ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances

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ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
Édition 2022

        ABC
        Analyse & Perspectives
        AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR

chambres-agriculture-bretagne.fr
ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
SOMMAIRE

    P04 Synthèse de l’année 2021
        Face aux montagnes russes

    P06 Contexte politique et économique
        Egalim 2, pour une meilleure rémunération

    P08 Alimentation animale
        Flambée des prix de l’aliment

    P10 Grandes cultures
        Jusqu’où ira la flambée des prix ?

    P12 Lait
        Un avenir incertain

    P14 Porc
        Une organisation consolidée

    P16 Volailles de chair
        Un triptyque destructeur

    P18 Œufs de consommation
        L’œuf bio dans le dur

    P20 Viande bovine
        Une embellie mais des bémols

    P22 Légumes frais
        Des coopératives légumières dynamiques

    P24 Légumes transformés
        Rattrapage en fin de saison

    P26 Industries agroalimentaires
        Une reprise sous tension

    P28 Entreprises agricoles
        Des exploitations agricoles moins nombreuses

    P30 Commerce extérieur
        Record battu !

    P32 Énergie renouvelable
        Un intérêt économique grandissant

    P34 Signes officiels de qualité
        La Bretagne renforce son positionnement

    P37 Glossaire

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ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
ÉDITO
André SERGENT
Président de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne

          Entre le marché et la loi
           Sanitaire, climatique, géopolitique, les crises qui se succèdent ne trouveront aucune
           réponse de long terme dans les postures dogmatiques : pour les uns, le marché
           qui réglerait les choses et où seul le plus fort s’en sortirait, pour les autres, le
           législateur et l’État devraient tout régler. Les deux sont hors sujet dans le contexte
           d’instabilité de ces dernières années.
           Pour la 3e année, les acteurs de la chaîne alimentaire s’adaptent à une succession
           de chocs sans précédent et continuent à investir dans des activités essentielles,
           permettant à la population de manger quotidiennement, avec le soutien actif d’un
           État redevenu interventionniste.
2021 devait permettre un retour progressif à la normale. La réouverture de la restauration
a notamment donné une bouffée d’oxygène. Elle n’en cache pas moins des changements
profonds liés notamment à l’essor du télétravail, avec une moindre fréquentation en semaine
par exemple. Il s’agit là de transformations vraisemblablement irréversibles. Elles auront à
l’évidence des impacts profonds sur le métier des producteurs, sur le maillon transformation,
sur la distribution et la restauration.
Le rebond 2021 apparait bien fragile avec la crise énergétique qui a accompagné la reprise
économique, et portée à un niveau auquel personne ne s’était préparé avec le conflit en
Ukraine. Il n’empêche, la Bretagne a quand même battu un record à l’exportation avec 4,7
milliards de chiffre d’affaires. Notre région n’est pas à terre et montre sa capacité de rebond
quand il existe une dynamique du commerce extérieur, et quand la Puissance Publique
soutient l’activité, comme cela a été le cas dans le cadre du Plan de Relance.
En ce début 2022, deux menaces s’amplifient :
- d’une part, la poussée inflationniste démarrée dès 2021 sur tous les marchés. Engrais,
carburants, alimentation animale, matériaux de construction, tous les prix de nos moyens
de production s’envolent, mettant singulièrement sous les projecteurs une forte dépendance
énergétique ;
- d’autre part, une perspective de pénuries, notamment dans l’hypothèse des pires scénarios
sur la durée et la dureté du conflit en Ukraine.
La souveraineté alimentaire et la souveraineté énergétique redeviennent des sujets
stratégiques pour la France et pour l’Union Européenne. Si l’on a pu retrouver une unité au
sein de l’Union pour réinstaurer une solidarité financière dans l’optique de faire face aux
conséquences de la pandémie Covid-19, l’Europe est à nouveau mise à l’épreuve sur son
projet commun sur les questions alimentaire et énergétique. Avec Egalim 2, la France tente de
protéger son agriculture et ses agriculteurs, avec un dispositif que nous qualifions d’hybride
dans notre synthèse. Hybride car il demande aux acteurs privés, par la loi, de soustraire aux
seules règles du marché une partie de la production française, celle qui est vendue en grande
distribution.
Une option volontariste d’autant plus difficile à mettre en œuvre dans le contexte hyper
inflationniste que nous connaissons. Une option volontariste d’encouragement à notre
agriculture qui se heurte aussi aux stratégies européennes « de la ferme à la fourchette » qui
exigent des progrès environnementaux, mais ne soutiennent pas aussi fermement l’obligation
d’étiquetage promue par la France et poursuivent la signature d’accords de libre-échange.
Un sanctuaire ne peut pas seul effacer les excès des marchands du temple, surtout quand
autant de crises profondes dérèglent le monde.
La souveraineté alimentaire ne peut donc se construire qu’à l’échelle européenne, avec des
arbitrages à la hauteur des enjeux de ce début de siècle. Entre l’Europe des marchés et
l’Europe des normes, il y a d’abord la démocratie européenne et la paix. Le bien-manger pour
tous en est un levier de sécurisation de ces deux conditions sine qua non.

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ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
SYNTHÈSE DE L’ANNÉE 2021                                               Arnaud Haye - arnaud.haye@bretagne.chambagri.fr

  Face aux montagnes
  russes
  À peine remises de la crise du Covid, les filières
  agricoles et agroalimentaires bretonnes doivent
  affronter les conséquences de la guerre en Ukraine. À
  la désorganisation des débouchés succèdent la hausse
  vertigineuse des intrants et le risque de pénurie. Alors
  que les défis ne manquent pas pour l’agriculture et
  l’agroalimentaire de la région, ces crises ont le mérite
  de rappeler à tous que ce secteur économique est
  essentiel à la stabilité du pays.

                          Après le Covid, l’Ukraine. Une crise chasse l’autre,     ra sa logistique. La filière porc voit naître l’AOP du
                          testant les capacités d’adaptation de l’agriculture et   Grand Ouest, regroupant dix OP, après trois ans de
                          de l’agroalimentaire bretonne. Malgré tous les défis     négociations. Un de ses objectifs sera de renforcer
                          auxquels ce secteur est confronté, il s’impose aux       le pouvoir de marché de ses éleveurs adhérents qui
                          yeux d’un nombre grandissant de personnes comme          pèsent la moitié de la production nationale et ce
                          un pôle essentiel à conforter dans un monde de plus      malgré l’absence dans ses rangs du leader français
                          en plus chaotique.                                       du secteur.

