ANIL HABITAT ACTUALITE - L'ECO-PRET A TAUX ZERO EN FRANCE EN 2009
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Décembre 2010 ANIL HABITAT ACTUALITE L'ECO-PRET A TAUX ZERO EN FRANCE EN 2009 Jack DUPÉ, directeur de l'ADIL du Maine-et-Loire
L’ECO‐PRET à taux zéro en France en 2009 La France serait‐elle gagnée par la valeur verte ? Toujours est‐il que la mise en place de l’Eco‐prêt à taux zéro début 2009 aura permis en moyenne de faire baisser la facture énergétique d’une résidence principale sur 300 Au total, la qualité thermique de quelques 69 188 logements a été améliorée à l’aide du “Ptz‐vert”, injectant plus de 1 340 millions d’euros de travaux dans le secteur de l’entretien amélioration. Les départements les plus “verts” sont ceux où la proportion de propriétaires occupants en maisons individuelles est la plus forte. A ce palmarès, la “France de l’ouest” tirée par ses deux “champions de l’éco‐prêt”, Pays de la Loire et Bretagne, affiche une tendance éco‐vertueuse. Mais la cible prioritaire des logements énergivores du parc privé n’est cependant que partiellement atteinte en raison du déficit de captation du produit par les logements construits avant 1949, tandis que 30% des ménages les plus aisés mobilisaient 70% des émissions d’éco‐prêts. Au nombre des exclus du dispositif on ajoutera le logement collectif puisque les appartements, occupés en France par 35% des ménages hors HLM, n’ont bénéficié que de 6% des prêts. Pareillement, le verdissement du contrat de bail n’est devenu réalité que pour 3 500 locataires, soit 5% des émissions, alors que le parc locatif privé héberge 26,5% des ménages. Peut‐être faudra‐t‐il attendre que la publicité de l’étiquette énergie dans les annonces immobilières change les comportements des locataires ? Face à l’échec de l’éco‐prêt sur l’action “amélioration de la performance énergétique globale”, qui apparaîtra comme la rançon de la complexité de la réglementation dénoncée par les prêteurs, répond l’engouement pour les bouquets de 2 actions. Ces derniers correspondent à 71% des émissions pour un montant moyen de travaux de l’ordre de 16 000 € financé à 90% par l’éco‐prêt, ce qui atteste de la pertinence de son montant plafond. L’omniprésence du changement des ouvrants dans les actions d’améliorations (33%), généralement non prioritaires dans l’ordre des travaux, amène à s’interroger sur la rationalité des ménages. Malgré tout, la promotion des technologies vertes et des énergies renouvelables, dopée par le crédit d’impôt développement durable, est bien réelle (14% des actions). D’autres ingrédients du succès ne doivent cependant pas être omis : une mobilisation des professionnels du bâtiment à travers la formation de leurs adhérents et une implication forte des collectivités territoriales dans la mise en place d’aides en faveur des énergies renouvelable, sans oublier les actions d’information conjointes des ADIL et des Espaces Info Energie destinées à guider les ménages dans leurs choix énergétiques. Amélioration énergétique du parc de logements, le plan français : par l’élaboration de sa Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD 2003‐2008 puis 2010‐2013), concrétisée dans la loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, la France vise à se doter de moyens de lutte contre le réchauffement climatique. L’objectif de limitation de 3% par an des émissions de gaz à effet de serre se traduit notamment par la volonté affichée de : • Porter à 23% en 2020 la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique finale ; • Tendre vers la réduction de 38% de la consommation d’énergie du parc ancien d’ici 2020. Les experts estiment en effet que plus de la moitié des bâtiments qui existeront en 2050 existent déjà aujourd’hui et qu’ils représenteront les trois quarts des consommations d’énergie de l’ensemble des bâtiments. L’effort de réduction des consommations énergétiques doit donc se porter sur l’amélioration du parc existant. L'animation d'un grand chantier Plan Bâtiment Grenelle a été confiée à Philippe Pelletier. 2
