AEROPORT DE PARIS Expertise CHSCT n 5 Analyse de l'intervention de sous-traitants
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AEROPORT DE PARIS Expertise CHSCT n°5 Analyse de l’intervention de sous-traitants Edith ROUALDES - DUMARTIN - Ingénieur sécurité environnement Alain SAUTOU - Ingénieur ENSAM Gérard BREGIER - Ingénieur conseil prévention sécurité Octobre 2007 - TECHNOLOGIA SAS - Expertise AEROPORT DE PARIS – Rapport Intermédiaire – Septembre 2007 1
Préambule Nous tenons à remercier l’ensemble de nos interlocuteurs pour leur disponibilité, leur accueil, les informations et documents fournis : Les salariés d’Aéroports de Paris, qui nous ont accordé leur confiance; Les cadres d’Aéroports de Paris, qui ont contribué à la réalisation de cette expertise; Les membres des CHSCT n°5 pour le rôle moteur qu’ils ont joué. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 2
SOMMAIRE Résumé................................................................................................................................. 5 -I- Introduction ..................................................................................................................... 7 I.A- Contexte de l’expertise ............................................................................................ 8 I.B- La demande d' expertise........................................................................................... 9 I.C- Objectif de la mission............................................................................................. 10 I.C.1- Méthodologie adoptée .................................................................................... 10 -II- Analyse d’incidents, de presque accidents et autres situations dangereuses........ 12 II.A- Incident du 5 février 2007 pendant travaux de désamiantage ................................ 13 II.A.1- Chronologie de l’incident ................................................................................ 13 II.A.2- Notre analyse ................................................................................................. 15 II.B- Autres incidents relevés......................................................................................... 17 II.C- Chantier RCI.......................................................................................................... 19 -III- Problématiques soulevées.......................................................................................... 25 III.A- Elaboration des plans de prévention .................................................................. 26 III.A.1- Visites préalables ........................................................................................ 27 III.A.2- Détail des phases d’opération ..................................................................... 28 III.A.3- Dynamisme d’un plan de prévention ........................................................... 29 III.A.4- Evaluation continue pendant la phase de travaux ....................................... 30 III.B- Organisation du service sécurité ........................................................................ 33 III.C- Plan de retrait pour les travaux de désamiantage............................................... 35 III.D- Organisation des secours................................................................................... 36 III.D.1- Zonage des évacuations ............................................................................. 36 III.D.2- Exercices .................................................................................................... 37 III.D.3- Responsabilités dans l’organisation ............................................................ 37 III.E- Notion de chantier clos et indépendant .............................................................. 39 -IV- Fonctionnement du CHSCT........................................................................................ 41 IV.A- Rappel sur les missions et le fonctionnement du CHSCT................................... 42 -V- Conclusion générale et préconisations...................................................................... 44 -VI- Annexes ....................................................................................................................... 50 VI.A- Bibliographie ...................................................................................................... 51 VI.B- Fiche de données de sécurité ............................................................................ 52 TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 3
TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1 – Série de trois photos sur incident en local H1A2 ................................................. 18 Figure 2 – Série de deux photos de situations observées sur le chantier RCI ...................... 20 Figure 3 – Panneau d’affichage à l’entrée d’un local en travaux sur le chantier RCI ............ 20 Figure 4 – Série de trois photos sur l’atmosphère de travail à l’intérieur du local (chantier RCI) .............................................................................................................................. 21 Figure 5 – Produit utilisé pour le flocage du plafond (chantier RCI)...................................... 22 Figure 6 – Série de trois photos sur la clôture du chantier observé (chantier RCI) ............... 23 Figure 7 – Photo des impacts du chantier dans les espaces alentours. ............................... 24 TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 4
