, les résultats obtenus, le bilan financier, les perspectives d'actions, la valorisation des actions, les personnes et documents ressources. - Des ouvrages sur les EEE en milieux aquatiques élaborés par le GT IBMA : o Volume 1 : Connaissances pratiques > état des lieux de la problématique : connaissances scientifiques, législation, stratégies, techniques de gestion, outils o Volume 2 : Expériences de gestion > 52 retours d’expériences rédigés avec les gestionnaires o Volume 3 : Expériences de gestion (bis) > 35 nouveaux retours d’expériences compilés entre 2015 et 2018 - Une lettre d’information bimensuelle, largement diffusée, permettant de faire connaitre des actualités internationales, nationales et territoriales sur les EEE et leur gestion. - Un onglet « Agenda » annonçant tous les évènements organisés sur le sujet : réunions de groupes de travail, colloques nationaux et internationaux, formations… - Un onglet « A surveiller de près » mettant en lumière les dernières détections et les espèces émergeantes méritant une attention particulière. - Un onglet « Documentation » répertoriant tous les documents disponibles sur le sujet : articles, ouvrages, documents techniques, rapports universitaires, listes d'espèces, guides de reconnaissance, outils de communication, documents stratégiques, réglementation, actes de colloques, vidéos... Les échanges : Doriane BLOTTIERE invite les gestionnaires bretons à la contacter pour s’abonner à la lettre d’information et pour partager des expériences de gestion. Elle peut aider à la rédaction des contributions si des documents sont fournis en amont. Contact : doriane.blottiere@uicn.fr
Retours d’expériences 4. Gestion des EEE sur les Landes de Ploumanac’h Quentin LE HERVE (garde du littoral) et Clémence AGASSE (apprentie) de la Commune de Perros-Guirec partagent leurs expériences en termes de lutte, de valorisation des rémanents et de sensibilisation du public sur les Landes de Ploumanac’h, site très fréquenté et encerclé par des jardins où les EEE se multiplient. Depuis 2003, l’équipe des gardes du littoral expérimente ainsi diverses techniques d'éradication, d'affaiblissement, de contrôle et de soutien à la compétition interspécifique sur une vingtaine d'EEE dont les Griffes de sorcière (5 stations), l’Herbe de la Pampa (4), le Laurier palme (10), la Renouée du Japon (4), l’Ail triquètre (35), le Laurier sauce (15), le Buddleia de David (5), les Cotonéasters (40), le Robinier faux-acacia (9), le Montbretia (50) et le Vinettier de Darwin (15). Quentin insiste sur le rôle du gestionnaire et sur la nécessité de prendre du recul par rapport à la liste régionale des invasives. Certaines espèces absentes de la liste ou classées AS ou IP méritent localement la même attention et le même effort d’intervention que les espèces classées IA. A titre d’exemple, la Pomme de Kangourou (sans statut) montre une dynamique d’expansion rapide et recouvre la strate herbacée et le Cotonéaster de Simons (IP) et le Vinettier de Darwin (AS) forment des fourrés purs et denses impactant directement l’Ajonc d’Europe. Quentin présente une évaluation des différentes techniques en termes de coût, de temps, d’efficacité et de perception par le public (tableau 3). De 2003 à 2011, 60 000 € ont été consacrés à la gestion des EEE. Les techniques sont évidemment à adapter en fonction des espèces. L’arrachage de la Renouée du Japon a fait ses preuves sur certaines stations aujourd’hui disparues. Le roulage n’a pas encore été testé cette espèce. En termes de valorisation, les ligneux de bonne section (lauriers, robiniers, érables…) sont vendus en bois de chauffage à prix réduit, ce qui contribue à améliorer la perception des interventions par le public. Pour les rémanents non valorisables, l’équipe profite de la benne destinée à l’incinération, installée à l’Objèterie du Trégor à Lannion (déchèterie couplée à une recyclerie). En matière de sensibilisation, l’équipe des gardes tente d’informer à la fois les visiteurs sur site (animations, signalétique, échanges durant les chantiers…), la population locale (liste d’espèces à éviter dans le PLU, communications dans le bulletin municipal, en déchèterie…), les professionnels des espaces verts et jardins (plaquette dédiée) et le grand public dans les points de vente. Tableau 3 : Comparaison des techniques de lutte utilisées sur les Landes de Ploumanac’h. Intervention Coût Temps Efficacité Perception Note (sur 16) Coupe +++ ++ ++ +++ 10 Arrachage +++ +++ ++++ +++ 13 Etrépage + + +++ + 6 Dessouchage + ++++ ++++ +++ 12 Annelage +++ ++ +++ + 9 Bâchage + ++ ++ + 6 Pâturage ++ ++ ++ ++++ 10 Roulage ++ +++ ++ ++ 9 Les échanges : Pour les petits volumes, on peut conseiller aux gestionnaires comme aux particuliers d’évacuer les déchets dans des sacs poubelles fermés dans les ordures ménagères.
