Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP

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Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
PROGRAMME D’APPUI AU SOUS-SECTEUR DE L’IRRIGATION DE PROXIMITÉ (PASSIP)

                                 Analyse de la situation phytosanitaire
                                    dans l’Irrigation de Proximité

                                           24 avril 2019

Ce programme est cofinancé par
Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
Impressum

En tant qu’entreprise fédérale, la GIZ appuie le gouvernement allemand en réalisant ses objectifs dans le
cadre de la coopération internationale au développement durable.
Etude publiée par
Programme d’Appui au Sous-Secteur de l’Irrigation de Proximité
c/o Bureau de la GIZ au Mali
B.P. 1988, rue 22, porte 202
Badalabougou-Est, Bamako
T +223 20 70 48 00
I www.giz.de

Auteurs
Alain Barbet, Hamadoun Amadou pour AFC-ECO

Photos
© GIZ

                                                      Disclaimer

      « Cette étude a été élaborée avec l'aide de la GIZ. Le contenu du rapport relève de la seule res-
       ponsabilité du Consortium AFC/ECO et ne peut aucunement être considéré comme reflétant le
                                          point de vue de la GIZ. »

Photos sur la page de garde :
Exemples de quelques ravageurs rencontrés sur les différentes cultures majeures en IP

                                  Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                   Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                            2
Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
SOMMAIRE
Abréviations ................................................................................................................................ 4
1.     CONTEXTE DE LA MISSION ................................................................................................ 6
     1.1     Programme PASSIP ...................................................................................................... 6
     1.2     Rappel de l’objectif de l’étude...................................................................................... 7
     1.3     Rappel de la démarche méthodologique..................................................................... 7
     1.4     Déroulement de la mission .......................................................................................... 8
2.     PRODUCTION MARAICHERE DES ZONES ETUDIEES ...................................................... 9
     2.1     Caractéristiques des producteurs enquêtés ............................................................... 9
     2.2     Principales préoccupations/contraintes phytosanitaires relevées ......................... 11
     2.3     Description et analyse des pratiques paysannes ..................................................... 20
3.     SERVICES DE FORMATION, VULGARISATION ET RECHERCHE .................................. 30
     3.1     Description des dispositifs de formation professionnelle agricole/rurale .............. 30
     3.2     Analyse du système d’appui-conseil aux OP/producteurs ...................................... 31
     3.3     Principales activités de R&D dans le domaine de la protection des cultures ........ 34
     3.4     Analyse de la collaboration et coordination des différents services techniques .. 36
4.     ANALYSE DU SECTEUR PHYTOSANITAIRE ................................................................... 37
     4.1     État des lieux du marché et de l’utilisation des pesticides ...................................... 37
     4.2     Attentes des producteurs par rapport au secteur privé ........................................... 42
5.     CONCLUSION..................................................................................................................... 44
6.     RECOMMANDATIONS ....................................................................................................... 47
7.     REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES................................................................................ 51
8.     ANNEXES ........................................................................................................................... 55

                                           Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                            Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                                     3
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Abréviations
AGR : Activité génératrice de de revenus
AHA : Aménagement Hydro-Agricole
AVRDC : World Vegetable Center
BfAD : Banque Africaine de Développement
BM : Banque Mondiale
BMZ :Bundesministerium für Wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung (Ministère Fédéral de
la coopération économique et du développement de l’Allemagne)
BPA : Bonne pratique agricole
BPP : Bonne pratique phytosanitaire
CAA : Centre d’apprentissage agricole
CABI : Centre for Agriculture and Bioscience International
CC : Changement Climatique
CE : Commission européenne
CEDEAO : Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CILSS : Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
CIPV : Convention Internationale de la Protection des Végétaux
CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
CIV : Centre d’innovation verte
CLA : Chenille légionnaire d’automne (Spodoptera frugiperda)
CMDT : Compagnie Malienne pour le Développement du Textile
CNGP : Comité National de Gestion des Pesticides
CNRA : Comité National de Recherche Agricole
CRA : Chambre Régionale d’Agriculture
CRRA : Centre Régional de Recherche Agronomique
CSCRP : Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
CSP : Comité Sahélien des Pesticides
DAR : Délai avant récolte
DER : Délai de ré-entrée
DNA : Direction Nationale de l'Agriculture
DNGR : Direction Nationale du Génie Rural
DRA : Direction Régionale de l’Agriculture
EAF : Exploitation agricole familiale
EPA : Établissement public à caractère administratif
EPI : Équipement de protection individuelle
FAO : Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
FIER : Projet de formation professionnelle, insertion et appui à l’entreprenariat des jeunes ruraux
FIDA : Fonds International pour le Développement Agricole
IER : Institut d’Économie Rurale
INIFORP : Institut National d’Ingénierie de FORmation Professionnelle
INSAH : Institut du Sahel
IP : Irrigation de Proximité
IPR/IFRA : Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée
IRD : Institut pour la Recherche et le Développement
IRRIGAR : Initiative pour le Renforcement de la Résilience par l’Irrigation et la Gestion Appropriée des
Ressources
GIPD : Gestion intégrée de la production et des déprédateurs
GIZ : Gesellschaft fuer Internationale Zusammenarbeit (Coopération Allemande)
KfW : Kreditanstal Für Wideraufbau
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Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
LCV : Laboratoire Central Vétérinaire
LMR : Limite maximum de résidus
LOA : Loi d'Orientation Agricole
MA : Ministère de l'Agriculture
MAECD : Ministère des Affaires Étrangères du Commerce et du Développement du Canada
MEADD : Ministère de l'Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable
MEFP : Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
OEPP/EPPO : Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes/ European
and Mediterranean Plant Protection Organization
ON : Organismes nuisibles
ONG : Organisation non gouvernementale
OPA : Organisation professionnelle agricole
OPV : Office de la Protection des Végétaux
PANA : Programme d'Action National d'Adaptation aux changements climatiques
PAPAM : Projet d’accroissement de la productivité agricole
PASNDI : Projet d’Appui à la Stratégie Nationale de Développement de l’Irrigation
PASSIP : Programme d’Appui au Sous-Secteur de l’Irrigation de Proximité
PLMF : Projet de lutte contre les mouches des fruits
PNCC : Politique Nationale sur le Changement Climatique
PNIP : Programme National d’Irrigation de Proximité
PNISA : Plan National d’Investissement du Secteur Agricole
PTF : Partenaire technique et financier
REAGIR : Renforcement de l’Agriculture Irriguée
SGH : Système global harmonisé de classification et d’étiquetage des pesticides
SRPV : Service Régional de la Protection des Végétaux
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
UIPP : Union des Industries de la Protection des Plantes
USAID : Agence des États-Unis pour le développement international

