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APERÇU DES BESOINS 2018 HUMANITAIRES PERSONNES DANS LE BESOIN 4,4M DEC 2017 TCHAD Photo : OCHA/Naomi Frerotte
Ce document est élaboré au nom de l’Equipe Humanitaire Pays et de ses partenaires. Ce document présente la vision de la crise partagée par l’Equipe Humanitaire Pays, y compris les besoins humanitaires les plus pressants et le nombre estimé de personnes ayant besoin d’assistance. Il constitue une base factuelle consolidée et contribue à informer la planification stratégique conjointe de la réponse. Les appellations employées dans le rapport et la présentation des différents supports n’impliquent pas d’opinion quelconque de la part du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies concernant le statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni de la délimitation de ses frontières ou limites géographiques. www.unocha.org/chad www.humanitarianresponse.info/en/operations/chad @OCHAChad
PARTIE I: PARTIE I: RÉSUMÉ Besoins humanitaires et chiffres clés Causes profondes des crises Impact de la crise Personnes dans le besoin Sévérité des besoins 03 Perception des personnes affectées
PARTIE PERSONNES DANS LE I: BESOIN 4,4 Personnes dans le besoin par catégorie (en milliers) M Camps et sites de déplacement Communauté IDP Retournés # Camp de réfugiés hôte Réfugiés # IDP site Population EGYPTE locale Retournés # Site de retournés MAS supérieure à 2% Personnes déplacées internes Phases du cadre harmonisé, nov. 2017 (période projetée, juin-août 2018) Minimale (Phase1) LIBYE Sous pression (Phase 2) Crise (Phase 3) 8 TIBESTI ENNEDI NIGER OUEST 24 72 04 ENNEDI 35 EST BORKOU # 265 WADI # 464 # KANEM FIRA # BATHA 177 # ## # ## # ### # LAC # ## # # # # # ## # # ## ## 329 # # # # ## ## BARH-EL-GAZEL ### ## # SOUDAN 500 ## 501 ### # # # # # #### # ## LAC HADJER-LAMIS OUADDAÏ 206 186 # GUÉRA 186 # # SILA NIGÉRIA 206 83 SALAMAT # MAYO-KEBBI EST 88 146 CHARI-BAGUIRMI MAYO-KEBBI MOYEN-CHARI # OUEST 177 91 TANDJILÉ 126 # CAMEROUN LOGONE 131 221 RÉPUBLIQUE SOUDAN DU SUD # # # CENTRAFRICAINE OCCIDENTAL 375 # ### # # MANDOUL # # LOGONE ORIENTAL
PARTIE I: besoins humanitaires et chiffres cléS BESOINS HUMANITAIRES ET CHIFFRES CLÉS L’insécurité alimentaire, les déplacements de population et les urgences sanitaires entrainent plus de 8 millions de personnes[1] (presque deux tiers de la population tchadienne) dans une vulnérabilité aigüe ou chronique, souvent exacerbée par le faible développement et les risques climatiques. Plus de 4,4 millions de personnes dont 52% de femmes ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence et de soutien pour renforcer leurs moyens d’existence. BESOINS HUMANITAIRES Près de 4 millions de personnes (52% de femmes Le dysfonctionnement des personnes[2] (52 % de et filles et 57% d’enfants) en structures sanitaires, exacerbé femmes) sont affectées par situation de déplacement, par le faible développement l’insécurité alimentaire dont 409 000 réfugiés et du pays, la pauvreté au Tchad dont près demandeurs d’asile[4], 102 généralisée des populations de 890 000[3] sont en insécurité 000 personnes déplacées internes[5], 51 et la faible couverture vaccinale (variant alimentaire sévère dans 17 départements 000 déplacés retournés dans leurs villages entre 10 et 30%), limite l’accès aux soins de essentiellement dans la bande d’origine, 71 000 retournés tchadiens et santé pour plus de 2 millions de personnes sahélienne. 1 252 ressortissants des pays tiers[6]. vulnérables y compris les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et La situation pastorale est globalement Les populations continuent d’affluer dans allaitantes et les populations déplacées et acceptable mais des déficits fourragers les zones frontalières à l’ouest, au sud et nomades. importants ont été également enregistrés à l’est du Tchad, en lien avec l’insécurité dans plusieurs régions de la bande dans les pays voisins. Dans la région Les régions du Sila et du Salamat ont été 05 sahélienne (Wadi Fira, Nord Ouaddaï, du Lac, l’activisme de groupes armés et touchées par une épidémie de choléra Batha, Centre Guera, Sud-Est du les opérations militaires occasionnent entre août et décembre 2017[7] et de Salamat, Sud du Lac Tchad et le Kanem) toujours des déplacements, parallèlement nouveaux cas d’hépatite E continuent entrainant des mouvements précoces de à une dynamique de retour des déplacés d’être rapportés au Salamat. Les activités transhumance vers le Sud. qui se poursuit. A l’Est, 320 000 réfugiés de sensibilisations à l’hygiène sont soudanais présents au Tchad depuis maintenues, notamment dans les zones La situation nutritionnelle s’est 2003 ne bénéficient pas de perspectives rurales les plus à risque. L’amélioration de détériorée et reste préoccupante. En de retour immédiates, compte tenu l’accès à l’eau potable et à l’assainissement 2017 le taux de malnutrition aigüe de l’insécurité au Darfour. Il en va de sont indispensables pour des solutions à globale est de 13,9%, soit deux points de même pour les réfugiés et retournés de la long terme. La situation épidémiologique plus qu’en 2016 ; la malnutrition aigüe République Centrafricaine au sud du pays. dans les pays voisins nécessite une sévère est à 3,9%, un taux supérieur au Les personnes déplacées nécessitent une surveillance accrue dans les régions seuil d’urgence de 2% et à celui de 2016 assistance multisectorielle urgente ainsi que régulièrement touchées par des urgences à 2,6%. Quinze régions majoritairement des solutions durables pour leur intégration sanitaires. dans la bande sahélienne connaissent socioéconomique. Ces déplacements ont des taux de malnutrition aigüe Le paludisme est la principale cause de fragilisé la situation des communautés supérieurs aux seuils d’urgence. mortalité des enfants de moins de cinq hôtes estimées à 591 000 personnes ayant ans, dont le taux de mortalité est parmi les Le Tchad compte plus de 634 000 besoin d’un appui multisectoriel et d’un plus élevés au monde (133 pour 1 000)[8]. accompagnement pour des opportunités Avec un taux de mariages précoces de 72%, économiques. les adolescentes nécessitent une attention particulière[9]. Les décès maternels [1] 8 M vivant dans les départements les plus affectés. Les départements sont classés selon leur vulnérabilité et la sévérité de chacune des trois crises. La population affectée est le cumul des personnes vivant dans ces départements. représentent 45 % de tous les décès de [2] Ce chiffre inclut les personnes en phase projetée 2, 3, 4 du cadre harmonisé et la totalité des personnes en situation de femmes de 15 à 49 ans. La prévalence du déplacements (réfugiés, retournés et ressortissants des pays tiers. SIDA parmi les adultes de 15-49 ans est [3] Phase 3 et plus dans la situation projetée. de 1,6% et affecte négativement le capital [4] Statistiques des réfugiés, HCR, 31 août 2017. humain et les capacités productives des [5] 13 399 récents déplacés de février à septembre 2017 qui s’ajoutent à 88 204 déplacés sur les 118 804 enregistrés en janvier 2017 au cours du DTM/OIM et qui restent encore en déplacement. populations. [6] Cluster Abris, AME, CCCM, statistiques des données des retournés, Septembre 2017. [7] 689 cas avec 67 décès de choléra notifiés dans les régions du Sila et du Salamat au 16 octobre 2017. [8] https://www.unicef.org/publications/files/Child_Mortality_Report_2017.pdf. [9] Institut National de la Statistique, des Études Économiques et Démographiques (INS.EED), 2016, Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples au Tchad (EDS-MICS) 2014-2015
PARTIE I: besoins humanitaires et chiffres cléS POPULATION TOTALE 14,7M NOMBRE DE PERSONNES VIVANT DANS DES ZONES AFFECTÉES PAR UNE CRISE HUMANITAIRE 8M NOMBRE DE PERSONNES AYANT BESOIN D’ASSISTANCE HUMANITAIRE 4,4M PAR STATUT PAR SEXE ET ÂGE RÉFUGIÉS RETOURNÉS PERS. DÉPLACÉES ENFANTS ADULTES PERSONNES ÂGÉES INTERNES (59 ANS) 409 000 71 000 102000 2,5 M 1,7 M 176 000 06 06 1,3M filles 892k femmes 92k femmes 1,2 M garçons 823k hommes 84k hommes DEPLACÉS COMMUNAUTÉS POPULATION RETOURNES HÔTES LOCALE TOTAL HOMMES TOTAL FEMMES 51 000 591 000 3,5 M 2,1M 2,3 M 48% 52% hommes femmes INSÉCURITÉ MALNUTRITION ENFANTS RÉFUGIÉS DÉPLACEMENT PERSONNES DANS ALIMENTAIRE (PERS.) (PERS. DANS LE BESOIN) MALNUTRIS (PERSONNES AFFECTÉES) LE BESOIN 4M 1,7M 612 000 409 000 1,2 M 4,4M Malnutrition PDI retournés Retournés Phase 3 Aigüe sévère PDI filles Lac RCA Phaselocale 2 garçon fille Population Population locale Soudan Malnutrition Aigüe modérée Communautés hôtes Réfugiés Personnes en Personnes en déplacement déplacement
PARTIE I: Causes profondes des crises CAUSES PROFONDES DES CRISES Les crises humanitaires au Tchad résultent de causes conjoncturelles mais surtout de facteurs structurels hérités du très faible développement, de la pauvreté chronique, d’inégalités de genre profondes et des chocs successifs dans diverses parties du pays, exposant les populations à des vulnérabilités chroniques et de plus en plus fortes affectant leur capacité de résilience. Le Tchad est le 186ème pays selon l’indice de Développement décès pour 100 000 naissances vivantes pour la mortalité Humain (2016)[10], présentant un niveau de pauvreté élevé maternelle et 72 pour 1 000 naissances vivantes[14] pour la (46,7%) et de fortes inégalités persistantes. Le pays fait face mortalité infantile). L’espérance de vie est de 51,8 ans (52,7 à de nombreux défis économiques. La baisse des recettes pour les femmes et 50,5 pour les hommes) bien inférieure à la pétrolières à partir de 2015 a occasionné un déficit budgétaire moyenne pour l’Afrique sub-saharienne (58,5 ans). estimé à 400 milliards de FCFA[11] entrainant un sous- D’après les analyses de l’Indice de vulnérabilité au changement financement des secteurs sociaux (éducation, santé, accès climatique (IVCC), faites par Verisk Maplecroft (une à l’eau potable et à l’assainissement). Le taux de croissance organisation de monitoring et de conseil sur les risques dans du PIB a chuté à 2,5% en 2015 contre 6,9% en 2014 ; le taux d’inflation annuel moyen a atteint 4,2% en fin novembre le monde), le Tchad est le pays le plus vulnérable au monde 07 face au changement climatique[15]. 2015 alors qu’il était inférieur à 1% sur la même période en 2014. Le déficit global des finances publiques s’est creusé L’index INFORM pour le Tchad est de 7,8 sur 10, le classant légèrement, pour passer de 4,4 % du PIB non pétrolier en troisième pays le plus à risque de crises humanitaires et de 2014 à 4,6 % en 2016. Ces facteurs s’ajoutant à la détérioration catastrophes naturelles. Dans cette analyse, le Tchad dispose de la situation sécuritaire, ont conduit le pays à une profonde d’un score de vulnérabilité de 7,4 et d’un manque de capacités récession en 2016[12]. Cette inflation résulte également de la d’adaptation face aux crises et désastres naturels de 8,9 baisse de la production agricole, de la dépréciation du franc illustrant le manque de capacités du pays à surmonter les CFA par rapport au dollar américain et de l’augmentation des crises et les chocs successifs. coûts du commerce régional liée à la fermeture des frontières Index INFORM 2018 pour le Tchad[16] (Nigéria, RCA, Soudan temporairement fin 2017) à cause de l’insécurité dans la région[13]. 7.8 Les principaux indicateurs sociaux sont faibles, mettant en exergue la vulnérabilité de la population tchadienne : le Manque de capacité taux de pauvreté reste élevé alors que le pays rapportait un Risque et exposition Vulnérabilité d’adaptation taux de croissance annuel moyen d’au moins 7 % pendant 7.2 7.4 8.9 la décennie 2004 – 2014. Le sous-investissement dans les services d’éducation résulte dans un taux de scolarité de 43,7% Socio- Groupes accompagné d’une faible scolarité des filles et des femmes Natural Human économique vulnérables Institutionnel Infrastrutures (1,7% des femmes adultes ont atteint un niveau d’étude 3.8 9.0 6.9 7.3 8.0 9.6 secondaire contre 9,9% des hommes). L’accès aux soins de santé reste limité ; le Tchad dispose des taux de mortalité maternelle et infantile parmi les plus élevés au monde (860 [10] https://www.agenceecofin.com/economie/2403-45994-le-classement-des-pays- [14] EDS – MICS, 2014 – 2015, p. 29; https://www.unicef.org/publications/files/ africains-dans-l-edition-2016-de-l-indice-de-developpement-humain-du-pnud. Child_Mortality_Report_2017.pdf. [11] Loi des finances, Ministère des Finances et du Budget 2015 ; Plan cadre des [15] https://reliefweb.int/report/world/climate-change-vulnerability-index-2017 Nations Unies d’Assistance au développement, (UNDAF 2017 – 2021) Tchad, p.16. [16] http://www.inform-index.org/Portals/0/InfoRM/2018/Country_Profiles/TCD.pdf. [12] http://www.banquemondiale.org/fr/country/chad/overview. [13] Plan national de développement sanitaire N°3, 2018 – 2021, juin 2017, http:// www.banquemondiale.org/fr/country/chad/overview..
