Bénéfices et bénéficiaires de l'activité de croisière
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www.ceregmia.eu Centre d’Etude et de Recherche en Economie, Gestion, Modélisation et Informatique Appliquée Document de travail 2013-16 Septembre 2013 “Bénéfices et bénéficiaires de l’activité de croisière en Dominique” Romain CRUSE, Docteur Bruno MARQUES, Professeur associé Université des Antilles et de la Guyane. Faculté de Droit et d’Economie de la Martinique. Campus de Schoelcher - Martinique FWI B.P. 7209 - 97275 Schoelcher Cedex - Tél. : 0596. 72.74.00 - Fax. : 0596. 72.74.03
Bénéfices et bénéficiaires De l’activité de croisière en Dominique ROMAIN CRUSE* et BRUNO MARQUES** Résumé - L’impressionnante progression du tourisme de croisière en Dominique, au sein de la zone hautement concurrentielle de la Caraïbe, confère à l’île une dimension iconique de réussite dans le développement de cette activité. L’article propose une analyse des bénéfices et des bénéficiaires du développement de la croisière en Dominique. Il adopte une approche systémique, et démontre que trois acteurs : les agences de voyages locales, les commerces de souvenirs et les compagnies de croisières concentrent plus de 70 % des retombées financières de l’activité. La faible dispersion du nombre de bénéficiaires est concomitante d’une concentration spatiale de l’activité de croisière. L’article révèle que la forte concentration des bénéficiaires s’accompagne de la faiblesse des bénéfices macroéconomiques de l’activité de croisière en Dominique. Le cas de cette île interroge les liens entre concentration des bénéficiaires et développement de la croisière ; mais également sur sa fragilité. Mots clés : Bénéfices, bénéficiaires, approche systémique, concentration, dispersion. Abstract - The impressive growth of cruise tourism in Dominica, in the highly competitive area of the Caribbean, gives the island an iconic dimension of success in the development of this activity. The article presents an analysis of the benefits and beneficiaries of the development of cruise tourism in Dominica. By a systemic approach it demonstrates that three actors: the local travel agencies, souvenir shops and the cruise lines concentrate more than 70% of the financial impact of the activity. The low dispersion of the number of beneficiaries is concomitant with a spatial concentration of the cruise activities. The article reveals that the high concentration of beneficiaries is accompanied by weak macroeconomic benefits of the cruise industry in Dominica. This case study, devoted to Dominica, questions the relationship between concentration of beneficiaries and development of the cruise, but also its fragility. Keywords: benefits, beneficiaries, systemic approach, concentration, dispersion. *Docteur en Géographie, CEREGMIA (Centre d’Etudes et de Recherche en Economie, Gestion, Modalisation et Informatique Appliqué), Université des Antilles et de la Guyane. **Docteur es Sciences Economiques, Professeur Associé, CEREGMIA (Centre d’Etudes et de Recherche en Economie, Gestion, Modalisation et Informatique Appliqué), Université des Antilles et de la Guyane. 1
Candela et Figini (2008, 2010) plaident en faveur d’un renouvellement l’économie du tourisme organisée autour du concept de destination touristique. Selon ces auteurs, la destination est le cadre d’analyse idoine pour l’étude économique du tourisme, dont le caractère structurel est la diversité de l’offre. En adoptant cette approche, l’activité touristique agence la production d’un ensemble varié de biens complémentaires et substituables, dont le territoire lui-même. Selon Andergassen et al. (2013) la destination touristique est l’expression quasi parfaite du cluster diagonal conceptualisé par Brandeburger etNalebu(1997). A priori économiste, ce plaidoyer matérialise la convergence des problématiques qui structure la réflexion des géographes et des économistes, et la transdisciplinarité nécessaire à l’étude du tourisme. Il s’inscrit dans le mouvement déjà ancien et renouvelé par le paradigme de l’économie géographique [Fujita et Mori(2005), thisse(2011)].Charpenter l’étude du tourisme autour du concept de destination touristique, favorise ou implique une approche méthodologique qui le constitue en système complexe, où interagissent trois catégories de particules élémentaires, aux statuts différents : Les individus : les touristes et les résidents (en tant qu’agents économiques1 ou non) ; Les institutions : o Les firmes productrices de biens, o La puissance publique, en tant que producteur de biens publics, de collecteur de taxe et de coordinateur2, Le territoire : en tant que facteur économique et de durabilité3. C’est l’interaction de ces éléments qui façonnent le territoire touristique4 dans ses inter- dimensions économique, géographique et temporelle. Les problématiques liées à la coordination des acteurs et à leurs effets sur