Aménagement des logettes et confort des vaches laitières
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
INRA Prod. Anim., 2014, 27 (5), 359-368 Aménagement des logettes et confort des vaches laitières P. CAZIN, B. NICKS, I. DUFRASNE Université de Liège, Faculté de Médecine vétérinaire, Département des Productions Animales, Boulevard de Colonster, B43, B-4000 Liège, Belgique Courriel : isabelle.dufrasne@ulg.ac.be Une part importante de la vie des vaches laitières se passe à l’intérieur des étables. Celles-ci sont souvent équipées de logettes pour lesquelles différents aménagements sont proposés. C’est l’éleveur qui choisit ces aménagements selon ses propres contraintes et les besoins des animaux. Mais que choisiraient ces derniers s’ils avaient la possibilité de s’exprimer ? C’est à partir de la seconde moitié du Le choix du modèle de stabulation libre, Quality® » (Veissier et al 2010). La con- vingtième siècle que les premières éta- sur paille accumulée ou à logettes, va ception des logettes est susceptible d’in- bles à stabulation libre pour vaches lai- aussi conditionner le type d’effluent fluencer tout particulièrement les résul- tières ont vu le jour en Europe, la stabu- récolté. Le premier est associé à la pro- tats de l’évaluation de l’aspect logement lation entravée étant jusqu’alors leur seule duction de fumier, le second étant adap- mais aussi de la santé. Les critères rete- forme de logement. Ce changement, initié té à la production de lisier. La récolte de nus au sein du projet Welfare Quality® aux Etats-Unis, a été motivé essentielle- fumier reste cependant possible en stabu- pour l’évaluation de l’aspect logement ment par la recherche de meilleures condi- lation libre à logettes mais, pour obtenir sont : le confort autour du repos, le con- tions de travail, en particulier lors de la un fumier suffisamment consistant, il est fort thermique et la facilité de dépla- traite dont il fallait diminuer la pénibilité nécessaire de prévoir un paillage d’au cement ; ceux relatifs à l’aspect santé et le temps à lui consacrer. La conception minimum 3 kg par vache et par jour (Séité sont : l’absence de blessures, de maladies des salles de traite a permis de répondre et al 2012). Des paillages entre 1,5 et 3 kg et de douleurs causées par les pratiques à ces objectifs et a conduit à l’aménage- fournissent un effluent difficile à gérer d’élevage (Veissier et al 2010). En fonc- ment des stabulations libres. Si, aujour- tant au stockage qu’à l’épandage. tion des diverses catégories d’animaux d’hui, l’hébergement permanent en sta- de ferme, des critères spécifiques ont été bulation entravée est parfois questionné Ayant un peu plus de cinquante ans définis permettant le calculer un score en termes de bien-être animal, cet aspect d’existence, cette modalité d’héberge- de bien-être à l’échelle d’un troupeau. n’était à l’époque pas ou très peu évoqué. ment a connu bien des évolutions, mais Parmi ceux proposés pour les troupeaux de nombreuses questions restent encore laitiers et susceptibles d’être influencés Le choix entre les étables à stabulation posées quant aux meilleurs choix à effec- par la conception des logettes, on peut libre sur paille et celles à logettes a été tuer, en particulier à propos de la nature retenir l’état de propreté des vaches, l’uti- dès le départ influencé par les disponi- du sol des logettes, de leurs dimensions, lisation de l’aire de repos et le temps bilités et donc le coût de la paille, varia- de la conception des séparations latérales mis à se coucher – tout trois associés au bles en fonction des régions. Par exem- et du dispositif limitant l’avancement des confort de repos – et la proportion ple, en Belgique, la forte augmentation animaux. L’objectif de cet article est de d’animaux présentant des signes de boi- du prix de la paille au début des années synthétiser les résultats de recherches teries, des lésions corporelles ou des 1960 favorisa d’emblée l’implantation visant à évaluer l’impact de l’aménage- troubles sanitaires (dont les mammites) d’étables à stabulation libre à logettes ment des logettes, tout particulièrement – ces éléments étant utilisés pour l’éva- plutôt que sur paille (Martens et al 1980). des différents types de sols, sur le confort luation de la santé – (Botreau et al 2009, Les premières offrent également souvent des vaches et sur la fréquence et la sévé- Coignard et al 2013). de meilleures conditions d’hygiène, les rité de certaines maladies. animaux étant amenés à se coucher sur Si les critères définis ci-dessus sont des zones propres. Ce type de logement adaptés à une évaluation globale, réali- soumet cependant les animaux à plus de 1 / Critères d’évaluation du sée en ferme, du bien-être d’un troupeau, contraintes, en leur imposant l’utilisa- confort des vaches l’observation prolongée et/ou détaillée tion de logettes comme zones spécifiques des animaux, en conditions expérimen- de repos. De plus, les couloirs de circu- tales, permet d’ajouter d’autres paramè- lation constitués de béton plein ou de Une évaluation globale du niveau de tres. Par exemple, on peut prendre en caillebotis représentent des sols durs bien-être des animaux en ferme nécessite compte comme indicateurs du confort pouvant être traumatisant pour les mem- de prendre en compte divers critères asso- de couchage, la durée et la fréquence de bres des animaux. Des défauts d’aména- ciés aux quatre principes à respecter : couchage, la durée moyenne d’une période gement des logettes peuvent aboutir à une alimentation adaptée, un logement de repos ainsi que la facilité avec laquelle une augmentation de l’incidence de correct, des conditions d’élevage assurant l’animal se couche et se relève. divers troubles sanitaires, en particulier une bonne santé et permettant l’expres- des boiteries, engendrer une perte de sion de comportements appropriés. Ces Lorsqu’ils se couchent ou se relèvent, productivité et interférer négativement principes ont été établis dans le cadre les bovins passent par une position à avec le niveau de bien-être des animaux. d’un projet européen dénommé « Welfare genoux (figure 1). A ce moment, ceux-ci INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
