2021 / 2022 Les artisans, les savoir-faire et les objets du luxe français
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COMITÉ COLBERT – Les artisans, les savoir-faire et les objets du luxe français 2021/2022 les objets du luxe français Les artisans, les savoir-faire et 2021 / 2022
Les artisans, les savoir-faire et les objets du luxe français 2021 / 2022 Rassemblant 90 Maisons, 17 institutions culturelles et 6 membres européens, le Comité Colbert est la référence de l’industrie française du luxe en France et à l’étranger en matière de produits d’excellence, de créativité et de savoir-faire d’exception. Il défend ardemment leur transmission et leur pérennisation. À l’occasion des Journées européennes des Métiers d’art, nous partons à la rencontre de « la relève », des jeunes femmes et hommes qui ont intégré ces maisons et institutions culturelles pour faire de leur passion un métier. Textes : Axelle Corty, Anne Daubrée, Diane de Contades, Christel Matteï Coordination : Diane de Contades
« Nous voulons provoquer une rencontre décisive avec des jeunes qui n’imaginent même pas travailler dans nos Maisons, en raison de leur origine sociale. » Bénédicte Épinay, déléguée générale du Comité Colbert, expose les défis auxquels font face les Maisons de luxe du Comité : la relève, mais aussi, parmi d’autres, la transition écologique. Propos recueillis par Anne Daubrée
Ci-contre Les Olympiades de la jeunesse, organisées par la Société des membres de la Légion d’Honneur à l’hôtel des Invalides en septembre 2021. La relève est-elle assurée ? Au niveau post-bac, nous dispo- Non. L’an dernier, déjà, il manquait sons de bonnes écoles. En re- 20 000 emplois dans les métiers vanche, les formations prébac sont d’art et de fabrication du luxe. à la fois difficilement lisibles Et d’ici cinq à dix ans, la génération et leurs programmes sont parfois née dans les années 1960, dé- m a l ad apté s au x b e s oi n s de tentrice des savoir-faire, partira à nos entreprises. la retraite. Or, pour de multiples raisons, elle n’est pas remplacée. Les Maisons peuvent-elles Si rien n’est fait, des pans entiers contribuer à répondre de nos savoir-faire risquent de à cet enjeu ? disparaître. Les Maisons font leur par t en termes de formation (seize de nos Pourquoi les jeunes maisons ont créé des écoles en in- ne se tournent-ils pas terne) et de sensibilisation. Le plus vers ces métiers ? souvent, elles agissent dans leur Il existe plusieurs freins. Le pre- bassin d’emploi en se rapprochant Comment agit le Comité mier, puissant, réside dans l’image de lycées professionnels. C’est Colbert pour assurer la relève ? négative dont continuent de souf- le cas par exemple de Van Cleef Pour rendre nos métiers visibles, frir les métiers de la main dans & Arpels à Lyon. En décembre der- informer et donner envie, nous Ci-dessus notre société. Beaucoup de parents nier, la Maison a accueilli des col- communiquons auprès des jeunes La Gouache estiment que la réussite de leurs légiens de Vénissieux, qui se sont et du grand public. C’est le sens de dans la haute enfants passe nécessairement par es s ayés u ne s em a i ne du r a nt joaillerie, notre campagne de presse natio- École des Arts la voie de l’enseignement général. aux différents métiers de joaillier, nale en 2021 « Le luxe, créateur de joailliers. La méconnaissance de nos métiers polisseur, sertisseur... Cette initia- valeurs » autour de nos métiers. constitue un second frein. Un tive illustre l’enjeu du moment : Nous y avons rappelé que le luxe Page de droite jeune en terminale connaît envi- provoquer la fameuse rencontre français est « le plus ancien secteur La campagne de presse nationale ron sept métiers et il est fort pro- décisive entre les jeunes et les d’avenir ». Il est important de por- en 2021 « Le luxe, bable qu’à l’âge de 14 ans, ce chiffre nombreux métiers d’art proposés ter ce message de modernité. En créateur soit inférieur. par nos Maisons. septembre 2021, le Comité Colbert de valeurs ». COM I T É COL B E R T
a participé aux Olympiades de la jeunesse, organisées par la Société des membres de la Légion d’hon- neur à l’hôtel des Invalides. Objec- tif : susciter des vocations auprès de 1000 jeunes. Nous avons ima- giné avec nos membres des défis qui consistaient à reconnaître des outils d’artisans, à s’initier à la bro- derie d’art et à dresser une table gastronomique. Nous participons aux Journées européennes des Métiers d’art (du 28 mars au 3 avril 2022), avec deux projets phares. Le premier, « À la découverte des métiers d’art », en partenariat avec l’Institut national des Métiers d’art, permettra à des collégiens de 4 e et 3 e de découvrir les ateliers et les métiers des mai- sons de luxe, ainsi que les forma- tions pour y accéder. Le second, « Entrez en matières », proposera des démonstrations de savoir-faire sur le campus des Métiers d’art et du Design à Paris. L’idée est de fa- le « New European Bauhaus », une découverte de nos Maisons et de miliariser les jeunes et le grand initiative transdisciplinaire visant nos savoir-faire sur le réseau social public aux métiers du bois, du cris- à réinventer un mode de vie en chinois WeChat qui a atteint 146 tal, du métal, du textile, du cuir, du Europe selon trois valeurs : dura- millions de pages vues ! papier et de la céramique. bilité, esthétique et inclusion, des valeurs elles-mêmes consubstan- Ce numéro de Connaissance L’an dernier, le Comité Colbert tielles au luxe. des Arts dédié à la relève a publié pour la première fois n’est-il pas un espoir ? un rapport sur le développement Quels sont vos autres domaines Tout à fait. Il suffit de feuilleter les durable. La RSE fait-elle d’action ? pages de ce numéro pour se rendre toujours partie de vos priorités ? Nous sommes très actifs sur la dé- compte à quel point ces jeunes sont Absolument. À la fin de l’année, fense de la propriété intellectuelle enthousiasmés par la diversité de nous serons partenaires de l’« Uni- et la lutte contre la contrefaçon. ces métiers passionnants qui ont versité de la terre » qui se tiendra C’est également un enjeu impor- du sens. Qui mieux que les jeunes à l’Unesco en novembre 2022. Cet tant à Bruxelles avec les ultimes pour parler aux jeunes… C’est pour- événement va nous permettre de discussions dans le cadre du DSA quoi depuis treize ans, nous inter- t é m o i g n e r d e l ’e n g a g e m e n t (Digital Services Act) pour respon- rogeons chaque année sur des thé- concret de toutes nos maisons. Ce sabiliser les grandes plateformes matiques précises les moins de 33 sera aussi l’occasion pour nous de digitales contre la contrefaçon en ans de nos Maisons, dans le cadre publier la deuxième édition de ligne. Enfin, l’une de nos autres du Colbert Labo. Leurs visions sont notre rapport RSE. Nous venons de missions, qui est à l’origine même à chaque fois disruptives. Nous at- rencontrer à Bruxelles, Ursula von de la création du Comité Colbert tendons donc avec impatience der Leyen, présidente de la Com- en 1954, consiste à faire rayonner cette année leur réponse à la ques- mission européenne. Nous avons notre industrie dans le monde. tion suivante : Comment réenchan- échangé sur le développement du- C’est ce que nous venons de faire ter les métiers de la main ? Résultat rable à travers son grand projet : a v e c u n m i n ipr o g r a m m e d e le 24 juin prochain.