PARTIE I: Causes profondes des crises Les discriminations entre filles et garçons, femmes et domestiques, le nomadisme (pour les filles peules) et les hommes restent un obstacle majeur au développement risques de violences sexuelles constituent autant de freins à humain au Tchad. l’éducation des filles. Même si les femmes rurales sont des piliers de la production Le pays arrive au 186ème rang sur 188 par rapport au niveau agricole et de la sécurité alimentaire, elles subissent encore de d’inégalité entre les sexes sur l’indice de parité. Il s’agit donc nombreuses inégalités au quotidien. Elles ont un accès quasi de l’un des pays du monde où naître fille ou garçon est lourd nul à la propriété, au crédit et un pouvoir décisionnaire faible de conséquences quant aux opportunités éducatives, sociales au sein du foyer et de la communauté. Dédiant 63 heures par et économiques et aux droits dont jouira chacun[17]. L’indice semaine aux travaux domestiques[21], elles sont généralement d’inégalité révèle d’importantes disparités dans les trois en charge des activités agricoles les moins lucratives. Dans dimensions clefs du développement humain que sont la le contexte d’insécurité alimentaire profonde que connait santé reproductive, l’éducation et l’accès à l’emploi. le Tchad, les femmes traversent de longues périodes de privation pour subvenir aux besoins de leurs familles. Leur charge de travail augmente par ailleurs considérablement Les inégalités et les pratiques discriminatoires, particulièrement dans les situations de déplacement, du fait d’une hausse de à l’encontre des femmes et des filles, et les violences basées sur la morbidité engendrant des soins accrus et du fait que les le genre, exacerbées dans le contexte humanitaire, accroissent tâches quotidiennes, telles que la collecte de l’eau ou du bois de la vulnérabilité des communautés affectées. Ces inégalités chauffe, deviennent souvent plus ardues. se révèlent de multiples manières. Les discriminations structurelles à l’égard des filles et des femmes font que les Les inégalités et la discrimination affectent aussi d’autres violences atteignent au Tchad un niveau pandémique. Les groupes vulnérables, comme les personnes en situation situations de conflits et les déplacements qu’elles provoquent de handicap. Il est estimé qu’environ 3,5% de la population exacerbent cet état de fait. Les mariages précoces et forcés sont présente un handicap[22]. Ces personnes sont souvent victimes courants (52% des adolescentes sont mariées à 16 ans et 71% de stigmatisation/exclusion et maltraitance, et ont moins accès des filles ont déjà un enfant à 19 ans). Des pratiques telles le aux services de base qui sont souvent inadaptés à leurs besoins lévirat, le sororat, le rapt dans certaines communautés, sont spécifiques. Les minorités sexuelles sont par ailleurs souvent considérées comme « légitimes ». La polygamie est acceptée par discriminées. En 2014, l’amendement du cadre légal tchadien la loi et il n’existe pas de loi spécifique interdisant la violence a rendu illégal l’homosexualité pour « protéger » la famille. Si familiale, ni le harcèlement sexuel. Près de trois femmes sur dix l’homosexualité était auparavant condamnée par une peine 08 (29%) âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques et de prison, le nouveau Code pénal adopté en décembre 2016 la 12% des violences sexuelles au cours de leur vie au Tchad[18]. pénalise par une amende. Entre 38% et 44% des filles et femmes sont par ailleurs victimes de mutilations génitales[19]. Aujourd’hui au Tchad, une femme en âge de procréer sur 16 risque de mourir pendant l’accouchement. Malgré une amélioration, le taux d’accouchements assistés par du personnel qualifié restait à 34% en 2014 (par rapport à 20,7% en 2004). Ce taux de couverture est plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural où les tabous et croyances coutumières sont encore importants. Ces croyances affectent globalement l’accès aux soins de santé des communautés en milieux ruraux. L’accès à la planification familiale demeure un enjeu majeur, et seulement 6 % des femmes de 15-49 ans en union utilisent une méthode contraceptive. Ces inégalités, affectant le relèvement et le développement du pays, se révèlent aussi par des difficultés d’accès des femmes et des filles aux services de base comme l’éducation (une fille a deux fois moins de chances d’aller à l’école qu’un garçon)[20]. La préférence donnée à l’éducation des garçons, les mariages précoces, la lourde charge des travaux [17] http://hdr.undp.org/en/countries/profiles/TCD. [21] « 6 réalités sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde rural au Tchad », 2013. [18] Institut National de la Statistique, Ibid. [22] Rapport 2014-2015 « enquête démographique et de santé et à Indicateurs multi- [19] Plan cadre des Nations Unies d’Assistance au Développement (UNDAF 2017 – ples au Tchad ». Ce pourcentage n’est pas représentatif de la réalité. Il est en effet 2021). difficile d’obtenir des données précises sur cette thématique. Selon le rapport de l’UNAPH, effectué en 2014 suite au forum national sur le handicap, il est estimé [20] Étude sur les enfants non scolarisés au Tchad (2016), UNICEF et Ministère de l’Édu- qu’il y a 1 691 116 personnes handicapées au Tchad, soit 14% de la population cation Nationale et de la Promotion Civique). tchadienne.