360 / P. CAZIN, B. NICKS, I. DUFRASNE supportent plus de la moitié du poids du Figure 1. Schémas de déplacement du corps lors des comportements de lever et corps et la souplesse du sol va inévita- de coucher (adapté de Lidfors 1989). blement conditionner le confort des ani- maux. Des sols durs peuvent les amener à se coucher moins souvent, cette réduc- tion pouvant partiellement être com- pensée par un allongement de la durée moyenne des périodes couchées (Rushen et al 2007). En pratique, si une personne qui se laisse tomber à genoux sur une surface perçoit une douleur, il devrait en être de même pour un bovin (Vin et Vin- Dekoker 2007). Lorsqu’ils se couchent ou se relèvent, les bovins présentent un mouvement d’extension de la tête et du cou vers l’avant. Une vache couchée a besoin d’un espace d’au moins 70 cm devant elle pour réaliser cette exten- sion. Le temps consacré au mouvement de coucher peut servir d’indicateur de la facilité avec laquelle la vache peut l’exé- cuter. En prairie ou sur litière accumulée, le temps s’écoulant entre le début de la flexion des genoux et la position couchée est de l’ordre de 7 à 8 secondes alors que pour des vaches en stabulation entravée sur sol bétonné il atteint 14 secondes. De même, des vaches entravées interrom- pent le mouvement de flexion des genoux associé au couchage deux fois plus sou- vent que des vaches qui ne sont pas atta- chées (Krohn et Munksgaard 1993). La durée de couchage des vaches lai- tières est de l’ordre de 12 h/24 h et elle peut varier en fonction des conditions de stabulation entre 8 et 16 h/24 h (Tucker et al 2009). Haley et al (2000) ont relevé que des vaches attachées sur un bâti en béton réduisent de plus de 4 h (10,5 vs 14,7 h) leur temps de couchage par rap- port à celui observé pour des vaches en box individuel (16 m2) avec un sol couvert d’un matelas. Des écarts de même ampleur (4 h/j) ont été rapportés par plusieurs étu- des comparant les conditions de confort en stabulations libres à logettes (Tucker au coucher et au lever sont douloureux, vaches debout supérieur à 20% est à et al 2006). ils préfèrent rester plus longtemps debout. considérer comme indicateur d’un pro- Cette situation peut engendrer un cercle blème de boiterie. La nombre quotidien de changements vicieux car la station debout peut retarder de position (couchés vs debout et vice la guérison d’atteintes des articulations Notons que l’interprétation des obser- versa) varie entre 10 et 15 et la durée et des pieds. Des corrélations signifi- vations réalisées sur des animaux placés moyenne d’une période couchée entre catives ont été mises en évidence entre en situation de choix ou auxquels des 60 et 80 minutes (CIGR 1994). Ces mou- d’une part, les types de sol et, d’autre changements sont proposés doit tenir vements sont conditionnés par la suc- part, la fréquence des boiteries et leur compte du fait que leur comportement cession des diverses activités journalières sévérité (Tucker et al 2009), chiffrable à face à des situations nouvelles est en (alimentation, traite) et sans doute aussi partir de grilles d’évaluation de la démar- partie conditionné par leur expérience par le besoin que ressent l’animal de che des animaux (cf. encadré). antérieure. Souvent, ils gardent au départ changer de position afin d’éviter des une préférence pour la situation qu’ils excès de pression sur diverses régions Pour les vaches laitières hébergées dans connaissent même si celle-ci s’avère in du corps (Tucker et al 2009). Ces les étables à stabulation libre à logettes, fine moins confortable (Manninen et al changements de position sollicitent les Cook et al (2005) ont défini un index de 2002, Tucker et al 2003, Norring et al diverses articulations des membres, en confort correspondant au pourcentage 2008). Plusieurs mois seraient nécessai- particulier les genoux et les jarrets. En de vaches couchées dans les logettes res pour habituer des vaches à de nou- règle générale, les animaux présentant par rapport aux vaches en contact avec veaux types de sol. Les tests comparatifs une boiterie clinique ont tendance à être celles-ci (couchées, debout avec soit plaçant les animaux dans une situation moins souvent couchés (Galindo et al les 2 membres antérieurs ou les 4 mem- de choix doivent donc comprendre une 2000, Cook et al 2005), ce qui laisse bres sur le bâti). Cet index devrait être période d’habituation suffisamment lon- supposer que si les mouvements associés supérieur à 80% et un pourcentage de gue et tout changement important imposé INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