le développement du tourisme sont au cœur du concept de destination touristique. Cette approche conceptuelle porte également en gestation la question de la répartition des coûts et des avantages entre les acteurs du système tourisme. Le concept de destination touristique intrinsèquement renvoie à l’interrogation des bénéfices globaux et des bénéficiaires du tourisme (y compris au niveau du territoire, lui-même décomposable en sous espaces). Cette « comptabilité » des impacts s’inscrit dans la perspective de l’analyse coûts-bénéfices, dont l’application au tourisme demeure toutefois limitée à l’étude de projets spécifiques au niveau local ; comme le signale la revue de littérature approfondie et critique des méthodes d’analyse coûts-bénéfice de Stabler (1999, 2010). L’étude de la concentration et de la dispersion du tourisme, un thème commun aux paradigmes géographique, économique et écologique, est une autre dimension des implications de la vision systémique du tourisme. Les 1 Consommateurs et/ou apporteurs de facteurs de production : travail et capital. 2 Au sens de Keller (2003), qui rappelle également que les biens publics sont un élément constitutif de la collection de biens touristiques. 3 Facteur de production, par l’espace qu’il procure, ou durable via la satisfaction qu’il fournit aux visiteurs. 4 Défini comme « construction originale de relations entre acteurs » ou encore « espace actif et contexte ». Cf. Courlet(2008). 2
effets bénéfiques de la dispersion5 du tourisme dans un territoire sont connus. En revanche, l’analyse de son contraire, la concentration, n’a pas, à notre connaissance, fait l’objet de recherches théoriques. C’est l’ensemble de ces développements théorique et conceptuel qui inspire la problématique de l’article : quels sont les bénéfices et les bénéficiaires du tourisme de croisière à la Dominique. L’analyse des bénéfices et des bénéficiaires du tourisme s’inscrit dans une démarche positive, dont l’objet est double. La mesure et la confrontation des répercussions globales, spatiales et partielles du tourisme en constituent le premier axe. Le second vise l’identification acteurs qui assurent la transmission des effets du tourisme. L’évolution du flux annuel de croisiéristes à la Dominique, au sein de la zone hautement concurrentielle de la Caraïbe, confère à l’île une dimension iconique de réussite dans le développement de cette activité. Le ralentissement des deux dernières années interroge toutefois les ressorts de ce rapide succès. En 20 ans, la fréquentation de croisière y a été multipliée par 3, alors qu’elle doublait pour l’ensemble de la zone Caraïbe. La figure 1 reproduit l’évolution indiciaire des flux dominicais et caribéen. Ainsi l’analyse des bénéfices et des bénéficiaires y revêt non seulement le caractère d’étude de cas, mais offre également une perspective plus générale, de compréhension du fonctionnement au niveau d’une destination, de l’activité de croisière. Figure 1 : Evolution indiciaire de la fréquentation de croisière en Dominique et dans la Caraïbes Deux sections organisent l’analyse des bénéfices et des bénéficiaires de la croisière en Dominique. La première est dédiée aux « bénéfices » via un panorama d’indicateurs qui fixe 5 Réduction de la pression anthropique et écologique, élargissement spatial des effets d’entrainement économique et de distribution de revenu, augmentation de l’attractivité générale de la zone. Cf. Meyer(2004). 3
la place de l’activité de croisière dans l’économie dominicaise. La seconde répartit la recette globale générée par la croisière, entre les principaux bénéficiaires de la croisière en Dominique. Ces deux sections précèdent quelques remarques conclusives 1. Les bénéfices de la croisière en Dominique Les deux paragraphes qui suivent, apprécient le poids de l’activité de croisière en Dominique, d’abord au sein du secteur touristique, puis en élargissant la perspective, sur le plan macroéconomique. §1 - Un impact sectoriel certain En Dominique le tourisme de croisière est « physiquement » prééminent, puisqu’il y est le premier pourvoyeur de visiteurs touristiques. En 2012, avec 266 milliers de visiteurs, il totalise 77,3 % de la fréquentation touristique totale, soit un rapport de 1 à 3,4, comparativement aux touristes. Lors du pic de 2009, les croisiéristes représentaient 87 % des arrivées totales de visiteurs touristiques, soit 7 fois plus que le flux de touristes. Au plan sectoriel, son impact économique est moins prononcée mais réel6 ; qu’il soit appréciée par l’offre ou par la demande7. Ainsi, entre 2002 et 2012, l’activité de croisière a représentée en moyenne 45 % de la Valeur Ajouté réelle totale des branches caractéristiques du tourisme et 32 % de leurs productions courantes. En 2011, les 15.7 millions de US$ de recettes générées par la croisière totalisaient 16 %du poste « Voyages » de la Balance des Paiements de l’île (36.6 % en 2009). Bien