Artplan Vie des Arts - Érudit
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Document généré le 12 juil. 2022 20:40 Vie des Arts Artplan Volume 27, numéro 109, décembre 1982, janvier–février 1983 URI : https://id.erudit.org/iderudit/54396ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (imprimé) 1923-3183 (numérique) Découvrir la revue Citer ce document (1982). Artplan. Vie des Arts, 27(109), 62–67. Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1982 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/
LE 2* FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM dances et de styles diversifiés. Le Retour de film et exploration dynamique des œuvres de SUR L'ART l'enfant prodigue de Rembrandt de Marcel l'artiste mettant en évidence la qualité de son Pas moins de 75 films provenant de dix-sept Teulade illustre bien l'idée du film sur l'art comme silence et de son monde intérieur (confronté aux pays ont été présentés dans le cadre du 2 e Festi- moyen de vulgarisation. Sur le mode d'un délire lieux et aux manifestations de la vie qui l'ont val International du Film sur l'Art, à Montréal, du 7 contrôlé, à la fois lyrique et précis, le film propose inspirés). au 11 octobre 1982. Outre la section compétitive, une approche passionnée et passionnante du Pour leur part, Eila Hershon et Roberto regroupant une quarantaine de films de tout tableau, et cette lecture aide à comprendre le Guerra, dans Frida Kahlo-A Profile, ont struc- genre et de tout format (5 longs métrages, 13 rapport que l'on peut avoir avec l'art, justifiant par turé leur film essentiellement en fonction de la moyens métrages et 21 courts métrages), on y a là même son existence et, partant, l'existence du biographie de l'artiste. Souvent décriée, à juste maintenu l'excellente idée d'une rétrospective film sur l'art. Certes, on est ici en présence d'une titre, cette approche est ici parfaitement justifiée consacrée à un cinéaste en particulier: l'année dans la mesure où la vie de Frida Kahlo, mouve- dernière, l'œuvre d'Erwin Leiser avait constitué mentée sur le plan personnel et social, fut une révélation pour la plupart des spectateurs1 ; déterminante sur l'évolution de son art, lui-même cette année, place fut faite à Frédéric Rossif. axé sur la notion d'autoportrait. Et les Une telle rétrospective permet de mieux com- réalisateurs réussissent néanmoins à décoller prendre le fonctionnement cinématrographique de l'anecdote biographique pour proposer une du film sur l'art, de mieux définir ce qui pourrait lecture passionnante de l'œuvre. faire sa spécificité, d'en mesurer les embûches L'Univers de Siron (Franco) d'Olivio Tavares et les écueils, en comparant les défis successifs de Araujo témoigne lui aussi, à sa façon, des relevés par un même réalisateur. Ainsi, un écart rapports qui existent entre l'art et la vie. Sobre et considérable sépare Roi de Bavière (1966) de efficace, le film est structuré sur l'alternance des Pablo Picasso, peintre (1982). Le premier film toiles d'une rare puissance (gros plans de est tout simplement indigeste, par son créatures difformes) de ce jeune artiste brésilien kaléidoscope d'effets douteux et son absence de 32 ans menacé par la folie et des vues prises à d'unité stylistique, voulant signifier à tout prix le l'intérieur d'un asile d'aliénés, accompagnées vertige intérieur et la dérive de Louis II: c'était là d'extraits du Requiem de Verdi et du Concerto un bien mauvais choix pour ouvrir la manifesta- pour orchestre de Bartok. tion. Par contre, le second film offre l'avantage Au lieu de centrer l'attention sur l'œuvre en non négligeable d'une dynamique interne, tant qu'objet, beaucoup de films sur l'art propo- sent d'inévitables entretiens avec l'artiste qui nous parle parfois de son œuvre, parfois de tout autre chose. Le Pierre Soulages de Michel Meurice constitue à cet égard un