Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production

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Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
Collection
Daniel Varenne
L’inventaire irrationnel

MARDI 22 OCTOBRE 2019
PIASA
Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
Contacts Département Art Moderne    Contact Presse
et Contemporain
                                         Romain Arazm
  Florence Latieule                      T. +33 1 53 34 10 37
  Tél. : +33 1 53 34 10 03               r.arazm@piasa.fr
  f.latieule@piasa.fr

  Laura Wilmotte-Koufopandelis
  Tél. : +33 1 53 34 13 27
  l.wilmotte@piasa.fr

  Margot Denis-Lutard
  Tél. : +33 1 53 34 10 02
  m.denis-lutard@piasa.fr

  Marta Ometto
  Tél. : +33 1 53 34 10 07
  m.ometto@piasa.fr

  Domitille d’Orgeval
  Tél. : +33 1 53 34 13 26
  d.dorgeval@piasa.fr

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Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
Collection
Daniel Varenne
L’inventaire irrationnel
Evening Sale

Vente : mardi 22 octobre 2019 à 19 h

  PIASA
  118 rue Faubourg Saint-Honoré 75 008 Paris

Exposition publique

  Vendredi 18 octobre 2019 de 10 à 18 heures
  Samedi 19 octobre 2019 de 11 à 18 heures
  Dimanche 20 octobre 2019 de 14 à 18 heures
  Lundi 21 octobre 2019 de 10 à 18 heures
  Mardi 22 octobre 2019 de 10 à 12 heures

  Téléphone pendant l’exposition et la vente
  +33 1 53 34 10 10 / +33 1 53 34 10 03

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Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
Détail lot 36

Détail lot 15
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C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                              Détail lot 55

                                                              Détail lot 18
Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
Détail lot 67

Détail lot 02
Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                       PIASA a l’honneur de présenter la collection du grand galeriste d’art moderne
                                                                                       et contemporain, Daniel Varenne, disparu en mars 2018. Celle-ci donnera
                                                                                       lieu à trois ventes exceptionnelles qui se dérouleront en plusieurs vacations
                                                                                       à partir du mardi 22 octobre. Une première vente regroupera les œuvres les
                                                                                       plus significatives de la collection : Jean Dubuffet, Christo et Jeanne-Claude,
                                                                                       Ben, Jean-Pierre Raynaud, Daniel Spoerri, Saul Steinberg ... Le mercredi 23
                                                                                       octobre, une deuxième vente présentera les artistes défendus par la galerie
                                                                                       tels que Danièle Akmen, David Bowes, John Armleder, Sylvie Fleury, Anselme
                                                                                       Boix- Vives ... Elle sera suivie d’une troisième vente consacrée exclusivement
                                                                                       à Alain Jacquet, un des artistes majeurs de la galerie.

                                                                                       S’annonçant comme un formidable événement, ces ventes témoigneront de
                                                                                       l’immense ouverture d’esprit de Daniel Varenne, qui avait installé sa galerie
                                                                                       à Genève depuis 1978. C’est à Paris qu’il démarre dans les années 1950 sa
                                                                                       carrière, en découvrant l’œuvre de Jean Dubuffet qui fut à l’origine de sa
                                                                                       passion pour l’art. Il en deviendra le marchand, puis celui de Christo ou de
                                                                                       Joseph Cornell qu’il rencontre quelques temps après. À Genève, où il s’installe
                                                                                       en 1978, Daniel Varenne se démarque par son regard aigu et ses talents de
                                                                                       découvreur, qui le conduisent à s’intéresser très tôt à Gordon Matta-Clark,
                                                                                       à Cindy Sherman puis à soutenir des jeunes artistes suisses, tels que Urs
                                                                                       Lüthi, John Armleder ou bien encore Sylvie Fleury. Sa curiosité n’avait pas
                                                                                       de frontière et, fort de ses années de jeunesse qu’il avait passé aux Etats-
                                                                                       Unis, Daniel Varenne s’intéresse aussi à la scène artistique américaine et
                                                                                       défendra durant toute sa carrière l’œuvre de Tony Fitzpatrick, Gary Lang,
                                                                                       Clayton Pond, Donald Sultan, Chris Roberts-Antieau et David Budd.

                                                                                       Daniel Varenne, plutôt que de se limiter à un courant artistique déterminé,
                                                                                       s’impose par son remarquable éclectisme et n’hésite pas à organiser des
                                                                                       expositions où sont associées les œuvres d’Alain Jacquet, de Danièle Ackmen
                                                                                       et d’Anselm Boix-Vives. Mais c’est aussi en présentant de manière durable le
                                                                                       travail de Christo et Jeanne-Claude (dont il préparait le catalogue raisonné),
                                                                                       de Daniel Spoerri, de Jean-Pierre Raynaud, de Ben, de Gilbert & Georges
                                                                                       et d’Alain Jacquet que Daniel Varenne a imposé sa galerie sur la scène
                                                                                       internationale.

                                                                                       Rendant hommage à l’admirable galeriste que fut Daniel Varenne, PIASA,
                                                                                       à travers ces ventes exceptionnelles, espère perpétuer à travers le temps
                                                               © Droits réservés (1)

                                                                                       l’esprit audacieux de sa collection.

Daniel Varenne
Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
ƒ 01 . Pierre Bonnard (1867-1947)
                       Esquisse pour deux baigneuses ou le printemps, 1902
                       Bronze à patine brune
                       Porte le cachet « Esquisse pour deux baigneuses
                       P. Bonnard », numéroté « 9/15 » à la base
                       Fonderie Valsuani cire perdue
                       18 × 14 × 10 cm
                       4 000 / 6 000 €

                          01
Détail lot 01
Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                              Saul Steinberg (1914-1999), d’origine roumaine et dont toute la carrière s’est
                                                              déroulée de 1942 à 1999 à New York, s’est fait connaître du grand public
                                                              par sa collaboration comme illustrateur au célèbre magazine The New
                                                              Yorker durant près de soixante ans. Il aimait se définir comme un « écrivain
                                                              qui dessine » et sa renommée tient à l’esprit mordant avec lequel il a su
                                                              dénoncer les stéréotypes de l’« american way of life », les symboles de la
                                                              société américaine, ses mythes et institutions. Son immense culture, sa
                                                              connaissance des mouvements d’avant-gardes, le surréalisme notamment,
                                                              sont à l’origine de son goût pour l’expérimentation de toute technique, en
                                                              particulier le collage et le trompe-l’œil. Participant dès 1946 à l’exposition
                                                              « Fourteen Americans » au Museum of Modern Art de New York aux côtés
                                                              d’Arshile Gorky, Mark Tobey, ou de Robert Motherwell, Steinberg, considéré
                                                              plus comme un artiste qu’un illustrateur, a été exposé très tôt par les galeries
                                                              Betty Parsons et Sidney Janis à New York, et à la galerie Maeght à Paris. Il
                                                              compte parmi ses fils spirituels Bosc, Chaval, Sempé et Tomi Ungerer dont
                                                              le musée éponyme lui a consacré à Strasbourg une rétrospective en 2009.