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Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
1. CONTEXTE DE LA MISSION

   1.1 Programme PASSIP
L’Agriculture malienne est confrontée à des grands défis pour assoir un développement durable.
Ces défis sont liés notamment à : i) la maîtrise de l’eau pour réduire la dépendance des productions
agricoles de la pluviométrie à travers les aménagements hydroagricoles, les techniques de con-
servation des eaux et du sol ; ii) la mise à disponibilité de variétés résilientes et d’itinéraires tech-
niques adaptés aux changements climatiques dans les différentes zones de production ; iii) le dé-
veloppement de l’agro-industrie pour créer de la valeur ajoutée et des emplois productifs en milieux
rural et urbain ; iv) l’organisation des acteurs à tous les niveaux gains de productivités dans les
chaînes de valeur (producteurs, commerçants, transformateurs et distributeurs) ; v) la gestion des
risques dans le secteur agricole pour sécuriser et accroître les revenus des producteurs ; vi) la
mobilisation des financements (micro-crédits) ; vii) la sécurisation foncière qui permettent de sti-
muler les investissements par les exploitants pour les équipements d’irrigations de leurs parcelles.
La superficie disponible pour les secteurs de l’agriculture et l’élevage est estimée à 43,7 millions
d’hectares, dont 14% sont cultivés. Le potentiel de terres aménageables pour l’irrigation est estimé
à 2,2 millions d’hectares, dont seulement 18% sont aménagées.
L’irrigation de proximité joue donc un rôle important pour accroitre et diversifier la production agri-
cole et pour améliorer l’alimentation et la nutrition. De par son contexte géographique, le Mali jouit
d’un énorme potentiel en termes d’agriculture irriguée. Le Programme d’Appui au Sous-Secteur de
l’Irrigation de Proximité (PASSIP), adopté début 2012, jette les bases pour des interventions coor-
données, standardisées et efficaces du Gouvernement et des Partenaires Techniques et Finan-
ciers (PTF) dans le domaine de l’IP.
Les principaux bénéficiaires du PASSIP sont les producteurs et productrices, les différentes orga-
nisations paysannes et associations des chaînes de valeur, les entreprises agricoles et les acteurs
intermédiaires intervenant dans l’IP : les agents de la DNGR, de la DNA, les membres des Comités
Techniques Régionaux de Coordination (CTRC), les centres de formation, les services publics et
les prestataires privés (ONG, bureaux d’études, les entreprises agricoles de production et de trans-
formation et de conservation).
Le PASSIP est sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture (MA) à travers sa Direction Nationale
du Génie Rural (DNGR). Il porte sur quatre composantes :
      Composante 1: Appui à la DNGR pour la mise en œuvre du PNIP ;
      Composante 2: Formation professionnelle de prestataires publics et privés ainsi que de
       paysans démultiplicateurs en irrigation de proximité ;
      Composante 3: Fonctionnalité et mise en valeur des aménagements hydro-agricoles
       (AHA) et valorisation des produits issus de l’IP. Les projets PASSIP/IRRIGAR (Initiative de
       Renforcement de la Résilience par l’Irrigation et la Gestion Appropriée des Ressources) et
       PASSIP/REAGIR (Renforcement de l’Agriculture Irriguée) en font partie ;
      Composante 4: Gestion durable des AHA dans le Delta intérieur du Niger.

Le PASSIP englobe aussi trois projets de l’initiative spéciale SEWOH « Un seul monde sans faim
» qui a été lancée en 2014 par le Ministère Fédéral de la Coopération Économique et du Dévelop-
pement d’Allemagne :
    Centre d’Innovations Vertes (SEWOH CIV) pour le secteur agroalimentaire ;
    Sécurité Alimentaire et renforcement de la Résilience (SEWOH SA/Résilience) ;
    Financement agricole (SEWOH AgFin).
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                                                                     Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                              6
Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
1.2 Objectif de l’étude
La présente étude (E2) établira un état des lieux de la situation phytosanitaire des systèmes de
culture maraîchère en IP, en analysant les connaissances des producteurs/productrices en matière
de diagnostic des bio-agresseurs présents dans leurs parcelles, ainsi que leur faculté à mettre en
œuvre des stratégies de lutte (intégrée, biologique ou chimique). L’étude analysera également : i)
la disponibilité et l’accessibilité des équipements de traitement et produits phytosanitaires homolo-
gués au niveau local ; ii) la qualité du conseil phytosanitaire des services techniques déconcen-
trés ; iii) la compétence et l’objectivité des distributeurs dont la mission délicate consiste à guider
le choix des producteurs mais également à préconiser telle ou telle matière active, à lui rappeler
dans quelles conditions, à quelle époque, à quel moment favorable, à quel dose doit être utiliser
un pesticides ; iv) l’implication de la R&D dans le domaine de la protection des cultures (identifica-
tion des nouveaux ravageurs, méthodes alternatives de lutte, dosage, etc.) et, sa réactivité à infor-
mer le paysannat des nouvelles menaces phytosanitaires (introduction de nouveaux ravageurs,
etc.). Les entretiens individuels et les focus group devront apporter un éclairage sur le mode d’uti-
lisation des produits phytosanitaires, la perception environnementale, la santé des maraîchers et
le niveau de perception du risque phytosanitaire.
   1.3 Démarche méthodologique
Initialement programmée en juillet-août (saison des pluies), période propice à l’observation du riz
irrigué, cette étude a été décalée en janvier 2019 en raison du déroulement des élections natio-
nales. Cette période est en revanche idéale pour un diagnostic des principales cultures maraî-
chères dans les différentes zones agroécologiques du Mali. L’attention de la Mission va donc se
focaliser prioritairement sur les spéculations horticoles des différents AHA, notamment en raison
de la pression phytosanitaire plus élevée sur les spéculations maraîchères.
Un travail de recensements de l’ensemble des données AHA du PASSIP a donc été entrepris afin
d’identifier préalablement les zones à visitées. Une proposition de sites à étudier a été soumise
aux participants lors du briefing pour validation. Cette validation a pris en compte les impératifs
inhérents à la logistique disponible, à la sécurité de équipes et au temps imparti de la mission. Les
régions de Koulikoro, Ségou et Sikasso ont été approuvés par l’ensemble des parties prenantes.
Les régions de Mopti et de Kayes ont été écartées en raison du manque d’enquêteurs, initialement
prévus au nombre de deux pour cette étude.
En amont de la mission au Mali, un travail de revue bibliographique sur les problématiques phyto-
sanitaires a été entrepris afin d’avoir des données fiables sur les différents organismes nuisibles
potentiellement présents sur le territoire national. Une liste des ravageurs et des maladies (fon-
giques, bactériennes et virales) a été établie à partir des bases de données du CABI, EPPO, CI-
RAD, IRD et FAO. Cette liste a servi de base pour établir nos diagnostics de terrain. Elle a égale-
ment été croisée et affinée avec la liste officielle des organismes nuisibles fournie et actualisée en
2018 par l’OPV.
En marge des entretiens individuels et des focus group, des observations ont été réalisées sur les
parcelles des producteurs afin d’identifier les principaux bio-agresseurs des cultures majeures pra-
tiquées sur les sites visités. Ces visites/échanges effectués sur le terrain ont permis à l’équipe de
noter les techniques d’observation, de diagnostic, de lutte antiparasitaire mis en œuvre par les
producteurs.
Les entretiens avec les responsables techniques, les Projets/Programmes et le secteur privé ont
été axés sur :
    - les préoccupations phytosanitaires au Mali, enjeux et contraintes,
    - l’implication des différents acteurs dans la stratégies de protection des cultures,

