Aller de l'avant pour les adoles-centes - EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE - UNICEF
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AVANT-PROPOS Un peu plus de 63 millions de filles âgées de 10 à 19 ans vivent dans Perspectives futures la région aujourd’hui, soit plus du double du nombre en 1995. À certains pour les 25 prochaines égards, ces filles vivent des vies très années différentes - les filles nées dans la région vivent aujourd’hui plus long- Face à un programme inachevé, des temps - en moyenne 8 ans de plus, menaces nouvelles et émergentes ont davantage de filles vivant aujourd’hui été identifiées, notamment les effets dans les grands centres urbainsont de la crise climatique et du sous-emploi, accès à la technologie numérique et les épidémies sanitaires ainsi que l’in- terminent leurs études. À d’autres sécurité et la violence croissante. Le Marie-Pierre Poirier égards, la vie et les défis des adoles- changement climatique étant la cause Directrice régionale de l’UNICEF centes sont parfois très similaires en de l’augmentation de la pauvreté, des pour l’Afrique de l’Ouest et comparaison avec la situation il y a 25 migrations et des conflits, un nombre/ du Centre ans. Comme le décrit ce document, une proportion toujours plus grand les filles de la région continuent de d’adolescentes sont confrontées à des Un anniversaire vivre dans des zones de conflits avec des taux inacceptablement élevés de défis pour faire valoir leurs droits. Les impacts du changement climatique historique mariages d’enfants et de mutilations génitales féminines. sur les filles comprennent l’abandon scolaire, le mariage d’enfants, les Il y a 25 ans, plus de 30 000 représen- risques accrus de violence basée sur le tants de gouvernements, de mouve- ments de femmes et d’ONG de 200 Notre engagement genre, la diminution des opportunités de travail et les impacts négatifs sur la pays ont milité en faveur et ont été régional santé sexuelle et reproductive. témoins de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing La vulnérabilité et le manque d’emplois En reconnaissance des niveaux de (BPfA) lors de la Conférence mondiale décents reste l’un des principaux défis discrimination et de violations des sur les femmes de Beijing. Les princi- pour les adolescents et les jeunes de droits humains des femmes et des paux domaines d’action urgente pour la région. Doter les jeunes femmes et filles, le Bureau régional de l’UNICEF un changement systémique dans les filles de compétences nécessaires pour l’Afrique de l’Ouest et du domaines social, économique, politique pour intégrer avec succès le marché Centre (BROAC) a adopté une sélec- et environnemental ont été identifiés du travail, ainsi que des opportunités tion stratégique de résultats conçus afin de parvenir à l’égalité des sexes et de contribuer à la croissance écono- pour rassembler les partenaires au- à la pleine réalisation des droits fonda- mique est une priorité majeure pour tour d’un programme ciblé pertinent mentaux des femmes et des filles. la croissance et la stabilité régionale. dans toute la région. Étant donné Dans le même temps, pour maintenir que bon nombre de ces résultats Cependant, malgré les progrès le niveau actuel de chômage constant, répondent à des contextes nationaux régionaux en matière d’adoption de l’Afrique doit créer 12 millions d’em- divers, la promotion des échanges et protocoles internationaux et de lois plois chaque année (BAD 2020). La de l’apprentissage est essentielle. nationales, des relations de pouvoir création d’emplois et les opportunités inégales prévalent, à tous les niveaux d’entrepreneuriat pour les femmes Cette approche transformatrice de la société les hommes et les et les filles doivent être au cœur des rassemble notre énergie collective garçons continuent de bénéficier de programmes de développement. autour d’un ensemble de huit résul- privilèges tandis que les femmes tats fondamentaux - à l’appui des et les filles supportent des charges Malgré ces défis, il y a espoir. Pendant objectifs de développement durable disproportionnellement injustes. La que nous inspirons la prochaine géné- et de la Déclaration de Beijing - dans pandémie de COVID-19 a encore mis ration de dirigeants africains, nous res- le but ultime de faire progresser de à nu ces inégalités et une attention tons optimistes pour un avenir radieux manière significative les droits de urgente est nécessaire pour s’assurer pour les filles d’Afrique de l’Ouest et tous les enfants de la région. que les acquis durement obtenus ne du Centre. sont pas perdus. 2 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Résultats clés en faveur des enfants dans la région de l’AOC Faire les choses différemment pour parvenir à un changement à grande échelle en faveur des droits des filles L’ambition des KRC est de catalyser le changement en exploitant des approches KRC #1 KRC #2 transformatrices, afin d’accélérer les Vaccination Prévention du progrès vers l’exercice des droits à retard de grande échelle pour tous les enfants, croissance sans distinction, conformément aux D’ici à 2021, 80 % (15 millions) d’enfants objectifs du Plan stratégique de l’UNICEF D’ici 2021, 93 % (86 millions) des filles et des âgés de 0 à 11 mois sont protégés contre 2018-2021. Les KRC sont formulés sous garçons de moins de cinq ans, en particulier les maladies évitables par la vaccination forme d’énoncés de résultats quantifiés ceux qui sont marginalisés et ceux qui vivent annuellement. dans des situations d’urgence humanitaire, tenant compte de la prévalence et du reçoivent des services de nutrition à fort nombre d’enfants. impact pour prévenir le retard de croissance. KRC #3 KRC #4 Accès équitable Amélioration et durable à des résultats © UNICEF/UN0274129/Dejongh l’éducation d’apprentissage D’ici 2021, la proportion d’enfants non D’ici 2021, 100 % (76 millions) des élèves scolarisés en âge de fréquenter l’école du pré-primaire au premier cycle du primaire et le premier cycle du secondaire secondaire, garçons et filles, sont touchés passe de 34 % (41 millions) à 20 % par des interventions ciblant l’amélioration (29 millions). des résultats et des compétences d’apprentissage. KRC #5 KRC #6 Protection des Mariage d’enfants enfants contre © UNICEF/UN0275800/Dejongh la violence D’ici à 2021, au moins 50 % d’enfants touchés D’ici 2021, le pourcentage de filles âgées de par la violence recevront des services de 20 à 24 ans mariées avant l’âge de 18 ans protection pour prévenir et lutter contre est passé de 41 % à 37 % (3 millions de filles la violence dans des contextes à la fois supplémentaires qui ne seront pas mariées humanitaires et non humanitaires (au moins avant 18 ans). 