cas extrême d'où affleure un manque évident de sincérité. Aux antipodes, le Nicolas de Staël de Michel soutenue par la musique de V. Papathanassiou, œuvre figurative et d'une lecture qui n'est pas Dumoulin nous permet, à travers son témoigna- qui vise à rendre hommage à la vitalité aussi objective que certains le voudraient. A tout ge épistolaire, de mesurer la valeur de cet artiste, légendaire de Picasso. Film de montage utilisant le moins, il nous évite le propos purement anec- la part du risque contenue dans son œuvre des ressources multiples (témoignages des dotique des guides de musées (qu'on entend soumise au vertige du hasard. Malgré certaines proches, documents photographiques ou d'ailleurs en voix off à la toute fin du film) ainsi maladresses qui en atténuent la portée, le film cinématographiques, parfois inédits, etc.), film que le commentaire pédant où la méthode donne envie, au total, de mieux connaître son musical dont la structure et le rythme restituent d'analyse importe plus que l'analyse elle-même, œuvre, et c'est déjà beaucoup. en quelque sorte l'humour et l'énergie indomp- où en définitive le commentaire se substitue à Il est impossible de rendre justice à table de l'artiste, le rythme même de sa création. l'œuvre. l'événement et à tous les films qui le méritent Parti pris intéressant dans la mesure où on se Regardez une courtepointe épinglée à une (voire, simplement de les citer) en si peu de demandait ce que Rossif pourrait apporter de corde à linge de la rue Panet, puis revoyez cette lignes. Outre des problèmes évidents de neuf sur un sujet si souvent abordé, et plus par- même courtepointe encadrée d'une façon stratégie, de définition, de catégorisation et de ticulièrement par rapport aux deux films de l'an sophistiquée et accrochée à la cimaise de quel- délimitation du territoire qui devront être résolus, dernier1. Ce film nous intéresse aussi par la com- que musée: c'est un peu ce type de réflexion sur le Festival doit naviguer entre un souci de vul- paraison inévitable avec son Georges Braque, les frontières et la fonction sociale de l'art garisation de l'art et la volonté de dépasser la ou Le temps différent: ici, du matériel d'archives qu'amorce un petit film qui n'a l'air de rien, Quilts conception du film sur l'art comme simple sup- utilisé d'une façon dynamique sert à illustrer a in Women's Lives de Pat Ferrera. Puis, rap- port. Les films les plus intéressants sont évi- contrario l'idée de deux trajectoires parallèles, prochez le tout de l'œuvre de Judy Chicago (dont demment ceux qui témoignent d'une recherche alors que dans le Picasso, Rossif s'en sert (avec le processus de fabrication fut capté par Johanna sur le plan du langage cinématographique. La des plans rigoureusement identiques parfois) Demetrakas dans Right Out of History: The Mak- tâche n'est pas facile. pour montrer plutôt à quel point Picasso fut ing of Judy Chicago's Dinner Party) et vous avez précisément un témoin de son temps, à quel matière à discussion... 1. Cf. Gilles Marsolais, Premier Festival International du Film sur point son œuvre en épousa le rythme. Hopper's Silence s'est vu attribuer le grand l'art (8-12 octobre 1981), in Parachute, N° 25 (Hiver 1981), p. 33-34. Le palmarès final a mis en valeur plusieurs prix sans doute pour sa dimension proprement films qui le méritaient, représentatifs de ten- cinématrographique: utilisation du film dans le Gilles MARSOLAIS 62