Aménagement des logettes et confort des vaches laitières / 361 Les tapis sont normalement constitués Encadré. Evaluation de la sévérité des boiteries des vaches laitières. d’un seul et même matériau (caoutchouc ou vinyle multicouche) de 1,5 à 3 cm La fréquence de boiteries dans un troupeau peut être utilisée comme un des critères d’épaisseur. Quant aux matelas, ils d’évaluation du bien-être. La présence de boiteries peut être objectivée à l’aide de grilles de sont constitués d’une enveloppe en toile notes (Hulsen 2006). Les observations doivent être faites régulièrement sur chaque vache, étanche ou en caoutchouc contenant un idéalement une fois par mois, et les résultats conservés afin de pouvoir en contrôler l’évolution. Les observations sont à réaliser sur des animaux qui marchent naturellement matériau de confort (billes de caoutchouc, sur une surface plate. L’objectif est qu’il y ait, à un moment donné, moins de 5% de vaches mousse de polyéthylène, substance semi- présentant les scores les plus élevés. La grille de notation de Hulsen (2006) est reprise liquide, eau…) ; ils sont plus épais que les ci-dessous. tapis et donc plus souples. A ce propos, Ruud et al (2010) distinguent les tapis Note 1 : La démarche est stable et normale. La vache se tient debout, pose ses pieds sans des matelas en fonction de l’épaisseur hésitation. Elle pose les pieds arrière à l’endroit où étaient les pieds avant. Le dos est plat de la couche déformable (déterminée au et horizontal au repos comme en mouvement. laboratoire) qui varie de 1 à 8 mm pour Note 2 : La démarche est légèrement anormale. A l’arrêt, le dos est plat et horizontal tandis les tapis et est supérieure à 8 mm pour qu’en mouvement, le dos est courbé. La tête est tenue plus éloignée et plus basse que le les matelas. Au sein des diverses marques corps. commerciales de matelas, ces auteurs ont répertorié trois catégories en fonction de Note 3 : A l’arrêt comme en mouvement, le dos est légèrement courbé. La vache fait de cette épaisseur : de 9 à 16 mm (catégorie petits pas avec un ou plusieurs membres. 1), de 17 à 24 mm (catégorie 2) et supé- Note 4 : La vache boite franchement et soulage un ou plusieurs membres. Le dos est courbé rieure à 24 mm (catégorie 3). Il ressort à l’arrêt comme en mouvement. de leur enquête que la production laitière est plus élevée dans les étables où les Note 5 : La vache boite gravement, se lève difficilement, est souvent couchée. Elle évite de vaches disposent de logettes équipées mettre du poids sur un de ses membres. de matelas de catégories 2 et 3 compara- tivement aux étables équipées de mate- aux animaux devrait idéalement prévoir variable en fonction du type choisi mais las de catégorie 1 et, a fortiori, de tapis. une phase d’adaptation. L’interprétation également de son niveau d’entretien. Des De plus, l’incidence des mammites au d’observations comportementales doit grilles d’évaluation de l’état de propreté sein des troupeaux disposant de matelas également prendre en compte le fait que des mamelles ainsi que de la partie dis- de catégories 2 et 3 était inférieure à celle le choix d’un individu peut être influencé tale des membres postérieurs des vaches des troupeaux hébergés en logettes sur par son statut hiérarchique. Par exemple, sont disponibles (Hulsen 2006). Notons sols bétonnés paillés, ces derniers étant des vaches peuvent préférer une situation que plus les matières fécales sont liqui- associés à l’incidence la plus élevée de de repos moins confortable à une trop des et plus les vaches sont sales. Aussi, lésions des trayons. Concernant la pré- grande proximité de congénères de statut est-il important de repérer des anomalies férence des vaches, le caractère souple hiérarchique supérieur. de consistance des matières fécales. (moelleux) du revêtement des logettes apparaît déterminant. Enfin, concernant le lien entre le temps Les coûts d’installation des sols des passé en position couchée et le niveau logettes peuvent varier du simple à plus D’autres critères que la souplesse doi- de production laitière, il a été démontré du double et il en va de même des coûts vent être pris en compte dans la compa- que le débit sanguin vers le pis augmente d’entretien qui dépendent du type et des raison de divers modèles de matelas, dont d’un peu plus de 25% lorsque les vaches quantités de litière requises et du temps le caractère antidérapant de la surface, sont couchées plutôt que debout (Rulquin nécessaire pour le maintien d’un bon état la résistance au frottement et au net- et Caudal 1992, Metcalf et al 1992). La de propreté du bâti. toyage à haute pression, sans oublier le synthèse de lait est donc favorisée par la coût par emplacement qui dépend de la position couchée. 2.1 / Sols bétonnés recouverts ou durée de vie du matériau, de la facilité non de tapis ou de matelas d’installation et de celle des éventuelles réparations. Concernant le coût d’instal- 2 / Les caractéristiques des Il ressort de plusieurs études que les lation, la mise en place de tapis ou de types de sol vaches préfèrent les sols souples aux sols matelas représente des suppléments de durs, c’est-à-dire ceux recouverts de tapis respectivement 40 et 100% par place par ou de matelas comparés à des sols béton- rapport à un béton nu (Séité et al 2012). Trois types de sol doivent être distin- nés qui ne sont recouverts que d’un peu gués : de litière (Haley et al 2000 et 2001, Il a également été proposé d’épan- - les sols bétonnés recouverts ou non d’un Tucker et Weary 2001). En situation de dre une couche d’asphalte sur le béton. tapis ou d’un matelas ; choix, 80% des positions couchées ont L’asphalte est moins glissant et assure - les sols recouverts d’une couche épaisse été observées sur tapis et seulement 20% un meilleur confort thermique, mais sa (15 à 20 cm) de litière organique ; sur du béton paillé (Norring et al 2010). mise en œuvre, par des entreprises spé- - les sols recouverts d’une couche épaisse Notons que des essais réalisés en Fin- cialisées, représente un surcoût de 45% de sable. lande (Manninen et al 2002) ont montré par rapport à du béton nu (Séité et al des différences de préférence en fonc- 2012). La réalisation du bâti en enrobé Ils peuvent être comparés sur la base tion de la saison, les vaches préférant se bitumeux passe aussi par l’intermédiaire du niveau de confort des vaches, selon coucher sur des bâtis paillés plutôt que de