qu’une série longue des recettes générées par la croisière n’existe pas, l’importance du tourisme de croisière dans la dynamique générale du tourisme de la Dominique est attestée par les deux tests économétriques de causalité à la Granger et de cointégration à la Johansen8. Entre 1985 et 2009, la fréquentation tendancielle de croisière9 cause la recette touristique globale (avec une probabilité de 99.5 %). Parallèlement, la recette touristique globale et la tendance du flux de croisière sont liées par un mouvement d’équilibre de long terme à quasiment 100 %. Ces indicateurs affirment le rôle non négligeable, aux plans statique et dynamique, de la croisière dans l’économie du tourisme de la Dominique. Le paragraphe suivant élargit la perspective, en appréciant son impact sur l’économie de l’île. 6 L’ensemble des ratios qui suivent ont été calculés avec le National Accounts Statistics (2011) qui présente les comptes économiques nationaux de la Dominique sur les 15 dernières années. Les rapports statistiques de la Caribbean Tourism Organization et la base de données World Développement Indicators, de la Banque Mondiale ont également permis l’évaluation de certains ratios. 7 Par l’offre, en isolant les secteurs potentiellement « caractéristiques du tourisme » selon l’approche conceptuelle de l’OMT(2009). Par la demande en considérant la somme des dépenses effectuées par les visiteurs touristiques. 8 Cf. Bourbonnais(2002). Les test ont été effectués avec le logiciel E-Views et sont disponibles sur demande. Ces tests rejettent les hypothèses de causalité et d’existence de relations de long terme entre la fréquentation de touristes et la Recette Touristique Globale ; ce qui singularise l’effet du flux de croisiéristes. 9 Il s’agit de la série du flux annuel de croisiéristes passée au filtre Hodrick-Prescott. Cf. Hodrick, Prescott (1980) ethttp://people.ucsc.edu/~walshc/205B_w11/Notes/Econ_205B_HP_filter_notes.pdf. 4
§2 -Un poids macroéconomique limité mais un outil indirect de croissance économique Mesuré par son rapport journalier à la population, l’impact physique premier du tourisme de croisière est faible. En moyenne, le flux journalier de croisiériste sa représenté 1.1 % de la population dominicaise en 2012 (2.1 % en 2009). La proportion est plus élevée pendant les mois de haute saison10, où elle atteint jusqu’à 4.2 % (en 2009). Le tourisme de croisière exerce une pression plus forte sur la ville de Roseau, la capitale de l’île et le port de débarquement quasiment unique de la Dominique11. Pendant la haute saison, le rapport du flux journalier de croisiéristes à la population de Roseau atteint 18 % (en 2009), pour une moyenne annuelle de 8.5 %. La « présence »physique du tourisme de croisière voisine son poids économique. Entre 2005 et 2009 et en moyenne, les activités caractéristiques du tourisme de croisière totalisent 1.3 % de la production totale courante et 1.7 % du PIB constant de l’île. Du point de vue de la demande, le poids du tourisme de croisière est proportionnellement plus élevé, mais reste marginal. Les recettes touristiques générées par la croisière12 pèsent moins de 5 % de l’économie dominicaise: 2.8 % de la production totale et 4.6 % du PIB courant, en moyenne. La figure 2 présente les indicateurs de poids du tourisme de croisière. Figure 2 : Les indicateurs de poids du tourisme de croisière en Dominique Le tourisme de croisière est également une exportation. De ce point de vue, sa contribution à l’économie domincaise est plus conséquente. Entre 2005 et 2011 et en moyenne, les recettes du tourisme de croisière ont : 10 Les mois de novembre à avril de l’année suivante, qui concentrent en moyenne 78 % de la fréquentation de 2004 à 2011. 11 Roseau est également la ville la plus peuplée de l’île. 12 Estimées sur la base de la dépense moyenne des croisiéristes en 2005 et 2009, évaluées par les enquêtes menées la Florida Caribbean Cruise Association(2005, 2009). 5
Représenté 45.5 % des exportations de biens et 30 % du poste voyage de la balance des paiements, Financé9.7 % des importations de biens, Contribué à hauteur de 19.2 % à la réduction du déficit courant, Egalé 109 % du service total de la dette extérieure de la Dominique. Enfin, l’influence dynamique de la croisière sur la croissance de l’économie dominicaise est économétriquement attestée. La fréquentation de croisière cause (à 98 %) les PIB total et per capita. En outre, un mouvement de long terme d’équilibre lie le flux tendanciel de croisière13 et les PIB global et par tête. L’analyse économique nuance l’effet multiplicateur d’un choc de demande proportionnellement faible [cf. Archer(1977, 1982)].La marginalité de la demande de croisière (5.5 % de la consommation totale privée entre 2005 et 2011) peut difficilement qualifier le tourisme de croisière comme principal moteur de la croissance dominicaise14. Les précédents ratios suggèrent une autre utilité macroéconomique au tourisme de croisière en Dominique : les revenus en devises qu’il procure assurent le paiement du service de la dette internationale de la Dominique. Ainsi son impact sur la croissance est indirect, via la capacité d’emprunt international qu’il procure à l’économie de la Dominique. Les bénéfices économiques du tourisme de croisière sont doubles. L’essor du tourisme en Dominique est intrinsèquement lié au tourisme de croisière au plan de la fréquentation et des recettes. Nonobstant les liens dynamiques qui le lie au PIB, le tourisme de croisière apparaît comme un outil indirect de la croissance économique de l’île, via la capacité d’emprunt international qu’il lui procure. 