JOAILLERIE 1. Prix de la Meilleure biographie d'artiste: Frida Kahlo - A Profile (Eila Hershon et Roberto Guerra/ G.-B., R.F.A.) 2. Grand Prix: Hopper's Silence (Brian O'Doherty/États-Unis) 3. Prix du Meilleur essai Universo de Siron (Olivio Tavares de Araujo/Brésil) 4. Madeleine DANSEREAU Pendentif. (Phot. Alain Maranda) 5. Anne-Marie LAVOIE Bague en or avec perte. 6. Gaétane RIVERIN Bague en or avec six diamants; 1 cm 2 x 3,1. Gaétane Riverin, par contre, marque ses pièces du signe de l'air: elles sont mouvement et envolée. En 1981, elle a gagné le Prix New Designer of the Year, offert par les Jewelers of America, et elle expose chez Lucas, rue Sher- brooke, à Montréal, durant tout le mois de L'ART A LA PORTÉE DE TOUS la photogravure. Son travail, original et varié, est décembre. La Galerie Aaron-Faber, de New-York, est celui d'une grande artiste. Elle a reçu, il y a deux Ici, la vision du monde constitue une synthèse: l'une des seules qui soient spécialisées dans les ans, le troisième prix Ontario-Québec, et on d'une part, la conscience sociale est grande et bijoux d'art contemporains d'avant-garde. Elle pourra admirer, en mai, ses pièces au Centre l'approche, humaine et intimiste; d'autre part, le est située en face du Musée d'Art Moderne, à des Arts Visuels, avenue Victoria. savoir rationnel a été assimilé, puis, concilié avec l'angle de la 5e Avenue et de la 53e Rue, et les Jean-Louis Suzor présentait également un la sensibilité de chacun. joailliers de partout rêvent d'y exposer leurs travail remarquable aux formes géométriques et L'art du bijou semble être un des rares créations les plus récentes. Grâce à des subven- enjouées. Il a été choisi, en 1981 et en 1982, pour domaines qui sache, aujourd'hui, lier à part égale tions fédérales et provinciales, douze joailliers concevoir et exécuter la médaille que l'on offre au le principe géométrique rationnel et le principe canadiens, dont six québécois, ont pu gagnant du Prix Marie-Victorin. Par ailleurs, il organique mythique, principes si fondamentaux récemment y exposer1. anime avec Armand Brochard et Madeleine à la situation de notre culture. Comme l'écrit Après de multiples expositions et l'obtention Dansereau, l'École de Joaillerie et de Métaux Siegfried Giedion2, il est plus difficile, à notre de plusieurs prix, Armand Brochard joue des d'Art de Montréal. époque, de sentir que de penser... [et]... aux contrastes provenant de formes amples et lisses Jean-Pierre Giliberto travaille l'or massif, en y multiples raisons qui ont été avancées s'ouvrant sur d'autres, petites et foisonnantes. incrustant des pierres précieuses et des perles d'habitude pour expliquer le chaos actuel, il s'en C'est un artiste qui, avant tout, est entièrement du lac Biwa, au Japon, perles d'eau douce d'une ajoute une autre plus profonde mais souvent pris par son travail, par son œuvre à la fois beauté particulière, qui inspirent les formes libres négligée: le savoir purement rationnel n'a pas été rationnelle et sensible. et épurées de ses bijoux. assimilé et humanisé par une sensibilité Madeleine Dansereau nous laisse songeurs C'est sous le signe de l'eau que travaille équivalente. quant au temps qui passe. Grâce à deux bourses Anne-Marie Lavoie, qui a exposé ses bijoux d'aide à la création que lui a accordées le Minis- lisses et ondulants au Rouet, rue Saint-Paul, 1. Du 9 novembre au 4 décembre. 2. Dans Espace, Temps, Architecture, t. 3. p. 215. tère des Affaires Culturelles du Québec, elle en octobre, ainsi qu'au Salon des Métiers d'art, maîtrise à fond les techniques du mokume et de en décembre. Michèle TREMBLAY-GILLON 63
CINÉMA 7. Un autre regard, de Karoly MAKK. LE DÉLUGE DU FESTIVAL DES FILMS DU MONDE (Vite, vite) de Carlos Saura est venu un tant soit De la section Cinéma d'aujourd'hui et de de- peu sauver la mise. On ne peut que frémir à l'idée main, on retiendra surtout: pour le Québec, Jouer On ne répétera jamais assez que l'intérêt d'un que cette section nationale sera consacrée, sa vie de Gilles Carie, une brillante leçon de festival ne se mesure pas au nombre de films l'année prochaine, au cinéma russe2! Par ail- cinéma sur un sujet aride et périlleux (les qu'on y présente ni à la multiplication de ses leurs, seul La Famille Orozco de Jorge Reyes échecs); et pour