spécialistes pour un revêtement dont des critères définis ci-dessus mais aussi sur des tapis en saison hivernale, alors l’abrasivité est supérieure à celle du quant à leur impact sur la propreté du que la répartition des couchers se faisait béton. pis, la santé du pis, l’hygiène de la traite à parts égales entre les deux types de et la qualité du lait ainsi que sur leur sols en saison estivale ; dans ce cas, on L’utilisation de tapis ou de matelas ne coût d’installation et d’entretien. peut supposer que le choix des vaches permet pas de renoncer à l’utilisation de était influencé par le niveau de confort litière dont le rôle est d’absorber l’hu- L’état de propreté du pis est fortement thermique associé aux deux types de midité (urine, lait…) en surface pour tributaire de l’état de propreté du sol, sol. notamment éviter que le revêtement ne INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
362 / P. CAZIN, B. NICKS, I. DUFRASNE devienne trop glissant. La présence de a provoqué une irritation de la peau au bactérienne. Dodd et al (1984) ont montré litière influence aussi l’attrait des logettes niveau du pis et des jambes des vaches. qu’un entretien journalier de la partie et le temps passé en position couchée. La chaux hydratée devrait être utilisée à arrière des logettes (sur environ 1 m2) C’est ainsi que dans les jours suivant le la dose d’entretien de 0,125 kg par logette réduisait très significativement le nom- dépôt sur des matelas de 7,5 kg de sciure et par jour après utilisation d’une dose bre de coliformes par gramme de litière sèche, les vaches se sont couchées 1,5 h initiale comprise entre 0,25 et 0,37 kg à base de sciure, comparativement à un de plus par jour comparativement à d’au- (Milklait 2013) ; dans tous les cas, la entretien hebdomadaire. tres vaches n’ayant accès qu’à des matelas chaux devrait être recouverte de paille sans sciure (13,8 vs 12,3 h/24 h), les pour éviter un contact direct avec la peau L’équipement des couloirs des étables nombres de périodes couchées étant res- du pis. à logettes avec des revêtements en pectivement de 10 et 8,5/24 h (Tucker et caoutchouc présente aussi des avantages. Weary 2004). Lors de choix entre ces Au sein des exploitations laitières qui Il ressort d’une synthèse réalisée sur le deux situations, plus de 85% des temps se sont équipées pour effectuer une sépa- sujet (Lensink et Mounier 2012) qu’ils couchés sont relevés sur les logettes avec ration des effluents en deux fractions, permettent un meilleur appui pour les sciure. liquide et solide, cette dernière est parfois vaches, ce qui améliore notamment l’ex- réutilisée comme matériau de litière. Pour pression des chaleurs. La moindre usure Le choix du matériau de litière peut réduire le risque de transmission de des onglons sur ces sols demande cepen- avoir une incidence sur la population microorganismes pathogènes ce fumier dant de mettre en place un programme bactérienne se développant au sein de séché peut être composté. Il est utilisé régulier de parage. celle-ci et par voie de conséquence sur en couverture de tapis ou de matelas les trayons. Des différences tant quanti- ou en litière profonde. A ce jour, peu 2.2 / Sols recouverts d’une couche tatives que qualitatives entre populations d’informations sont disponibles sur les épaisse de litière organique bactériennes peuvent éventuellement se conséquences à long terme de l’utilisa- répercuter sur la fréquence des mammites tion de ce type de litière. Les quelques Si lors de l’utilisation de tapis ou ma- et sur la teneur en cellules du lait. Les résultats rapportés en provenance notam- telas, il est prévu de surélever le bâti litières dites inorganiques (sable) se prê- ment de Suisse (Schrade et Zähner 2008), d’une vingtaine de centimètres par rap- tent nettement moins à la prolifération d’Italie (Ferrari et Moscatelli 2009), du port aux couloirs de circulation, il est bactérienne que les litières organiques Nouveau-Brunswick (Milklait 2013), ne également envisageable de prévoir un sol (paille, sciure, copeaux de bois…). Cepen- signalent pas de problèmes spécifiques de logettes à même niveau que le cou- dant, dès qu’elle est souillée par les déjec- en termes de confort des animaux, d’im- loir de circulation dont il est alors séparé tions, une litière inorganique tend à perdre pact sur leur état de santé ou sur la qua- par une traverse d’une vingtaine de cen- cet avantage. A titre indicatif, une règle lité du lait. timètres de hauteur. Cet aménagement de empirique précise que le seuil de conta- logettes dites « creuses » permet de main- mination bactérienne de la litière, au-delà Plus que le choix d’un matériau de tenir sur le bâti une couche épaisse de duquel le risque de mammite est accru, litière, il semble que sa gestion, en par- litière ; il nécessite un investissement de se situe à 1 million d’unités formant colo- ticulier la fréquence de renouvellement 40% inférieur à celui requis pour des nie par gramme de produit frais, après des parties souillées par de la litière pro- logettes « classiques » mais le travail d’en- étalement d’un échantillon sur milieu de pre, représente le facteur qui a le plus tretien est inévitablement plus conséquent. culture (Milklait 2013). d’impact sur son niveau de contamination La figure 2 (Séité et al 2012) montre la De la sciure « fraiche », non contaminée Figure 2. Conception de logettes à sol en béton couvert de matelas, de tapis ou de par les déjections peut contenir des quan- litière et de logettes « creuses » remplies d’une couche épaisse de litière (adapté de tités non négligeables de bactéries gram Séité et al 2012). négatif, en particulier de Klebsiella et il ressort de recherches menées au Nouveau- Brunswick (Canada) que