AFFECTATION AU MOZAMBIQUE DU PREMIER AGENT DE LA COORDINATION AU SEIN DU MOUVEMENT : ENSEIGNEMENTS ET RECOMMANDATIONS
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AFFECTATION AU MOZAMBIQUE DU PREMIER AGENT DE LA COORDINATION AU SEIN DU MOUVEMENT : ENSEIGNEMENTS ET RECOMMANDATIONS FRA
Photo: Fédération Internationale/Stephen Ryan Les opinions et informations présentées dans ce guide ne reflètent pas nécessairement les positions officielles du Comité International de la Croix-Rouge (CICR), de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération Internationale), de la Croix-Rouge du Mozambique, et de la Croix-Rouge suédoise.
Table des matières Résumé............................................................................................................................................................................................................................... 4 Liste des enseignements et recommandations................................................................................. 4 1. Introduction................................................................................................................................................................................................. 5 1.1 Contexte général....................................................................................................................................................................... 5 1.2 Affectation au Mozambique du premier Agent de la coordination au sein du Mouvement................................................................................ 6 2. Objectifs et résultats attendus............................................................................................................................. 7 3. Conclusions de l’étude de cas............................................................................................................................. 8 3.1 Présentation détaillée des leçons apprises................................................................................. 8 3.2 Présentation détaillée des recommandations................................................................... 15 4. Compétences requises pour le poste de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement..........................................................................21 4.1 En quoi l’Agent de la coordination au sein du Mouvement est utile à la réussite d’une opération......................................21 4.2 Les principaux savoir-faire et savoir-être attendus de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement -competences et qualités or aptitudes..........................................................................................21 5. Conclusion................................................................................................................................................................................................ 22 Annexe 1 : liste des sigles et acronymes.............................................................................................. 23 Annexe 2 : liste des personnes interrogées................................................................................... 23 Annexe 3 : questionnaire d’enquête...............................................................................................................24 Annexe 4 : liste des documents utilisés pour le travail de recherche documentaire..................................................................................................26 3
Résumé L’expérience du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Mouvement) en matière d’interventions d’urgence de grande ampleur faisant appel à plusieurs de ses composantes montre qu’il est important de bien se coordonner pour garantir le succès de ce type d’opérations. Ces interventions complexes, qui peuvent requérir la participation conjointe du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de la Fédération Internationale et de plusieurs Sociétés nationales, doivent être coordonnées au niveau du Mouvement de manière à faciliter la coopération entre les différents partenaires. L’initiative relative au Renforcement de la coordination et de la coopération au sein du Mouvement (initiative RCCM) et la création de la fonction de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement s’inscrivent dans la démarche d’amélioration déployée en la matière par le Mouvement, et visent plus précisément à renforcer la coopération entre ses composantes lors des interventions d’urgence. La présente étude de cas porte sur la mission-pilote effectuée au Mozambique par le premier Agent de la coordination au sein du Mouvement, de mars à juin 2019, dans le cadre de l’intervention d’urgence consécutive au passage des cyclones Idai et Kenneth. L’évaluation de la mission a été réalisée sur la base d’entretiens semi-directifs avec des employé·e·s du Mouvement qui ont pris part aux opérations et ont été amenés à interagir et travailler avec l’Agent de la coordination, ainsi que d’un travail de recherche documentaire en rapport avec l’initiative RCCM. Il ressort de cette étude que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement a largement contribué à créer les conditions requises pour une coordination rapide et efficace des activités, opérations et stratégies des composantes concernées, en aidant à éviter les doublons et à renforcer les synergies et la complémentarité entre lesdites composantes. De cette mission- pilote ont été tirés cinq enseignements et cinq recommandations, exposés ci-après. Liste des enseignements et recommandations Enseignements Recommandations 1. Grâce à la mise en place d’un mécanisme de coordination 1. Faire de la communication entre les échelons à l’échelon stratégique, la Croix-Rouge du Mozambique a stratégique et opérationnel une priorité. pu conserver une place centrale dans l’élaboration et la mise en œuvre de la réponse humanitaire. 