l'étranger, d'abord et avant tout, sections. La Sélection officielle du Festival des ressort un tant soit peu des six films qui cons- Mourir à trente ans de Romain Goupil, radio- Films du Monde 1982 comprenait environ 120 tituait pompeusement la Section des Cinémas scopie d'une génération, celle de Mai 1968, à longs métrages, répartis dans sept sections, in- d'Amérique latine... travers une démarche où se confondent intime- cluant une vingtaine de films retenus dans la Malgré des promesses non tenues (Parsifal de ment l'amitié, le cinéma et la politique, Cheval, Sélection du Marché. Cela fait beaucoup, Syberberg, Maman a cent ans et Doux moments mon cheval d'Ali Ozgenturk (Turquie), Family beaucoup trop1. En réalité, moins de la moitié de du passé de Saura, Fitzcarraldo de Herzog, Rock de José Pinheiro (France) dont le jeu des ces œuvres méritait vraiment de figurer officiel- L'Ombre de la terre de T. Louhichi, Doux aveux comédiens, adultes et enfants, est d'un naturel lement dans un festival qui se dit sélectif, c'est- de F. Dansereau, Nicaragua Sandinista, etc.) et étonnant, et, bien sûr, The Silence Surrounding à-dire qui vise à présenter les meilleurs «films du l'absence d'autres films que le Festival aurait dû Christine M. de Marleen Gorris (Pays-Bas) qui monde» et qui devrait, partant, effectuer un cer- présenter (Identification d'une femme, le dernier pourrait bien devenir le film maniffeste des tain travail d'éducation auprès du public. Antonioni, Hammet de Win Wenders, Moonlight- mouvements féministes, sans oublier un docu- Certes, le public est venu nombreux, faisant de ing de Skolimovski, Yol de Y. Guney, etc.), deux mentaire de Stephen Mack et Barbara Moss, A ce Festival un evenementpopu/a/re. Cependant, sections auront permis, par contre, de voir un Crime to Fit the Punishment, axé sur la genèse cette influence ne doit pas faire illusion; car elle certain nombre de films intéressants, dont la du célèbre film américain Le Sel de la terre... masque une autre réalité: elle se réalise au prix plupart avaient été présentés à Cannes. Tout compte fait, si on y ajoute aussi le film- d'une affligeante confusion des valeurs. Le Comme par le passé, la section Hors concours surprise de R. Altman, Reviens Jimmy Dean, nombre, la quantité, ne saurait tout justifier. En y fut la plus riche. Des titres à retenir: Les Années reviens, photographié par le Québécois Pierre n'étant pas suffisamment sélectif, ce Festival de plomb (ou Les Soeurs allemandes) de Mignot, volontairement caricatural et se situant à joue le rôle d'un rouleau compresseur, opérant Margarethe von Trotta, d'une richesse et d'une rebours de la mode rétro en se jouant de la notion un redoutable nivellement sur le plan des va- maîtrise incomparables et qui pose des ques- du temps, il y avait de quoi satisfaire les leurs, où tout devient interchangeable. On ne tions justes et terribles sur l'Allemagne; Passion, cinéphiles endurcis au sein de ce superfestival, peut expliquer autrement certaines réactions du de Godard, qui se présente un peu comme sa mais on ne peut que déplorer le fait que les public, manifestement désorienté. Par exemple, propre Nuit américaine, tout aussi mythique, axé œuvres valables4 aient été noyées dans un que le public applaudisse indifféremment Les sur le problème de la liberté créatrice du déluge de films sans intérêt. Une sélection plus Années de plomb (l'excellent film de M. von cinéaste, un film qu'on apprécie davantage au rigoureuse et digne de ce nom s'impose absolu- Trotta) et des films aussi douteux que Batch '81 second visionnement; Un autre regard de K. ment, et moins d'esbrouffe, pour épater la et Brainwash (d'une facture simpliste et Makk, audacieux mais juste portrait de femmes, galerie. d'inspiration ouvertement fasciste) qui se lovent inscrivant son propos dans une triste réalité dans la