Résumé Le volume des travaux de maintenance et de modernisation de la plate-forme aéroportuaire d’Orly est, ces dernières années, en augmentation permanente, entraînant une densité croissante de chantiers confiés par ADP à des sous- traitants. Le CHSCT n°5 d’ADP, inquiet du nombre important d’incidents survenus à l’occasion de l’intervention de ces entreprises extérieures, non portés à sa connaissance au motif qu’aucune conséquence n’est à déplorer pour le personnel d’ADP, s’interroge sur la capacité de l’entreprise à bien maîtriser ces chantiers. L’expertise de TECHNOLOGIA met en relief, à partir de l’analyse de plusieurs incidents, les limites, voire les lacunes de l’organisation d’ADP. Les procédures, mises en place pour ouvrir et suivre ces nombreux chantiers, ainsi que les outils développés (logiciel Plancile), sembleraient témoigner de la volonté d’ADP d’appliquer les exigences de la réglementation. Cependant, le décalage trop important entre les situations prévues dans les phases de préparation des plans de prévention et les situations réelles, sans que l’organisation ADP ne réagisse, révèle, sur ce domaine, une politique de prévention plus centrée sur un formalisme documentaire que sur une démarche de progrès en prévention. Les entreprises sous-traitantes, rencontrées au cours de cette expertise, se sont adaptées à cette pratique administrative de la prévention en jouant le jeu de l’élaboration du plan de prévention ADP sans, cependant, se sentir obligées de l’appliquer avec rigueur durant les travaux. Tout changement nécessaire durant le chantier se négocie plus ou moins verbalement sur les aspects techniques avec le contrôleur de travaux d’ADP. Les aspects sécuritaires sont la plupart du temps éludés. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 5
Les responsables d’ADP, ainsi que les contrôleurs techniques, analysent le plus souvent cette situation avec fatalisme, arguant de la responsabilité des entreprises à ne pas jouer le « jeu de la prévention » et pensant ne pas pouvoir s’investir plus dans ce domaine, compte tenu des contraintes de temps et de la faiblesse de leurs moyens. Il semblerait que la Direction d’ADP n’ait pas pris la pleine conscience des enjeux, liés à la sécurité de ces interventions, dans le cadre particulièrement sensible de l’aéroport et de la responsabilité que lui confère la loi pour animer la coordination de la prévention de l’ensemble des entreprises présentes sur la plate-forme d’Orly. L’incident, survenu le 5 février 2007, illustre parfaitement comment un chantier habituel peut créer une situation de risque majeur (explosion d’une partie de bâtiment à proximité du public) par l’introduction non maîtrisée d’un solvant réputé peu dangereux, mais mis en œuvre d’une façon inadaptée. ADP doit poursuivre et resserrer sa politique de prévention dans ce domaine, en complétant les actions déjà mises en œuvre, suivant les préconisations qui apparaissent dans le chapitre VI et qui concernent : • La préparation des plans de prévention ; • L’amélioration indispensable de l’outil Plancile ; • Le rôle des contrôleurs et de leur hiérarchie par rapport aux animateurs de sécurité dans l’élaboration des plans de prévention ; • La mise en place d’une grille d’évaluation permettant de comparer la réalité des situations de chantiers par rapport aux plans initiaux, afin de faire progresser la pertinence des plans, leur mise à jour et la rigueur de leur mise en œuvre par les entreprises ; • La plus grande maîtrise nécessaire aux chantiers de désamiantage ; • L’organisation des évacuations de personnels, en cas d’alerte, et des exercices réguliers réglementaires ; • La coordination nécessaire en cas de chantier dit « clos et indépendant », compte tenu de l’impact santé sécurité toujours présent aux abords du chantier et de la présence fréquente de personnel ADP sur ce type de chantier ; • L’amélioration nécessaire du fonctionnement du CHSCT n°5. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 6
-I- Introduction TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 7
I.A- Contexte de l’expertise En 2006, Aéroports de Paris (ADP) a accueilli un nombre record de passagers. Le trafic s’est inscrit en hausse de 4,80 % avec 82,5 millions de passagers. Pour l’aéroport de Paris-Orly, la hausse a atteint 3,10 % avec 25,6 millions de passagers. Ces résultats placent ADP, pour la troisième année consécutive, en tête des principaux aéroports européens en terme de croissance. Le nombre de mouvements d’avions est en hausse de 3,50 % à 762.332 mouvements avec une évolution de 3,80 % à Paris-Charles de Gaulle (CDG) et de 2,90 % à Paris-Orly. Ces chiffres traduisent l’amélioration du taux de remplissage des avions (66,10 % en 2006 contre 65,70 % en 2005) et de la capacité d’emport (114 passagers/vol, en 2006, contre 113, en 2005). ADP confirme également sa première place parmi les aéroports européens pour l’activité cargo (fret + courrier). L’activité cargo augmente de 5,80 % avec 2,24 millions de tonne transportées. En 2006, le produit des services aéroportuaires s’établit à 1.726,4 millions d’euros, soit une hausse de 7,90 %. Les CHSCT d’ADP sont organisés en huit CHSCT. Le CHSCT n°5 couvre deux terminaux, le terminal Sud et le terminal Ouest, et l’escale ADP (assistance aux personnels et aux avions, enregistrement, traitement des bagages, traitement des avions, dont une partie est sous-traitée). Le travail, qui se déroule sous l’avion, comporte de nombreuses co-activités et un groupe de travail sur ce sujet, piloté par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), examine la co- activité sur les aires. Dans ses installations, ADP est amené à faire appel à différents sous-traitants dans le cadre de l’activité de service direct (pour des travaux de maintenance, des travaux d’adaptation, d’extension, ou des chantiers de désamiantage) avec application du décret n° 92-158 du 20 février 1992. Il existe aussi des chantiers de bâtiment ou de génie civil qui entrent dans les prévisions de l’article L.235-3, ainsi que d’autres chantiers clos et indépendants. La difficulté, pour les chantiers dits clos, est de pouvoir s’assurer qu’ils n’ont réellement pas d’impact sur le personnel ADP, et des différences d’appréciation entre Direction et commissaires du CHSCT peuvent encore apparaître lorsqu’il s’agit de déterminer quel degré de nuisance on est prêt à accepter (bruit, poussières, circulation, etc…) sans que cela nuise à la santé ou à la sécurité. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 8