2. La mise en œuvre d’une approche concertée à l’échelle 2. Promouvoir et institutionnaliser la fonction de du Mouvement s’est avérée essentielle pour la cohérence et l’Agent de la coordination au sein du Mouvement, et la complémentarité des activités d’assistance. constituer un vivier de délégué·e·s spécialisé·e·s en la matière qui puissent être déployé·e·s rapidement sur le terrain. 3. L’échange régulier de points de situation entre la Croix- 3. Institutionnaliser la gestion de l’information à Rouge du Mozambique, la Fédération Internationale et le l’échelle du Mouvement. CICR, en particulier à l’échelon stratégique, a facilité le partage d’informations et la prise de décisions collectives. 4. La neutralité de l’Agent de la coordination au sein du 4. Souligner le rôle de facilitateur·trice de l’Agent Mouvement s’est révélée précieuse pour la gestion des défis de la coordination au sein du Mouvement, interorganisationnels et la résolution des problèmes. sachant qu’il/elle n’a pas vocation à coordonner les interventions d’urgence en lieu et place des décideurs. 5. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a joué 5. Actualiser, utiliser et diffuser la boîte à outils un rôle déterminant dans la mise en place d’une coopération relative au RCCM. fructueuse avec d’autres fonctions essentielles, notamment avec l’Agent du développement des Sociétés nationales dans les situations d’urgence. 1 Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est un réseau humanitaire mondial fort de 80 millions de membres, dont la mission est de venir en aide aux personnes touchées par des catastrophes, des conflits ou des problèmes d’ordre sanitaire ou social. Il est composé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Fédération Internationale) et des 192 Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Sociétés nationales). 4
1. Introduction 1.1 Contexte général La coordination au sein du Mouvement a toujours été une priorité, mais elle ne va pas de soi et des mesures doivent être prises pour la renforcer. Il est essentiel que les composantes du Mouvement se coordonnent et coopèrent efficacement pour être à la hauteur de leur mission commune en tant que Mouvement. Le préambule de l’Accord de Séville2 (1997) explique la finalité de la coordination au sein du Mouvement : Pour répondre avec rapidité, souplesse et créativité aux besoins de tous ceux qui appellent une protection et une assistance humanitaire impartiale, les composantes doivent unir leurs forces et mettre à profit leur diversité. » Le RCCM et la fonction de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement Lancée à l’occasion du Conseil des Délégués de 20133, l’initiative RCCM fait suite à une évaluation des problèmes de coordination au sein du Mouvement constatés sur le terrain. L’objectif de cette initiative est d’aider les composantes du Mouvement à mieux travailler ensemble et à se coordonner et coopérer plus efficacement, en particulier dans le cadre des interventions d’urgence de grande ampleur. Le premier Plan d’action sur le renforcement de la coordination et de la coopération au sein du Mouvement a été présenté au Conseil des Délégués de 2015. Il prévoyait que les composantes du Mouvement « conceptualisent et testent le déploiement de l’Agents de la coordination au sein du Mouvement ». Comme précisé dans le rapport intérimaire sur le RCCM soumis au Conseil des Délégués de 2019, « [l]e but de cette fonction est de servir les intérêts communs du Mouvement dans les situations d’urgence de grande ampleur, en favorisant la création d’un environnement propice à une coordination efficace et opportune des activités du Mouvement ». Intervention d’urgence de grande ampleur au Mozambique Le cyclone Idai s’est abattu sur le Mozambique le 14 mars 2019, affectant 1,5 million de personnes dans les provinces du centre – soit la pire crise humanitaire de l’histoire récente du pays. Le 25 avril 2019, un second cyclone non moins dévastateur, baptisé Kenneth, frappait la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique. Le déploiement de l’aide humanitaire dans la partie septentrionale du pays s’est avéré d’autant plus difficile que celle-ci était le théâtre de violences armées. Ces deux cyclones, parmi les plus puissants que le continent africain ait essuyés, ont affecté au total environ 1,7 million de personnes4. 2 L’Accord de Séville, dont le titre complet est l’« Accord sur l’organisation des activités internationales des composantes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge », a été conclu lors du Conseil des Délégués de 1997, à Séville. Il définit un cadre pour la mise en place d’une coopération et d’une relation de partenariat efficaces entre les composantes du Mouvement. L’Accord est disponible dans son intégralité à l’adresse suivante : https://media.ifrc.org/ifrc/wp-content/uploads/ sites/5/2017/07/Seville-Agreement_FR.pdf [consultée le 12 mars 2020]. 3 Les résolutions adoptées par le Conseil des Délégués, les rapports intérimaires et le Plan d’action sur le renforcement de la coordination et de la coopération au sein du Mouvement sont réunis dans la boîte à outils relative au RCCM, disponible à l’adresse suivante : https://fr.smcctoolkit.org/background/ [consultée le 12 mars 2020]. 4 Fédération Internationale, Real-Time Evaluation Mozambique: Tropical Cyclones Idai and Kenneth, 2019. 5