violence qu'ils prétendent dénoncer. politique; Jamais de la vie de W. Schroeter, Sidérant! Il conviendrait de réajuster le tir, en malgré et à travers son désordre même; La Nuit misant davantage sur la qualité plutôt que sur la 1. A titre de comparaison, le Festival de Cannes présente environ de San Lorenzo des frères Taviani et La Nuit de 80 films, toutes sections confondues (Festival officiel et Off- quantité... Varennes de Scola, qui jettent un regard inha- festival), en plus de ceux du Marché. Les habitués de Cannes, dont je suis, estiment qu'il s'agit là d'une limite à ne pas La Compétition officielle y fut aussi pourrie que bituel sur l'Histoire; The Man From Snowy River dépasser pour que tous les films aient la possibilité de par le passé: seuls quelques films émergeaient de George Miller, que l'on peut déjà identifier s'imposer auprès du public. de la médiocrité générale, dont l'amusant Liquid 2. Maso, à vos marques! A moins qu'on ait l'audace d'aller fouiller comme un classique du western australien. sérieusement dans le répertoire des centres de production Sky d'inspiration New Wave, et, dans un registre Quant à Querelle de Fassbinder, d'après l'œuvre éloignés de Moscou (Géorgie, Azerbaïdjan, Kazakstan, Ukraine, Lithuania, etc.) et qu'on ait l'intégrité de ne pas céder plus conventionnel, Konopielka de W. de Jean Genet, quelle déception! Deux docu- au chantage diplomatique. Rêvons...! Leszczynski, pour sa photographie, et Brimstone mentaires relatifs au tournage même du film 3. A cet égard, un seul Hommage par festival serait suffisant et de R. Loncraine (G.-B.). Quant au film de efficace. La multiplication de ces hommages (travail relevant nous en dévoilent pourtant les limites: Le Magi- des cinémathèques) donne lieu à des situations embarras- Chabrol, Les Fantômes du chapelier, il repose cien de Babylone de Dietor Schidor, réussi, et un santes: rien n'est plus pénible que de voir une ancienne star gravir le grand escalier au milieu de ses gorilles et de quelques entièrement sur le jeu de Michel Serrault qui lui film de Wolf Gremm, raté. Un autre film de ce badauds indifférents qui ignorent jusqu à son nom. confère un ton particulier, mais sans le distinguer dernier complétait cet hommage à Fassbinder: 4. Il m'a été impossible de voir Tiempo de la revencha de A. vraiment de la production commerciale courante Kamikaze, un film sans intérêt autre que celui d'y Aristarain (Argentine), Avant-hier de P. Bacso (Hongrie) et Harlequin de S. Wincer (Australie), dont on dit du bien. ... La section consacrée au cinéma espagnol fut voir Fassbinder interpréter, plutôt mal, le rôle encore plus déliquescente: seul Deprisa deprisa principal d'un policier3. Gilles MARSOLAIS 64
[TAPISSERIE 8. Guy LEMIEUX Hash héliomarin, 1982. Laine; 3 m 35x4. Coll. Sun Life du Canada, Québec. GUY LEMIEUX, HAUT LISSIER Les œuvres de Guy Lemieux, peintre et lis- sier, exposées au Musée Laurier d'Arthabaska en décembre dernier, ont été regroupées sous une thématique spatio-temporelle. Chaque œuvre est une mise en scène de di- vers éléments virtuellement substituables, que propose la corrélation de l'espace et du temps. En rappelant au regardeur que rien n'est laissé au hasard et que ces compositions manifestent une démarche rationnelle et systématique, des jeux d'espace campent la figuration en plusieurs séquences où des trajectoires géométriques répondent à des interactions de couleur et de plan. Référant aux relations temporelles, mais en respectant la continuité spatiale du paysage, chaque séquence utilise un chromatisme qui propose un changement d'intensité. Les couleurs sont alors multipliées et répondent à l'exploration picturale du coloriste Guy Lemieux. Même s'il se livre à des expériences mono- chromatiques, il n'abandonne pas pour autant l'utilisation d'une palette riche. Des procédés techniques appuient