cette litière doit être évitée dans les troupeaux présentant des mammites à Klebsiella, en étant rem- placée par de la paille ou du sable. En revanche, la paille devrait être évitée et idéalement remplacée par du sable pour les troupeaux touchés par la mammite streptococcique (MilkLait 2013). Il ressort d’une étude de Kristula et al (2008) que, comparativement à l’utilisa- tion de copeaux de bois ou de cendres de charbon (1 kg tous les deux jours par logette dans les 2 cas), l’utilisation de chaux hydratée (0,5 kg tous les deux jours par logette) assure une réduction du nombre de bactéries (coliformes, Strepto- coccus spp., Klebsiella spp., Escherichia coli), par gramme de litière. Comparées à des vaches « contrôle » dont l’aire de couchage était sans litière, celles ayant accès aux logettes couvertes de chaux présentaient des trayons significativement moins contaminés par les coliformes et Klebsiella spp. Notons, cependant, que l’utilisation de chaux à la dose précitée INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
Aménagement des logettes et confort des vaches laitières / 363 différence d’aménagement du sol de ces Néanmoins, le sable a permis de maintenir A propos de l’impact du matériau de deux types de logettes. les vaches plus propres et elles ont pré- litière sur le développement des popula- senté moins de lésions au niveau des tions bactériennes au sein de celle-ci et En situation de choix, les vaches mon- jarrets. Un essai antérieur mené par la concomitamment sur les trayons, le sable trent une nette préférence pour des même équipe de recherche (Manninen en litière profonde permettrait, compa- logettes présentant une litière épaisse de et al 2002), et plaçant les animaux en rativement à des litières profondes de sciure (20 à 30 cm) comparativement à situation de choix, avait par ailleurs mon- sciure, de réduire les populations de coli- celles équipées de matelas recouverts de tré une occupation nettement plus faible formes et de Klebsiella, mais favoriserait 2 à 3 cm de sciure (Tucker et al 2003). de logettes couvertes de sable (20 cm celle de streptocoques (Zdanowicz et al Il ressort également d’une comparaison d’épaisseur) comparativement à des loget- 2004). L’état de propreté de la litière de effectuée par Cook et al (2005) entre six tes paillées ou équipées de tapis. La non- sable reste de première importance. Si troupeaux disposant de logettes avec habituation des vaches au sable a été du sable propre, en tant que matériau litière épaisse de sable et six autres évoquée pour expliquer ce résultat. inorganique, ne se prête pas à la prolifé- disposant de logettes avec matelas que ration bactérienne, cet avantage se perd la prévalence des boiteries était trois Contrairement aux observations rap- progressivement dès que le sable est fois moins importante au sein du premier portées ci-dessus, Calamari et al (2009), souillé par des matières fécales et de groupe (8,2 vs 29,3%), les index de en proposant aux vaches un choix entre l’urine. confort, à savoir les pourcentages de quatre types de revêtement de sol de vaches couchées dans les logettes par logettes, ont relevé que celles couvertes Si, du point de vue du confort animal, rapport aux vaches en contact avec celles- de sable étaient les plus occupées, le le sable semble incontestablement une ci (cf. § 1) étant respectivement de 0,86 temps de couchage se répartissant à 44% solution de choix comme revêtement du et 0,76. sur le sable (20 cm d’épaisseur), 33% sol des logettes, il faut savoir qu’il pro- sur sol couvert de paille, 12% sur tapis voque, par son caractère abrasif, une La litière peut être réalisée par asso- et 11% sur matelas (20 cm d’épaisseur). dégradation accélérée de l’équipement ciation de paille et de chaux humide, cette Il est à noter que ces observations ont de manutention des effluents (Husfeldt dernière ayant un pouvoir asséchant et été réalisées 7 mois après la mise à dis- et Endres 2012) ainsi que du matériel assainissant. En pratique, de la paille, position des vaches de l’ensemble de des logettes (Andreasen et Forkman hachée en brins de 3 à 4 cm, est humidifiée l’installation, ce qui a permis aux ani- 2012). La manutention de fumiers (trans- dans une mélangeuse (2,25 L d’eau/kg maux, disposant au préalable de logettes fert, stockage, épandage) chargés de sable de paille) afin que la chaux y adhère bien, à sol couvert de paille, de s’y habituer. nécessite des équipements spécialement puis celle-ci est ajoutée à raison de 6 kg/kg Les mêmes auteurs ont également noté conçus, ceux servant à la manutention de paille. Pour assurer l’entretien, un qu’entre 4 groupes de vaches disposant des fumiers à litière organique étant dif- rechargement est recommandé toutes les chacun, en permanence, d’un des 4 types ficilement adaptables (Milklait 2013). trois semaines avec un mélange deux fois de sol décrit ci-dessus, le niveau de pro- Enfin, l’entretien de la couche, et en moins humide et deux fois moins chargé duction laitière du groupe sur sable a été particulier sa mise à niveau régulière, en chaux. Eventuellement, le remplissage supérieur à celui des 3 autres. représente une charge de travail supplé- peut se faire uniquement avec de la paille mentaire. Des équipements spécifiques au cours d’une période qui ne devrait pas Notons que l’effet positif du sable sur le (lanceurs de sable) ont cependant été dépasser trois mois. Par logette, selon confort de couchage des vaches dépend élaborés pour permettre une mécanisa- Capdeville (communication personnelle), de l’épaisseur prévue. Pour une différen- tion du réapprovisionnement régulier en il faut prévoir au départ 8 kg de paille et ce d’épaisseur de l’ordre de 14 cm (6 cm sable des logettes (Milklait 