Photo: Denis Onyoti/Red Cross Red Crescent Climate Centre. Efforts de coordination dans le cadre de l’opération menée au Mozambique La Croix-Rouge du Mozambique, avec l’appui de partenaires du Mouvement, a réagi rapidement après chacune des catastrophes. Un mini-sommet réunissant la Société nationale, le CICR et la Fédération Internationale s’est tenu le 16 avril 2019. La déclaration conjointe qui en a découlé a contribué à la mise en place d’un cadre de coordination et des mécanismes connexes pour faciliter l’intervention au Mozambique. Le 6 mai 2019, quelques jours après le passage du cyclone Kenneth, la Fédération Internationale a diffusé un nouvel appel d’urgence dans l’objectif de collecter 32 millions de francs suisses pour venir en aide à 172 500 personnes sur une période de 24 mois. Le même jour, les membres de la plateforme de coordination du Mouvement se sont réunis au siège de la Croix-Rouge du Mozambique à Maputo pour discuter de la réponse à mettre en œuvre dans la province de Cabo Delgado et pour se mettre d’accord sur l’organisation et le modus operandi de l’intervention. S’inscrivant dans le droit fil de l’initiative RCCM, la Société nationale, le CICR et la Fédération Internationale sont convenus de l’importance d’élaborer ensemble une réponse cohérente et coordonnée selon le principe « une réponse, une équipe, un plan d’action », qui prévoyait entre autres que le CICR fasse bénéficier la Fédération Internationale de son dispositif de gestion de la sécurité. Parallèlement, dès le début de l’intervention d’urgence, la Fédération Internationale a décidé de rouvrir un bureau au Mozambique – un geste fort témoignant de sa volonté de renforcer la coordination au sein du Mouvement 1.2 Affectation au Mozambique du premier Agent de la coordination au sein du Mouvement Pour la première fois, une Agent de la coordination au sein du Mouvement a été affectée sur le terrain, du 29 mars au 14 juin 2019, dans le cadre de l’intervention d’urgence déployée au Mozambique. Du point de vue opérationnel, elle devait rendre compte au secrétaire général de la Croix-Rouge du Mozambique, au chef du bureau de la Fédération Internationale chargé de l’Afrique australe et au chef du bureau du CICR au Mozambique. 6
2. Objectifs et résultats attendus Lors de la quatrième réunion du Groupe consultatif sur la gestion des catastrophes en Afrique (Africa Disaster Management Advisory Group, ADMAG), le CICR, la Fédération Internationale et la Croix-Rouge suédoise ont confirmé l’importance de soutenir la mise en œuvre effective de l’initiative RCCM dans les pays d’Afrique. Cela a été fait, il pourra être utilement tiré parti de l’expérience acquise au Mozambique lors des interventions d’urgence déployées à la suite du passage des cyclones Idai et Kenneth. La présente étude de cas examine plus en détail les enseignements qui ont été tirés de la mission-pilote effectuée par le premier Agent de la coordination au sein du Mouvement. La Croix-Rouge suédoise s’est chargée, avec le concours de la Croix- Rouge du Mozambique, du CICR et de la Fédération Internationale, de réunir les plus constructifs d’entre eux ainsi que les bonnes pratiques à diffuser. L’accent a été mis sur le rôle joué par l’Agent de la coordination et le soutien qu’elle a prodigué aux diverses composantes ayant pris part aux opérations. Toujours dans l’objectif global d’améliorer la coordination au sein du Mouvement lors des interventions de grande ampleur et de mieux préparer et former les délégué·e·s qui en seront chargé·e·s, la présente étude de cas vise plus spécifiquement à : • mettre en lumière l’expérience acquise lors de cette mission-pilote ; • présenter en détail les principaux enseignements et recommandations qui en ont été tirés ; • les partager avec toutes les composantes du Mouvement. Si une bonne coordination avec les partenaires extérieurs est également importante pour l’efficacité de la réponse humanitaire, elle n’est pas prise en compte dans la présente étude de cas. Méthodologie La présente étude de cas s’appuie sur l’analyse de données primaires (entretiens semi-directifs) et de données secondaires (travail de recherche documentaire). La liste des références bibliographiques utilisées est fournie à l’annexe 1. Au total, 21 entretiens individuels ont été réalisés via Skype avec des membres du personnel de la Croix-Rouge du Mozambique, de la Fédération Internationale et du CICR qui ont directement participé à l’intervention, et aussi avec des membres d’autres composantes du Mouvement. La liste des 21 personnes interrogées – 6 femmes et 15 hommes – est également fournie (annexe 2). Le but des entretiens était de recueillir leur avis sur le soutien apporté par l’Agent de la coordination au sein du Mouvement, au moyen d’un questionnaire élaboré à l’avance (fourni à l’annexe 3). Ont également été analysés, aux fins de l’étude, les retours et contributions recueillis auprès de Sociétés nationales lors d’une consultation en ligne sur le RCCM organisée en septembre 2019. 7