I.B- La demande d'expertise Le CHSCT dit avoir constaté l’existence d’un risque grave révélé par une série d’incidents répétés qui « montrent des lacunes importantes et récurrentes dans la préparation des interventions, l’inspection commune des lieux de travail, ainsi que dans l’élaboration des plans de prévention qui doivent être réalisés conformément aux articles R.237-1 et suivants du Code du Travail. Pour remplir pleinement la mission que le législateur lui confie à l’article L.236-2 du Code du Travail, le CHSCT a besoin d’une information autonome et d’un soutien technique et juridique particulier pour remplir sa mission face à ces situations complexes. Le CHSCT décide donc, comme le lui permet l’article L.236-9, de recourir à l’assistance d’un expert extérieur et agréé par le Ministère du Travail qui lui apportera une information précise et indépendante. ». Le CHSCT n°5 a donc désigné le cabinet d’expertise TECHNOLOGIA, agrée par le Ministère chargé du Travail, « avec comme missions de: Analyser de façon détaillée les incidents mettant en cause l’intervention d’une entreprise intervenante, dans le cas précis la société PECTEL, mais également les autres sociétés de sous-traitance, la simultanéité des activités et l’interférence des risques professionnels et mettre à jour toutes les causes directes et indirectes en interaction dans ces situations ; Aider le CHSCT à formuler des propositions propres à mieux garantir la santé et la sécurité des salariés, lors de travaux effectués dans nos locaux par une entreprise extérieure et en améliorant les conditions de travail, ainsi qu’à l’organisation des secours. » TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 9
I.C- Objectif de la mission I.C.1- Méthodologie adoptée La démarche proposée par Technologia SAS a consisté en une approche globale et pluridisciplinaire d’analyse des conditions de travail des salariés et des éléments présentant des risques professionnels. L’expertise a tenu compte des aspects suivants : Le respect de la réglementation, L’organisation du travail et les conditions de travail du personnel ADP, L’organisation du travail et les conditions de travail du personnel des sous-traitants, La politique générale de sécurité. En résumé, toutes ces études nous ont permis d' établir un diagnostic sur : La santé et la sécurité des salariés, L' organisation du travail autour de la maîtrise du danger et du risque. Pour ce faire, nous avons procédé à l' étude des pièces suivantes : Organigramme général de Orly Ouest, La répartition des effectifs du périmètre du CHSCT N°5, Les 5 derniers plans de prévention réalisés dans le cadre du décret 92.158 du 20 février 1992, Les analyses ou compte-rendus d’incidents des 9 janvier et 14 novembre 2006, Derniers compte-rendus des CHSCT, Rapport annuel 2006 du CHSCT N°5, Programme d’action 2007 du CHSCT N°5, Bilans sociaux 2005-2006, Rapport annuel Service Médical inter-établissements d’entreprises, années 2005 et 2006, Document Unique, Règlement intérieur du CHSCT N°5, Plan de retrait de l’entreprise PECTEL France, Fiches de sécurité de produit (FDS) Foster 32/47, TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 10
Compte-rendu incident du 5 février 2007, « Interventions entreprises extérieures – plan de prévention – décret du 20 février 1992 – Aide mémoire et Procédures » version du 24 octobre 2006, Document sur la structure de la fonction sécurité dans l’organisation d’ADP. Nous avons effectué des observations de chantiers et d’élaboration de plans de prévention. Nous avons suivi le planning suivant : 11 mai 2007 Réunion de cadrage Organisation des entretiens 31 mai 2007 Consultation Document unique et Plancile 5 au 8 juin 2007 Analyse documentaire 11 au 15 juin 2007 Entretiens CHSCT extraordinaire (chantier RCI) 25 juin 2007 Visite chantier RCI 27 juin 2007 Plan de prévention PECTEL France Des entretiens semi-directifs ont également été réalisés, avec : o Le Service de Secours Incendie et Assistance aux Personnes (SSIAP), o Le Médecin du travail, o L’Inspection du travail. Des rencontres informelles tout au long de nos investigations sur les sites, nous ont également permis d'approfondir nos analyses. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 11
-II- Analyse d’incidents, de presque accidents et autres situations dangereuses TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 12
II.A- Incident du 5 février 2007 pendant travaux de désamiantage Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe un plan de désamiantage pour les aérogares d’Orly. Pour répondre à ces travaux, ADP lance chaque année un marché à « Bon de commande » pour la réalisation de ces travaux. Auparavant, ADP travaillait avec HANNY, mais depuis juin 2006 c’est la société PECTEL France qui a remporté le marché. Ainsi, PECTEL France a pour mission de réaliser des travaux de désamiantage de toutes tailles, et ce, dans les différents locaux d’ADP (aérogare, bureau…). Le 5 février 2007, des travaux de désamiantage étaient en cours dans l’aérogare d’Orly Ouest, au premier étage (ancien pub). Ces travaux ont débuté le 22 janvier 2007 et devaient durer deux à trois semaines. Les locaux concernés étaient un ancien pub, d’une hauteur d’environ 6 mètres sur environ 70 m². Le désamiantage consistait à enlever des calorifuges sur 800 mètres de canalisations. Il s’agit de calorifuges à coque métal, posés sur les canalisations avec une colle amiantée. Le chantier a été installé selon les règles de l’art, i.e. confinement étanche du local par film polyane, installation d’extracteurs d’air avec filtres et la mise en place de sas pour les hommes et les déchets (voir plan de retrait). A la date du 5 février 2007, les calorifuges étaient déjà enlevés et évacués. Les ouvriers devaient procéder à l’enlèvement de la colle amiantée restée sur les canalisations. II.A.1- Chronologie de l’incident Milieu de matinée : Le contremaître de la société PECTEL demande à l’agent ADP, chargé du suivi de ce chantier, l’autorisation d’utiliser un nouveau produit, non inscrit dans le plan de retrait. Il s’agit d’un solvant dénommé Foster 32-47, dont la fiche de données de sécurité est jointe en annexe. L’agent ADP autorise l’essai de ce produit sur un mètre de canalisation pour vérifier son efficacité. Ce test devait être réalisé avec un pinceau. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 13