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                                                                                   Ce tableau de 2021 ne serait cependant pas com-
                                                                                   plet sans évoquer l’envolée du prix des matières
                                                                                   premières. Si le déclenchement de la guerre en
                          SEMI-NORMALITÉ ÉPHÉMÈRE
                                                                                   Ukraine en marque le paroxysme, l’inflation des
exploitations agricoles   2021 devait permettre un retour progressif à la          coûts de production a bien débuté en 2021.
  bretonnes en 2020       normale, après une année 2020 marquée par les
                          restrictions hors normes liées au Covid. De fait, la
                          restauration retrouve un niveau d’activité intermé-
                          diaire entre 2019 et 2020. Son chiffre d’affaires na-    DE L’INFLATION AUX RISQUES DE PÉNURIES
                          tional est en hausse de 16 % par rapport à 2020 mais     Que ce soient l’énergie, les engrais, ou les céréales,
                          demeure de 21 % inférieur à 2019. Cela permet de         tous ces marchés sont inflationnistes en 2021. La re-
                          donner de l’air à des productions très dépendantes       prise économique mondiale, la politique de contrôle
                          de ce débouché et qui avaient particulièrement           de production du pétrole menée par l’Opep, la forte
                          souffert en 2019 : les volailles festives et le veau     demande de la Chine, les politiques monétaires ex-
                          de boucherie par exemple. Le détail des chiffres         pansionnistes sont quelques-unes des raisons pour
                          montrent que la restauration rapide s’en sort bien       lesquelles les prix des moyens de production aug-
                          mieux en 2021 (-1 %/2019) que la restauration tradi-     mentent fortement pour les agriculteurs. Les éle-

5,7 %
                          tionnelle (-30 %/2019) et que la restauration collec-    veurs, en particulier de porcs et de volailles, sont
                          tive (-26 %/2019). Les changements d’habitude des        durement touchés par la hausse des prix de l’ali-
                          Français pris ces deux dernières années, et notam-       ment. L’Ifip l’évalue à 300 €/tonne en décembre en
                          ment le développement du télétravail, auront des         porc, soit une hausse de 17 % en un an. Les ordres
  de hausse du chiffre    répercussions à long terme sur ce secteur.               de grandeur sont les mêmes en aviculture.
      d’affaires des      Les chiffres du commerce extérieur confirment que        Ce choc inflationniste frappe durement la filière
  industries agricoles    la levée partielle des restrictions a permis un regain   porcine alors même qu’elle fait face à des prix de
  et agroalimentaires     des échanges. La Bretagne bat même son record à          vente moroses. L’État décide d’intervenir début
 bretonnes en 2021 par    l’export avec 4,7 milliards d’euros de chiffre d’af-     2022 avec un plan d’urgence de 270 millions d’euros
     rapport à 2020       faires en 2021, en hausse de 8,3 %. Le marché des        pour soutenir la filière.
                          produits laitiers en profite plus particulièrement       Le déclenchement de la guerre en Ukraine
                          alors que la Chine assoit sa place de premier client     ne fait qu’amplifier ce mouvement. Pétrole :
                          de notre région, devant nos voisins européens. In-       132 $/baril, gaz : 200 €/MWh, urée : 1 000 €/tonne,
                          directement, les cotations des bovins bénéficient        blé : 380 €/tonne. Si ces prix demeurent volatils, ces
                          aussi largement du dynamisme des échanges euro-          ordres de grandeur détonnent par rapport à nos re-
                          péens, les jeunes bovins retrouvant des niveaux de       pères. Ils sont le reflet de l’importance qu’occupent
                          valorisation bien plus enviables qu’en 2020.             la Russie et l’Ukraine sur ces marchés et peut-être
                          Le rebond des investissements de l’agroalimentaire       aussi des phénomènes spéculatifs qui accom-

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                          breton en 2021 résume bien l’année. Après un repli       pagnent toute crise. Ces deux pays représentent le
                          de 10,5 % en 2020, ceux-ci se redressent de 31,5 %.      tiers des exportations mondiales de blé, la Russie
                          Il faut cependant souligner que cette performance        fournit 40 % de son gaz à l’UE et 27 % de son pétrole.
                          est aussi permise par les subventions accordées          Les conséquences de cette guerre sont imprévi-
                          dans le cadre du plan France Relance. Pas moins          sibles car elles dépendront de son évolution. Dans
unités de méthanisation
                          de 27 millions d’euros d’aides sont ainsi attribués      le meilleur des cas, un règlement rapide du conflit
 agricole en Bretagne
                          aux outils bretons pour la modernisation des abat-       permettrait d’éteindre l’incendie. Dans le pire des
        en 2021
                          toirs. D’autres exemples illustrent la volonté des       scénarios, une rupture des échanges entre Russie
                          acteurs régionaux de se projeter vers l’avenir. Après    et Union européenne, notamment énergétiques,
                          dix ans de travail, la Sica de Saint-Pol met en ser-     créerait des pénuries et des rationnements.
                          vice sa nouvelle plateforme logistique qui optimise-     Cet évènement met en pleine lumière la dépen-
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dance énergétique et dans une certaine mesure          mentionné que des indicateurs et non des prix
alimentaire, de notre continent. Déjà revenue          fermes. Est-ce que cela pourrait être exploité
sur le devant de la scène à l’occasion de la crise     par les acheteurs ? Dans tous les cas, les trans-
du Covid, l’indépendance alimentaire, évoquée          formateurs, qui devront respecter un prix agri-
comme un enjeu de souveraineté, redevient une          cole sacralisé sans avoir l’assurance de pouvoir

                                                                                                              3 619
priorité. A contrecourant de la stratégie de l’UE      reporter leurs propres charges à la distribution,
« de la ferme à la fourchette », de plus en plus de    n’apprécient guère ces nouvelles dispositions.
voix s’élèvent pour exiger que les progrès envi-       Au-delà de ces interrogations, la divergence
ronnementaux se fassent à condition qu’ils n’en-       entre l’approche française et européenne est
travent pas le potentiel de production. Comme          claire. La France cherche à protéger son agri-            fermes bretonnes
un symbole, l’UE autorise cette année la mise          culture, l’obligation d’étiquetage de l’origine en     engagées en bio en 2020
en culture des jachères. Est-ce le signe d’une in-     étant le symbole, le blocage de l’accord de libre-
flexion durable de sa politique et d’un retour à la    échange avec le Mercosur un autre symptôme.
fonction première de l’agriculture, qui consiste à     L’UE, à l’inverse, continue de parier sur la mise
nourrir la population avant tout ? Ou bien simple-     en concurrence et l’ouverture des marchés. En
ment une mise entre parenthèse d’objectifs en-         témoigne l’interdiction de l’étiquetage d’origine
vironnementaux qui retrouveront le devant de la        s’il n’y a pas de lien avéré entre l’origine du pro-
scène une fois les conséquences du conflit apai-       duit et ses propriétés. Ou encore la poursuite de
sées ? L’avenir le dira.                               la signature d’accords de libre-échange, celui
Si les intentions de l’UE sur son agriculture          avec la Nouvelle-Zélande devant aboutir en fin

                                                                                                              2,1 %
restent encore à affiner, la France, avec l’entrée     d’année.
en vigueur de la loi Egalim 2 en 2021, affiche sa
stratégie nationale : la protection de son agricul-
ture.
                                                       DES DÉFIS MAIS UNE CERTITUDE
                                                       Dans ce contexte mouvant, l’agriculture bre-           de baisse des fabrications
                                                       tonne continuera à s’adapter. Les risques ne             d’aliments bretons en
LES GMS COMME SANCTUAIRE ?                             manquent pas. Sanitaire, avec la FPA aux portes              2021 sur un an
L’objectif principal affiché par Egalim 2 est l’amé-   de la France et la grippe aviaire de plus en plus
lioration de la rémunération des agriculteurs          virulente année après année et à la saisonnalité
français. Pour ce faire, la loi oblige les acheteurs   de moins en moins prévisible, puisque les pre-
de produits agricoles à intégrer dans leurs prix       miers cas dans l’ouest surviennent en fin d’hiver.
les coûts de production des agriculteurs. Pour         Renouvellement, avec le dernier recensement
simplifier, la loi ambitionne de permettre aux         agricole qui montre que le vieillissement des ex-
agriculteurs de vendre leurs produits à un prix        ploitants bretons se poursuit : 54 % d’entre eux
qui garantisse leurs revenus, au moins pour ceux       ont actuellement plus de 50 ans. Consommation :
qui sont valorisés sur le marché français de la        l’érosion du pouvoir d’achat des Français fait pe-

