2022 : les événements qui ont marqué l'année en France

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Publié le 28 décembre 2022 (Mise à jour le 28/12)
Par Rédaction Réforme avec AFP

2022 : les événements qui ont
marqué l’année en France
De la réélection d’Emmanuel Macron aux tensions sur l’énergie et le pouvoir
d’achat : retour sur les principaux événements marquants de l’année 2022 en
France.

Percée historique du RN et réélection d’un Emmanuel Macron fragilisé par la
perte de sa majorité absolue au Parlement, tensions sur l’énergie et le pouvoir
d’achat, canicules et incendies, voici les principaux événements de l’année 2022.

Covid : le pass vaccinal passe mal
Confronté au variant ultra-contagieux Omicron, l’exécutif transforme le pass
sanitaire en pass vaccinal en janvier malgré une mobilisation parfois très vive de
ses opposants. Il sont plus de 100 000 à manifester le 8 janvier après
qu’Emmanuel Macron a déclaré avoir “très envie d’emmerder” les non vaccinés.
Soignants et enseignants crient aussi dans la rue et par des grèves leur manque
de moyens. Mi-mars, le gouvernement lève l’essentiel des restrictions. Le 18
octobre, l’ex-Premier ministre Édouard Philippe est placé sous le statut de témoin
assisté par la CJR (Cour de Justice de la République) pour mise en danger de la
vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre concernant sa
gestion de l’épidémie. L’épidémie repart en fin d’année alors que les hôpitaux
sont déjà surchargés.
Orpea et le scandale des Ehpad
Accusé de graves manquements dans la prise en charge des résidents de ses
maisons de retraite médicalisées et d’infractions financières après la publication
du livre-enquête de Victor Castanet “Les Fossoyeurs”, le groupe d’Ehpad privés
Orpea tente d’allumer un contre-feu le 31 janvier en limogeant son directeur
général. La justice ouvre en avril une enquête préliminaire pour maltraitance
institutionnelle et infractions financières, à la suite d’un signalement du
gouvernement. Des familles déposent une cinquantaine de plaintes. Fin octobre,
alors que son action est en chute libre, Orpea ouvre une procédure amiable de
conciliation au tribunal de commerce afin de renégocier sa dette avec ses
créanciers. En novembre, le groupe accepte de rembourser l’intégralité des 55,8
millions d’euros d’argent public qui lui sont réclamés au titre de ses mauvaises
pratiques passées.

France-Algérie                        :    réchauffement                         et
symboles
Poursuivant les “gestes symboliques“, nécessaires selon lui au “travail de
mémoire” sur la guerre d’Algérie, le président Macron exprime en janvier “la
reconnaissance” de la France envers les rapatriés d’Algérie. Il reconnaît comme
un “massacre” la fusillade de la rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962, où des
dizaines de partisans de l’Algérie française furent tués par l’armée. Le 8 février, il
est le premier président à rendre hommage aux neuf manifestants morts 60 ans
auparavant lors d’un rassemblement pacifique contre l’OAS (organisation secrète
pro-Algérie française) très violemment réprimé par la police au métro Charonne à
Paris.

En août, à Alger, Emmanuel Macron salue “un partenariat renouvelé” avec le
pouvoir algérien, jugeant la recherche de “la vérité” et de “la reconnaissance”
plus importante que la “repentance“. Plus de neuf ans après avoir été accueillis
au Mali comme des “sauveurs” face aux groupes jihadistes, les militaires français
achèvent en août leur retrait du pays, dans un climat d’hostilité grandissante.
Colonna mortellement agressé en prison –
Le 2 mars, une violente agression par un détenu fondamentaliste musulman à la
prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) plonge dans le coma le militant
indépendantiste corse Yvan Colonna, 61 ans, condamné à perpétuité pour
l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. Colonna réclamait en vain son
transfèrement sur l’île. Le 15, alors que la Corse est secouée par des
manifestations, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dit être prêt “à aller
jusqu’à l’autonomie” mais demande en préalable au dialogue un retour au calme.

Le 16, le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) menace de reprendre la
lutte. Le 21, Yvan Colonna décède. Sa famille engage une action contre l’État
tandis qu’un rapport d’enquête pointe des dysfonctionnements au sein de la
prison. Le 9 décembre, à la suite d’un vaste coup filet dans les milieux
nationalistes, le militant Charles Pieri est mis en examen pour association de
malfaiteurs terroriste et écroué.