PARTIE I: Causes profondes des crises La faiblesse du développement et des investissements dans le secteur agricole et l’élevage, aggravée par le contexte de crise économique depuis plus de deux ans, le changement climatique et la dégradation de l’environnement, l’accroissement démographique et l’accès limité aux services de base auxquels se rajoutent l’insécurité occasionnée par les crises transfrontalières, sont autant de causes profondes qui expliquent en partie la persistance des situations humanitaires au Tchad. Les défis liés à l’environnement et à la gestion des ressources L’insécurité dans les pays limitrophes du Tchad (Soudan, naturelles (la dégradation des terres, la faible adaptation au RCA, Niger, Nigeria et Libye) et l’activisme armé dans la région changement climatique, l’ensablement des oasis, la perte de du Lac occasionnent des déplacements de population vers la biodiversité, la baisse de la pluviométrie et des ressources le Tchad et à l’intérieur du pays. Ce déplacement se traduit d’eau, etc.) entrainent une situation chronique d’insécurité généralement par une vulnérabilité accrue des populations alimentaire et de malnutrition dans certaines régions du en termes de protection. Leur accès aux services de base reste pays, en particulier celles de la bande sahélienne. L’apparition limité et elles sont victimes d’incidents sécuritaires de manière fréquente des ennemis des cultures (oiseaux granivores, régulière, y compris d’atteintes à l’intégrité physique. chenilles légionnaires, sautereaux, …) et des inondations Le manque de documentation juridique et civile, ainsi fréquentes détruisent les cultures et occasionnent de faibles que les difficultés à enregistrer les nouveau-nés apparaissent rendements lors des campagnes agricoles affectant grandement également comme des problématiques relativement communes la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel des ménages. au Sud et au Lac[26]. Leurs conséquences sont multiples : Par ailleurs, l’index sur la faim dans le monde (GHI, 2017) restrictions de mouvements, risques de détentions arbitraires, classe le Tchad en situation « alarmante »[23] et le rapport sur risque accru d’apatridie, mais aussi manque d’accès aux le coût de la faim rapporte que 43% de la mortalité infantile est services. Malgré l’assistance humanitaire existante, beaucoup lié à la sous-nutrition[24]. de personnes déplacées vivent dans un dénuement complet, ayant perdu leur domicile et n’ayant pas accès à l’eau potable, 09 La situation nutritionnelle connaît une dégradation aux soins de santé ou à des abris décents. significative liée à la faible production agropastorale et à la soudure précipitée. Aussi, les taux importants de mariages et de Les relations intercommunautaires restent tendues au Lac, grossesses précoces augmentent le risque que connaissent les à l’Est et au Sud. Des affrontements meurtriers survenus entre enfants de souffrir de malnutrition : 29% des mères au Tchad des communautés sédentaires au Lac autour de l’utilisation des ont moins de 15 ans et leurs enfants ont un risque plus élevé ressources ont été documentés, pendant que la transhumance d’avoir un déficit pondéral. entraine des tensions et violations des droits de l’homme au Sud et à l’Est ayant aussi des conséquences pour l’accès et les L’accès limité à l’eau potable (56%) et à l’assainissement interventions humanitaires. Une détérioration de la cohésion (16%) affecte la situation sanitaire et nutritionnelle dans sociale et des conflits intercommunautaires reste un risque réel le pays. Seuls 48% des habitants des milieux ruraux, qui et en augmentation pour 2018. représentent 78,1% de la population tchadienne, ont accès à l’eau potable. Le manque d’eau potable dans certaines régions Néanmoins, beaucoup d’exactions et d’incidents de violence du pays et les mauvaises pratiques de stockage d’eau exposent commis contre les populations civiles affectées par les crises les populations à des maladies hydriques (choléra, hépatite sont d’ordre criminel, même si certaines d’entre elles peuvent virale E, fièvre typhoïde, …). De plus, près de 19 000 personnes être motivées par des revendications ethniques. décèdent chaque année de maladies liées au manque d’accès La présence des personnes en déplacement constitue ou est à l’eau potable et aux mauvaises conditions d’hygiène et perçue comme constituant une forte pression sur les maigres d’assainissement[25]. ressources et services de base dans les zones d’accueil du Tchad, [23] Avant dernière place sur 119 pays évalués en 2017 : https://www.ifpri.org/publi- [26] Voir, par exemple, Oxfam, Analyse de protection, mars 2017 et cation/2017-global-hunger-index-inequalities-hunger. évaluation multisectorielle des besoins des retournés tchadiens venus de la République Centrafricaine hébergés dans le Dépar- [24] http://fr.wfp.org/nouvelles/nouvelles-release/publication-de-chiffres-alar- tement de la Grande Sido, Région du Moyen Chari, mai 2017 mants-sur-limpact-de-malnutrition-sur-economie-du-tchad. . [25] Plan cadre des Nations Unies d’Assistance au développement, UNDAF, Tchad 2017 - 2021.