                                                                                                              62 ha
grande distribution. Il est frappant de voir que       ser une menace, au moins à court terme, sur les
cette approche prend le contrepied de 30 ans de        développements des signes de qualité pourtant
Pac. Depuis 1992, l’UE a entamé la libéralisation      largement mise en avant par les pouvoirs publics
de ses marchés agricoles au terme de laquelle          depuis les États Généraux de l’Alimentation,
le prix ne doit être fixé que par la seule la loi de   comme la conjoncture en œuf et lait bio l’illustre
                                                                                                                 taille moyenne des
l’offre et de la demande. A contrario, cette loi       en 2021.
                                                                                                               exploitations bretonnes
Egalim 2 vise à soustraire une partie de la pro-       Malgré tout cela, cette guerre en Ukraine
duction française à cette règle. Les produits pre-     confirme ce que la crise du Covid avait déjà fait
nant la direction des grandes surfaces (64 % des       ressortir : l’agriculture et l’agroalimentaire sont
débouchés de l’agriculture française) verraient        des activités essentielles pour un pays, puisque
leurs prix agricoles sanctuarisés, protégés, dé-       si on ne mange pas, on meurt. De violentes crises
couplés du reste du marché. Une sorte d’écono-         sont parfois nécessaires pour rappeler les évi-
mie administrée hybride puisqu’elle repose sur         dences.
des acteurs privés et non
sur des outils de gestion de
marchés publics.
Ce choix français pose plu-
sieurs questions. D’un point
de vue fondamental, est-ce
que deux marchés décou-
plés, fonctionnant sur des
principes opposés, peuvent
cohabiter ? Quelle sera la
réaction des concurrents
européens et de l’UE ? D’un
point de vue pratique, est-ce
que les fournisseurs euro-
péens bénéficieront de ces
règles ? Cette tension entre
approches européenne et
française et vis-à-vis de ce
qu’il est possible de régu-
ler juridiquement ressort
dans la loi, puisqu’il n’est

                                                                                                                              5
ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
CONTEXTE POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE                                           Mary Henry - mary.henry@bretagne.chambagri.fr

   Egalim 2, pour une
   meilleure rémunération
   Trois ans après la loi Egalim, une nouvelle loi dite
   Egalim 2 a été promulguée le 19 octobre 2021 afin
   d’améliorer la rémunération des agriculteurs français
   en rééquilibrant les relations commerciales entre
   les différents maillons de la chaîne alimentaire. La
   contractualisation obligatoire entre les agriculteurs
   et leurs premiers acheteurs, et la sanctuarisation du
   prix de la matière première agricole sont au cœur de
   cette nouvelle loi.

                              LES CONTRATS ÉCRITS PLURIANNUELS                              La mise en œuvre des contrats
                              GÉNÉRALISÉS ET OBLIGATOIRES                                   pluriannuels est progressive
     Les coopératives         Avec Egalim 2, la contractualisation écrite entre les
                              agriculteurs et leurs premiers acheteurs devient              2022
   sont concernées par
 Egalim 2 : elles doivent     obligatoire, pour une durée minimale de 3 ans. L’objectif     1er janvier    - Jeunes bovins non castrés de 12 à 24 mois
                              est bien sûr de donner plus de visibilité aux producteurs                    - Vaches et génisses de race à viande
  modifier leurs statuts                                                                                   - Bovins sous signes officiels de qualité
                              agricoles. De tels contrats étaient jusqu’ici réservés à
 ou règlement intérieur                                                                                    - Porcs castrés
                              un nombre restreint de filières (laitière notamment). Le
 en assemblée générale        contrat doit comporter une clause relative au prix de vente                  - Lait de chèvre
 pour s’y conformer, et       basé sur les indicateurs de coûts de production ainsi                        - Lait de vache
informer leurs associés-      qu’une clause de renégociation automatique des prix, à        1er juillet    - Bovins viande mâles ou femelles maigres
  coopérateurs sur leur       la hausse ou à la baisse, en cas d’évolutions des coûts                         moins de 12 mois
      rémunération            de production. À noter que les contrats d’intégration en      1er octobre - Lait de brebis
                              volailles et veaux de boucherie ne sont pas concernés.
                                                                                            2023
                              De même les interprofessions peuvent décider d’exclure
                              certains produits.                                            1er janvier    - Tous les autres produits agricoles

                              LE PRIX DE LA MATIÈRE PREMIÈRE AGRICOLE
                                                                                            CGV : trois options pour présenter le prix
                              SANCTUARISÉ
                                                                                            des matières premières agricoles
                              Egalim 2 rend non-négociable, entre les industriels et
                              les distributeurs, la part du prix correspondant au coût      OPTION 1 : détailler la part de chaque produit agricole
      Un tunnel de prix       des matières premières agricoles. Ce principe de non-         dans le tarif fournisseur
   expérimenté pour la        négociabilité s’applique à tous les produits alimentaires
filière « bovins viande » :   (sauf exceptions : produits bruts notamment), quelle          OPTION 2 : afficher la part agrégée des matières
     le contrat entre un      que soit la part de produits agricoles dans le produit        premières agricoles dans le tarif fournisseur
 éleveur et son acheteur      fini. Autrement dit, la négociation des prix des produits     OPTION 3 : faire appel à un tiers indépendant pour
    doit comporter une        alimentaires entre acteurs aval (industriels, coopératives,   certifier que les éléments sur les matières premières
clause fixant des bornes      et distributeurs) ne pourra plus porter sur la part de        agricoles sont exacts, ou que la négociation n’a pas
minimales et maximales        la matière première agricole composant un produit             porté sur celles-ci
à l’intérieur desquelles le   alimentaire. Dans le cadre de la convention entre
       prix peut varier       fournisseur et distributeur, le fournisseur doit faire        Pour les options 1 et 2, la convention conclue entre le
                              figurer le prix des matières premières dans les conditions    fournisseur et son acheteur doit comporter une clause
                              générales de vente (CGV) selon une des trois options          de révision automatique des prix en fonction de la
                              décrites ci-contre.                                           variation du coût des matières premières agricoles.

