Amélioration de la coordination de l'action contre la traite des personnes - ReliefWeb

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Nations Unies                                                                                     A/76/120
              Assemblée générale                                                  Distr. générale
                                                                                  28 juin 2021
                                                                                  Français
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Soixante-seizième session
Point 109 de la liste préliminaire*
Prévention du crime et justice pénale

              Amélioration de la coordination de l’action contre la traite
              des personnes
              Rapport du Secrétaire général

   Résumé
                     Le présent rapport, établi en application de la résolution 74/176 de l’Assemblée
               générale, intitulée « Amélioration de la coordination de l’action contre la traite des
               personnes », donne un aperçu des efforts déployés par les États Membres et les
               organismes des Nations Unies pour appliquer ladite résolution. Il renseigne également
               sur l’état des adhésions en ce qui concerne le Protocole additionnel à la Convention des
               Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer
               et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et sur les efforts
               fournis par toutes les parties prenantes concernées pour renforcer la mise en œuvre du
               Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes
               adopté par l’Assemblée générale dans sa résolution 64/293. En outre, il fait le point sur
               la situation et les activités du fonds de contributions volontaires des Nations Unies en
               faveur des victimes de la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants,
               présente des informations sur le Rapport mondial sur la traite des personnes 2020,
               publié par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, rend compte des
               travaux du Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes et
               donne des informations sur les activités de sensibilisation, en particulier la Journée
               mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains. Le rapport comprend aussi des
               informations concernant les incidences de la pandémie de maladie à coronavirus
               (COVID-19) sur l’action mondiale contre la traite des personnes.

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           I. Introduction
             1.   En 2019, l’Assemblée générale a adopté la résolution 74/176 aux fins
             d’améliorer la coordination de l’action contre la traite des personnes, par laquelle elle
             constatait que cette dernière demeurait pour l’humanité un problème grave qui
             compromettait l’exercice des droits humains et menaçait d’entraver la réalisation des
             objectifs de développement durable.
             2.    L’année 2020 a marqué le vingtième anniversaire de l’adoption, par l’Assemblée
             générale, de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale
             organisée et de deux de ses protocoles additionnels, le Protocole visant à prévenir,
             réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et
             le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air. La plupart des
             mesures présentées dans le présent rapport ont donc été mises en œuvre au cours d ’une
             année importante pour la lutte contre la traite des personnes et les infractions
             accessoires.
             3.    Dans sa résolution 74/176, intitulée « Amélioration de la coordination de
             l’action contre la traite des personnes », l’Assemblée générale a : demandé aux États
             Membres de continuer de s’employer à incriminer la traite des personnes sous toutes
             ses formes, à condamner les pratiques criminelles connexes et à rechercher,
             poursuivre et punir celles et ceux qui s’y livraient ainsi que les intermédiaires, tout
             en offrant aux victimes la protection et l’assistance dont elles avaient besoin dans le
             respect absolu des droits humains ; réaffirmé les objectifs du Plan d’action mondial
             des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes, adopté par l ’Assemblée
             générale dans sa résolution 64/293, au nombre desquels figure la promotion d’une
             approche fondée sur les droits humains et tenant compte du sexe et de l ’âge des
             victimes dans le cadre des efforts visant à éliminer tous les facteurs exposant les
             personnes à la traite ; demandé aux États Membres d’intensifier et d’appuyer les
             activités de prévention ; et engagé les États à prendre des mesures afin de prévenir,
             combattre et éliminer la traite des personnes, en renforçant les capacités existantes et
             la coopération internationale aux fins des enquêtes, des poursuites et des sanctions,
             en décourageant la demande qui favorise l’exploitation puis la traite, et en mettant fin
             à l’impunité des réseaux de trafic. Elle a exhorté les États Membres et les autres
             parties prenantes mentionnées dans le Plan d’action mondial à continuer de contribuer
             à sa mise en œuvre intégrale et effective, notamment en coopérant plus étroitement et
             en coordonnant davantage les activités qu’ils menaient à cette fin. Elle a reconnu que
             le Plan d’action mondial était nécessaire notamment pour promouvoir une action
             coordonnée et cohérente contre la traite des personnes dans les quatre domaines
             d’action thématiques suivants : prévention, protection et assistance offertes aux
             victimes, poursuites contre les personnes se livrant à la traite et renforcement des
             partenariats pour la lutte contre la traite des personnes. Dans le cadre de ce plan, elle
             a créé le fonds de contributions volontaires des Nations Unies en faveur des victimes
             de la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, dont l’Office des
             Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) assure la gestion, chargé ce
             dernier d’établir des rapports biennaux sur les tendances et l’évolution de la traite des
             personnes aux échelons national, régional et international et renforcé le rôle du
             Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes.
             4.    L’Assemblée générale a prié le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante -
             seizième session, un rapport sur la mise en œuvre de la résolution 74/176. Le présent
             rapport a été établi notamment à partir de renseignements communiqués par les États
             Membres et les parties prenantes concernées, dont les entités membre s du Groupe
             interinstitutions de coordination contre la traite des personnes. Il porte sur la période
             qui s’étend du 18 décembre 2019, jour de l’adoption de la résolution 74/176, au
             8 juillet 2021.

