Apnée théâtre Esquifs présente

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Apnée théâtre Esquifs présente
Esquifs présente

                          Apnée
                                                [théâtre]

      - Entre fiction et documentaire, une histoire du surendettement   -
                  Un spectacle écrit et mis en scène par Rémi Pons

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remi@esquifs.be
04/88 58 71 79
Apnée théâtre Esquifs présente
En bref. Et de manière factuelle.

   Je travaille depuis quelques années à une chronique théâtrale et radiophonique du
   travail social et de son champ d'intervention.

   Lors d'une période passée en compagnie d'un travailleur social sur son terrain, j'ai
   été confronté à des personnes qui devaient quémander un peu d'argent de poche
   toutes les fins de semaine parce qu'elles étaient surendettées, et qu'elles étaient
   mises sous tutelle.

   Ça m'a fortement fait penser à la Grèce, parce qu'à l'époque on parlait beaucoup
   de ce pays et de sa mise sous tutelle par différents organismes transnationaux. Je
   me suis dit : « ce n'est pas possible » sans bien savoir quoi si ce n'est la violence de
   l'imposition et de la contrainte.

   J'y ai vu un sujet de travail qui pouvait prolonger ce que j'ai pu créer jusqu'alors.
   J'ai eu envie de mettre ce travail sur un plateau plutôt qu'ailleurs. Je m'y suis
   attelé.

   J'ai fait des rencontres. J'ai lu. J'ai été dans une cellule de médiation de dette. J'ai
   interrogé des personnes surendettées et des personnes qui travaillent avec elles.
   J'ai observé, noté, annoté, enregistré. Bref je me suis constitué un matériau
   d'écriture.

   Puis un premier texte est né. En décembre 2019, j'ai eu l'opportunité de le mettre
   en voix sous la forme de deux lectures qui ont suscité de nombreuses réactions (en
   particulier dans le monde de la médiation de dette).

   En octobre 2020, avec l'équipe d'acteurs et d'actrices, nous avons alors entamé un
   travail autour et sur le texte, accueilli·es par l'Espace Delta (Namur) et par le Centre
   Culturel Bruegel (Bruxelles). Cette période de résidence aurait dû se solder par une
   lecture publique d'une nouvelle version du texte. Cette étape est remise à plus
   tard.
Apnée théâtre Esquifs présente
Apnée – description

   Apnée raconte comment la dette s'incarne dans les corps et dans les vies des
   personnes qui se font submerger par ce mécanisme dans un contexte ou le
   capital prévaut sur tout.

   Pour cela, Apnée est une fiction. C'est l'histoire d'Albert Desteen, un homme
   qui se noie progressivement dans un amas de dettes auxquelles il n'arrive pas
   à faire face. Il sombre, corps et bien, jusqu'à en devenir mutique. C'est aussi
   l'histoire de sa rencontre avec Wendy Leroux, une médiatrice de dette qui
   l'aide à remonter la pente, le long d'un chemin qui s'apparente à une
   initiation. Entre l'aide et la contrainte, la médiation de dette prend dans ce
   récit une couleur douce amère qui laisse un drôle de goût dans la bouche. A
   la fin du récit, Albert paye sa dernière dette. Mais c'est au prix d'une
   transformation profonde de l'homme qu'il fut.

   Apnée, c'est ainsi un chemin d'apprentissage, qui inculque à celle ou celui qui
   le subit une culture de la pauvreté. Cette culture est une culture de la
   soumission.

   Apnée, c'est aussi un récit documentaire, qui permet de saisir les enjeux de
   l'histoire qui se raconte : il y a ce que c'est la dette, il y a la libéralisation des
   possibilités de crédit et les ravages que ça a produit, il y a aussi la
   précarisation de nos vies et les dettes de vie courante qui explosent (en
   particulier dans le domaine de la santé) , il y a le travail mené par les
   médiateur·trices de dette pour faire face à un afflux constant de nouvelles
   demandes...