                              DES RESTRICTIONS POUR UTILISER LE DRAPEAU FRANÇAIS
                              ET EXPÉRIMENTATION DU « RÉMUNÉRA-SCORE »
                                                                                                                       A l’occasion du salon
Un comité de règlement        La loi Egalim 2 rend obligatoire l’étiquetage de l’origine                               international de l’agriculture
      des différends          des produits agricoles, sous réserve qu’il existe un lien                                début mars 2022, l’enseigne
 commerciaux agricoles        avéré entre l’origine et les propriétés du produit. Par                                  de distribution Lidl et la
                              ailleurs, il est désormais interdit de faire figurer un                                  FNB (Fédération Nationale
 est créé. Il interviendra
                              drapeau français, une carte de France ou tout autre                                      Bovine) ont annoncé qu’ils
    pour résoudre les         symbole français sur un emballage alimentaire lorsque         allaient expérimenter l’affichage du rémunéra-score
 conflits en cas d’échec      les ingrédients ne sont pas d’origine française. Dans les     dans les prochains mois sur tous les produits issus de
de la médiation devant le     établissements faisant uniquement de la vente à emporter      contrats tripartites sur des races à viande vendus dans
 médiateur des relations      ou de la livraison à domicile, l’origine des viandes doit     les supermarchés Lidl en France.
      commerciales            obligatoirement être affichée. Et pour certains produits      La note A+ correspond à une viande rémunérée au
                              (lait, viande bovine et produits certifiés AB), l’affichage   producteur sur la base du coût de production émise
                              d’éléments relatifs aux conditions de rémunération des        par l’interprofession. La note F correspondrait au prix
                              producteurs (le « rémunéra-score ») va être expérimenté.      moyen du marché.
        6
ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
Actualités
UNE MISE EN ŒUVRE DANS UN
CONTEXTE DE PRIX INÉDIT
Cette nouvelle loi Egalim 2 est entrée
en application dans un contexte d’ex-
trême hausse des coûts de production
avec la flambée des prix de tous les
intrants agricoles (céréales, énergie,
engrais…) et industriels (emballage,
transport, énergie…). Très faible les an-
nées précédentes, l’inflation a donc fait
son entrée dans l’équation des négo-
ciations commerciales, rendant encore
plus complexe cet exercice annuel.        tions alors qu’ils viennent de signer      taires concernés, Egalim 2 introduit un
Comment, en effet, concilier l’objectif   les contrats avec les distributeurs.       certain nombre d’obligations, globale-
d’Egalim 2, à savoir mieux rémunérer      Egalim 2 a d’ailleurs introduit la créa-   ment favorables aux fournisseurs, no-
les agriculteurs en prenant davantage     tion d’une clause générale de renégo-      tamment :
en compte leurs coûts de production       ciation  des prix activable en fonction de
                                                                                     • l’appel d’offres et le contrat devront
qui explosent, tout en préservant le      l’évolution des coûts industriels pour
                                                                                     mentionner un engagement relatif au
pouvoir d’achat des consommateurs ?       les contrats aval, ce qui devrait facili-
                                                                                     volume prévisionnel,
Les négociations commerciales 2022        ter le processus. Courant mars, l’ABEA
sur les marques nationales se sont        (Association Bretonne des Entreprises      • le contrat doit en outre faire figurer
terminées le 1 mars. D’après les pre-
                er                        Agroalimentaires) a diffusé une tribune    une obligation de prévenance dans un
miers éléments communiqués par les        dans   laquelle  elle pointe le risque  de délai raisonnable, afin de permettre au
parties prenantes, l’inflation sera per-  désolidarisation   entre les maillons des  fabricant d’anticiper des éventuelles
ceptible sur les produits alimentaires,   filières agroalimentaires et d’un affai-   variations de volume,
mais moins que ce que les industriels     blissement collectif. Pour l’éviter, elle  • l’obligation de faire figurer dans le
souhaitaient. En effet selon l’Ania (As-  réclame, outre des mesures d’urgence       contrat la durée minimale de préavis
sociation Nationale des Industries Ali-   exceptionnelles pour soutenir les en-
                                                                                     et d’écoulement des stocks en cas de
mentaires) et la Coopération agricole,    treprises, la mise en œuvre de la ré-
                                                                                     rupture du contrat et une clause de
les négociations auraient abouti sur une  vision automatique des tarifs en cours
                                                                                     répartition des coûts additionnels au
prise en compte partielle de la hausse    d’année. Le 31 mars, sous l’impulsion
                                                                                     cours du contrat,
de leurs coûts se traduisant par une      du gouvernement, les fédérations
inflation de l’ordre de 3 % en moyenne    représentant les industriels et les        • l’interdiction de faire supporter au fa-
pour les produits alimentaires sous       distributeurs ont signé une charte en-     bricant le financement des opérations
marques nationales. Cependant, se-        gageant leurs adhérents à respecter        promotionnelles des produits MDD,
lon ces deux structures, ces hausses      certains « principes » dans le cadre de    • le contrat doit également comporter
de tarifs acceptées au forceps par les    la réouverture des négociations com-       une clause de révision automatique
distributeurs, sont très loin de couvrir  merciales sur les tarifs des produits      des prix en fonction de la variation du
les hausses des coûts de production       alimentaires, réouverture qui semble
des industriels. En moyenne le besoin                                                coût des matières premières agricoles
                                          donc acquise.
de revalorisation se situait plutôt aux                                              supporté par le fabricant. A noter que
alentours de 7 % : 3 % correspondant      ET POUR LES MDD ?                          certains acteurs industriels auraient
à la hausse des matières premières        Oubliés de la loi Egalim 1, les produits   souhaité que les législateurs aillent
agricoles (MPA), et 4 % correspondant     alimentaires vendus sous marque            plus loin, notamment en imposant
à la hausse des autres intrants in-       de distributeur (MDD), qui occupent        une durée minimale de trois ans pour
dustriels (emballage, énergie, logis-     une place croissante dans les rayons       les contrats MDD. Ils reconnaissent
tique…). Ainsi, il semble que la sanc-    des grandes surfaces, sont égale-          néanmoins qu’il s’agit d’un premier pas
tuarisation du coût de la MPA a bien      ment intégrés dans le champ de la loi      dans le bon sens, qu’il faut désormais
fonctionné mais les centrales d’achats    Egalim 2. Pour les produits alimen-        concrétiser.
n’ont en revanche pas
accepté de prendre en
                              Non négociabilité du prix des matières premières agricoles : un exemple
compte les hausses
des coûts industriels
(entre 0 et 1 % selon les
enseignes). À la ques-
                                                                                      Emballages, énergie, transport,
tion posée plus haut, il
semble donc que la va-                                                                main d’œuvre, marge…
riable d’ajustement des                                                               = 96 % du tarif fournisseur
négociations commer-                                                                  = PART NÉGOCIABLE
ciales 2022 ait été les ac-
teurs industriels. Dans
le contexte d’explosion
des prix des intrants ag-                                                             Prix de la farine de blé, du sucre,
gravé par le conflit rus-                                                             œufs, cannelle importée…
so-ukrainien, il n’est pas
                                                                                      = 4 % du tarif fournisseur
surprenant que ces der-
niers souhaitent revenir                                                              = PART NON-NÉGOCIABLE
à la table des négocia-
                                                                                                                             7
ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
ALIMENTATION ANIMALE                                                      Florian Martial - florian.martial@bretagne.chambagri.fr

   Flambée des prix
   de l’aliment
   Une hausse des prix de l’aliment a atteint la Bretagne
   en 2021 avec des secteurs porcs et volailles
   particulièrement touchés. La hausse des prix
   mondiaux des matières premières agricoles se
   répercute sur la nutrition animale. Grâce à leurs
   stocks, les entreprises de trituration d’aliments ont
   pu lisser leurs prix jusqu’en juin 2021. Mais avec les
   retards de paiement, la trésorerie des usines n’a pas
   suffi à limiter l’explosion des prix au 2d semestre.