Vers midi : Le chef du chantier de désamiantage revient de l’entrepôt PECTEL, situé en région parisienne avec un bidon de 20 litres de ce nouveau produit. 13h00 : Les ouvriers PECTEL appliquent le produit sur l’ensemble des canalisations en pulvérisation moyenne pression, avec la même machine qui leur sert à pulvériser le surfactant (entre 5 et 7 bars). 13h30 : Déclenchement d’un détecteur de fumée situé dans le chantier : les SSIAP déclenchent la procédure liée à un incendie. Six autres détecteurs de fumée se déclenchent en suivant dans le local du chantier de désamiantage (13h34 – 13h35 – 13h37 – 13h38 – 13h40 – 13h41). Le SIAP 2 est dépêché sur place, tandis que son collègue en salle de repli déclenche la procédure avec, notamment, l’intervention de la brigade des Sapeurs Pompiers de Paris (BSPP). Sur place, le SIAP 2 s’équipe avec une combinaison et un masque filtrant (tenue de désamianteur), pénètre dans la zone confinée et constate la présence d’un épais brouillard dans le chantier. Avec une lampe torche, il inspecte difficilement la zone concernée par les détecteurs de fumées. C’est ce brouillard qui a déclenché les détecteurs. Il repère dans le chantier un bidon du produit (solvant) qui a été pulvérisé. Le chef de chantier n’est pas sur place et les ouvriers de Pectel, qui ne parlent pas français, – ils sont anglais – n’ont pas la fiche de sécurité (FDS) du produit qui est alors immédiatement demandée au siège par la BSPP. 14Hh0 : Le personnel ADP et AIR France de la partie d’étage, surplombant le chantier, se plaint d’odeurs irritantes. La BSPP procède à l’évacuation partielle du 3ème étage, de la cuisine et des locaux d’Alliance au 2ème étage. Plusieurs personnes sont dirigées vers le SMU sans gravité particulière. Les agents présents au centre de secours font alors la possible relation entre les deux événements. 15h10 : La FDS du produit est reçue par télécopie. Suivant cette fiche, le Foster 32-47 est classé comme irritant, mais peu dangereux. La BSPP recommande la ventilation des locaux pollués. 16h20 : Départ des services d’urgence. Arrêt de l’opération de secours. L’entreprise Pectel met en place un extracteur d’air supplémentaire pour accélérer la ventilation du chantier. Les jours suivants, l’entreprise reprend les travaux de retrait de la colle amiantée par grattage manuel. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 14
II.A.2- Notre analyse Nous jugeons cet incident assez grave pour l’analyser de manière précise. Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés à l’encadrement réglementaire de ce chantier. Nous développons nos remarques et nos préconisations, dans le chapitre suivant, sur l’élaboration des plans de prévention et des plans de retrait pour les chantiers liés à l’amiante. Dans un second temps, nous avons observé les démarches d’ADP pour contrôler et surveiller ses chantiers. Nos remarques apparaissent dans le chapitre suivant. Il en est de même pour l’organisation des secours et, en particulier, la mise en œuvre de l’évacuation du personnel exposé qui ne nous semble pas avoir été menée avec la rigueur nécessaire, lors de cet incident. Cependant, nous voulons attirer l’attention sur le caractère particulièrement dangereux de cet incident avec un risque d’explosion avéré et non considéré lors de l’intervention des secours. En effet, le produit utilisé lors de la création de ce brouillard est un solvant lourd, le Foster 32-47 (diluant pour adhésif de revêtement de sol). La FDS est en annexe. Il est composé de trois sous-produits : Kerosine (produit pétrolier – pétrole lampant) : 30 – 60 %, N-Methyl-2-Pyrrolidone (NMP) : 10 – 30 %, Dipenthene : 1 – 10 %. Dans la FDS du Foster 32-47, le point éclair de Pensky-Martens est de 62°C. Les points éclairs des sous-produits sont entre 45 °C (Kerosine et Dipenthene) et 91°C (NMP) en coupelle fermée. Les secours, SIAP 2 et pompiers BSPP, affirment qu’il y avait un épais brouillard dans le local concerné, ce qui explique les déclenchements des détecteurs de fumée. Après enquête (observations et réponses des salariés Pectel), nous savons que le produit a été pulvérisé dans l’air à moyenne pression (vraisemblablement entre 5 et 7 bars). C’est de cette manière que le brouillard s’est formé. Environ 15 litres de ce produit ont été pulvérisés, ce qui suppose une forte densité de produit dans l’air. Dans ces conditions, le brouillard, constitué de micro-gouttelettes de solvant qui accélèrent la formation de vapeurs, devient explosif. Les travaux de l’INRS, cités en bibliographie, démontrent que le point éclair de solvants lourds s’abaisse de 25 à 40 °C dans cette configuration physique. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 15
L’ambiance dans ce local à la fin de la pulvérisation était bien une atmosphère hautement explosible. Nous voulons mettre en exergue l’importance de la ré-évaluation des risques avant l’introduction d’un nouveau produit sur un chantier, ainsi que le respect des modes d’application. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 16