En 2009, la France de l’ouest affiche une tendance “éco-vertueuse”. La qualité thermique de 69 188 logements a été améliorée à l’aide du “Ptz-vert”. Sur le territoire national en 2009, 70 795 résidences principales ont bénéficié de travaux financés par recours à l’Eco‐prêt à taux zéro dont 69 188 affectés à l’amélioration énergétique (et 1 607 prêts “assainissement non collectif”). Mais si la lutte contre le changement climatique est une course de vitesse, tous les territoires n’ont pas abordé la compétition avec la même conviction. Dans le peloton de tête des régions, la France de l’ouest affiche une tendance éco‐vertueuse. Ainsi, les Pays de la Loire occupent la plus haute marche du podium, tant en valeur absolue (7 457 éco‐prêts, soit 10,5% des émissions), qu’en valeur relative (6,7 éco‐prêts/1 000 résidences principales d’avant 1990), et devant la Bretagne (9,5% des émissions pour 6 744 ptz verts). A l’échelle des régions, l’amplitude de mobilisation s’établit dans un rapport de 1 à 7 où la région Ile de France à rénové thermiquement une résidence principale sur 1 000, contre une sur 300 en Rhône‐Alpes et une sur 150 en Pays de la Loire. ECO-PRETS à taux zéro distribués en 2009 Taux de mobilisation : l’éco- ptz a concerné 3,3 logements pour 1 000, soit en moyenne 1 résidence principale sur 300. Le classement des départements quant à leur taux de mobilisation de l’éco prêt révèle de fortes disparités. Derrière le lièvre vendéen (record de 10 “ptz verts”/1 000 résidences principales Distribution/1.000 RP6,6 éco‐ptz/1 000 résidences principales). Effectifs 2 000 (*) A proportion de son parc 1 000 500 d’avant 1990 ; critère d’éligibilité de l’Eco‐prêt). Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009 ‐ Réalisation : ADIL49 Portrait des régions championnes de l’Eco-ptz. Les départements les plus verts sont ceux où la proportion de propriétaires occupants en maisons individuelles est forte. Travaux de maîtrise de la consommation énergétique rime avec propriétaires occupants. Tous les départements qui concentrent des taux de mobilisation importants de l’éco prêt affichent également des taux de propriétaires occupants supérieurs à la moyenne (qui est en France de 57%), mais l’équation ne joue pas dans les deux sens. Ainsi, la Creuse, l’Yonne ou encore la Dordogne où le statut de propriétaire occupant est très dominant recourent faiblement à l’éco prêt. La seule ruralité des territoires n’opère donc pas une ligne de partage déterminante. Comme les propriétaires détiennent 85% des maisons (hors HLM), sans surprise, la proportion de maisons individuelles au sein du parc est également bien corrélée avec le rang de mobilisation du ptz vert. Au sein des 15 départements “champions de l’éco‐prêt”, 12 ont un taux de maisons au‐delà de 70% (moyenne hors Ille de France = 59% de maisons). Mais là encore, certains départements échappent à la règle: le Cher, l’Aisne ou encore l’Indre, bien qu’affichant un taux de maisons autour de 80% sont peu impactés par l’éco‐prêt. A l’inverse, et au nombre des facteurs peu discriminants, l’ancienneté du parc n’augmente pas le nombre d’émissions d’éco‐prêts. Des départements dont le parc est composé d’une forte proportion de résidences principales très énergivores construites avant 1949 restent peu demandeurs, par exemple la Creuse, la Nièvre, l’Allier ou les Ardennes… malgré un taux de résidences principales d’avant 1949 supérieur à 40% ! Pareillement, le taux de mobilisation du ptz vert n’est pas fonction croissante du revenu médian départemental. Au total, si les caractéristiques du parc et le statut d’occupation sont les principaux facteurs explicatifs, ils ne rendent pas compte à eux seuls des motivations et du degré de réalisation de travaux d’amélioration de la performance énergétique. 3