5. Gestion des EEE sur les îles de Ouessant, Molène et Sein Harmonie COROLLER du Parc Naturel Régional d’Armorique (PNRA) témoigne de la gestion des EEE sur les sites Natura 2000 « Ouessant – Molène » et « Chaussée de Sein », gérés par le PNRA pour la partie terrestre et le Parc Naturel Marin d’Iroise pour la partie marine. Sont résumés ci-après les exemples de localisation, impacts et interventions donnés pour 5 EEE* : Ouessant Molène Sein Présence : 25 000 m² dans les falaises > menaces pour la végétation des Chantier d'arrachage en 2013 falaises notamment les pelouses écorchées à Ophioglosse du Portugal et suite à une animation grand Isoète épineux. public. Suivi : 1 passage par an Interventions : Retrait des taches facilement accessibles : 1 au Creac’h en durant 2 à 3 ans pour éliminer Griffe de sorcière 2012 et 1 au Chameau en 2016 (1h à 4 personnes avec la MFH de St-Grégoire). Intervention sur deux stations. les repousses. Suivi : 1 passage par an durant 3 ans pour éliminer les repousses. Elimination de la quasi-totalité A venir : Une carte de priorisation des stations à éradiquer en fonction des des stations par un agent du enjeux habitats/espèces + une collaboration avec le SDIS 29 pour éliminer des PNRA depuis 2015. stations prioritaires dans le cadre d'exercices d'escalade. Présence : Dans les friches. 3 stations « sauvages » et de nombreuses autres Présente dans les jardins et à stations avec de jeunes pieds. Herbe de la proximité des habitations. Interventions : Enlèvement des pieds par les services techniques municipaux Présente pampa Propagation à partir des dépôts et le PNRA en 2016 sur Keranchas. Suivi : 1 passage par an durant 2 à 3 ans de déchets verts sauvages. pour éliminer les nombreuses repousses issues des graines laissées au sol. Présence : 2 stations principales + présence dans les jardins. Renouée du Interventions : Plusieurs chantiers participatifs de bâchage entre 2014 et Présente dans quelques jardins. Présente Japon 2017 sur les 2 stations. Présence : 143 stations (hors jardins) > menaces pour la végétation des falaises et des landes. Présente au bord des chemins. Montbretia Interventions : Arrachage manuel et élimination des bulbes résiduels par Propagation à partir des dépôts Présente étrépage (sur 20 cm) en 2017 sur les stations proches d’habitats ou espèces à de déchets verts sauvages. forte valeur patrimoniale. Présence : 3 stations dans les friches et sur les falaises. Interventions : Plusieurs chantiers participatifs d’arrachage entre 2015 et Berce du Caucase 2017. La mesure est efficace à condition d’enlever la quasi-totalité de la Absente Absente carotte à l'aide d'un transplantoir. Suivi : élimination systématique des repousses (issues des graines laissées au sol) en 2 ou 3 passages par an. * D’autres EEE sont présentes sur les 3 îles (Buddleia de David, Vergerettes de Sumatra et du Canada, Yucca), sur Ouessant et Molène (Ail triquètre) ou sur Ouessant uniquement (Muguet des pampas, Azolla fausse filicule).
Sur Ouessant, les chantiers participatifs de bâchage de Renouées se sont déroulés en 4 étapes : préparation du sol en hiver (retrait des ronces), pose de bâches d'ensilage non dépliées fixées avec des agrafes, apport de sable de mine pour tenir les bâches puis pose d'une bâche d'un seul tenant par-dessus. Des réunions publiques ont été organisées pour justifier notamment l’impact visuel des bâches. Il est nécessaire d'arracher les repousses au moins 2 fois par an. Leur nombre diminue progressivement. Le cout du matériel pour bâcher les deux stations (250 m² au total) est estimé à 1000 euros. Sur les trois îles, les zones de dépôts de déchets verts apparaissent comme des foyers de propagation des EEE en milieux naturels. Pour l’ensemble des chantiers réalisés, les déchets ont été évacués en sacs dans les ordures ménagères, à l’exception des pieds d’Herbe de la Pampa privés de leurs plumeaux qui ont été déposés en déchèterie. Les échanges : - Les participants confirment la nécessité de suivre les stations de Griffes de sorcière durant plusieurs années pour empêcher la reprise. - Josselin BOIREAU du Groupe Mammalogique Breton évoque le cas des mammifères indigènes qui s’avèrent envahissants une fois introduits sur les îles. L’introduction de la Crocidure musette a ainsi entrainé la disparition de la Crocidure des jardins sur Molène et Sein. 6. Expérimentation de lutte contre la Renouée de Bohème par CŒUR Emeraude Xavier LAURENT de CŒUR Emeraude (association porteuse du projet de PNR Vallée de la Rance – Côte d’Emeraude) présente une expérimentation de lutte contre la Renouée de Bohème, menée par CŒUR Emeraude et Steredenn (association organisant des chantiers d’insertion en milieux naturels) et financée par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, le Département des Côtes-d’Armor et CŒUR Emeraude. Le site expérimental retenu (Méreille Taden) comprend un peuplement de plus de 2 000 m² de Renouée de Bohème, en rive gauche d’un cours d’eau, affluent de la Rance (La Garaye). Appliquée sur les premiers tronçons à partir de 2004, la méthode testée consiste