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Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
-   les moyens disponibles et leur insuffisance,
   -   les moyens engagés et leur porté,
   -   les formations faites au profit des producteurs concernant le diagnostic phytosanitaire et
       l’usage des pesticides,
   -   la coordination entre les services impliqués dans le domaine de l’appui-conseil, la vulgari-
       sation/communication des nouvelles techniques/technologies issues de la R&D, la forma-
       tion des producteurs.
Les entretiens se sont déroulés soit sous forme de discussion ouverte afin de permettre une libre
expression des interviewés, soit sous forme de discussion semi-ouverte guidée par un question-
naire. Dans les deux cas, le résultat était de recueillir et d’analyser les différents points de vue.
Les prises de rendez-vous au niveau central et en région ont été réalisées dès le premier jour à
l’issu du briefing. La liste des personnes rencontrées figure en annexe.
Une journée entière a été consacrée à la formation des deux enquêteurs sur le contenu des guides
d’entretien d’une dizaine de pages afin de croiser les dires d’acteurs.
Une attention particulière a été apportée à la diversité des situations (sites maraîchers appuyés ou
non par des projets) assez bien reflétée dans l’échantillon, au départ comme en cours d’enquête
après quelques réorientations, au gré des conseils des services techniques ou des personnes res-
sources du PASSIP.
   1.4 Déroulement de la mission
En raison des contraintes liées à la sécurité (absence d’hôtel validé par GIZ et non autorisation de
circuler après 17h30), l’équipe 1 n’a pas pu dormir dans le Cercle de Kadiolo comme prévu initia-
lement. Cela a i) réduit considérablement la durée des visites sur les parcelles, ii) augmenté les
déplacements et par ricochet la fatigue des consultants. Ces mêmes contraintes ont également
impacté sur le nombre de sites prévus pour l’équipe 2. En effet, elle a dû revenir sur Bamako dans
l’après-midi du 18/01 au lieu de continuer vers Ségou. Elle n’a donc pas pu réaliser les sites de
Kemena et Noukoula dans le Cercle de Baraoueli.
Les itinéraires des deux équipes de consultants avec l’appui des enquêteurs ont été suivis selon
le calendrier proposé lors de la réunion de démarrage. Douze sites ont été visités dans la Région
de Sikasso par l’Équipe 1 et neuf sites ont été visités par l’Équipe 2 dans les Régions de Koulikoro
et Ségou. La Mission n’a pas rencontré de soucis majeurs dans ses prises de rendez-vous avec
les partenaires du PASSIP et les producteurs qui ont été d’une grande disponibilité à son égard.
Le détail du calendrier peut être consulté en annexe.