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        II. État des ratifications du Protocole additionnel
            à la Convention des Nations Unies contre la criminalité
            transnationale organisée visant à prévenir, réprimer
            et punir la traite des personnes, en particulier des femmes
            et des enfants
                  5.     Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a exhorté les États Membres
                  qui ne l’avaient pas encore fait à envisager de ratifier la Convention des Nations Unies
                  contre la criminalité transnationale organisée et son Protocole additionnel relatif à la
                  traite des personnes, ou d’y adhérer. Au cours de la période considérée, trois États ont
                  adhéré au Protocole : le Brunei Darussalam (30 mars 2020), les Comores (23 juin
                  2020) et le Népal (16 juin 2020) 1. Aujourd’hui, plus de 20 ans après son adoption, le
                  Protocole compte 178 parties, et l’on s’achemine rapidement vers sa ratification
                  universelle.
                  6.    Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a aussi demandé aux États
                  Membres de continuer de s’employer à incriminer la traite des personnes sous toutes
                  ses formes et à rechercher, poursuivre et punir celles et ceux qui s ’y livraient ainsi
                  que les intermédiaires. Sur les 181 pays examinés dans le Rapport mondial sur la
                  traite des personnes 2020 publié par l’ONUDC, en août 2020, 169 pays avaient
                  adopté une législation spécifique incriminant la traite des personnes, conformément
                  au Protocole relatif à la traite des personnes. Selon le rapport, le nombre de personnes
                  condamnées dans le monde (pour 100 000 habitants) a presque triplé depuis 2003,
                  année de l’entrée en vigueur du Protocole. Cette hausse s’explique en partie par
                  l’adoption de lois visant à ériger la traite des personnes en infraction pénale ainsi que
                  par l’investissement dans les capacités nationales et la coopération internationale. Les
                  taux de condamnation observés dans les pays qui avaient adopté ces lois avant 2003
                  étaient plus élevés que dans ceux dont la législation était plus récente, ces derniers
                  ayant néanmoins enregistré ces derniers temps des augmentations notables par rapport
                  aux années précédentes. Tout cela porte à croire que les mesures de justice pénale
                  prises au niveau mondial devraient continuer de progresser à mesure que les pays
                  acquièrent de l’expérience en appliquant leurs cadres respectifs.

       III. Synthèse de l’action contre la traite des personnes
         A.       Action menée par des États Membres

                  7.    Au 9 juin 2021, les 48 États Membres suivants avaient fourni des informations
                  sur l’action qu’ils menaient contre la traite des personnes, en réponse à une demande
                  adressée par l’ONUDC dans une note verbale : Albanie, Allemagne, Andorre, Arabie
                  saoudite, Arménie, Australie, Autriche, Belgique, Bolivie (État plurinational de),
                  Bulgarie, Canada, Chili, Chine, Danemark, Égypte, El Salvador, Équateur, Espagne,
                  États-Unis d’Amérique, Fédération de Russie, Finlande, Guatemala, Hongrie, Irlande,
                  Israël, Italie, Lettonie, Liban, Liechtenstein, Lituanie, Malte, Maroc, Monténégro,
                  Myanmar, Nicaragua, Nigéria, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Qatar, Serbie,
                  Singapour, Slovaquie, Suède, Turquie, Uruguay, Venezuela (République bolivarienne
                  du) et Zimbabwe.
                  8.    La plupart des États ont indiqué avoir élaboré, au moyen de processus
                  consultatifs, des cadres stratégiques nationaux de lutte contre la traite des personnes
                  qu’ils appliquaient, des comités ou des équipes spéciales interministériels ayant été
                  mis en place pour coordonner la mise en œuvre des stratégies nationales. Plusieurs
                  États ont regroupé leurs interventions selon les quatre domaines thématiques définis
                  dans la résolution 64/293 relative au Plan d’action mondial des Nations Unies pour la

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                  État des ratifications au 9 juin 2021, consultable à l’adresse https://treaties.un.org/Pages/
                  Home.aspx?clang=_fr.

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                lutte contre la traite des personnes, à savoir la prévention, la protection et l ’assistance
                offertes aux victimes et aux témoins, les poursuites contre les personnes se livrant à
                la traite et le renforcement des partenariats pour la lutte contre la traite des personnes.
                Un État a signalé avoir intégré dans son approche stratégique un cinquième axe
                thématique consacré à l’orientation stratégique.