La rénovation thermique des logements : un chantier prioritaire. Le parc résidentiel de métropole (quelques 26,3 millions de résidences principales), est relativement âgé. Environ 6 résidences principales sur 10 ont été construites avant 1975, date d’application de la 1ère réglementation thermique (RT 1974). Compte tenu d’un taux de construction neuve de l’ordre de 1%, ces constructions d’avant 1975 qui consomment en moyenne 375 kWh/m2/an (contre 170 kWh/m2/an pour ceux d’après 2000), représenteront encore près des deux cinquièmes du parc en 2050. En outre, l’inconfort thermique est présent dans la quasi‐totalité des diagnostics effectués à l’occasion des opérations de résorption de l’habitat indigne menées sur le territoire. La diffusion de l’Eco-ptz n’épouse pas la géographie de la rigueur climatique. La zone H1 (49% des effectifs d’Eco‐ptz), la plus rigoureuse, comporte une majorité de départements peu impactés par l’Eco‐ptz. On ajoutera que cette zone a proportionnellement fait un plus grand usage du crédit d’impôts développement durable, lequel déclenche des travaux de rénovation plus légers (*).A l’inverse, si on souffre moins du froid dans la zone H2, (45% des effectifs), l’effort de réduction des dépenses énergétiques y est incomparablement plus important (la zone recèle l’essentiel des départements de la classe >45%). (*) Le recours au crédit d’impôts en faveur du développement durable‐ Insee première n° 1346‐Octobre 2010. Les régions Bretagne et Pays de ECO-PRETS à taux zéro distribués en 2009 Loire affichent une consommation d’Eco-ptz bien supérieure à la moyenne. Le Grenelle de l’environnement a fait de la rénovation thermique des logements un chantier prioritaire. Même si H1 l’objectif des 100 000 Eco‐ptz annuels H2 Distribution selon la moyenne n’a pas été atteint (“seulement” 70 000 en 2009 et 100 000 en année glissante), >45% de +14% à +45% le grand Ouest joue un rôle moteur dans de 0% à +14% la consommation nationale avec les de 0% à -16% Pays de Loire et la Bretagne mais aussi de -16% à -33%
Typologie des bénéficiaires : des propriétaires occupants en maison individuelle La cible prioritaire des logements énergivores du parc privé est partiellement atteinte. .. Pour le tiers des émissions, l’Eco-PTZ a permis l’amélioration de la performance énergétique des “passoires thermiques”. Le parc construit sans isolation (avant 48) est une cible prioritaire des politiques publiques d’amélioration énergétique. En métropole, il a mobilisé 30% des prêts, soit beaucoup moins que son poids relatif dans le parc de résidences principales d’avant 1990 (41,6% hors HLM). Compte tenu de la difficulté pour les ménages de revenus modestes, dont les propriétaires occupants sociaux ou impécunieux en milieux rural, souvent en situation de précarité énergétique (*), qui occupent majoritairement ces logements les moins performants à financer des travaux d’amélioration, le score est non négligeable. Il en résulte cependant un fort déficit de captation de l’éco‐prêt sur le parc le plus énergivore où les besoins sont les plus importants. Au vu de ces résultats mitigés sur le parc ancien la politique de l’ANAH en direction Eco-prêts à taux zéro en France en 2009 Distribution selon l'ancienneté du parc des occupants très sociaux trouve sa (Résidence principales hors HLM construites avant 1990) 80 30 000 raison d’être avec le récent FART (Fonds 24 743 24 746 d’aide à la rénovation thermique) et la 70 25 000 mise en place de l’ASE (aide de solidarité 60 21 306 écologique) ; de même, que les prêts 20 000 50 amélioration des caisses d’allocations familiales, éventuellement renforcés. 40 15 000 er 41,6 Les logements construits après le 1 choc 30 35,00 35,00 31,8 10 000 pétrolier, en respect de la réglementation 30,00 20 26,6 thermique de 1975, concentrent de 5 000 10 l’ordre de 35% des prêts (et 26,6% du parc hors HLM). 0 0 Avant 48 1948 à 1974 1975 à 1989 (*) Définition de la précarité énergétique : ménage % Eco-ptz % Parc RP Effectif eco ptz qui consacre plus de 10% de ses ressources aux dépenses d’énergies dans le logement. Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. … Mais l’outil se révèle peu adapté à la lutte contre la “fracture énergétique”. Il est plus facile de prendre soin de son logement lorsqu’on en a les moyens. Destiné à lever la contrainte de crédit des emprunteurs par l’octroi d’une avance gratuite, généralement remboursable sur 10 ans, l’Eco‐ptz est en pratique d’abord mobilisé par ceux des ménages qui disposent d’un revenu qui leur permettrait de recourir aux produits bancaires classiques. La question de l’efficacité de l’aide publique peut alors légitimement être posée. L’effet d’entraînement résultant de la mise en place de cette aide, cumulable avec le crédit d’impôt développement durable pour les mêmes travaux jusqu’à 45 K€ de revenu fiscal de référence, se double donc souvent d’un effet d’aubaine. Ainsi, le revenu médian des bénéficiaires de l’éco‐prêt(*) s’affiche quasiment au double de celui de l’ensemble des foyers fiscaux (soit 31 000 € c/16 500 €). Cette surreprésentation des revenus aisés se traduit encore par le fait que 7 éco‐prêts sur 10 sont souscrits par 30% des ménages les plus aisés (les 3 derniers déciles de revenu des foyers fiscaux). (*) cf. “Bilan statistique des éco‐prêts à taux zéro émis en 2009”‐ SGFGAS – page 9. Des taux d’efforts énergétiques très disparates selon le parc. En moyenne, la facture annuelle de chauffage représente 900 € par ménage mais s’alourdit à plus de 1 800 € pour une maison mal isolée contre 250 € pour un logement basse consommation dit BBC. Même si les prix à la consommation de l’énergie étaient orientés à la baisse en 2009 (‐12%), tout indique que l’ère de l’énergie bon marché appartient au passé et que, dans tous les cas, l’énergie augmentera plus vite que le niveau de la vie avec le risque d’aggraver la fracture énergétique. 5
L’efficacité énergétique reste aux portes de la copropriété : une mise en mouvement difficile à engager pour le logement collectif. Au nombre des exclus du dispositif : le logement collectif ! Les propriétaires occupants du parc privé en maisons individuelle Le statut de la copropriété constitue‐t‐il un frein à la réhabilitation très réactifs à la mesure. thermique accélérée du parc ? Hors HLM, les appartements sont La maison individuelle pèse 94% des occupés en France par 35% des ménages (*) mais n’ont capté que émissions de ptz‐vert (et 64% du parc 6% des Eco‐prêts ! Mais la situation peut évoluer favorablement de résidence principales‐hors HLM). La avec la réglementation. Désormais, les dispositions du Grenelle II (loi demande des propriétaires occupants a ENE du 12.7.10) modifient les règles applicables de façon à : donc porté la réhabilitation énergétique • faciliter la réalisation de travaux d’économies d’énergie du parc. Il est vrai que les (nouveau régime des “travaux d’intérêt commun” adoptés à la caractéristiques physiques de cet majorité simple) ; habitat l’exposent davantage aux • sensibiliser les copropriétaires à l’efficacité énergétique déperditions énergétiques (6 parois en (obligation de se prononcer sur un “contrat de performance contact avec l’extérieur). énergétique”). Eco prêt à taux zéro distribuée en 2009 ECO‐PRETS à taux zéro distribués en 2009 en France Distribution selon le type d’immeuble Type de logement Nombre d’offres émises Maison Maison individuelle Appartement Appartement 94% 6% Effectif 66 709 4 086 % 94% 6% (*) dont 53% sont locataires. Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. Le bail ne passe pas encore au vert. Le verdissement du contrat de bail : une réalité pour seulement 3 500 locataires en 2009. Avant que la valeur verte ne devienne réalité sur le marché Des locataires dépendants de la où les logements bien isolés chasseront les logements mal volonté d’agir du bailleur ? isolés… Les premières données montrent que les locataires ne sont pas Le renforcement de l’obligation forcément prêts à payer davantage qu’ailleurs pour des performances d’information sur la performance énergétiques ou environnementales améliorées. thermique du parc