                             ACTIVITÉ                                                       Baisse sur un an de l’activité des
                             Le secteur de l’alimentation animale perd des volumes          fabricants d’aliments bretons en 2021
                             d’activité depuis des années en Bretagne. Néanmoins,

  -2%
                             les volumes s’étaient stabilisés en 2020. En 2021, la                           730 000
                                                                                                             710 000
                             chute de la fabrication animale bretonne reprend avec
                                                                                                             690 000
                             -2,1 % de production annuelle par rapport à 2020. La                            670 000

                                                                                           En tonnes
                             baisse de production bretonne suit finalement, mais                             650 000
                                                                                                             630 000
                             de manière amplifiée, les tendances françaises (-0,6 %
   dans les volumes                                                                                          610 000
                             annuelle). Elle est en majorité due à la diminution de la                       590 000
 d’aliments fabriqués
                             production d’aliments pour porcins (-3,2 % en Bretagne,                         570 000
en 2021 par rapport à la                                                                                     550 000
                             -2 % au niveau national) et pour volailles (-2,7 % contre
 moyenne 2016-2020

                                                                                                                                                            s
                                                                                                                                             nv

                                                                                                                                                                                               ût
                                                                                                                                                                                 in

                                                                                                                                                                                                     pt

                                                                                                                                                                                                                   ov
                                                                                                                                                   v

                                                                                                                                                                                                                          c
                                                                                                                                                                                      ill
                                                                                                                                                                  r

                                                                                                                                                                                                             t
                                                                                                                                                                        ai
                                                                                                                                                        ar

                                                                                                                                                                                                          Oc
                                                                                                                                                  Fé

                                                                                                                                                                                                                         Dé
                                                                                                                                                                 Av

                                                                                                                                                                              Ju

                                                                                                                                                                                            Ao

                                                                                                                                                                                                   Se
                                                                                                                                                                       M

                                                                                                                                                                                      Ju
                                                                                                                                        Ja

                                                                                                                                                                                                                   N
                             -0,6 % respectivement). L’aliment pour bovins bretons

                                                                                                                                                       M
                             s’en sort plutôt bien avec +2,7 % de production en 2021,                                                                  2021                               Moyenne 2016-2020
                             cependant que la tendance nationale est à la baisse très       Source : Coop de France Nurition Animale et SNIA au 11/03/2022
                             légèrement (-0,5 %).

                             DYNAMIQUES DE MARCHÉ                                           Les prix des matières premières
                             Après la première explosion des prix des matières
                                                                                            continuent sur leur lancée en 2021
                             premières du 2nd semestre 2020, les prix tendaient                                                        600
                             à se stabiliser voire à diminuer dans les premiers
                                                                                              Prix rendus centre Bretagne en €/tonne

                                                                                                                                       550
  Un tourteau de soja à
                                                                                                 majorations mensuelles incluses

                             mois de l’année 2021 avant de repartir à la hausse au                                                     500
                                                                                                   qualité alimentation animale

        presque              2nd semestre. Le blé fourrager a atteint un sommet à                                                      450                                                                                 A
                                                                                                          pour pois et blé

                                                                                                                                       400                  Tourteau de soja
                             283 €/tonne en novembre. La hausse annuelle est

 500
                                                                                                                                                                                               Tourteau de colza
                                                                                                                                       350
                             de 30 %. Les prix du maïs ont atteint un maximum à                                                        300
                                                                                                                                       250
                             320 €/tonne en août pour une augmentation des prix de                                                                               Pois standard
                                                                                                                                       200
                             +26 % sur l’année. Les prix du pois, des tourteaux de colza                                               150                          Maïs
                                                                                                                                                                                                         Blé fourrager

                    €/t      et de soja ont flambé à partir de juillet pour atteindre                                                  100
                             respectivement 364 €/tonne (+24 % annuellement),
                                                                                                                                                            20

                                                                                                                                                                                            21

                                                                                                                                                                                                                           22
                                                                                                                                                                    0

                                                                                                                                                                                                     1
                                                                                                                                        19

                                                                                                                                                                           20

                                                                                                                                                                                                           21
                                                                                                                                                  9

                                                                                                                                                                                      0

                                                                                                                                                                                                                    1
                                                                                                                                                                r2

                                                                                                                                                                                                   r2
                                                                                                                                                  t1

                                                                                                                                                                                 t2

                                                                                                                                                                                                                   t2
                                                                                                                                                       nv

                                                                                                                                                                                          nv

                                                                                                                                                                                                                           nv
                                                                                                                                       il

                                                                                                                                                                         il

                                                                                                                                                                                                          il
                                                                                                                                              oc

                                                                                                                                                                                 oc

                                                                                                                                                                                                                   oc
                                                                                                                                                              av

                                                                                                                                                                                                 av
                                                                                                                                       ju

                                                                                                                                                                       ju

                                                                                                                                                                                                        ju

                             388 €/tonne (+13 %) et 499 €/tonne (+5 %) en janvier 2022.
                                                                                                                                                       ja

                                                                                                                                                                                       ja

                                                                                                                                                                                                                         ja

                             Pour résumer, les prix à la clôture de 2021 ont dépassé        Source : Terres Univia au 07/03/2022
                             ceux des campagnes des trois dernières années.

                             EN COMPLÉMENT                                                  Explosion du prix de l’aliment pour porc

  +17
                             La progression du prix de l’aliment industriel pour porc       en 2021
                             à l’engraissement calculé par l’Ifip continue tout au long
                             de l’année 2021. En début d’année déjà le prix dépassait                          300
                     %       260 €/tonne. Il atteint 300 €/tonne en décembre soit                              290
                                                                                                               280
                             une hausse annuelle de 44 €/tonne (+17,2 %). Le prix
                                                                                           En €/tonne

sur un an, c’est la hausse                                                                                     270
  de l’indice de prix de     moyen sur l’année est de 280 €/tonne soit une hausse                              260

  l’aliment pour poulet      de 31,7 €/tonne par rapport à 2020. Début 2022, les                               250
                                                                                                               240
standard en janvier 2022,    prix de l’aliment continuent leur inflation. Compte tenu
                                                                                                               230
     calculé par l’Itavi     de la guerre russo-ukrainienne actuelle, les prix de                              220
                             l’alimentation animale pourraient largement continuer                                                     Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct                              Nov Déc

                             sur cette lancée.                                                                                                          2018                2019               2020            2021

                                                                                            Source : IFIP au 09/03/2022
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ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
le mag
     La revue des Chambres d’agriculture de
                                                                           des
                                                                           agriculteurs
                                                                                  Bretagne
                                                                                                    Mai 2022
     P.10                 P.21                         P.26               P.31
     Recensement agricole Le référent bien-être animal Réglementation bio Les choucas des tours      #01

                                                                                      Toute l’expertise,
                                                                                  les dernières références,
                                                                                  les conseils techniques et
                                                                                  les informations pratiques
                                                                                  et réglementaires des

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                                                                                  Chambres d’agriculture
                                                                                  pour votre exploitation

          le mag des Agriculteurs                                                 GRATUITEMENT chez vous
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                                         de Bretagne
          sur www.chambres-agriculture-bretagne.com

          Le-Mag@bretagne.chambagri.fr
ABC Analyse & Perspectives - AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE DE BRETAGNE EN CLAIR - Édition 2022 - Opera Connaissances
GRANDES CULTURES                                                             Florian Martial - florian.martial@bretagne.chambagri.fr

   Jusqu’où ira
   la flambée des prix ?
   Les pluies de juillet ont affecté la qualité et la quantité de la
   récolte 2021 en Bretagne. La situation devrait s’améliorer
   pour la nouvelle campagne avec une reconquête des
   surfaces perdues de blé tendre suite à l’augmentation
   des prix. Toutefois, la hausse du coût de production et les
   difficultés potentielles d’accès aux engrais pourraient
   pénaliser la production. En ce début d’année 2022,
   l’invasion de l’Ukraine rend le futur des filières grandes
   cultures bretonnes difficilement prévisible.