           1.   Prévention
                9.    Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a invité les États Membres à
                régler les problèmes sociaux, économiques, culturels, politiques et autres qui
                exposaient les personnes à la traite, et a également demandé aux États, aux
                organisations internationales, aux associations de la société civile et au secteur privé
                d’intensifier et d’appuyer, au moyen de partenariats, les activités de prévention dans
                les pays d’origine, de transit et de destination.
                10. La plupart des États ont fait savoir qu’ils avaient poursuivi leurs activités de
                sensibilisation. Dans certains cas, des outils de sensibilisation produits avant 2019
                avaient été largement distribués pendant la période con sidérée, signe que des
                campagnes à plus long terme étaient menées. Des États ont indiqué que la traite des
                personnes avait été intégrée dans les programmes d’enseignement primaire et
                secondaire, ainsi que dans les programmes de formation des enseignants.
                11. De nombreux pays ont également déclaré avoir profité de journées officielles,
                telles que la Journée mondiale de la lutte contre la traite d ’êtres humains (30 juillet),
                instaurée par l’Assemblée générale dans sa résolution 68/192, la Journée
                internationale contre l’exploitation sexuelle et la traite des femmes et des enfants
                (23 septembre) et la Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains
                (18 octobre), pour faire mieux connaître la traite des personnes et mettre en lumière
                le sort des victimes. Ces célébrations ont eu lieu en partenariat avec des organisations
                internationales et des organisations de la société civile.
                12. Les mesures de prévention consistaient notamment à former le personnel de
                première ligne afin qu’il soit mieux à même de détecter et de signaler rapidement les
                cas de traite des personnes, ainsi qu’à mettre en place des mécanismes de protection
                sociale prenant la forme de microcrédits ou d’allocations, en particulier dans le
                contexte de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID -19). Un État a signalé la
                création d’un dispositif de coordination destiné à renforcer la protection des enfants
                vivant et travaillant dans la rue contre la maltraitance, la violence et toute éventuelle
                exploitation.
                13. Plusieurs États ont indiqué que la pandémie de COVID-19 avait entravé leurs
                efforts de lutte contre la traite des personnes, notamment les activités de
                sensibilisation, en raison des mesures de santé publique limitant les déplacements et
                interdisant les grands rassemblements. En conséquence, les initiatives de
                sensibilisation s’étaient principalement déroulées sous une forme numérique, les
                messages étant diffusés à la télévision, à la radio et sur les médias soc iaux, et certains
                pays avaient également eu recours à des panneaux d’affichage. Des webinaires
                avaient aussi permis de mettre en œuvre des activités de renforcement des capacités
                destinées aux acteurs de la lutte contre la traite, en particulier aux agents des services
                de détection et de répression. D’autres États ont déclaré avoir utilisé des
                manifestations sportives, des festivals cinématographiques et des salons
                professionnels comme plateformes pour diffuser des messages sur la traite des
                personnes. Dans un État, des films avaient été projetés dans tout le pays pour
                sensibiliser à la traite des enfants à des fins d’exploitation sexuelle.
                14. La plupart des pays ont indiqué que le renforcement des capacités était une
                stratégie de prévention essentielle et précisé avoir organisé des formations virtuelles
                à l’intention des acteurs du corps diplomatique, du système judiciaire, des services de
                détection et de répression, ainsi que des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration,
                des transports (aviation civile) et des soins de santé. Un pays a mentionné avoir
                intégré la traite des personnes dans la formation du personnel qui se prépare à être
                déployé dans les missions de maintien de la paix en Afrique.

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                  15. Le recrutement de travailleuses et travailleurs étrangers ét ait également
                  considéré comme un domaine appelant des mesures de prévention. Certains États
                  avaient conclu des accords bilatéraux avec des pays d’origine pour, entre autres,
                  favoriser la transparence des chaînes d’approvisionnement, détecter d’éventuels cas
                  d’exploitation, faire en sorte que les travailleuses et travailleurs soient bien informés
                  de leurs droits et obligations, et faciliter la traduction des contrats de travail types
                  dans la langue maternelle des travailleuses et travailleurs étrangers. Un p ays avait mis
                  fin au recrutement privé de travailleuses et travailleurs étrangers dans certains
                  secteurs de l’économie (construction et agriculture) et n’autorisait cette forme de
                  recrutement que par des voies prévues dans le cadre d’accords bilatéraux avec les
                  pays d’origine. Un autre État a indiqué avoir élaboré et diffusé à grande échelle des
                  brochures sur les droits des étudiantes et étudiants et des travailleuses et travailleurs
                  ainsi que sur les ressources permettant de se renseigner au sujet des proc édures de
                  demande de visa. On a également signalé la mise en place de partenariats public -privé
                  visant à promouvoir l’éthique dans la fourniture de main-d’œuvre, par exemple dans
                  le secteur agricole, ce qui avait permis d’accroître la transparence de l’offre et de la
                  demande et de réduire les risques d’exploitation par le travail. Un pays avait mis en
                  place un portail en ligne pour contrôler les offres d’emploi et noué des collaborations
                  avec les principales sociétés de médias sociaux pour surveiller les an nonces et établir
                  le profil des personnes se livrant à la traite.
                  16. Notant l’importance d’une action préventive fondée sur des données factuelles,
                  certains pays ont déclaré avoir mené des évaluations sur la traite des personnes,
                  notamment en ce qui concerne les incidences de la COVID-19 sur les mesures de lutte
                  contre la traite, et avoir intégré les résultats de ces évaluations dans leurs politiques.
                  17. Certains États ont indiqué avoir apporté un appui financier à la mise en œuvre,
                  dans certains pays étrangers, de programmes destinés à soutenir des mesures allant de
                  la sensibilisation au renforcement des capacités des agents de première ligne, en
                  particulier ceux des services de détection et de répression et des services de justice.
                  Cette assistance internationale avait été octroyée soit dans le cadre d’accords
                  bilatéraux, soit par l’intermédiaire d’organisations non gouvernementales participant
                  directement, entre autres, à la lutte contre les causes profondes de la violence fondée
                  sur le genre et au renforcement des moyens de subsistance au niveau local.
                  18. La mise en place et le respect de politiques de passation des marchés éthiques
                  ont également servi à prévenir la traite des personnes, notamment en garantissant la
                  transparence des chaînes d’approvisionnement, un État faisant observer que cela
                  permettait de se prémunir contre l’achat de produits et de services issus de
                  l’exploitation.

