AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L'ANOREXIE - Mon Petit Éditeur - Catherine Calippe

La page est créée Anne Lemaitre
 
CONTINUER À LIRE
Catherine Calippe

   AIDEZ VOS PROCHES
À SURMONTER L’ANOREXIE

      Mon Petit Éditeur
Retrouvez notre catalogue sur le site de Mon Petit Éditeur :

                      http://www.monpetitediteur.com

Ce texte publié par Mon Petit Éditeur est protégé par les lois et traités
internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier
est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel.
Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit,
constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues
par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété
intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la
protection des droits d’auteur.

                               Mon Petit Éditeur
                             14, rue des Volontaires
                             75015 PARIS – France

            IDDN.FR.010.0117815.000.R.P.2012.030.31500

    Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication par Mon Petit Éditeur en 2012
Pour Cécile, Vanessa, Adeline et nos familles.
Merci à tous les bénévoles et les belles rencontres qui m’ont
                     aidée à construire l’association Enfine,
                  combat de chaque instant contre les TCA.

               Pour Clara, petit grain de vent devenu grand.
Sommaire

Avant-propos .......................................................................................... 9

Avant le diagnostic................................................................................ 11
  1. L’anorexie qu’est-ce que c’est ? ................................................................. 11
  2. Comprendre la maladie : définition succincte de la pathologie
     et reconnaissance des premiers signes cliniques..................................... 14
  3. Comment comprendre ce trouble ?.......................................................... 19
     Quand peut-on exclure le diagnostic d’anorexie ?................................. 20
  4. Les signes qui doivent alerter .................................................................... 21
  5. Qui est concerné ? ...................................................................................... 23
  6. Les causes : une origine multifactorielle................................................... 26
  7. L’évolution................................................................................................... 35
  8. Les conséquences physiques et sociales................................................... 38
     Les conséquences physiques et les dangers vitaux ................................ 38
     Les complications ...................................................................................... 39
     Zoom sur…................................................................................................ 41
     Conséquences sociales et économiques.................................................. 41
  9. Et quand le trouble est là ........................................................................... 42
  10. Les phases de l’anorexie........................................................................... 44
     Le temps de l’euphorie de la perte de poids : entre contrôle et déni .. 45
     Le temps de la perte de contrôle associée à une souffrance physique...... 47
     Le temps d’un début de prise de conscience.......................................... 48
  11. Comment pousser la personne à consulter ?......................................... 48
  12. Vivre avec une personne souffrant d’anorexie :
      décrypter le comportement..................................................................... 52
  13. En quoi la maladie risque-t-elle de modifier les relations
      avec l’entourage ? ..................................................................................... 56

                                                          7
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

Quand le diagnostic est posé................................................................61
  14. Gérer les relations avec le malade, l’aider à mieux vivre sa maladie,
     cadrer son quotidien. ................................................................................. 61
      Accompagner, soutenir............................................................................. 64
      Répéter ........................................................................................................ 65
      S’investir sans être investi......................................................................... 65
  15. Comment peut-on guérir de ces troubles ? ........................................... 67
      La psychothérapie...................................................................................... 67
      L’importance de trouver le bon thérapeute ........................................... 70
      Les thérapies............................................................................................... 70
      L’hospitalisation......................................................................................... 73
  16. L’attitude à adopter face à la personne malade..................................... 77
  17. Comment l’aider à suivre son traitement ?............................................ 84
  18. Quels gestes faire et ne pas faire
     (Ce qui dans l’attitude de l’entourage favorisera l’amélioration du malade) ? . 85
      Les mots à dire et à ne pas dire – établir ou maintenir le dialogue
      avec le malade ............................................................................................ 85
      Freiner la perte de poids ........................................................................... 86
  19. Ce qu’il faut dire ou ne pas dire à l’entourage plus large ..................... 86
  20. Soutien de l’accompagnant...................................................................... 87
  21. Reconnaître les signes encourageants de sortie de maladie................. 88
  22. En conclusion : et après ?........................................................................ 91
      La difficulté de reprendre du poids......................................................... 91

Conclusion .......................................................................................... 103

Les questions les plus fréquentes ....................................................... 105

En annexes...........................................................................................111
  23. Associations............................................................................................. 111
  24. Fédération................................................................................................ 118
  25. Fondation ................................................................................................ 118
  26. Associations à l’étranger ........................................................................ 119
  27. Permanence téléphonique ..................................................................... 121
  28. Bibliographie ........................................................................................... 122