182 000 enfants). KRC #7 KRC #8 Les KRC s’appuient sur trois résultats : Enregistrement Mettre fin à civil stat us des naissances la défécation • la production d’evidences à l’air libre • l’excellence opérationnelle D’ici à 2021, 30 % plus d’enfants âgés D’ici 2021, la la proportion de la • et le développement des de moins d’un an ont leurs naissances population pratiquant la défécation ressources humaines. enregistrées, soit au moins 10 millions à l’air libre est réduite de 25,4 % d’enfants. (122 millions) à 15,5 % (88 millions). ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 3
PROGRES POUR LES FILLES Où en sommes-nous dans la région sur le programme d’action de Beijing Éliminer toutes les formes de Éliminer les attitudes et pratiques Promouvoir et protéger les droits discrimination contre les filles. culturelles négatives contre les des filles et mieux faire connaître filles. leurs besoins et leur potentiel. Dans seulement 2 pays sur 24, les veuves et les filles jouissent des mêmes droits 40 % des filles de la région sont mariées La représentation politique des femmes au d’hériter des biens fonciers et non fonciers à 18 ans. parlement est en moyenne de 12 %. que les veufs et les fils ; sans contradiction Les jeunes femmes sont moins susceptibles avec les lois ou pratiques coutumières, 15 % des filles sont mariées à 15 ans. de se joindre à d’autres personnes pour religieuses et traditionnelles. soulever des questions - 11 % des 18-25 Près de 30 % des filles et des femmes ans disent le faire souvent. Ce pourcentage Les femmes ont environ 2/3 des droits des âgées de 15 à 49 ans de la région ont subi n’augmentera que légèrement au cours de hommes en ce qui concerne les lois et des MGF dans les pays concernés. leur vie (13 % à 56 ans et plus). règlements qui affectent leurs opportunités Les femmes et les filles continuent d’être économiques. exclues des questions et des décisions qui affectent leur vie, principalement en raison des niveaux élevés de pauvreté, de l’analphabétisme et du patriarcat. Éliminer la discrimination contre Éliminer la discrimination Éliminer l’exploitation économique les filles dans l’éducation, le contre les filles en matière de du travail des enfants et protéger développement des compétences santé et de nutrition. les jeunes filles au travail. et la formation. 51 % des adolescentes enceintes âgées Environ 31 % des filles de 5 à 17 ans sont Environ 28 % des adolescentes âgées de de 15 à 19 ans dans la région ont eu accès engagées dans le travail des enfants dans 15 à 19 ans n’ont pas d’emploi, d’études ou à au moins 4 visites prénatales pendant la région. de formation (taux de NEET). leur grossesse en 2013-2018. Rien qu’en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au À l’exception d’un, tous les pays de la Ghana, au Nigéria et au Togo, près de 3,8 54 % d’entre elles ont accouché en région ont ratifié la Convention sur l’âge millions de filles étaient NEET en 2015/16, présence d’une accoucheuse qualifiée. minimum (C138) de 1973. soit près de 1,5 fois plus que les garçons du même groupe d’âge. Dans les 17 pays pour lesquels des Tous les pays de la région ont ratifié la données étaient disponibles, la demande Convention sur les pires formes de travail Le taux d’alphabétisation chez les jeunes en planification familiale de seulement des enfants (C182) de 1999. femmes âgées de 15 à 24 ans n’est que 18 % des adolescentes (15-19 ans) a été de 60 % dans la région (contre 73 % des satisfaite entre 2010 et 2018. jeunes hommes). Éliminer la violence contre Promouvoir la sensibilisation et Renforcer le rôle de la famille les filles. la participation des filles à la vie dans l’amélioration de la sociale, économique et politique. condition des filles. 50 % des adolescentes âgées de 15 à 19 ans qui ont déjà été mariées et En AOC, les jeunes femmes sont en 16 % des adolescentes âgées de 10 à ont subi des violences physiques moyenne près de 9 % moins susceptibles 14 ans sont privées de temps pour l’édu- ou sexuelles n’en ont jamais parlé à d’être membres d’une association volon- cation et les jeux, elles passent au moins quelqu’un. Seules 29 % ont demandé taire ou d’un groupe communautaire que 21 heures par semaine à des services de l’aide. les jeunes hommes. Cet écart est presque ménagers non rémunérés, contre 8 % constant tout au long du cycle de la vie. chez leurs homologues masculins. 45 % des adolescentes âgées de 15 à 19 ans de la région pensent que le fait 51 % des femmes âgées 18 à 25 ans ont Seules 12 % des femmes âgées de 15 que les maris battent leur femme peut voté lors des dernières élections - comme à 49 ans sont les principaux décideurs être justifié. 53 % des jeunes hommes. Les femmes concernant leur propre santé. âgées de 26 à 35 ans sont cependant beaucoup moins susceptibles d’avoir voté. 4 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
© UNICEF/UN0296088/Frank Dejongh ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 5