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Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
2. PRODUCTION MARAICHERE DES ZONES ETUDIEES
     2.1 Caractéristiques des producteurs enquêtés
Selon les enquêtes (23 personnes interrogées individuellement, dont 12 femmes et 11 hommes,
ainsi que 21 focus groups réalisés), plus de 60% des producteurs inter-
rogés ont été scolarisés jusqu’au niveau primaire. Aucun d’entre eux n’a
atteint le niveau secondaire. Un seul interviewé a fait des études supé-
rieures. Dans les trois régions visitées, l’âge de la plupart des agricul-
teurs enquêtés est compris entre 25 et 71 ans (soit une moyenne d’âge
de 44 ans). En ce qui concerne leur statut familial, on peut noter que la
plupart des personnes interrogées sont mariées (99%). Dans les trois
régions, la main-d’œuvre est pour la plupart essentiellement familiale et               Steinernema glaseri
certain d’entre eux (pour les exploitations ayant plus de 2 ha) ont re-
cours à des salariés temporaires en complément de la main-d’œuvre
familiale. L’entraide dans le système de production maraîchère est très
répandue. On se transmet volonté des informations sur les techniques
culturales entre producteur, exploitant le même aménagement hydroa-
gricole. Les jardins sont relativement près des villages. Ils n’excèdent
pas 2 km du centre des villages. Concernant l’appréciation de la fertilité
de leur parcellaire, ils ont été 50% à répondre que leurs sols étaient
moyennement fertiles. Sur les trois régions visitées, le maïs constituait
la principale spéculation cultivée en termes de nombre de producteur,
mais que leurs principales sources de revenus provenaient du coton et
de la tomate. En termes de préparation du sol et entretien des parcelles,
la technique du piochage est la plus courante dans les trois régions.                              Lombric
Cela signifie que les maraîchers ne pratiquent qu’un travail superficiel
du sol. Ceci est très positif, dans le sens où cette technique ne bouleverse pas la structure profonde
du sol, permet aux résidus de culture d’être présent dans les premiers cm du sol et favorise la
conservation de la biodiversité des peuplements d’arthropodes utiles (collemboles, carabes, arai-
gnées, nématodes entomopathogènes1,..) et de lombrics bénéfiques aux cultures (augmentation
de l’infiltration de l’eau, limitation de l’érosion mécanique,..).
La grande majorité (88%) des producteurs apportent de la matière organique sur leurs plates-
bandes essentiellement sous forme de fumier frais de bétail (71%), d’ordures ménagères (54%) et
de compost (46%). Or le fumier utilisé frais est dangereux à différents égards. En effet, il peut
contenir des agents phytopathogènes. Le compostage, processus de décomposition biologique de
la matière organique par des micro-organismes, permet alors d’assainir et d’éradiquer la plupart
des agents phytopathogènes contenus dans les fumiers frais.
La chaleur générée par la fermentation du fumier et du compost mélangé permet la destruction
des germes pathogènes. Pour cela, la température doit être maintenue à 50°C pendant au moins
6 semaines ou 15 jours à plus de 55°C. L’aération et le mélange (tous les 15 jours) du tas de
compost permet de faire circuler la chaleur dans l’ensemble du tas à composter.
L’observation des quelques compostières présentes dans les parcelles maraîchères, nous ont
semblé trop sec pour que le processus de fermentation se fasse correctement. Par ailleurs, il faut
au moins deux à trois mois, en respectant des règles de compostage bien particulières (aération,
degré d’humidité, température,…) pour que le compostage puisse totalement aboutir.

1
  Les nématodes entomopathogènes sont des organismes terricoles naturellement présents dans l’eau pelliculaire entourant les
particules du sol. Les plus prometteurs pour la lutte contre les insectes nuisibles appartiennent aux genres Steinernematidae et
Heterorhabditidae, qui regroupent des espèces libérant des bactéries entomoparasites appartenant respectivement aux genres
Xenorhabdus et Photorhabdus.
                                             Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                                   Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                                            9
Analyse de la situation phytosanitaire dans l'Irrigation de Proximité - 24 avril 2019 - PASSIP
La durée du compostage dépendra de l’objectif recherché par le producteur et de l’état du sol. On
épandra plutôt un compost jeune si l’objectif principal est l’apport d’azote dans le sol et un compost
mûr si c’est l’apport d’éléments stables que l’on recherchera.
Très peu de maraîchers (12%) utilisent des semences locales qu’ils auraient produites eux-mêmes.
En effet, plus de 66% des interrogés disent utiliser des semences traitées, conditionnées et ven-
dues en sachet dans les boutiques d’intrants au niveau du village. D’un point de vue purement
agronomique, cela constitue une bonne chose, car garant d’une bonne germination/levée et d’une
protection des plantules vis-à-vis des attaques de bio-agresseurs telluriques. Il en va tout autre-
ment d’un point de vue socio-économique où l’on pourrait craindre une forme de dépendance vis-
à-vis des firmes semencières qui commercialisent essentiellement des variétés améliorées et des
variétés hybrides.
La majorité des producteurs ont appris le métier de maraîcher "sur le tas" avec un parent ou un
voisin. Hormis deux personnes, toutes et tous ont bénéficié d’une formation, essentiellement à
travers des projets/programmes. La majorité des thématiques de formation portait sur les itinéraires
techniques (préparation des planches, mise en place et conduite d’une pépinière, techniques de
repiquage, utilisation de fumure organique, réalisation d’une compostière,..), l’utilisation de variétés
de légumes améliorées. Seul 42% d’entre eux ont appris, lors de ces sessions de formation, les
bases de la lutte chimique et/ou l’utilisation et la fabrication d’extrait de neem comme biopesticide.
Toutefois, les recettes de préparation de l’extrait de neem, varient d’un site à l’autre, voire d’un
producteur à l’autre. Seul un petit nombre de producteurs (5%) ayant suivi la formation sur les bio-
insecticides considère l’extrait de neem comme plus efficace que les pesticides de synthèse. Cer-
tains d’entre eux ont abandonné l’utilisation de neem après plusieurs tentatives (insatisfaisants
selon eux) pour rebasculer vers les produits de synthèse. Ils sont d’ailleurs 58% à considérer que
les ravageurs présents dans leurs parcelles ne sont pas résistants aux traitements que certains
répètent tous les semaines (voire tous les 3 jours, pour un individu interrogé dans la région de
Sikasso). A cette cadence de traitement et sans alternance aux substances actives (deltaméthrine
et lambda-cyhalothrine) généralement utilisées, il nous semble peu probable que les principaux
ravageurs présents dans les parcelles maraîchères n’aient pas déjà acquis des résistances. Sur-
tout que la plupart des insectes visés par les maraîchers sont les mêmes que ceux combattus sur
coton (H. armigera, A. gossypii et B. tabaci) avec les mêmes produits phytosanitaires distribués
par la CMDT. Or, il existe pourtant d’autres familles chimiques homologuées par la CSP 2 et auto-
risées sur cultures maraîchères pour lutter contre ces trois principaux ravageurs. Une étude plus
approfondie devra être entrepris sur les motivations et/ou les causes de l’emploi quasi systéma-
tique de ces deux molécules par les producteurs.
Concernant la dangerosité des pesticides, ils sont tous plus ou moins conscients de l’impact de
ces produits sur la santé humaine (100%), la santé animale (63%) et l’environnement (37%). Mais
n’envisagent pas pour 63% d’entre eux de se passer de traitements phytosanitaires à base de
produits de synthèse.
En termes d’équipement phytosanitaire, 78% des interrogés disent posséder un pulvérisateur à
dos. Mais aucun d’eux ne possède d’EPI (combinaison, gants, bottes, lunettes) pour des raisons
évidentes de coût (pour exemple une paire de gant coûte 10 000 Fcfa à Sikasso !) et/ou de dispo-
nibilité au niveau local (village ou commune). Il en va autrement concernant les produits phytosa-
nitaires. En effet, l’enquête nous a révélé 46% des maraîchers interrogés avaient accès au niveau