3. Conclusions de l’étude de cas Dans son premier Plan d’action sur le RCCM, établi pour la période 2016-2017, le Conseil des Délégués demandait que « [l]e CICR et la Fédération Internationale, conjointement avec les Sociétés nationales, conceptualisent et testent le déploiement de l’Agents de la coordination au sein du Mouvement », dont la mission serait de « servir les intérêts communs des composantes dans les situations d’urgence de grande ampleur » en favorisant la création d’un environnement propice à une coordination rapide et efficace des activités du Mouvement. La présente étude de cas expose les principaux enseignements et recommandations tirés de la mission-pilote effectuée au Mozambique par le premier Agent de la coordination au sein du Mouvement. 3.1 Présentation détaillée des leçons apprises L’Agent de la coordination au sein du Mouvement aide à promouvoir le RCCM tant dans l’esprit que dans la pratique. » Robert Kaufman, directeur régional adjoint de la Fédération Internationale pour l’Afrique 1. Grâce à la mise en place d’un mécanisme de coordination à l’échelon stratégique, la Croix-Rouge du Mozambique a pu conserver une place centrale dans l’élaboration et la mise en œuvre de la réponse humanitaire. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a facilité la mise sur pied, à Maputo, d’une structure de coordination dont le pilier central était la Croix-Rouge du Mozambique, et a activement contribué à renforcer les capacités de la Société n ationale. Elle a également travaillé à l’élaboration d’un projet d’accord de coordination tripar- tite, en veillant à y associer toutes les composantes du Mouvement (organisation de réunions de coordination et de partenariat chaque fois que nécessaire). L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a facilité le déploiement d’une réponse collective efficace au Mozambique. Grâce aux efforts conjugués de tous les membres de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le drapeau de la Croix-Rouge du Mozambique flotte aujourd’hui fièrement dans le ciel. » Júlio Armando Mondlane, coordonnateur régional des opérations, Croix-Rouge du Mozambique Les réunions thématiques ont été l’occasion, pour les composantes du Mouvement, d’échanger sur des questions opérationnelles. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a largement contribué à faire comprendre aux composantes les bienfaits d’une bonne coordination, et l’importance de focaliser la réponse sur les besoins des personnes affectées tout en veillant à donner toute sa place à la Société nationale. 8
Photo: Fédération Internationale/Matheus Bizarria L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a été d’une grande aide. Nous avons pu nous entretenir avec elle avant son départ, et avons ainsi mesuré les limites de nos capacités. Au Mozambique, nous sommes peu nombreux [Les membres du personnel], et tout le monde doit gérer plusieurs choses à la fois. L’Agent de la coordination a considérablement aidé la Croix-Rouge du Mozambique à renforcer ses compétences en matière de coordination. » Júlio Armando Mondlane, coordonnateur régional des opérations, Croix-Rouge du Mozambique 9
En outre, l’évaluation a mis en évidence les efforts déployés par l’Agent de la coordination au sein du Mouvement pour faire en sorte que les décisions prises à Maputo soient le plus en adéquation possible avec la réalité opérationnelle à Beira. Ainsi, bien que son poste soit basé à Maputo, elle s’est rendue à deux reprises sur le terrain et s’est régulièrement entretenue avec les équipes chargées des opérations sur place, de manière à avoir une bonne connaissance de la situation. Elle a su mettre à profit l’expérience des membres du personnel les plus au fait du contexte, tout en tirant efficacement parti des outils de coordination déjà en place. Grâce à sa contribution, nous avons pu nous mettre d’accord sur des orientations stratégiques essentielles et prendre des décisions importantes. Tout ce qui a été décidé à Maputo a été suivi d’un engagement clair, auquel nous nous sommes tenus. » Felipe Donoso, chef de mission, CICR 2. La mise en œuvre d’une approche concertée à l’échelle du Mouvement s’est avérée essentielle pour la cohérence et la complémentarité des activités d’assistance. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a travaillé en étroite collabora- tion avec les hauts Agents de la Croix-Rouge du Mozambique, du CICR et de la Fédération Internationale, ainsi qu’avec les Sociétés nationales participantes (SNP), assumant le plus souvent une fonction de conseil. Elle a également travaillé avec des experts techniques en vue de renforcer la complémentarité des activités mises en œuvre. Elle a pris le temps de bien cerner tous les aspects de la réponse humanitaire déployée au Mozambique et de vérifier les informations parfois contradictoires reçues des différentes composantes du Mouvement concernées. L’une des premières tâches à laquelle l’Agent de la coordination du Mouvement s’est attelée à son arrivée a été de supprimer les doublons existants. » Suzana Harfield, cheffe d’équipe, coordination des opérations du Mouvement, Fédération Internationale Plusieurs des personnes interrogées aux fins de l’étude ont déclaré que la présence sur place d’une Agent de la coordination au sein du Mouvement avait grandement contribué à instaurer une approche collective pendant l’intervention et, partant, à renforcer la qualité des opérations et à prévenir les chevauchements d’activité. Elles ont également souligné qu’il aurait été matériellement impossible pour d’autres membres du personnel participant à l’intervention de se charger efficacement de la coordination avec les autres partenaires, car il s’agit d’un travail à plein temps, surtout au lancement d’une opération. C’est pourquoi il est essentiel d’affecter un·e Agent de la coordination au sein du Mouvement à chaque intervention de grande ampleur. Dernier point, non moins important : il ressort de l’évaluation que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement a également contribué à faire évoluer les mentalités chez l’ensemble des partenaires, qui se sont pogressivement montrés plus enclins à coopérer. Sa mission au Mozambique a montré qu’adopter la bonne attitude était essentiel, peut-être même plus que le meilleur des plans d’action. 10