             2.   Protection et assistance accordées aux victimes
                  19. Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a demandé aux États Membres
                  d’offrir aux victimes la protection et l’assistance dont elles avaient besoin dans le
                  respect absolu des droits humains.
                  20. Plusieurs États ont souligné que la fourniture de services sociaux et de service
                  de protection aux victimes de la traite était une mesure cruciale, notamment la
                  fourniture d’un logement, l’accompagnement médical et psychosocial, l’octroi de
                  microcrédits ou d’aides financières (programmes de transferts monétaires) et la
                  régularisation du statut migratoire des victimes par la délivrance de titres de séjour
                  temporaires ou de visas humanitaires. Il est à noter que dans la plupart des
                  interventions citées, toutes les victimes identifiées avaient reçu un soutien, quelle que
                  soit leur nationalité.
                  21. Certains pays ont fait savoir que leur législation prévoyait la protection des
                  victimes de la traite, tandis que d’autres avaient modifié leurs lois pour mettre en
                  place des dispositifs de restitution et d’indemnisation, ainsi que des mesures
                  d’assistance financière, au profit des victimes. Des États ont également indiqué qu ’ils
                  avaient pris des dispositions afin de mieux protéger les victimes contre les sanctions

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                institutionnelles visant les infractions commises en conséquence directe de la t raite
                dont elles avaient été l’objet.
                22. Les États ont indiqué qu’ils se servaient de la technologie pour identifier et
                secourir les victimes de la traite, l’un d’eux ayant utilisé les nouvelles technologies
                pour retrouver des enfants disparus et une technique reposant sur l’analyse de l’acide
                désoxyribonucléique (ADN) pour les réunir avec leur famille. En outre, certains États
                avaient intensifié les enquêtes en amont sur les plateformes en ligne, en utilisant par
                exemple l’intelligence artificielle pour identifier aussi bien les victimes que les
                personnes se livrant à la traite. Il a également été dit que la collaboration avec des
                étudiantes et étudiants, des concepteurs et conceptrices de logiciels et des entrepris es
                technologiques socialement responsables était essentielle pour mettre au point des
                manières d’utiliser la technologie et les médias sociaux afin de combattre la
                criminalité et de renforcer l’efficacité des mesures de lutte contre la traite des êtres
                humains.
                23. La plupart des pays ont indiqué que l’assistance aux victimes était fournie en
                collaboration avec des organisations non gouvernementales. Ces organisations étaient
                également des partenaires clefs des pouvoirs publics, en assurant des services de
                permanence téléphonique qui permettaient de repérer les victimes piégées dans des
                situations d’exploitation et de leur venir en aide.
                24. En outre, certains pays ont dit avoir entrepris des efforts spécifiques en vue de
                protéger les témoins ou les personnes fournissant des informations afin d’encourager
                le signalement des cas de traite présumés.

           3.   Poursuites contre les personnes se livrant à la traite
                25. Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a demandé aux États Membres
                d’incriminer la traite des personnes sous toutes ses formes et de rechercher, de
                poursuivre et de punir celles et ceux qui s’y livraient ainsi que les intermédiaires.
                26. Alors que la plupart des États ayant répondu ont indiqué que leur législation
                interne érigeait la traite des personnes en infraction pénale, plusieurs ont déclaré
                l’avoir récemment modifiée afin, notamment, de l’aligner sur le Protocole relatif à la
                traite des personnes, d’alourdir les peines encourues en cas d’infractions liées à la
                traite, d’encadrer la protection des victimes et, dans certains pays, de prévoir des
                dispositions visant à garantir que les victimes ne soient pas sanctionnées pour des
                infractions commises en conséquence directe de leur condition de victime de la traite.
                En outre, certains États Membres ont dit avoir mis en place des services d’aide adaptés
                aux besoins des victimes et des témoins pour les affaires portées devant les tribunaux.
                Un État a signalé avoir invoqué sa législation en matière de resp onsabilité des
                entreprises pour inculper des entités d’infractions de traite.
                27. Dans certains cas, les modifications apportées à la législation avaient pour objet
                de garantir la conformité des lois avec les dispositifs régionaux de lutte contre la
                traite, tels que la directive 2011/36/EU du Parlement européen et du Conseil de
                l’Union européenne concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte
                contre ce phénomène ainsi que la protection des victimes, la Convention du Conseil
                de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains et la Convention de
                l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) contre la traite des êtres
                humains, en particulier des femmes et des enfants.
                28. La plupart des pays ont souligné que pour lutter contre la traite au niveau
                national, il était essentiel de former le personnel des services de détection et de
                répression et les agents des services judiciaires, en particulier aux pratiques efficaces
                en matière d’enquête et de poursuite.
                29. Certains États ont mentionné les conséquences spécifiques de la pandémie de
                COVID-19 sur leurs mesures en matière de poursuites, évoquant des retards dans les
                procédures judiciaires et des obstacles à l’accès à la justice.