2
   Le Comité Sahélien des Pesticides (CSP) est une structure spécialisée du CILSS créée en 1992, pour exécuter la règlementation
commune aux États membres du CILSS sur l’homologation des pesticides (Art. 6.1 RC). Il est plac é sous la tutelle institutionnelle de
l’Institut du Sahel (INSAH). Il y est logé dans le département Études et Recherches sur les Intrants Agricoles et Réglementations
(DRIAR).
                                               Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                                 Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                                        10
des boutiques d’intrants du village à une large gamme de pesticides. Reste à savoir si ces spécia-
lités commerciales sont homologuées au Mali par le CSP et autorisées sur les différents couples
"bio-agresseurs x cultures maraîchères"…
   2.2 Principales préoccupations/contraintes phytosanitaires relevées
Dans ce chapitre, nous évoquerons par cercle, les cultures indiquées comme majeures par les
producteurs, ainsi que leurs principaux bio-agresseurs décrits par les intéressé(e)s et/ou observés
par les consultants dans les parcelles qui constituent potentiellement une contrainte pour les cul-
tures.
Dans la région de Sikasso les cultures majeures en IP sont la tomate, le pomme de terre et l’au-
bergine locale. Dans celle de Koulikoro, on retrouvera la tomate et le gombo. Enfin, concernant la
région de Ségou, c’est l’échalote qui arrive en tête.
Concernant les ravageurs polyphages, les producteurs nous ont indiqué être attaqués par
quelques sauteriaux (Zonocerus variegatus, Eyprepocnemis noxia, Oedaleus senegalensis,..)
pendant la phase de développement des jeunes plants en pépinière toutes spéculations
confondues. Dans la région de Ségou, des producteurs nous ont signalé des dégâts de rongeurs
sur cultures maraîchères, probablement le genre Arvicanthis et/ou Mastomys qui sont des espèces
fréquentant les zones humides naturelles et cultivées et qui sont les principaux ravageurs des
cultures en IP (riz et maraîchage). Des études sur des méthodes alternatives contre ces ravageurs
ont été développées par l’IRD et l’IER, notamment sur l’amélioration des pièges locaux tels que le
Kalani et l’utilisation de tourteau de jatropha non détoxiqués.
Les résultats ont été obtenus lors de la tenue de focus groups
avec une dizaine ou une vingtaine de producteurs et productrices
généralement autour de leurs parcelles, quelques fois en assem-
blée en salle.
Sur tomate, sans toutefois les nommer mais en nous les décrivant
de manière réaliste, c’est de façon unanime que les producteurs
nous ont signalé l’importance des chenilles que nous avons iden-
tifié comme appartenant aux espèces Helicoverpa armigera et
Spodoptera littoralis sur fruit, puis d’une petite mouche blanche
sur feuille que nous avons identifiée comme Bemisia tabaci. Dans
toutes les localités, les dégâts dûs aux différentes maladies
étaient considérés par les producteurs comme très importants.
Malheureusement, les causes et les origines de ces maladies
leurs étaient - pour la plupart des interrogés - inconnues.
Les principaux symptômes de maladies observés sur tomates
étaient principalement dûs à des viroses (TYLCV et/ou ToCV) et
une bactérie (Ralstonia solanacearum). Nos observations sur
feuilles ont également révélé des dégâts de mouches mineuses
(Liriomyza spp.) qui ne semblaient pas être d’une importance économique pour les producteurs
interrogés.

                                  Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                   Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                          11
Sur piment et poivron, ce sont principalement les maladies - que
                                    les producteurs ont appelé virose - qui sont considérées comme
                                    préoccupant. Il est fréquent de rencontrer des complexes viraux
                                    sur des plantes infectées, ce qui amplifie les symptômes et rend
                                    plus difficile le diagnostic viral en absence de tests sérologiques.
                                    Selon nos observations, nous avons pu observer au moins quatre
                                    types de symptômes : des anomalies de coloration sur feuille,
                                    évoluant progressivement en mosaïque verte le long des ner-
vures, probablement le virus Y de la pomme de terre (PVY) et/ou le virus de la mosaïque du con-
combre (CMV) ; des anomalies de croissance, évoluant en un rabougrissement des plants avec
panachure, crispation et enroulement en cuillère des feuilles (le virus de la marbrure du piment ou
PVMV) ; des taches irrégulières et auréolées d’un halo jaune assez marqué sur feuilles nécrosées
par l’anthracnose ; des signes de flétrissement du plant, certainement dûs à la bactérie Ralstonia
solanacearum3. Le deuxième bio-agresseur cité par les maraîchers, était la mouche blanche (Be-
misia tabaci) sur feuille. Dans la commune de Sikasso, nous avons pu observer la présence de
thrips (noir), sans toutefois en identifier l’espèce.
Sur aubergine locale, ce sont les pucerons (Aphis gossypii),
les mouches blanches (Bemisia tabaci) et les viroses sur
feuille qui semblent être important aux yeux des producteurs.
Sur fruits, ce sont les chenilles de Helicoverpa armigera qui
selon eux font le plus dégâts. Nos observations ont révélées
la présence de nématodes à galle sur racines d’aubergine,
probablement le genre Meloidogyne sp., ainsi que des
attaques de Chrysomelidae du genre Podagrica sp.
Sur pomme de terre, à dire d’acteurs, c’est le flétrissement bac-
térien (Ralstonia solanacearum) qui génère le plus de dégâts.
Les pertes sont observées à tous les stades de la culture. Dans
le Cercle de Sikasso, nous avons pu observer la présence de
Myzus persicae et d’Aphis gossypii sur pomme de terre. Ces
deux pucerons sont responsables de la dissémination
potentielle de nombreuses viroses. En Afrique tropicale,
notamment au Mali, nous disposons de très peu d’information
quant au nombre de viroses transmises par les pucerons.
                                                    Sur Cucurbitacées, les producteurs nous ont rapporté que les
                                                    ravageurs les plus importants, étaient principalement les pu-
                                                    cerons (Aphis gossypii) sur feuilles et les chenilles sur fruits.
                                                    Or sur fruit, après prélèvement de quelques fruits présentant
                                                    des symptômes de déformation et/ou pourriture, il s’est avéré
                                                    que la plupart des fruits étaient infestés par des larves de
                                                    mouches des fruits (Dacus spp. et/ou Bactrocera cucurbitae).
                                     Lorsque les fruits étaient déformés sans qu’on puisse retrou-
                                     ver des larves, ces dégâts étaient vraisemblablement dûs à
des punaises (Anoplocnemis curvipes, Leptoglossus australis ou Mirperus jaculus) dont les piqûres
d’alimentation provoquent parfois des réactions épidermiques des tiges et des fruits (renflements,