à coupler arrachages successifs, bâchage et concurrence par les saules (tableau 4). Tableau 4 : Etapes de l’expérimentation de lutte contre la Renouée de Bohème. Interventions ETP Affaiblissement par arrachages successifs : +/-75 jours • Hiver : nettoyage du site et enlèvement des tiges de l’année N-1. Année 1 (dont 60 • Printemps / été : 4 arrachages. Steredenn) Brûlage des renouées sur place. • Nettoyage (arrachages) et préparation du terrain (aplanissement du sol) au début du printemps. • Pose de fascines de saules pour le maintien des berges dégradées. +/-40 jours Année 2 • Pose du géotextile au début de l’été. (dont 35 • Entretien durant l'été pour empêcher le soulèvement de la bâche. Steredenn) Le textile : Planctobio en jute (70 %) et chanvre (30 %) de 1000 g/m² et de 8 à 10 mm d’épaisseur. Durée de vie de 18 mois. • Arrachages autour du géotextile. +/-30 jours Année 3 • Boutures de saules (Salix fragilis et Salix aurita) pris dans la ripisylve de (dont 25 l’autre rive pour exercer une concurrence à la lumière. Steredenn) Entretien annuel évalué à une ½ h par mois en période végétative pour Années 4, arracher les repousses de renouées (notamment par les trous de +/-5 jours 5, 6… bouturage), dans l’attente que les saules prennent de l’ampleur.
Dès la quatrième année, la végétation rivulaire a repris ses droits. Une vingtaine d’espèces locales a ainsi été dénombrée. Deux facteurs sont déterminants : l’affaiblissement préalable et des interventions d’arrachage au stade le plus jeune possible. La technique ne permet pas l’éradication de l’espèce mais constitue une méthode de contrôle efficace et reproductible. Elle nécessite néanmoins des moyens humains importants, y compris pour former, motiver, valoriser les équipes terrain et entretenir le site à moyen terme (durant 5 ans au minimum). Elle est donc possiblement à réserver à des sites à forte valeur patrimoniale. La technique est en cours d’expérimentation sur d’autres milieux (système dunaire). L’objectif est d’identifier un panel d’espèces concurrentielles adaptées aux différents types de milieux colonisés et aux usages des sites (ex : maintien de la visibilité sur les bords de routes). Un arrêt de l’entretien du site doit être opéré pour évaluer si, une fois la ripisylve réhabilitée, le site se maintient dans cet état « d’équilibre » sans intervention. Xavier effectue une parenthèse sur l’importance de l’action publique : elle peut permettre l’intégration d’une palette végétale dans les documents d’urbanismes (PLU, ZAC…) et dans la gestion des espèces communaux et intercommunaux mais aussi la sensibilisation des particuliers (charte « Jardiner au naturel », contacts avec les propriétaires, fiche à joindre aux permis de construire et aux déclarations d'intention d'aliéner…) et des professionnels des espaces verts et du bâtiment (précautions en termes de plantations et de mouvements de terre). Elle a également ses limites : manque de moyens, emprise limitée sur les terrains privés… Les échanges : - Pour le bâchage seul avec des bâches en plastique, une durée minimale d’application de 5 ans est avancée, nécessitant un renouvellement des bâches. La question des déchets est soulevée : de ce point de vue, le roulage, le pâturage ou le bâchage avec des géotextiles sont à privilégier. - Le brulage des rémanents implique des contraintes. In situ, il nécessite d’effectuer une demande d’autorisation en préfecture qui peut être refusée dans certains cas (période estivale, proximité des habitations…). Ex situ, il nécessite un transport et un stockage sur sol bétonné ou bâché. - Jean-Yves GUILLOUET (Leff Armor Communauté) fait part d’une expérimentation qu’il a eu l’occasion de mener sur une zone de 75 m² comprise dans un périmètre de captage d’eau. Après arrachage des renouées, des cartons récupérés dans les commerces ont été appliqués en deux couches croisées durant 4 ans. La troisième année, des espèces locales concurrentielles (ronces et orties) ont été implantées. Seules quelques dizaines de repousses restent à arracher de temps à autre. 7. Gestion des Renouées asiatiques par le Département de la Mayenne Sandrine FORET du Département de la Mayenne décrit tout d’abord un outil de priorisation des opérations de lutte contre les renouées, destiné aux agents chargés de l’entretien des bords de routes départementales. Les foyers sont classés en 3 catégories (sites à enjeux faibles, moyens ou forts) sur la base de 5 critères simples à renseigner pour les agents : - Risque sécuritaire : présence des renouées sur la première passe de sécurité, manque de lisibilité de la route, perte de visibilité..., - Enjeu environnemental : présence d'un cours d'eau, d'une ZNIEFF ou d'un site à forte valeur patrimoniale, - Menace liée à une infrastructure : présence d'un perré, pont, mur, construction urbaine..., - Présence sur le domaine départemental uniquement, - Taille du foyer : < 15 m² / 15 à 50 m² / > 50 m². Les 3 catégories de foyers (enjeux faibles, moyens ou forts) font l’objet d’une fiche action précisant les modalités d’intervention et de planification à appliquer.