Avant la présidentielle : flop et trouble
politique
La victoire de Christiane Taubira à une très contestée “primaire populaire de la
gauche” non reconnue par Jean-Luc Mélenchon (LFI), Yannick Jadot (EELV) et
Anne Hidalgo (PS), fait flop en mars quand elle annonce ne pas avoir recueilli les
500 parrainages nécessaires pour se présenter. Le polémiste d’extrême droite
Éric Zemmour trouble le jeu politique et est condamné pour provocation à la
haine pour des propos sur les mineurs migrants isolés. À 38 jours seulement du
premier tour, Emmanuel Macron se porte candidat à sa réélection. Il part
largement favori alors que l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes mobilise
son agenda. Jamais une crise internationale n’a autant impacté une campagne
présidentielle sous la Ve République.

Emmanuel Macron                                  réélu,            percée
historique du RN
Le 10 avril, Emmanuel Macron (27,8%) et Marine Le Pen (23,1%) arrivent en tête
au premier tour de l’élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon est en 3e place
(21,9% des voix), devant Éric Zemmour (7%), Valérie Pécresse (LR, 4,7%),
Yannick Jadot (4,6%), Fabien Roussel (PCF, 2,2%) et Anne Hidalgo (1,75%). Le
24, Emmanuel Macron est réélu avec 58,5% des voix face à Mme Le Pen (41,6%),
une nette victoire tempérée par le score inédit de l’extrême droite et une
abstention record (28%) depuis la présidentielle de 1969.

Naissance de la Nupes
Dans la nuit du 5 au 6 mai, le Conseil national du PS adopte à 62% un accord avec
La France insoumise (LFI) en vue des législatives. Une alliance qui marque un
changement d’orientation historique, malgré des différends sur l’Europe. La
Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) réunit LFI, le PS, EELV et
le PCF. À son programme notamment : Smic à 1400 euros, retraite à 60 ans,
garantie d’autonomie pour les jeunes, blocage des prix sur les produits de
première nécessité, planification écologique et avènement d’une VIe République.

MeToo# politique
Plusieurs affaires mettent en cause des hommes politiques soupçonnés de
violences envers des femmes. La prescription des faits, l’absence de plainte ou
l’instrumentalisation politique de ces accusations compliquent parfois leur
lecture. Fin mars, l’ex-secrétaire d’Etat écologiste Jean-Vincent Placé est mis en
examen pour l’agression et le harcèlement sexuel d’une ancienne collaboratrice.
En mai, le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad est accusé de viol ou
tentative de viol en 2010 et 2011. Il “réfute catégoriquement” alors qu’une femme
porte plainte. Il reste au gouvernement puis est démis de sa fonction lors du
remaniement post-législatives en juillet. Figure de LREM, Jérôme Peyrat renonce
à se présenter aux législatives après la révélation d’une condamnation en 2020
pour violences sur son ex-compagne, elle-même condamnée pour harcèlement.

Éric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances de l’Assemblée
nationale, est accusé par une ancienne proche du Parti de gauche et figure des
“gilets jaunes” de “gestes déplacés” lors d’une soirée en boîte de nuit en 2014.
Elle porte plainte, le parquet de Paris ouvre une enquête en juillet. Le député
insoumis Adrien Quatennens se met en retrait de l’Assemblée mi-septembre après
avoir reconnu une gifle à sa compagne en plein divorce. Elle porte plainte, évoque
des violences plus nombreuses. Le 13 décembre, Adrien Quatennens est
condamné à quatre mois d’emprisonnement avec sursis dans une procédure de
plaider-coupable et suspendu pour la même durée du groupe parlementaire LFI. Il
exclut de démissionner.

L’écologiste Julien Bayou démissionne le 26 septembre du secrétariat national
d’EELV pour se défendre des accusations de violences psychologiques envers une
ex-compagne, relayées par des membres de son propre parti, sans dépôt de
plainte. Marine Tondelier lui succède le 10 décembre. En octobre, l’eurodéputé
Hervé Juvin est condamné en appel pour des violences physiques sur son épouse
en 2018. Il doit quitter le groupe RN au Parlement européen et le conseil régional
des Pays-de-la-Loire. L’année est aussi marquée par des témoignages groupés de
femmes se présentant comme d’anciennes victimes du journaliste Patrick Poivre
d’Arvor et par le limogeage de Jean-Jacques Bourdin par le groupe Altice Media
après des accusations d’agression sexuelle.