LES FILLES INSPIRENT LE CHANGEMENT Diriger l’innovation et l’entrepreneuriat en Gambie Depuis l’âge de huit ans, Juma Baldeh rêvait en grand. Elle voulait devenir une femme qui réussit et savait que la voie du succès était bâtie sur le courage, les études universitaires et l’amour d’apprendre de nouvelles choses. Cependant, dans le monde et en Gambie notamment, les hommes conti- nuent à être plus nombreux que les femmes dans le secteur technologique. Les filles sont souvent dissuadées d’étudier ou de faire carrière dans les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, qui sont encore perçues comme le domaine des garçons et des hommes. Cela n’a pas découragé Juma. Après avoir terminé son BSc en systèmes d’information à l’Université de Gambie, elle a commencé à travailler comme Ingénieur dans une société de développement de logiciels gambienne et elle est déterminée à briser ces stéréotypes de genre en aidant à former la © UNICEF prochaine génération de femmes gambiennes dans la technologie. En 2016, Juma a fondé HackathonGirls dans la capitale gambienne, Banjul. L’organisation fournit des compétences informatiques aux jeunes filles âgées de 8 à 18 ans, qui sont encadrées par de jeunes femmes dynamiques travaillant déjà dans la technologie. La plateforme rassemble les filles et les encourage à poursuivre une carrière dans le secteur informatique avec la confiance et les compétences requises. « Si les filles travaillent ensemble, des choses extraordinaires peuvent être accomplies en Gambie », dit Juma. «Nous nous réunissons chaque semaine pour améliorer nos compétences informatiques en programmation, création « En Gambie, beaucoup de de sites web et connaissances du web. Nous apprenons à programmer, à filles sont victorieuses dans les faire des recherches sur le web, à collaborer avec d’autres personnes en domaines scientifiques au lycée ligne, à protéger notre vie privée et à gérer notre sécurité sur Internet ». et à l’université, et beaucoup Étant la grande rêveuse qu’elle a toujours été, Juma, en tant que Change- d’entre elles ont de bons résul- maker de l’UNICEF Gambie, a des visions encore plus grandes pour les tats en classe, mais beaucoup jeunes femmes qu’elle encadre : « Je rêve de voir ces filles devenir PDG de filles perdent espoir lorsqu’il d’entreprises de nouvelles technologies en Gambie. Nous avons vraiment s’agit de se préparer et de passer besoin que ces filles pour soient des leaders ici ». des entretiens à des postes de technologie professionnelle » (Juma) 6 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Sensibilisation et responsabilisation sur le mariage des enfants au Burkina Faso A Gotogou, un petit village du nord du Sahel du Burkina Faso, Adiatou, mère de quatre enfants, a donné ses deux premières filles à l’âge de 16 et 14 ans. Peu de temps après son mariage, la deuxième fille d’Adiatou est tombée enceinte, mettant sa santé en danger. « La grossesse était difficile et sa vie était en péril ». La famille craignait pour leur fille et le bébé. L’UNICEF s’est associé à l’organisation non gouvernementale (ONG) Mwangaza-Action pour sensibiliser les chefs traditionnels et religieux à la question, ainsi qu’aux mutilations génitales féminines, une autre préoccu- pation majeure du pays. Les dirigeants sont des personnalités respectées dans la communauté et sensibilisent l’ensemble de la communauté, créant une masse critique de personnes prêtes dire non au mariage d’enfants. En décembre 2016, les chefs traditionnels et religieux se sont publiquement engagés à mettre fin au mariage d’enfants à Gotogou. A la suite de cette © UNICEF/UNI303143// Frank Dejo déclaration, un comité de suivi a été créé dans le village avec pour mission d’assurer, par la sensibilisation, la poursuite de l’engagement des leaders communautaires et de promouvoir un changement de comportement pour mettre fin au mariage d’enfants. « Pour qu’un mariage soit célébré, je demande maintenant l’acte de nais- sance de la fille. Tout le monde n’est pas d’accord avec cela, mais les gens s’y habitueront. Cependant, il y a de moins en moins de résistance », a déclaré Cissé Issoufa Abdoulaye, Imam de Gotogou. Adiatou fait désormais partie du comité de suivi. En tant que mentor, Adia- tou organise des réunions hebdomadaires avec le club des filles du village. Ces rencontres lui permettent d’éduquer les enfants sur les conséquences « Il était courant de voir des du mariage des enfants. Il y a deux clubs dans chaque village : un club de filles fuir le domicile conjugal filles et un club de garçons. Chaque club a 30 enfants. « C’est le moyen le plus efficace de prévenir le mariage d’enfants. Les enfants vivent là où les et revenir chez leurs parents décisions sont prises. Ils savent beaucoup de choses », a déclaré Adiatou. la nuit, le fardeau était trop lourd pour elles. Nous savions que c’était difficile, mais que pouvions-nous faire ? Nous ne connaissions pas mieux ». (Adjatou) ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 7
Supplémentation en fer et acide folique au Ghana : Un impact sur la vie des filles « Je venais à l’école et j’avais Fortune Abornu a 14 ans et fréquente l’école primaire de Tsurokpe Tota dans très sommeil pendant les la région de Volta au Ghana. « Je ne me sentais pas bien depuis un moment. cours. Parfois, j’abandonnais, Je venais à l’école et j’avais très sommeil pendant les cours. Parfois, j’aban- je mettais la tête sur la table donnais, je mettais la tête sur la table et je dormais. Je me réveillais généra- et je dormais. Je me réveillais lement à l’appel de colère d’un enseignant. Parfois, je demandais à mes amis assis près de moi de me tapoter quand le directeur était là. D’autres jours, généralement à l’appel de colère je me sentais étourdi en marchant vers l’école ou pendant la pause. Alors, d’un enseignant ». (Fortune) je m’arrêterais et je prenais une pause. Au début, je pensais que j’étais juste fatiguée. Peut-être à cause des travaux ménagers ou du jeu, je n’en étais pas sûre. Plus tard, j’en ai eu assez et je l’ai finalement dit à ma