2013). Il a 48 kg de chaux et pour l’entretien 3 kg au lieu de 20 cm), le temps moyen cou- également été signalé que l’utilisation de de mélange par jour (0,75 kg de paille ché par 24 h a été réduit de 2,33 h, soit sable s’accompagne d’une augmentation et 2,25 kg de chaux). une réduction de 10 min par cm (Drissler des coûts de maintenance des robots de et al 2005). traite (Rodriguez 2014). Les frais spéci- Aux Etats-Unis, Husfeldt et Endres fiques à consentir pour la gestion de (2012) ont réalisé une étude au sein de Un impact positif de sols de logettes logettes à couche épaisse de sable seront 34 exploitations laitières équipées de recouverts de sable ressort d’une étude évidemment d’autant plus rapidement logettes dont le sol était recouvert soit réalisée au Danemark au sein de 37 fer- amortis que la taille du troupeau est élevée. d’une litière de fumier solide recyclé mes laitières (Andreasen et Forkma 2012). (22,1 cm d’épaisseur), soit de matelas Cette étude a en effet montré que tant la Pour procurer à la vache un maximum eux-mêmes recouverts de fumier recyclé fréquence des lésions au niveau des jar- de confort et assurer la propreté du bâti, d’une épaisseur moyenne de 9,1 cm. Au rets (3% vs 35%), que celle de gonfle- il conviendrait de prévoir 20 kg de sable sein de ces deux groupes, les fréquences ments des genoux (0,7 vs 7%), d’alopécies par logette et par jour, l’épaisseur opti- de boiteries ont été respectivement de (12 vs 73%) et, de façon plus générale, male étant comprise entre 15 et 20 cm. 14 et 20% et celles de lésions des jarrets la fréquence de boiteries (44 vs 61%), Réduire la quantité à 10 kg par jour de 49 et 63%. En revanche aucune dif- sont nettement inférieures dans les éta- affecte à la fois le confort et la propreté férence n’a été relevée quant au niveau bles utilisant du sable que dans celles des vaches (Milklait 2013). La granulo- de production laitière et à la prévalence dont les logettes sont équipées de tapis métrie doit être contrôlée ; les grains de de mammites. ou de matelas. De plus, l’état de propreté sable devraient avoir un diamètre com- des vaches et leur niveau de production pris entre 1 et 2 mm ; un sable grossier 2.3 / Sols recouverts de sable laitière y sont meilleurs. Cette étude peut occasionner des écorchures, en par- confirme des résultats obtenus précédem- ticulier au niveau des genoux et un sable Il ressort d’une étude menée par Norring ment soulignant une moindre fréquence extrafin aura tendance à s’agglomérer et al (2008) que, contrairement à ce que de lésions aux jarrets (Weary et Taszkun dans les logettes et à coller au pis. l’on aurait pu attendre, les vaches testées, 2000) ainsi qu’une moindre prévalence ne présentaient pas de préférence parti- des boiteries (Cook et al 2004, Espejo et Afin de réduire la quantité de sable à culière pour un sol de logettes couvert al 2006) parmi les vaches disposant de utiliser, il a été proposé d’associer l’utili- de sable (20 cm d’épaisseur) comparati- logettes à sol couvert de sable compara- sation de matelas et de sable. Cependant, vement à un sol bétonné paillé (0,7 kg de tivement à celles utilisant des logettes à cette solution est plus coûteuse à l’ins- paille/j après un apport initial de 6,5 kg). sols couverts de matelas. tallation. Pour une utilisation de sable INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
364 / P. CAZIN, B. NICKS, I. DUFRASNE en revêtement sur une épaisseur de 5 cm, 3 / Les dimensions et le nom- remières nécessitent plus d’espace pour avec évacuation quotidienne du substrat permettre à l’animal de pencher le corps souillé situé sur le 1/3 arrière des logettes, bre de logettes vers l’avant lorsqu’il se relève. il convient de prévoir un apport de 10 à 15 kg de sable frais par logette et par La largeur et la longueur des emplace- L’application de ces formules à des jour (Milklait 2013). Il ressort d’une ments doivent délimiter un espace où vaches de 750 kg donne une largeur de comparaison de l’occupation de logettes l’animal peut se coucher et se relever logette de 1,18 m et des longueurs de équipées de matelas recouverts soit d’un sans difficulté et se reposer à son aise. respectivement 2,55 et 2,21 m. peu de sciure (< 1 cm) ou de 5 à 8 cm Plus cet espace est grand et meilleur de sable, que ces dernières apparaissent devrait être le confort de l’animal, mais La tendance actuelle est de recomman- comme plus confortables. En effet, bien der des longueurs plus grandes, à savoir un excès de largeur ou/et de longueur pour des logettes face à un mur, jusqu’à que les temps passés en position couchée peut cependant être globalement contre- n’aient pas présenté de différences signi- 2,70 m (vaches de 800 kg) (The Dairy productif car, en ne limitant pas l’espace Group 2012), voire 2,80 m (hauteur au ficatives en fonction du type de litière, que l’animal peut occuper, on lui permet le temps moyen d’une position couchée garrot de 1,47 m) (Séité et al 2012) et de salir le bâti avec ses déjections et de même 3,05 m (vaches de 820 kg) (Cook a été supérieur sur litière de sable (79 vs créer ainsi des conditions favorisant la 57 min) et les temps passés debout dans 2009). Pour des logettes en face à face souillure du pis, préjudiciable à l’hygiène et pour des animaux de même gabarit les logettes inférieurs (Cook et al 2008). de la traite et favorisant l’apparition de que ci-dessus, les recommandations vont mammites. de 2,40 m (Séité et al 2012, The Dairy En conclusion, l’utilisation de sable comme matériau de litière pour logettes Group 2012) à 2,59 m (Cook 2009). Si, en théorie, on précise que les dimen- Notons que, en disposition face à face creuses dans les stabulations à logettes sions du bâti doivent être adaptées au