II.B- Autres incidents relevés Nous attirons également l’attention sur un incident, qui s’est produit début juin 2007 (le CHSCT étant prévenu le 4 juin). L’incident s’est déroulé dans le local H1A2, où des faux-plafonds menacent de s’effondrer à tout instant (Cf. photos ci-dessous à l’appui). Après enquête, il s’est avéré que des travaux ont été menés par une entreprise extérieure à la demande du service informatique DIT. Les intervenants ont posé des câbles dans le faux- plafond et ont, donc, marché sur les dalles de ce dernier. Les travaux ont été réceptionnés de manière indirecte, puisque la réception consiste en une vérification technique à distance (sur ordinateur) que les branchements/changements de câbles ont été correctement réalisés. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 17
Figure 1 – Série de trois photos sur incident en local H1A2 Nous nous trouvons ici dans le cas de figure, où des travaux sont commandés par un service, effectués géographiquement dans un autre, et réceptionnés à distance. Cet incident montre bien un manque d’information entre les services sur les chantiers prévus, ainsi qu’un dysfonctionnement sur la réception des chantiers. Aussi, nous préconisons la mise en place d’une information centralisée de tous les chantiers en cours et prévus sur la plateforme quelque soit le donneur d’ordre. Cette base sera consultable avec différents critères : le lieu géographique des travaux, les dates, le service demandeur et autres. Cela permettra aux agents qui côtoient les travaux d’être informés, et ainsi de rester vigilants. Cela permettra également aux acteurs de HSCT d’avoir une vue d’ensemble des interventions sur la plate-forme, et ainsi d’avoir une information directe avec pour conséquence des actions plus efficaces. Dans le cas où des chantiers affectent les conditions de travail des salariés, il serait souhaitable d’envisager une réception des travaux terminés, en collaboration entre le service demandeur et le service qui occupe les lieux. Grâce à cette centralisation de données des travaux sur la plate-forme, il serait également possible de mener une enquête rapide et efficace sur un incident. On pourrait rapidement trouver tous les acteurs liés à un chantier. Ainsi, on aurait pu connaître les causes de l’effondrement d’un faux-plafond en passerelle, qui a touché légèrement une hôtesse Air France, le 7 juin 2007. La base aurait permis de connaître les derniers travaux ayant eu lieu sur cette zone, leur nature, les intervenants. Alors, l’enquête sur ce presqu’accident aurait pu être efficace et les mesures conservatrices réelles. Actuellement, la cause de l’effondrement est inconnue et la Direction se voit obligée d’inspecter tous les faux-plafonds de toutes les passerelles, vérifications qui vont durer environ trois mois. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 18
II.C- Chantier RCI Il nous a été relaté un incident sur ce chantier RCI, qui concerne l’aérogare d‘Orly Sud. Ce chantier est d’une ampleur très importante, puisqu’il s’agit de refondre totalement le cheminement des passagers de l’international. L’incident concerne un agent ADP envoyé sur le chantier pour une opération de serrurerie (assurée par le propriétaire dans ce cas). L’agent a vu s’écrouler une plaque de béton à quelques centimètres devant lui. Après enquête menée par l’entreprise coordinatrice en terme HSCT de ce chantier et ADP, il s’agit d’un sous-traitant qui n’a pas respecté ses tâches : il a cassé cette dalle de béton avec un marteau-piqueur alors qu’il n’aurait pas dû. Le 25 juin 2007, nous avons suivi le cheminement des passagers et des personnels dans le chantier RCI. Nous avons observé les situations suivantes : TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 19
Figure 2 – Série de deux photos de situations observées sur le chantier RCI Il n’en demeure pas moins qu’il faut s’interroger sur les modalités d’intervention des agents ADP sur ce chantier, avec notamment une connaissance des phases de travaux en cours, ainsi qu’une communication continue entre ADP et les entreprises intervenant sur ce chantier. Nous avons voulu observer les conditions de travail des agents ADP autour de ce chantier RCI. Nous avons donc visité cette zone le 25 juin 2007. Figure 3 – Panneau d’affichage à l’entrée d’un local en travaux sur le chantier RCI Nous avons suivi deux ouvriers en bleu de travail et cigarette à la main qui pénétraient à l’intérieur de ce chantier. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 20
Figure 4 – Série de trois photos sur l’atmosphère de travail à l’intérieur du local (chantier RCI) TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 21
Nous pouvons observer deux phases de travaux différentes. L’une effectuée par des ouvriers, sans tenue particulière, consiste à dégager des plaques de contre- plaqué, en dehors du local, et de balayer la partie de local où ils avaient travaillé. L’autre phase de travaux, en cours, est un flocage de plafond : aspersion du plafond avec une sorte de plâtre. Les ouvriers, réalisant cette opération, sont en combinaison et portent un masque filtrant. Nous observons donc quatre ouvriers dans le même local, dans la même atmosphère poussiéreuse, mais qui ne portent pas les mêmes protections individuelles. Le produit appliqué au plafond est le suivant : Figure 5 – Produit utilisé pour le flocage du plafond (chantier RCI) Nous pouvons remarquer le caractère irritant du produit, ce qui explique la tenue des ouvriers effectuant le flocage. Nous avons observé les éventuels impacts de ces travaux aux alentours du chantier. Nous avons étudié la clôture du chantier. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 22
Figure 6 – Série de trois photos sur la clôture du chantier observé (chantier RCI) TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 23