   Ponctuée d'extraits (réécrits) d'interviews, d'interventions plus chorales,
   Apnée compose ainsi un paysage qui raconte à la fois une histoire singulière
   et plurielle de la dette, un récit intime et ouvert sur le monde.
Extraits

    Bilal – Tu veux que je te dise, on nous vend du rêve. On vit dans un monde qui
    passe son temps à te faire croire que tu possèdes plein de choses, que tu as ta
    vie en main, avec ta maison, avec ta voiture, avec tes meubles, avec ton chien,
    avec ta nourriture même, tout, tout, tout, tu crois que t'as tout en main, que
    c'est à toi, que tu peux compter dessus. Y a rien de vrai là-dedans. Illusion
    pure. Tu vois, moi, j'étais routier. Chauffeur poids lourd. C'est clair non ? Poids
    lourd. 44 tonnes, c'est quand même tangible, hein… Des dizaines de tonnes de
    marchandises. Un métier bien terre à terre. Où je devais sangler, porter, ranger,
    conduire, dessangler, soulever, empaqueter, j'aurais pu me douter non ? De
    l'arnaque. Rien. Rien vu venir. Bien au contraire. Moi je croyais être le roi du
    pétrole, tu vois. Tout m'a filé entre les doigts. Voilà, un bête accident, ça arrive.
    Et ben, du jour au lendemain, tout ce que j'avais, tout ce que je pensais avoir,
    poussière. Du vent. C'est du vent, tout ça. Du vent.

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    Wendy – Ça n'a pas marché longtemps ton truc, de sac plein d'argent, Albert.
    Mais, tu le savais non ? Ça ne marche jamais ces trucs. Très vite, il y a eu le
    retour à la réalité. Les traites à rembourser. Avec la vieille sur le dos. Au
    téléphone. Par courrier. Qui ne te laissait pas de répit. Et puis les factures, qu'il
    fallait continuer à payer. Avec ta mutuelle, qui tombait, régulière, mais
    insuffisante. Tu t'es de nouveau trouvé dans le rouge, Albert. Avec de nouvelles
    dettes. Nouvelles échéances. Nouvelles menaces. Le gouffre.

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    Albert (extraits de son carnet) – 12 mars. Il pleut. Il pleut encore, c'est mouillé.
    Mouillé humide. A peine encore moisi. Sous les doigts sous les yeux les
    chiffres encore les chiffres. Les chiffres les mots les lettres pleines d'eau de
    pluie de pleurs et ruisselle encore et goutte à goutte la perfusion à travers le
    papier. Je te tiens tu me tiens et je me noie. La belle noyade tout ça là sous les
    yeux estampillés grande noyade grande foirade. La belle pluie que voilà. Les
    beaux chiffres et tout à refaire. Encore un mauvais rêve ? Encore ? Je ne sais
    pas. Je ne sais plus. La digue a pété. Le bateau sombre. Sombre océan sombre.
    Rien n'y fait les chiffres s'empilent et se croisent, virgules, saletés de virgules,
    les zéros s'empilent et font des bulles.
Sur scène (premières pistes)

    La scène, c'est l'endroit où l'histoire d'Albert se déploie. Maison dans les bois.
    Forêt. Grotte en guise d'hôpital. Personnages tout droit sortis des livres de conte
    (une vieille femme, un homme à tête de loup…). La dimension onirique d'Apnée
    est soutenue par un travail sonore qui entremêle guitare, bruits de craquement,
    d'eau qui perle, de froissements, de vent… Visuellement, une série de dessins –
    extraits du carnet d'Albert – à l'encre noire sont projetés en fond de scène. Corps
    plié par l'effort. Corps morcelé. Bouche sans fond. Morceaux de la forêt qui en
    jaillissent par moment. Mots qui encadrent et traversent le dessin. Plongée intime
    dans la vie d'Albert.