locatif (affichage du En France, le parc locatif privé, composé à 71% de collectif, a mobilisé DPE dans les annonces immobilières‐à 4,9% des ptz verts alors qu’il héberge 26,5% des ménages (hors compter du 1er janvier 2011 ‐ Loi ENE HLM) ! du 12.7.10) pourrait inverser la La loi MLLE de mars 2009 (Loi de Mobilisation pour le Logement et de tendance. Lutte contre les Exclusions‐ Art.119) a pourtant comblé un vide La désaffection des candidats législatif en organisant la contribution du locataire au partage des locataires pour des logements économies de charges, laquelle prévoit une majoration des charges énergivores dans un marché détendu d’au maximum la moitié de l’économie réalisée en contrepartie de la pourrait s’amplifier et améliorer le réalisation de travaux de la nature de ceux financés par l’Eco‐ptz. taux de pénétration de l’Eco‐prêt chez En outre, les travaux sont, au choix du bailleur : soit déductibles des les bailleurs qui n’atteint que 4,9% en revenus fonciers, soit éligibles au crédit d’impôt développement 2009 ! durable. Eco prêts à taux zéro distribués en 2009 en France Type de bénéficiaire ECO‐PRETS à taux zéro distribués en France en 2009 Distribution selon le type d’occupation Nombre d’offres émises Propriétaire Locataire 93,8% 4,9% propriétaire locataire vacant Effectif 66 351 3 493 951 Vacant % 93,7% 4,9% 1,3% 1,3% Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. 6
Bailleur et éco-prêt : quels obstacles à la modernisation du parc locatif ? Les propriétaires bailleurs se montrent circonspects face à l’éco prêt dans la mesure où le caractère incitatif du dispositif, reposant sur l’octroi d’un prêt à taux zéro, se trouve contrebalancé par la possibilité de déduire les intérêts d’emprunt des loyers (en régime réel). Ainsi, pour la réalisation d’un bouquet de travaux moyen (3 actions) à hauteur de 27 K€, le capital emprunté (23 K€) au taux du marché génère quelques 4 300 € d’intérêts (emprunt à 3,5% sur 10 ans). Au taux marginal d’imposition de 30%, l’imputation de ces intérêts sur les revenus fonciers permet une défiscalisation de l’ordre de 1 300 €. Ce gain fiscal vient contrebalancer en partie le bénéfice procuré par le taux zéro que l’on peut chiffrer à 4 000 € d’équivalent subvention dans notre exemple (soit une capacité d’emprunt de 27 K€ à taux nul contre 23 K€ à 3,5% pour une mensualité identique). L’aide de 4 000 € accordée au propriétaire occupant se réduit alors mécaniquement à 2 700 € pour le bailleur. Ajouté au fait qu’il est délicat de réaliser des travaux dans un logement occupé et d’en obtenir une contrepartie sur le loyer malgré le système “encadré” de contribution du locataire au partage des économies de charges, les bailleurs auront tendance à attendre une vacance entre deux locataires pour déclencher les travaux nécessaires. Il semble bien que très peu de bailleurs aient engagé une démarche de concertation avec le locataire visant à partager le coût des travaux d’économies d’énergies, au vu du petit nombre de consultations sur ce thème dans les ADIL. Cette temporisation vient s’opposer à la modernisation rapide du parc locatif ancien. Typologie des travaux : des bouquets avec des fenêtres dedans Echec de l’Eco-ptz sur l’action “amélioration de la performance énergétique globale”. La rançon de la complexité de la réglementation. Issue du bon sens et souvent encouragée par les politiques locales (qui subventionnent les audits Eco prêts à taux zéro distribués en 2009 thermiques), cette action consiste à mettre en œuvre Types d'actions d'amélioration réalisées des travaux préconisés à la suite d’un audit thermique réalisé par un bureau d’études. 