                                                           8
Avant-propos

    En 1992, je me suis retrouvée dans un couloir d’hôpital, au
service de réanimation, on venait de nous apprendre que ma
sœur était décédée. Elle avait 16 ans, était anorexique depuis un
an et demi, son cœur avait lâché parce que trop dénutrie…
    Des sentiments se mélangeaient en moi comme l’injustice,
l’incompréhension, la rage, la culpabilité, la solitude,
l’impossibilité d’avoir sauvé ma petite sœur.
    Quand on est proche d’un anorexique, on a tout à appren-
dre, on a besoin d’être guidé pour ne pas perdre de temps et
savoir comment se comporter. Que ce soit du côté de
l’anorexique ou du côté du proche, chacun essaie de communi-
quer des choses à l’autre mais ils ne se comprennent pas. Tout
est décalé, rarement le bon timing, trop de souffrance et de
culpabilité et plus assez d’énergie.
    Et pourtant, l’anorexique et ses proches peuvent déplacer
des montagnes en cherchant le moyen d’aller mieux ensemble.

   En 1999, j’ai eu l’idée de créer une page personnelle sur in-
ternet afin de témoigner en tant que sœur, de prévenir du
danger et aussi d’essayer de comprendre cette maladie si com-
plexe à mes yeux et difficile à gérer pour le monde médical.
   J’y ai ensuite inséré un forum de discussion et là, des inter-
nautes malades ou leurs proches sont venus spontanément
déposer leurs questions, angoisses, messages de soutien et aussi
d’espoir.

                               9
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

   Le premier message que j’y avais déposé était : qu’est-ce que
représente le vide pour vous ?

   Notre site internet peut constituer un premier élément de
réponse quand tout va mal. En effet, très documenté et ludique,
Enfine privilégie le dialogue avec un large espace consacré aux
acteurs directs (patients, parents, amis, etc.), un forum de dis-
cussion et un chat animé ponctuellement par des Psychologues
référents spécialisés en TCA.

    J’appelais ce site Enfine, parce que je voulais un nom qui
n’existait pas, je me disais « enfin » une page en français qui
parle d’anorexie, je le féminisais en ajoutant un E car la maladie
touche le plus souvent les filles, il y avait une allusion au mot
« fine » et « « fine » en anglais.
    Puis, des bénévoles et des psychologues m’ont rejointe et
nous avons créé une association en 2003.
    Pourquoi une association supplémentaire ? Parce qu’il y a du
travail et parce que la demande d’aide existe et devient de plus
en plus importante.

   Depuis, nous proposons des groupes de paroles, des ateliers
d’affirmation de soi, une ligne d’écoute téléphonique, des inter-
ventions dans les écoles, des concerts…
   Tous ces services peuvent redynamiser ceux qui ne sont pas
bien pour finalement leur permettre de s’engager dans la lutte
active contre la maladie.

                                10
Avant le diagnostic

1. L’anorexie qu’est-ce que c’est ?
   « Je ne l’avais pas vue depuis 2 mois, elle m’attendait à la
gare, j’ai failli ne pas la reconnaître, j’ai pensé qu’elle avait grandi
puis j’ai vu ses joues émaciées et cet air grave. Je n’ai pas osé lui
dire qu’elle avait terriblement maigri.
   Elle était dans le déni, se fâchait lorsqu’on en parlait, faisait
des crises de nerfs à chaque repas, nous mentait en se faisant
vomir. Elle a perdu ses amis, ne pouvait plus suivre les cours et
malgré le suivi du généraliste, l’engrenage l’a amenée à 26 kg. »

    Vous apprenez que votre enfant, ami(e), sœur, souffre
d’anorexie, un monde s’écroule soudainement, vous pressentez
que la bataille sera dure et ne savez pas comment
l’entreprendre. Pourquoi elle ? Qu’est-il arrivé ? Comment
l’aider à guérir ? Où s’adresser ?
    L’anorexie est un trouble du comportement et non une ma-
ladie guérissable par médication. Les proches se sentent souvent
désarmés face à ce trouble d’où la nécessité de s’informer rapi-
dement sur le sujet. Une bonne compréhension de la situation
et une prise en charge rapide permettent d’éviter les risques
vitaux, l’anorexie peut en effet conduire à la mort.