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             4.   Partenariats
                  30. Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a demandé aux États Membres,
                  aux organisations internationales, aux associations de la société civile et au secteur
                  privé d’intensifier et d’appuyer, au moyen de partenariats, les activités de prévention
                  dans les pays d’origine, de transit et de destination. En outre, elle a prié les États de
                  renforcer la coopération internationale et la coopération avec le Groupe
                  interinstitutions de coordination contre la traite des personnes.
                  31. Plusieurs États ont indiqué coopérer au niveau national avec les parties
                  prenantes concernées, généralement dans le cadre de mécanismes nationaux de
                  coordination interinstitutions auxquels les ministères et les organisations de la société
                  civile participaient largement, de même que, dans quelques pays, des acteurs du
                  secteur privé. De nombreux États ont déclaré avoir nommé des rapporteuses ou
                  rapporteurs, ou des ambassadeurs ou ambassadrices à l’échelle nationale chargés de
                  lutter contre la traite des personnes, ou encore des coordonnateurs ou coordonnatrices
                  chargés de coordonner l’action nationale contre la traite.
                  32. Des États ont indiqué qu’ils avaient conclu des accords de coopération bilatérale
                  avec d’autres États pour lutter contre la traite transnationale des personnes afin,
                  notamment, de renforcer l’entraide judiciaire dans les affaires de traite et de pouvoir
                  mener des opérations conjointes contre celle-ci, échanger des renseignements
                  financiers sur les personnes se livrant à la traite et faire mieux connaître le problème
                  de la traite à des fins de prévention. Les opérations conjointes citées comprenaient
                  l’opération Odyssée, en Europe, l’opération Sentinel, visant les activités criminelles
                  transnationales et notamment l’exploitation des enfants sur Internet, et les opérations
                  Turquesa I, Turquesa II, White Sand et Weka, portant sur le trafic illicite de personnes
                  migrantes et la traite des personnes, auxquelles participaient des pays de la Corne de
                  l’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie et d’Europe. Les opérations
                  Turquesa II et Weka ont permis de secourir environ 600 victimes potentielles.
                  L’ONUDC a prêté assistance à l’Organisation internationale de police criminelle
                  (INTERPOL) dans le cadre de ces opérations en vue de faciliter la coordination entre
                  les agents des services de détection et de répression et les ministères publics par
                  l’intermédiaire du Réseau ibéro-américain de services de poursuites spécialisés dans
                  la lutte contre la traite des personnes et le trafic de personnes migrantes et de
                  l’Association ibéro-américaine des ministères publics. Parmi les autres opérations
                  menées avec succès par les États membres d’INTERPOL, on peut citer l’opération
                  Saraounia, sur les crimes contre les enfants et la traite des personnes au Niger, et
                  l’opération Theseus, menée dans les Balkans occidentaux.
                  33. Certains États ont fait état d’une coopération pratique au sein des mécanismes
                  de coordination régionale, dont le Réseau des coordonnateurs et coordonnatrices de
                  la lutte contre la traite des personnes en Europe du Sud-Est, l’Équipe spéciale sur la
                  traite des êtres humains du Conseil des États de la mer Baltique, le réseau de
                  rapporteuses et rapporteurs nationaux ou de mécanismes équivalents de l’Union
                  européenne dans le domaine de la traite des êtres humains, l’Initiative ministérielle
                  coordonnée du Mékong contre la traite des êtres humains et le Five Eyes Law
                  Enforcement Group. D’autres mécanismes intergouvernementaux étaient également
                  à l’œuvre dans les Amériques, la région de l’ASEAN, la région de la Communauté
                  économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la région du Moyen-
                  Orient et de l’Afrique du Nord.
                  34. Plusieurs autres réseaux internationaux ont aussi été mentionnés, par exemple
                  le Groupe de travail sur la traite des personnes, constitué en janvier 2020 par le
                  Groupe d’experts de la facilitation de l’Organisation de l’aviation civile internationale
                  (OACI), et le Conseil consultatif international des survivants de la traite, créé en 2021
                  par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en vue de
                  fournir des conseils, des orientations et des recommandations pratiques fondés sur le
                  vécu des survivants pour éclairer le travail de l’OSCE. De nombreux États ont indiqué
                  qu’ils avaient par ailleurs coopéré avec des entités internationales, notamment
                  l’ONUDC, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), INTERPOL, le

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              Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et l’Entité
              des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
              (ONU-Femmes), afin de mettre en place des interventions spécifiques visant à
              combattre la traite des personnes.

           B. Action menée par des entités des Nations Unies et d’autres
              organisations internationales

              35. Outre les éléments communiqués par les États Membres pour l’établissement du
              présent rapport, des informations ont également été fournies par plusieurs entités des
              Nations Unies, à savoir l’ONUDC, l’OACI, l’OIM, le HCDH, ONU-Femmes, le
              Bureau de l’État de droit et des institutions chargées de la sécurité du Département
              des opérations de paix, l’Union internationale des télécommunications (UIT) et le
              Bureau régional pour l’Asie et le Pacifique du Programme des Nations Unies pour le
              développement (PNUD). Par ailleurs, la Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres
              humains, en particulier les femmes et les enfants, et la Représentante spéciale du
              Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période
              de conflit ont adressé des observations.
              36. Des communications ont également été reçues du Conseil de l’Europe, de la
              CEDEAO, d’INTERPOL, de l’OSCE, de l’Association de coopération économique
              Asie-Pacifique, de la Cour pénale internationale, du Centre international pour le
              développement des politiques migratoires et de l’Organisation des États américains
              (OEA).

            1. Mesures aux fins de la mise en œuvre du Plan d’action mondial des Nations Unies
               pour la lutte contre la traite des personnes
              37. À la suite de l’appel lancé dans le Plan d’action mondial en faveur d’un
              renforcement de la coopération et d’une amélioration de la coordination entre les
              parties prenantes, les organisations ont cité des exemples concrets de coopération
              avec les autorités nationales et d’autres parties prenantes en matière de lutte contre la
              traite des personnes, en vue notamment d’établir un socle de connaissances
              spécialisées sur les réseaux impliqués dans la traite, d’améliorer la qualité des
              enquêtes et des poursuites, de renforcer les politiques, les opérations et la recherche,
              de créer des foyers d’accueil pour les victimes ainsi que d’ élaborer et de diffuser des
              lignes directrices à suivre pour protéger, aider et orienter les v ictimes de la traite. Les
              interventions comprenaient des mesures destinées à renforcer la protection des
              enfants en ligne face aux changements intervenus, depuis l’apparition de la
              COVID-19, dans le mode opératoire des personnes se livrant à la traite s’agissant de
              l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet. Les nouvelles pratiques connexes et
              les stratégies actuellement adoptées par les praticiens exerçant en première ligne pour
              s’adapter à ces phénomènes sont présentées en détail dans une nouvelle étude de
              l’ONUDC intitulée The Effects of the COVID-19 Pandemic on Trafficking in Persons
              and Responses to the Challenges: A Global Study of Emerging Evidence (effets de la
              pandémie de COVID-19 sur la traite des personnes et mesures prises face aux
              difficultés : étude mondiale des données les plus récentes), publiée le 8 juillet 2021.
              38. Le Plan d’action mondial souligne qu’il est central de mener des recherches et
              de disposer de données factuelles sur la traite des personnes pour comprendre la
              nature et l’ampleur du problème et l’efficacité des réponses apportées. Au cours de la
              période considérée, plusieurs organisations ont publié des ressources clefs sur la
              traite, comme indiqué ci-dessous :
                    a)    En février 2021, l’ONUDC a publié le Rapport mondial sur la traite des
              personnes 2020, dans lequel il était constaté que la proportion des enfants victimes
              de la traite avait augmenté de manière exponentielle pour atteindre plus de 30 % de
              l’ensemble des victimes de la traite recensées, la part des garçons ayant également
              augmenté de manière notable par rapport à celle des filles. Le rapport mettait aussi en
              évidence un accroissement des signalements de cas de traite à des fins de prélèvement