Léa Soëte, MODELEUSE GIEN / FAÏENCERIE GIEN Dessin, modelage, poterie… et prendre plaisir à ce qu’on fait. » nombreux projets ; certains Depuis l’enfance, où elle était Après un bac pro en céramique, portent même sa griffe. « Je suis férue de travaux manuels et elle suit un BTS Design de produit. fière d’avoir reçu très rapidement de pâte à modeler, Léa Soëte fait Ce profil complet lui vaut l’intérêt un fort niveau de confiance et une grande place à la création d’un recruteur mandaté par d’autonomie », déclare cette dans sa vie. Cette amoureuse la faïencerie de Gien. À 23 ans, altruiste qui imagine se consacrer de l’art aux mains agiles a adapté elle y travaille depuis deux ans en un jour à la formation au sein de ses études à ses passions. tant que modeleuse, après trois la Maison, en tant que formatrice Son credo : « Écouter sa petite voix mois d’insertion professionnelle. ou tutrice des nouveaux arrivants intérieure pour trouver sa voie Elle s’est fait la main sur de à la faïencerie. L a Faïencerie de Gien a fêté son bicentenaire l’an dernier. Fondée en 1821 en bord de Loire par l’industriel anglais Thomas Hall, elle poursuit sa saga de production de faïences d’art, avec un réper toire toujours renouvelé de formes et de décors, vases entièrement peints à la main des fameuses pivoines bleues japonisantes qui remportent les suffrages depuis la fin du xixe siècle ou vaisselle du quotidien sublimée par un motif coloré de Pierre Frey. L’entreprise prévoit une dizaine de recrutements cette année. Il faut écouter sa petite voix intérieure et trouver sa voie vers ce qu’on aime.” COM I T É COL B E R T
F éau Boiseries est enracinée à Paris depuis 1875, l’année où Charles Fournier, décorateur spécialisé en peinture et do- rure, crée son atelier rue Lau- gier, à deux pas de l’Arc de triomphe. Il réalise entre autres les décors de la Villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean- Cap-Ferrat, avant de revendre en 1917 son entreprise à un autre décorateur, Raymond Grellou qui la cède en 1963 à Joël Féau. Ses enfants, Guillaume et Angélique, poursuivent l’aventure rue Je suis fier de faire ce métier, Laugier. Féau Boiseries crée et fait fa- briquer en France des décors inspirés de pouvoir créer et de fabriquer par son incroyable fonds d’archives divers ouvrages.” historiques. Nicolas Patry, MENUISIER Fils d’ébéniste, Nicolas Patry il est embauché dans cette grande des décors de boiseries « haute s’est toujours intéressé à ce maison parisienne. Ce beau couture », travaille pour les grands métier. Il décide dès ses 15 ans parcours ne le grise pas : « Ce décorateurs aux quatre coins PARIS / FÉAU BOISERIES de suivre un certificat d'aptitude n’est pas un métier qui s’apprend du monde. Nicolas Patry apprécie professionnelle d’ébénisterie rapidement. Il faut beaucoup la diversité et la complexité de en alternance. À 18 ans, il passe de travail et de temps pour arriver ses chantiers. Il crée, fabrique et un brevet professionnel à être autonome et créer des peut déjà transmettre techniques menuisier en alternance ouvrages. » Chez Féau, il apprend et conseils aux plus jeunes. chez les Compagnons du devoir, chaque jour à bonne école. Cette Il imagine, plus tard, créer à l’atelier Féau. L’examen obtenu, entreprise familiale, spécialiste sa propre entreprise.