2. Les bénéficiaires de la croisière en Dominique Comme signalé en introduction, l’étude des bénéficiaires du tourisme recouvre deux aspects, que les deux paragraphes ci-après explorent dans le cas spécifique du tourisme de croisière en Dominique. Ainsi le premier apprécie la diffusion spatiale du flux de croisiéristes et le second répartit la recette générée la fréquentation de croisière entre les différents acteurs façonnent cette activité en Dominique. Les résultats obtenus reposent sur une démarche méthodologique explicitée en annexe 1 et 2. §1 – Une forte concentration de la diffusion spatiale de la fréquentation et des dépenses La diffusion spatiale des croisiéristes sur le territoire dominicais est intrinsèquement liée aux produits d’excursions proposés aux croisiéristes et à l’organisation de la zone d’accueil qui leur est réservée à la sortie du bateau. Deux cartes synthétisent la diffusion des visiteurs de croisière sur le territoire dominicais et dans la ville de Roseau, et révèlent sa forte concentration. 13 Cf. note de bas de page n° 9. 14 2.2 % de croissance réelle par an en moyenne entre 2002 et 2011. 6
Selon les données de la Florida Caribbean Cruise Association [FCCA(2009)], 92 % des passagers descendent à terre lors de l’escale de Dominique, afin de découvrir l’île. Ils passent 3.9 heures à terre, et 67.1 % effectuent une excursion préalablement organisée (acquise avant l’arrivée sur le bateau ou par contact préalable avec une agence de voyage locale). 30 % de ceux qui descendent du navire organisent eux même leur découverte de la ville ou leur excursion, en négociant sur place leur moyen de transport. Le tableau 1 répartit les croisiéristes de la Dominique selon leur mode de découverte de l’escale. Tableau 1 : Répartition de croisiéristes selon leur mode de découverte de l’escale de Dominique % de croisiéristes Descendu à terre lors de l'escale 92 Croisiéristes en Excursion Organisée 62 Croisiéristes en Excursion Libre ou visite de la ville 30 Les excursions libres ou organisées se répartissent principalement entre les 5 sites éco- touristiques ci-après : Emerald Pool, Titou Gorge, Traffalgar Falls, Fresh Water Lake, Champagne (pour la plongée), Middleham Falls15. Aménagés par le gouvernement, ces sites, sont principalement situés dans un triangle au nord-est du port, et distants en moyenne de 14 Km du Roseau16. Les excursions de composent de marches dans la nature agrémentées de bains dans des cascades et/ou de panorama verdoyants17. La carte 1 expose la distribution de la fréquentation de croisière en Dominique. Ces éco-excursions sont les supports du positionnement Nature island de la Dominique. Ils constituent une spécialisation assise sur les ressources naturelles de l’île, qui dispose de moins de plages de sable blanc que les autres escales caribéennes18. Ces produits d’excursions de pleine nature assurent à l’île un positionnement original et quasiment unique dans l’est caribéen, qui explique partiellement le succès de sa fréquentation. 15 Ces sites concentrent 95 % de la totalités des excursions réalisées. 16 Situé à 20 Km de Roseau Emerald Pool est le site le plus éloigné. 17 Ces marches sont de courtes durée, à proximité des parkings afin de s’adapter à une large classe d’âge de clientèle. 18 L’île ne compte qu’une seule plage de sable blanc. 7
Carte 1 : Diffusion géographique des croisiéristes en Dominique La diffusion de la fréquentation de croisière apparait spatialement limitée à un cercle de 35 Km de circonférence, dont la surface peut être estimée au plus à 54 Km² 19, sur un territoire d’une étendue totale de 754 Km². La nécessité de ramener les croisiéristes au navire après l’excursion, en fin de matinée, à l’heure du déjeuner, exige des attractions proches du point de débarquement : Roseau. L’hypothèse qu’elle explique partiellement la faible dispersion spatiale de la fréquentation de croisière, ne peut être rejetée. Directement après leur sortie du navire ou suite à l’excursion, les croisiéristes visitent et flânent dans une portion de la ville pendant une durée d’une heure en moyenne. La diffusion de la fréquentation a été approchée par les statistiques de ventes issues de l’étude de la FCCA (Cf. Annexe 