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                 d’organes. À l’échelle mondiale, l’exploitation sexuelle et le travail forcé restaient les
                 principales formes d’exploitations associées à la traite, 50 % des victimes recensées
                 faisant l’objet d’exploitation sexuelle et 38 % d’exploitation par le travail forcé ;
                     b)    L’ONUDC a également publié des ressources techniques, dont les
                 documents suivants :
                       i)   Les Dispositions législatives types de l’ONUDC contre la traite des
                       personnes et le guide législatif relatif au Protocole visant à prévenir, réprimer et
                       punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, afin
                       d’aider les pays à examiner, réviser et appliquer leurs cadres législatifs ;
                       ii) Female Victims of Trafficking for Sexual Exploitation as Defendants :
                       A Case Law Analysis, afin de promouvoir une action plus cohérente de la justice
                       pénale ;
                       iii) Les liens entre la traite des personnes et le marriage – Document de
                       synthèse, afin d’améliorer les connaissances techniques sur la question ;
                       iv) UNODC Toolkit for Mainstreaming Human Rights and Gender Equality
                       into Criminal Justice Interventions to Address Trafficking in Persons and
                       smuggling of Migrants (référentiel d’intégration des droits humains et de
                       l’égalité des genres dans les interventions de justice pénale destinées à
                       combattre la traite des personnes et le trafic illicite de personnes migrantes),
                       afin de fournir aux praticiens des outils pour améliorer les mesures de la justice
                       pénale ;
                        c)   Les membres du Groupe interinstitutions de coordination contre la traite
                 des personnes ont produit, individuellement ou collectivement, un certain nombre de
                 nouvelles ressources dans le cadre du Groupe. En décembre 2020, ce dernier a publié
                 un examen analytique conjoint des efforts de lutte contre la traite des personnes menés
                 au cours des 20 années écoulées depuis l’adoption du Protocole relatif à la traite des
                 personnes, dans lequel il constatait que, si des progrès notables avaient été réalisés au
                 niveau mondial, l’efficacité des mesures continuait de se heurter à des problèmes
                 persistants, notamment les effets disproportionnés de la traite sur les femmes et les
                 filles, le manque de données fiables sur cette forme de criminalité et le faible taux de
                 condamnation des personnes se livrant à la traite 2. À la suite de l’examen analytique,
                 il a élaboré son tout premier plan d’action conjoint, approuvé à la réunion des chefs
                 des organismes et organisations concernés tenue le 15 décembre 2020, lequel
                 définissait six principaux domaines d’action, dont la systématisation de la coopération
                 et des partenariats multipartites dans la mise en œuvre de programmes complets de
                 lutte contre la traite ;
                       d)    Le Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes
                 a également publié des notes d’information sur la traite des personnes à des fins de
                 travail forcé et sur la non-sanction des victimes de la traite. En outre, les membres du
                 Groupe ont présenté au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des
                 femmes un document conjoint ayant servi à l’élaboration de la recommandation
                 générale n o 38 (2020) du Comité sur la traite des femmes et des filles dans le contexte
                 des migrations internationales (CEDAW/C/GC/38), qui a ensuite été adoptée en
                 décembre 2020 ;
                      e)   Les membres du Groupe interinstitutions de coordination contre la traite
                 des personnes ont mené d’autres actions, comme indiqué ci-après :
                       i)    L’OSCE a publié une version révisée du recueil de documents de référence
                       et de ressources sur l’approvisionnement éthique et la prévention de la traite des
                       êtres humains aux fins de l’exploitation par le travail dans les chaînes
                       d’approvisionnement ;

         __________________
             2
                 Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes, « 20th anniversary of the
                 Trafficking in Persons Protocol: an analytical review » (2020).