Durant les entretiens, plusieurs personnes ont insisté sur le fait que le mini-sommet, les réunions régulières de la plateforme de coordination du Mouvement, le cadre de coordination du Mouvement et les déclarations conjointes avaient été d’une réelle utilité5. Toutes ces initiatives ont contribué à donner du Mouvement une image unifiée, parfaite illustration de la devise « un Mouvement, une réponse » – un atout non négligeable si l’on considère les fonds supplémentaires qu’une image claire, cohérente et fiable peut aider à collecter6. Autre exemple : la publication du rapport sur l’action collective du Mouvement7 au Mozambique a également contribué à donner une image positive de ce dernier, en indiquant le nombre exact de personnes ayant bénéficié d’une assistance au cours des trois premiers mois de l’intervention. Bien qu’il soit loin d’être parfait, ce rapport devrait être considéré comme une réussite dans la mesure où il témoigne de l’impact réel de l’intervention d’urgence déployée par le Mouvement en réponse à la catastrophe et pourrait même, selon certains observateurs, servir de guide de référence pour d’autres opérations. 3. L’échange régulier de points de situation entre la Croix-Rouge du Mozambique, la Fédération Internationale et le CICR, en particulier à l’échelon stratégique, a facilité le partage d’informations et la prise de décisions collectives. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a veillé à ce que les décisions soient prises collectivement et à ce que le CICR, la Fédération Internationale et la Croix- Rouge du Mozambique échangent régulièrement des informations. Elle a également mené une action concernant les initiatives prises unilatéralement par certaines Sociétés nationales participantes. D’après les personnes interrogées, sa qualité d’intermédiaire neutre a grandement facilité l’adhésion des différents partenaires au processus de coordination. Les résultats de l’évaluation montrent que la complémentarité des composantes du Mouvement peut être mise à profit pour optimiser la qualité de la réponse humanitaire et articuler les interventions d’urgence avec la planification à long terme. Pour tirer le meilleur parti des compétences de tous les partenaires du Mouvement participant à l’intervention, l’Agent de la coordination au sein du Mouvement doit donc impérativement connaître les spécificités, capacités, forces et faiblesses de chacun d’entre eux. Tout s’est bien déroulé grâce à la confiance et à la volonté de coopérer partagées par tous les partenaires. » Un membre du personnel du CICR 5 Des exemples de cadres de coordination et de déclarations conjointes sont réunis dans la boîte à outils relative au RCCM, disponible à l’adresse suivante : https://smcctoolkit.org/tool-kit/ [consultée le 12 mars 2020]. 6 Voir le rapport intérimaire sur le RCCM présenté au Conseil des Délégués de 2019. 7 Des exemples de rapports sur l’action collective du Mouvement, également appelés « instantanés du Mouvement », sont réunis dans la boîte à outils relative au RCCM, disponible à l’adresse suivante : https://smcctoolkit.org/tool-kit/ [consultée le 12 mars 2020]. 11
Cela fait 27 ans que je travaille sur le terrain ; j’ai notamment été chef de délégation pendant 16 ans. C’était la troisième fois que je participais à une intervention d’urgence de grande ampleur placée sous la direction de la Fédération Internationale, en coopération avec une unité à déploiement rapide du CICR et des unités d’intervention d’urgence pluridisciplinaires. Mais cette fois-ci, c’était beaucoup mieux : les mécanismes de coordination mis en place avec l’Agent de la coordination au sein du Mouvement nous ont obligés, au niveau du management à Maputo, à faire preuve de discipline et de régularité en matière d’échange d’informations. » Felipe Donoso, chef de mission, CICR Nous sommes les composantes d’une même famille, et nous mettons nos compétences respectives au service d’un objectif commun, celui du Mouvement. » Júlio Armando Mondlane, coordonnateur régional des opérations, Croix-Rouge du Mozambique 4. La neutralité de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement s’est révélée précieuse pour la gestion des défis interorganisationnels et la résolution des problèmes. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a su régler les problèmes interorganisationnels avec efficacité. » Un membre du personnel du CICR L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a pris les problèmes opérationnels à bras-le-corps. Par exemple, au lancement de l’intervention d’urgence au Mozambique, les lignes directrices sur la gestion des volontaires8 ne précisant pas clairement le per diem auquel ont droit les volontaires de la Croix-Rouge du Mozambique recrutés à plein temps, les différentes composantes participantes n’appliquaient pas le même traitement. Ce type de problème devant être réglé dès le début et non au milieu d’une situation d’urgence, les partenaires du Mouvement ont dû se mettre d’accord rapidement et harmoniser leurs pratiques. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a facilité la résolution du problème en consultant la Société nationale à ce sujet et en informant ensuite les autres partenaires du per diem à appliquer. Plus généralement, l’Agent de la coordination au sein du Mouvement a contribué à clarifier aux yeux de tous les partenaires les priorités, les contraintes et la marge de manœuvre propres à chacun dans le contexte de l’intervention au Mozambique, et a levé toute éventuelle ambiguïté quant à leurs zones géographiques de compétence respectives. Si certaines discussions ont été tendues, elle est toujours parvenue à négocier un consensus. Elle a en outre réussi à obtenir des partenaires du Mouvement qu’ils lui fassent confiance – un élément essentiel, car la confiance est indispensable non seulement pour guider les interactions entre les composantes, mais aussi pour améliorer la performance globale de la réponse humanitaire. 8 Fédération Internationale, Volunteering in emergencies: Practical guidelines for Red Cross and Red Crescent Societies managing volunteers in emergency situations, 2012. 12