Nous pouvons donc constaté que le chantier n’est pas hermétiquement clos. Un espace existe au-dessus des parois. Nous avons suivi les éventuels impacts dans le magasin jouxtant ce chantier. Figure 7 – Photo des impacts du chantier dans les espaces alentours. Nous avons constaté que la poussière se diffuse dans le voisinage du chantier. Notre photo montre le mannequin du magasin jouxtant le chantier : la poussière se dépose et il s’agit là de la quantité quotidienne (la responsable du magasin nous a confirmé que le ménage était fait deux fois par jour à cause du chantier). De même, la responsable du magasin a évoqué l’arrêt maladie prolongé d’une de ses employés à cause d’irritations des voies respiratoires. Les impacts du chantier sur le voisinage sont visibles. Nous pouvons donc nous interroger sur la prise en compte et l’évaluation de ces impacts sur les conditions de travail des salariés ADP. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 24
-III- Problématiques soulevées TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 25
III.A- Elaboration des plans de prévention Dans le cadre de cette expertise, nous avons été amenés à participer et observer l’élaboration des plans de prévention entre ADP et ses entreprises extérieures. Rappelons que l’élaboration des plans de prévention s’inscrit dans une démarche de prévention et d’anticipation des risques liés à la co-activité du chantier avec l’entreprise utilisatrice, en application du décret du 20 février 1992 - application du Code du Travail, articles R. 237-1 et suivants. Il convient tout d’abord de faire des remarques d’ordre général. Nous avons pu examiner le manuel fourni par le service sécurité du travail « interventions des entreprises extérieures – plan de prévention – décret du 20 février 1992 – aide- mémoire et procédures ». Ce manuel de 41 pages décrit avec précision les démarches qui doivent être mises en œuvre, lorsqu’un chantier fait intervenir des entreprises extérieures. Nous encourageons ce type d’actions, qui permet d’encadrer l’intervention d’entreprises extérieures et aide les personnels ADP dans leur démarche. Cependant, la théorie est toujours plus délicate à mettre en pratique. Ainsi, lorsque le manuel parle de mise à jour du plan de prévention, de rédaction de fiches d’analyse préalable, de la communication rapide des documents, du respect des mesures adoptées pendant les travaux et autres, nous avons pu constater des manquements sur ces points. Pour exemple, nous avons assisté à un plan de prévention qui faisait intervenir une entreprise extérieure, et cette dernière faisait intervenir deux autres sociétés. Lors du plan de prévention, il manquait un des prestataires (sous-traitant du sous-traitant), sans compter que les travaux devaient commencer le jour même (les ouvriers attendaient dans les camions). De même, le manuel se base sur l’utilisation du logiciel Plancile mis en place depuis environ 2 ans chez ADP et récemment remis à jour par une nouvelle version. Toutefois, nos rencontres et les discussions révèlent que tout le monde n’a pas pu bénéficier de la formation à ce logiciel, d’où certaines difficultés matérielles, lors de réunions pour élaborer les plans de prévention. Plus précisément, nous avons assisté à la mise à jour annuelle du plan de prévention entre ADP et PECTEL France, le 27 juin 2007. En effet, PECTEL France a remporté le marché à bon de commande pour les travaux d’amiante, i.e. il intervient tout au long de l’année en mettant en œuvre de nombreux chantiers dans tous les locaux d’ADP. Nous pouvons faire les remarques suivantes. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 26
III.A.1- Visites préalables Conformément à l’article R. 237-6 du Code du Travail, « Il est procédé, préalablement à l' exécution de l' opération, à une inspection commune des lieux de travail, des installations qui s' y trouvent et des matériels éventuellement mis à disposition de la ou des entreprises extérieures. Au cours de cette inspection, le chef de l' entreprise utilisatrice délimite le secteur de l'intervention des entreprises extérieures, matérialise les zones de ce secteur qui peuvent présenter des dangers pour leur personnel, et indique les voies de circulation que pourront emprunter ce personnel ainsi que les véhicules et engins de toute nature appartenant aux entreprises extérieures. Sont également définies les voies d' accès du personnel de ces entreprises aux locaux et installations définis à l' article R. 237-16. Il communique aux chefs des entreprises extérieures ses consignes de sécurité applicables à l' opération qui concerneront les salariés de leurs entreprises à l' occasion de leur travail ou de leurs déplacements. Les employeurs doivent se communiquer toutes informations nécessaires à la prévention, notamment la description des travaux à effectuer, des matériels utilisés et des modes opératoires dès lors qu' ils ont une incidence sur l'hygiène et la sécurité. » Nous avons pu constater que l’inspection préalable commune effectuée par PECTEL et ADP concerne les locaux PECTEL mis à disposition par ADP, à savoir le bureau du responsable PECTEL sur la plateforme aéroportuaire, une salle de vie, un local divisé en trois pièces pour le stockage du matériel et des déchets en attente d’évacuation. Sur cette inspection, nous pouvons simplement remarquer que les locaux mis à disposition sont trop exigus en ce qui concerne le stockage du matériel et des déchets. En revanche, nous ne pouvons que déplorer que cette inspection ne comporte pas la visite des lieux de chantier prévus. Cela peut se justifier par le nombre important de chantiers prévus pour l’année à venir, ce qui impliquerait plus d’une journée de visite terrain sans réelle efficacité dans la démarche de prévention recherchée. Pour ces chantiers de désamiantage, on nous répond que la visite préalable est combinée avec la visite technique préalable nécessaire à la détermination de la nature des matériaux concernés et autres détails techniques. Pour d’autres types de chantiers, on nous a affirmé que la visite des lieux du chantier s’effectue souvent en même temps que la visite nécessaire pour établir le devis de l’intervention. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 27