PARIS / ÉDITIONS DIANE DE SELLIERS Marion Scheffels, ÉDITRICE ET RESPONSABLE DU BUREAU Marion Scheffels est éditrice presse. Ce poste complet elle travaille aux Éditions du Cerf et responsable du bureau et complexe convient à puis chez Hatier, avant d’entrer des Éditions Diane de Selliers. cette passionnée des mots chez l’éditeur de ses rêves. Elle façonne les livres, de et des arts, diplômée en lettres « Je me vois dans cette maison la première idée à l’impression, classiques, qui a rencontré pour très longtemps. J’aime recherche des images, travaille au cours de son cursus Joséphine et j’admire l’univers de Diane de avec des directeurs artistiques, Barbereau, ex-directrice Selliers, la notoriété qu’elle a acquise. photograveurs et autres de la maison, et qui eu le coup Ne travailler que sur des textes imprimeurs. Elle pilote aussi, sous de foudre pour cette démarche qui ont nourri l’humanité et le regard de la fondatrice Diane exigeante et atypique de découvrir les plus grands de Selliers, la commercialisation, n’éditer qu’un livre par an. chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art la communication et les relations Après un master d’édition, est un pur bonheur. » P ublier peu mais bien. Publier des livres qui restent. » : deux Croyez en devises clés pour Diane de Selliers. Cette éditrice hors ce que vous aimez !” normes, qui a créé en 1992 sa maison, fait raisonner les plus grands textes de la littérature mondiale avec des pépites de l’histoire de l’art. Dès ses débuts, Les Fables de La Fontaine illus- trées par Jean-Baptiste Oudry, puis Les Contes de La Fontaine illustrés par Fr a g o n a r d s é d u i s e n t é t u d i a n t s comme érudits. Dernière alchimie en date : Leyli et Majnûn du poète persan Jâmi (xv (xve siècle), avec des miniatures d’Orient.
Romy Adam’yass, COUTURIÈRE PARIS / YVES DELORME Le parcours de Romy Adam’yass professionnalisation et se lancer parce qu’elles n’ont jamais cousu. chez Yves Delorme commence confectionne aujourd’hui taies Je suis fière d’avoir osé changer de vie avec un projet un peu fou. d’oreiller, housses de couette et d’avoir suivi mon envie », sourit Infirmière fascinée par la couture, et draps à l’atelier de Nieppe, la jeune femme de 28 ans. Son elle décide de se reconvertir dans les Hauts-de-France, tout conseil aux aspirants couturiers ? en couturière, sans aucune en s’entraînant à maîtriser à « Être patient et persévérant car la expérience du fil et de l’aiguille. la perfection les techniques maison couture, surtout dans le domaine du Pari gagné. Après une formation les plus complexes. « Je pense être luxe, demande beaucoup de minutie de trois mois au sein de la Maison, un bon exemple pour les personnes et de précision. Si vous avez ces deux elle signe un contrat de attirées par ce métier qui n’osent pas qualités, vous réussirez. » E n associant matières pre- mières nobles et savoir-faire exigeants, Yves Delorme garde vivante la tradition textile du Nord de la France. Sensible à la préservation du patrimoine, la Maison mécène des opérations ciblées telle la restauration du couvre-lit de la du- chesse d’Aumale au château de Chan- tilly. Ce groupe familial, qui ne travaille qu’avec du coton certifié bio, rayonne dans cinquante pays, avec environ 450 boutiques. Yves Delorme a pris le parti d’internaliser la formation de ses nouvelles recrues. La couture, surtout dans le domaine du luxe, demande beaucoup de minutie et de précision.” COM I T É COL B E R T
T ransformer la matière en objet de désir, telle est la voca- tion de Baccarat. Depuis 1764, souffleurs, tailleurs, graveurs et doreurs mettent leur talent au service de la perfection. De ses pièces médaillées d’or aux Expositions univer- selles à ses créations les plus contem- poraines, le savoir-faire de Baccarat Il faut environ quinze ans constitue un héritage hors du commun. Un savoir-faire à l’avant-garde du pro- pour assimiler les gestes et grès, transmis de génération en géné- devenir un verrier qualifié ration par une élite d’artisans. Grâce à cette recherche constante d’excel- et même au-delà.” lence, Baccarat compte au sein de ses équipes deux chevaliers des Arts et des Lettres et 13 Meilleurs Ouvriers de France, le plus grand nombre parmi les maisons de luxe françaises. Jonathan DoRosario, ARTISAN VERRIER Comme une évidence… la manufacture en 2007. et de souffler la matière en fusion La manufacture Baccarat fait Depuis quatorze ans, il s’applique dans les règles de l’art », partie du quotidien de Jonathan à acquérir des compétences explique-t-il. À 32 ans, Jonathan DoRosario depuis toujours, techniques, théoriques et DoRosario est fier de travailler BACCARAT / BACCARAT celui-ci habitant à Baccarat managériales pour un jour et d’apprendre un métier et ayant un beau-père verrier. devenir Meilleur Ouvrier qualifiant en termes de savoir- Après un CAP des arts du verre de France ou prétendre à animer faire et de connaissances et du cristal au sein de un atelier : « Le métier de verrier millénaires, et de continuer la manufacture, puis un BMA est physiquement éprouvant par la grande histoire de en alternance avec le Cerfav la répétition et la rapidité des gestes la prestigieuse manufacture de Vannes-le-Châtel, il rejoint de haute précision afin de façonner de Baccarat.
