LES CONDITIONS D'ACCUEIL DE LA CROISIÈRE DANS L'OCÉAN INDIEN - AIVP
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OBSERVATOIRE VILLES PORTS OCÉAN INDIEN ÉTUDE N° 1 LES CONDITIONS D'ACCUEIL DE LA CROISIÈRE DANS L'OCÉAN INDIEN ÉTUDE COMPARÉE DES SITUATIONS À DURBAN (AFRIQUE DU SUD), À PORT-LOUIS (MAURICE), AU PORT (LA RÉUNION) ET À TOAMASINA (MADAGASCAR) Préparé par : Julie COURIAUT Chargée d'études prospectives Observatoire Villes Ports Océan Indien j.couriaut@io-aivp.org Version préalable à l'atelier Février 2011
SOMMAIRE SOMMAIRE...........................................................................................................................................................2 NOTE DE PRESENTATION ET AVERTISSEMENT..................................................................................3 REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................4 RESUME................................................................................................................................................................5 ABSTRACT ...........................................................................................................................................................5 INTRODUCTION.................................................................................................................................................6 1ère PARTIE : ÉTAT DES LIEUX DU SECTEUR DE LA CROISIERE .................................................7 1.1.Évolutions récentes du secteur........................................................................................................7 1.2.Secteur de la croisière dans le sud-ouest de l'océan Indien..............................................22 1.3.Monographies des aménagements et équipements d'accueil des croisières dans les ports de l'océan Indien ...........................................................................................................................31 CONCLUSION DE LA 1ère PARTIE .........................................................................................................45 2ème PARTIE : L’ACCUEIL DES NAVIRES DE CROISIERES DANS LES VILLES PORTUAIRES ................................................................................................................................................................................46 2.1.Qualité de l’offre d’accueil et nature de l’hinterland touristique des escales............46 2.2.Préoccupations, contraintes et stratégies des acteurs du secteur de la croisière dans l’océan Indien...................................................................................................................................63 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS...............................................................................................72 ANNEXES ..........................................................................................................................................................76 1.Liste des acronymes..............................................................................................................................76 2.Personnes rencontrées .......................................................................................................................77 3.Capacités des compagnies de croisières.......................................................................................79 4.Circuits de croisières dans l’océan Indien, saison 2010/2011............................................80 5.Tarifs des excursions de Regents Seven Seas Cruises à Port-Louis et à Port Réunion ...........................................................................................................................................................................84 6.Programme de la conférence du Seatrade African Forum – 11 mai 2011.......................85 TABLE DES MATIERES..................................................................................................................................86 TABLE DES DOCUMENTS............................................................................................................................90 Version préalable à l'atelier Février 2011
NOTE DE PRESENTATION ET AVERTISSEMENT L'Observatoire Ville Port Océan Indien est une association de droit français créée en octobre 2009 sous l'égide de l'Association Internationale Villes et Ports (AIVP), réseau de plus de 200 adhérents de villes portuaires et d'autorités portuaires du monde. L'Observatoire a pour objectif principal de permettre la consolidation à l'échelle régionale d'une stratégie locale des projets de développement des villes portuaires et des ports. Il fédère des ports, des villes portuaires et des entreprises de la région du sud-ouest de l'océan Indien dans le but de la structuration de leurs échanges et d'un partage élargi des connaissances. Ce travail a été réalisé par l'Observatoire Ville Port Océan Indien entre les mois de septembre 2010 à janvier 2011. La méthodologie employée pour la réalisation de cette étude s'est appuyée sur deux sources principales d'informations. Ont ainsi été simultanément réalisées, une recherche documentaire approfondie, particulièrement concernant l'analyse du marché de la croisière au niveau mondial et la réalisation d'une vingtaine d'entretiens semi-directifs avec des professionnels publics ou privés, travaillant dans le secteur ou sur la thématique du tourisme et plus spécifiquement de la croisière. Les informations concernant la croisière dans l'océan Indien peuvent ainsi apparaître parcellaires car elles ont presque exclusivement été recueillies dans le cadre de ces entretiens. Le champ géographique de l'étude a été limité à l'étude de la situation de l'accueil de la croisière dans les quatre villes portuaires fondatrices de l'Observatoire Villes Ports Océan Indien, la ville de Durban (Afrique du Sud), la ville du Port (Réunion/France), la ville de Port-Louis (Maurice) et la ville de Toamasina (Madagascar), en raison des contraintes de temps. Présentant néanmoins des caractéristiques socio-économiques et politiques très différentes, ce groupe de villes a néanmoins permis de constituer un panel assez représentatif de la situation de l'accueil des croisières dans le sud-ouest de l'océan Indien. Version préalable à l'atelier Février 2011