                                                              En 1986, Jean Frémon, dans son introduction au numéro de « Repères »1
                                                              dédié à Saul Steinberg, écrivait très justement à son sujet : « un dessin de
                                                              Steinberg est un piège pour le commentateur. Nos phrases sont superflues,
                                                              pures, gênantes. Toute la qualité d’un dessin de Steinberg tient dans sa
                                                              capacité à se dérober à l’explication. Si le dessin est réussi, l’explication est
                                                              immédiate, évidente, inutile. Son sens est instantané et global. Etiré dans
                                                              le temps linéaire du discours, il se dilue, s’appauvrit. Le discours, quant à
                                                              lui, est d’avance vidé de son contenu par le dessin lui-même. Le commen-
                                                              tateur n’a d’autre choix qu’entre la redondance ou la fuite en avant dans
                                                              une complexité d’analyse qui dit assez toute la vanité de l’entreprise. »

                                                              1 Jean Frémon, « Repères », Cahiers d’art contemporain no 30, 1986, Galerie Maeght-
                                                              Lelong, non paginé

                                              Détail lot 08
Daniel Varenne Collection - MARDI 22 OCTOBRE 2019 PIASA - piasa production
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                                                       © Droits réservés (1)
Saul Steinberg

                                                                                                                                               02

                                                          ƒ 02 . Saul Steinberg (1914-1999)
                                                                 Florida, 1953
                                                                 Encre de chine sur papier
                                                                 Signé et daté en haut à gauche
                                                                 Contresigné, daté et annoté en bas à gauche :
                                                                 « Passport copyright 1954 Saul Steinberg »
                                                                 37 × 58 cm
                                                                Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                                Exposition : Strasbourg, Musée Tomi Ungerer -
                                                                Centre international de l’Illustration, « Saul
                                                                Steinberg, l’écriture visuelle », 27 novembre 2009 -
                                                                28 février 2010, reproduit au catalogue sous le
                                                                no 99, p. 180
                                                                12 000 / 18 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                              03

                                         ƒ 03 . Saul Steinberg (1914-1999)
                                                Bridge no 132, 1953
                                                Encre de chine sur papier
                                                Signé et daté en bas à droite
                                                57,5 × 74 cm
                                               Provenance : Daniel Varenne, Galerie Le Clos
                                               de Sierne, Genève
                                               12 000 / 18 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                        ƒ 04 . Saul Steinberg (1914-1999)

                                                                                            04
                                               Uncle Sam U.S.A., 1964
                                               Encre sur papier
                                               Signé et daté en bas à gauche
                                               58 × 36,5 cm
                                              Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                              12 000 / 18 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                             05

                                         ƒ 05 . Saul Steinberg (1914-1999)
                                                Sans titre, (Paysage égyptien), 1965
                                                Encre et collage sur papier
                                                Signé et daté en bas à droite
                                                37,5 × 43,8 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               12 000 / 18 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                                    06

                                         ƒ 06 . Saul Steinberg (1914-1999)
                                                Sans titre, (Autoportrait), circa 1966
                                                Encre de chine, crayon et tampon sur papier
                                                Signé sur l’ensemble de l’œuvre
                                                36.7 × 48 cm
                                               Provenance :
                                               - Pace Wildenstein, New York
                                               - Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               Exposition : Strasbourg, Musée Tomi Ungerer
                                               - Centre international de l’Illustration, « Saul
                                               Steinberg, l’écriture visuelle », 27 novembre 2009
                                               - 28 février 2010, reproduit au catalogue sous
                                               le no 41, p. 110
                                               12 000 / 18 000 €
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                                         ƒ 07 . Saul Steinberg (1911-1999)
                                                Architecture, 1966
                                                Encre de chine et encres de couleur sur papier
                                                                                                 07
                                                Signé et daté en bas à droite
                                                70 × 55 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               12 000 / 18 000 €
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lot 8 : verso

                                                         ƒ 08 . Saul Steinberg (1914-1999)
                                                                                                                  08
                                                                Time and Space, 1968
                                                                Encre de chine sur papier
                                                                Signé en bas à droite
                                                                56 × 76 cm
                                                               Provenance :
                                                               - Sydney Janis Gallery, New York
                                                               - Galerie Beyeler, Bâle
                                                               - Kestner-Gesellschaft, Hanovre
                                                               - Galerie Ynguanzo, Madrid
                                                               - Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                               Expositions :
                                                               - New York, Whitney Museum of American Art,
                                                               « Saul Steinberg », 1968, reproduit au catalogue
                                                               sous le no 152
                                                               - Saint-Paul de Vence, Fondation Maeght, « Saul
                                                               Steinberg », 1978-1979
                                                               - Londres, Crane Kalman Gallery, « Essence
                                                               of Humour », octobre - novembre 1997
                                                               12 000 / 18 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                         ƒ 09 . Hans Bellmer (1902-1975)
                                                Têtes, 20. I 62
                                                Crayon sur papier
                                                Signé en bas à gauche
                                                Daté en bas à droite
                                                15,5 × 20 cm
                                               Provenance :
                                               - Galerie Daniel Varenne, Paris
                                               - Daniel Varenne, Galerie Le Clos de Sierne,
                                               Genève
                                               10 000 / 15 000 €                              09
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                                                                                                                       11
                                                                                                      ƒ 10 . Anselme Boix-Vives (1899-1969)                     ƒ 11 . Anselme Boix-Vives (1899-1969)
                                                                                                             Gemmail, 1964                                             Un Monsieur respectable, 1964
                                                                                                             Gouache sur carton                                        Gouache sur carton
                                                                                                             92,5 × 67 cm                                              Signé en bas à droite
                                                                                                            Provenance :                                               80,5 × 59,5 cm
                                                                                                            - Galerie Breteau, Paris                                 Provenance :