Chaos au stade
Attente interminable, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes ou
victimes de vols… Le dispositif de maintien de l’ordre lors de la finale à Paris de
la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool, se passe très mal le 28 mai à
l’entrée du stade et fait l’objet d’une vive polémique en France et en Angleterre.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin incrimine les supporters britanniques
aux nombreux billets falsifiés selon lui, avant que le préfet Didier Lallement
n’admette s’être “peut-être trompé” sur leur nombre, reconnaissant un “échec“.
Un rapport gouvernemental pointe des dysfonctionnements policiers et
organisationnels. L’épisode écorne l’image de la France à 777 jours du coup
d’envoi des JO à Paris.

Législatives : exit la majorité absolue
Le 12 juin, le 1er tour des législatives est marqué par une abstention record
(52,4%) et une double percée de la gauche et du RN. Les macronistes ne
conservent que 250 sièges (dont 172 du groupe Renaissance, ex-LREM) sur 577 à
l’issue du second tour le 19 juin, à 39 voix de la majorité absolue. Le reste de
l’hémicycle se répartit principalement entre la Nupes (151 sièges, dont 75 LFI, 31
PS, 23 EELV, 22 PCF), le RN (89) et LR (62), dont Eric Ciotti prendra la
présidence en décembre. Avec un groupe de députés dix fois plus nombreux qu’en
2017, le RN, dont Jordan Bardella prendra la tête en novembre, devient le
premier parti d’opposition. C’est une gifle pour le président Macron qui, outre sa
majorité absolue, perd deux précieux relais à l’Assemblée nationale, Richard
Ferrand et Christophe Castaner, et trois nouveaux ministres également battus.

Le 25, Élisabeth Borne est confirmée à son poste de Première ministre. Pour la
première fois de l’Histoire, une femme, Yaël Braun-Pivet, est élue présidente de
l’Assemblée nationale. Élisabeth Borne dégaine dix “49.3” et déjoue douze
motions de censure pour faire voter les budgets 2023 de l’Etat et de la Sécurité
sociale, puis entame les très impopulaires réformes des retraites et de
l’assurance-chômage dans un climat social marqué à l’automne par des grèves
d’enseignants, de soignants, des transports et pour les salaires.

Attentats du 13 novembre : le verdict
Le 29 juin, plus de six ans après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et
Saint-Denis, la cour d’assises spéciale de Paris condamne Salah Abdeslam, 32
ans, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts, à la
perpétuité incompressible, peine la plus lourde du code pénal. Ses 19 coaccusés,
dont cinq présumés morts, son condamnés à des peines allant de deux ans à la
perpétuité. Le 5 septembre, débute à Paris le procès de huit personnes
soupçonnées d’être impliqués dans l’attentat au camion-bélier qui avait fait 86
morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016 à Nice, sur la promenade des
Anglais. Le conducteur du camion avait été abattu par la police. Les huit prévenus
reçoivent le 13 décembre des peines allant de deux ans d’emprisonnement à dix-
huit ans de réclusion. Les deux principaux condamnés font appel.

Canicule, incendies, orages : le triste été
La France connaît en 2022 trois vagues de chaleur et un nombre record de 33
jours de canicule. La première est “exceptionnelle et précoce“, avec 40°C dès le
16 juin dans l’Hérault et 43°C le 18 à Arcachon (Gironde). Nouveau pic en juillet :
le 18, 64 records locaux de températures tombent dans la moitié ouest. Dernier
épisode caniculaire, moins intense mais plus long, principalement dans le Sud-
Ouest la première moitié d’août.
Chaleur et sécheresse persistante provoquent d’énormes incendies, notamment
en Gironde où la quasi-totalité des campings du Pilat brûlent en une semaine
tandis que plusieurs milliers de personnes sont évacuées et des milliers
d’hectares de végétation ravagés. Selon Santé publique France, 2816 décès sont
enregistrés en excès pendant les trois épisodes de canicule. Le 18 août, des
orages soudains font cinq morts et d’énormes dégâts en Corse. Le mois d’octobre
est le plus chaud jamais enregistré.