REMERCIEMENTS Ce travail n'aurait pas pu être possible sans la disponibilité de l'ensemble des acteurs publics et privés rencontrés à Durban, à Port-Louis, au Port et à Toamasina. Nous tenons particulièrement à remercier, pour leur soutien et pour leur aide précieuse dans la préparation et la réalisation des déplacements sur le terrain, la Municipalité d'eThekwini, la Commune Urbaine de Toamasina (CUT) et l'Autorité portuaire mauricienne, Mauritius Port Authority (MPA). Nous remercions également pour leur investissement et pour leurs relectures attentives de l'étude les membres du comité scientifique de l'Observatoire Villes Ports Océan Indien, composé de Wilfrid Bertile, Philippe Legal, Annick Miquel et Alain Moreau. Version préalable à l'atelier Février 2011
RESUME Le marché mondial de la croisière a évolué vers des transformations structurelles de son activité, avec l'escalade du gigantisme pour ses paquebots, corrélée à l'arrivée d'un nouveau type de clientèle. La croissance du secteur a aussi été possible par la transformation du marché, qui a désormais cessé d’être presque exclusivement américain. Il se développe à un rythme soutenu en Europe, ainsi que dans d’autres régions du monde. Dans ce contexte, l'activité de croisière dans le sud-ouest de l’océan Indien reste encore assez largement dominée par le segment traditionnel des croisières de luxe, avec des navires de tailles modestes. L'arrivée des leaders européens de la croisière dans la région commence néanmoins à faire évoluer cet état de fait. Plusieurs contraintes pèsent toutefois sur ce bassin de navigation pour lui permettre un développement important de l'activité de croisières. Des limites d'ordre géographique, économique et géostratégique entravent une évolution massive du secteur sur ce territoire. La réalité de la naissance d’une demande locale dans certains pays de la région permet cependant de croire à une évolution positive du secteur dans les années à venir. Les équipements destinés à l’accueil de la croisière dans les ports de Durban, de Port-Louis, de Port-Réunion et de Toamasina sont adaptés au marché actuel et les projets en cours s’inscrivent dans une perspective de croissance du secteur à moyen terme. Les disparités des conditions d'accueil des croisières dans chacune des villes portuaires se situent dans l'accueil réservé aux croisiéristes ne choisissant pas une des sorties proposées par la compagnie de croisière. L'implication des collectivités locales, et plus largement des acteurs publics locaux, apparaît de fait concomitante à l'existence d'une réflexion locale quant à ce secteur touristique. ABSTRACT The world cruise market has been structurally evolved with the escalation of gigantic cruise ship liners and the coming of a new type of customers. The growth in this market has made possible by the market transformation. Indeed this market is from now on, not anymore an exclusive American one. It has been developing in Europe at a sustained place, and in other parts of the world as well. In this context, the cruise activity in the Western Indian Ocean remains quite highly led by the traditional segment of luxury cruise, with smaller-sized cruise ships. The coming of the European cruise market leaders is getting changed this established fact. But, several restrictions have weighed heavy in this navigation basin, disabling the place for developing an important cruise activity. Geographic, economic and geostrategic limits hinder a massive market evolution in this area. However, the arrival of a local demand in some countries of the region, enables to trust in an increasing development of the market within the next few years. The facilities dedicated to cruise activity in the harbours of Durban, Port-Louis, Port-Reunion and Toamasina are appropriate to the current market. Projects in progress are a part of a medium- term growth prospect in the market. Every port city plays different in the cruise ship passengers welcoming, for those who decide not to go on a cruise company trip. The involvement of the local authorities and extensively of the public local stakeholders, occurs as concomitant to the local consideration about this tourism market. Version préalable à l'atelier Février 2011
INTRODUCTION Le secteur de la croisière connait, depuis environ une dizaine d'années, une croissance sans précédent. Ce marché de niche traditionnellement réservé à une certaine élite, généralement de nationalité américaine, commence à être réellement reconnu comme une formule de vacances accessible et populaire. Le marché de la croisière est en effet dans une dynamique de développement exceptionnel, avec une croissance ininterrompue du nombre de passagers conjuguée à une augmentation de ses capacités d'accueil sans précédent. Pour les villes portuaires, cette tendance a conduit à l'installation de la croisière de manière de plus en plus durable dans le paysage urbain. Par sa nature maritime et son nécessaire besoin d'accueil touristique, l'activité de croisière constitue une interface particulière pour la ville et pour son port. L'arrivée d'un paquebot de croisière est un évènement nécessitant un accueil spécifique, pour le port comme pour la ville portuaire. Elle induit, ainsi, la création d'une stratégie distincte pour ce type de tourisme, impliquant presque nécessairement une collaboration entre autorités portuaires et autorités locales. La mise en place d’une escale repose en conséquence sur la complémentarité entre les actions des ports, des