a été présentée dès 2009 comme allant imposant un partage d’un espace antérieur gabarit des animaux, il est un fait qu’au commun, le mouvement de lever d’une permettre des améliorations notables de sein d’un troupeau, tous les animaux vache peut induire le lever de celle qui la santé, du bien-être et des performances n’ont pas le même gabarit et qu’inévita- lui fait face. Concernant la largeur des des vaches laitières (Cook 2009). Si des blement certains d’entre eux ne trouve- logettes, la plupart des recommandations résultats d’études postérieures (Andreasen ront pas « chaussures à leur pied ». Des actuelles la fixent à 1,2-1,25 m (Séité et et Forkman 2012) vont dans le même correspondances entre poids des vaches, al 2012, The Dairy Group 2012). sens, des problèmes spécifiques liés à Hauteur au garrot (H), Longueur (L : prise l’utilisation de ce matériau ont été signa- en diagonale de la pointe de l’épaule à la Une pente de 2 à 3% de l’avant vers lés, tels que la charge plus importante pointe de la fesse) et largeur (l : mesurée l’arrière encourage les animaux à se de travail, des dégradations accélérées au niveau des épaules) ont été proposées positionner la tête vers l’avant et facilite des équipements de manutention de l’ef- (tableau 2). Ces valeurs permettent d’ob- l’évacuation des liquides (urine, eau de fluent, l’augmentation du coût de main- tenir des estimations de largeur (llogette) nettoyage) (The Dairy Group 2012). Des tenance des robots de traite. Il en résulte et de longueur (Llogette) de logettes adap- pentes supérieures sont déconseillées que le retour sur investissement du choix tées au gabarit des animaux. Pour la parce qu’elles accroissent le risque de ce type de sol n’est pas garanti longueur, il convient de différencier les de glissances, la perte de litière et les (Rodriguez 2014). Des questions restent logettes face à un mur des autres. Les efforts lors du relevé (Séité et al 2012). également posées à propos du devenir du sable souillé. Tableau 1. Comparaison des principaux types de sol de logettes sur la base du niveau de confort des animaux, de la facilité d’entretien et du coût par place. 2.4 / Récapitulatif des paramètres comparatifs des principaux types de sol de logettes Le tableau 1 présente une comparaison des principaux types de sol quant au niveau de confort qu’ils procurent aux animaux, leur facilité d’entretien et leur coût. Les sols en béton recouverts ou non de tapis obtiennent les plus faibles scores en termes de confort et devraient être à ce titre évités lors de nouvelles constructions. Un bon niveau de confort est atteint avec les matelas mais il reste inférieur à celui des logettes creuses (avec Tableau 2. Relations entre le Poids des vaches (P), la Hauteur au garrot (H), la litière) ; le résultat de la comparaison est Longueur (L : de la pointe de l’épaule à la pointe de la fesse) et la largeur (l : au niveau cependant tributaire de la souplesse du des épaules) (CIGR 1994). matelas variable en fonction des marques. Le meilleur score en termes de confort est obtenu avec les logettes creuses, celles à base de sable ayant vraisemblablement un avantage sur celles à base de litière organique. De plus, le coût d’installation des logettes creuses est inférieur à celui de celles équipées de matelas, mais les premières demandent plus de temps à consacrer journellement à leur entretien indispensable au maintien d’un bon niveau de confort. INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
Aménagement des logettes et confort des vaches laitières / 365 Les normes relatives à la dénivellation dont deux se distinguent par la bonne sein d’un troupeau apparaît comme une entre le bâti des logettes et le couloir de contention latérale des animaux et un tâche irréalisable, ce qui peut expliquer circulation arrière se situent entre 15 et bon rapport qualité prix : il s’agit du mo- la diversité des recommandations trou- 20 cm (CIGR 1994, Cook 2009, The dèle avec fixation de la séparation sur vées dans la littérature. Dairy Group 2012). Si la différence de poteau avant individuel et de celui dit niveau est inférieure à 15 cm, il n’est monobloc avec deux pieds de fixation Tucker et al (2005) ont observé que le pas exclu que certaines vaches puissent à l’avant. bâti de logettes sans barre de garrot était pénétrer en marche arrière dans les 3 fois plus souillé par les déjections des logettes et, d’autre part, si le nettoyage 4.2 / Les délimitations à l’avant vaches (1,3 vs 0,5 défécations/24 h) que des couloirs se fait par raclage, des déjec- le bâti de logettes équipées d’une telle tions pourraient venir souiller l’arrière L’avancement de la vache sur le bâti barre (placée à une hauteur de 124,5 cm du bâti. Une différence de niveau supé- est contrôlé par une barre dite de garrot et distante de 160 cm du rebord arrière rieure à 20-25 cm aura pour consé- (ou de cou), positionnée transversalement de la logette). Ces mêmes auteurs ont quence d’exercer un surcroît de pres- sur ou au-dessus des séparations latérales. testé 3 hauteurs (H) de barre de garrot : sion sur les onglons arrière des vaches Outre la fonction de solidariser l’ensem- 102, 114 et 127 cm du sol ainsi que l’ab- qui se tiennent debout avec les membres ble des logettes, cette barre a un double sence d’une telle barre. Aucune différence avant sur le bâti et les membres arrière rôle sur le positionnement des vaches. significative n’a été relevée pour le temps dans le couloir. Afin de limiter le risque Le premier est de les empêcher de trop de couchage, mais les temps passés en de tarsites, l’arête sera arrondie, non s’avancer vers l’avant et, lorsque les loget- position debout dans les logettes avec abrasive. tes sont face à un mur, de les