Il faut faire preuve d’humilité et ne jamais vivre sur ses acquis.” L a brassée d’anémones qui orne sa cuvée Belle Époque, dessinée en 1902 par Émile Gallé, est mythique. La Maison Perrier-Jouët, fondée en 1811 par Pierre-Nicolas Perrier et Rose- Adelaïde Jouët, poursuit après deux siècles de succès son histoire d’amour avec l’Art nouveau, en ouvrant au pu- blic en 2021 la demeure de la famille Perrier-Jouët à Épernay. Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, elle recèle la plus grande col- lection privée d’Art nouveau français en Europe, avec des œuvres de Majo- relle, Guimard et bien sûr Gallé. Sébastien Morellon, CHEF EXÉCUTIF Sébastien Morellon met en œuvre Pierre Gagnaire, dont il a croisé continuer de grandir au sein de les événements culinaires de la route à l’Hôtel Barrière cette maison emblématique. » la maison Belle Époque, berceau de Paris. En trois ans de Ultradoué, diplômé à Douai historique de Perrier-Jouët qui a collaboration, il a gagné d’un baccalauréat technologique, ÉPERNAY / PERRIER- JOUËT ouvert ses portes au public l’an sa confiance au point de se voir puis d’un BTS options Art culinaire dernier. Légumes, fruits, fleurs… confier le poste de sous-chef et Art de la table, Sébastien Ses menus célèbrent le végétal, du restaurant La Grande Maison Morellon est entré dans le métier comme un écho aux fastes de Bernard Magrez à Bordeaux en par la grande porte : George V décoratifs de cet éden Art 2019, avant celui de chef exécutif puis Park Hyatt Paris-Vendôme. nouveau, grâce à des recettes de Perrier-Jouët. « Je suis très « La cuisine, c’est toute ma vie », concoctées avec son mentor, heureux dans la place que j’occupe explique modestement celui qui a changé sa vie : le chef actuellement et j’espère pouvoir cet artisan passionné. COM I T É COL B E R T
PARIS / DELISLE Violaine Relange, REMONTEUSE EN BRONZE Entre bijoux et lustres, il existe dans la Maison, le savoir-faire des leds, comme des normes certaines similitudes. Violaine de Delisle. Elle travaille internationales en matière Relange a suivi un CAP en aujourd’hui dans cette Entreprise d’électricité ont tendance bijouterie puis un BMA (brevet du patrimoine vivant comme à la stimuler : « C’est un métier des métiers d’art) Bijouterie en remonteuse en bronze, où il faut savoir apprécier alternance, avant de s’orienter métier minutieux qui consiste la transformation d’un produit, vers la ciselure, art délicat d’orner à assembler toutes les pièces le contact avec la matière, le métal à l’aide d’un marteau et décorées d’un luminaire et à l’apprentissage de différentes de divers ciselets. C’est là qu’elle l’électrifier si besoin. L’évolution techniques d’assemblage et aimer découvre, à l’occasion d’un stage des technologies, avec l’arrivée la diversité au quotidien. » F ondée en 1895 par Henry Delisle, dessinateur et décora- teur bronzier, et son frère Gaston, la Maison Delisle a tra- vaillé pour toutes les cours d’Europe et poursuit sa saga entre col- laborations avec de grands décora- teurs et restaurations patrimoniales. Jean-Michel Delisle, représentant de la quatrième génération familiale à la tête de la maison, convainc en 2009 le gou- vernement de créer l’INMA (Institut national des Métiers d’art) dont il a été le premier président. Aujourd’hui, son fils Jean Delisle dirige l’entreprise. Je suis fière d’être autonome et de pouvoir former d’autres personnes à ce métier.”
A l e x i s D a g u e t , CH OCOLATI E R PAIRS / LA MAISON DU CHOCOLAT « Lorsque j’ai intégré La Maison du France. C’est en découvrant son aide, après ses journées Chocolat en 2007, je ne connaissais ses créations que le jeune homme, de travail, au passionné de la que peu de choses au luxe, à l’art alors apprenti pâtissier dans ganache, qui lui donne rapidement et au monde des Meilleurs Ouvriers l’entreprise, après un parcours le poste qu’il occupe aujourd’hui. de France », sourit Alexis Daguet. classique (bac en comptabilité, De ce parcours exceptionnel, Cela ne l’a pas empêché de gravir BEP en pâtisserie, mention il tire des leçons qu’il transmet rapidement les échelons. Il travaille complémentaire Pâtisserie, CAP aux aspirants chocolatiers : aujourd’hui en binôme avec Chocolatier confiseur), découvre « Il faut oser rêver, toujours travailler, Nicolas Cloiseau, chef créateur le haut potentiel de création et ne pas avoir peur de l’échec qui, de la Maison, Meilleur Ouvrier de qu’offre le chocolat. Il propose lui aussi, est formateur. » F ondée en 1977 par le choco- latier Robert Linxe, La L a Maison du chocolat défend une nouvelle approche : célébrer l’arôme du chocolat en l’allégeant de tout sucre ou crème superflue. Le succès devient vite planétaire ; la maison compte aujourd’hui 41 adresses dans cinq pays et emploie 400 personnes dans le monde. En 2012, Nicolas Cloi- seau est nommé chef créateur et pour- suit la saga savoureuse de Robert Linxe, disparu en 2014. Il impose ses ganaches vegan qui célèbrent la magie du choco- lat en l’alliant à la pulpe des fruits. Il faut savoir faire preuve d’une grande rigueur et de minutie dans toutes les étapes de fabrication.” COM I T É COL B E R T
E sprit novateur, Robert Havi- land fonde sa manufacture de porcelaine à Limoges en 1924. Aujourd’hui, les services de table de la Maison sont choisis par les plus grands palaces du monde, palais royaux, l’Hôtel Matignon... Cette clientèle prestigieuse est séduite par la magnificence des décors sur porce- laine, fruit d’un savoir-faire manuel ex- ceptionnel. Signature de la Maison, ses Pour faire ce métier, incrustations à l’éclat incomparable sont directement gravées dans l’émail. il faut être patient, minutieux, passionné et curieux.” Caroline Lafarge, PEINTRE FILEUSE SUR PORCELAINE LIMOGES / ROBERT HAVILAND & C. PARLON « Je suis fière de vivre de ma passion le décor choisi par le client... Ce savoir-faire est le fruit et de faire perdurer cet art qui fait Le travail demande l’œil et d’une quinzaine d’années partie du patrimoine de Limoges », la technique du peintre. d’expériences professionnelles déclare Caroline Lafarge, jeune « J’utilise de l’or, du platine et et d’un CAP Décoration femme originaire de la région. de la couleur. En tout, plus d’une en céramique à Limoges. Peintre fileuse, elle évoque avec trentaine de teintes différentes pour Pour l’avenir, la jeune femme, une précision extrême son métier, lesquelles je mélange des pigments qui « travaille dans ce milieu la réalisation de « filets en poudre et/ou liquides afin avec toujours autant de passion », sur porcelaine » de taille et d’obtenir la teinte souhaitée », n’a qu’un souhait : « Continuer de couleurs variables, selon précise Caroline Lafarge. encore longtemps ! »