villes, des armateurs et des professionnels du tourisme. Malgré l'impact de la crise économique sur le secteur, en particulier concernant le ralentissement de la construction de nouveaux navires, l'industrie de la croisière reste un secteur dynamique à la recherche de nouvelles possibilités d'expansion, notamment, grâce au développement de nouvelles destinations, au-delà des zones de navigation historiques de la croisière comme les Caraïbes et la Méditerranée. Dans ce contexte, la région du sud-ouest de l'océan Indien se positionne comme une destination disposant d'un potentiel de développement pour ce secteur. A la demande de ses membres fondateurs, l'Observatoire Villes Ports Océan Indien a décidé, par son comité technique international réunit le 26 novembre 2009, d'étudier les conditions d'accueil de la croisière dans l'océan Indien. Il s'agit de comprendre la place de la région en tant que destination de croisières sur la marché mondial mais aussi les possibilités pour les villes portuaires d'appropriation de cette activité et d'identification de possibles retombées économiques, urbanistiques et sociales, pour la ville portuaire. Cette première étude réalisée par l'Observatoire Villes Ports Océan Indien concentre ainsi des objectifs très ambitieux. Compte tenu du délai imparti de réalisation, l'étude ayant été lancée en septembre 2010, le comité scientifique des études a choisi, pour la première année de mise en œuvre opérationnelle de l'Observatoire, de concentrer les recherches sur les quatre villes fondatrices de la structure c'est à dire, Durban (Afrique du Sud), Le Port (La Réunion), Port-Louis (Maurice) et Toamasina (Madagascar). Ce champ géographique ne demande qu'a être élargi aux autres ports et villes portuaires de la région du sud-ouest de l'océan Indien. Ainsi l'étude se compose d'une première partie de présentation contextuelle. Après un état des lieux général du secteur au niveau mondial, puis du positionnement de l'océan Indien dans ce cadre, le dernier volet de cette première partie présente une analyse des conditions techniques d'accueil dans les ports de l'étude. La seconde partie a une visée plus qualitative. Elle se focalise sur les conditions de l'accueil dans les villes portuaires et sur les stratégies développées par les acteurs locaux en direction de ce secteur particulier. Version préalable à l'atelier Février 2011
1ère PARTIE : ÉTAT DES LIEUX DU SECTEUR DE LA CROISIERE Cette première partie de l'étude a pour objectif de dresser un bilan contextuel de la croisière pour les villes portuaires de l'étude, en termes de délimitation du marché au niveau mondial et régional et en terme d'équipements existants. Afin de parvenir à analyser les implications du développement de la croisière pour les villes portuaires du sud-ouest de l'océan Indien et de l'ajustement des conditions d'accueil de navires de croisières qu'elles mettent en œuvre, il convient de dresser, dans un premier temps, un état des lieux de l'industrie à l'échelle mondiale. La place de la destination de croisières « océan Indien » et le développement régional de cette activité peuvent ensuite être étudiés à la lumière de ce contexte mondial. Enfin, pour nous permettre de présenter et de comparer les différentes réalisations et initiatives mises en place pour l'accueil des croisières dans les villes portuaires de l'étude, il sera utile de présenter, de manière aussi complète que possible, les aménagements disponibles dans chacun des ports de l'étude permettant l'accueil des paquebots. 1.1. ÉVOLUTIONS RÉCENTES DU SECTEUR Cette première section vise à analyser la tendance globale de l'industrie de la croisière au niveau mondial. Tout d'abord, il s'agit de déterminer les grandes lignes d'évolution du secteur, en termes de croissance de la demande, de capacités et de profit. Ensuite, une présentation des principaux opérateurs permettra d'introduire les évolutions qualitatives de la demande et de l'offre de l'industrie de la croisière. Les informations contenues dans cet état des lieux du secteur de la croisière au niveau mondial sont principalement issues des données disponibles auprès des associations de compagnies de croisières, telles que la Cruise Lines International Association (CLIA), regroupement de compagnies de croisières le plus important au monde et réunissant principalement des compagnies de croisières nord-américaines et le Conseil Européen de la Croisière (European Cruise Council), qui se concentre sur l’étude du marché de la croisière en Europe. 1.1.1. Le marché mondial de la croisière : un secteur en pleine expansion. De la croissance des capacités aux retombées économiques Depuis environ deux décennies, l’industrie de la croisière connait une véritable transformation, notamment en s’adressant à une clientèle diversifiée1 qui lui a permis d'élargir le champ de son marché-cible et donc de sa demande potentielle. Afin de répondre à cette croissance, les capacités mondiales de la croisière se sont rapidement accrues, avec un nombre de navires naviguant dans l’ensemble des mers du globe en permanente progression, atteignant 250 navires fin 2010, dont 125 pour le marché européen. A l’horizon 2012, 13 nouveaux paquebots vont sortir des chantiers navals et être mis en exploitation, 1Cf. 1.1.3.1. La naissance d'une demande de la part d'un nouveau type de clientèle : la modification du profil des passagers Version préalable à l'atelier Février 2011