                                                                         10
                                                                                                            - Galerie Daniel Varenne, Genève                         - Galerie Breteau, Paris
                                                                                                            Expositions:                                             - Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                                                                            - Martigny, Manoir de la Ville de Martigny,              Expositions:
                                                                                                            « Anselme Boix-Vives dans les collections                - Martigny, Manoir de la Ville de Martigny,
                                                                                                            suisses », 25 septembre - 30 octobre 1994,               « Anselme Boix-Vives dans les collections
                                                                                                            reproduit au catalogue en couleur, non paginé.           suisses », 25 septembre - 30 octobre 1994,
                                                                                                            - Paris, FIAC (Foire Internationale d’Art                reproduit au catalogue en couleur, non paginé
Anselme Boix-Vives, grand ordonnateur de la vie lunaire, va raconter et peindre une                         Contemporain), Galerie Daniel Varenne Genève,
                                                                                                            1 - 6 octobre 1997
                                                                                                                                                                     - Paris, FIAC (Foire Internationale d’Art
                                                                                                                                                                     Contemporain), Galerie Daniel Varenne Genève,
nouvelle société. Elle sera sienne. Exempte de crimes, car en apesanteur.                                   - Genève, Galerie Daniel Varenne, « Anselme Boix-        1 - 6 octobre 1997
                                                                                                            Vives », 24 septembre - 27 novembre 1998                 - Genève, Galerie Daniel Varenne, « Anselme Boix-
Avec ses faiblesses, à l’image de l’homme.                                                                  Bibliographie :                                          Vives », 24 septembre - 27 novembre 1998
Les hommes et les femmes, les animaux vrais ou faux, les bois et les fleurs,                                - V. Boix-Vives, M.-C. Sainsaulieu, « Anselme            Bibliographie :
                                                                                                            Boix-Vives 1899-1969 : monographie, Catalogue            - V. Boix-Vives, M.-C. Sainsaulieu, « Anselme
ses dignitaires et ses curés, sous rassemblés dans le calice de plus que parfait vont                       Raisonné. Volume I : 1962-1964 », Éditions de            Boix-Vives 1899-1969 : monographie, Catalogue
s’immerger dans un silence radieux où leurs vies ordinaires vont se métamorphoser                           la Différence, Paris, 2003, reproduit en couleur,
                                                                                                            p. 405
                                                                                                                                                                     Raisonné. Volume I : 1962-1964 », Éditions de
                                                                                                                                                                     la Différence, Paris, 2003, reproduit en couleur,
en destin de lune.                                                                                          - J.-D. Jacquemond, « Boix-Vives », Tendance Pap         p. 417
                                                                                                            l’Art, Lyon, septembre - octobre 1994, reproduit         - J.-D. Jacquemond, « Boix-Vives », Tendance Pap
Et l’artiste propulse son plan de paix.                                                                     en couleur p. 2                                          l’Art, Lyon, septembre- octobre 1994, reproduit
La poésie face à la douleur. L’ironie face à la violence.                                                   - M.-C. Sainsaulieu, «Anselme Boix-Vives»,               en couleur p. 2
                                                                                                            Éditions Acatos, Lausanne, 1998, reproduit               - M.-C. Sainsaulieu, « Anselme Boix-Vives »,
                                                                                                            en couleur p. 109                                        Éditions Acatos, Lausanne, 1998, reproduit
V. Boix-Vives, M.-C. Sainsaulieu, « Anselme Boix-Vives 1899-1969 : monographie, Catalogue Raisonné.         3 000 / 4 000 €                                          en couleur p. 109
Volume I : 1962-1964 », Éditions de la Différence, Paris, 2003, p. 59                                                                                                3 000 / 4 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                              Artiste majeur de la seconde moitié du xxe siècle, Jean Dubuffet (1901-1985)
                                                              s’est singularisé par son opposition farouche à la culture dominante, à l’art
                                                              institutionnel, et en contrepartie, par son engagement en faveur de l’art
                                                              brut (celui des enfants, des aliénés, et de tous les marginaux rejetés par les
                                                              circuits officiels). Ses recherches sur la matière, les textures et les formes ont
                                                              donné naissance à une œuvre libérée de tout code et de toute contrainte
                                                              stylistique mais non moins ambitieuse, organisée en série et accompagnée
                                                              d’une production littéraire intense.

                                                              Après avoir exercé le métier de négociant en vin, et s’être passionné tour à
                                                              tour dans les années 1930 pour les hiéroglyphes égyptiens, les idéogrammes
                                                              chinois ou les calligraphies romanes, Dubuffet décide de se consacrer exclu-
                                                              sivement à la peinture en 1942. Il se fait connaître avec l’exposition orga-
                                                              nisée par la galerie René Drouin à Paris Marionnettes de la ville et de la
                                                              campagne,1944, préfacée par Jean Paulhan, et qui suscite scandale et
                                                              controverse.

                                                              En quête d’authenticité et de primitivisme, Dubuffet effectue plusieurs
                                                              voyages au Sahara de 1947 à 1949. Cette expérience du désert, du dénue-
                                                              ment extrême et de l’espace infini, le conduit à créer ses étranges paysages
                                                              « du mental » ainsi que ses travaux de textures (« Texturologies », 1957-1959),
                                                              monochromes denses et saturés dont les « Matériologies » (1959-1960)
                                                              constituent l’aboutissement. C’est à cette dernière série qu’appartiennent
                                                              les « Aires », dont nous présentons une œuvre ici (Aire parcourue, 4 octobre
                                                              1960 (lot 12)), et dont la particularité est de délaisser le caractère pure-
                                                              ment matiériste des travaux précédents, comme l’a analysé Max Loreau,
                                                              ami et exégète de Dubuffet : « il s’agit en somme d’y obtenir l’équivalent
                                                              de matières purement physiques, – les Matériologies – par les seuls tracés
                                                              de la plume, et par là même de faire en sorte que le matériau naturel et
                                                              le graphisme délibérément abstrait s’unissent au fil d’un geste en quoi
                                                              toutes choses se tissent d’un trait – réel, immatériel, sans distinction dans
                                                              les mêmes rythmes. Quoi d’étonnant dès lors qu’un nombre important des
                                                              dessins qui naissent en octobre 1960 portent dans leur titre le mot « aire » ?
                                                              Du reste, la série elle-même dans son ensemble, s’intitule « Aires et sites ».
                                                              Ce ne sont d’un bout à l’autre que nappes d’écritures anarchiques et fermes,
                                                              balbutiantes et autoritaires, fragiles et décidées, formant des écheveaux
                                                              de pullulement incohérents et cahoteux. Plusieurs d’entre elles comportent
                                                              des éléments semblables à des lettres ; lettres curieuses – inachevées ? Trop
                                              Détail lot 16
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                      longtemps prolongées ? – issues d’alphabets effacés, mal formés, sans autre
                                                                                      sens que celui de manifester l’intrusion du faiseur et d’imposer ainsi à
                                                                                      l’espace matériologique l’ordre quelconque de maigres inscriptions insigni-
                                                                                      fiantes - toutes proches encore des trames de la matière (« Aire II »). Sur ces
                                                                                      dessins s’achèvent les Matériologies et, avec elles, prennent fin les travaux
                                                                                      de textures qui, depuis 1951, ont occupé le peintre au point de colorer tous
                                                                                      ses gestes et pensées.1 »

                                                                                      Parmi les autres réalisations de Dubuffet que nous présentons, figurent
                                                                                      Paysage avec deux personnages, 30 mai 1980 (lot 15) et Paysage avec un
                                                                                      personnage, 4 août 1980 (lot 16), qui appartiennent aux dernières années de
                                                                                      création de l’artiste. Elles ne sont pas éloignées des « Psycho-Sites » (1980-
                                                                                      1981) où tout repère géographique (sol, ciel, etc.) disparaissent tandis qu’y
                                                                                      sont insérés des personnages par le biais du collage. Ces œuvres, exécutées
                                                                                      à un moment où Dubuffet se remet à travailler après une période d’inter-
                                                                                      ruption forcée, sont emblématiques de sa nouvelle manière, qui se limite
                                                                                      au genre du dessin, à l’usage du feutre noir et au thème du paysage. Voici
                                                                                      ce qu’a écrit Alfred Pacquement à leur sujet : « Là encore, comme dans les

                                                              © Droits réservés (1)
                                                                                      « théâtres de mémoire » précédents, le procédé consiste à tailler dans des
                                                                                      dessins préalables des formes découpées. Mais celles-ci viennent désormais
                                                                                      s’appliquer sur un réseau de lignes en une opération en deux temps dont la
                                                                                      fusion viendra révéler l’espace et les acquis de l’une et de l’autre. Il ne s’agit
                                                                                      donc plus ici d’associer des figurations hétéroclites, plutôt de solidariser
Jean Dubuffet                                                                         des textures linéaires indéterminées (composant un fond) et les découpes
                                                                                      superposées de personnages (composant les figures) et ce de façon quasi
                                                                                      systématique. Comme Dubuffet l’écrit, dans une lettre à Claude Simon, on y
                                                                                      observe l’homme non plus régnant mais englobé ou plutôt encastré au sein
                                                                                      de la nature ». Certes, l’homme que Dubuffet décrit, n’a jamais fait preuve
                                                                                      d’une relation dominatrice à la nature ; il est, comme on le sait, « homme
                                                                                      du commun à l’ouvrage ». Mais le voici effectivement absorbé par la texture
                                                                                      géologique, et confondu en quelque sorte avec le paysage. 2 »

                                                                                      1 Max Loreau, « Jean Dubuffet. Délits – Déportements - Lieux de haut jeu », Weber
                                                                                      éditeur, Lausanne, 1971, p. 346-347.