Sandrine partage par ailleurs des travaux évoqués lors d’une journée sur la gestion des Renouées asiatiques, organisée par le « Réseau EEE Pays de la Loire » animé par le CEN Pays de la Loire : - Expérimentation de gestion par pâturage sur l’ENS de Saint-Calais-du-Désert : La mise en place d'un pâturage caprin (chèvres des fossés) s'est traduite par une diminution de la biomasse des renouées et une augmentation du nombre d'espèces indigènes. Ces travaux ont fait l’objet d’un retour d’expérience compilé par le GT IBMA. - Expérimentation de bâchage sur les routes départementales de la Sartre : Des bâches d’ensilage doublées de géotextiles (pour éviter le percement) ont été appliquées sur une soixantaine de petits foyers et retirées au bout de 3 ou 4 ans. Les opérateurs ont insisté sur la nécessité de bâcher 2 m au- delà de la zone colonisée pour éviter la reprise via les rhizomes en périphérie. - Expérimentations d’étrépage et de concassage en bord de cours d’eau : dans le cas de l’étrépage, la terre est évacuée en déchèterie tandis que, dans le cas du concassage, la terre est traitée sur place à l’aide d’un cribleur concasseur puis remise en place et bâchée. Les échanges : Sandrine FORET est interrogée sur le déploiement de l’outil de hiérarchisation des foyers. Elaborée en 2013, la méthodologie a été validée en interne mais elle n’a pas encore pu être appliquée par les agents du Département. 8. Expérimentation de compostage des rémanents d’Herbe de la Pampa Jordan BRIAND RENAUDET de Brest Métropole liste tout d’abord les axes d’intervention de la collectivité en matière de lutte contre les EEE : - Un Inventaire Permanent Plantes Invasives (3 295 stations), - Des opérations de lutte coordonnées en interne avec la Voirie, les Espaces Verts et la Propreté, - Des outils d'information / sensibilisation : guide et roll-ups d'exposition destinés au grand public, formations internes et externes, - L’animation d'un Groupe Technique Plantes Invasives rassemblant des gestionnaires de grands espaces du territoire (Brest Métropole, Région Bretagne, DIRO, ATD 29, CCI Brest, SNCF, Défense). Jordan dresse ensuite un bilan rapide de 10 ans d’expérimentations sur la Renouée du Japon suivies par le CBNB (2007-2017). La purge suivie d'un rechargement végétal est jugée concluante. L'arrachage des pieds, la concurrence végétale et le pâturage extensif sont jugés peu concluants. La fauche répétitive des tiges, le bâchage plastique et le bâchage biodégradable sont jugés non concluants. Pour gérer l’Herbe de la Pampa, deux méthodes validées par le CBNB sont utilisées : - La coupe des plumeaux 2 fois par an (conditionnés en sacs poubelle pour incinération) ou le gyrobroyage des touradons 2 fois par an, - L'arrachage des touradons avec leurs racines. Deux filières d’évacuation des produits d’arrachage des touradons ont été expérimentées : - Le stockage sur une plateforme dédiée permet une dégradation partielle des touradons à l'intérieur du tas mais une reprise est constatée en surface, - L’incinération n’est pas adaptée car les touradons présentent une mauvaise capacité de brulage qui abaisse la chaleur du four. L’expérimentation présentée vise donc à évaluer la capacité de décomposition et de compostage de la plante sur une plateforme de compostage agréée et la capacité de reprise une fois le compost épandu.