amener à les 4 membres sur le bâti ont été respec- se coucher à une certaine distance de tivement de : 83 min/24 h (pas de barre), Quant au rapport entre le nombre de celui-ci, leur laissant un espace libre pour 40 min (H = 127 cm) et 21 min (H = 102 logettes et le nombre de vaches dans l’éta- pouvoir porter la tête vers l’avant lors- ou 114 cm). Notons que sur le temps ble, il ressort de la revue de la littérature qu’elles se lèvent. Des vaches couchées total passé en position debout au cours (The Dairy Group 2012) que la recom- trop près d’un mur ont des difficultés à se d’une journée (10,3 h/24 h en moyenne mandation la plus fréquente est de prévoir relever. En prairie, une vache qui s’est lors de cette étude), la plus grande partie une logette par vache et même, compte mise debout se trouve de 60 à 90 cm en se passe en dehors des logettes et que, tenu du fait que dans une étable certains avant de la place qu’elle occupait couchée par conséquent, le confort en position emplacements sont moins attractifs, par (Cook 2009). Notons qu’il faut aussi évi- debout dépend avant tout de caractéris- exemple ceux en bouts de rangées, d’en ter que les vaches se couchent trop vers tiques qui ne sont pas en rapport avec prévoir 5% de plus. Ceci évite aux vaches l’arrière, le corps empiétant alors sur la les logettes, mais avec celles des autres situées au bas de la hiérarchie du trou- zone correspondant au couloir de circu- endroits où les vaches se tiennent debout peau de rester debout dans les couloirs de lation et étant plus exposé à diverses (couloirs de circulation, aire d’alimenta- circulation durant des périodes anorma- contusions. Le second rôle de la barre de tion, salle de traite). lement longues, avec pour conséquence garrot est d’amener les vaches qui sont une incidence plus élevée chez ces ani- debout dans les logettes, à placer les Veissier et al (2004), après avoir notam- maux de lésions des pieds. membres postérieurs, juste au niveau ment constaté lors d’une enquête effec- du rebord du bâti, de telle sorte que lors- tuée en France auprès de 70 exploitations 4 / Les types de séparations qu’elles défèquent et urinent, les déjec- laitières que les difficultés à se coucher tions tombent à l’arrière du bâti. ainsi que les blessures étaient plus fré- latérales et de délimitations quentes dans les stabulations libres à à l’avant des logettes L’emplacement de la vache debout sur logettes équipées de barres de garrot la logette va être conditionné à la fois positionnées plus haut que la moyenne, par la hauteur de la barre et la distance recommandent de les fixer à une hauteur 4.1 / Les séparations latérales la séparant du rebord arrière du bâti. Si équivalant à 75% de la hauteur au garrot le positionnement de la barre permet à (H). Pour la CIGR (1994), la barre devrait Les modèles actuels de séparations laté- la vache de s’avancer sur le bâti plus en être située à une hauteur (h) située dans rales se différencient de ceux des années avant que souhaité, le sol sera plus souillé la fourchette de 75 à 85% de H, ce qui 1960 par une meilleure prise en compte : par les déjections et les pis seront plus correspond pour des vaches de 750 kg - des mouvements de tête et d’encolure sales. Si, au contraire, ce positionnement (H = 142 cm) à une valeur h comprise que l’animal doit pouvoir effectuer ne permet pas aux vaches de se tenir entre 106 et 121 cm. Des recommanda- pour se relever ; debout avec les membres arrière sur le tions plus récentes (Cook 2009, The Dairy - des risques de contusions dus aux frot- bâti, d’une part, ceux-ci seront surchargés Group 2012) fournissent des valeurs plus tements répétés de zones du corps, par compte tenu de la dénivellation entre le élevées, de 120 cm (vaches de 600 kg) à exemple de l’angle de la hanche, sur bâti et le couloir de circulation et, d’autre 132 cm (vaches de 820 kg). les séparations ; part, les vaches seront plus longtemps - de la gêne que ces séparations peuvent debout sur les couloirs de circulation La distance entre la barre de garrot et occasionner lors du nettoyage du bâti. c’est-à-dire sur un sol constamment humi- le rebord arrière du bâti influence égale- de, ce qui peut accroître la fréquence des ment le temps passé en position debout Parmi les séparations proposées actuel- affections des pieds. Veissier et al (2004) les 4 membres sur le bâti. Pour des dis- lement sur le marché, Séité et al (2012) suggèrent également qu’une barre de tances de 130 cm et 190 cm, à même distinguent celles qui présentent une garrot, empêchant les vaches de se tenir hauteur de barre (125 cm), ces temps ont barre inférieure en partie basse permet- debout avec les membres arrière sur le été de respectivement 0 et 36 min/jour tant un appui latéral pendant le coucher, bâti, entraîne des temps de couchage plus (Fregonesi et al 2009). Ces auteurs sou- de celles, plus récentes, qui en dégageant longs qu’attendus, ce qui pourrait accroî- lignent que cette différence était d’au- totalement la partie basse, sont moins tre le risque de contamination du pis. tant plus marquée que les vaches étaient contraignantes pour les vaches, mais aug- de petites tailles, donnant l’impression mentent le risque de les voir se placer en Définir un positionnement idéal d’une que la distance de 190 cm était encore diagonale et d’empiéter sur les logettes barre de garrot qui tienne compte de insuffisante pour permettre à celles de voisines. Les auteurs présentent les avan- l’ensemble de ces considérations et de plus grande taille d’adopter cette position. tages et inconvénients des divers modèles la variabilité de gabarit des vaches au En pratique, des longueurs variant entre INRA Productions Animales, 2014, numéro 5
Vous pouvez aussi lire