                                                                                      2 Alfred Pacquement, « Sites aux figurines », in cat. exp. « Jean Dubuffet. Les dernières
                                                                                      années », Galerie nationale de Jeu de Paume, Paris, 1991, p. 113-114.
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                                                                                               12

                                        ƒ 12 . Jean Dubuffet (1901-1985)
                                               Aire parcourue, 4 octobre 1960
                                               Encre de chine sur papier
                                               Signé et daté en bas vers la gauche
                                               50 × 65 cm
                                              Provenance :
                                              - Sidney Janis Gallery, New York
                                              - Galerie Daniel Varenne, Genève
                                              Bibliographie : Max Loreau, « Catalogue des
                                              Travaux de Jean Dubuffet - Fascicule XVII :
                                              Matériologies, (1959-1960) », Les Éditions
                                              de Minuit, Weber Editeur, 1969, reproduit sous
                                              le no 166, p. 134
                                              40 000 / 60 000 €
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                                         ƒ 13 . Jean Dubuffet (1901-1985)
                                                Paysage, juin 1960
                                                Encre de chine sur papier
                                                Signé des initiales et daté en haut à gauche
                                                33 × 25 cm
                                               Provenance :
                                               - Richard Feigen Gallery, New York
                                               - Collection Daniel Varenne, Genève
                                               Expositions :
                                               - New York, The Solomon R. Guggenheim
                                               Museum, « Jean Dubuffet, Une Rétrospective »,
                                               26 avril - 29 juillet 1973, reproduit sous le no 49
                                               - Paris, Grand-Palais, « Jean Dubuffet, Une
                                                                                                     13
                                               Rétrospective », 27 septembre - 20 décembre 1973
                                               Bibliographie : Max Loreau, « Catalogue
                                               des Travaux de Jean Dubuffet - Fascicule XVIII :
                                               Dessins 1960 », Les Éditions de Minuit, Weber
                                               Éditeur, 1969, reproduit sous le no 82, p. 49
                                               40 000 / 60 000 €
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                                         ƒ 14 . Jean Dubuffet (1901-1985)
                                                Personnage dans un paysage, mai - juin 1960
                                                Encre de chine sur papier
                                                Signé des initiales et daté en haut à droite

                                                                                                    14
                                                33 × 25 cm
                                               Provenance :
                                               - Ancienne Collection Madame de Gavardie
                                               - Collection Daniel Varenne, Genève
                                               Bibliographie : M. Loreau, « Catalogue des Travaux
                                               de Jean Dubuffet - Fascicule XVIII : Dessins,
                                               1960 », Les Éditions de Minuit, Weber Editeur,
                                               1969, reproduit sous le no 75, p. 45
                                               40 000 / 60 000 €
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                                         ƒ 15 . Jean Dubuffet (1901-1985)
                                                Paysage avec deux personnages, 30 mai 1980
                                                Encre de chine sur papier (avec deux pièces
                                                rapportées collées)
                                                Signé des initiales et daté en bas à gauche

                                                                                                       15
                                                35 × 25,5 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               Bibliographie : Max Loreau, « Catalogue des
                                               Travaux de Jean Dubuffet - Fascicule XXXIII : Sites
                                               aux figurines, Partitions (1980-1981) », Les Éditions
                                               de Minuit, 1982, reproduit sous le no 60, p. 28
                                               40 000 / 60 000 €
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                                         ƒ 16 . Jean Dubuffet (1901-1985)
                                                Paysage avec un personnage, 4 août 1980
                                                Encre de chine sur papier (avec une pièce
                                                rapportée collée)
                                                Signé des initiales et daté en haut à gauche
                                                51 × 35 cm
                                               Provenance :
                                               - Galerie Art & Public, Genève
                                               - Collection Daniel Varenne, Genève
                                               Bibliographie : Max Loreau, « Catalogue des
                                                                                                       16
                                               Travaux de Jean Dubuffet - Fascicule XXXIII : Sites
                                               aux figurines, Partitions (1980-1981) », Les Éditions
                                               de Minuit, 1982, reproduit sous le no 124, p. 49
                                               50 000 / 70 000 €
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                                                              Christo est le nom d’artiste revendiqué par Christo Vladimiroff Javacheff,
                                                              né le 13 juin 1935 à Gabrovo en Bulgarie, et Jeanne-Claude celui de Jeanne-
                                                              Claude Denat de Guillebon, née le même jour à Casablanca au Maroc. Il
                                                              est l’incarnation d’une volonté de collaboration artistique qui refuse la mise
                                                              en avant de l’ego et outrepasse les catégories traditionnellement admises,
                                                              puisque leurs œuvres comprennent la sculpture, le dessin, la photogra-
                                                              phie, l’architecture, et que les artistes interviennent dans des domaines qui
                                                              relèvent tant de l’urbanisme, de l’écologie que du politique.

                                                              Christo se signale sur la scène artistique lorsqu’il arrive à Paris en 1958 et
                                                              qu’il réalise ses premiers « Empaquetages » et Objets empaquetés qui lui
                                                              valent d’être intégré au groupe des Nouveaux Réalistes par Pierre Restany.
                                                              Les premiers projets monumentaux de Christo datent de 1961, année où
                                                              il réalise un empilement de barils et des empaquetages dans les docks du
                                                              port de Cologne. En 1962, il érige un mur de barils d’essence rue Visconti à
                                                              Paris, intitulée Rideau de fer, en signe de protestation contre l’édification
                                                              du Mur de Berlin l’année précédente.

                                                              Lorsque Christo et Jeanne-Claude s’installent définitivement à New York à
                                                              partir de 1964, ils développent la série des « Store Fronts », initiée en 1961.
                                                              Ces œuvres ont pour point de départ un premier ensemble de devantures
                                                              exécuté en 1963 à partir de vraies vitrines en verre auxquelles avait été
                                                              ajouté de la lumière électrique et dont les faces internes des vitres avaient
                                                              été recouvertes par du papier, de la peinture ou du tissu, afin d’en dissimuler
                                                              l’intérieur.

                                                              La série des « Store Fronts » consiste en la réalisation de devantures gran-
                                                              deur nature directement inspirées de l’architecture de New York et pour
                                                              lesquelles sont exécutées au préalable des schémas, des photomontages, ou
                                                              des maquettes. Elles retiendront Christo et Jeanne-Claude pendant quatre
                                                              ans, période qui s’achève par l’exposition de sa plus grande pièce du genre,
                                                              une « Devanture corridor », à la 4e Documenta de Kassel, en 1968.