100% 2% Assainissement non 0,6% collectif Mais, en réalité seulement 434 Eco‐ptz ont financé des 26% travaux d’amélioration de la performance énergétique 75% Performance globale globale en France en 2009 (0,6% des émissions). Plus complexe à instruire pour les artisans (nécessité d’un 50% Bouquet 3 actions bilan ou audit thermique), plus contraignant à mettre 71% en œuvre en raison de l’obligation de mesurer le gain 25% Bouquet 2 actions de performance, alors même qu’il n’existe pas de modèle permettant de le faire pour les logements 0% construits avant 1949, l’échec de l’Eco ptz sur le terrain de la performance énergétique globale France apparaît bien comme la rançon de la complexité de la réglementation ! ECO‐PRETS à taux zéro distribués en en France en 2009 Types de travaux d’amélioration de la performance énergétiques réalisés Bouquet 2 Bouquet 3 Performance Assainissement Total actions actions globale non collectif Effectifs 50 123 18 631 434 1 607 70 795 % 70,8% 26,3% 0,6% 2,3% 100% Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. 7
Avec un montant moyen de l’ordre de 16 à 27 K€, l’éco-prêt finance des travaux de réhabilitation thermique d’ampleur moyenne. Le calibrage réglementaire de l’éco-prêt montre que son montant plafond n’est pas ECO‐PRETS à taux zéro distribués en France en 2009 Montant moyen des travaux par types de travaux réalisés un frein à la réalisation des travaux. Qu’il ait un effet déclencheur sur les projets ou permette simplement d’améliorer la réalisation de 8 313 € Assainissement travaux déjà prévus, l’éco‐prêt couvre près de 90% de l’assiette des travaux réalisés pour un montant 16 039 € Bouquet 2 actions moyen inférieur de 15 à 20% au plafond 24 509 € réglementaire (qui est de 20 K€ pour 2 actions et 30 Performance globale K€ pour un bouquet de 3 actions). 27 355 € Les bouquets de deux actions, les plus nombreux Bouquet 3 actions (71%), réalisés sur un parc ancien permettent déjà de gagner plusieurs classes de DPE avec un temps de 0€ 10 000 € 20 000 € retour sur investissement intéressant. Le bénéfice procuré par l’Eco-prêt équivaut à une baisse de la mensualité de l’ordre de 20%, soit, en équivalent subvention, une aide de l’ordre de 3 000 à 5 000 €. Ainsi, pour un ménage qui réalise un bouquet de travaux de 3 actions pour une enveloppe de 25 K€, sa mensualité de remboursement sur 10 ans s’établi à 208 € (contre 253 € pour un emprunt à 4% hors assurance), soit un gain de 20% par rapport au financement au taux de marché. Le recours à l’éco prêt dégage alors une capacité financière supérieure de 4 500 € pour un même taux d’effort. ECO‐PRETS à taux zéro distribués en 2009 Montant moyen prêté et montant moyen des travaux Bouquet Bouquet Performance Assainissement 2 actions 3 actions globale non collectif Total Montant prêté 14 271 € 23 215 € 18 831 € 7 037 € 16 489 € Montant travaux 16 039 € 27 355 € 24 509 € 8 313 € 18 894 € Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. La distribution de l’Eco-prêt par les établissements de crédit : une stratégie offensive ou défensive ? Du coté des prêteurs, on s’accorde en général sur le constat fait par l’ANIL : “Pour les établissements de crédit, l’Eco‐prêt n’est pas un prêt attrayant. Il n’est pas concurrentiel. Il ne permet pas de fidéliser un client et ne justifie pas à lui seul un changement de domiciliation des comptes. Il n’est pas associé, comme le PTZ, avec un prêt principal rémunérateur. De surcroît, les prêteurs sont particulièrement rebutés par le coût d’instruction de l’Eco‐prêt ; les agents de guichet se détournent, s’ils le peuvent, de ces dossiers complexes et financièrement peu gratifiants. C’est la conséquence de la complexité de la réglementation ; celle‐ci est difficilement évitable dès lors que l’on veut s’assurer du bon usage des aides publiques. Les banquiers redoutent les pénalités encourues en cas de contrôle, si ces prêts ont été indûment accordés. De là, leur demande récurrente d’une intervention extérieure qui certifierait que le projet qui fait l’objet du financement répond bien aux exigences de la réglementation, à l’image de ce qui se fait pour le BBC : ils seraient libérés par là‐même des coûts d’instruction et des risques de pénalités. Ils ne peuvent cependant avoir une politique trop restrictive : ce serait dommageable pour leur image commerciale