2).L’étude de ces données révèle une très faible diffusion du flux touristique dans la ville. Les croisiéristes se dispersent dans un espace circonscrit à un rectangle de 250 mètres de long sur 50 mètres de large. Ils y effectuent leurs achats, composés à 61 % d’artisanat local et de souvenirs. Les cartes 2 et 3 exposent les diffusions de la fréquentation et monétaire dans Roseau. Elles répartissent le flux de croisiéristes et leurs dépenses selon les différents points de vente. Les agences de voyages locales qui assurent la réalisation des tours terrestres sont toutes situées dans Roseau. Ainsi, c’est la façade maritime de la ville, soit 5 % de sa surface, qui reçoit la quasi-totalité des dépenses des croisiéristes et conséquemment des recettes touristiques de croisière de l’île. 19 La surface du cercle qui concentre les 5 sites les plus proches. Une estimation alternative basée sur le triangle qui intègre Emerald Pool élargit la surface à au plus 88 Km². 8
Carte 2 : Cartographie de la fréquentation des croisiéristes dans la ville de Roseau. La différence entre les répartitions spatiales de fréquentation et monétaire est imputable au prix des biens acquis. Ainsi le poids du « Duty Free » dans le sud de Roseau est plus marqué sur la carte des dépenses parce que s’y trouve une boutique de bijoux. Carte 3 : Cartographie des dépenses des croisiéristes dans la ville de Roseau. 9
La faible diffusion du tourisme de croisière dans la ville de Roseau est facilitée par l’aménagement de l’espace de débarquement destinée à la réception des croisiéristes (en rose sur les cartes 1 et 2). La figure 3schématise la structuration de l’espace d’accueil, articulé en 3 sous espaces des deux cotés d’un segment de l’avenue Eugénia Charles20 : 1. La zone de réception des tours organisés, où les passagers ayant acquis une excursion organisée sont regroupés par les agents du navire et de l’agence de voyage locale pour le départ vers leurs excursions, 2. La zone de transport, qui reçoit la file de véhicules de transport destinée aux transports des tours, puis les transporteurs accrédités21pour les tours libres, dans un second temps. 3. L’espace de premier shopping, reçoit des deux côtés de l’avenue, les vendeurs d’artisanat (majoritairement côté mer) et les boutiques et bars côté ville La coupée du navire ouvre sur une passerelle qui offre un accès direct à cette zone entièrement réservée à l’accueil des croisiéristes. Pendant la durée de l’escale, l’accès à cette section de l’avenue est filtré par la force publique et n’y entrent que les transporteurs, les vendeurs et les personnels des agences de voyage locales. La figure 3 délimite la zone par un trait noir en gras. A la périphérie sud de la zone d’accueil des taxis non accrédités proposent également des tours, généralement à des tarifs inférieurs à ceux pratiqués par ceux de l’intérieur. Figure 3 : Structuration de la Zone d’accueil des croisiéristes à la Dominique Sud Navire Nord Contrôle Accès Passerelle Avenue 1. zone de réception des tours organisés 2. Zone de Transport 3. zone de shopping : vendeurs d'artisanat de rue 3. zone de shopping : bars, commerces, boutiques VILLE 20 Nom du premier ministre de la Dominique de 1980 à 1995. 21 Via des licences gouvernementales. 10
La zone d’accueil offre aux croisiéristes un espace sécurisé de shopping, à l’abri du harcèlement, quelques fois insistant des transporteurs ou des vendeurs de produits divers. De fait et comme l’illustre les cartes 1 et 2 cette zone d’accueil des croisiéristes constitue un cœur, autour duquel se disperse faiblement les croisiéristes lors de leurs déambulations et pour leurs achats. Le positionnement de l’île autour d’un panier réduit de produits d’éco-excursions et les modalités d’accueil des croisiéristes lors du débarquement du navire, génère une forte concentration de la diffusion spatiale de la fréquentation de croisière en Dominique. §2 – Un nombre réduit de bénéficiaires et un canal principal de diffusion Ce second paragraphe complète l’étude des bénéficiaires du tourisme de croisière. Il explore les modalités de la répartition des retombées financières de la croisière entre les trois acteurs, qui façonnent l’activité de la croisière en Dominique : les compagnies de croisière,les agences de voyages, et l’Etat. Cette approche élargit la comptabilité habituelle des retombées économiques à un opérateur majeur de la croisière : les compagnies de croisière. L’escale est une source de recettes pour les compagnies de croisière. A ce titre, ces dernières participent au modelage du produit de l’île. Dans cette perspective, l’approche systémique mentionnée en introduction recommande le dépassement de la comptabilité territoriale des retombées économiques. Une brève description des modalités de découverte des escales facilite la compréhension des liens qui unissent ces trois acteurs. L’organisation de la découverte de l’île par