PARTIE I: Causes profondes des crises ayant pour conséquence de compliquer les relations avec la L’analyse des causes profondes des besoins humanitaires communauté hôte. au Tchad au cours du processus d’élaboration de l’aperçu des besoins humanitaires (HNO) permettra un alignement La militarisation de certaines zones au Tchad ou les vides des diagnostiques et l’élaboration de stratégies intégrées sécuritaires, comme par exemple les zones insulaires de la humanitaire – développement dont l’opérationnalisation région du Lac, occasionnent des déplacements préventifs. Le se fera à partir de l’identification de points de convergence manque de capacité, voire l’absence, des représentants de l’Etat thématiques et/ou géographiques. L’objectif est d’assurer la dans certaines régions continue de compliquer l’accès aux complémentarité des actions type life-saving, la recherche services sociaux de base qui, pour l’instant, restent largement de solutions durables et la résilience à travers une assurés par les partenaires humanitaires. Le déploiement et les programmation intégrée entre acteurs humanitaires, de capacités des acteurs étatiques/civils de protection, y compris développement et les autorités dans la perspective de mise en la police, les autorités judiciaires ou les services de l’action œuvre de la nouvelle façon de travailler (NWOW). sociale restent très faibles, ayant pour conséquence potentielle de freiner aussi les mouvements de retour. 10 Photo : OCHA/Naomi Frerotte INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN SEUIL DE PAUVRETÉ ESPÉRANCE DE VIE À LA NAISSANCE 186ème 47% 52 ans des Tchadiens vivent en-deçà du seuil de pauvreté Source : PNUD, Indice De Développement Humain 2016 Source : Banque mondiale 2011 Source : Banque mondiale 2014
PARTIE I: Impact de la crise IMPACT DE LA CRISE Les crises humanitaires au Tchad se manifestent à travers l’insécurité alimentaire et la malnutrition, les mouvements de population et les urgences sanitaires qui accroissent la vulnérabilité de plusieurs millions des personnes et affectent les capacités de résilience des communautés. Insécurité alimentaire et malnutrition Cadre harmonisé novembre 2017 4 millions de personnes seront en insécurité alimentaire en Phases du cadre Période courante Période de soudure 2018. oct-déc 2017 juin-août 2018 harmonisé Le cadre harmonisé de novembre 2017 relève que 4 millions Département Population Département Population de personnes souffrent d’insécurité alimentaire parmi Phase urgence (Ph.4) 0 1 400 0 101 200 lesquelles 890 000 sont en insécurité alimentaire sévère dans Phase crise (Ph.3) 2 314 600 17 788 200 17 départements, la plupart dans la bande sahélienne. Ces Phase sous pression (Ph.2) 21 2 004 900 28 2 625 800 personnes incluant les personnes en situation de déplacement Phase minimale (Ph.1) 46 11 532 500 24 10 340 200 seront encore incapables de couvrir leurs besoins alimentaires minimums durant l’année 2018. L’analyse des moyens d’existence montre que 2% des ménages Cette situation résulte du déficit de consommation ont développé des stratégies d’urgence et 21% des stratégies de alimentaire considérable, suite à une faible production lors crise. Les contraintes d’accès à une nourriture suffisante, riche et variée ont conduit ces ménages à recourir à des stratégies de la campagne agricole précédente, une forte baisse des prix de bétail, et une baisse du pouvoir d’achat (transferts, main particulièrement sévères pouvant conduire à une altération de 11 d’œuvre agricole). L’analyse de la consommation alimentaire leurs moyens d’existence. montre que 8,3% des ménages ont une consommation La situation nutritionnelle reste préoccupante ; la prévalence alimentaire pauvre et 15,7% une consommation limite. La de la malnutrition aigüe globale (MAG) dépasse le seuil bande sahélienne est la plus affectée et présente le niveau d’urgence de 15% (fixé par l’OMS) dans 12 régions sur les 23 le plus élevé de vulnérabilités multidimensionnelles, selon que compte le Tchad : Batha, Barh el Gazal, Borkou, Ennedi l’Analyse Intégrée du Contexte, réalisée par le PAM en 2017[27]. Est, Ennedi Ouest, Hadjer Lamis, Kanem, Lac, Salamat, La répétition cyclique de ces crises alimentaires, pastorales et Sila, Wadi Fira et N’Djamena ; l’Ennedi Est étant une région nutritionnelles et l’insuffisance de ressources pour y répondre avec une forte prévalence de 30% de malnutrition aigüe de façon appropriée érodent la capacité des ménages les globale. Les régions du Ouaddaï, du Guera et de la Tandjilé plus vulnérables à faire face par leurs propres moyens aux ont une prévalence de 14%, à la limite du seuil d’urgence. La difficultés. Cette situation accroît le taux de morbidité et de malnutrition aigüe sévère (MAS) affecte 15 régions avec une mortalité parmi les populations vulnérables. prévalence supérieure au seuil d’urgence fixé à 2% par l’OMS à savoir Batha (4,1%), Barh el Gazal (4,7%), Borkou (3,0%), Ennedi Est (5,6%), Ennedi Ouest (6,8%), Guéra (2,7%), [27] Il s’agit d’une analyse superposant les tendances de l’insécurité alimentaire sur les cinq dernières années, des chocs climatiques sur les deux dernières décennies et de la dégradation de l’environnement. PERSONNES DANS LE BESOIN PAR CRISE INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE MOUVEMENTS DE POPULATION URGENCES SANITAIRES ET MALNUTRITION 4M 1,2M 2M