Je me sens pleinement épanouie lorsque je vois des clients heureux.” Y annick Alléno, l’un des chefs les plus étoilés au monde, cé- lèbre pour avoir modernisé la cuisine française, a déployé son désir de perfection dans son restaurant du Pavillon Ledoyen, en 2021. Il a créé le concept de « concier- gerie de table » : dès la réservation, les clients participent à la création de leur dîner. Et pour ancrer le décor dans une nouvelle ère, Yannick Alléno a sollicité l’artiste Kostia. Ses paravents jouent avec la lumière et la transparence, créant une intimité d’où l’on admire la beauté des lieux, magnifiés. Anna Jacob, APPRENTIE EN SALLE PARIS / MAISON YANNICK ALLÉNO Elle se destinait à la médecine, et elle a trouvé une équipe dont sa première année aux examens mais c’est sans regrets ! les membres s’entraident. En contrat de médecine à cause d'un faible Anna Jacob, 26 ans, est apprentie d’alternance depuis septembre niveau de français, car Anna Jacob en salle au restaurant Alléno Paris, dernier, Anna Jacob étudie à venait d’arriver d’Ukraine, trois étoiles. « Ce métier me fait l’EPMT, École de Paris des métiers elle décide de s'orienter vers vibrer », témoigne la jeune femme de table. Sa vocation pour la restauration. « Chez moi, qui aime « porter attention aux la gastronomie, elle l’a découverte une expression dit : “Qui a envie besoins des clients ». La cuisine après avoir gravi les échelons trouve des solutions, qui n’a pas envie « extraordinaire » répond à au restaurant Le Paradis du fruit. trouve des excuses” », raconte son amour pour l’excellence, Le tournant : n’ayant pas validé Anna Jacob, déterminée à réussir. COM I T É COL B E R T
PARIS / BOUCHERON Jérémy Poiraud, JOAILLIER Comme une évidence. Jérémy Aussi, il est séduit par « la grande Immédiatement, « je me suis senti Poiraud, joaillier chez Boucheron, exigence du milieu de la haute complètement à ma place », ne céderait sa place pour rien joaillerie et le travail d’équipe se souvient-il. Fier d’avoir eu au monde. « Je réalise des pièces entre les différents corps de le courage de bifurquer après incroyables, des projets uniques, métiers ». C’est à l’occasion quatre années de biologie pour j’ai toujours l’impression d’apprendre d’un stage de trois semaines, choisir un métier « de passion », et toujours dans une ambiance réalisé dans le cadre d’un CAP il réalise sa chance d’avoir intégré familiale », relate le jeune homme, Art et Technique de la bijouterie tout de suite le prestigieux qui depuis longtemps aime créer, joaillerie, que Jérémy Poiraud joaillier et entend y rester encore dessiner, travailler de ses mains... a découvert la Maison. « de nombreuses années ». C réée par Frédéric Boucheron en 1858, la Maison Boucheron s’est construite à travers quatre générations de descendants di- Je n’aurais pas imaginé rects. Premier des grands joail- liers contemporains à ouvrir une bou- meilleur atelier pour exercer tique sur la place Vendôme, la Maison se distingue par son positionnement de ma passion.” « Maison de Style de la Haute Joaillerie française ». Hélène Poulit-Duquesne (CEO de Boucheron) et Claire Choisne (Directrice des Créations) partagent la même vision : repousser les limites de ce secteur très conservateur et reques- tionner le précieux en proposant des collections créatives et innovantes. Elles prônent une Haute Joaillerie vivante, au- delà des genres et qui permet à chacun d’exprimer son style et sa singularité.
Iris Seeleuthner, GRAVEUSE PARIS / PUIFORCAT Un prénom, une fleur... Son outil, les alliances de son frère pour suivie d’un diplôme de métier c’est le burin, à la pointe duquel son mariage et bien sûr, être d’art gravure obtenu en 2018, elle personnalise des pièces intégrée au sein de l’atelier ajoutée à des stages en en argent massif et parfois en or. Puiforcat. « Je côtoie des artisans bijouterie, lui a permis d’accéder Iris Seeleuthner, graveuse, est seniors qui m’apprennent beaucoup, au prestigieux atelier. « passionnée » par son métier. tout comme nous, les jeunes artisans, Pour l’avenir, cette passionnée La jeune femme ne manque pas nous leur faisons découvrir de de gravure ne rêve que de de motifs de fierté : voir « son nouvelles choses », témoigne « poursuivre cette carrière ». produit terminé dans les vitrines Iris Seeleuthner. Sa formation Et aussi, de réaliser de plus d’un magasin », avoir gravé aux métiers d’art à l’École Boulle, en plus de décors... P ureté des lignes, formes archi- tecturées, élégance consti- tuent la signature unique de cet orfèvre parisien. Elle doit beaucoup à Jean Puiforcat, qua- trième génération de la famille, direc- teur artistique de la Maison dès les an- nées 1920. Chantre de l’Art déco, il pose les bases d’un style unique. Ses règles d’or sont observées par les designers de Normal Studio : leur service à café est composé de douze pièces cylindriques, basées sur le parfait calcul des propor- tions. Son nom ? Phi – la lettre grecque qui désigne le nombre d’or. Il faut se donner à fond, parce que lorsqu’on commence on ne peut plus s’arrêter.” COM I T É COL B E R T
Toute la patience du monde est nécessaire pour arriver au meilleur produit possible.” D epuis près de deux siècles, la Maison Delamain cisèle avec art et patience des co- gnacs uniques au monde. Pour aboutir à ce niveau d’ex- cellence et d’exception, la Maison maî- trise un ingrédient essentiel et bien souvent oublié : le temps. Au cœur de ses chais séculaires, la Maison Delamain produit exclusivement des vieux co- gnacs, à partir des XO, XXO (les classes d’âges les plus élevées du cognac) et Je conseillerais surtout révèle aux amateurs du monde entier la d’être patient et persévérant.” plus pure et authentique expression du terroir de Grande Champagne. L’ATELIER DE TISSAGE RECRUTERA EN 2022, DEUX TISSEURS Da m i e n Ve r b o i s, AG E N T D E C H A I « C’est un apprentissage long de fût à fût, par la prise conquis par la production et très ancien qui n’a pas vraiment d’échantillons et par totalement artisanale de la Maison. d’équivalent en salle de formation », la préparation des assemblages. « On se sent très connecté à confie Damien Verbois. Agent Il s’occupe également de la nature, à l’histoire, à un travail de chai pour la maison de cognac l’organisation des chais en d’équipe qui traverse les JARNAC / DELAMAIN Delamain. Son métier consiste à veillant au positionnement de générations. » Très conscient de guider l’élevage des eaux-de-vie chacun des fûts. Après un stage la chance qu’il a d’être entouré selon les directions données par d’un mois et demi auprès par des gens engagés dans le responsable des eaux-de vie, du maître de chai de Delamain, la transmission de leur savoir- travail qui s’effectue notamment Dominque Touteau, Damien faire, Damien Verbois souhaite par le transfert des cognacs, Verbois a immédiatement été évoluer dans cette Maison.