                              PRIX ET REVENUS                                                 Le prix moyen du blé payé aux
                              A l’issue du 1 semestre de la campagne de
                                                 er                                           producteurs bretons s’accroît

   193
                              commercialisation 2021/2022, le prix moyen du blé payé          au 1er semestre de 2021/2022
                              aux producteurs bretons a dépassé les 193 €/tonne,                                                                                                                        Campagne de
                              soit 21 % de plus qu’à la fin du 1er semestre 2020/2021.                     200
                                                                                                                                                                                                      commercialisation
                                                                                                                                                                                                           2020-2021
                              Il était déjà de 179 €/tonne en début de campagne, soit                      190                                                                                             2016-2017
                                                                                                           180                                                                                             2017-2018
                              supérieur de 26 % à celui du 1er trimestre de la campagne                                                                                                                    2018-2019
         €/tonne              de commercialisation de 2020/2021.
                                                                                                           170

                                                                                              €/tonne
                                                                                                           160                                                                                             2019-2020
                                                                                                           150                                                                                             2021-2022

  Le prix moyen du blé        Plus de 1,7 million de tonnes de blé ont été collectées                      140                                                                                         Trimestre de
                                                                                                                                                                                                     commercialisation

  payé aux producteurs        en Bretagne le premier semestre de commercialisation                         130
                                                                                                           120
                                                                                                                                                                                                      1T : prix au 30/09

                              2021/2022 contre 1,1 million lors de la campagne                                                                                                                        2T : prix au 31/12

bretons au 1er semestre de                                                                                 110                                                                                        3T : prix au 31/03
                              médiocre de l’an passé. La hausse spectaculaire                              100                                                                                        4T : prix au 30/06
   commercialisation                                                                                                               1T               2T              3T                     4T
                              des cours a pu compenser la hausse des coûts de
        2021-2022             production. Si l’accès aux engrais s’avère difficile du fait    Source : FranceAgriMer au 11/03/2022
                              du conflit russo-ukrainien, les rendements et la qualité
                              des grains pourraient être pénalisés en 2022.

                                                                                              2021/2022 : nouveau record
                                                                                              de production et de consommation
                              DYNAMIQUES DE MARCHÉ                                            de céréales dans le monde
                              Cela fait maintenant quatre années que les stocks                                             2400
                                                                                                                                                                                                                800

                              mondiaux n’ont pas augmenté et ils devraient rester                                           2200
                                                                                                                                                                     Production
                                                                                                                                                                                                                700

                                                                                                                                                                                                                      Stocks en millions de tonnes
                                                                                                                                    Consommation
                                                                                               Production et consommation

                                                                                                                            2000
                              stables selon les projections. La production de céréales

   410
                                                                                                                            1800                                                                                600
                                                                                                  en millions de tonnes

                              2021/2022 atteint à nouveau un record avec 2 286 millions                                     1600                                                                                500
                              de tonnes produites soit un million de moins que la                                           1400
                                                                                                                            1200                Stocks                                                          400
                              consommation mondiale.                                                                        1000                                                                                300
                              Le ratio stock/consommation du blé est confortable et                                          800
                                                                                                                             600                                                                                200
                              stable depuis l’année dernière (35 %). A contrario, le stock                                   400
  €/tonne rendu Rouen         du soja est plutôt inquiétant. Il est attendu à 16 Mt pour                                     200
                                                                                                                                                                                                                100

  pour le blé tendre en       la période 2021/2022 soit seulement un million de tonnes
                                                                                                                               0                                                                                0
                                                                                                                                   02 st.

                                                                                                                                               .

       mars 2022
                                                                                                                                    20 09

                                                                                                                                    20 10

                                                                                                                                    20 11

                                                                                                                                    20 12

                                                                                                                                    13 3
                                                                                                                                 20 014

                                                                                                                                    15 5
                                                                                                                                 20 016

                                                                                                                                    17 7

                                                                                                                                    18 8

                                                                                                                              20 19/ 9
                                                                                                                             20 /20 0

                                                                                                                                            oj
                                                                                                                                 20 2/1

                                                                                                                                 20 201

                                                                                                                                 20 201

                                                                                                                                 20 201

                                                                                                                                 20 201

                                                                                                                                           2
                                                                                                                                          e
                                                                                                                                         pr

                              de plus qu’à la période 2020/2021 qui avait vu le stock
                                                                                                                                          /

                                                                                                                                          /

                                                                                                                                          /

                                                                                                                                          /

                                                                                                                                20 20
                                                                                                                                       08

                                                                                                                                       09

                                                                                                                                       10

                                                                                                                                       11

                                                                                                                                       /2

                                                                                                                                       /2

                                                                                                                               21 21
                                                                                                                                       1

                                                                                                                                       /

                                                                                                                                       /

                                                                                                                                       /

                                                                                                                                       /

                                                                                                                                      2
                                                                                                                                    20

                                                                                                                                    14

                                                                                                                                    16

                                                                                                                                 /2

                              de soja chuter, passant de 24 Mt à 15 Mt. Le ratio stock/
                              consommation du maïs reste peu élevé (24 %) bien que            Source : Conseil International des Céréales au 07/03/2022
                              les stocks aient augmentés de 10 Mt.

                              AUTRES ÉLÉMENTS                                                 +21 % de surfaces de blé en Bretagne par
                              Les surfaces de blé tendre breton ont augmenté de 2 %           rapport à la campagne précédente
                              en 2021 par rapport à la moyenne des cinq dernières