                                                              Sur ces quatre années, on observe l’évolution dans les choix de Christo et
                                                              Jeanne-Claude de vitrines d’un style ancien vers un style plus contemporain,
                                                              comme le montre le passage de Green Store Front, 1964 (lot 19) à Corridor
                                                              Store Front, 1966 (lot 17), avec pour les dernières œuvres une volonté de
                                                              devantures délibérément neutres, présentant des lignes raides et strictes,
                                                              des couleurs limitées, dont la particularité est finalement d’en avoir aucune.

                                                              Ces devantures, construites en bois et en Plexiglas mais aussi en métal
                                                              galvanisé et en aluminium, marquent un tournant décisif dans l’évolution
                                                              du travail de Christo et Jeanne-Claude. Elles préfigurent le travail à venir
                                                              par l’emploi de matériaux de nature industriels et également par le recours
                                                              au procédé du voilement visant à susciter la curiosité du spectateur et son
                                              Détail lot 19

                                                              désir de voir. Tout comme dans leurs travaux d’architecture ultérieurs, la
                                                              particularité des « Store Front » réside dans le paradoxe de leur masquage,
                                                              leur présence sous-jacente et mystérieuse.
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                                                                                                    17

                                              ƒ 17 . Christo et Jeanne-Claude (né en 1935
                                                     et 1935‑2009)
                                                     Corridor store front, (project), 1966-67
                                                     Montage sous Plexiglas en deux parties
                                                     assemblées par une structure métallique
                                                     Crayon sur carton découpé dans un emboîtage
                                                     en Plexiglas
                                                     72 × 55.5 cm
                                                     Crayon sur carton marouflé sur panneau
                                                     (à l’interieur)
                                                     Daté et titré en haut
                                                     72 × 55.5 cm
                                                    Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                    Cette œuvre est enregistrée dans les Archives
                                                    Christo
                                                    40 000 / 60 000 €
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                                                                                                  18
                                         ƒ 18 . Christo et Jeanne-Claude (né en 1935
                                                et 1935‑2009)
                                                Store front’s, (Project part I and II), 1964-65
                                                Fusain et crayon gras de couleur sur papier
                                                calque scotché sur carton
                                                Signé et daté en bas à droite
                                                Titré en bas vers la gauche
                                                69 × 53,5 cm
                                                Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                Cette œuvre est enregistrée dans les Archives
                                                Christo
                                                30 000 / 50 000 €
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                                         ƒ 19 . Christo et Jeanne-Claude (né en 1935
                                                et 1935‑2009)
                                                Green store front (project) n. 138" × 98" × 12", 1964
                                                Gouache, crayon, collage de tissu et métal
                                                                                                        19
                                                sur papier dans un emboîtage en Plexiglas
                                                Signé et daté en bas à droite, titré en bas
                                                à gauche
                                                68,5 × 61 cm
                                                Provenance :
                                                - Annely Juda Fine Art, Londres
                                                - Daniel Varenne, Galerie Le Clos de Sierne,
                                                Genève
                                                Cette œuvre est enregistrée dans les Archives
                                                Christo
                                                40 000 / 60 000 €
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                                                                                                                                © Droits réservés (1)
Christo et Jeanne-Claude

                                                                    ƒ 20 . Christo et Jeanne-Claude (né en 1935
                                                                           et 1935‑2009)
                                                                           Running Fence (project for Sonoma Country, and
                                                                           Marin Country, State of California), 1973
                                                                                                                                                        20
                                                                           Crayon et collage sur papier contrecollé sur toile
                                                                           contrecollée sur carton dans un emboîtage en
                                                                           Plexiglas
                                                                           Signé et daté en bas à droite
                                                                           Titré en bas au centre
                                                                           55.7 × 71 cm
                                                                          Provenance : Daniel Varenne, Galerie Le Clos
                                                                          de Sierne, Genève
                                                                          Cette œuvre est enregistrée dans les Archives
                                                                          Christo
                                                                          30 000 / 50 000 €
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                                                              Vivant à Nice depuis l’âge de 14 ans, Ben (né en 1935) entre dans l’histoire
                                                              de l’art en 1956 en décidant d’exécuter comme forme abstraite inédite une
                                                              banane. Les critères qui motivèrent son choix furent ceux privilégiés par
                                                              l’idéologie créatrice du xxe, la nouveauté et l’exaltation de l’ego. Cepen-
                                                              dant, Ben se révèle très vite bien plus cynique dans sa mise en question du
                                                              phénomène artistique. Profondément marqué par Duchamp, il décide en
                                                              1960 de porter à son paroxysme la logique du ready-made et signe systé-
                                                              matiquement ce qui ne l’avait jamais été, les poules, les trous, Dieu… Il lui
                                                              rendra le plus grand des hommages à travers sa Boîte de Duchamp, 1979
                                                              (lot 26), extravagant bric-à-brac d’objets hétéroclites et insolites contenu
                                                              dans une malle, à la manière d’un petit musée. Prônant la dissolution entre
                                                              l’art et la vie, Ben déclare en total iconoclaste : « Tout est art ». À cette
                                                              époque où il fréquente les artistes du Nouveau Réalisme, il est invité par
                                                              Daniel Spoerri en 1962 à exposer à la Misfits Fair de Londres : sa participa-
                                                              tion consistera à vivre pendant quinze jours dans la vitrine d’une galerie.
                                                              De retour à Nice, il se lance dans une active opération de propagande
                                                              pour Fluxus auquel il restera toujours fidèle. Fluxus est pour Ben un « état
                                                              d’esprit » qui laissera une empreinte profonde dans son travail à partir de
                                                              1963, à travers notamment les influences durables de Georges Maciunas,
                                                              John Cage et de George Brecht. Fidèle à l’esprit turbulent du groupe, Ben
                                                              s’implique corporellement dans ses créations artistiques et multiplie ses
                                                              « Actions » (Traverser un port à la nage, 1963), définit comme œuvres des
                                                              « Attitudes » (Attendre Ben est un art, 1967), ou bien encore se livre à des
                                                              « Gestes » qui peuvent être entrevus comme une parodie de performances
                                                              par leur caractère simplistes, provocateurs, vulgaires ou bien encore poé-
                                                              tiques (Geste : me regarder dans un miroir, 1963 (lot 21)), Geste : poser une
                                                              feuille de papier blanc sur la chaussée, 1964, Geste : écraser des points noirs,
                                                              1971. Ces séries, souligne Philippe Vergne, qui introduisent la question de
                                                              la photographie et du document comme œuvres dans son art, inscrivent
                                                              Ben comme précurseur dans l’histoire du mouvement de l’art corporel, au
                                                              même titre que Bruce Nauman et Gina Pane.

                                                              Durant tout ce temps, soit de la fin des années 1950 au milieu des années
                                                              1970, Ben a tenu un magasin à Nice appelé « Laboratoire 32 » puis « La
                                                              Galerie Ben doute de tout ». Véritable objet d’art vivant, il aura été le lieu de
                                                              rencontre, de débat, ou d’exposition de toute une frange de l’avant-garde,
                                                              des Nouveaux Réalistes à Fluxus, en passant par Support /Surface… Il est
                                                              acheté en 1975 par le Musée National d’Art Moderne de Paris.