3
 Le flétrissement bactérien est une phytobactériose vasculaire d’origine tellurique provoquée par Ralstonia solanacearum. Elle est l'une
des maladies bactériennes les plus nuisibles au niveau mondial. Le spectre d’hôtes de R. solanacearum est très large, il comprend
environ 200 espèces végétales appartenant à plus de 55 familles botaniques (monocotylédones et dicotylédones).
                                               Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                                       Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                                              12
décolorations, déformations et arrêts de croissance des apex). Sans que cela semblait être une
maladie d’importance économique pour les producteurs, nous avons également observé ce qui
pour nous paraissait être du mildiou (Pseudoperonospora cubensis) sur feuille.
Sur le chou, les producteurs nous ont indiqué que deux
chenilles leur causaient d’énormes pertes de rendement
car s’attaquant principalement au cœur du chou, rendant
la production totalement impropre à la vente. Les obser-
vations, nous ont révélées la présence de Pluttela xylos-
tella et Helicoverpa armigera sur feuille mais également à
l’intérieur du cœur. Spodoptera littoralis quant à lui, a été
retrouvé sur feuille ainsi que quelques colonies de puce-
rons (Aphis gossypii) et d’aleurodes (Bemisia tabaci).
Leurs principaux dégâts sont plutôt d’ordre visuel qu’éco-
nomique, par la production de miellat + fumagine sur les plants attaqués.
Sur le haricot vert, les principaux bio-agresseurs, considérés comme préoccupant aux dires des
producteurs, sont les dégâts sur fruits causés par des chenilles qui après observation appartien-
nent aux espèces Lampides boeticus et Spodoptera littoralis. Les punaises Mirperus jaculus et
Leptoglossus australis semblent être placés en deuxième position d’importance par les produc-
teurs. Les nématodes à kyste du genre Heterodera sp. sur racine ont été retrouvés dans la régions
de Sikasso. Nous avons observé sur le site de Sanansso (commune Kapala) : i) des symptômes
(pustules pulvérulentes, brun rougeâtre au centre d’un halo jaune) de rouille sur feuille, vraisem-
blablement dus à Uromyces appendiculatus ; ii) des symptômes du virus de la mosaïque du haricot
(BYMV ou BCMV). Ce diagnostic de terrain demanderait bien sur une confirmation d’un laboratoire
spécialisé en pathologie végétale.
Sur le gombo, les producteurs de façon unanime nous ont désigné la chry-
somèle Nisotra uniformis comme le principal ennemi sur feuille de cette cul-
ture. Sur fruit, c’est Helicoverpa armigera qui est positionné en tête des rava-
geurs. Nos observations nous ont révélé la présence de virose (déformation
des feuilles). Probablement transmis par les aleurodes et/ les pucerons pré-
sents sur feuilles dans certains localités (communes de Fama et de Fourou).
Sur l’échalote, les producteurs de la région de Ségou ont classé au premier
rang des ravageurs, les dégâts provoqués par une chenille de couleur verte
se développant à l’intérieur des feuilles. Nous n’avons malheureusement pas
eu l’occasion de récolter des échantillons pour en déterminer l’espèce. Leur
seconde préoccupation semblerait être les attaques de nématodes (déformations des racines) ;
sans doute par le genre Ditylenchus.
Dans la région de Sikasso, la laitue ne présenterait pas d’ennemis des cultures contrairement à la
région de Ségou où les producteurs nous indiqué être affecté par les dégâts engendrés par les
Sauteriaux et les chenilles, notamment sur les jeunes plants en pépinières.
Une liste actualisée des organismes nuisibles présents sur le territoire national a été élaborée. Elle
est versée en annexe.
Région Sikasso
   Cercle Bougouni
Commune Koumantou : 1299 km2
Cultures majeures cultivées : tomate, aubergine locale, piment, gombo.
Principaux bio-agresseurs :
                                   Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                    Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                           13
Tomate :   Helicoverpa armigera et Spodoptera littoralis sur fruit
           Bemisia tabaci sur feuille
           Frankliniella occidentalis sur feuille
           Termite sur racine (Microtermes sp.)
           Sauteriaux sur feuille
           Virose (Tomato Yellow Leaf Curl Virus, Tomato Chlorosis Virus et Tomato Spotted Wild
           Virus)
Aubergine : Bemisia tabaci sur feuille
           Termite sur racine (Microtermes sp.)
           Sautereaux sur feuille
           Puceron sur feuille
           Virose
Piment : Virose (PVMV)

   Cercle de Sikasso
Commune Kaboïla : 656 km2
Cultures majeures cultivées : chou, tomate, piment, haricot vert.
Principaux bio-agresseurs :
Chou :         Pluttela xylostella sur feuille
               Spodoptera littoralis sur feuille
               Aphis gossypii sur feuille
Tomate :       Helicoverpa armigera et Spodoptera littoralis sur fruit
               Bemisia tabaci sur feuille
               Virose (Tomato Yellow Leaf Curl Virus et/ou Tomato Chlorosis Virus)
Piment :       Virose (PVMV / CMV / PVY)
               Bemisia tabaci sur feuille
               Cercospora capsici sur feuille (site de Sanasso)
Haricot vert : Lampides boeticus sur fruit
               Mirperus jaculus et Leptoglossus australis sur feuille et fruit
Commune Pimperna : 162 km2
Cultures majeures cultivées : pomme de terre, tomate, haricot vert, aubergine locale.
Principaux bio-agresseurs :
Pomme de terre : bactérie (pourriture noire et odorante du tubercule après levée du plant)
Tomate :         Spodoptera littoralis sur fruit
                 Bemisia tabaci sur feuille
                 Virose (Tomato Yellow Leaf Curl Virus)
                 Bactériose (Ralstonia solanacearum)
                 Tetranychus evansi sur plant
Haricot vert :   Lampides boeticus sur fruit
                 Spodoptera littoralis sur fruit
                 Bemisia tabaci sur feuille
                 Heterodera sp. sur racine
Aubergine :      Viroses
                 Chenille verte (non observée par les consultants) sur feuille