Tout le monde pouvait lui communiquer des informations ou lui faire part de ses doléances en toute confidentialité. » Florent Delpinto, chef des opérations d’urgence, Fédération Internationale La plupart des personnes interrogées ont souligné l’importance d’établir et de maintenir une triple ligne hiérarchique opérationnelle9 pour garantir la neutralité de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement. Cette fonction exige en effet de rester neutre et impartial et d’être perçu comme tel. L’une des personnes interrogées a toutefois estimé que le plus sûr moyen de garantir la neutralité de cette fonction serait de la subordonner à la seule Société nationale, dans la mesure où ce sont les priorités de cette dernière qui devraient orienter la réponse d’urgence. 5. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a joué un rôle déterminant dans la mise en place d’une coopération fructueuse avec d’autres fonctions essentielles, notamment avec l’Agent du développement des Sociétés nationales dans les situations d’urgence. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement a travaillé en étroite collaboration avec l’Agent du développement des Sociétés nationales dans les situations d’urgence, dont c’était aussi la première mission. Lui était chargé de coordonner le soutien apporté à la Croix-Rouge du Mozambique par la Fédération Internationale et les Sociétés nationales participantes. Interrogé sur les similitudes que présentent les deux fonctions, l’Agent du développement des Sociétés nationales a souligné que « le développement et la coordination [étaient] les deux piliers du leadership des Sociétés nationales. Ces deux fonctions sont donc complémentaires et indispensables dans les situations d’urgence de grande ampleur. Si un seul poste sur les deux est créé, la personne qui y sera affectée devra assumer seule le travail de développement et de coordination. » Il convient toutefois de signaler que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement agit au niveau du Mouvement, alors que l’Agent du développement des Sociétés nationales dans les situations d’urgence n’intervient qu’auprès de la Fédération Internationale et des Sociétés nationales participantes. Comme l’a souligné l’Agent du développement des SN déployé au Mozambique, il est important que les partenaires du Mouvement connaissent bien les attributions de chaque fonction afin d’éviter les chevauchements et d’apporter le meilleur soutien possible à la Société nationale10. Un dernier enseignement à tirer de l’intervention au Mozambique, et plus précisément de l’opération conduite à Cabo Delgado suite au passage du cyclone Kenneth, est la mise en œuvre d’un accord sur la sécurité de niveau 3 conclu entre le CICR et la Fédération Internationale, aux termes duquel le CICR a fait bénéficier d’autres partenaires du Mouvement de son dispositif de gestion de la sécurité – une décision qu’il est recommandé de reconduire lors de futures opérations11. 9 Pour sa mission au Mozambique, du point de vue opérationnel, l’Agent de la coordination au sein du Mouvement devait rendre compte à la Croix-Rouge du Mozambique, au CICR et à la Fédération Internationale, mais, administrativement, elle relevait uniquement de la Fédération Internationale. 10 Le cahier des charges de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement et le détail de ses attributions sont présentés dans la boîte à outils relative au RCCM, disponible à l’adresse suivante : https://smcctoolkit.org/tool-kit/ [consultée le 12 mars 2020]. 11 Rapport intérimiaire sur le RCCM présenté au Conseil des Délégués de 2019. 13
14 Photo: Fédération Internationale/Corrie Butler
3.2 Présentation détaillée des recommandations La principale recommandation est de faire mieux connaître la boîte à outils relative au RCCM ainsi que la fonction de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement, en veillant plus particulièrement à clarifier les responsabilités qui lui incombent. 1. Faire de la communication entre les échelons stratégique et opérationnel une priorité. Le fait que les échelons stratégique et opérationnel aient leurs bureaux à Maputo et à Beira respectivement a limité les capacités de coordination et d’échange d’informations. Ainsi, l’Agent de la coordination au sein du Mouvement ne savait rien des tableaux de bord techniques utilisés à Beira, car ceux-ci n’étaient ni transmis ni consultables à Maputo. Le manque de personnel spécialisé dont disposait la Croix-Rouge du Mozambique et l’écart de ressources entre elle et d’autres partenaires du Mouvement ont aussi posé problème. Les différences entre les structures de prise de décisions respectives du CICR et de la Fédération Internationale ont également entravé la coordination. Enfin, il a fallu un certain temps avant que l’Accord de coordination du