 +45 %
                                                                                                                                                                          en 1 000 hectares
                              années. En 2020, elles avaient baissé de 21 %. La Bretagne                                                -14,9                             Maïs fourrage
                              a emblavé 54 500 ha de cultures en 2021.                                                                                -0,3                Pois protéagineux
                              Les cultures de triticale gagnent 10 100 hectares en                                                                 -3,0                   Colza
                              Bretagne. Cela représente +45 % de surfaces par rapport                                                                         0,3         Autres céréales
                              à la campagne précédente et +44 % par rapport à la                                                                                    10,1 Triticale
C’est l’accroissement des     moyenne des cinq dernières années.                                 -35,3                                                                    Maïs (grain et semences)
 surfaces de triticale en     La surface de maïs grain-semences augmente de 12 %                                                                              0,7         Avoine
    Bretagne en 2021          par rapport à la moyenne quinquennale bien qu’elle se                                                     -14,6                             Orge
                              soit réduite 35 300 ha par rapport à l’an passé où la culture                                                                                                                         54,5
                                                                                                                                                 Blé tendre
                              avait connu une explosion de ses surfaces (+51 000 ha
                                                                                                                                                 Céréales                15,8
                              annuellement). L’orge et l’avoine perdent plus de 10 % de
                              leurs surfaces par rapport aux dernières années.                Source : Agreste - situation mensuelle au 09/03/2022
       10
Les dynamismes de marchés en 2021
La fin de campagne de commercialisation 2020/2021 s’est          céréales relance l’intérêt des fabricants d’aliments de bétail
achevée avec des prix fluctuants sur les marchés. Avec un        pour les protéagineux.
pic à 224 €/tonne en février 2021 et des prix jonglant autour    En ce début d’année 2022, la guerre en Ukraine rend im-
des 215 €/tonne au 2nd semestre, la campagne 2020/2021           prévisible les marchés avec un cours du blé qui a déjà
terminait déjà avec le cours du blé tendre (rendu Rouen) le      dépassé les 410 €/tonne. Le maïs a également bondi à
plus haut de ces dernières années (209 €/tonne en juin 2021      360 €/tonne.
contre 179 €/tonne en juin 2020).
Depuis, le cours du blé tendre a enregistré une croissance
exponentielle avec un démarrage à 207 €/tonne en juillet, au
début de la campagne 2021-2022. En décembre 2021, le cours
avait bondi de 35 % par rapport à décembre 2020.
Les causes de cette hausse des cours sont multiples. Parmi
ces causes : les mauvaises récoltes européennes de 2020,
les vagues de froid en Ukraine et en Russie ne protégeant
pas assez les cultures, la diminution des stocks mondiaux de
blé à l’échelle mondiale et la forte demande chinoise en cé-
réales. En début d’année 2021, l’instauration d’une taxe russe
à l’export dans le but de protéger le marché intérieur rajoute
encore une tension supplémentaire sur les marchés.
L’augmentation du cours du maïs, liée notamment aux sé-
cheresses en Amérique du Sud et à la mauvaise récolte
étasunienne, a également tiré le cours du blé à la hausse par
effet de ricochet. Les cours étaient de 212 €/tonne en avril
2021 et ont terminé à 250 €/tonne en décembre avec un pic
annuel à 267 €/tonne. Les difficultés d’accès aux engrais et
l’explosion de leur coût pourraient pousser les pays produc-
teurs à se focaliser sur des cultures moins exigeantes en in-
trants comme le soja.
Les protéagineux n’ont pas échappé à la hausse des cours.
Le pois alimentaire est passé de 265 €/tonne en avril 2021,
à environ 330 €/tonne en décembre. La flambée des prix des

                                                                                                                            11
LAIT                                                                         Olivier Carvin - olivier.carvin@bretagne.chambagri.fr

   Un avenir incertain
   Le prix du lait payé au producteur a connu une forte
   hausse en 2021, conséquence d’un marché mondial
   des commodités laitières sous tension, en particulier
   depuis l’automne. Néanmoins, cette hausse des prix
   permet tout juste de compenser l’accroissement des
   charges qui pèsent sur les producteurs. Par ailleurs,
   entre diminution des cheptels, renouvellement des
   générations et crise du lait bio, la production bretonne
   doit faire face à de nombreux enjeux.

                              PRIX ET REVENUS                                                 Un prix du lait en forte hausse
                              Après un léger repli en 2020, le prix du lait est reparti à                                                       390

23 000
                                                                                                                                                                                     378
                              la hausse en 2021, avec une croissance de la moyenne                                                              370
                                                                                                                                                                                                                                           369

                              annuelle de 4,8 %. Le prix du lait breton, toutes primes                                                                                                                                      357

                                                                                              Prix payé aux éleveurs bretons
                                                                                                                                                                        356                                                        352

                              et qualités prises en compte, atteint ainsi 369 € les 1 000                                                       350
                                                                                                                                                                341                                                   341

                                                                                                       (€/1 000 litres)
                                                                                                                                                                                                         338
                              litres, soit la 2e meilleure moyenne annuelle de ces dix                                                          330

                              dernières années, après 2014.                                                                                                       327                            320

          €/UTA               Le revenu disponible des exploitations spécialisées en
                                                                                                                                                310

C’est le résultat courant     lait conventionnel du réseau Inosys Grand Ouest s’établit                                                         290
                                                                                                                                                                                                         295

    avant impôts des          en 2021 à 32 000 €/UMO, soit 6 000 €/exploitant de plus                                                           270

éleveurs laitiers bretons     que la ferme laitière moyenne de l’Ouest selon le Rica.
   spécialisés en 2020        Le principal facteur explicatif de cette différence de                                                            250
                                                                                                                                                           2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
                              revenu est le niveau de production par vache plus élevé
                                                                                              Source : enquête mensuelle laitière SSP-FranceAgriMer au
                              (+800 litres/VL).                                               18/03/2022

                              DYNAMIQUES DE MARCHÉ
                                                                                              Des livraisons bretonnes de lait
                              En 2021, la collecte bretonne a atteint 5,3 Mds de litres, ce   en faible repli
                              qui correspond à un recul de -0,53 % par rapport à 2020.
                                                                                                                                                5 500
                              Au niveau national, le recul est plus prononcé : -1,5 %.                                                                                                                         5436            5443

19 809
                                                                                                                                                                                      5426
                              Au printemps, il a été observé une hausse de la collecte                                                          5 400                                                                   5392            5394
                                                                                                                                                                                                                                               5366
                              liée à la bonne productivité des prairies. Cependant, à
                                                                                              Livraisons bretonnes de lait

                                                                                                                                                                                                        5294
                              partir de septembre, la collecte bretonne a décroché. Cela
                                                                                                  en millions de litres

                                                                                                                                                5 300
                                                                                                                                                                                                 5240
                              est dû à une diminution de l’usage des concentrés dont le
                                                                                                                                                5 200
                              prix s’est fortement accru cette année. En effet, l’indice                                                                       5162
                                                                                                                                                                              5135
C’est le nombre de vaches     des prix « Ipampa - aliments achetés » a augmenté de                                                                                    5088
                                                                                                                                                5 100
 laitières en moins dans      13,6 % en un an.
le cheptel breton entre le    À ces éléments conjoncturels s’ajoute l’érosion                                                                     5 000
31/12/2020 et le 31/12/2021   structurelle du cheptel breton. En décembre 2021, le                                                               4 900
                              nombre de vaches laitières présentes sur le territoire                                                                           2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

                              est en recul de 2,6 % par rapport à décembre 2020. Le           Source : Agreste - FranceAgriMer - SAA, enquête mensuelle laitière
                              cheptel diminue pour la 4e année consécutive.                   au18/03/2022

                                                                                              Des exportations bretonnes de plus
                                                                                              en plus tournées vers les marchés
                                                                                              extra-européens
                              AUTRES ÉLÉMENTS                                                                                                            900

 12 %
                              Les exportations de l’ensemble des produits laitiers de                                                                    800
                                                                                                                         Montant des exportations (M€)

                              la Bretagne augmentent en valeur de 8,7 % en 2021. La                                                                      700