F ondée en 1885 par le clarinet- tiste Henri Selmer, qui jouait alors à l’Opéra-Comique et à la Garde républicaine, Henri Selmer Paris est la référence mondiale de la manufacture haut de gamme de saxophones, de clarinettes et de becs. Installée dans ses ateliers de Mantes-la-Ville depuis 1919, elle s’at- tache à attirer et à recruter les meil- leurs talents pour les former à ses mé- tiers : chaudronnier, usineur, soudeur, C’est un métier de passionnés, polisseur, graveur ou encore finisseur… Leurs savoir-faire uniques sont la clé de mais qui n’est pas réservé l’excellence de leurs instruments. qu’aux musiciens.” Nolwenn Vincent, FINISSEUSE D’INSTRUMENTS À VENT « Savoir finir tous les instruments des instruments à vent. Après nous raconte-t-elle. Afin de garantir que propose la Maison Selmer », telle avoir postulé et passé des tests une acoustique parfaite, Henri Selmer est l’ambition de Nolwenn Vincent, d’entrée, elle a tout appris en Paris travaille en lien avec des PARIS / HENRI SELMER « de la grande famille des clarinettes interne grâce à une formatrice qui musiciens professionnels qui (de la petite Mi bémol à la grande lui a enseigné toutes les subtilités certifient chaque instrument avant contrebasse), aux saxophones ». du métier. « Il faut surtout savoir qu’il ne quitte l’atelier. Nolwenn Aujourd’hui, cette passionnée faire preuve de beaucoup de Vincent est fière « de savoir que de musique est engagée concentration et être minutieux nos instruments et notre Maison sont pour terminer le montage car c’est un travail de précision », reconnus dans le monde entier ». COM I T É COL B E R T
PARIS / DEVIALET Guillaume Allemon, DESIGNER « Travailler sur des produits « je travaille quotidiennement Chez Devialet, il est heureux qui procurent des émotions en collaboration avec les ingénieurs », de travailler sur des projets multisensorielles est une grande témoigne le jeune homme. qui sont autant de « challenges », fierté », déclare Guillaume En plus du design, qui l’a conduit qui demandent rigueur, technicité Allemon. Son métier, designer, à se diplômer de l’École de et… esprit d’innovation. Et pour consiste à imaginer les produits design Nantes Atlantique en 2017 lui, « pour être un bon designer, de demain, puis à les dessiner. (spécialité Design industriel), il ne faut pas subir les architectures Le défi ? Concilier désirabilité Guillaume Allemon est également des produits. Au contraire, il faut de l’objet et faisabilité passionné des nouvelles comprendre les contraintes techniques industrielle. Pour cela, technologies et de leurs usages. pour en saisir l’essence et en jouer ». F ondée en 2007, Devialet est une entreprise d’ingénierie acoustique à l’intersection du luxe et de la technologie de Chaque projet est unique.” pointe. Sa mission : redéfinir la place du son dans nos vies en offrant des expériences sonores uniques et im- pactantes. Tous ses produits, qui sont devenus iconiques, associent design élégant et fonctionnel et qualité sonore inégalée. En effet, ils intègrent des in- novations radicales, protégées par plus de 200 brevets, comme les enceintes Phantom et les amplificateurs Expert Pro. Devialet réalise plus de 65 % de son chiffre d’affaires à l’international.