V.21-04832                                                                                                               9/20
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                     ii) Le Centre international pour le développement des politiques migratoires
                     a publié, entre autres, un guide destiné aux professionnels intitulé Developing
                     and Monitoring National Anti-Trafficking Response: A Practitioner’s Guide
                     (élaboration et suivi des mesures nationales de lutte contre la traite) ;
                     iii) En collaboration avec le HCDH, l’OACI a publié la circulaire 357 intitulée
                     Guidelines for Reporting Trafficking in Persons by Flight and Cabin Crew
                     (Lignes directrices sur les comptes rendus de cas de traite de personnes à
                     communiquer par les équipages de conduite et de cabine), et lancé un outil
                     d’apprentissage en ligne pour aider le personnel aéronautique à détecter la traite
                     des personnes et à prendre rapidement des mesures, le cas échéant ;
                     iv) En juin 2020, INTERPOL a publié un rapport analytique concernant les
                     incidences de la pandémie de COVID-19 sur le trafic illicite de personnes
                     migrantes et la traite des personnes, notant que davantage de personnes
                     risquaient de faire l’objet de ce trafic et de cette traite et que la probabilité que
                     ces personnes soient trompées, exploitées et deviennent victimes de la traite
                     allait augmenter ;
                     v)     La Rapporteuse spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier les
                     femmes et les enfants, a publié deux documents de position importants, intitulés
                     « The importance of implementing the non-punishment provision: the obligation
                     to protect victims » (importance de l’application du principe de non-sanction :
                     obligation de protéger les victimes) et « The impact and consequences of the
                     COVID-19 pandemic on trafficked and exploited persons » (effets et
                     conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les personnes victimes de la
                     traite et de l’exploitation) ;
                     vi) ONU-Femmes et l’OSCE ont publié un document intitulé Guide pratique
                     – Faire face aux nouvelles tendances de la traite des êtres humains et aux
                     conséquences de la pandémie COVID-19, dans lequel ils constataient que les
                     interactions entre les inégalités de genre préexistantes et la COVID -19 avaient
                     continué d’exacerber la vulnérabilité, en particulier des femmes et des filles,
                     face à la traite des personnes et cette tendance devrait persister après la
                     pandémie.

           2.   Appui aux mesures de prévention
                39. La plupart des entités des Nations Unies et des autres organisations
                internationales ont indiqué avoir aidé les États à renforcer leurs capacités dans le
                domaine de la détection, de la déstabilisation et du démantèlement des groupes
                criminels organisés, de la conduite d’opérations conjointes, de l’identification et du
                sauvetage des victimes ainsi que de l’arrestation des personnes se livrant à la traite,
                des travaux de recherche sur la traite des personnes et de l ’élaboration de lois en la
                matière ou de la modification de celles existantes. Plusieurs organisations
                internationales ont fait savoir qu’elles avaient tenu des ateliers et des séminaires
                virtuels sur la traite des personnes en raison des restrictions imposées par la pandémie
                de COVID-19.
                40. Nombre d’organisations internationales considéraient la prévention de la traite
                des personnes dans les chaînes d’approvisionnement comme un domaine d’action
                prioritaire. L’une d’elles a indiqué avoir inscrit dans son règlement intérieur de
                nouvelles dispositions qui interdisaient l’acquisition de biens et de services auprès de
                toute personne ou entité susceptible de recourir à des pratiques incompatibles avec
                les lois et normes internationales visant à prévenir le travail des enfants, l’exploitation
                sexuelle et la traite des personnes. L’OIM a expliqué qu’elle continuait de promouvoir
                les droits humains et les droits du travail des travailleuses et travailleurs migrants
                dans les chaînes d’approvisionnement en Asie dans le cadre de l’initiative CREST,
                sur la responsabilité d’entreprise dans l’élimination de l’esclavage et de la traite,
                complétée par le projet CREST Fashion, qui visait à aider le secteur régional de la
                mode à mieux prévenir les risques d’exploitation par le travail, de travail forcé et de
                traite des personnes. En outre, l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’OIM

 10/20                                                                                                        V.21-04832
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                      ont mis en place l’initiative Ship to Shore Rights South-East Asia afin de promouvoir
                      une migration de main-d’œuvre régulière et sûre et un travail décent pour tous les
                      personnes migrantes dans le secteur de la pêche.
                      41. L’équipe spéciale du Réseau achats du Comité de haut niveau sur la gestion,
                      coprésidée par l’OIT et l’OSCE, cherchait actuellement à concevoir une approche
                      commune pour lutter contre la traite des personnes dans les chaînes
                      d’approvisionnement des organisations internationales, l’OIM ayant quant à elle créé
                      le Système international d’intégrité du recrutement pour favoriser le recrutement
                      éthique des travailleuses et travailleurs migrants.
                      42. Plusieurs organisations ont indiqué fournir un appui aux mécanismes d e
                      coordination intergouvernementaux pour améliorer la coopération transnationale en
                      matière de lutte contre la traite des personnes. Par exemple, plusieurs communications
                      faisaient mention d’un soutien apporté au Réseau des coordonnateurs et
                      coordonnatrices de la lutte contre la traite des personnes en Europe du Sud -Est afin
                      d’améliorer son action dans la région, tandis que la CEDEAO a indiqué avoir facilité
                      la signature et la mise en œuvre d’un accord bilatéral aux fins de lutte contre la traite
                      entre le Mali et le Nigéria.