                                  Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                   Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                          14
Commune Sikasso : 403 km2
Cultures majeures cultivées : pomme de terre, chou, aubergine locale, piment, courgette.
Principaux bio-agresseurs :
Pomme de terre : virose (rabougrissement du plant avec feuilles lancéolées, probablement PLRV)
                   Aphis gossypii et Myzus persicae sur feuille
Chou :             Pluttela xylostella sur feuille
Aubergine :        Aphis gossypii (parasités par Aphidius sp. à 95%) sur feuille
                   Viroses
Piment :           Viroses (PVY et CMV)
                   Bemisia tabaci sur feuille
                   Thrips sp. sur feuille
Courgette :       Bactrocera cucurbitae et/ou Dacus spp. sur fruit
                  Viroses
Commune Kapolondougou : 528 km2
Cultures majeures cultivées : tomate, pomme de terre, gombo, concombre, chou.
Principaux bio-agresseurs :
Tomate :         Spodoptera littoralis et Helicoverpa armigera sur fruit
                 Bemisia tabaci sur feuille
                 Aphis sp. sur feuille
                 Ralstonia solanacearum (flétrissement et dessèchement du plant)
                 Virose (Tomato Yellow Leaf Curl Virus)
Pomme de terre : Ralstonia solanacearum
Gombo :          Aphis sp.
                 Nisotra sp.
Concombre :      Helicoverpa armigera sur fruit
                 Aphis gossypii sur feuille
                 Bactrocera cucurbitae et/ou Dacus spp. sur fruit
Chou :           Pluttela xylostella sur feuille
Commune Fama : 239 km2
Cultures majeures cultivées : gombo, aubergine locale, concombre, piment, tomate.
Principaux bio-agresseurs :
Gombo :      Nisotra uniformis sur feuille
             Bemisia tabaci sur feuille
             Helicoverpa armigera sur fruit
             Sautereaux (Zonocerus variegatus, Oedaleus senegalensis,..) sur feuille
Aubergine : Viroses
Concombre : Bemisia tabaci sur feuille
             Virose
Piment :     Virose
             Bemisia tabaci sur feuille
Tomate :     Aspavia sp. sur feuille
   Cercle de Kadiolo

Commune Fourou : 1342 km2
Cultures majeures cultivées : aubergine locale, tomate, concombre, gombo, chou, piment.
Principaux bio-agresseurs :
Aubergine : Bemisia tabaci sur feuille
              Helicoverpa armigera sur fruit
                                 Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                  Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                         15
Tomate :    Bemisia tabaci sur feuille
            Helicoverpa armigera sur fruit
            Nesidiocoris tenuis sur inflorescence/feuille
            Sauteriaux (Zonocerus variegatus, Oedaleus senegalensis,..) sur pépinière
Concombre : Mirperus jaculus sur feuille
            Dacus spp. sur fruit
Gombo :     Nisotra uniformis sur feuille
            Bemisia tabaci sur feuille
            Helicoverpa armigera sur fruit
Chou :      Pluttela xylostella sur feuille
Piment :    Virose
            Bemisia tabaci sur feuille
Région Koulikoro
   Cercle de Kati
Commune Sanankoroba : 617 km2
Cultures majeures cultivées : gombo, aubergine locale, piment, concombre
Principaux bio-agresseurs :
Gombo :             Helicoverpa armigera sur fruit
                    Acarien rouge
                    Punaise noire
                    Punaise blanche
Aubergine locale : Iules
                    Acarien rouge
                    Termite blanche (Microtermes sp.)
Piment :            Bemisia tabaci sur feuille
                    Virose
Concombre :         Rat
                    Acarien
   Cercle Koulikoro

Commune Koulikoro : 228 km2
Cultures majeures cultivées : tomate, aubergine locale, chou, poivron/piment.
Principaux bio-agresseurs :
Tomate :           Puceron rouge-oranger sur feuille
                   Helicoverpa armigera sur fruit
                   Acarien rouge sur feuille
                   Bemisia tabaci sur feuille
                   Virose
Aubergine locale : Maladie (poudre blanchâtre) sur les racines
                   Puceron rouge-oranger sur feuille
                   Maladie (déformation/boursouflures des feuilles)
Chou :             Pluttela xylostella sur feuille
                   Puceron vert sur feuille
Poivron/piment : Bemisia tabaci sur feuille
                   Punaise verte (probablement Nezara viridula) sur feuille
                   Maladie (déformation/rabougrissement) sur feuille. Avortement de la fructification.

                                  Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                   Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                          16
Région Ségou
   Cercle Ségou
Commune Ségou :
Cultures majeures cultivées : laitue, tomate, échalote, pomme de terre.
Principaux bio-agresseurs :
Laitue :          Sauteriaux
                  Chenille verte (petite) sur feuille
Tomate :          Bemisia tabaci sur feuille
                  Puceron vert sur feuille
                  Helicoverpa armigera sur fruit
Échalote :        Chenille verte (à l’intérieur des feuilles)
                  Termites blancs sur racines (Microtermes sp.)
                  Nématode (nodules) sur racines
Pomme de terre : Chenille verte (petite) sur feuille
                  Ralstonia solanacearum
Commune Cinzana :
Cultures majeures cultivées : échalote, tomate, laitue, aubergine locale.
Principaux bio-agresseurs :
Échalote :    Chenille verte (non observée par les consultants) dans la feuille
              Chenille noire (poilue) sur la feuille
              Nématodes (nodules/boursouflures blanchâtre) sur racines
Tomate :      Helicoverpa armigera sur fruit
              Aphis gossypii sur feuilles
              Nématode (nodules/boursouflures blanchâtre) sur racines)
Laitue :      Chenille verte (petite) sur feuille
              Sauteriaux
Aubergine locale : Pucerons bruns/verts (avec présence de larves de syrphes et de cécidomyies pré-
                    datrices) sur feuille
                    Chenille jaune sur feuille
   Cercle de Bla