les croisiéristes suit un protocole peu différent d’une compagnie à l’autre et d’un port à l’autre. Il débute la veille de l’arrivée par la présentation de l’escale et de ses sites remarquables ; via les systèmes d’information d’un navire (télévision…) ou lors de présentations collectives. Il se poursuit par l’ouverture du point de vente à bord, où la compagnie propose des excursions, calibrées avec une ou plusieurs agences de voyages locales ; qui assurent leurs organisations terrestres : transport, guides, visites... Le point de vente reste ouvert jusqu’à tôt dans la matinée du lendemain, avant l’arrivée effective au port. Dans la Caraïbe, les excursions sont le mode majoritaire de découverte des escales : 57% de 93.4 % des passagers qui quittent les navires effectuent un tour organisé, et 77.5 % d’entre eux l’achète auprès des compagnies, selon la FCCA(2009). Ces proportions atteignent respectivement 92,4 %, 67,1 % et 69,5 % en Dominique. Ainsi, la découverte de l’escale de la Dominique est façonnée par : Les firmes de croisière, qui sélectionnent les excursions susceptibles de convenir à leur clientèle. A ce titre, elles complètent les prestations qu’elles assurent aux croisiéristes22 par celle d’organisateur d’excursions terrestres, dont la rémunération à est une partie du prix de l’excursion vendue (entre 15 et 25 %, le solde revenant à son 22 Transporteur, hôtellerie, restauration, bars, fournisseur de prestations de loisirs à bord (casino, spectacle…). 11
prestataire : l’agence de voyages locale,). Petit-Charles et Marques (2012) explicitent les effets de cette situation quant à la spatialisation de la fréquentation de croisière dans la Caraïbe. L’escale est une source de recettes pour les compagnies de croisière. A ce titre, ces dernières participent au modelage du produit de l’île ; Les agences de voyages locales qui sont de fait les prestataires des compagnies de croisière, pour le choix des excursions terrestres et leurs réalisations, en sous-traitant les prestations de transport et de guides ; L’Etat qui dans le cas de la Dominique possède la quasi totalité des sites d’éco- excursions, en assure l’entretien et perçoit les droits d’entrée. En 2011, l’activité de croisière en Dominique génère une recette globale de 23.3 millions de USD, dont le tableau 2 reproduit la répartition hiérarchisée entre les différents bénéficiaires. Les agences de voyages locales (Agences de voyages locales) sont les premiers bénéficiaires de cette activité, en réalisant un chiffre d’affaires global de 7.6 millions de USD, soit 32.6 % de la recette globale. La recette des commerces dominicais de souvenirs est quasiment la même que celle des compagnies de croisière. Les taxes23 et le produit des entrées dans les éco-sites procurent à l’Etat dominicais une recette de 2.9 millions de USD, soit 12.4 % de la recette totale générée. Il est le quatrième bénéficiaire directe de la croisière. Ces quatre acteurs concentrent 86.6 % de recette totale généré par l’activité de croisière en Dominique. La figure 4 superpose à la répartition financière, les liens économiques entre les acteurs. Elle illustre le nœud qui unit les compagnies et les agences locales. C’est généralement cette liaison qui construit initialement l’activité de croisière dans la destination ; les autres activités constituant des appoints. La dominique ne fait pas exception à ce schéma et le confirme. Dans cette perspective, il n’est pas étonnant que ce binôme s’octroie plus de 50 % de la recette globale ; la part des compagnies représentant près de 40 % de leur volume commun d’affaires. Tableau 2 : Répartition des retombées de financières de l’activité de croisière en Dominique en 2011(en Millions de USD). BRANCHES RECETTES % Agence de voyages locales 7,6 32,6 Local crafts& souvenirs 4,9 21,0 Compagnies de croisière 4,8 20,6 Etat 2,9 12,4 Restaurants & bars 1,3 5,6 Clothing 1 4,3 Autres branches 0,8 3,4 TOTAL 23,3 100 23 Portuaires, passagers et TVA. 12
L’activité de croisière en Dominique consacre une seule « activité caractéristique du tourisme » : les agences de voyages locales. Avec 70 % de la production de la branche, les recettes issues de l’activité de croisière sont vitales pour les agences de voyage locales. Il est plus difficile de l’affirmer pour la branche Restauration où le poids des retombées de la croisière atteint 11 % de la production de la branche. A l’aune de son poids budgétaire, l’activité de croisière apparaît subsidiaire pour l’Etat dominicais : les recettes qu’elle perçoit représentent 2.2 % de ses recettes totales et 18 % du solde courant de ses comptes. Figure 4 : Répartition de la recette touristique de l’activité de croisière en 2011, en Dominique. COMPAGNIES DE MARGE SUR EXCURSION CROISIERE 4,8 Millions USD CROISIERISTES DEPENSES : 15.7 Millions USD AUTRES BIENS ET SERVICES TOURS OPERATORS LOCAUX : RECETTE PUBLIQUES : 8,1 Millions USD 7,6 Millions USD 