    L'acteur qui joue ce personnage est d'ailleurs habité par la vie qu'il interprète. Il
    se voute, se prostre, explose par moment, se liquéfie... A travers son jeu, on saisit à
    quel point la dette est envahissante.

    Pour autant, la scène est aussi le lieu où l'histoire se tisse à la troisième personne.
    Les actrices et acteurs peuvent l'arrêter. L'interroger. Revenir en arrière. C'est
    d'ailleurs elles et eux qui ont le carnet d'Albert dans les mains, et choisissent
    quand il faut en projeter un extrait. C'est aussi elles et eux qui interpellent le
    public et ramènent l'histoire au réel qu'il convoque : car c'est bien de la dette que
    nous parlons, tout le temps…

    Pour appuyer cet aspect, il y a des photos, en couleur, qui sont projetées sur une
    autre surface que les dessins, à l'avant-scène. Ce sont des photos qui documentent
    le parcours d'Albert : les lieux qu'il a fréquentés (bureaux, couloir et salle
    d'attente, tribunal, guichets…), les personnes qu'il a croisées (médiatrices de dette,
    juge du travail et autres personnes surendettées...), les objets et documents avec
    lesquels il a vécu (téléphone, budget, pile de lettres de rappel et calculatrice…).

    De la même manière, un acteur et une actrice se partagent toute une galerie de
    portraits de personnes qui ont été en situation de surendettement et de
    médiateurs et médiatrices de dette. Multiplicité de voix, qui s'incarnent sur scène
    par tout un travail sur le rythme, le phrasé, les accents toniques, la respiration qui
    modèlent les corps qui les portent. A chaque fois, c'est un point de vue qui
    s'exprime, avec détermination, envie, force.

    Le théâtre qui s'invente là est un théâtre qui dévoile ses artifices. Ce faisant, il
    n'annule pas pour autant les aspects dramatiques de la narration qu'il tisse, et tout
    ce que cela suscite d'émotions. Traverser Apnée, c'est à la fois saisir les enjeux qui
    sous-tendent la politique de la dette aujourd'hui et en même temps vivre
    intensément ce que cette politique génère.
Celles et ceux qui portent Apnée

   Auteur et metteur en scène – Rémi Pons

                       J'écris, je mets en scène pour le théâtre, je réalise et j'enregistre pour la
                       radio, j'écris et je réalise pour le cinéma. Un des chemins que je
                       poursuis pour le moment consiste à écrire une chronique de notre
                       rapport à l'aide sociale. Je travaille aussi dans le domaine de l'éducation
                       populaire, à transmettre et inventer des manières de faire, parfois plus
                       libres ici qu'ailleurs. Mes principales créations à ce jour :
     - (de)bris (radio) https://soundcloud.com/remi-pons-radio/sets/de-bris
     - Joli Logis (théâtre), avec les Ateliers Vénerie
     - Au pied de l'arbre (radio) https://soundcloud.com/remi-pons-radio/au-pied-de-larbre
     - L'odeur (théâtre) https://labandeasbl.wordpress.com/theatre/lodeur-theatre/
     - L'odeur (radio) https://soundcloud.com/remi-pons-radio/lodeur-radio
     - Radeaux dans la montagne https://soundcloud.com/remi-pons-radio/radeaux-dans-la-montagne

   Les acteurs et actrices

                       Marie Denys : Marie est diplômée de l'Insas en interprétation
                       dramatique. Elle travaille comme comédienne. Elle a mis en scène deux
                       spectacles, Burnout d'A. Badea et L'enfant poussé tordu avec la Cie
                       Madame Véro. Elle a co-réalisé et joué dans Carbone, un court-métrage
                       expérimental. Elle est pédagogue en formation vocale liée au travail de
                       l'acteur. Elle a enseigné à Arts² et actuellement à l'Insas.