qu’ils refusent, pour des motifs techniques, un prêt qu’un client obtiendra chez un concurrent. A l’inverse, le risque d’avoir à rembourser l’aide publique en cas de contrôle les dissuade également d’avoir une politique trop laxiste. Dès lors, la promotion de l’Eco‐prêt doit essentiellement porter sur la demande. Celle‐ci peut être encouragée par les artisans, mais ces derniers, à la différence des constructeurs et des promoteurs, ne sont pas accoutumés à modeler leur offre commerciale sur les aides publiques ; de surcroît, ils sont eux‐mêmes rebutés par la complexité administrative. Restent les ADIL, qui expliquent aux artisans et aux particuliers dans quelle mesure l’Eco‐prêt peut être obtenu pour réaliser des projets et surtout les informer des nombreuses aides locales, notamment régionales, auxquelles ils peuvent prétendre.” (Lire la suite dans Habitat Actualité n°116, juillet 2010, pages 5 et s.)” 8
Un paradoxe de l’efficience énergétique (*) : il n’y en a “presque” que pour les fenêtres ! Les règles de priorité dans l’ordre des Eco prêts à taux zéro distribués en 2009 travaux sont peu respectées Fréquence des actions dans les bouquets de travaux Par expérience, les techniciens savent que la rénovation des fenêtres ne constitue pas la Production ECS à énergie 100% 5% renouvelable priorité dans l’ordre des travaux, on leur préfère 9% l’isolation de la toiture, puis des murs. Chauffage à énergie L’inconfort thermique (sensation de parois 75% 20% renouvelable froides), ou les écarts à la rationalité économique Système de chauffage ou ECS standard (*) font que le remplacement 50% 33% d’ouvrants, même non rentable Isolation parois vitrées économiquement, reste cependant l’action la plus fréquemment mise en œuvre (33% et 52 774 25% 12% Isolation murs actions). 21% Le remplacement des ouvrants intervient le plus 0% souvent combiné avec le chauffage (27%) et en Isolation toitures combinaison avec l’isolation des murs et toiture France (31%), selon le type de bouquet (2 ou 3 actions). L’Eco-ptz contribue efficacement au développement du solaire thermique (7 593 chauffe-eaux solaires), mais également à celui de la filière bois-énergie. L’Eco ptz entend promouvoir les énergies renouvelables et les technologies vertes, pour autant, même bénéficiant d’un crédit d’impôt à hauteur de 50% et souvent de subventions ou aides locales, les chauffe‐eaux solaires, pénalisés par un taux de retour sur investissement faible ne sont présents que dans 5% des actions. ECO‐PRETS à taux zéro distribués en France en 2009 Fréquence de chaque action dans les bouquets de travaux ‐(bouquets de 2 ou 3 actions) isolation isolation isolation Système de Système de Système de thermique des thermique des thermique des chauffage ou chauffage production d'ECS toitures murs parois vitrées et d'ECS utilisant une utilisant une portes source d'EnR source d'EnR 34 151 19 285 52 774 31382 14 671 7 593 Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. Les signes de qualité : des compétences certifiées par la délivrance de la marque “Eco- Artisan®” de la CAPEB et “Les PRO de la performance énergétique®” de la FFB ou l’énergie des artisans au service au service de la formation professionnelle… L’enjeu de la réhabilitation thermique des logements introduit par les lois Grenelle et l’Eco‐ptz consiste en une logique de bouquets de travaux qui oblige les artisans à raisonner “offre globale” et à “penser collectif” et plus seulement à vendre des travaux. Pour modeler leur offre sur l’éco‐ptz et être en capacité de proposer des “packs rénovation énergétique”, les artisans doivent jouer le jeu de la formation professionnelle. Pour mettre leurs adhérents en mesure de répondre à ces défis, les organisations professionnelles ont mis en place différents processus. Ainsi, la Fédération Française du Bâtiment a été à l’initiative de la création du club “Bâtir avec l’environnement”. Du coté de la CAPEB on fait état de la délivrance de la marque ECO Artisan® pour les