grand-mère. » « Maintenant, j’ai plus Horlali a 15 ans et fréquente la même école que Fortune. Elle a également d’énergie, je mange mieux eu des vertiges et une inactivité à l’école. « C’est difficile de ressentir ça la et mon cycle menstruel est plupart du temps, j’ai décidé de manger souvent pour avoir plus d’énergie, régulier et indolore » mais je n’avais pas beaucoup d’appétit donc ça n’a pas marché. J’ai toujours (Horlali) mangé une ou deux fois par jour » Horlali a également expliqué comment cela affectait sa santé. « Mon cycle menstruel ne dure que deux jours, mais il doit généralement durer cinq jours pour moi. Cela devient également très douloureux et cela rend encore plus difficile la concentration en classe. » Pour aider les adolescentes au Ghana à se sentir plus actives et à mieux réussir à l’école, l’UNICEF et le Service de santé du Ghana ont lancé l’initiative GIFTS (Girls ’Iron Folic Tablet Supple- mentation). L’initiative GIFTS est la première du genre sur le continent. Elle vise à fournir gratuitement des suppléments de fer et d’acide folique aux filles âgées de 10 à 19 ans. Suite à cette initiative, les choses ont pris une tournure positive pour les deux filles. Fortune et Horlali se sont révélées anémiques et leurs parents et tuteurs ont été encoura- gés à les emmener à l’hôpital pour un traitement supplémentaire. Une semaine après la consultation, des doses hebdomadaires de fer et de comprimés foliques ont été adminis- © UNICEF trées à toutes les filles scolarisées. 8 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Fournitures de santé et d’hygiène menstruelles pour mettre fin à la stigmatisation et à l’embarras des filles en Guinée-Bissau Comme beaucoup de jeunes filles dans d’autres villages de Guinée-Bissau, les élèves de Ponta Nova, un village situé dans l’est de la région de Bafatá, traitent leurs problèmes d’hygiène menstruelle dans le plus grand secret. Pour remédier à ces goulots d’étranglement, l’UNICEF en Guinée-Bissau soutient un programme dans les écoles pour la santé et l’hygiène mens- truelles, garantissant aux filles un lieu où elles peuvent gérer de manière hygiénique leurs menstruations et recevoir des connaissances adéquates sur leurs règles. Rivaldina a été l’une des premières jeunes filles à recevoir une coupe mens- truelle à Ponta Nova. « Les jeunes femmes ratent des cours lorsqu’elles ont leurs règles parce qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter des produits sanitaires appropriés », fait-elle remarquer. Elle est devenue porte-parole de © UNICEF ses pairs sur la promotion de l’utilisation de la coupe menstruelle. Les coupes menstruelles coûtent 3000 FCFA (environ 7 USD). En raison des multiples avantages qu’elles offrent, les jeunes femmes, en particulier des zones rurales de Guinée-Bissau, sont désormais plus enclines à les utiliser. « Je suis passée aux coupes menstruelles pour de nombreuses raisons et je ne reviendrai jamais vers d’autres produits sanitaires. Les coupes sont plus abordables et plus faciles à utiliser. Les jeunes femmes les utilisent de plus en plus. Maintenant que j’utilise la coupe, je n’ai plus à me soucier de quand mes règles vont débuter. Et moins avec la fréquence des changements ». Dit Cadidjatu Balde, jeune enseignante de l’école Fajonquito. « Il y a six mois, j’ai essayé la coupe pour la première fois, et trois mois plus tard, j’en ai acheté trois autres pour mes petites sœurs », a poursuivi Cadidjatu, « Au début, ma petite sœur a «Au début, ma petite sœur a refusé d’utiliser la coupe menstruelle, mais refusé d’utiliser la coupe mens- quand j’ai expliqué que je l’utilisais aussi et ses multiples avantages, elle a truelle, mais quand j’ai expliqué complètement changé d’avis, et elle ne peut plus s’en passer maintenant, que je l’utilisais aussi et ses dit-elle ». multiples avantages, elle a com- plètement changé d’avis, et elle ne peut plus s’en passer mainte- nant, dit-elle ». (Cadidjatu) ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 9
LES FILLES DANS LES CRISES L’Afrique de l’Ouest et du Centre abrite un certain nombre d’urgences causées et aggravées par le chan- gement climatique, le changement démographique, les épidémies et les conflits violents, qui ont tous des impacts forts - et différents - sur les femmes et les hommes, les garçons et les filles. Les dynamiques de pouvoir inégales s’enflamment dans les situations de menace, et les femmes et les filles sont générale- ment les plus vulnérables. Cette section met en lumière certaines des préoccupations majeures en situa- tions de crise - telles qu’elles sont exprimées par les adolescentes elles-mêmes.1 tâches ménagères ou à la généra- tion de revenus pour la famille. Sierra Leone, pendant la pandémie d’Ebola, seules 15 % des filles contre 40 % des garçons ont déclaré étu- dier à la maison - le plus souvent en raison de leurs contributions aux tâches ménagères, aux soins aux frères et sœurs et à la génération de revenus. Au-delà de la perte de temps d’ap- prentissage et des inquiétudes liées à leur avenir, les filles vivant dans des situations de crise se sentent également préoccupées par les restrictions au jeu et au contact avec des amis, ainsi que par l’incapacité de créer et de favoriser des réseaux © UNICEF/UN058916/Tremeau Education en dehors de la maison qui peuvent servir à les protéger et les aider à La perte d’accès à l’école pour construire leur avenir. quelque raison que ce soit- en raison de la destruction, de l’insécurité sur D’après une récente étude en le chemin de l’école ou de la ferme- Côte d’Ivoire, plus de 20 % des filles ture pendant les pandémies - a des ne sont pas retournées à l’école. La conséquences dévastatrices pour raison la plus fréquente avancée les enfants et des risques spéci- étant les difficultés financières. fiques pour les filles. Plus les filles restent non scolarisées pendant Dans les situations de crise, l’accès 1 “Adolescent Girls in Crisis: Voices from the longtemps, moins elles à l’apprentissage pour de nom- Sahel” (2020), Plan International, UCL and UNFPA; “Living under Lockdown: Girls and ont de chances de breuses filles est limité parce que Covid-19” (2020), Plan International retourner à l’école. les services éducatifs sont pertur- bés, ou les écoles sont ciblées, les centres d’apprentissage alternatifs peuvent ne pas être disponibles, ou parce que le temps est consacré aux 10 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Protection contre Centre du Sahel la violence Burkina Faso, Mali et Niger Les femmes et les filles sont les Depuis 2017, l’augmentation de la propagation et de la violence dans plus exposées à la violence sexuelle le Centre du Sahel - notamment les et sexiste dans le monde, quel que attaques armées contre les com- soit le contexte. En période de crise, munautés, les écoles, les centres ce risque est d’autant plus élevé de santé et d’autres institutions et infrastructures publiques - ont que les mécanismes de protection échouent, que les réseaux de protec- Santé provoqué des déplacements forcés et créé une urgence humanitaire à tion soient détruits et que le stress des niveaux sans précédent. augmente encore plus le risque de Un autre domaine très préoccupant violence dans la sphère domestique. est l’accès limité aux services de santé et leur utilisation, y compris Lac Tchad Plus d’une adolescente sur cinq dans les informations sur la santé de Tchad, Cameroun, Niger et Nigeria les pays du Lac Tchad a signalé des la reproduction. Cela pourrait être violences physiques sur une période le résultat de la destruction des L’une des urgences humanitaires les plus graves au monde, cette d’un mois au printemps 2018, dont centres de services par les groupes crise prolongée a déplacé environ 60 % à domicile. Les adolescentes armés, de l’incapacité d’accéder 2,5 millions de personnes. Les séparées de leurs parents et travail- aux services en raison du manque écoles, ainsi que les centres de lant dans des rôles domestiques de transport ou d’infrastructure, de services de santé et de nutrition raisons économiques ou de la peur. ont été détruits ou se sont retrou- font face à des menaces de violence vés avec des capacités considéra- sexuelle et sexiste. Au Nigeria, près blement réduites pour fournir une de la moitié de tous les U-Reporters Lors de l’épidémie d’Ébola en assistance aux personnes dans le ont signalé une augmentation de Sierra Leone, une diminution de besoin. la violence domestique à la suite l’utilisation des services de santé du confinement du COVID-19 - la vitaux a entraîné environ 3 600 plupart concernant les femmes et décès maternels, néonatals et Ebola les adolescentes. mortinatals supplementaires sur Liberia, Sierra Leone, Guinée et une période d’un an 2013-14. Un République démocratique du Congo Lorsqu’il y a perte de moyens de rapport récent de l’OMS a estimé L’épidémie de 2014-16 en Afrique subsistance, les risques supplémen- une perturbation importante des de l’Ouest a été la plus importante taires liés au travail des enfants et services dans la région en raison épidémie d’Ébola dans la région, à la criminalité augmentent. Pour de la pandémie de Covid-19. se propageant entre les pays. Malheureusement, au moment de certains, les stratégies de survie à la rédaction de cet article, la RDC haut risque et le mariage précoce Lorsque les écoles sont des points lutte toujours contre le virus dans sont la seule issue. d’entrée ou facilitent l’éducation l’une de ses régions. sur la santé reproductive, la perte Une augmentation du taux de ma- d’accès ajoute une autre couche riages d’enfants et de grossesses pré- d’impacts négatifs. Dans une région Covid-19 coces - jusqu’à 65 % dans certaines où de nombreuses adolescentes Global communautés - a été notée lors de n’ont pas accès aux contraceptifs l’épidémie d’Ébola en Sierra Leone modernes et risquent une grossesse Arrivés dans la région fin février 2020, environ 200 000 cas ont été et au Liberia. Des adolescentes du avant l’âge de 18 ans, c’est une enregistrés à la mi-août (22 % de Nigeria ont raconté de nombreuses préoccupation majeure. Une étude tous les cas à travers le continent) fois qu’elles ont été forcées a se ma- récente prévoit une augmentation rier pour des raisons de sécurité ou des grossesses précoces dans la La propagation de la pandémie région en raison du COVID-192. de Covid-19 et les mesures économiques, ou d’épouser leurs vio- préventives ont des effets leurs pour éviter la stigmatisation. importants sur la capacité de faire face à d’autres situations 2 UNFPA (2020). Impact of the COVID-19 d’urgence dans la région. Pandemic on Family Planning and Ending Gender-based Violence, Female Genital Mutilation and Child Marriage. ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 11
PLANS DE PROGRES Pour élargir les options de vie des adolescentes en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’UNICEF utilise des stratégies évolutives de changement fondées sur des données factuelles pour faire progresser l’éducation et les compétences, assurer la protection contre la violence et le mariage ainsi que pour améliorer la santé et le bien-être. Avec ses partenaires, l’UNICEF appuyons également sur les princ- avec le gouvernement, la société élargit sa programmation intégrée ipes suivants pour faire progresser civile, les organisations internation- qui tient compte des aspects holis- notre travail en faveur des filles : ales et le secteur privé, l’UNICEF tiques et multidimensionnels de la s’attaque aux problèmes auxquels vie des adolescentes. Les paquets sont confrontées les adolescentes de programmes multisectoriels qui Approche multisectorielle de la région, s’emploie à protéger reconnaissent ces vulnérabilités et leurs droits et leur offre des op- ces risques interconnectés peuvent L’UNICEF travaille dans tous les portunités de transition vers l’âge améliorer les résultats et améliorer domaines de la vie d’une fille, s’en- adulte en tant que jeunes femmes l’efficacité et la durabilité. Alors que gageant dans tous les secteurs pour autonomes et capables. nous travaillons à la mise en œuvre faire progresser son bien-être et de programmes évolutifs, nous nous celui de ses enfants. En partenariat 12 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