cette recherche visuelle; entre autres, un glacis, dans ses huiles et, dans ses tapisseries, un ensemble de lignes paral- lèles proposent un changement dans le chro- matisme utilisé. La composition ne copie pas la nature, elle suggère des éléments figuratifs qui se révèlent par une stylisation adéquate juxtaposée à une géométrie dynamique. pièce, créant ainsi une légère différence de tons spatial délaissé par la majorité des hauts lis- Ses tapisseries de haute lisse se singu- dans les deux parties. La figuration échappe à siers, en traduisant sa tapisserie dans des for- larisent par un système de hachures horizon- l'enchâssement par des ensembles de lignes mats de plus en plus grands. Il travaille tales complexes qui alimente la facture de parallèles qui minimisent l'échafaudage figuratif. présentement à la commande d'une pièce aux chacune des pièces. Tantôt un grain assez gros, Du simple rectangle dans lequel sa tapisserie dimensions impressionnantes. exaltant l'éclat de la laine, accroche bien la s'inscrivait, il est passé aux formes plus com- Donc, tenant d'un art traditionnel, Guy lumière et donne à la pièce un caractère puis- plexes tout en gardant le mur comme support Lemieux, peintre et lissier, construit depuis sant. Tantôt un grain plus fin répond aux final. L'objectif de l'œuvre textile de Guy 1969, dans une production continue, un impératifs d'un format plus petit où la précision Lemieux réside dans le dynamisme de l'ex- nouveau discours plastique et esthétique avec de certains détails investit l'œuvre d'une grande pression et dans la vitalité des formes et des l'image d'une figuration sempiternelle qui se qualité. Dernièrement, l'artiste a installé une couleurs. manifeste, aujourd'hui, par un mariage entre le haute lisse intégrée à l'architecture du hall Guy Lemieux demeure un des seuls hauts graphisme figuratif et l'abstraction géométrique d'entrée de la Sun Life du Canada à Québec. lissiers québécois à avoir toujours utilisé la fi- où l'assimilation technique est fortement va- Les relations spatiales de ce diptyque mural guration pour s'exprimer par le textile1 et à avoir lorisée. sont circonscrites par de larges bandes noires utilisé la haute lisse traditionnelle dans de qui répondent aux colonnes métalliques de la grands formats où la figuration constitue la par- charpente du hall. Le rapport du temps et de tie importante de la composition. Engagé dans 1. Cf. Michèle Bernatchez, La Tapisserie à Québec, dans Vie des Arts, Vol. No 85. p. 53. l'espace est marqué par l'adjonction d'une seule la revalorisation de la haute lisse traditionnelle, fibre aux divers chinés de la partie gauche de la Guy Lemieux récupère un élément du code Bruno DUBOIS 65
ATTRIBUTION UN DONATELLO INÉDIT t;^"tfF de cheveux qui retombent en boucles sur les Ce qui frappe avant tout dans ce relief, c'est la épaules-qui ressemble par le dessin aux présence, exceptionnelle dans les œuvres de ce genre, d'une dédicace et d'une date précise. JBjjjgl statues de l'autel de Saint-Antoine, à Padoue. La robe, au grand col à motifs géométriques et L'inscription, répartie sur trois lignes sculptées floraux, et la manchette très apparente sont à la partie inférieure de la plaque1, occupe un semblables à celles de l'Assomption du tombeau cinquième de la hauteur totale et se lit comme du cardinal Rainaldo Brancacci, à Naples, et de /r5% l'Annonciation du tabernacle de Santa Croce, à suit: Donatus Medices Ego Impa A.D. 4ffC ~—^ ' ' s- * MCCCCXXXXI. Il s'agit de Donato de Médicis, cousin de Cosme l'Ancien. Curé de la paroisse de Santa Maria a Dicomano, il devint curé de ?z£*