                                                              Ben est également très connu pour ses « Tableaux » ou « Objets-écritures »,
                                                              se signalant par leur écriture blanche et bouclée se détachant sur fond
                                                              noir, et qui sont devenus une véritable marque de fabrique. Il y énonce des
                                                              aphorismes qui interrogent la pratique artistique, la condition humaine,
                                                              ou bien encore des vérités qu’il qualifie « d’objectives et de subjectives ».

                                                              Après une période de retrait dans les années 1980, Ben, déçu et lassé par
                                                              le milieu de l’art contemporain, préfère, avec les moyens qui sont les siens,
                                                              consacrer son temps à une cause qu’il juge plus noble et moins futile, la
                                              Détail lot 28

                                                              reconnaissance des minorités culturelles (ethniques, régionales). C’est ainsi
                                                              loin du centralisme parisien à Marseille (M.A.C.) qu’a eu lieu en 1995 sa
                                                              première rétrospective « Ben, pour ou contre », puis en 2001 l’exposition « Je
                                                              cherche la vérité. Ben » au Musée d’art moderne de Nice.
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

Ne pas faire comme les autres : manger au milieu de la rue, cirer les godasses
des autres, me taper la tête contre un mur, etc. Il peut y avoir des gestes spectaculaires.
Mes premiers gestes datent de 1960. Je les avais théorisés dans le cadre
des appropriations : puisque tout était art je m’appropriais la gifle, le coup de pied
au cul, etc.
En 1972, Templon et Bruno Bischofberger ont voulu que je comptabilise et
que j’inventorie mes gestes. D’où le catalogue de Bruno Bischofberger, Ben « Gestes ».
Je suis relativement fier de ces gestes surtout quand je constate que beaucoup d’artistes
aujourd’hui reprennent mes gestes pour en faire une œuvre. Et j’entends mon ego dire :
Ben quand même tu fus un des premiers.

Extrait du catalogue « Ben, pour ou contre, une rétrospective », musée de Marseille, Réunion des
musées nationaux, 14 juillet - 1er octobre 1995, p. 139

                                                                   ƒ 21 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                                          Geste : Me regarder dans un miroir, (Geste 27),
                                                                          septembre 1963
                                                                          Acrylique et photographie sur panneau de bois,
                                                                          textes descriptifs et une photographie
                                                                          Signé en bas à droite
                                                                          Daté, annoté et situé en bas vers le centre
                                                                          75 × 75 cm
                                                                         Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                                         Expositions :
                                                                         - Zurich, Galerie Bischofberger, 1971
                                                                         - Nice, MAMAC, Musée d’Art Moderne et d’Art
                                                                         Contemporain, « Je cherche la vérité », 17 février -
                                                                                                                                21
                                                                         27 mai 2001
                                                                         - Lyon, Musée d’Art Contemporain de Lyon,
                                                                         « Rétrospective Strip-tease intégral de Ben », 2010
                                                                         Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                                                         le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 2021
                                                                         Un certificat d’authenticité pourra être delivré
                                                                         sur demande de l’acquéreur
                                                                         Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                                                         les informations qu’elle nous a aimablement
                                                                         communiquées.
                                                                         15 000 / 20 000 €
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                                         ƒ 22 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                Geste : Poser une feuille de papier blanc

                                                                                                    22
                                                sur la chaussée, (geste 34), novembre 1964
                                                Acrylique et photographies sur panneau de bois,
                                                textes descriptifs et deux photographies
                                                Signé en bas à droite
                                                Daté, annoté et situé en bas vers le centre
                                                75 × 75 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                               le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 2028
                                               Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                               sur demande de l’acquéreur
                                               Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                               les informations qu’elle nous a aimablement
                                               communiquées
                                               15 000 / 20 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                                         © Droits réservés (1)
Ben

                                                                                                                                 23
                                               ƒ 23 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                      A box with no ideas, 1978
                                                      Technique mixte et collage d’une boîte
                                                      en Plexiglas sur panneau
                                                      Signé et daté en bas à droite
                                                      Titré en haut vers le centre
                                                      35 × 45 × 16 cm
                                                     Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                     Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                                     le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 722
                                                     Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                                     sur demande de l’acquéreur
                                                     Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                                     les informations qu’elle nous a aimablement
                                                     communiquées
                                                     10 000 / 15 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                                    24

                                         ƒ 24 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                D’ont disturb the dust please, 1979
                                                Technique mixte sur panneau
                                                Signé et daté au dos
                                                39,5 × 52 × 11 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                               le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 9558
                                               Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                               sur demande de l’acquéreur
                                               Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                               les informations qu’elle nous a aimablement
                                               communiquées
                                               8 000 / 12 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                                    25
                                         ƒ 25 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                Just watch it move, 1979
                                                Technique mixte sur panneau et plume
                                                Signé en bas à droite
                                                Titré en bas au centre
                                                35 × 45 cm
                                               Provenance : Daniel Varenne, Galerie Le Clos
                                               de Sierne, Genève
                                               Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                               le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 2102
                                               Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                               sur demande de l’acquéreur
                                               Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                               les informations qu’elle nous a aimablement
                                               communiquées
                                               8 000 / 12 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

« J’ai toujours été fasciné par les valises et les malles aux marchés aux puces.
Les valises d’immigrés, les valises des dames riches. Quand je voyageais
avec ma mère, elle me parlait de ses valises en cuir qui coûtaient très cher. Je décidai
donc un jour d’exposer au sol une trentaine de valises contenant chacune quelque
chose d’autre de différent.
À partir de 78, j’achète deux valises que je transforme en petit musée. »
Ben

                                                                ƒ 26 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                                       Boîte de Duchamp, (Petit musée Ben), 1979-1992
                                                                       Objets divers, collage et acrylique sur toiles
                                                                       et sur bois dans une caisse de transport
                                                                       contenant 43 éléments créés de 1979 à 1992
                                                                       111 × 153 × 36 cm
                                                                      Provenance : Daniel Varenne, Genève
                                                                      Expositions :
                                                                      - Chicago, Foire de Chicago, Galerie Daniel
                                                                      Varenne, 1993
                                                                      - Lyon, Musée d’Art Contemporain de Lyon,
                                                                      MacLYON, « Rétrospective Ben », 3 mars - 11 juillet
                                                                      2010
                                                                      Bibliographie : J. Hendricks, « Strip-tease intégral
                                                                      de Ben », Somogy éditions d’art, Paris, MacLYON,
                                                                      2010, reproduit en couleur, p. 214
                                                                      Cette œuvre est enregistrée dans le Catalogue
                                                                      Raisonné de l’artiste sous le no 922
                                                                      Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                                                      sur demande de l’acquéreur
                                                                                                                             26
                                                                      Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                                                      les informations qu’elle nous a aimablement
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                                                                      70 000 / 90 000 €
Détails lot 26
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                                                               27

ƒ 27 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
       Annie ma dit je veux bien que tu mettes des photos
       de moi toute nue mais je ne veux pas que tout
       le monde les voient, 1997
       Suite de 12 photographies contrecollées
       sur panneau, rideau en tissu, tringle
       Signé en bas à droite, titré en bas au centre
       Daté et annoté au dos : « 5713 »
       50 × 70 × 6 cm
       Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
       le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 5713
       Un certificat d’authenticité pourra être délivré
       sur demande de l’acquéreur
       Nous remercions Madame Eva Vautier pour
       les informations qu’elle nous a aimablement
       communiquées
       8 000 / 12 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                         ƒ 28 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                Il y a des jours où,...., 1984
                                                Acrylique sur toile
                                                Signée, datée et annotée en bas à droite « L’art