augurant de la poursuite du développement du secteur. L’importance prise par les « nouvelles » destinations telles que l’Europe du Nord, l’Asie ou l’Australie indique également les possibilités de développement qui s’ouvrent à l’industrie de la croisière. Après une présentation de la croissance du secteur ces dernières années, nous décrirons les principaux acteurs du marché de la croisière et leurs stratégies, puis nous nous arrêterons sur les principales causes du bouleversement du marché. 1.1.1.1. Une croissance du secteur de la croisière sans précédent : vers la fin d'un marché presque exclusivement américain a) la croissance du secteur au niveau mondial Depuis environ une dizaine d'années, l'industrie de la croisière se développe de manière extrêmement rapide, devenant un produit touristique particulièrement apprécié, voire populaire. Le secteur a ainsi connu une transformation réelle de sa demande. Les passagers traditionnels étaient connus pour être des retraités avec un niveau de vie élevé et recherchant des vacances de luxe et reposantes. L’industrie a vu apparaître de nouvelles catégories de croisiéristes, des jeunes couples ou des familles, avec bien souvent des moyens financiers plus modestes. Afin d'accompagner et de stimuler cette tendance, les compagnies de croisière ont su s’adapter en proposant de nouvelles lignes, de nouveaux équipements mais aussi de nouvelles stratégies commerciales. L'industrie de la croisière est le secteur touristique qui connait la plus forte croissance dans le marché du loisir et ce, malgré la crise économique touchant l'ensemble du secteur depuis 2008. Depuis 1999, le nombre de passagers embarqués sur une croisière augmente en moyenne de 10 % par an au niveau mondial. En 2009, le nombre de personnes ayant participé à une croisière a ainsi atteint le chiffre record de 17,5 millions de passagers. Document 1 : Répartition du marché international de la croisière Région 1999 2004 2005 2006 2007 2008 2009 En millions de passagers A.du Nd. 5,86 9,14 9,96 10,38 10,45 10,29 10,4 Europe 1,88 2,8 3,15 3,44 4,05 4,46 5 Sub-total 7,74 11,94 13,11 13,82 14,5 14,75 15,4 RDM 0,85 1,13 1,21 1,29 1,37 1,45 2,1 TOTAL 8,59 13,07 14,32 15,11 15,87 16,2 17,5 % A. du Nd. 68,2 69,9 69,6 68,7 65,8 63,5 59,4 * RDM : reste du monde Source : G. P. Wild (International) Ltd. issu de PSA, CLIA et ECC A l'approche de la fin de l'année 2010, il était estimé que le nombre de passagers atteindrait 18,4 millions pour l'ensemble du marché mondial. Ainsi en dix ans, ce marché a plus de doublé et les projections évaluent que le nombre de passagers de croisière atteindra le chiffre de 21,3 millions d'ici 20132. Comparativement, sur la même période, le nombre de touristes internationaux s'est accru de seulement un tiers, atteignant un nombre de touristes estimé à 880 millions de personnes en 2009 et 2 Source : Cruise Market Watch Version préalable à l'atelier Février 2011
enregistrant même un recul de 4 % en 2008. Pour les huit premiers mois de 2010, le secteur a néanmoins connu un rebond avec une augmentation de 7 %. Le succès de l'industrie de la croisière malgré les difficultés auxquelles elle a été confrontée, avec l’impact de l’épidémie mondiale du virus de la grippe H1N1, l'augmentation des prix du pétrole et la récession économique de 2009, s'explique par sa capacité d'adaptation et de réactivité. Nous étudierons dans le paragraphe 1.1.3. « La transformation de l'offre et de la demande du secteur de la croisière : l'explication du succès », les évolutions dont ont su faire preuve les compagnies de croisière afin de réaliser cette expansion et lui permettant de maintenir ce rythme soutenu de développement. b) Évolution de la répartition géographique de la demande du secteur de la croisière En 2009, le marché nord-américain, correspondant à l'ensemble des passagers nord- américains et canadiens, représente à lui seul près de 10,4 millions de passagers, soit quasiment 60 % de l'ensemble des passagers dans le monde entier. Il continue donc à dominer le marché mondial. Toutefois, on note que la part des passagers nord-américains a diminué de presque 10 points en dix ans, en tenant compte d’une certaine stagnation du nombre de passagers nord-américains ces cinq dernières années. Ainsi la tendance à la domination du marché de la croisière par le marché nord-américain commence à évoluer. Même si la majorité des passagers de croisière reste encore de nationalité américaine, la proportion de passagers issus d'autres pays tend à augmenter graduellement. Document 2 : Évolution du marché de la croisière par origine des passagers 12 10 8 A.du Nd. 6 Europe 4 RDM 2 0 1999 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Source : G. P. Wild (International) Ltd. issu de PSA, CLIA et ECC Le marché européen connait un véritable réveil, atteignant 5 millions de passagers en 2009, contre moins de 2 millions en 1999. Il enregistre même un bond remarquable de 12 % par rapport à l'année précédente, malgré le contexte économique pourtant peu propice. Lors de ces cinq dernières années, le marché européen a augmenté de près de 60 %, représentant désormais quasiment un tiers du marché mondial de la croisière - contre 22 % en 2005. A eux deux, les marchés nord-américain et européen représentent la quasi-totalité du marché mondial, soit aux alentours de 90 % de la demande. A noter cependant que le nombre de passagers d’origine hors Europe et Amérique du nord a multiplié par 2,5 en 10 ans. Version préalable à l'atelier Février 2011
Malgré cette tendance à l'élargissement du panel des nationalités des passagers de croisière, le cœur de cible du marché reste traditionnellement centré sur une population d'origine anglo- saxonne. Au niveau mondial, les passagers anglo-saxons représentent presque 70 % du marché en 2009. Au niveau du marché européen, les touristes de nationalité britannique sont également les passagers les plus nombreux. Document 3 : Origine des passagers de croisières en 2009 12% 4% Etats -Unis Es pagne 2% Canada France 3% Royaume-Uni Autres pays d'Europe 5% Allemagne Res te du Monde 6% 55% Italie 9% 4% Source : European Cruise Council En 2009, les passagers de croisière d’origine européenne sont principalement issus des cinq pays suivants3 à savoir : − le Royaume-Uni : 1,5 million de passagers, − l'Allemagne : 1 million de passagers, − l'Italie : 800 000 passagers, − l'Espagne : 587 000 passagers, − la France : 347 000 passagers. Document 4 : Répartition des passagers de croisières d’origine européen en 2009 8% 14% 35% Royaume-Uni Allemagne Italie Espagne France 19% 24% Source : European Cruise Council 3 Source : European Cruise Council (Conseil Européen de la Croisière) Version préalable à l'atelier Février 2011