PARTIE I: Impact de la crise Hadjer Lamis (3,6%), Kanem (4,1%), Lac (3,4%), Ouaddaï Mouvements de population (2,5%), Salamat (6,3%), Sila (4,5%), Tandjilé (4,2%), Wadi Fira (4,8%) et N’Djamena (4,9%). Le Tchad compte 634 000 personnes en situation de déplacement. La malnutrition a des répercussions graves sur le développement global de l’enfant et reste l’une des principales Les déplacements affectent la situation alimentaire et causes de mortalité chez l’enfant. Elle entraîne des retards nutritionnelle et l’accès aux services de base (santé, éducation, de croissance, des troubles de développement cognitif ainsi eau potable) et constituent une pression sur les maigres qu’une vulnérabilité aux maladies et la déscolarisation des ressources existantes (points d’eau, champs notamment) enfants. Elle réduit les capacités de travail des individus, dans les zones d’accueil. Le Tchad compte plus de 634 000 ce qui entraine la baisse de la productivité et entrave la personnes en situation de déplacement (48% des hommes, croissance économique et l’efficacité des investissements dans 52% de femmes et 57% des enfants soit 50% filles et 50% les domaines de la santé et de l’éducation, augmentant ainsi garçons[29]) et 591 000 personnes constituent la communauté la pauvreté[28]. 56% des Tchadiens ont souffert d’un retard hôte[30]. de croissance dans leur enfance, soit plus de 3,4 millions Les personnes déplacées et les communautés hôtes de la d’individus en âge de travailler empêchés d’atteindre leur plein région du Lac sont exposées aux risques de protection du fait potentiel. de l’insécurité persistante dans le bassin du lac Tchad, de la Selon le cadre harmonisé, 2 004 900 personnes se trouvent forte présence des hommes en armes et de l’insuffisance des actuellement dans une phase sous pression, c’est-à-dire avec mécanismes communautaires de protection. Les femmes et les une consommation alimentaire réduite, pouvant avoir un enfants sont particulièrement vulnérables et restent exposés impact négatif sur leurs moyens d’existence et leur capacité aux violences basées sur le genre, à la séparation des enfants de résilience. Le nombre de ces personnes augmentera d’avec leurs familles et aux traumatismes. Il ressort de l’analyse au cours de la prochaine période de soudure et passera à des données sur les réfugiés au Sud que 57% des femmes 2 625 800. Les zones actuellement avec les seuils critiques de sont cheffes de ménages et 56% des enfants. Les conditions malnutrition et celles qui frôlent le seuil d’urgence présentent de déplacement au Sud, au Lac et à l’Est et d’autres facteurs aussi des situations d’insécurité alimentaire sévère et seront compliquent souvent la scolarisation des enfants, inter alia, en particulièrement affectées. Leur population risque de basculer raison des difficultés liées à leur intégration au système scolaire dans une phase de crise alimentaire (phase 3) ou une phase dans les milieux d’accueil ; à l’état de pauvreté dans lequel se d’urgence (phase 4), particulièrement en cas de choc. trouvent leurs parents ; au manque de services fonctionnels à 12 [28] La mortalité infantile associée à la sous-nutrition a réduit de 13% la popu- [29] 409 264 réfugiés et demandeurs d’asile, 101 905 personnes déplacées internes, lation active au Tchad et les coûts annuels associés à la sous-nutrition chez 51 000 anciens déplacés retournés dans leurs villages d’origine dans le Lac, 70 588 l’enfant sont estimées à 575 milliards de CFA, ce qui correspond à 9,5% retournés tchadiens (24 681 au lac et 45 907 au sud) et 1 252 ressortissants des du PIB du pays. (Source : Le coût de la faim en Afrique – L’incidence so- pays tiers. ciale et économique de la sous nutrition chez l’enfant au Tchad – 2016). . [30] Par communauté hôte s’entend la proportion des populations des villages accueil- lant les personnes en situation de déplacement. CHRONOLOGIE DE LA CRISE mars 23-24 février Cadre Conférence d’Oslo harmonisé de sur le Nigeria et le 2017 bassin du lac prévoyant 3,5 millions février et juin Tchad. 14 pays se sont de personnes Evaluations engagés à mobiliser plus affectées par mai multisectorielles de 672 millions de dollars l’insécurité alimentaire avril Dégradation identifiant des février américains pour répondre pendant la période de Arrivée de 1 100 de la situation mouvements de retour Début aux besoins urgents et soudure (juin-août réfugiés dans le alimentaire et vers les zones d’origine du opérations aux causes profondes de 2017), y compris Logone nutritionnelle dans la Lac : 11 000 déplacés militaires la crise dans le bassin du 897 000 personnes Oriental, fuyant les région de la Tandjilé retournés à Kangalom et conjointes de la lac Tchad, dont 458 souffrant d’insécurité affrontements dans le affectant 55 000 40 000 dans les iles au sud FMM au Lac. millions en 2017. alimentaire sévère. nord de la RCA. personnes. de Bol. 06 janvier 14 février février avril 31 mai 6 juin Déclaration de Fermeture du Augmentation Signature de Fermeture Tenue du premier Forum l’épidémie site de des incidents de l’accord tripartite de la Humanitaire-Développement d’hépatite E rassemblement protection et des Soudan, Tchad et frontière à N’Djamena, co-présidé par dans le Salamat par le des personnes en cas de violences basées HCR sur le rapatriement avec la Libye et le RC-HC et le Ministre du Ministère de la santé. situation de reddition sur le genre rapportés volontaire des réfugiés déclaration du Plan, afin de présenter la « Nord comme zone dans la région du Lac. dans la région du Lac ; de soudanais au Tchad et des nouvelle façon de travailler » d’opérations Il y a aujourd’hui plus janvier à octobre 2017, réfugiés tchadiens au aux autorités, aux bailleurs de militaires. de 1 300 personnes 3 059 incidents de Soudan. fonds et à la communauté transférées dans leurs protection dont 1 763 cas humanitaire. villages d’origine. de VBG ont été rapportés dans la région.