             3.       Sensibiliser à la traite des personnes
                      43. Dans sa résolution 74/176, l’Assemblée générale a invité toutes les parties
                      prenantes à continuer de célébrer la Journée mondiale de la lutte contre la traite
                      d’êtres humains afin de mieux faire connaître la traite des personnes et le sort des
                      victimes de ce crime et de promouvoir et protéger leurs droits.
                      44. Les organisations internationales ont tiré parti des journées spéciales, par
                      exemple de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains,
                      conformément à la résolution 68/192 de l’Assemblée générale, pour sensibiliser à la
                      traite des personnes. Nombre d’entre elles ont toutefois indiqué qu’en raison des
                      protocoles sanitaires liés à la COVID-19 mis en place dans le monde entier, les
                      célébrations prévues en 2020 ont été reportées ou les activités planifiées restreintes,
                      afin de respecter les règles sanitaires en vigueur, et de nombreuses organisations ont
                      simplement publié des déclarations dénonçant la traite des personnes.
                      45. En 2020, la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains a été
                      l’occasion de rendre hommage aux personnes intervenant en première ligne pour
                      mettre un terme à ce crime. Cet hommage est tout particulièrement pertinent dans le
                      contexte de la pandémie de COVID-19, qui a amplifié les difficultés rencontrées par
                      les personnes intervenant en première ligne pour prêter assistance aux victimes de la
                      traite.
                      46. Le Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes a lancé
                      une campagne médiatique mondiale en 2020 pour attirer l’attention sur le travail
                      indispensable des personnes intervenant en première ligne dans la lutte contre la traite
                      des personnes et l’aide aux victimes. Dans une déclaration faite à l’occasion de la
                      Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, célébrée le 30 juillet
                      2020, il a invité les gouvernements et les parties prenantes à fournir des ressources
                      adéquates et à soutenir les personnes intervenant en première ligne, et à associer les
                      organisations de la société civile dirigées par des survivantes et des survivants à la
                      conception et la mise en œuvre des politiques et programmes de lutte contre la traite 3.
                      47. En outre, l’ONUDC s’est associé au Rukus Avenue Music Group pour organiser,
                      dans le cadre des célébrations, un concert virtuel de collecte de fonds. Des musiciens
                      de renom se sont produits à cette occasion sous le thème « Les artistes unis contre la
                      traite des êtres humains ». Les recettes du concert ont été reversées au fonds de

         __________________
                  3
                      Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes, déclaration comm une à
                      l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, 30 juillet 2020,
                      disponible (en anglais) à l’adresse : https://icat.un.org/sites/default/files/publications/
                      20200730_wdat_icat_joint_statement_2020_final.pdf.

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                contributions volontaires des Nations Unies en faveur des victimes de la traite des
                personnes, en particulier des femmes et des enfants.
                48. Il convient de noter que la plupart des organisations ont mené des initiatives de
                sensibilisation non seulement lors des journées spéciales comme la Journée mondiale
                de la lutte contre la traite d’êtres humains, mais ont aussi intégrées de telles initiatives
                dans leurs activités quotidiennes.

           4.   Cadres stratégiques pour lutter contre la traite des personnes
                49. Au cours de la période considérée, plusieurs organisations intergouvernementales
                et internationales ont élaboré des plans directeurs pour élaborer des mesures de lutte
                contre la traite des personnes. L’ONUDC a lancé sa stratégie pour 2021 -2025, qui
                définit deux domaines thématiques pertinents pour la lutte contre la traite des
                personnes : « Prévenir et combattre la criminalité organisée » (domaine thématique 2)
                et « Prévention de la criminalité et justice pénale » (domaine thématique 5). Cette
                stratégie privilégie les partenariats multipartites, faisant intervenir des acteurs
                gouvernementaux, des organisations de la société civile et le secteur privé, pour lutter
                contre la traite des personnes. En février 2021, l’ONUDC a également lancé la Vision
                stratégique pour l’Afrique 2030 qui complète sa stratégie globale.
                50. De même, en 2021, l’Union européenne a adopté une nouvelle stratégie visant
                à lutter contre la traite des êtres humains pour la période 2021 -2025, qui reconnaît
                que, si des progrès importants ont été réalisés contre la traite des êtres humains depuis
                2011, date à laquelle l’Union européenne a adopté sa directive 20 11/36/UE
                concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène
                ainsi que la protection des victimes, il convient de repenser les mesures de lutte en
                raison de l’évolution rapide de cette forme de criminalité. Entre autres, l’Union
                européenne vise à réduire la demande qui alimente la traite des êtres humains ; à briser
                le modèle criminel pour mettre fin à l’exploitation des victimes ; à protéger et soutenir
                les victimes et leur donner des moyens d’agir ; et à favoriser la coopération
                internationale et les partenariats. Cette stratégie s’inscrit également dans le cadre de
                la nouvelle stratégie de l’Union européenne visant à lutter contre la criminalité
                organisée pour la période 2021-2025, les deux stratégies mettant l’accent sur la
                gravité de la criminalité transnationale organisée et de la traite des personnes.
                51. En Afrique, l’Union africaine a adopté, à la trente-sixième session ordinaire du
                Conseil exécutif, tenue à Addis-Abeba les 6 et 7 février 2020, un plan d’action
                décennal pour l’éradication du travail des enfants, du travail forcé, de la traite des
                êtres humains et de l’esclavage moderne en Afrique (2020-2030). Ce plan d’action,
                qui s’inscrit dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et de la cible 8.7 des
                objectifs de développement durable, souligne que la coopération et la coordination
                sur les questions transfrontalières sont indispensables et reconnaît que les
                communautés économiques régionales peuvent coopérer à l’échelle du continent pour
                lutter contre la traite des personnes et d’autres crimes transnationaux organisés. Il
                s’appuie sur le Plan d’action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains, en
                particulier des femmes et des enfants, adopté en 2006.
                52. Au cours de la même période, la CEDEAO a adopté trois instruments pertinents,
                à savoir la Politique de l’enfance et le Plan d’action stratégique (2019 -2030) ; la
                Feuille de route pour prévenir le mariage des enfants et y mettre fin (2019 -2030) et
                la Déclaration politique et la Position commune contre le mariage des enfants. Dans
                le même temps, le Conseil de l’Europe a publié sa « Feuille de route pour renforcer
                l’action contre la traite des êtres humains à des fins d’exploitation par le travail ».

           C.   Mécanismes de coordination interinstitutions

           1.   Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes
                53. Le Groupe interinstitutions de coordination contre la traite des personnes est un
                forum politique qui a été officiellement établi en 2007, conformément à la

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