Énergie : grèves et appel à la “sobriété”
Le gouvernement présente en octobre un plan de “sobriété” énergétique invitant
à moins chauffer, moins éclairer, ou favoriser le télétravail pour éviter les
coupures de courant durant l’hiver. Il lance un processus de renationalisation
d’EDF afin de relancer un vaste programme nucléaire. Une grève de plus de 35
jours pour les salaires dans les raffineries et dépôts de carburants, entamée le 27
septembre à l’appel de la CGT, provoque des pénuries dans les stations-service et
s’étend aux centrales nucléaires.

Les salariés de TotalEnergies pointent les énormes bénéfices engrangés par
l’entreprise et obtiennent des hausses de salaire. Outre une ristourne
gouvernementale instaurée pour limiter la flambée des prix du carburant à la
pompe et un bouclier tarifaire pour contenir en 2023 à 15% la hausse des prix de
l’énergie, des mesures d’aide au pouvoir d’achat sont décidées comme un
“chèque énergie“, la revalorisation des retraites de base ou la suppression
controversée de la redevance télé. La gauche défend en vain une taxe sur les
“superprofits“.

Des proches du président au banc des
accusés
Le 3 octobre, la Cour de justice de la République (CJR) prononce le renvoi en
procès pour “prise illégale d’intérêts” du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti,
soupçonné d’avoir profité de sa fonction de ministre de la Justice pour régler ses
comptes avec des magistrats auxquels il s’était opposé quand il était avocat. Peu
auparavant, Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, a été mis en examen
pour “prise illégale d’intérêts” dans une enquête sur ses liens avec l’armateur
italo-suisse MSC. Le maintien des deux hommes à leurs postes est vivement
critiqué par l’opposition. Thierry Solère, député LREM et conseiller d’Emmanuel
Macron, est aussi mis en examen, soupçonné d’avoir utilisé à des fins
personnelles une partie de ses frais de mandat entre 2012 et 2019.

La ministre aux Collectivités territoriales Caroline Cayeux démissionne le 28
novembre, soupçonnée d’avoir sous-évalué son patrimoine dans ses déclarations.
Une autre révélation fragilise le président: les contrats de l’Etat avec les cabinets
McKinsey ont atteint un record de plus d’un milliard d’euros entre 2018 et 2021
alors que le cabinet de conseil n’a versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011
et 2020. Le Parquet national financier (PNF) ouvre en octobre deux enquêtes sur
l’intervention de McKinsey dans les campagnes électorales d’Emmanuel Macron
en 2017 et 2022 et un éventuel “favoritisme”.

Nobel pour Annie Ernaux
Le 6 octobre, le prix Nobel de littérature couronne Annie Ernaux, 82 ans, et le
“courage” de son oeuvre autobiographique, faisant de cette écrivaine féministe
d’origine populaire la première Française à décrocher le prix. La veille, un autre
Français, Alain Aspect, a reçu le prix Nobel de Physique avec un Américain et un
Autrichien pour leurs travaux en physique quantique.

Le calvaire de Lola
Le 14 octobre, le corps sans vie de Lola, 12 ans, est découvert dans une malle
dans la cour de son immeuble du XIXe arrondissement de Paris. Une suspecte,
Dahbia B., Algérienne de 24 ans, sous le coup d’une obligation de quitter le
territoire français (OQTF) au moment des faits, est mise en examen pour meurtre
et viol aggravé. La droite et l’extrême droite dénoncent la non-exécution de son
expulsion, tandis que la famille demande que “cesse” toute utilisation du drame
“à des fins politiques“. Le gouvernement promet des expulsions mieux contrôlées
via un projet de loi immigration.

Mondial : les Bleus échouent en finale
Parvenue en finale du Mondial de foot au Qatar après avoir battu le Maroc (2-0),
la France s’incline le 18 décembre aux tirs au but (4-2) face à l’Argentine à l’issue
d’un scénario de folie: un doublé de Lionel Messi, meilleur joueur du tournoi, un
triplé historique de Kylian Mbappé, meilleur buteur de la compétition, et des
prolongations d’un extrême suspense (3-3).
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