2,9 Millions USD Taxe passager – Taxes de port – TVA – Prix d’entrée sur les sites d’excursions Le tableau 2 et la figure 4 révèlent une partie de la concentration de la recette de l’activité de croisière : celle qui ressort de la distribution sectorielle. Ainsi les 3 premiers acteurs privés : concentrent 74.2 % du chiffre d’affaires global de la croisière en Dominique. L’autre facette de la concentration des retombées de la croisière est liée au degré de concentration intra- sectoriel, au sens de l’économie industrielle. Dans cette perspective les structures de marchés qui articulent l’activité de croisière en Dominique apparaissent particulièrement concentrées. Dans la branche des agents de voyage, une firme réalise 85 % des tours organisés et corrélativement une part voisine de la recette de la branche. La concentration spatiale révélée par les cartes 2 et 3 va généralement de pair avec un nombre réduit de firmes. L’observation de terrain dénombre au plus 7 firmes de restauration (cafés…) et 4 de duty free dans le périmètre de dispersion repéré par les cartes 2 et 3. La soixantaine de « vendeurs de rue »24 d’objets artisanaux et de souvenirs sur l’avenue Eugénia Charles et au tourist market confère à cette branche un caractère a priori moins concentré. Elle demeure un marché où les boutiques de duty free apparaissent comme les leaders. En excluant les vendeurs de rue, une vingtaine de firmes se répartissent les dépenses des croisiéristes, dans le rectangle de dispersion identifié par les cartes 2 et 3. La concentration prend également une forme moins 24 Il s’agit d’échoppes tenues en totalité par des femmes, qui proposent des objets artisanaux produits localement et importées (bimbeloterie à l’effigie de la Dominique fabriqués à l’extérieure). 13
visible, qu’il a été difficile de quantifier mais qui néanmoins, semble réelle : les liens intersectoriels de partenariats, de participations croisées, de partition des marchés, de propriété des bâtiments entre les firmes du périmètre de dispersion. C’est le sens des pointillés entre les deux blocs d’agents de la figure 4. L’analyse de l’activité de croisière en Dominique au travers des recettes qu’elle engendre identifie trois bénéficiaires principaux : les agences de voyages locales, les boutiques de duty Free et les compagnies de croisières, qui concentrent près de 70 % des recettes générées. Les premières constituent le canal principal de diffusion de la recette touristique de croisière dans l’île, eu égard au mode principal de sa découverte par excursion organisée. Les structures de marché des différentes branches récipiendaires de la recette de l’activité de croisière sont très concentrées. Il en résulte une diffusion fortement concentrée des retombées de l’activité de croisière en Dominique. Cette concentration limite par ailleurs les effets multiplicateurs, compte tenu du taux de Valeur Ajoutée élevé des agences de voyages : 71 % de la production (soit un taux de consommation intermédiaires de moins de 30 % de la production). 3. Quelques remarques conclusives En Dominique, l’influence statique et dynamique de l’activité de croisière sur le secteur du tourisme est avérée. En revanche au plan macroéconomique, l’hypothèse d’effets multiplicateurs de court terme doit être rejetée au profit d’une incidence potentielle sur la trajectoire de croissance de long terme, via la capacité d’emprunt international qu’il procure à l’île. L’impact spatial du tourisme de croisière en Dominique est faible et circonscrit les retombées financières de l’activité à un périmètre de diffusion limité à une fraction de Roseau. Cette concentration géographique se double d’une concentration sectorielle et intra sectorielle, qui réduit le nombre de firmes bénéficiaires de l’activité de croisière. La concentration ou alternativement la faible dispersion est la règle de l’activité de croisière en Dominique, où s’établit un parallèle entre faiblesse des bénéfices et concentration des bénéficiaires. A l’aune de l’approche adoptée par l’article, l’expérience de la Dominique interroge les liens entre concentration des bénéficiaires et développement de la croisière ; mais également sur sa fragilité, compte tenu de forte baisse des deux dernières années. En 2012, le flux de croisière baisse de nouveau de 22.1 % comparativement à 2011. 14