Les étapes clés de l’expérimentation : - L’arrachage (2013) : 50 tonnes prélevées sur le polder et les abords des voies express et ferrées. - Le broyage (2013) : réalisé sur la plateforme déchets verts d’une déchèterie au moyen d'un broyeur rapide avec grille de 340 mm de maille (préféré au broyeur lent avec grille de 250 mm de maille, également testé). - Le compostage (2014) : effectué sur une plateforme de compostage en 4 phases : o Le mélange (février) : 160 tonnes de co-produit Herbe de la Pampa - Déchets verts (dont 50 d’Herbe de la Pampa volontairement surdosée) + 50 tonnes de refus de criblage + 160 tonnes de boues de stations d’épuration = 370 tonnes à l’entrée dans la cellule de 600 m³ réservée. o La fermentation (février à avril) : retournement du tas à 5 reprises. o La maturation (avril à juin). o Le criblage (juin). En 2,5 mois, 260 tonnes de compost sont ainsi obtenues. - L’épandage (2014) : sur une parcelle appartenant à Brest Métropole, selon un protocole défini par le CBNB, une zone de stockage est installée et 3 modalités sont testées sur 6 carrés de 8 m x 8 m : o Carrés 1 & 2 : épandage sur prairie en place. o Carrés 3 & 4 : épandage sur terre retournée et semée (passage d’un rotavator après épandage pour enfouir superficiellement le compost puis semi). o Carrés 5 & 6 : épandage sur terre retournée et non semée. Environ 100 kg sont épandus sur chaque carré (quantité basée sur le dosage appliqué en agriculture soit 15 tonnes/ha). Validé par le CBNB, le protocole de suivi a été mis en œuvre par Brest Métropole. Durant 2 ans, un passage mensuel a été formalisé afin d’effectuer un suivi visuel de chaque carré et du tas de compost, des photographies et un recensement des éventuelles repousses. A la demande du CBNB, une fois scalpée pour retrouver un milieu pionnier, la zone de stockage a été suivie durant une année supplémentaire. Au terme du suivi initial (octobre 2016) comme du suivi complémentaire (octobre 2017), aucune repousse n’a été détectée : la capacité de destruction de la plante et de ses graines par le compostage est validée. Les filières agréées de compostage s’avèrent donc pertinentes pour valoriser les touradons d’Herbe de la Pampa. Ces résultats positifs sont assortis de quelques préconisations : - Séparer les plumeaux du reste de la plante pour éviter toute dissémination lors des transports et stockages avant compostage, - Effectuer un arrachage minutieux pour éviter au maximum les apports de terre et de pierres qui risquent d’endommager le broyeur de la plateforme de compostage. Les échanges : - Jordan BRIAND RENAUDET est interrogé sur l’évolution des sites ayant bénéficié d’un arrachage des touradons : les repousses sont nombreuses en raison d’une banque de graines très importante. - Si le coût économique est non négligeable pour le gestionnaire (transport et dépôt), il est maintenant raisonnable de conseiller aux particuliers de déposer leurs rémanents d’Herbe de la Pampa dans les bacs dédiés au compostage au sein des déchèteries. Certains pointent les confusions possibles dès lors que les préconisations de gestion des déchets diffèrent d’une espèce à l’autre (les messages binaires sont toujours plus faciles à assimiler). 9. Stratégie intercommunale de lutte contre les EEE portée par Lannion-Trégor Communauté Maïwenn LEBORGNE de Lannion-Trégor Communauté présente la stratégie de lutte contre les EEE végétales et animales mise en place à l’échelle intercommunale, en partenariat avec les comités des bassins versants.
Maïwenn liste les actions identifiées, en distinguant les taches réalisées et à venir (tableau 5). Tableau 5 : Actions identifiées dans la stratégie intercommunale de lutte contre les EEE portée par Lannion-Trégor Communauté (LTC). Actions réalisées Actions à venir Constitution et animation d’une cellule de référents communaux (binôme technicien / élu) : Organisation de 3 sessions en 2016 : 44 techniciens et Organisation de nouvelles formations pour les • Organisation de formations mutualisées élus, issus de 20 communes, formés à la détection des référents communaux. • Fourniture d’outils aux référents souhaitant espèces et aux techniques de lutte. participer à l’inventaire des stations d’EEE Installation d’une benne de collecte à l’Objèterie du Trégor à Lannion (Buhulien) : Mise en place de bennes dédiées dans les déchèteries Appui technique pour les chantiers de lutte • Mise en service dès le début des chantiers du territoire (avec signalétique dédiée et formation organisés par les communes communaux puis pérennisée pour le grand public. des agents) selon les possibilités. • Signalétique dédiée et formation des agents. • Incinération des déchets collectés à Valorys. Organisation de chantiers en 2016 et 2017 sur le site Natura 2000 « Côte de Granit Rose – Sept-Iles » et les bassins versants