   Perte de poids importante, déni, changement de comporte-
ment, enfermement, attitudes contradictoires, autant de signes
et de situations qui doivent alerter l’entourage. L’anorexie n’est
donc pas seulement qu’une privation de nourriture.

                                  11
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

    « Se sentir mal, n’avoir plus qu’un seul but dans sa vie : arrê-
ter de manger, pas forcément maigrir mais réussir son défi : ne
plus avoir besoin de manger, se prouver qu’on en est capable
(et sûrement inconsciemment à ses proches).
    La vie est rythmée par cela : se coucher tard, se lever tôt,
commencer à faire du sport jusqu’à épuisement, se permettre
quelques fruits puis recommencer. En arriver en un point où
l’on a l’impression qu’on le fait car on aime ça, que si l’on ne le
faisait pas on se sentirait mal.
    Ajouter des couches de vêtements pour aller courir sous le
soleil, et en hiver, se mettre en tee-shirt et ouvrir les fenêtres.
    Se regarder dans la glace et se détester, détester qui l’on est,
éviter les regards des autres (on a l’impression d’être agressé
lorsqu’on nous regarde ou lorsqu’on nous fait un compliment).
Personne ne doit être au courant, on méprise les gens s’ils nous
disent qu’on est anorexique mais on méprise ceux qui ne le re-
marquent pas.
    Puis, arriver un matin, voir réellement ce qu’on est devenue :
peser 45 kg pour 1.70 ! Choisir la vie ou la mort… réfléchir
mais pas trop car celle-ci peut arriver très vite… J’ai choisi la
vie, tellement de choses à faire (aider les gens, se faire plaisir par
des petites choses de tous les jours…). »

   Différents thèmes sont abordés dans le témoignage précé-
dent : le contrôle, l’hyperactivité, « le droit de », la balance, la
perception du corps, le regard des autres : exister sans être. La
difficulté de vivre avec une anorexique réside notamment dans
son comportement paradoxal et ses paroles contradictoires.
Difficile d’établir une lecture aisée des attitudes, d’autant plus
lorsque les liens affectifs sont très forts. Comment un proche
peut-il garder la tête froide dans ce dédale ? Comment ne pas
culpabiliser des deux côtés face à cette souffrance partagée ?

                                 12
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

    « À la suite d’un régime, Christelle a perdu 11 kilos en trois
mois. Elle ressentait une peur panique à l’idée de regrossir alors
elle sautait les repas du midi et le soir prétextait du travail en
retard pour ne pas dîner avec ses parents et manger dans sa
chambre. Il était hors de question pour elle de reprendre du
poids et cachait la nourriture dans un sac plastique, puis le len-
demain, le jetait sur le chemin du lycée. Ses copines, qui au
début la félicitaient pour son régime, ont commencé à paniquer
devant ce fantôme qui flottait dans ses vêtements mais Chris-
telle ne se voyait plus et leur répétait qu’elle devait perdre
encore. En effet, elle se voyait vraiment flanquée d’énormes
bourrelets et se sentait constamment ballonnée. »

    Ici est abordée la vision déformée du corps. Il est évident
que cette perception est involontairement faussée par
l’imaginaire de la jeune fille : elle, se croit réellement trop ronde.
Qu’est-ce qui fausse à ce point le jugement sur le poids et
l’apparence corporelle ? Il y a un surinvestissement de cette
croyance accompagné de cette peur de grossir.
    On remarque combien ses actes et son jugement sont con-
trôlés de façon tyrannique. La dissimulation est terrible pour le
proche : se rendre compte que son enfant lui cache depuis des
mois qu’il ne mange plus et qu’il jette la nourriture est traumati-
sant.

    « Je me pose des questions. Ma mère qui est infirmière ainsi
que la psy de l’école disent que je suis anorexique, je ne les crois
pas car je suis bien dans ma tête et mon corps, je mesure 1.65
pour 47 kg et je me trouve trop grosse. Je fais souvent des ma-
laises mais ce ne sont que des chutes de tension dues au stress,
mon entourage dit que ce n’est pas ça. Ils disent n’importe quoi
et ne comprennent rien. Toutes les personnes que je côtoie me
surveillent, même mes amis. »

                                 13
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

    Ne vous attendez pas à ce que la personne anorexique vous
informe spontanément de ce qu’elle traverse, elle n’a pas immé-
diatement conscience de son état et traverse alors une phase
normale de déni*.
    Parallèlement, il existe aussi un déni de la part des proches
qui, dans un premier temps, ne vont pas accepter l’anorexie de
leur enfant ; ils veulent croire que ce n’est pas si grave et qu’il
s’agit juste de soucis passagers entraînant des troubles digestifs,
des allergies à certains aliments. Par ailleurs, la qualification
d’« anorexie mentale » reste encore très vague voire tabou dans
la société actuelle.