Mouvement soit approuvé. Ces problèmes se seraient posés avec moins d’acuité si les interactions entre les composantes telles que prévues par le Cadre de coordination du Mouvement avaient été plus systématiques et si les mécanismes de coordination entre les échelons stratégique et opérationnel avaient été plus solides. Une question reste ouverte : la réponse aurait-elle été plus efficace si plusieurs Agents de la coordination au sein du Mouvement avaient été affectés à l’opération ? Sur ce point, les avis des personnes interrogées divergent. Un tiers d’entre elles estiment que la présence d’un·e Agent de la coordination à Beira aurait facilité les interactions entre les échelons stratégique et opérationnel, et que sa participation aux comités techniques et à l’organisation de forums de discussion auraient aidé à l’harmonisation des stratégies mises en œuvre. La plupart des personnes interrogées préconisent toutefois d’améliorer les mécanismes de communication déjà en place plutôt que d’embaucher du personnel supplémentaire pour garantir l’efficacité de la réponse. D’après elles, l’Agent de la coordination au sein du Mouvement a davantage sa place au niveau stratégique et n’a pas besoin d’être associée de près aux discussions opérationnelles, qui doivent être orchestrées par les Agents de chaque composante du Mouvement concernée au moyen des mécanismes de communication internes. Cela étant, rien n’interdit de faire en sorte d’améliorer la coordination entre les deux niveaux et ainsi de corréler les conclusions des réunions opérationnelles avec la préparation des actions, par exemple au moyen d’une base de données partagée. Mesures concrètes • Améliorer les mécanismes de communication existants. • Créer une base de données partagée pour corréler les conclusions des réunions opérationnelles avec la préparation des actions. 15
2. Promouvoir et institutionnaliser la fonction de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement, et constituer un vivier de délégué·e·s spécialisé·e·s en la matière qui puissent être déployé·e·s rapidement sur le terrain. Au cours de la première phase de l’intervention au Mozambique, il y a eu plusieurs couacs au niveau de la communication. Par exemple, une des personnes interrogées n’était pas au courant de la venue d’une Agent de la coordination au sein du Mouvement. D’autres se rappellent une certaine confusion lorsqu’il s’est agi de lui attribuer une adresse électronique et un bureau, car personne ne savait exactement de quelle organisation elle relevait sur le plan administratif. Les personnes interrogées ont souligné l’importance de justifier ce type de décisions administratives pour éviter que la neutralité de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement soit mise en doute. L’une d’elles a suggéré qu’à l’avenir, le/la titulaire du poste adresse en amont un courriel aux partenaires du Mouvement participant à l’opération, expliquant en quoi consiste sa fonction ainsi que les décisions administratives relatives à sa mission. Il a également été jugé important, pour l’avenir, de constituer un vivier de délégué·e·s dûment formé·e·s et rapidement mobilisables afin de pouvoir envoyer sur le terrain la personne la mieux à même de remplir la fonction de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement dans le contexte considéré. Au Mozambique par exemple, il aurait été utile que l’Agent de la coordination maîtrise le portugais. Actuellement, la Croix-Rouge du Mozambique est opérationnelle à 70 %. Pour l’être totalement, elle doit encore renforcer ses capacités, former du personnel et maîtriser pleinement les outils et processus. Toute personne envoyée pour nous aider doit savoir comment nous fonctionnons et travaillons. » Joaquim Salvador Cuna, coordonnateur santé pour la province, Croix-Rouge du Mozambique Pour pouvoir agir efficacement, l’Agent de la coordination au sein du Mouvement doit rejoindre l’opération le plus tôt possible. Quelques jours seulement après le p assage du cyclone, plusieurs partenaires du Mouvement avaient déjà entrepris plusieurs a ctions sur le terrain alors que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement n’est arrivée sur place que 15 jours après la catastrophe, ce qui n’a pas facilité l’accomplissement de sa mission. L’Agent de la coordination au sein du Mouvement peut grandement faciliter la prise de décisions dès le lancement de l’opération d’urgence, en actionnant les mécanismes du Mouvement tels que l’appel international unique. Plus vite il/elle sera affecté·e sur le terrain et apportera un soutien effectif à la Société nationale, plus grande sera l’efficacité de l’opération. Une certaine prise de risques est inévitable. Mieux vaut déployer sans attendre un·e Agent de la coordination au sein du Mouvement quitte à le/la rappeler par la suite si son aide n’est pas nécessaire, plutôt que de remettre cette décision à plus tard. Enfin, il convient de clarifier les missions du poste et de les formaliser au moyen de critères de référence et d’indicateurs. 16