Jaudy-Guindy-Bizien et Vallée du Organisation de chantiers participatifs, avec une Poursuite des opérations d’inventaire et de lutte Léguer, ayant montré : communication plus importante, notamment dans en mobilisant le réseau associatif • Bonne mobilisation des associations, les réseaux associatifs. • Bonne collaboration des agents des communes et de l’Objèterie pour la gestion des déchets, • Bon relai dans la presse locale. • Mise en ligne de fiches-espèces sur le site Web de Création de plusieurs outils : LTC : description, impact, espèces alternatives, • Page dédiée sur le site Web de LTC, bons gestes (accent possible sur les EEE • Posters et flyers mis à disposition dans les Développement d’outils de communication et de représentant un danger sanitaire). déchèteries, à l’Objèterie, au service urbanisme, sensibilisation • Reprise des éléments de communication dans le au point information habitat, dans les mairies…, prochain journal d’information de Valorys. • Panneau pédagogique installé à l’Objèterie, • Rédaction de communiqués types pour les sites déclinable dans les déchèteries du territoire. Web et bulletins des communes. Sensibilisation des parlementaires du territoire pour faire évoluer la réglementation Action au long cours (listes d’EEE à interdire à la commercialisation…)
Les échanges : - La sensibilisation des services techniques municipaux se fera progressivement grâce aux binômes de référents communaux. La méthode a porté ses fruits sur le bassin versant de l’Elorn. - Pour gérer la Balsamine de l’Himalaya, l’arrachage manuel est à privilégier pour les petits sites et la fauche avant floraison pour les grands sites. - Certaines espèces se prêtent moins à l’organisation de chantiers participatifs : les capacités de reprise et/ou de dissémination des Renouées et des Balsamines peuvent décourager les participants (contrairement aux Griffes de sorcière pour lesquelles une éradication puis un suivi annuel suffisent). Ces chantiers restent tout de même valorisants sur les sites peu colonisés. 10. Gestion du Baccharis en Morbihan : mobilisation à l’échelle d’une commune Daniel LASNE (bénévole de Bretagne Vivante et président du Collectif Anti-Baccharis) partage les enseignements acquis grâce à de nombreux chantiers de lutte contre le Baccharis organisés sur la commune de Séné. Signalé en Bretagne dès 1913, le Baccharis se concentre sur les zones humides côtières mais une colonisation importante de l’intérieur des terres n’est pas exclue, les rivières bretonnes étant soumises aux ondes de marées susceptibles de transporter les graines. En 2014, Bretagne Vivante a engagé un partenariat avec la Mairie de Séné visant à éradiquer les 15 hectares de Baccharis recensés sur la commune, à raison de 3 chantiers bénévoles mensuels organisés entre le 1e septembre et le 15 mars (pour éviter tout impact sur la nidification des oiseaux). En trois saisons, de 2014 à 2017, 80 chantiers ont ainsi permis de traiter 250 000 à 300 000 pieds avec des méthodes manuelles. Durant la deuxième saison, un partenariat avec le Lycée technique de Guéhenno a permis de mettre au point un nouveau prototype allégé de baccharrache (outil spécifiquement créé pour arracher le Baccharis). Les techniques manuelles expérimentées sont à adapter en fonction de la taille des plants : - L’arrachage manuel > adapté aux sujets de 0,2 à 1,5 m (1 à 3 ans) : o Pour faciliter et limiter les arrachages, il peut être opportun d’attendre que les plus petits plants poussent ou disparaissent du fait de la compétition. o Il est nécessaire de localiser la prise manuelle au plus bas pour éviter la cassure du plant. o Il est possible d’arracher les plants à plusieurs en coordonnant les actions. - L’usage du baccharrache > adapté aux sujets de 1 à 2,5 m (3 à 6/7 ans) : o Il est nécessaire de se positionner en oblique, avec la pointe peu enfoncée sous la tige, et de se coordonner avec un ou plusieurs opérateurs chargés de tirer le plant. o Il est conseillé d’agir avec plusieurs baccharraches plutôt que de forcer avec un seul outil (risque de fatigue et de torsion du manche). o Dans certains cas, il est possible de casser des grosses racines périphériques, avant de lever sous la tige. - Le tronçonnage et le salage > adaptés aux sujets de plus de 2,5 m (de plus de 6/7 ans) : o Une couche d’un centimètre est appliquée sur et autour de la souche. Il n’est pas nécessaire de percer le cœur de la souche (les parties vivantes sont l’écorce et l’obier et non le cœur). o Une demande d’homologation de l’usage du sel pour la dévitalisation des souches de Baccharis a été transmise à la Commission européenne. Un règlement d'exécution européen (7 septembre 2017) approuve seulement la substance de base « chlorure de sodium » en tant que fongicide et insecticide. o Des rejets sont constatés malgré le salage.