© UNICEF/UNI350817/Dejongh Engager et écouter les filles La collaboration avec les adolescents Innovation, STEM et technologie est au cœur du travail de l’UNICEF pour les filles dans la région. Les techniques de conception centrées sur l’humain Salmaïtou est une initiative de doivent créer des interventions l’UNICEF au Sénégal, conçue sensibles au genre pour les adoles- pour aider à réduire la fracture centes. De plus en plus, nos pro- numérique entre les sexes à grammes engagent les filles dans la travers le pays. co-création de solutions grâce à leur Rassemblant divers partenaires engagement dans des bootcamps privés, et en collaboration avec le de conception et des laboratoires ministère de l’Éducation nationale, d’innovation à travers la région. ainsi que l’Université virtuelle du Sénégal, l’usine de changement Exploiter le pouvoir de © UNICEF/UNI284837/Prinsloo social et autres, ce projet a été l’evidence lancé dans la région de Kolda au Sénégal - une région avec les plus faibles taux de progrès du développement social dans le pays. Il faut plus d’informations pour déterminer « ce qui fonctionne Le projet Salmaïtou vise à donner aux filles très vulnérables, scolari- dans quelles conditions » pour les sées et non scolarisées, l’opportunité d’acquérir des compétences qui adolescentes - en particulier dans leur permettront de maîtriser les technologies numériques, l’innova- des contextes aussi divers que dans tion et l’entrepreneuriat social. la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. La recherche de mise en Ciblant les filles âgées de 10 à 18 ans, le premier « bootcamp » a permis œuvre pour renforcer la prestation de renforcer leurs capacités et leurs compétences dans trois domaines: est une option pour faire progresser l’entrepreneuriat social, l’innovation sociale et la technologie. les choses et trouver des solutions en même temps. Au minimum, la Surtout, il cherche à les inciter à s’intéresser aux STEM (Science, communication des données au Technologie, Ingénierie et Mathématiques) et à développer l’estime niveau des pays doit être ventilée de soi pour réaliser leurs rêves. par âge et par sexe. ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 13
DES ACTIONS VISANT A ACCELERER LES RESULTATS • Impliquer les garçons et les hommes dans le cadre de la transformation des normes de genre. Le modèle des coo- pératives pour transformer les relations entre les sexes grâce à une programmation synchronisée entre les sexes - une program- mation qui aborde les normes de genre avec tous les membres de la communauté - peut être encore étendu dans la région. • Favoriser les mouvements de filles et les groupes civiques pour faire progresser la respon- sabilité envers les populations affectées. Les voix des femmes © UNICEF/UNI217236/Diarassouba dans l’adolescence et font face à et des filles sont essentielles de nouveaux risques et vulnérabi- pour comprendre l’impact des lités. Investir dans l’éducation, la interventions et répondre effica- protection et la santé des adoles- cement aux besoins des popu- centes aujourd’hui peut également lations affectées. Des groupes Quatre actions contribuer à réduire la transmission civiques et communautaires structurés peuvent aider à pro- pour accélérer les des inégalités intergénérationnelles et conduire à de meilleurs résultats mouvoir leur voix. Cela devient résultats en faveur pour les futurs enfants. encore plus important dans les crises humanitaires, où la partici- des adolescentes Collectivement, nous pouvons trans- pation active à l’identification des former la vie des adolescentes et besoins et à la conception et à la Il est clair que le retour sur investis- permettre aux nations, aux sociétés mise en œuvre de programmes sement des adolescentes est élevé. et surtout aux filles elles-mêmes pour répondre à ces besoins L’accélération des interventions sen- de récolter les bénéfices grâce à 4 améliore considérablement sibles au genre et transformatrices actions clés. l’efficacité et la durabilité des pendant l’adolescence peut aboutir programmes. à des résultats plus équitables qui peuvent persister à l’âge adulte. • S’attaquer aux politiques qui • Développer des financements favorisent les environnements innovants. Le fonds pour les L’adolescence offre une deuxième régressifs pour les filles. Les gou- KRC de l’UNICEF adoptera une fenêtre d’opportunité - une chance vernements nationaux doivent te- approche novatrice de finance- de rattraper et de corriger les expé- nir leurs engagements en faveur ment, en faisant appel à des riences négatives antérieures, ainsi de l’égalité des sexes et veiller à capitaux pour faire progresser les que de s’assurer que les investisse- ce que ces engagements aient résultats en Afrique de l’Ouest et ments antérieurs ne sont pas perdus un impact sur la vie quotidienne du Centre. Alliant les forces du à un moment où les enfants entrent des adolescentes. secteur privé, des organismes 14 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Pourquoi investir dans les adolescentes ? Mettre fin au mariage d’enfants et aux grossesses précoces en Afrique de l’Ouest et du Centre réduirait la croissance démographique et rapporterait 64 milliards de dollars de gains annuels de prospérité . (Banque mondiale, 2017) philanthropiques, des particu- Si l’enseignement secondaire universel était atteint, le mariage liers fortunés et des donateurs d’enfants serait pratiquement éliminé et la prévalence des gros- traditionnels