                       Ferdinand Despy : Ferdinand sort de l’ESACT en 2016. Il crée
                       collectivement Ab Ovo à partir de l’œuf, assiste la mise en scène
                       de J’abandonne une partie de moi que j’adapte de Justine Lequette. Il joue
                       dans Conversations avec mon père mis en scène par Jean-Claude Berutti,
                       dans La Traversée du Désir mis en scène par François Maquet et dans
                       Marguerite Duras mis en scène par Isabelle Gyselinx. Il travaille
                       actuellement à un projet multidisciplinaire autour de Pasolini.

                       Gaëtan Lejeune : Gaetan vit en Belgique depuis trente ans. Il pratique
                       son métier d'acteur depuis plus de vingt cinq ans, travaillant avec des
                       metteurs en scène comme Isabelle Pousseur , Martine Wickaert, Pascal
                       Crochet , Christophe Sermet , Charles Tordjman , Anatoli Vassiliev,
                       Laurent Pelly, Lea Drouet, Magali Pinglaut, Marie Pierre Melinger, David
                       Strosberg. Au cinema et à la télévision , il a tourné avec Joachim
                       Lafosse, Nicolas Boukrieff, Dominique Cabrera. Il est aussi formateur
                       pour des adultes et des futurs enseignants.

                       Florelle Naneix : Florelle est formée à l’ESACT. Elle fonde le
                       collectif Lapines ! et travaille à la conception des capsules vidéo
                       Lapines !, ainsi que d’une courte forme théâtrale du même nom. Elle
                       travaille principalement en tant qu’actrice : Les fils du hasard, espérance et
                       bonne fortune (Martine De Michele), C’est quand la délivrance? et Yvan
                       &Else, Bank of God (Laurent Plumhans), Le Journal de Grosse
                       Patate (Sophia Geoffroy). Elle collabore régulièrement avec le CREAHM.
Par ailleurs, l’équipe de création est constituée de :

          Marion Pillé, qui va faire l’assistanat à la mise en scène ainsi que la régie lumière
          Tristan Bordmann, qui va réaliser les dessins projetés pendant le spectacle
          Nèle Deflandre, qui va réaliser les photos projetées pendant le spectacle
          Boris Dambly, qui va réaliser la scénographie
          Nelly Framinet, qui va réaliser la création lumière
          Emanuele Gonano, qui va réaliser la création son

La structure porteuse – Esquifs

      C'est une nouvelle structure. Ici s'y croisent des artistes, des travailleur·euses social·es, et
      toute personne que ça intéresse de porter un regard sur nos structures sociales. On y
      invente des objets documentaires. On s'y forme aussi, en prenant le temps de nous
      rencontrer et de bousculer nos représentations. Esquifs jouera ici le rôle de structure
      porteuse, en assurant l'administration du projet, et en veillant à ce qu'il se déroule dans les
      meilleures conditions possibles1.

Calendrier de création

         Du 4 au 16 janvier 2021
              Résidence au centre culturel Bruegel
         Du 22 au 28 mars 2021
              Résidence (en cours de recherche)
         Du 3 au 15 mai 2021
              Résidence (en cours de recherche)
         Du 29 novembre au 12 décembre 2021
              Résidence (en cours de recherche)
         Du 21 février au 13 mars 2022
              Résidence (en cours de recherche)
         Du 30 mai au 12 juin 2022
              Création + premières représentations au centre culturel Bruegel
         Octobre 2022
              Représentations à Namur à l'occasion de la journée internationale de lutte
         contre la pauvreté (avec le RWLP)

         Entre le mois de janvier 2021 et le mois de mai 2022 , toute une série de lectures
         publiques sont prévues :
         - avec le CED-WB en collaboration avec La Bellone (Bruxelles)
         - avec le Medenam en collaboration avec l'Espace Delta (Namur)
         - avec le Cadtm et le Gils (Liège)
         - avec les juridictions du travail (Liège)
         - avec les ateliers populaires (Hainaut)
         - avec le groupe d'action surendettement (Luxembourg)

         Nous sommes en recherche de futures dates de représentation.

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    http://esquifs.be/
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