Les traitements appliqués ont empêché la libération de graines dans les parcelles colonisées durant 3 ans. Une durée de 5 ans est toutefois préconisée par le CBNB. Les moyens humains engagés sont importants : la mobilisation des bénévoles représente 1 ETP à l’année. L’équipe va à présent s’atteler à mettre au point un traitement empêchant le rejet des souches, finaliser l’homologation du sel par des expérimentations, développer l’éco-pâturage et expérimenter les traitements mécaniques tels que le gyrobroyage. Daniel dispense enfin quelques conseils pour déployer des initiatives similaires : - Créer un partenariat « commune – groupe de bénévoles », - Réaliser une cartographie simplifiée des zones colonisées par le Baccharis, - Prévoir des chantiers réguliers entre le 15 juillet et le 15 mars, - Débuter par les fronts de colonisation. 11. Gestion du Baccharis en Morbihan : mobilisation à l’échelle d’un parc naturel Thomas COSSON du Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan expose la stratégie de lutte contre le Baccharis déployée à l’échelle du parc. La stratégie repose tout d’abord sur une coordination des interventions de lutte : - Organisation d’une rencontre annuelle des acteurs engagés dans des actions de lutte pour informer les nouvelles recrues, dresser le bilan de la saison d’interventions et programmer la suivante en ciblant en priorité les foyers émergeants et les sites remarquables. - Appui à la constitution de binômes « commune – groupe de bénévoles » : des référents sont désignés afin d’inscrire l’action sur le long terme. - Actions de coordination et d’appui aux différents collectifs : les groupes sont autonomes pour organiser les chantiers mais le parc conserve un rôle de coordination permettant une cohérence des actions et un effet de levier maximal (effet « boule de neige » pour les communes et relance des dynamiques dans les espaces naturels gérés). Des collectifs sont créés ou en cours de création sur 22 des 25 communes concernées par l’espèce. Le parc travaille également à l’acquisition et la centralisation des connaissances sur la répartition de l’espèce : - Réalisation de cartes communales en interne, à raison de 1 à 2 communes par an, avec critères homogènes de densité. - Centralisation des autres informations cartographiques produites : carte des stations réalisées par les collectifs, plans de gestion des sites naturels protégés, inventaires communaux… - Accompagnement de projets d’étude sur la télédétection de l’espèce. - Réflexions sur les outils de cartographie participative (planification et suivi des chantiers, remontée d'informations par le grand public) et l’harmonisation des champs attributaires (critères d’état). Le parc cherche aussi à acquérir et diffuser des connaissances sur les techniques de lutte : - Promotion du modèle allégé de baccharrache. - Conduite d'expérimentations d'arrachage par traction équine : prestation sur la commune de Larmor-Baden dans le cadre de l'appel à projets « Cheval territorial », action pilote à venir dans le cadre d’un contrat Natura 2000 de restauration des dunes et de la lagune de Kerpont… - Conduite d’expérimentations de pâturage : pâturage ovin dans les marais de Pen en Toul, pâturage caprin (Chèvres des fossés) au sein du massif dunaire de Kerpont… - Projets : vadémécum pour la réalisation d’un chantier de lutte, expérimentations de gestion hydraulique (test sur un marais privé à Saint-Armel) et de gestion mécanique couplée au pâturage.
Enfin, le parc développe des outils de communication / sensibilisation : - Interventions au sein du comité de gestion du parc, des conseils municipaux, des réseaux régionaux professionnels, des réseaux d'usagers... - Articles dans les bulletins municipaux, sur les sites Web des manifestations sportives et culturelles… - Affichage des calendriers des chantiers en mairie et/ou publication sur les sites Web des communes. - Edition de flyers. - Projets : journée d’actions autour du Baccharis, panneau sur chevalet pour les chantiers. 12. Gestion du Baccharis en Morbihan : mobilisation à l’échelle d’une entité naturelle Charlotte IZARD du Syndicat Mixte de la Ria d’Etel (SMRE) présente une démarche de réhabilitation des prés salés de la Ria d’Etel (envahis à 60% par le Baccharis) basée sur la mobilisation citoyenne. Depuis 2010, le SMRE engage des actions de lutte (état des lieux, chantiers participatifs, form’action…) qui ont montré leurs intérêts mais aussi leurs limites : les bénévoles s’essoufflent et l’ensemble du territoire n’est pas couvert. Monté sur 3 ans (2017-2019) en partenariat avec Al'Terre Breizh, le projet présenté a donc pour objectif de déployer et pérenniser les opérations en mobilisant les citoyens et les acteurs locaux. Les travaux d’Al’Terre Breizh répondent à deux grands principes de la mobilisation citoyenne : - Agir pour comprendre - du local au global : o Chantiers d'éco-volontariat : apporter une aide à la réalisation d'une action collective en faveur de la biodiversité (protéger les espèces locales, stabiliser une dune, restaurer des sentiers, créer des mares, entretenir une forêt…). o Stages pratiques : apprendre à faire de manière plus autonome, économe et écologique (alimentation et jardinage, énergie, récup’ et recyclage). - Comprendre pour agir - de la théorie à la pratique : Séminaires-actions et conférences-ateliers : explicitez les enjeux de durabilité et les pistes pour améliorer les situations sur l'alimentation responsable, le défi énergétique, la relation à la nature... Le projet repose sur 4 types d’outils visant une implication progressive des citoyens et acteurs locaux : - Des temps de mobilisation : rencontres écocitoyennes, opérations « portes-ouvertes » durant les chantiers de lutte… - Des temps d’actions : chantiers d’éco-volontariat sur plusieurs jours, prestation de traction animale, « Journée de la Biodiversité de la Ria »… - Des temps de transfert de compétences : form'actions, rédaction de guides, co-encadrement de chantiers… - Un laboratoire d'initiatives locales pour renforcer les dynamiques territoriales : réunions de programmation et de bilan, chantiers autonomes, veille, évaluation de la démarche participative… La première année du programme a permis de mettre à jour les données (cartographie de l’UBO) et de lancer les premières actions (2 chantiers participatifs classiques, 3 chantiers d’éco-volontariat, 1 form’action, communication lors d’une manifestation locale…). L’intérêt du partenariat avec Al’Terre Breizh réside dans la complémentarité des compétences : le SMRE apporte sa connaissance des acteurs locaux, du territoire et des techniques de gestion et Al’Terre Breizh met à profit son important réseau, son expérience des chantiers sur plusieurs jours et ses connaissances sur les rouages de la mobilisation citoyenne. Pour le gestionnaire, c’est l’occasion de découvrir et expérimenter de nouveaux modes de communication.