                                                                                                   28
                                                et moi »
                                                180 × 199 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               Exposition : Nice, MAMAC, Musée d’Art moderne
                                               et d’Art contemporain, « Je cherche la vérité »,
                                               17 février - 27 mai 2001
                                               Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                               le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 16
                                               Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                               sur demande de l’acquéreur
                                               Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                               les informations qu’elle nous a aimablement
                                               communiquées
                                               50 000 / 70 000 €
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                                         ƒ 29 . Ben (Benjamin Vautier dit) (né en 1935)
                                                Porte-manteau Traviata, 1986
                                                Porte-manteau, deux chapeaux, un sac
                                                et un magnétophone
                                                Signé et daté sur le porte-manteau
                                                Annoté au dos sur une étiquette : « Le porte-
                                                manteau c’est encore Duchamp qui est derrière
                                                                                                    29
                                                toute cette histoire. La musique vient peut-être
                                                de Cage - qui a besoin d’art » ?
                                                85 × 70 cm
                                               Provenance : Galerie Daniel Varenne, Genève
                                               Bibliographie : Cette œuvre est enregistrée dans
                                               le Catalogue Raisonné de l’artiste sous le no 6961
                                               Un certificat d’authenticité pourra être délivré
                                               sur demande de l’acquéreur
                                               Nous remercions Madame Eva Vautier pour
                                               les informations qu’elle nous a aimablement
                                               communiquées
                                               10 000 / 15 000 €
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Cela devait arriver, dans l’histoire de la peinture – je dis bien dans l’histoire
de la peinture du xxe siècle – que quelqu’un se décide à peindre l’idée du temps,
à exprimer le temps sous la forme d’un tableau. Et les chiffres, capables de créer
la progression des nombres, peuvent montrer la flèche du temps.
Les chiffres définissent de manière très logique cette situation du temps irréversible,
cette causalité, ce que nous appelons « ici et mainteant ». Ces tableaux sont nommés
« Détails » parce que ce sont des fragments d’une unité. De même que nous :
nous manifestons tout le temps que nous avons déjà traversé. Nous sommes
en ce moment même dans le temps qui est une unité.
Ce que je réalise est donc en fait très modeste. On dit : Opalka fait toujours la même
chose. Bien sûr, mais si quelqu’un continue son existence, sa vie, est-ce qu’il se répète ?
Non, il ne se répète pas. C’est toujours autre chose. Comme dans sa vie.

« Roman Opalka, ici et maintenant ». Interview par Aneta Panek, « Art Press », no 301, mai 2004, p. 22

                                                                    ƒ 30 . Roman Opalka (1931-2011)
                                                                           1965/1, Infini Détail 1627999-1631391, 1965

                                                                                                                         30
                                                                           Encre sur papier
                                                                           33 × 24 cm
                                                                          Provenance :
                                                                          - John Weber Gallery, New York
                                                                          - Galerie Daniel Varenne, Genève
                                                                          40 000 / 60 000 €
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                                              D’origine Roumaine, Spoerri (né en 1930) a grandi en Suisse et, après avoir
                                                              été danseur à l’Opéra de Berne de 1954 à 1957, il se consacre à la mise en
                                                              scène et au décor de théâtre. À Paris, où il s’installe en 1959, il crée ses
                                                              premiers « tableaux-pièges » qui consistent à coller des objets quotidiens
                                                              amassés dans sa chambre d’hôtel sur des planches. Ce travail, fondé sur
                                                              l’appropriation du réel et l’utilisation d’objets du quotidien le rapproche
                                                              d’Arman, Tinguely, Klein, Hains, Villeglé et de Raysse avec lesquels il parti-
                                                              cipe, en 1960, à la fondation du groupe des Nouveaux Réalistes, sous l’égide
                                                              du critique d’art Pierre Restany.

                                                              Le « Tableau-piège », qualifié par Raymond Hains d’œuvre la plus radicale
                                                              du Nouveau Réalisme, se situe dans l’héritage direct du « Ready-made » de
                                                              Marcel Duchamp qui a érigé au rang d’œuvre d’art, tout type d’objet. Voici
                                                              la définition qu’en donnait Daniel Spoerri en 1966 dans le catalogue de son
                                                              exposition à la City Galerie de Zurich : « Tableau-piège : des objets trouvés
                                                              au hasard, en ordre ou en désordre (sur des tables, dans des boîtes, dans
                                                              des tiroirs etc) sont fixés (« piégés ») tels quels. Seul le plan est changé : dès
                                                              lors que le résultat est appelé tableau, ce qui était à l’horizontale est mis à
                                                              la verticale ». Très attaché au principe de la situation trouvée, Daniel Spoerri
                                                              refuse tout travail de mise en scène et chaque « Tableau-piège » a sa propre
                                                              histoire. Par son positionnement vertical, il remet en question les modes de
                                                              perception habituels du spectateur afin de mieux solliciter son attention
                                                              dans sa lecture de l’œuvre. En 1963, Daniel Spoerri réalise des « Tableaux-
                                                              pièges » qui portent la trace d’un repas passé entre amis, notamment lors
                                                              de la très originale manifestation « 723 ustensiles de cuisine », organisée à
                                                              la Galerie J à Paris (mars 1963). Cette entreprise, qui donnera naissance
                                                              au « Eat Art », culminera avec l’ouverture d’un restaurant par Spoerri à
                                                              Düsseldorf en 1968.

                                                              Il y a une dimension poétique, parfois même humoristique dans cette
                                                              sacralisation du banal et cette fixation du réel en un instant. Toutefois, les
                                                              tableaux-pièges peuvent être considérés comme des vanités modernes et
                                                              le critique Alain Jouffroy, lors de la première exposition de Spoerri à Milan,
                                                              a rattaché ce défi lancé au temps qui passe à « un palais de la mort ».

                                                              Tout en donnant naissance à d’autres concepts de création comme le
                                                              « détrompe l’œil », Daniel Spoerri a décliné le principe du « Tableau-piège »
                                                              avec une imagination sans égal, comme en témoigne au début des années
                                                              1990 son idée d’établir des portraits d’artistes en « fixant » leur palette :
                                                              « Comme une partie seulement des peintres se servent d’une palette, j’étends
                                                              le sens du terme au poste de travail, à la table ou au support quelconque
                                                              sur lequel un artiste pose ou range ses outils, son matériel de travail. Dans
                                              Détail lot 32

                                                              la mesure où cet ordre ou ce désordre est typique de chaque artiste, voire
                                                              instructif sur le plan psychologique, on peut parler de véritables portraits ».
C O L L EC T I O N D A N I E L VA R E N N E