aux voix des sesses précoces serait réduite jusqu’à trois quarts. adolescents pour le changement, (Banque mondiale, 2017) le fonds orientera les investisse- ments vers des interventions à Mettre fin aux grossesses précoces et améliorer le niveau de fort impact là où ils sont le plus scolarité des mères aurait des effets importants sur la réduction nécessaires. D’autres modèles, de la mortalité infantile (d’un cinquième) et de la malnutrition tels que les obligations à impact (d’un tiers) ainsi qu’un impact positif sur la capacité de décision social, sont des modèles promet- des femmes au sein du ménage et augmenterait la probabilité teurs à développer. pour les nouveau-nés d’être enregistrés à la naissance. (Banque mondiale, 2017) Les investissements dans la santé et le bien-être des adolescents peuvent apporter un triple dividende d’avantages au moment présent, dans la vie adulte future et pour la prochaine génération d’enfants. (Lancet, 2017) L’amélioration de la scolarisation et de la qualité de l’enseigne- ment secondaire de 22,60 dollars par personne et par an pourrait produire 12 fois les avantages économiques d’ici 2030. Les investissements dans l’enseignement secondaire peuvent augmenter les taux d’achèvement des études de plus de 60 % © UNICEF/UN067751/Sokhin d’ici 2030. Une année supplémentaire d’enseignement primaire augmente les salaires futurs des filles de 10 à 20 %, et une année supplémentaire d’école secondaire ajoute 15 à 25 %. Les économistes ont constaté qu’investir dans l’élimination de la violence basée sexiste est l’une des 19 cibles ODD les plus rentables. (Women Deliver 2018). En réduisant considérablement la violence sexisted, il y a un effet d’entraînement : les femmes sont plus instruites et les familles plus saines et plus instruites sont plus fortes ; les sociétés plus équitables ; une augmentation de la prospérité économique dans son ensemble. (Women Deliver 2018). © UNICEF/UNI217279/Diarassouba Dépenser environ 3,80 dollars par habitant et par an dans des programmes qui contribuent à réduire le mariage d’enfants pourrait rapporter un rendement de près de 6 fois. (Lancet 2017). ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 15
LES FILLES SUR LA 25 ans de progrEs BONNE VOIE ? Education La région a enregistré des pro- grès substantiels dans la scola- risation des filles au cours des 25 dernières années. Alors qu’en moyenne3 moins de 50 % des filles en âge de fréquenter l’école primaire étaient inscrites à l’école primaire entre le milieu et la fin des années 90 dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, ce taux est passé à un peu plus de 75 % au cours de la période 2015-2018. Source: UNESCO Institute of Statistics De même, les taux de scolarisation des filles dans l’enseignement de scolarisation avait atteint 36,1 %. Ces progrès s’accompagnent secondaire ont augmenté, mais à Les taux de scolarisation des filles d’une forte augmentation des taux partir d’une base beaucoup plus dans le secondaire au Tchad et au d’alphabétisation des femmes et basse : dans sept pays pour les- Ghana ont augmenté à 12,3 et des filles à travers les générations. quels des données pour la période 58,8 %, respectivement. Selon les estimations, en moyenne comprise entre 1995 et 1999 sont 65,7 % des filles et des femmes disponibles, le taux net de scolarisa- Comme le montre le graphique, âgées de 15 à 24 ans dans la région tion dans le secondaire variait entre ces augmentations ont contribué à étaient alphabétisées entre 2015 et 2,9 % au Tchad et 28,8 % au Ghana. réduire l’écart entre les garçons et 2018 - contre 47,2 % des femmes En 2018, les données de 16 pays les filles dans le primaire et à réduire de 25 à 64 ans - une augmentation étaient disponibles et le taux moyen l’écart au niveau secondaire. « intergénérationnelle » de 20,9 points de pourcentage en moyenne dans les pays. Malgré ces progrès, les taux de non-scolarisation dans la région restent encore très élevés. Selon les données de l’UNESCO publiées dans la Situation des enfants dans le monde 2019, 27, 40 et 61 % des enfants d’âge scolaire ne sont pas scolarisés dans les niveaux primaire, secondaire inférieur et secondaire supérieur, respectivement. Source: UNESCO Institute of Statistics 3 Toutes les moyennes présentées ne sont pas pondérées 16 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
© UNICEF/UNI324119/Haro Un autre domaine qui doit encore à la fin de l’enseignement primaire d’un tiers des élèves requiert des être amélioré est la qualité de atteignent un niveau minimal de compétences minimales en mathé- l’éducation. Environ la moitié seu- lecture. Pour les mathématiques, matiques. lement des filles et des garçons de cet indicateur est encore plus la deuxième et troisième année et bas car seulement un peu plus Source: UNESCO Institute of Statistics Source: UNESCO Institute of Statistics ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 17
LES FILLES SUR LA 25 ans de progrEs BONNE VOIE ? Guinée et au Nigeria, environ 7,9 millions de filles âgées de 15 à 19 ans souffrent d’anémie.5 Le VIH est un domaine qui a connu de bons progrès dans de nombreux pays. Les taux de pré- valence chez les jeunes femmes sont passés de 6,2 % en Côte d’Ivoire en 1995 à 1,4 % en 2017. Des réductions similaires notables ont été réalisées en RCA et au Liberia. Cependant, la figure montre que les progrès ont été inégaux ; et les jeunes filles sont en moyenne jusqu’à 5 fois plus susceptibles d’être infectées par le VIH que leurs homologues masculins.6 © UNICEF/UN0280362/Dejongh Les taux élevés de fécondité chez Sur les 340 000 adolescents vivant les adolescentes sont particulière- avec le VIH dans la région en 2018, ment inquiétants en combinaison 58 % étaient des filles âgées de avec des taux de prévalence 15 à 19 ans. élevés de l’anémie, qui ont été Santé et nutrition considérablement réduits dans 4 https://www.who.int/news-room/fact-sheets/ detail/adolescent-pregnancy certains pays au cours des 25 der- 5 Sur la base des calculs de la prévalence de l’anémie de l’EDS 2017-2018 et les chiffres Les taux de fécondité des ado- nières années, mais restent encore de population du Département des affaires lescentes ont baissé. Le taux de trop élevés. La figure x montre les économiques et sociales des Nations Unies, Division de la population (2019). natalité moyen non pondéré pour taux moyens d’anémie chez les 6 « Un facteur contributif est que la plupart des adolescents ont contracté le VIH de façon 1000 filles âgées de 15 à 19 ans a femmes âgées de 15 à 49 ans, car périnatale et vivent avec le virus depuis été réduit de 151,8 en 1990-1995 à les données sur les adolescentes longtemps, ce qui les expose à un risque plus élevé de mortalité liée au SIDA. En revanche, 112,1 en 2015-2020. Cependant, ne sont pas disponibles pour les une plus grande proportion de filles a été in- fectée par le VIH récemment par transmission ces chiffres sont encore environ périodes antérieures. Le graphique sexuelle. Les garçons sont également moins 2,6 fois plus élevés que les montre que pour de nombreux pays, dépistés pour le VIH et présentent en général des taux inférieurs d’initiation et de couverture moyennes mondiales. les progrès ont été très lents. Les du traitement antirétroviral. » exceptions sont le Liberia, le Bénin Les complications pendant la gros- et la RDC, qui ont pu réussir une sesse et l’accouchement sont la prin- réduction de 23,7 à 18,2 %. cipale cause de décès chez les filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde Les taux d’anémie des adoles- et les mères adolescentes et leurs centes sont généralement plus bébés font face à des risques plus élevés que la moyenne du pays. élevés de complications et d’issues Les dernières estimations de 2017 négatives que les femmes âgées de et 2018 montrent que rien qu’au 20 à 24 ans et leurs bébés.4 Bénin, au Mali, au Sénégal, en 18 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Source: World Health Organization, Global Health Observatory Data Repository/World Health Statistics Source: UNAIDS estimates Source: United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division (2019). ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 19
LES FILLES SUR LA 25 ans de progrEs BONNE VOIE ? Protection Violence physique et sexuelle Malheureusement, les données sta- tistiques sur l’ampleur des différents types de violence sont rares - en particulier en Afrique de l’Ouest et du Centre. Cependant, des études récentes montrent que la violence © UNICEF/UN0185841/Tremeau du partenaire intime et la violence sexuelle - qui peuvent également être perpétrées par des conjoints ou des petits amis - sont des évé- nements courants. En moyenne, 9 %7 des adoles- centes de la région ont subi des violences sexuelles. Cela varie d’un pays à l’autre - par exemple, plus d’une fille sur cinq âgée de 15 à 19 ans au Cameroun déclare avoir déjà subi des violences sexuelles au cours de sa vie. Ce chiffre est aussi bas que 0,3 % au Burkina Faso - cependant, nous savons que de nombreux types de violence, mais surtout celui-ci, sont largement sous-déclarés. 18 % des adolescentes déclarent avoir déjà subi des violences commises par le partenaire intime.8 Cela va de 5 % au Burkina Faso et en Gambie à 56 % en Guinée équatoriale et 40 % au Gabon. 7 non pondérée 8 According to data between 2010 – 2018 across Source: ICF, 2015. The DHS Program STATcompiler. 17 out of 24 countries where data exists (SOWC Table 14). 20 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
Mutilation génitale féminine L’Afrique de l’Ouest et du Centre est l’une des régions où la prévalence des filles excisées est la plus éle- vée- en moyenne, près de 30 % des Source: ICF, 2015. The DHS Program STATcompiler. filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des MGF dans les pays concernés, et les progrès vers leur éradication ont été très lents. Cependant, certaines indications de changement positif semblent apparaître lorsque l’on compare différentes cohortes d’âge. En exa- minant les taux de prévalence des dernières études, les filles de 15 à 19 ans au Sénégal (en 2017), et en Guinée et au Mali (en 2018) étaient légèrement moins susceptibles de subir ce type de violation que les femmes âgées de 15 à 19 ans il y a 25 ans. Le Nigeria a réalisé des pro- grès significatifs, réduisant ainsi ce risque de 13 points de pourcentage. Mariage d’enfants Source: ICF, 2015. The DHS Program STATcompiler Il y a eu un certain succès dans la réduction des taux de mariage En regardant la figure, il y a des d’enfants dans la région, mais il signes prometteurs concernant reste encore du travail à faire, en l’éradication du mariage des particulier en ce qui concerne le enfants avant l’âge de 15 ans. mariage avant l’âge de 18 ans. Dans les dernières études, menées Dans 12 pays pour lesquels des entre 2014 et 2018, la différence données sont disponibles, l’âge entre les femmes déclarant avoir moyen du mariage a augmenté été mariées à l’âge de 15 ans a de 1,3 an, passant de 17,3 ans au diminué de 8,6 % en moyenne12. premier mariage au cours des pé- D’un pays à l’autre, ces différences riodes 1990-98 à 18,6 ans au cours vont d’une réduction de 3,8 % au de la période 2010-2018. Mali à 13,4 % d’adolescentes en moins mariées à l’âge de 15 ans au Bénin. ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE | 21
Publié par UNICEF Afrique de l’Ouest et du Centre Bureau régional BP 29720 Yoff Dakar, Sénégal wcaro@unicef.org www.unicef.org/wcaro Conception graphique Green Eyez Design SARL, Dakar www.greeneyezdesign.com Photo de couverture © UNICEF/UNI81501/Giacomo Pirozzi © United Nations Children’s Fund (UNICEF) Octobre 2020 22 | ALLER DE L’AVANT POUR LES ADOLESCENTES EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
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