Mesures concrètes • Faire en sorte que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement adresse en amont un courriel aux partenaires du Mouvement participant à l’opération, expliquant en quoi consiste sa fonction ainsi que les décisions administratives relatives à sa mission. • Constituer un vivier de délégué·e·s dûment formé·e·s et rapidement mobilisables afin de pouvoir envoyer sur le terrain la personne la mieux à même de remplir la fonction de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement dans le contexte considéré. • Idéalement, confier le poste à une personne qui maîtrise la langue locale. • Déployer au plus vite un·e Agent de la coordination au sein du Mouvement quitte à le/la rappeler par la suite si son aide n’est pas nécessaire, plutôt que de remettre cette décision à plus tard. • Clarifier les missions du poste et les formaliser au moyen de critères de référence et d’indicateurs. 3. Institutionnaliser la gestion de l’information à l’échelle du Mouvement. Au moment de la catastrophe, la Fédération Internationale n’avait pas de délégation au Mozambique. Il était donc indispensable de faire circuler l’information parmi les partenaires du Mouvement pour déterminer les éventuelles difficultés de coordination qui risquaient de se poser pendant l’intervention d’urgence. Les équipes du CICR présentes sur place ont pu accéder à beaucoup d’informations avant le passage du cyclone et immédiatement après, mais elles ont eu des difficultés à communiquer avec le personnel de terrain en raison de problèmes informatiques. Par ailleurs, nous n’avons pas fait le nécessaire pour mettre en place un système sufisamment rapide et efficace qui nous permette de centraliser nos propres informations et de partager régulièrement des points de situation à l’interne ainsi qu’avec nos partenaires du Mouvement. De leurs côtés, les équipes et hauts Agents de la Fédération Internationale sont arrivés avec des solutions formatées, déconnectées de la réalité du terrain. Je dirais qu’aucune de nos deux institutions n’ont su communiquer et se coordonner efficacement, au début. Nous avons fait des progrès considérables par la suite, grâce au soutien constructif et facilitateur que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement a apporté à la Croix-Rouge du Mozambique – dont elle a appuyé le leadership –, au CICR et à la Fédération Internationale pour la mise sur pied de plateformes et de mécanismes de coordination et d’échange d’informations ad hoc. » Felipe Donoso, chef de mission, CICR Les divergences entre les informations transmises par les différents partenaires n’ont pas simplifié la collecte des données par les équipes de terrain ni permis d’avoir une vue d’ensemble claire de la réponse humanitaire du Mouvement. 17
L’Agent de la coordination au sein du Mouvement maintient le lien entre les partenaires participant à l’opération, grâce au partage régulier d’informations et à l’organisation de réunions. Au Mozambique, j’ai eu le sentiment que la complémentarité des composantes du Mouvement aurait pu être davantage mise à profit à l’échelon opérationnel. Par exemple, les invitations aux réunions nous parvenaient généralement trop tard pour que nous puissions nous préparer correctement. » Boavida Chambal, chef de la gestion des catastrophes, Croix-Rouge du Mozambique Une des personnes interrogées a estimé que les informations partagées auraient été de meilleure qualité si des mesures avaient été prises pour systématiser la rédaction et l’échange de comptes-rendus de réunions ainsi que la collecte et la diffusion des leçons apprises, et si les documents partagés avaient circulé dans des délais plus ré- alistes de manière à permettre à tous les intervenants de les compléter. Par exemple, certains partenaires du Mouvement n’ont été invités à fournir des nouvelles du terrain qu’à la toute fin du processus, ce qui leur a laissé peu de temps pour transmettre leur contribution. Il serait probablement utile que les partenaires se mettent d’accord sur un échéancier dès le début de l’opération afin que tous puissent contribuer de manière pertinente au processus d’échange d’informations et aligner leur propre planning sur le calendrier du Mouvement. Une initiative intéressante a été lancée : des principes directeurs et un protocole ont été élaborés, ainsi qu’un modèle de compte-rendu baptisé « instantané du Mouvement », dont l’objectif est de fournir une vue d’ensemble standardisée de la réponse déployée par le Mouvement dans une situation d’urgence donnée, à un instant. Mesures concrètes • Systématiser la rédaction et l’échange de comptes-rendus de réunions, ainsi que la collecte et la diffusion des leçons apprises. • Communiquer régulièrement selon un échéancier établi en amont d’un commun accord, notamment pour le partage de points de situation et de rapports. • Allouer davantage de ressources à la mise en œuvre d’initiatives du Mouvement, telles que les « instantanés du Mouvement ». 4. Souligner le rôle de facilitateur·trice de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement, sachant qu’il/elle n’a pas vocation à coordonner les interventions d’urgence en lieu et place des décideurs. Il est important de préciser que l’Agent de la coordination au sein du Mouvement n’a pas vocation à coordonner les opérations en lieu et place des décideurs. Au Mozambique, la Société nationale, encore novice dans son rôle de directrice des opérations, subissait une pression considérable et a eu du mal à dominer toutes les dimensions de la réponse humanitaire. Des partenaires du Mouvement ont estimé qu’elle n’était pas suffisamment préparée pour assumer le leadership d’une telle opération, ce dont elle est elle-même convenue. L’intervention au Mozambique illustre combien le rôle de facilitateur trice de l’Agent de la coordination au sein du Mouvement est précieux lorsque la Société na- tionale n’a pas le niveau de préparation requis. Son rôle est de renforcer les capacités de coordination de la Société nationale et de tous les partenaires du Mouvement concernés, et non de coordonner les opérations en leur nom. 18
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