Les échanges : A l’issue des trois témoignages sur la gestion du Baccharis en Morbihan, des précisions sont demandées sur le Collectif Anti-Baccharis. Née d’échanges informels réguliers entre bénévoles d’associations de Vendée, du Morbihan et de Loire-Atlantique, l’association a été créée officiellement en mai 2015. L’objectif premier était d’obtenir une modification de la législation permettant d’interdire la vente de l’espèce et d’obliger les propriétaires des terrains infestés à arracher les pieds ou à les couper avant la dispersion des graines. Le collectif s’attache également à mettre au point des techniques de lutte, à promouvoir l’éco-pâturage et à constituer un centre de ressources pour la gestion du Baccharis. Lien avec d’autres problématiques 13. Constitution d’un réseau de surveillance et de lutte contre les EEE impactant la santé humaine La journée s’achève par une intervention de Bénédicte MALABOEUF de la FREDON sur la création d’un réseau de surveillance et de lutte contre 4 EEE végétales impactant la santé humaine : l'Ambroisie à feuille d'armoise, le Datura stramoine, le Raisin d'Amérique et la Berce du Caucase. Mandatée par l’Agence Régionale de Santé pour éradiquer les foyers bretons de ces 4 espèces, la FREDON a mis en avant la nécessité de constituer un réseau de référents communaux et intercommunaux pour optimiser les signalements et les interventions. Bénédicte présente les critères de reconnaissance des espèces, les espaces colonisés et les risques pour la santé humaine (tableau 6) ainsi que l’organisation envisagée pour le réseau (figure 1). Les critères d’identification sont développés dans des fiches disponibles sur le site Web de la FREDON. Tableau 6 : Risques pour la santé humaine et espaces colonisés par les 4 EEE ciblées par l’ARS. Risques pour la santé humaine Milieux colonisés • Sur les terrains remaniés par l’homme (terrains vagues, friches, talus, Ambroisie à feuille Le pollen provoque des allergies et des chantiers, nouveaux lotissements), d'armoise crises d’asthme. • Au bord des routes, Fiche • Au pied des mangeoires pour oiseaux, • Dans les champs. • Sur les terrains remaniés par l’homme, Chaque partie de la plante est toxique Datura stramoine • Dans les cultures de printemps (maïs, et peut provoquer confusion mentale, Fiche pomme de terre...), hallucinations, amnésies… • Dans les potagers. Chaque partie de la plante est toxique et peut provoquer diarrhée aiguë, vomissements, douleurs abdominales, Raisin d'Amérique • Dans les jardins et les friches, tachycardie, vertiges… Fiche • En bordure de champs. La toxicité est avérée pour les bovins, chevaux et moutons donc la gestion par pâturage est à proscrire. Au contact de la peau et après Berce du Caucase • Dans les jardins, exposition au soleil, la sève provoque Fiche • Au bord des cours d’eau. des brulures graves.
Figure 1 : Organisation du réseau de surveillance et de lutte contre les 4 EEE ciblées par l’ARS. Bénédicte précise que le second échelon est en cours de constitution : des réunions d’informations sont organisées sur l’ensemble du territoire pour identifier les référents intercommunaux. Les échanges : - Les gestionnaires sont interrogés sur la présence éventuelle de ces espèces sur leurs sites. Charlotte IZARD signale que le Datura stramoine est présent en Ria d’Etel. - Avant le départ des participants, Jean-Yves GUILLOUET évoque une expérience réussie d’élimination de souches de Lauriers palme et sauce par l’application d’une solution d’urée concentrée. Avant application, les souches doivent percées en périphérie et non au cœur.
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