ANIMATION 11. Entrée de l'exposition L'Art du cinéma d'animation au Musée des Beaux-Arts de Montréal, avec les murales créées par Paul HUNTER d'après le film de Winsor McCAY, Gertie the Dinosaur de 1914; au centre, la projection d'une image tirée d'une bande de praxinoscope d'Emile REYNAUD, La Charmeuse. 12. BobCLAMPETT m. Crayon à marquer et graphite sur papier. Coll. Bob Clampett, Hollywood. 2T/W C R U V O I R UM (5ROS AIÎNET / les lanternes magiques et les premières ma- New-York, le premier studio d'animation or- L'ART DU CINÉMA D'ANIMATION AU MUSÉE chines des pionniers, tels le mutoscope et le ganisé. Consacré à l'âge d'or d'Hollywood, une DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL praxinoscope, y figuraient en bonne place. A large section était réservée aux studios Disney, Présentée l'été dernier, cette exposition a partir des débuts, ce survol de l'histoire du alors qu'une salle était consacrée à l'animation attiré 90 000 visiteurs. Cette grande rétro- cinéma animé se terminait avec les expériences canadienne et soulignait le rôle de premier plan spective internationale visait à faire connaître à récentes d'animation électronique des frères que Norman McLaren a joué dans ce domaine. un public constitué par autant d'adultes que Whitney. Outre l'animation abstraite et électronique, la d'enfants l'éventail des techniques mises à la En déplaçant les projecteurs du côté des tradition européenne et, surtout, l'animation par disposition de cette forme d'expression. créateurs anonymes de cette forme d'expres- marionnettes, dont celles du Tchèque Jiri Trnka, Les visiteurs ont pu ainsi admirer des œuvres sion trop souvent méconnue, le Musée mettait complétaient ce périple à travers cet art «qui fait des plus grands cinéastes de ce domaine, parmi l'accent vers les innombrables matériaux ser- place à la magie». lesquels Walt Disney, Paul Terry, Emile vant à la concrétisation de l'image animée. Au générique de cette exposition où, enfin, Reynaud, Otto Messmer, George Dunning, Sur les milliers de dessins requis pour faire un l'animation était reconnue comme l'une des Oskar Fischinger, Bruno Bozzetto, Norman film, peu ont été conservés. A ce titre, grandes découvertes artistiques du 20e siècle, McLaren et Frederick Back, qui illustrent les l'exposition fut une gigantesque entreprise de une liste impressionnante de prêteurs et deux grandes traditions de l'animation: l'une revalorisation d'un art et de ses moyens aux- d'ouvriers prenait place. Soulignons ici le travail européenne, l'autre américaine, dont cet âge quels on voulait rendre hommage. Outre les exceptionnel de Louise Beaudet, de la d'or du cartoon holywoodien avec des vedettes dessins sur papier, cette redécouverte a ras- Cinémathèque Québécoise, dont la renommée aussi célèbres que Mickey, Betty Boop, la pre- semblé des dessins sur acétate, des maquettes, et l'expertise en la matière est grande, de même mière vamp du cinéma animé, Tweety, le canari des montages, des cartons découpés, des que la mise en scène précise et dévouée de espiègle, Sylvester, le chat berné, Daffy, le marionnettes ainsi que d'autres objets utilisés Pierre Théberge, conservateur en chef du canard enragé, la Panthère rose, Bugs dans la conception du métrage animé. Les sal- Musée des Beaux-Arts de Montréal. Après Bunny,... les d'exposition proposaient donc un parcours Montréal et Chicoutimi, où elle a été présentée Attiré par les séances de projection, le public en cinq temps à partir du précinéma et des cet automne, l'exposition s'est rendue à Bor- a pu découvrir dans les salles d'exposition la pionniers: Windsor McCay, créateur de Little deaux, au Centre d'arts plastiques contempo- panoplie complète des créateurs qui ont œuvré Nemo, les frères Fleisher, créateurs de Koko le rains, et mettra ensuite le cap sur Bruxelles, au dans l'animation depuis sa préhistoire. Clown, Betty Boop et Popeye, Raoul Barré, Palais des Beaux-Arts, en avril 1983. Muybridge, le théâtre optique d'Emile Reynaud, Québécois d'origine, qui fonda, en 1913, à René VIAU 67
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