PARTIE I: Impact de la crise proximité et à la discrimination/les animosités tenaces. Les dont 976 décès ont été notifiés au premier semestre 2017, enfants qui ont vu leur accès à l’éducation interrompu sont parmi lesquels 552 169 cas ont été testés dont 495 905 cas et plus vulnérables aux risques de protection. Les filles sont 912 décès ont été confirmés (soit une létalité de 0,18%). confrontées au risque de mariage précoce/forcé, grossesse La population reste exposée aux pathologies récurrentes précoce et non désirée, prostitution, exploitation sexuelle comme le paludisme, la méningite, la rougeole, le tétanos et violences basées sur le genre ; et les garçons sont plus néonatal, les infections respiratoires aigües et celles liées à susceptibles d’être associés aux groupes armés, s’impliquer la consommation d’eau impropre et au manque d’hygiène et dans la criminalité, et s’initier à la drogue. d’assainissement telles que la diarrhée et la fièvre typhoïde, Les déplacements affectent les communautés hôtes et qui ont un impact direct sur la situation socio – économique l’environnement des zones d’accueil au risque d’occasionner des ménages et renforcent les vulnérabilités déjà existantes. des tensions intercommunautaires autour de l’exploitation des Les filles et femmes enceintes et allaitantes, les enfants, les ressources naturelles (l’accès aux terres arables, aux bois de personnes âgées, les personnes nomades et enclavées sont cuisson, aux puits pastoraux et aux marres, …). La fermeture particulièrement vulnérables et ont un accès limité aux des frontières du Tchad avec le Nigeria, la RCA et la Libye à la soins de santé. La situation est aggravée en saison pluvieuse suite de l’instabilité sécuritaire qui sévit dans ces pays, affecte pendant laquelle plus de 50% des structures sanitaires à l’Est les activités économiques dans les régions du Lac, du Sud et et au Sud deviennent physiquement inaccessibles, ce qui de l’Est et les moyens d’existence des populations locales et des fragilise les référencements des malades et limite également personnes en situation de déplacement. l’approvisionnement des intrants médicaux essentiels. La faible couverture vaccinale renforce la fragilité des populations face aux épidémies. Urgences sanitaires Le manque d’accès aux informations et aux services de santé L’insuffisance d’infrastructures sanitaires et du personnel sexuelle et reproductive de qualité (consultations prénatales, soignant et la pauvreté d’une partie de la population limitent accouchements assistés, planification familiale) augmente l’accès aux soins de santé. La survenance de maladies à le risque de mortalité lors des grossesses et accouchements. potentiel épidémique, dont l’épidémie de choléra en 2017 La mortalité maternelle reste parmi les plus élevées au est l’une des causes de morbidité et de mortalité au cours de monde avec 860 décès pour 100 000 naissances vivantes, et l’année au Tchad. Fin novembre, le nombre total de cas de la mortalité infantile est de 72 pour 1 000[31]. Le faible taux choléra était de 797 dont 29 cas de décès rapportés durant la d’utilisation des services de santé de la reproduction (le taux période du 11 septembre au 15 novembre dans la région du de couverture en accouchements assistés par du personnel du Salamat, soit une létalité de 3,64%. La région du Salamat qualifié est de 34%), le mauvais état nutritionnel des femmes connaît également une épidémie d’hépatite E où un total de enceintes, la pauvreté, la persistance d’obstacles socioculturels 13 1 859 cas dont 22 décès (soit un taux de létalité de 1,1%) ont et religieux sont autant de facteurs qui limitent l’accès des été rapportés depuis le début de la crise en septembre 2016 ; femmes et filles aux soins de santé primaire et augmentent le l’épidémie perdure suite à l’insuffisance d’eau potable dans la risque de mortalité infantile et maternelle. région. En outre, plus de 865 517 cas suspects de paludisme [31] Plan National de Développement 2017 – 2021, Tchad. 6-8 septembre 15 août 13 octobre 12 juin Table-ronde de Confirmation Epidémie de Paris pour le Déclaration par 12 juin - 12 juillet le Remise de la choléra dans financement du par le novembre le district Plan National de Gouvernement Gouvernement documentation sanitaire de Développement. de la détection de Les résultats de de la crise pastorale dans civile aux Koukou, région de Promesses de chenilles légionnaires l’enquête SMART 8 régions affectées : BeG, retournés du site de Sila. Du 15 août au 15 financement de 7 dans plusieurs localités 2017 organisée Batha, Borkou, Ennedi Gaoui, prérequis pour la novembre, il a été milliards de dollars pour au Tchad, pouvant en août 2017 soulignent Est, Ennedi Ouest, mise en œuvre d’un notifié 408 cas dont le PND et 13 milliards de détruire les cultures et une détérioration de la Kanem, Ouaddaï et Wadi projet de réintégration 51 décès et un taux dollars pour le soutien affecter la prochaine situation nutritionnelle. Fira. socio-économique. de létalité de 12,6 %. au secteur privé. récolte. 2 juillet 23 juillet juillet-septembre 11 septembre 2-4 novembre 13-17 novembre Création de la Arrivée dans la Inondations dans Extension du Conférence Le nombre de Force G5 Sahel région du Lac les régions du choléra au régionale sur la cas de dont le fuseau d’environ 5 000 Salamat, Moyen Salamat avec stabilisation de paludisme, Est couvre la frontière personnes appartenant Chari, Logone 797 cas, 29 décès et un la région du Lac Tchad, cause principale de Tchad - Niger. à des communautés Oriental et Mandoul au taux de létalité de 3,64 organisée à N’Djamena mortalité des enfants de nomades tchadiennes sud du pays : 12 916 % (au 15 novembre par l’Union africaine et moins de 5 ans, devrait installées au Niger ménages affectés et 2017). la Commission du atteindre plus de depuis plusieurs 42 737 ha de cultures bassin du lac Tchad. 1 200 000 personnes d’ici décennies. détruites. fin 2017.
PARTIE I: personnes ayant besoin d’assistance PERSONNES AYANT BESOIN D’ASSISTANCE Au total 4,4 millions de personnes ont besoin d’une assistance subsistance pour faire face aux chocs. humanitaire multisectorielle et de protection. Ces personnes 4 millions de personnes ont besoin d’une assistance sont composées de 409 264 réfugiés, 101 905 déplacés humanitaire en sécurité alimentaire et nutritionnelle y internes, 70 588 retournés, 1 252 ressortissants de pays tiers, compris 409 000 000 réfugiés et 71 000 retournés. Plus de 51 000 personnes anciennement déplacées dans la région 2 millions de personnes n’ont pas accès (ou insuffisamment du Lac et retournés dans les villages d’origine et 3,4 millions accès) aux services sociaux de base notamment la santé, de populations locales parmi lesquelles 590 782 sont des l’éducation, l’eau potable et l’assainissement. Parmi les communautés hôtes de personnes déplacées. Outre une personnes ayant besoin d’assistance, les femmes, les enfants, assistance life-saving, ces dernières tout particulièrement les personnes âgées et les personnes en situation de handicap ont besoin d’assistance pour améliorer leurs moyens de sont les plus vulnérables. NOMBRE DE PERSONNES DANS LE BESOIN NOMBRE DE PERSONNES AYANT BESOIN D’ASSISTANCE PAR SECTEUR 4,4M PAR STATUT PAR SEXE & AGE* TOTAL 14 Personnes Personnes Commu- Population %enfants, adultes Pers. dans Réfugiés Retournés Déplacées déplacées nautés hôtes locale % femmes pers. âgées* le besoin Internes retournées Abris/AME/CCCM 409K 71K 102K 51K - - 51% 57 | 39 | 4% 0,6M Eau, Hygiène et 409K 65K 102K 51 K - 982M 51% 57 | 39 | 4% 1,6M Assainissement Education 190K 45K 55K - - 611K 51% 91 | 9 | 0% 0,9M Nutrition 44K 8K 9K - - 1,7M 51% 57 | 39 | 4% 1,7M Protection 409K 71K 102K - 253 K - 51% 57 | 39 | 4% 0,9M Santé 409K 71K 102K - - 1,4M 51% 57 | 39 | 4% 1,9M Sécurité 51% 57 | 39 | 4% 409K 71K 102K - 591K 2,8M 4M Alimentaire Réponse multi sectorielle pour 409K - - - - - 51% 57 | 39 | 4% 0,4M les réfugiés TOTAL** 409K 71K 102K 51K 591K 3,4M 4,4M *Enfants (59 ans) **Le total n'est pas la somme des personnes dans le besoin puisqu'une même personne peut avoir plusieurs besoins sectoriels et donc être comptée plusieurs fois.