entreprises artisanales qui se sont engagées sur la voie de la formation. L’engouement des entreprises du bâtiment pour les formations aux économies d’énergie est variable selon les départements et explique vraisemblablement pour partie les disparités de taux de pénétration de l’éco‐prêt. Ainsi, pour la Région Pays de Loire (1ère région de France quant au volume d’émission de ptz vert), le cycle FEEBAT (formation aux économies d’énergie des entreprises et artisans du bâtiment) a été suivi par plus de 8 000 entreprises au cours des années 2008‐2009 pour l’un au moins un de ses 3 modules. (*) Cf. “Les choix énergétiques dans l’immobilier résidentiel à la lumière de l’analyse économique”/La note de veille/Centre d’analyse stratégique/n°172, avril 2010. 9
“L’énergie la moins chère est celle qu’on ne consomme pas” ! L’isolation thermique des ECO‐PRETS à taux zéro distribués en Franceen 2009 toitures est, de loin, Montant moyen des travaux dans les bouquets de travaux l’action la plus rentable en termes d’économies 10 449 € d’énergies. Système de chauffage ou d'ECS Deuxième action en termes de 8 504 € isolation thermique des parois vitrées et portes fréquence, l’isolation de la 7 514 € toiture est la moins couteuse à isolation thermique des murs mettre en place (4 847 € en 7 315 € moyenne) et la plus rentable Système de chauffage utilisant une source d'EnR économiquement (gain de Système de production d'ECS utilisant une source 7 296 € d'EnR performance de 20% à 30% et 4 847 € temps de retour de l’ordre d’1 à isolation thermique des toitures 2 ans). Rappel : cette action 0€ 5 000 € 10 000 € doit conduire à isoler la totalité de la toiture. La géothermie alourdit la facture ! L’action “système de chauffage” génère les travaux les plus coûteux (10 449 € en moyenne). Encore faut‐il distinguer les chaudières à condensation dont le coût d’investissement est inférieur de moitié à la mise en place d’une PAC géothermale. Quant‐à l’isolation thermique des murs (rappel : isoler au moins 50% des parois en contact avec l’extérieur), cette action n’est présente que dans 12% des bouquets, et, compte tenu des montants moyens de travaux (7 514 €) encore s’agira t‐il le plus souvent d’isolation par l’intérieur, moins efficace contre les ponts thermiques. ECO‐PRETS à taux zéro distribués en France en 2009 Montant moyen des travaux dans les bouquets de travaux (bouquets de 2 ou 3 actions) isolation isolation isolation thermique Système de Système de Système de thermique des thermique des des parois vitrées et chauffage ou chauffage production d'ECS toitures murs portes d'ECS utilisant une utilisant une source source d'EnR d'EnR 4 847 € 7 514 € 8 504 € 10 449 € 7 315 € 7 296 € Source : SGFGAS – Déclarations d’offres acceptées en 2009. Quelles incitations en faveur d’un habitat moins énergivore ? Compte tenu des enjeux, un arsenal d’outils fiscaux et financiers constitue le dispositif d’incitation à l’amélioration de la performance énergétique du parc. Ces aides, parfois articulées ou cumulables, plus ou moins éco‐conditionnalisées, n’offrent pas toujours la vision d’une cohérence d’ensemble. Ainsi, peuvent être mobilisés pour le parc existant : • la TVA à taux réduit pour les travaux d’amélioration portant sur des logements de plus de 2 ans ; • le crédit d’impôt développement durable pour les logements achevés depuis plus de deux ans ; • les subventions et éco‐subventions de l’ANAH (et prochainement l’aide de solidarité écologique –ASE) ; • les prêts adossés au livret de développement durable ; • les prêts amélioration de la Caisse d’Allocation Familiale ; • les certificats d’économie d’énergie (CEE) ; • les exonérations temporaires de taxe foncière, sur délibération communale ; • l’imputation des travaux d’amélioration sur les revenus fonciers (et report des déficits fonciers) ; • les prêts amélioration d’Action logement, les diverses aides locales ; • et l’Eco‐prêt à taux zéro ou “ptz vert”. 10
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