Cependant, il faut comprendre que la visite préalable, telle que demandée par cet article, est une phase de prévention à part entière. Il est impératif d’effectuer une analyse de risques sur les lieux avant toute ouverture de chantier pour établir et communiquer tous les éléments à même de garantir et renforcer la sécurité du chantier, ainsi que l’anticipation d’éventuelles interactions avec les activités alentours. En tout état de cause, chaque intervention d’une entreprise extérieure doit faire l’objet d’une visite commune préalable dans le but de prévenir tout risque lié à une méconnaissance des lieux, une interaction trop dangereuse avec les activités alentours, un manque d’information…. Preuve en est avec un chantier de désamiantage, mené en quatre jours dans un local sans ouverture vers l’extérieur, où les salariés d’ADP ont dû travailler avec un extracteur d’air bruyant refoulant dans le couloir. III.A.2- Détail des phases d’opération L’article R. 237-7 précise le contenu du plan de prévention. « Au vu de ces informations et des éléments recueillis au cours de l' inspection, les chefs d' entreprises procèdent en commun à une analyse des risques pouvant résulter de l' interférence entre les activités, les installations et matériels. Lorsque ces risques existent, les employeurs arrêtent d' un commun accord, avant le début des travaux, le plan de prévention définissant les mesures qui doivent être prises par chaque entreprise en vue de prévenir ces risques. Les mesures prévues par le plan de prévention comportent au moins des dispositions dans les domaines suivants: 1° La définition des phases d' activité dangereuses et des moyens de prévention spécifiques correspondants; 2° L'adaptation des matériels, installations et dispositifs à la nature des opérations à effectuer, ainsi que la définition de leurs conditions d'entretien; 3° Les instructions à donner aux salariés; 4° L'organisation mise en place pour assurer les premiers secours en cas d' urgence et la description du dispositif mis en place à cet effet par l' entreprise utilisatrice; 5° Les conditions de la participation des salariés d' une entreprise aux travaux réalisés par une autre, en vue d' assurer la coordination nécessaire au maintien de la sécurité et, notamment, de l' organisation du commandement. La liste des postes occupés par les salariés susceptibles de relever de la surveillance médicale particulière prévue par l' article R. 241-50 ou par l' article 32 du décret du 11 mai 1982 relatif à l' organisation et au fonctionnement des services médicaux du travail en agriculture, en raison des risques liés aux travaux effectués dans l' entreprise utilisatrice, doit TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 28
être fournie par chaque entreprise concernée et figurer dans le plan de prévention. Le plan de prévention fixe la répartition des charges d' entretien entre les entreprises dont les salariés utilisent les installations définies à l'article R. 237-16 et mises à disposition par l' entreprise utilisatrice. » Nous allons surtout faire remarquer le premier point : « la définition des phases d’activités dangereuses et des moyens de prévention spécifiques correspondants ; » et une partie de l’article R.237-6 : « Les employeurs doivent se communiquer toutes informations nécessaires à la prévention, notamment la description des travaux à effectuer, des matériels utilisés et des modes opératoires dès lors qu'ils ont une incidence sur l' hygiène et la sécurité. ». L’élaboration des plans de prévention chez ADP se déroule, comme suit : à l’aide du logiciel Plancile, l’animateur du plan de prévention (ADP) sélectionne en accord avec l’entreprise extérieure, les grands risques généraux qui concerne l’entreprise et son intervention. Ensuite, les grands risques, ainsi cochés, sont détaillés de manière plus ou moins importante, et sont ainsi « analysés » avec l’entreprise, en annotant parfois le risque détaillé décrit. Cette façon de procéder implique un défaut important sur la connaissance de l’intervention réelle que va mener l’entreprise extérieure. En effet, il n’y a pas mention des phases d’activité concrètes que nécessite le chantier : on ne connaît pas le déroulement exact du chantier. Pourtant, cette étape est cruciale, car la description du travail permet une meilleure appréhension de l’activité, et ainsi une meilleure connaissance des risques encourus. En effet, cette description détaillée met en exergue les risques spécifiques de l’activité et, par conséquent, les moyens de prévention et protection correspondants. De même, elle permet une meilleure définition des risques créés par la co-activité. De plus, la connaissance des phases du chantier peut alors être communiquée (de manière restreinte, bien entendu) aux agents travaillant à proximité et, ainsi, leur permettre de rester attentifs et vigilants pendant toute la durée des travaux. III.A.3- Dynamisme d’un plan de prévention Lorsque nous avons assisté à l’élaboration des plans de prévention de PECTEL France et de travaux concernant la rénovation de climatisation, notre impression reste mitigée : le plan de prévention est perçu comme une obligation légale, et non comme un réel outil de prévention. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 29