VALENCE / RESTAURANT ANNE-SOPHIE PIC Baptiste Barras, SOUS-CHEF JUNIOR « Avec Anne-Sophie Pic, ce qui Il accompagne et galvanise une annonce pour la Maison Pic est bien c’est que l’on se remet en les équipes « avec une certaine et y entre en qualité de commis de question tous les jours, c’est une fermeté tout en restant à l’écoute ». cuisine. « Il faut de la volonté pour Maison en constante évolution. » Ayant depuis sa jeunesse durer, une endurance, une rigueur, À 27 ans, Baptiste Barras est une véritable appétence pour l’envie est primordiale, elle donne sous-chef junior au Restaurant la cuisine, Baptiste Barras a l’impulsion, la niaque ! » Son ultime Anne-Sophie Pic***. Son rôle est effectué un bac professionnel étape serait de devenir chef : d’aider et de contrôler chaque à Bonneville, en Haute-Savoie, « L’apprentissage, la réflexion poste attribué en cuisine, comme suivi de deux années de BTS et l'intelligence des produits, le garde-manger, les sauces, à Marseille, au lycée hôtelier. de nos équipes et des producteurs la garniture, le dressage… C’est en 2016 qu’il postule à n’ont pas fini d’inspirer ma voie. » L a Maison Pic à Valence, dans la Drôme, c’est tout d’abord le récit d’une famille de 3 généra- tions de chef(fe)s ayant marqué l’histoire. De nombreux plats font désormais partie du patrimoine gastronomique français depuis l'ouver- ture de l'Auberge l'Auberge du pin en 1889 par l’ar- rière-grand-mère, au Restaurant Anne- Sophie Pic*** d’aujourd’hui. La seule cheffe française la plus étoilée au monde n’a eu de cesse de faire évoluer sa trame aromatique. Sa cuisine est une plongée dans un univers où cohabitent tradition et modernité, féminité et mas- culinité, élégance et sobriété. La Mai- son Pic est un lieu qui évolue au fil des ans pour rendre tout séjour inoubliable. Il faut avoir un but, une envie, le courage et le cran de connaître des moments plus difficiles mais tellement gratifiants !” COM I T É COL B E R T
F ondé en 1960 par le peintre en décor Paul Mériguet, l’Ate- lier Mériguet-Carrère fait réfé- rence dans le monde des arts décoratifs. Ses 85 compagnons déploient leurs savoir-faire en matière de peinture décorative, dorure, travail des cuirs gaufrés… Ils mettent en œuvre des secrets ancestraux et des tech- Il faut oser se lancer, niques nées aux xviie et xviiie siècles. Les clients de l’Atelier sont prestigieux : ne pas avoir peur de faire le château de Versailles, la boutique un métier manuel. Boucheron, place Vendôme, le château d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé… Tant qu’on n’a pas essayé, on ne sait pas...” PARIS / ATELIER MÉRIGUET-CARRÈRE Gaëlle Heyart, DOREUSE ORNEMENTALISTE Cela n’allait pas de soi : Gaëlle « Cela avait l’air grandiose », fière d’arriver à allier les techniques Heyart est d’abord passée par se souvient la jeune femme qui, ancestrales de reparure et de un master de psychologie victimo- après avoir été apprentie pour restauration dans des monuments criminologie et un long voyage l’Atelier Mériguet-Carrère, remplis d’histoire, et en même temps, en Asie, avant, à 24 ans, de notamment au cabinet du de réaliser des œuvres très rencontrer… la dorure, lors d’une Dauphin du château de Versailles, contemporaines », témoigne-t-elle. visite à l’École La Bonne Graine, est aujourd’hui doreuse Petit plus, le métier permet de centre de formation aux métiers ornementaliste pour l’Atelier. « voir des lieux qu’on n’aurait jamais de l’ameublement, à Paris. « J’apprends tous les jours. Je suis vus dans la vie de tous les jours »…
Chaque expérience professionnelle contribue à tracer une voie.” I ssu d’une famille de vignerons, Rémy Martin crée sa maison de négoce d’eau-de-vie en 1724. Dès le début du xixe siècle, ses descen- dants exportent partout dans le monde. En 1874, Paul-Émile Rémy Mar- tin, incarnation de la cinquième géné- ration, crée un flacon inspiré d’une flasque en verre de la Renaissance. Il le réserve à sa « Grande Champagne, Très Vieille, Âge inconnu », assemblage d’eaux-de-vie des plus raf f inées conservées depuis plus d’un demi- siècle qui deviendra « Louis XIII ». Au- jourd’hui encore, Baptiste Loiseau, Maître de chai de la Maison Rémy Mar- tin installée à Cognac, compose cet assemblage unique. D e l p h i n e C a l m e t t e s, R E S P O N S A B LE A N A LYS E S E N S O R I E L LE La dégustation, un métier ? responsable analyse sensorielle ni formalisé, ni transmis par Il s’agit plutôt d’un « art singulier, aux côtés du Maître de chai, les livres. Il nécessite, après initiation, COGNAC / RÉMY MARTIN un merveilleux révélateur depuis deux ans. Sa mission : des perfectionnements et d’émotions. C’est ce qui me fait superviser les activités liées à un entraînement régulier », vibrer. L’olfaction, en particulier... la dégustation. En particulier, elle dévoile Delphine Calmettes. Par exemple, je me régale quand anime les séances – à l’aveugle – Toujours curieuse, elle voudrait il s’agit de sentir de très vieilles de la commission qui sélectionne « développer les connaissances eaux-de-vie, ces petits trésors aux les eaux-de-vie qui composeront et l’intérêt autour de l’analyse notes de rose, iris, lilas ou jasmin », les cognacs. Un art tout sensorielle... Il y a tellement confie Delphine Calmettes, en subtilités : « Il ne peut être à faire et à découvrir ! » COM I T É COL B E R T
PARIS / LE BRISTOL Johan Giacchetti, CHEF CHOCOLOTATIER Johan Giacchetti, chef chocolatier ce passionné de beaux produits Chocolate Master à Romorantin. du Bristol Paris, fabrique au parcours impressionnant. Né En 2016, il devient le chef les créations en chocolat et à Colombes, il apprend son métier chocolatier de Dalloyau avant les confiseries proposées dans à Paris, entre autres chez le très qu’Éric Frechon, légendaire chef ce palace : bonbons, ganaches, réputé pâtissier-chocolatier triplement étoilé du Bristol, ne lui pralinés, pâtes de fruit, guimauves Gérard Mulot. En 2009, à 21 ans, confie la chocolaterie du palace. ou caramels. « La liberté qui m’est il remporte la coupe de France Clés de son succès selon lui : accordée me permet d’exprimer des jeunes chocolatiers confiseurs « La curiosité, l’organisation, la discipline ma créativité et me motive à créer et en 2014, le concours d’entrée et le respect, des hommes comme toujours davantage », se réjouit à la première édition des World des produits. » L e Bristol Paris, inauguré en 1925, était précédemment un hôtel particulier acquis en 1829 par le comte Jules de Castellane. L’hôtel, refait dans le style clas- sique, prend le nom de « Bristol » en hommage à Frederick Hervey, 4e comte de Bristol, grand voyageur britannique. Le palace possède un salon en rotonde qui fut le théâtre privé du comte de Castellane. Désormais Le Bristol Paris abrite dans ses sous-sols quatre ate- liers : une cave à vin, une cave d’affinage à fromage, une boulangerie disposant de son propre moulin pour fabriquer le pain vivant, ainsi qu’une chocolaterie. Les créations des ateliers sont propo- sées aux clients de l’hôtel et également à l’Epicerie des Ateliers. Parmi le raffi- nement des assises Louis XV, la grâce du style Louis XVI et de l’épure du contemporain, Socrate, le chat sacré de Birmanie, se pavane… Il faut savoir se faire confiance et être indulgent avec soi-même tout en gardant un esprit de persévérance.”