1.1.1.2. Une diversification des destinations réelle mais encore limitée a) Les deux bassins de navigation traditionnels : les Caraïbes et la Méditerranée Les destinations traditionnelles, essentiellement les Caraïbes et la Méditerranée, restent encore très largement privilégiées par les compagnies de croisières comme principaux bassins de navigation. En ce qui concerne le marché européen, la Méditerranée 4 reste la destination la plus plébiscitée par les passagers, avec 2,8 millions de passagers représentant 57 % du marché du continent européen. L'Europe du Nord attire néanmoins de plus en plus de croisiéristes (Baltique, fjords norvégiens et Cap Nord, Groënland) ouvrant de ce fait de nouvelles destinations. Seul un quart des voyages des croisiéristes européens se situe en dehors d'Europe, leur destination favorite restant les Caraïbes. Le marché européen est encore en pleine construction, beaucoup de ses passagers sont des « primo-croisiéristes » se tournant facilement vers les destinations classiques. Les passagers nord-américains suivent une tendance logiquement inversée géographiquement avec comme première destination les Caraïbes et en seconde la Méditerranée. Ces deux destinations continuent à se développer de manière régulière sur le marché nord- américain. En dix ans, le nombre de journées de croisière passées par les passagers nord-américains dans la zone Caraïbes a ainsi augmenté de près de 70 %, s'établissant à plus de 36 millions de jours de croisières en 2010. Pendant la même période, le nombre de jours en Méditerranée a été multiplié quasiment par trois, passant de 6,2 millions de jours de croisières en 2000 à 18,5 millions en 2010, hébergeant 18 % des journées de croisières des passagers nord-américains. Document 5 : Évolution 2000-2010 des destinations Caraïbes et Méditerranée pour les passagers nord-américains, en milliers de jours de croisières 40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 Caraïbes 15 000 Méditerranée 10 000 5 000 0 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Source : Cruise Lines International Association (CLIA) Ainsi, le tourisme de croisière de masse s'appuie sur une double logique, géographique et économique. En effet, les destinations principales de croisières, le bassin de la Méditerranée et le bassin méso-américain, ont en commun la proximité relative entre un bassin émetteur de nombreux croisiéristes réels et potentiels, au pouvoir d'achat élevé, et un bassin de réalisation des croisières configuré en un espace maritime semi-fermé, offrant des milliers de kilomètres de linéaire côtier et des avantages comparatifs élevés en termes climatiques et patrimoniaux. 4 Ces chiffres incluent également les îles de l'Atlantique : Canaries, Açores, Madère Version préalable à l'atelier Février 2011
b) Le développement de nouvelles destinations Depuis quelques années, de nouvelles destinations de croisières apparaissent toutefois, notamment pour la clientèle nord-américaine (originaires des États-Unis et du Canada), qui est la plus « ancienne ». En effet, le secteur de la croisière nord-américain fait face, d'une part, à une certaine saturation du bassin caribéen et, d'autre part, à la demande de destinations nouvelles de la part de passagers familiers des croisières. Des destinations telles que l'Asie du sud-est, l'Amérique du Sud et l'Asie méridionale et orientale se développent ainsi graduellement. Document 6 : Évolution 2000-2010 des nouvelles destinations de croisières pour les passagers nord- américains, en milliers de jours de croisières 4 000 3 500 3 000 Pacifique Sud Asie du Sud est 2 500 Afrique Asie méridionale 2 000 Amérique du Sud Océan indien 1 500 Antarctique 1 000 500 0 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Source : Cruise Lines International Association (CLIA) En dix ans, l’Asie du Sud-Est a connu un développement spectaculaire sur le marché des croisiéristes nord-américain en multipliant ses résultats par plus de 5, c’est-à-dire en passant de 245 000 journées de croisières en 2000 à 1,145 millions en 2010. L'Asie méridionale et orientale se situe dans une dynamique très similaire avec, sur la même période, des résultats multipliés par 6,5, établissant le nombre de jours de croisières par les passagers nord-américains dans cette zone à 1,3 millions en 2010. Enfin, la destination Amérique du Sud, bien que connaissant une augmentation moins dynamique que les deux destinations précitées, enregistre une multiplication par près de 3, en dix ans, du nombre de jours passés par des passagers originaires du nord du continent. Elle a ainsi accueilli en 2010 des passagers pour l’équivalent de 2,3 millions de jours. On remarque une évolution particulière pour les destinations Afrique (en dehors de la Méditerranée) et océan Indien (qui comprend outre les îles de l'océan Indien, les destinations de la Mer Rouge), qui nous intéressent plus spécifiquement dans le cadre de la présente étude. En premier lieu, on peut convenir que l'on est ici en présence d'un contexte radicalement différent par rapport aux exemples précédemment cités, au vu du nombre beaucoup plus faible de croisiéristes comptabilisés. Ces destinations connaissent en outre une chute soutenue de leur fréquentation entre 2001 et 2004, se maintenant ensuite à un niveau relativement bas entre 2004 et 2008. Version préalable à l'atelier Février 2011