Commune rurale de Kéméni :
Cultures majeures cultivées : échalote, laitue, tomate, concombre.
Principaux bio-agresseurs :
Échalote :    Chenille (blanche à tête rouge) dans feuille
              Rat
Laitue :      Chenille verte (petite)
              Puceron vert
Tomate :      Maladie (nodules sur les racines et déformation des feuilles)
              Coléoptères rouges sur feuille
              Helicoverpa armigera sur fruit
Concombre : Chenille verte sur feuille
Commune Touna :
Cultures majeures cultivées : échalote, laitue, tomate, chou.
Principaux bio-agresseurs :
Échalote. Maladie (malformation des racines, dessèchement des feuilles)
Laitue :   Sauteriaux

                                  Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                   Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                          17
Fourmis noires sur les tiges
           Termite blanche sur les racines
Tomate :   Helicoverpa armigera sur fruit
           Puceron sur feuilles
           Termite blanc sur les racines (Microtermes sp.)
           Rat
           Maladie (malformation des racines)
           Maladie physiologique (nécrose apicale)
Chou :     Spodoptera littoralis et Helicoverpa armigera dans le cœur
           Bemisia tabaci sur feuille
           Sauteriaux (Zonocerus variegatus, Oedaleus senegalensis) sur feuille
Commune Fany :
Cultures majeures cultivées : pomme de terre, gombo, aubergine locale, piment.
Principaux bio-agresseurs :
Pomme de terre : Sauteriaux (Zonocerus variegatus, Oedaleus senegalensis) sur feuille
                   Rats
                   Maladie (pourriture des tubercules) sur racine
                   Termites blancs sur racine (Microtermes sp.)
Gombo :            Chenille verte et chenille blanche sur feuille
                   Puceron rouge sur feuille
                   Maladie (déformation des feuilles)
Aubergine locale : Chenille verte (petite) sur feuille
                   Puceron rouge-oranger
                   Papillon (dégât) sur fleurs
Piments :          Nématode (formation galle) sur racine
                   Maladie (malformation des feuilles et avortement de fruits)
Tomate :           Helicoverpa armigera sur fruit
                   Sauteriaux (Zonocerus variegatus, Oedaleus senegalensis,…) sur feuille
                   Puceron vert sur feuille

                                 Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                  Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                         18
Exemples de quelques symptômes de maladies virale, bactérienne et fongique rencontrées en IP.

Exemples de quelques ravageurs rencontrés sur les différentes cultures majeures en IP.

                                                                                                     Tetranychus evansi

Selon les producteurs, T. evansi peut détruire un champ de tomate en une semaine si aucun traitement n’est
appliqué dès le premier jour de son apparition.

                                    Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                     Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                            19
Xanthomonas axonopodis pv. allii
                ou
      Sclerotium cepivorum ?
                                       Fusarium oxysporum
                                                                                    Nématodes à galle sur aubergine

Exemples de quelques maladies et nématodes rencontrés sur les différentes cultures majeures en IP.

    2.3 Description et analyse des pratiques paysannes
Les cultures maraîchères sont généralement conduites en culture pure sur chaque plate-bande,
mais dans un jardin potager particulier ou communautaire, on trouve de façon générale au moins
4 à 6 spéculations (choux pommé, tomate, pomme de terre, piment, aubergine locale, cucurbita-
cées) différentes implantées à différents stades de développement. Dans certaines zones de pro-
duction autour de Sikasso (commune urbaine), nous avons pu observer des champs de pomme
de terre implantés sur une dizaine voire une vingtaine d’hectare d’un seul tenant sans qu’il y ait
association avec d’autres cultures. A dire d’acteurs, la pomme de terre suit la culture de riz à partir
de novembre dès que le sol est complètement ressuyé. Une fois récolté, certaines parcelles sont
prêtées aux femmes pour y faire pousser des légumes fruit ou feuille (tomates, piment, oignon,
gombo, aubergines locales,…). Malheureusement dans ces rotations, on ne peut que constater la
forte présence des Solanacées qui se succèdent sur les parcelles d’année en année… Ce qui ne
permet pas un assainissement efficace des sols. En effet, les Solanacées restent très sensibles à
des nombreuses bactéries telluriques (flétrissement bactérien) et à certaines viroses transmises
par des insectes polyphages (B. tabaci et A. gossypii).
La justification des rotations est considérée pour la majorité des producteurs comme un moyen de
mieux diversifier leurs revenus et, non pour des considérations agronomiques. Seule une ou deux
personnes nous ont affirmé le faire. En effet, selon eux les rotations réduiraient l’impact des mala-
dies du sol. Une personne nous a dit faire du chou en année 0, de la tomate en année 1 et de
l’aubergine en année 2. Or que la tomate et l’aubergine sont sensibles pratiquement aux mêmes
maladies du sol !!! Les familles des différentes spéculations maraîchers ne sont pas parfaitement
maîtrisées par les producteurs. Idem pour un producteur de Cinsina qui pratiquait la rotation piment
// aubergine, "pour éviter de tomber sur les mêmes maladies", selon lui.
L’association d'espèces consiste à alterner en lignes ou en planches des cultures différentes de
façon à les rendre complémentaire. Or très peu de producteurs interrogés (33%) pratiquent des
associations de cultures sur une même planche. Beaucoup d’interviewés évoquent des problèmes
de compétition entre les différentes spéculations mis en association. Très peu de maraîchers
soupçonnent les biens fait de certaines associations de cultures dans i) la gestion naturelle des
                                     Consortium AFC/ECO / Appui au Programme National d’Irrigation de Proximité au Mali (PNIP)
                                                                      Etude 2 : Analyse de la situation phytosanitaire dans l’IP
                                                                                                                             20
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