Clémence Dardenne, DESIGNER PARIS / CHRISTIAN DIOR PARFUMS Clémence Dardenne décide au sein de l’agence Damian conception 3D en tenant compte très jeune de travailler dans O’Sullivan, aux Pays-Bas, des codes de la maison et de un domaine artistique. Après un lui donne ensuite l’opportunité son histoire. « Le riche patrimoine bac Arts appliqués à Vincennes, d’un premier contact avec de la maison Dior nous permet elle poursuit ses études à Paris la parfumerie. La jeune femme d’explorer avec d’infinies possibilités par un master en design packaging travaille aujourd’hui au sein ses codes, de les maintenir dans à l’École Strate. Elle débute du studio création packaging une contemporanéité dans le respect ensuite chez QSLD et Lunedi, de Christian Dior Parfums, de l’esprit et des savoir-faire deux agences de cosmétiques pour les parfums, le maquillage de la marque » Elle souhaite et de spiritueux où elle découvre et les soins. Elle collabore avec continuer d’explorer le monde le monde du luxe. Un passage le service marketing et la cellule de si varié du luxe. C hristian Dior fonde en 1946 la maison de couture qui porte toujours son nom. Dès 1947, il accompagne ses créations d’un parfum : Miss Dior, touche ultime de l’allure New Look. La saga cosmé- tique de la Maison se poursuit avec une gamme complète de maquillage et des soins pour la peau. Héritière de l’amour des fleurs et des jardins de Christian Dior, la Maison a rouvert les portes du Château de la Colle Noire, son havre de paix provençal, et multiplie dans toute la région des partenariats avec la jeune génération de producteurs de roses de mai et de jasmin. Des fleurs Dior pour les parfums Dior. En juin 2021, la Maison Dior a également signé les Worldwide Engagements for Mé- tiers d’Excellence, témoignage de sa volonté de défendre et de promouvoir ces métiers et ces savoir-faire. À chacun d’entre nous d’entretenir sa palette créative.” COM I T É COL B E R T
Je veux rester très créative tout en étant éthique.” E n cinquante ans, Guy Savoy a conquis le monde entier. Depuis l’ouverture de son premier res- taurant à Paris, en 1980, cet artisan du goût a créé des re- cettes emblématiques comme sa fa- meuse soupe d’artichaut à la truffe noire... Il est désormais installé dans un lieu unique au cœur du Paris historique : la Monnaie de Paris, le Louvre, le Pont- Neuf, les Bouquinistes, l’Institut de France s’of frent aux yeux de ses convives depuis les hautes fenêtres de ses salons. Triplement étoilée, la table de Guy Savoy vient aussi d’être consa- crée « Meilleur Restaurant du Monde » par La Liste, pour la cinquième année consécutive. Camille Renouard, COMMIS Chaque matin, Camille Renouard, détours avant d’intégrer construit ». « Tout va très vite quand PARIS / RESTAURANT GUY SAVOY commis au restaurant, ouvre un restaurant... Passionnée de on montre qu’on est motivé et que les différents types d’huîtres cuisine depuis l’enfance, la jeune l’on sent que c’est sa voie » : Camille tout juste arrivées et en assure femme travaillait pourtant Renouard entend continuer à se les préparations : tartares, nages, dans les études de marché avant perfectionner en travaillant dans crème... « C’est un très joli poste », d’oser changer de métier : d’autres restaurants, y compris commente la jeune femme de un CAP et un brevet professionnel à l’étranger, pour, ensuite, 27 ans, ravie de se spécialiser en alternance plus tard, ouvrir le sien. Avec des produits sur un seul produit et d’être elle postule chez Guy Savoy. locaux et de saison, l’utilisation autonome, puisqu’elle assure Pour la créativité de sa cuisine d’énergies renouvelables, jusqu’à la mise en place des plats. et aussi parce qu’elle admire une équipe qui lui ressemble... Elle a fait néanmoins quelques la trajectoire du chef, qui a « tout et dans la bonne humeur.
Fabriquer des produits en France est une fierté.” C’ e s t en 19 4 8 q u e J e a n Cassegrain réinvente les codes du luxe moderne sous la marque Longchamp. À l’origine, spécialisée dans la fabrication de pipes gainées de cuir, la Maison a élargi son savoir-faire aux ac- cessoires de voyage, sacs à main, prêt- à-porter... et rayonne désormais dans le monde entier. Longchamp est toujours dirigée par sa famille fondatrice. Elle s’attache à préserver le savoir-faire ar- tisanal et l’innovation, qui nourrissent s a d émarch e d e d évelo p p em en t durable. Germain Geraud, ARTISAN MAROQUINIER « Je suis très fier de travailler dans À présent, il est polyvalent sur Maroquinerie. Lors d’un stage, une maison française familiale ces opérations. « Il faut être patient « ma rencontre avec le directeur de renommée internationale, qui a et à l’écoute » pour répondre technique de l’époque chez conservé des ateliers dans la vallée aux exigences de « l’excellence Longchamp a été décisive. PARIS / LONGCHAMP de la Loire », déclare Germain Geraud, et la qualité », dévoile le jeune J’ai beaucoup appris auprès de lui 22 ans. Cela fait quatre ans déjà homme. C’est par amour du cuir et me suis tout de suite projeté dans qu’il est artisan maroquinier au sein – son père travaillant dans cette entreprise », se souvient du secteur coupe cuir, coupe toile le milieu équestre –, qu’il a Germain Geraud. Qui n’a qu’une et préparation sur le site industriel décidé de réaliser un bac envie : continuer ce « métier Longchamp de Segré (49). professionnel Métier du cuir option passionnant » et s’améliorer encore... COM I T É COL B E R T
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