Pourtant, il faut savoir qu’un plan de prévention est un document qui vit tout au long de l’intervention d’une entreprise extérieure. Il faut prendre en compte la variation de chaque élément, que ce soient le déroulement technique des opérations, les modes opératoires, les moyens de prévention et protection… Chaque changement doit faire l’objet d’une nouvelle analyse de risque. La réévaluation du risque permet ainsi une actualisation des moyens de prévention et protection prévus initialement. L’article R.237-12 précise ce dynamisme, en décrivant la mise en place de réunions et d’inspections périodiques et termine avec ces mots : « Les mesures prises à l' occasion de cette coordination font l' objet d' une mise à jour du plan de prévention concerné. ». III.A.4- Evaluation continue pendant la phase de travaux Le plan de prévention est un document dynamique, comme nous venons de le voir. L’article R.237-12 stipule : « Pendant l' exécution des opérations, chaque entreprise met en oeuvre les mesures prévues à l' article R. 237-7. Le chef de l' entreprise utilisatrice s'assure auprès des chefs des entreprises extérieures que les mesures décidées sont exécutées, et coordonne les mesures nouvelles qui doivent être prises, si nécessaire, lors du déroulement des travaux. A cet effet, le chef de l'entreprise utilisatrice organise, avec les chefs des entreprises extérieures qu' il estime utile d'inviter selon une périodicité qu' il définit, des inspections et réunions périodiques aux fins d' assurer soit la coordination générale dans l' enceinte de l' entreprise utilisatrice, soit la coordination des mesures de prévention pour une opération donnée, soit la coordination des mesures rendues nécessaires par les risques liés à l' interférence entre deux ou plusieurs opérations, en fonction des risques ou lorsque les circonstances l' exigent. Les chefs de toutes les entreprises concernées par la ou les opérations en cause sont informés de la date à laquelle doivent avoir lieu les inspections et réunions mentionnées à l' alinéa précédent. Lorsqu' ils l' estiment nécessaire, en fonction des risques, les chefs des entreprises extérieures qui ne sont pas conviés participent, sur leur demande, aux réunions et inspections organisées par l' entreprise utilisatrice. En l' absence de réunion ou d' inspection, les chefs d' entreprises extérieures peuvent, lorsqu' ils l' estiment nécessaire pour la sécurité de leur personnel, demander au chef de l' entreprise utilisatrice d'organiser de telles réunions ou inspections. Les mesures prises à l' occasion de cette coordination font l' objet d' une mise à jour du plan de prévention concerné. » TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 30
Pendant la réalisation des travaux, ADP doit donc veiller à l’application des mesures de prévention et protection prévues, initialement, par l’entreprise extérieure. Il va de soi que ces vérifications se combinent avec la réception technique des travaux, i.e. vérification de la conformité des travaux, de la qualité de la prestation. ADP organise ses services de manière à avoir des agents techniques, des contrôleurs qui suivent les chantiers (tout type de travaux). Ces contrôleurs ont un rôle important en terme de sécurité, puisqu’ils ont le pouvoir d’arrêter un chantier s’ils le jugent nécessaires. Leurs compétences, pour délivrer les permis feu et autres permis spécifiques à certaines activités, leur permettent de repérer les situations dangereuses. Toutefois, les témoignages révèlent une réelle difficulté dans ces suivis. En effet, les agents concernés déplorent une contrainte temps trop forte. Il faut comprendre que, lors de la signature des marchés, les chantiers sont planifiés au plus près des délais techniques nécessaires. Ainsi, les conditions de travail sur les chantiers sont étroitement liées à ces plannings. Les contrôleurs ont donc des difficultés à mettre en œuvre des actions de sécurité à long terme. Se cumulent ensuite les charges administratives qui sont importantes, du fait de l’activité soutenue des chantiers. Ainsi, les contrôleurs et agents se retrouvent souvent dans des situations de dilemmes entre arrêter un chantier pour des raisons de sécurité - et être convoqué par la hiérarchie pour s’expliquer sur le retard - et ne pas voir. Une phrase très forte témoigne de cette situation difficile : « Il y a moins de risque à continuer le chantier qu’à l’arrêter et être convoqué. », autrement dit, il vaut mieux laisser un chantier se dérouler avec une situation dangereuse, avec un risque avéré et connu, que l’arrêter et devoir s’expliquer en face de sa hiérarchie qui a d’autres contraintes, notamment financières. Afin de remédier à ces situations inacceptables d’un point de vue sécurité des hommes, nous préconisons la mise en place d’un support écrit pour suivre et évaluer les chantiers en terme sécurité, santé, hygiène, environnement. Il s’agirait de créer un support d’évaluation simple, complétant l’évaluation de la conformité de la prestation déjà en place pour les agents qui suivent les chantiers, et qui sera ensuite exploité pour améliorer l’organisation des chantiers, la préparation des plans de prévention et la sélection des entreprises lors des appels d’offres. Nous savons qu’il existe dans la passation des marchés, une procédure qui oblige l’entreprise extérieure à présenter un plan qualité, en même temps que son offre de travaux. Or, nous savons également que ce plan qualité n’est que rarement mis en œuvre et respecté. Cette préconisation ne constitue pas une charge administrative supplémentaire. En effet, à moyen terme puis à long terme, les entreprises extérieures, qui ne s’engageront pas concrètement en terme de conditions de travail, se verront écartées des marchés. Certes, la qualité technique de la prestation est importante, mais il faut absolument la combiner avec une réelle politique de sécurité et de prévention des risques. TECHNOLOGIA SAS - AEROPORT DE PARIS - Expertise CHSCT - Rapport final - Octobre 2007 31
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