    *Déni : Terme employé par Freud = mode de défense consistant en un
refus par le sujet de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante.

    « Je ne pense qu’à moi, toute la journée j’y pense, j’ai
l’impression de leur faire du mal, je me sens responsable de ce
qui ne va pas dans ma famille. »
    La culpabilité est la « nourriture » prédominante des anorexi-
ques, la dissimulation et le mensonge sont les moyens trouvés
pour donner le change et faire semblant d’être heureux pour ne
pas inquiéter ses parents.

2. Comprendre la maladie : définition succincte de la
pathologie et reconnaissance des premiers signes
cliniques
   Appelée plus particulièrement anorexie mentale* (différenciée
de l’anorexie qui peut survenir à la prise de médicament ou
pendant une maladie) ou anorexia nervosa*, ce trouble se traduit
par un refus de manger qui entraîne une perte de poids souvent

                                    14
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

considérable ainsi qu’une aménorrhée* chez les filles. Il y a deux
types d’anorexie : restrictive (jeûne) et une comportant des ac-
cès de boulimie* (50 % des cas). L’anorexique se trouve trop
grosse, alors que son entourage dit le contraire, elle devient
hyperactive, obnubilée par les calories et nie son anorexie.
   On parle alors de la « Triade des 3A » : Anorexie, Amaigris-
sement Aménorrhée.

    Historique : L’anorexie a été identifiée au siècle dernier sous
l’appellation d’ « anorexia nervosa » mais elle a toujours existé indépen-
damment de l’époque.

   Définition de l’anorexie :
   Maurice Corcos, (Pédopsychiatre du Département Psychiatrie de
l’Adolescent de l’Institut Mutualiste Montsouris, Paris) définit l’anorexie
comme une « restriction alimentaire » active, volontaire et consciente.

   *Anorexie mentale
   Définition [VIDAL de la famille] : Absence ou perte
d’appétit pouvant conduire à une dénutrition grave. L’anorexie
mentale est d’origine psychologique : elle se caractérise par un
refus de manger ou des vomissements provoqués volontaire-
ment et se manifeste particulièrement chez l’adolescent. Chez la
jeune fille, elle s’accompagne d’une absence de règles.

  Pour en savoir plus :
  *Anorexia Nervosa :
  Définition du DSM-IV, 1993 (Diagnostic and Statistical
Manual)

   A. Refus de maintenir un poids égal ou supérieur au poids minimum
compte tenu de l’âge et de la taille.

                                    15
AIDEZ VOS PROCHES À SURMONTER L’ANOREXIE

   B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, même avec un
poids anormalement bas.
   C. La forme et le poids du corps sont perçus de façon anormale, le ju-
gement porté sur soi-même est indûment influencé par la forme et le poids
du corps, ou il existe un déni des conséquences du bas poids corporel.
   D. Chez les femmes pubères, aménorrhée, c’est-à-dire absence de règles
durant au moins 3 cycles consécutifs.

    On distingue 2 types d’Anorexia nervosa :
    Type boulimies/vomissements : la personne présente des hyper-
phagies incontrôlées accompagnées de comportements compensatoires pour
prévenir une prise de poids, tels des vomissements provoqués, des prises
abusives de laxatifs ou de diurétiques.
    Type restrictif : la personne ne présente ni épisodes d’hyperphagies in-
contrôlées, ni comportements compensatoires pour prévenir la prise de poids.

     *La boulimie
     Les personnes qui se "gavent" souvent à l’abri des regards peuvent souf-
frir de boulimie.

   Signes de la boulimie :

   Avaler des quantités de nourritures impressionnantes
   Manger en dépit du bon sens
   Se cacher pour manger
   Se faire vomir pour ne pas grossir
   Prendre des laxatifs et des produits coupe-faim
   Faire de l’exercice

   Une fois le refus de se nourrir avéré, les médecins constatent
le seuil d’amaigrissement en calculant l’IMC (Indice de Masse
Corporelle). En dessous d’un IMC de 17,5 on parle

                                     16
Vous pouvez aussi lire