La destination Afrique se redresse en 2010 à 160 000 journées de croisières, contre 42 000 en moyenne pendant la période de 2004 à 2008. Toutes proportions gardées, on assiste à un réel développement de la destination océan Indien, qui atteint le chiffre de 380 000 jours de croisières passés par des passagers nord-américains en 2010, soit une multiplication par plus de 5 depuis 2007. Toutefois, bien que ce redressement se soit opéré, l’océan Indien représente uniquement 0,37 % des destinations de croisières de ces passagers. 1.1.1.3. Une croissance rapide du chiffre d'affaires des compagnies de croisières corrélée à l’augmentation des retombées économiques a) La répartition géographique du chiffre d’affaires de l’industrie de la croisière Pour l'année 2010, le chiffre d’affaires total de l’industrie mondiale de la croisière est estimé à 26,78 milliards de dollars, ce qui correspond à une augmentation de 7,4 % par rapport à 2009. Le marché nord-américain en 2010, représentera à lui seul un chiffre d'affaires de près de 15,95 milliards de dollars5, soit 60 % des résultats financiers du secteur en 2010. Le chiffre d'affaires des compagnies de croisières réalisé hors Amérique du Nord devrait atteindre de son côté 10,83 milliards de dollars en 2010, réparti comme suit : − Europe : 7,2 milliards de dollars − Asie : 2,4 milliards de dollars − Amérique du Sud : 600 millions de dollars − Australie : 500 millions de dollars − Moyen-Orient et Afrique : 130 millions de dollars Document 7 : Répartition du chiffre d’affaires du secteur de la croisière par destination géographique en 2010 (en milliers de dollars) 600 500 130 2400 2,2% 1,9% 0,5% 9,0% Amérique du Nord Europe Asie Amérique du Sud 7200 Australie 26,9% 15950 Moyen-Orient et 59,6% Afrique Source : Cruise Market Watch 5 Source : Cruise Market Watch Version préalable à l'atelier Février 2011
Si l’on met à part le marché « Amérique du Nord », marché historique de la croisière, on note que le marché « Moyen-Orient et Afrique » qui comprend les résultats du marché océan Indien, représente seulement 1,2 % du chiffre d'affaires de l'industrie de la croisière, hors Amérique du Nord. Au total, le marché « Moyen-Orient et Afrique » pèse moins de 0,5 % du marché mondial de la croisière en termes de résultat financier. b) Évolution des retombées économiques : le marché européen en expansion En Europe, en 2009, le secteur de la croisière a généré 14,1 milliards d’euros de retombées économiques directes, en léger déclin de 1,2 % par rapport à l'année précédente6. Ces dépenses directes sont calculées en prenant en compte les dépenses des passagers et des équipages de croisières, les coûts de construction et d’entretien des bateaux de croisières, les dépenses des compagnies de croisières pour la réalisation de leurs opérations courantes comme l’approvisionnement et les salaires des employés sous contrat régi par le droit du travail d'un pays européen des compagnies de croisières. La baisse enregistrée en 2009 s'explique par la diminution de 13 % du secteur de la construction de paquebots (dépenses évaluées à 4,6 milliards d’euros en 2009). Cette baisse des recettes concernant la construction et la modernisation des paquebots est une conséquence du ralentissement des commandes de navires après l’euphorie connue par le secteur des chantiers navals en 2007. Malgré tout, les autres retombées économiques restent en augmentation permettant de conclure à la bonne santé du marché de la croisière en Europe. Ainsi l'augmentation de 6 % des dépenses des compagnies de croisières a permis de réaliser 5,4 milliards d’euros de retombées économiques directes pour les pays européens en 2009. Les dépenses des passagers et des équipages de croisières dans les ports d’escales et d’embarquement ont quant à elles augmenté de plus de 5 % par rapport à 2008, représentant 2,9 milliards d’euros. Enfin les compagnies de croisières en Europe ont dépensé 1,2 milliards en salaires pour leurs employés en 2009, soit une augmentation de 2,6 % comparée à l’année précédente. Document 8 : Retombées économiques directes en 2009 de l'industrie de la croisière en Europe dépenses passagers et 21% équipages 38% construction paquebots salaires employés 33% dépenses compagnies 8% de croisières Source : European Cruise Council 6 Source : European Cruise Council Version préalable à l'atelier Février 2011
c) Les retombées économiques pour le marché nord-américain Les compagnies de croisières nord-américaines, leurs salariés et leurs passagers ont produit 35,1 milliards de dollars de retombées économiques directes pour l’économie des États-Unis en 20097. L’industrie de la croisière aux Etats-Unis a concerné 314 000 emplois qui ont générés un total de 14,23 milliards de dollars de salaires. Les dépenses directes des compagnies de croisières ont représenté en 2009 un total de 17,15 milliards de dollars. Les dépenses effectuées par les passagers des navires de croisières dans les ports d’escales et d’embarquement sont évaluées à 3,72 milliards de dollars, soit à peine plus de 10 % des retombées économiques totales. Les retombées économiques du secteur de la croisière dans l’économie américaine ont subi une diminution de 12,8 % par rapport à l’année précédente. Toutefois, il faut noter qu’au cours de la dernière décennie, la contribution de l’industrie de croisière à l’économie du pays ont connu une très forte augmentation, augmentant de 85 % entre 2000 et 2008. Le ralentissement de l’année 2009 est ainsi imputable aux conséquences de la crise économique mondiale. 1.1.2. Les principaux opérateurs de croisières La croisière n’est pas un produit homogène, il se compose comme nous allons le voir dans le paragraphe 1.1.3. « La transformation de l'offre et de la demande du secteur de la croisière : l'explication du succès » de plusieurs segments dont les services, les caractéristiques et le standing diffèrent. Depuis environ deux décennies, la nature du tourisme de croisière a profondément changé, passant du voyage élitiste car intimiste et raffiné à un produit touristique de masse. Ainsi, les navires de nouvelle génération, conçus comme des centres de loisir flottants, sont exploités par les plus grands groupes de croisières internationaux. Ces derniers restent incontestablement le moteur du développement de ce marché touristique spécifique. 