                              croissance est tirée par la Chine, qui devient le 1er client                                                               600                                                                      496
                                                                                                                                                                                           392                 426
                              de la région, et par le marché européen. En revanche, les                                                                  500
                                                                                                                                                                      336
                              exportations bretonnes de la catégorie « produits laitiers                                                                 400
  C’est la part en valeur     et fromages » chutent en Algérie (-60,8 %), en raison de                                                                   300
   de la Chine dans les       l’arrêt des importations de poudres de lait à partir de                                                                    200
 exportations bretonnes       septembre, et au Royaume-Uni (-40,9 %), principalement                                                                     100
                                                                                                                                                                      301                  333                 314                333

                              sur les fromages. À noter la mondialisation croissante                                                                       0
                                                                                                                                                                  2018                 2019                    2020               2021
                              de la production bretonne, la part « hors UE » des                                                                                                 UE                 Pays tiers
                              exportations passant de 57,5 % en 2020 à 59,8 % en 2021.
                                                                                              Source : Douanes au 11/02/2022
        12
Les dynamismes de marchés en 2021
En 2021, la production laitière connaît      et des engrais qui conduit à réduire leur    cours des produits laitiers, en particu-
un repli dans plusieurs des principaux       usage et joue à la baisse sur la produc-     lier depuis l’automne : +67 % sur le prix
bassins exportateurs mondiaux, no-           tivité des vaches laitières, et des condi-   du beurre et +49 % sur les poudres de
tamment : -3,3 % en Nouvelle-Zélande         tions météorologiques défavorables           lait écrémé en un an. Cependant, cette
et -2,1 % en Australie. Seuls les Etats-     en Nouvelle-Zélande. À l’opposé, la          hausse ne se répercute pas avec la
Unis voient leur production augmenter        demande chinoise a été particulière-         même ampleur sur le prix du lait payé
en 2021 par rapport à 2020 : +1,4 %,         ment dynamique cette année : +15 %           aux producteurs français, les opéra-
mais la dynamique depuis l’automne           sur le beurre, +31 % sur la poudre de        teurs profitant peu de cette valorisa-
est à la baisse. Par exemple, sur le seul    lait écrémé, +38 % sur la poudre de lait     tion des produits laitiers en raison de
mois de janvier 2022, la production est      entier. Seules les poudres de lait in-       contrats engagés avant la hausse des
inférieure de -1,6 % par rapport à jan-      fantiles ont été délaissées par le géant     cours sur les marchés mondiaux. Ain-
vier 2021. Les raisons sont diverses :       asiatique, ceci étant dû à une chute de      si, l’augmentation du prix du lait payé
diminution tendancielle du cheptel           la natalité infantile. Cette discordance     au producteur breton (+10,5 % entre
dans plusieurs pays européens, aug-          entre offre et demande au niveau mon-        décembre 2020 et décembre 2021) ne
mentation des coûts des compléments          dial entraîne une hausse marquée des         permet pas de compenser l’accroisse-
                                                                                          ment des charges mesuré par l’indice
                   Les éléments de marché                            Effet attendu        Ipampa – Lait de vache (+12,7 % sur la
                     à surveiller en 2022                            sur le marché        même période).
                                                                                          En France, la consommation des mé-
 Le coût de l’énergie. Un maintien du coût des intrants à des                             nages est à la baisse pour tous les pro-
 niveaux élevés aura un impact sur la production des principaux                           duits laitiers par rapport à 2020, suite
 bassins exportateurs, en particulier en Europe et aux Etats-Unis.                        à la réouverture progressive de la res-
 La demande chinoise. Si l’hypothèse de constitution de stocks en                         tauration hors domicile. Néanmoins,
 2021 est avérée, la demande chinoise pourrait ralentir en 2022,                          en comparaison avec 2019, les achats
 ce qui dénouerait les tensions sur les marchés des matières                              des ménages sont en progression sur
 grasses.                                                                                 tous les produits laitiers convention-
 Egalim 2. Les négociations commerciales se réalisent dans le                             nels hors laits liquides. Les crèmes,
 cadre de la mise en œuvre d’Egalim 2, qui prévoit notamment que                          en particulier, sont plébiscitées : la
 les prix de production soient pris en compte dans les contrats.
 Cependant, nous n’aurons une visibilité sur l’impact de cette loi
                                                                            ?             consommation des ménages a aug-
                                                                                          menté de 10 % entre 2019 et 2021, tra-
 qu’à partir de la fin de l’année 2022.                                                   duisant l’attrait du fait-maison.

Actualités de la filière
À RETENIR EN 2021
La filière laitière bio fait face à une
crise de surproduction. Portée par des
conditions météorologiques favorables
et par une vague de conversions qui
n’a pas cessée depuis 2016, la collecte
régionale s’est accrue de 14,2 % en un
an tandis que la consommation des
ménages a chuté sur tous les produits
laitiers par rapport en 2020. Cepen-
dant, 2020 avait été une année excep-
tionnelle en termes de consommation
des ménages, et la situation est moins
                                             de 50 ans. Cet enjeu est particulière-       ciations commerciales indiquent que
préoccupante comparée à 2019 : seule
                                             ment crucial pour les filières d’élevage     sur une moyenne de 7 % d’accroisse-
la consommation de beurre (-3 %) et
                                             et notamment la filière laitière : la Bre-   ment des charges de production, de
d’ultra-frais (-8 %) est déclinante. Les
                                             tagne a déjà perdu 25 % de ses exploi-       collecte et de transformation, seuls 3
collecteurs ont eu recours à diffé-
                                             tations en bovin lait en dix ans (baisse     à 4 %, correspondant à l’accroissement
rentes solutions pour faire face à cette
                                             allant de 22,5 % en Ille-et-Vilaine à 29 %   du coût des matières premières, ont
situation : arrêt des conversions hors
                                             dans le Morbihan), et les effectifs de       été pris en compte dans les contrats
installations, déclassement d’une par-
                                             vaches laitières ont été réduits d’un        négociés entre industriels et distribu-
tie de la collecte en lait conventionnel
                                             tiers sur cette même période.                teurs. Ces résultats sont jugés insuf-
sans OGM, etc. En décembre 2021, le
                                             À travers l’entrée en vigueur d’Egalim       fisants, notamment au regard des ten-
lait bio breton s’est vendu 2,8 % moins
                                             2, les relations entre les acteurs de        sions sur les marchés provoquées par
cher qu’en décembre 2020.
                                             la filière constitueront un autre enjeu      la guerre russo-ukrainienne.
LES ENJEUX DE LA FILIÈRE POUR                majeur en 2022. Il existe une attente        A ce titre, la structuration de la partie
2022 ET LES ANNÉES SUIVANTES                 forte vis-à-vis de la mise en œuvre          amont en OP puis en AOP, ainsi que le
L’enjeu majeur qui ressort du recen-         d’Egalim 2 pour prendre en compte les        développement des contrats tripar-
sement agricole 2020 est le renou-           hausses du montant des charges de            tites, constituent autant d’opportunités
vellement des générations. Plus de la        production dans les négociations de          de peser dans la balance des négocia-
moitié des chefs d’exploitation ont plus     prix. Les premiers retours des négo-         tions sur l’ensemble de la filière.
                                                                                                                                13
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