3. Annexes Annexe 1 : Outils et méthodes d’investigation Les résultats de la section 2 s’appuient sur les méthodes ci-dessous. 1. Interviews : Entretiens semi-directifs, abordant l’état général du tourisme, et les caractères et difficultés de l’activité avec : o Les Responsable de l’administration en charge du tourisme de la Dominique, o Des entrepreneurs de taxis. 2. Enquêtes : Interviews semi directives avec 4 agences de voyages locales (Tour Operator local qui organisent les excursions pour les croisiéristes). Les interviews d’une heure reposant sur un questionnaire d’enquête structuré par les thèmes suivants : o Etat de l’activité, perspectives et cause de la situation actuelle, o Perception de l’importance de la croisière pour l’économie, o Répartition des croisiéristes selon les sites visités, o Excursions proposées et positionnement, o Part relative de marchés entre les agences, o Formation du prix des excursions. Les interviews et enquêtes ont été menées par les deux chercheurs lors d’un voyage d’études d’une semaine en Dominique. 3. Collecte de données statistiques et économiques auprès des agences gouvernementales Annexe 2 : Méthodologie d’estimation et d’évaluation 1. Diffusion spatiale de la croisière : cartographie des Flux et Recettes. a. Cartographie du flux de croisiéristes en Dominique (carte 1) : La cartographie des flux de croisiéristes entre les sites a été effectuée sur la base des statistiques d’entrées sur les sites gouvernementaux, complétées par les discussions en interviews. b. Cartographie du flux de croisiéristes dans la capitale : Roseau(carte 2) : La cartographie de la diffusion des flux de croisiéristes est obtenue sur la base du tableau 62 du rapport 2009 sur la contribution du tourisme de croisière à l’économie des destinations, commandité par la FCCA(2009). Ce tableau fournit une distribution des visites des croisiéristes dans les différents points d’achat. La cartographie est obtenue en suivant les 3 étapes ci-dessous : 15
1. Repérage et placement des points de vente sur la carte, 2. Transformation de la distribution des visites en une répartition de visiteurs à 100 % selon les points de ventes, après exclusion des excursions, 3. Traduction cartographique des proportions de flux selon l’emplacement des points de vente25. Le tableau ci-dessous synthétise les deux dernières étapes. Tableau 1 : Répartition de la fréquentation selon le type de biens achetés % de visites26 Répartition % Shore Excursions 67 Local Crafts& Souvenirs 58 36 F&B at Restaurants & Bars 30 18 Clothing 26 16 OtherPurchases 17 10 Taxis/Ground Transportation 13 8 RetailPurchases of Liquor 8 5 Watches&Jewelry 6 4 Perfumes&Cosmetics 3 2 Telephone& Internet 2 1 Electronics 0 0 Entertainment/Night Clubs 0 0 c. Cartographie des recettes touristiques dans la capitale : Roseau (carte 3). Elle résulte des 3 étapes ci-dessous : 1. Placement des points de vente sur la carte, 2. Répartition des dépenses de croisiéristes par point de vente, obtenue par le produit du flux global de croisiéristes ayant quitté le navire, des proportions de visites par point de vente et des dépenses moyennes dans ces points de ventes. Les deux derniers éléments du produit sont issus du tableau 62 du rapport commandité par la FCCA(2009), 3. Traduction cartographique des proportions de recettes selon l’emplacement des points de vente27. 25 Le flux de croisiériste est égalitairement réparti entre les localisations, quand des points de vente du même type sont situés en des lieux différents ; sous l’hypothèse de leur équiprobabilité d’attraction. 26 La somme des % est supérieure à 100 puisqu'un croisiériste peut visiter plusieurs points de vente. 16
Le tableau ci-dessous synthétise les deux dernières étapes. Tableau 2 : Répartition par poste de la dépense des croisiéristes % Local Crafts& Souvenirs 61,0 F&B at Restaurants & Bars 16,3 Clothing 12,3 OtherPurchases 5,2 Taxis/Ground Transportation 3,1 RetailPurchases of Liquor 1,2 Watches&Jewelry 0,7 Perfumes&Cosmetics 0,2 Telephone& Internet 0,1 2. Répartition de la recette : bénéficiaires 3 étapes ont structuré l’évaluation et la répartition de la recette globale. a. Recette sectorielle. La recette des différentes branches est estimée en à partir tableau 62 du rapport de la FCCA(2009) ; en multipliant la dépense moyenne des croisiéristes par le nombre d’acheteur. b. Recette des compagnies de croisière est estimée en deux étapes : 1. Evaluation de la recette globale des tours organisés par le produit de la recette des agences de voyages (de l’étape précédente) par l’inverse du rapport entre le prix moyen des tours organisés et la recette individuelle des agences de voyages. 2. Recette des compagnies de croisière = Evaluation de la recette globale des tours - recette des agences de voyages. Cette méthode d’évaluation est recoupée par des données issus de Petit-Charles et Marques (2012). c. Recettes de l’Etat 1. Taxes portuaires : Produits des tarifs des taxes par les flux des croisiéristes et le nombre d’escales. Cette méthode d’estimation est recoupée par les données par le FFCA(2009) 27 La recette est égalitairement répartie entre les localisations, quand des points de vente du même type sont situés en des lieux différents ; sous l’hypothèse de leur équiprobabilité d’attraction. 17
2. Entrés des éco-sites : produit d’un prix moyen d’entrée de 5 EC$ par le nombre estimés d’entrées dans les éco-sites via les données de FFCA (2009). 18
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