1.1.2.1. Un leader mondial incontestable : le groupe Carnival Corporation Le leader mondial du marché de la croisière est la société Carnival Corporation. Malgré le contexte économique morose, le géant de la croisière Carnival Corp. a réussi à réaliser en 2009 un profit de plus de 1,8 milliard de dollars, se positionnant comme la compagnie de voyage la plus rentable du monde et ce, bien que ses revenus soient en baisse par rapport à 2008 quand la compagnie avait généré 2,3 milliards de dollars de recettes nettes. La compagnie Carnival a été fondée en 1972 par Ted Arison, un entrepreneur originaire de Floride, en tant que filiale d'un groupe de Boston. Au départ, elle n'exploitait qu'un navire d'occasion, le TSS Mardi Gras. En 1974, Arison rachète la compagnie en difficulté pour 1 dollar, avec près de 5 millions de dollars de dettes. La compagnie utilise alors des méthodes de marketing agressives, dont le slogan « Fun Ship »8 permis de dissimuler en partie la nature « seconde main » de sa flotte de paquebots. La compagnie prospère malgré tout jusqu'à devenir le numéro un mondial de la croisière en 1987, année où elle fut introduite en bourse. Par la suite, la compagnie Carnival va démarrer une politique de 7 Source : CLIA (2010), The Contribution of the North American Cruise Industry to the U.S Economy in 2009 8 « les Navires amusants » ou « les navires où l’on s’amuse » Version préalable à l'atelier Février 2011
développement par acquisition et intégration d'autres compagnies maritimes spécialistes de la croisière pour devenir le groupe Carnival Corporation. Le groupe possède désormais onze compagnies distinctes de croisière aux États-Unis et en Europe, incluant Carnival Cruise Lines, Princess Cruises, Cunard Lines, Costa Cruise Lines, Holland America et la compagnie de luxe Seabourn. La flotte du groupe, toutes compagnies confondues, se compose d'une centaine de paquebots représentant une capacité de 205 000 places9, soit 50 % des capacités mondiales de la croisière. Certaines de ses filiales (c'est à dire les compagnies appartenant au groupe Carnival Corp.) opèrent comme représentant du groupe Carnival corp. Par exemple Costa Croisières, dont le siège est à Gênes, est aujourd’hui le leader de la croisière en Europe. La croissance horizontale du groupe Carnival Corp. a néanmoins comme principe celui de la spécialisation fonctionnelle, à savoir que ses compagnies ne se fassent pas concurrence mutuellement. Outre les onze compagnies de croisières, le groupe se compose également d'un tour opérateur (Princess Tour), d'une chaîne d'hôtel et de trois compagnies de transport terrestre. L'actuel président du conseil d'administration, également directeur général du groupe, est Mickey Arison, fils du fondateur. Cinq des compagnies du groupe Carnival Corporation sont présentes dans la zone du sud- ouest de l’océan Indien, notamment Costa Croisières qui exploite un circuit autour des îles de cette région pendant près de quatre mois et depuis quatre saisons. 1.1.2.2. Un numéro deux encore absent de la zone Océan Indien : Royal Caribbean international Le groupe américain Royal Caribbean international (RCI - ex-Royal Caribbean Cruise Line - RCCL) se positionne comme numéro deux des compagnies de croisières, avec 42 navires exploités et en cours de construction mobilisés par cinq compagnies : Royal Caribbean international, Celebrity Cruises, Azamara, Pullmantour Cruises et CDF (Croisière de France). La société est cotée en bourse depuis 1993. L'ensemble des capacités du groupe représente à l'heure actuelle 39 navires avec plus de 84 000 lits, soit environ un quart des capacités mondiales de l’industrie de la croisière. En 2012, elles s'élèveront à 42 navires pour près de 400 destinations ; la capacité atteindra alors environ 100 000 lits10. Les zones de navigation des compagnies de RCI se situent principalement dans les Caraïbes. Des croisières sont également organisées en Europe (en Méditerranée et en Europe du nord), en Asie, en Amérique du Sud, en Australie, au Canada et en Alaska. La compagnie Royal Caribbean International détient le plus gros navire de croisière du monde, l'Oasis of the Seas, d'une capacité de 6 360 passagers (soit plus de 8000 personnes à bord en tenant compte des membres d'équipage). Ce navire, mis en service en novembre 2009, mesure 361 mètres de long sur 66 de large, dispose de 16 ponts sur 72 mètres de haut pour un coût de 900 millions d'euros. Un navire-jumeau, Allure of the Seas, a été livré le 28 octobre 2010 par les chantiers STX Finlande à la compagnie pour sa croisière inaugurale. Ce type de navire s'inscrit dans un nouveau concept, le navire étant en lui-même la destination finale de la croisière, conçu comme une véritable ville intégrée à un parc d'attraction géant. Le chiffre d'affaires de la compagnie s’établit à 5,9 milliards de dollars en 2009, contre 6,5 9 Cf. annexe 3 : Capacités des compagnies de croisières 10 Cf. annexe 3 : Capacités des compagnies de croisières Version préalable à l'atelier Février 2011