                                         ƒ 31 . Daniel Spoerri (né en 1930)
                                                Palette, François Boisrond, janvier, 1990, Paris
                                                Moquette découpée, chiffons et objets divers
                                                collés sur palette
                                                                                                   31
                                                Signé, daté, titré, et situé sur un des sceaux
                                                164 × 184 × 61 cm
                                               Exposition : Bâle, Galerie Klaus Littmann, Paris,
                                               Galerie Beaubourg, Marianne et Pierre Nahon,
                                               « Daniel Spoerri, Künstlerpaletten (Palettes
                                               d’artistes) », décembre-janvier 1989 / mars-avril
                                               1990, reproduit au catalogue en couleur sous
                                               le no 40, p. 109
                                               30 000 / 40 000 €
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Le samedi, nous étions attendus par François Boisrond, qui m’a même laissé taillader
sa moquette maculée de peinture, pour que l’on puisse y fixer les chiffons tout raides
de couleurs, avec le tabouret de son enfance.
Otto Hahn, mon biographe, qui vient de terminer son livre, m’accompagnait et c’est lui
qui mettra la dernière main à la colle, si quelque chose ne va pas. J’aime bien
Boisrond et son humour pince-sans-rire.
Nous nous arrêtons pour le moment au no 40. Et je regrette bien que Roland Topor
ait été en voyage le week-end dernier, que je n’aie jamais réussi à joindre Ed Kienholz
à Berlin, que j’ai demandé Markus Lüpertz trop tard, que j’aie manqué Niki
de Saint‑Phalle en Italie d’un jour et que Eva Aeppli ait finalement décidé de ne pas
laisser fixer son « Mineli », enfin que mon ami Jeannot se soit visiblement senti offensé
(mais pourquoi donc ?)… alors que moi je lui ai gardé mon amitié de toujours.

Bâle, Galerie Klaus Littmann, Paris, Galerie Beaubourg, Marianne et Pierre Nahon, « Daniel Spoerri,
Künstlerpaletten (Palettes d’artistes) », décembre - janvier 1989 / mars-avril 1990, p. 109

                                                                                                      Détail lot 31
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Jim s’est contenté de me remettre une petite caisse contenant son bric à brac d’atelier,
me disant d’en faire ce que je voulais. Je l’ai déversée sur mon établi et j’y ai raccordé
les moteurs encore en état de marche. En ce sens, cette table est celle qui est la plus
étrangère à l’artiste, la plus interprétée par moi. Jim me le pardonnera, ayant
expressément affirmé que je devais en faire ce que je voulais. (Voilà qu’après 40 ans
d’amitié avec Tinguely, je joue moi aussi avec de petits moteurs : pas vrai, Jeannot,
toi qui ne voulais pas être de la fête !).

Bâle, Galerie Klaus Littmann, Paris, Galerie Beaubourg, Marianne et Pierre Nahon, « Daniel Spoerri,
Künstlerpaletten (Palettes d’artistes) », décembre - janvier 1989 / mars-avril 1990, p. 72

                                                                                                                                32

                                                                    ƒ 32 . Daniel Spoerri (né en 1930)
                                                                           Caisse palette, Jim Whithing, motorisée, 1989
                                                                           Assemblage d’objets divers, vêtement, moteur
                                                                           collés sur palette
                                                                           Signé, daté et titré sur la tranche gauche
                                                                           169 × 93 × 80 cm
                                                                          Exposition : Bâle, Galerie Klaus Littmann, Paris,
                                                                          Galerie Beaubourg, Marianne et Pierre Nahon,
                                                                          « Daniel Spoerri, Künstlerpaletten (Palettes
                                                                          d’artistes) », décembre - janvier 1989 / mars-avril
                                                                          1990, reproduit au catalogue en couleur sous
                                                                          le no 21, p. 73
                                                                          30 000 / 40 000 €
33

                ƒ 33 . Daniel Spoerri (né en 1930)
                       Palette, (heberstof), 1989
                       Instrument chirurgicaux, objets divers,
                       ampoules et système lumineux sur palette
                       Signé, daté, titré et annoté sous la palette
                       104 × 100 × 97 cm
                      Exposition : Bâle, Galerie Klaus Littmann, Paris,
                      Galerie Beaubourg, Marianne et Pierre Nahon,
                      « Daniel Spoerri, Künstlerpaletten (Palettes
                      d’artistes) », décembre-janvier 1989 / mars-avril
                      1990, reproduit en couleur sous le no 4, p. 47
                      Note : Caisse avec instruments chirurgicaux,
                      se trouvant dans l’atelier depuis le séjour en France
Détail lot 33

                      (Moulin Boyard). Déversée sur la première table
                      de travail de Paul Talman, octobre 1989, avec des
                      lampes.
                      30 000 / 40 000 €
L’enfance de Jean-Pierre Raynaud est ébranlée par un drame, la mort de
                son père lors du bombardement de l’usine où il est employé en 1943. De
                santé fragile, Raynaud suit des études à l’Ecole d’Horticulture dont il sort
                diplômé en 1958. Après son service militaire, qui le retient de 1959 à 1961, il
                renonce au métier de jardinier qui aura cependant joué un rôle décisif dans
                son intérêt pour les plantes et pour la manipulation d’objets en rapport avec
                l’horticulture comme le pot de fleur. Ses premières œuvres, qui datent des
                années 1962-1963, sont des assemblages exécutés à partir d’objets de rebut,
                d’objets empruntés à la signalisation routière (le sens interdit notamment),
                et de matériaux du bâtiments ramassés dans les décharges publiques.
                Raynaud se rapproche assez tôt des artistes du Nouveau Réalisme (Yves
                Klein, Daniel Spoerri, Raymond Hains, Jean Tinguely, Niki de Saint Phalle)
                qui le confortent dans son intérêt pour les objets du quotidien et ordinaires.

                En 1963, Raynaud commence à réaliser des « Psycho-Objets » qu’il exposera
                en 1965 à la galerie Jean Larcade lors de sa première exposition person-
                nelle (Psycho-objet-agression C, 1965 (lot 34)). Dans le catalogue de cette
                exposition, Alain Jouffroy écrit : « Avec Jean-Pierre Raynaud, la perspective
                glaciale qui relie et sépare le monde et la pensée (…) est mise en évidence
                de manière frappante : ses « Psycho-Objets » cernant la même absence
                centrale (…). Rien, ici, n’est exprimé, mais tout est montré avec tant de
                clarté que le regardeur peut circuler, se poser, s’immobiliser à l’intérieur
                d’un laboratoire mental ». Les œuvres de Raynaud sont des objets d’une
                portée psychologique très chargée, renforcée par l’usage strict du rouge
                et du blanc, et l’association inattendue d’éléments simples comme des
                jauges, des échelles, des pelles de secours, des panneaux de signalisations
                ou des pots de fleurs.

                À partir de cette date, Raynaud connaît un succès grandissant. En 1966,
                il est remarqué par Mathias Fels qui lui consacre une exposition, il se rap-
                proche d’Arman qui l’incite à passer deux mois à l’hôtel Chelsea de New
                York, tandis que les collectionneurs Philippe Durand-Ruel et Jean-Marie Rossi
                lui achètent toutes les œuvres de son atelier. Sélectionné pour la Biennale
                de São Paolo par Michel Ragon, Raynaud bénéficie de plusieurs expositions
                muséales en 1968-1969 comme au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au
                Moderna Museet de Stockholm. Il multiplie les actions avec le pot de fleur
                rouge rempli de ciment qui devient son motif de prédilection (Sans titre,
                1966) : ainsi, après avoir exposés 300 pots rouges à la Kunsthalle de Düssel-
                dorf, il en présente 4 000 à Londres, Jérusalem et Hanovre en 1971. En 1972,
Détail lot 35
                Raynaud vient à la quadrichromie en répétant, avec la série des « Rouge,
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