PARTIE I: personnes ayant besoin d’assistance PAR STATUT PAR SEXE & AGE TOTAL PERS. DANS LE Réfugiés Retournés PDI PDI Commu- Population % femmes % enfants, Pers. Pop. totale BESOIN adultes, pers. dans le Retournés nautés hôtes locale âgées* besoin BAHR EL GHAZEL - - - - - 177 120 47% 57 | 39 | 4% 177 120 337 694 BATHA - - - - - 328 825 52% 57 | 39 | 4% 328 825 626 592 BORKOU - - - - - 34 849 47% 57 | 39 | 4% 34 849 125 005 CHARI-BAGUIRMI 4 856 - - - - 77 806 50% 57 | 39 | 4% 82 662 762 056 ENNEDI EST 28 988 - - - - 43 177 45% 57 | 39 | 4% 72 165 143 078 ENNEDI OUEST - - - - - 23 557 45% 57 | 39 | 4% 23 557 80 828 GUÉRA - - - - - 206 111 52% 57 | 39 | 4% 206 111 600 448 HADJER-LAMIS - - - - - 206 467 50% 57 | 39 | 4% 206 467 742 989 KANEM - - - - - 264 845 51% 57 | 39 | 4% 264 845 448 332 LAC 8 675 24 681 101 905 51 000 48 355 264 444 50% 57 | 39 | 4% 500 312 575 876 15 LOGONE OCCIDENTAL - 1 218 - - 12 593 117 329 52% 57 | 39 | 4% 131 140 927 752 LOGONE ORIENTAL 36 575 18 620 - - 98 970 220 751 51% 57 | 39 | 4% 374 916 1 045 090 MANDOUL 6 824 1 927 - - - 212 462 51% 57 | 39 | 4% 221 213 838 080 MAYO-KEBBI EST 1 325 - - - - 144 977 52% 57 | 39 | 4% 146 302 1 030 686 MAYO-KEBBI OUEST - - - - - 90 608 52% 57 | 39 | 4% 90 608 757 831 MOYEN-CHARI 20 143 21 008 - - 5 887 78 735 50% 57 | 39 | 4% 125 773 789 918 N’DJAMENA - 3 134 - - - 182 834 47% 57 | 39 | 4% 185 968 1 390 309 OUADDAÏ 122 270 - - - 232 421 145 906 52% 57 | 39 | 4% 500 597 963 234 SALAMAT 8 061 - - - 23 850 56 056 51% 57 | 39 | 4% 87 966 405 292 SILA 65 190 - - - 97 411 23 514 50% 57 | 39 | 4% 186 115 509 070 TANDJILÉ - - - - - 177 130 52% 57 | 39 | 4% 177 130 893 837 TIBESTI - - - - - 8 507 46% 57 | 39 | 4% 8 507 34 131 WADI FIRA 106 357 - - - 71 296 286 173 52% 57 | 39 | 4% 463 827 678 089 TOTAL 409 264 70 588 101 905 51 000 590 782 3 372 183 51% 57 | 39 | 4% 4 433 150 14 706 217 *Enfants (59 ans)
PARTIE I: séverité des besoins SÉVERITÉ DES BESOINS L’analyse des besoins humanitaires au Tchad révèle une vulnérabilité généralisée sur une grande partie du territoire mais fortement accentuée dans les régions de la bande sahélienne et les zones frontalières. Les régions affectées par les déplacements sont plus vulnérables en raison de la pression des arrivants sur les ressources naturelles (bois, pêche, eau…) et services essentiels de base. L’analyse de l’indice de pauvreté multidimentionnelle qui prend en compte des indicateurs multidimensionnels de développement révèle des niveaux de vulnérabilité dans les même zones que celles affectées par les vulnérabilités humanitaires. Cette situation confirme que les besoins humanitaires sont pour la plupart hérités des problématiques de développement et pour lesquels, les causes profondes doivent être solutionnées avec des solutions à moyen et long terme. La vulnérabilité des régions de la bande sahélienne est essentiellement due aux niveaux élevés d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Cette vulnérabilité est exacerbée dans les régions frontalières qui accueillent les réfugiés, déplacés ou retournés. En outre tout le pays fait face à un faible accès aux services sociaux de base notamment la santé, l’éducation et l’eau potable renforçant la fragilité des populations. 16 CARTE DE SEVERITE DES BESOINS[32] Vulnérabilité humanitaire[32] Vulnérabilité structurelle[33] - + [32] Cette carte de sévérité des besoins est une superposition des cartes de [33] Carte faite sur base de combinaison de plusieurs indicateurs de développe- sévérités des différentes crises produites à partir de l’outil de comparaison des ment pris en compte pour déterminer l’indice de pauvreté multidimen- besoins sur la base d’indicateurs de vulnérabilité identifiés pour chacune des sionnel. Ces indicateurs inclus le taux de fréquentation scolaire, le taux de crises au niveau de chaque département. L’outil, accompagné d’instructions mortalité infantile, la situation nutritionnelle, l’utilisation de combustibles techniques, peut être téléchargé sur le site HumanitarianResponse.info. de cuisine, le taux d’assainissement, l’accès à l’eau, l’accès à l’electricité. www.humanitarianresponse.info/programme-cycle/space/document/humani- Source: rapport de l’étude sur la vulnérabilité (INSEED 2012). tarian-needs-comparison-tool-guidance.
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