milliards en 2008, soit une baisse de 9 %. Le résultat net de Royal Caribbean International a également significativement baissé en 2009, mais le groupe reste bénéficiaire à plus de 162 millions de dollars. La situation financière de la compagnie semble toutefois se redresser en 2010. RCI a annoncé que son résultat pour le troisième trimestre 2010 se chiffrait à 356,8 millions de dollars, contre 230,4 millions pour le troisième trimestre de l'année précédente. Les deux premiers semestres 2008 avaient même été déficitaires11. 1.1.2.3. Star Cruises et MSC Cruises les outsiders et la nébuleuse des petites compagnies a) Le principal concurrent à Carnival Corporation et Royal Caribbean International L’un des principaux concurrents des deux leaders précédemment exposés est Norwegian Cruise Line (NCL) / Star Cruises, qui dispose d'une capacité de 33 534 passagers, répartis dans 17 navires voyageant en Amérique du Nord et en Europe. NCL / Star Cruises représente 8 % des capacités mondiales du secteur de la croisière. Le groupe est le troisième opérateur du marché. Sa flotte se répartit entre le marché nord-américain, avec la compagnie NCL et l’Asie, avec la compagnie Star Cruises. Initialement créée sous le nom de Norwegian Caribbean Lines en 1966 par Knut Kloster et Ted Aristan (qui quittera rapidement cette compagnie pour créer la compagnie Carnival), NCL devint pionnier dans le secteur de la croisière en proposant des croisières à des prix abordables. La compagnie se fit notamment connaître en 1979 en rachetant le France et en le réaménageant en navire de croisière, re-baptisé Norway. Le succès du Norway, nettement plus grand que les autres navires de l’époque, le classa comme le précurseur de l’avènement des bateaux de croisière géants. Norwegian Cruise Line a été rachetée en 2000 par Star Cruises, filiale du groupe malaisien Genting Group, créée en 1993 et basée à Hong-Kong. b) Le challenger européen : MSC Cruises La compagnie MSC Cruises exploite 11 bateaux de croisières pour une capacité totale de 26 000 passagers, représentant 6 % des capacités mondiales du secteur de la croisière. La compagnie est une filiale de la Medditerrean Shipping Compagny (MSC), l'un des leaders du transport maritime mondial. MSC Cruises fait figure de concurrent sérieux des grandes compagnies, particulièrement sur certains secteurs géographiques, notamment en Europe avec la Méditerranée et l’Europe du Nord où la compagnie a basé la plus grande part de ses capacités. En Afrique, la compagnie s’inscrit comme une compagnie pionnière en particulier depuis le positionnement d’un premier navire, le MSC Sinfonia, en Afrique du Sud pour la saison de l’été austral 2009/2010, puis d’un second, le MSC Melody, à partir de la saison 2010/2011, portant ainsi les capacités de la compagnie en Afrique du Sud à 3580 passagers12. c) De nombreuses petites compagnies Les nombreuses autres compagnies existantes sont beaucoup plus petites que celles 11 www.meretmarine.com 12 Cf. 1.2.1.2. Costa Croisières et MSC Cruises : compagnies pionnières dans l'océan Indien Version préalable à l'atelier Février 2011
précédemment citées. L’ensemble de ces compagnies représente moins de 15 % des capacités totales de la croisière. Des compagnies telles que Disney Cruise Lines, Crystal Cruises, Regent Seven Seas Cruises, Silversea Cruises ou Louis Cruises exploitent en grande majorité moins de 5 navires, voire même une seule unité. Leur spécialisation peut leur permettre de conserver leur indépendance, bien qu’elle ne la leur garantisse pas. Par exemple, la politique de fusion/acquisition menée par Carnival Corporation, lui permettant d’atteindre 50 % des capacités mondiales, est notamment basée sur la non- concurrence entre ses différentes compagnies et donc sur leur particularisme. 1.1.3. La transformation de l'offre et de la demande du secteur de la croisière : l'explication du succès Le rapide déclin du transport maritime de passagers et des lignes au long cours avec l’avènement du transport aérien, a permis la transformation des paquebots traditionnels en vue de leur exploitation en tant que navires de croisières. À partir des années 1970, les compagnies de croisières commencent à construire des navires prévus dès leur conception pour le tourisme et non pour le transport. Initialement réservé à une élite, dans la continuité des traversées transatlantiques du début du XXe siècle, la croisière s’est progressivement démocratisée, tout d’abord aux Etats-Unis, touchant une clientèle de plus en plus large. Le succès de la compagnie Carnival, qui absorba progressivement la plupart de ses prestigieux concurrents, trouve en effet son origine dans la création de paquebots dédiés entièrement à la croisière et au tourisme, pour un prix désormais abordable. 1.1.3.1. La naissance d'une demande de la part d'un nouveau type de clientèle : la modification du profil des passagers Classiquement, les touristes de croisières se définissent comme des personnes au niveau de vie assez élevé, voyageant fréquemment et utilisant les croisières afin de multiplier les destinations tout en restant dans un environnement privilégié. En moyenne, ils prennent également plus de vacances que le reste de la population. Ainsi, généralement, ce type de tourisme était plutôt réservé à une catégorie de la population allant d'un âge moyen au troisième âge, souvent retraité, comme l'a révélé une étude de marché dirigée en 2006 par la CLIA (Cruise Lines International Association)13 ( On assiste, toutefois, à la démocratisation de l’accès aux croisières et à une diversification de la clientèle, avec des familles, des jeunes couples (avec des prestations spéciales pour les jeunes mariés), mais aussi des célibataires14. En 2007, les passagers de croisières étaient des couples mariés à 83% et avaient majoritairement un niveau d'étude de l'enseignement supérieur (57 %). Lors de leur dernière 13 Cruises Lines International Association : association représentant 25 compagnies de croisières opérant pour la majorité des clients nord-américains. Ces membres sont AMA Waterways, American Cruise Line, Avalon Waterways, Azamara Cruise Line, Carnival Cruise Lines, Celebrity Cruises, Costa Cruise Lines, Crystal Cruises, Cunard Line, Disney Cruise Line, Holland America Line, Hurtigruten, MSC Cruises USA, Norwegian Cruise Line, Oceania Cruises, Paul Gauguin Cruises, Pearl Seas Cruises, Princess Cruises, Regent Seven Seas Cruises, Royal Caribbean International, Seabourn Cruise Line, Seadream Yacht Club, Silversea Cruises Ltd, Uniworld River Cruises, Windstar Cruise. http://www.cruising.org/ 14 Cf. 1.1.3.2. Une offre toujours plus attractive et adaptée notamment grâce à la baisse des tarifs Version préalable à l'atelier Février 2011
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